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Le Mystère du chêne brûlé: Série fantastique
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Livre électronique239 pages2 heures

Le Mystère du chêne brûlé: Série fantastique

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À propos de ce livre électronique

Découvrez le second titre de la saga La Baronne des Monts-Noirs

1160. À l’heure où Flore dirige le couvent de Sainte-Radegonde, sa fille, Mélissandre, disparaît mystérieusement dans les bois des Monts-Noirs. Parallèlement, Girard de Bellegarde, évêque d’Autun, fomente quelques intrigues diaboliques dans les recoins les plus secrets du palais épiscopal. D’atroces crimes sanglants ont de nouveau lieu, réveillant ainsi le passé. Le mal aux multiples visages rôde, sournois et malsain, autour de tous. Qui s’y opposera ? Flore grâce à sa quête qui la rattache à une tradition millénaire ? Sa fille qui chemine inexorablement sur ses traces ? Albéric, l’amant fidèle ? Peu à peu, depuis la Terre-Sainte jusqu’au Morvan se rejoignent celles et ceux qui devront mener l’affrontement final. Mais qui peut prédire l’issue de ce combat tumultueux entre les abîmes et la lumière ? Après La Baronne des Monts-Noirs, le second tome de cette saga, située à mi-chemin entre roman historique et épopée imaginaire, enchantera les lecteurs de Céline Guillaume. Céline Guillaume semble avoir vécu parmi eux, tant ses héros sont forts, vibrants et pénétrants.

En rêveuse méthodique, l’auteur extrait un texte flamboyant du terreau de ses songes et transforme ses personnages en êtres de légende.

EXTRAIT

En l’an de grâce 1160 dans les Monts-Noirs.
– Reynaud, attends, haletait Mélissandre en s’adossant contre le tronc d’un arbre. Je n’arrive plus à te suivre… Reynaud? Reynaud, tu m’entends ? Réponds-moi…
Reprenant un souffle qui lui faisait défaut, pliée en deux, les mains appuyées sur les cuisses, elle avait l’impression d’être abandonnée dans l’immensité du bois touffu des Monts-Noirs. Avril pétillait de bourgeons et de verdeur retrouvée. La terre vibrait de mousse, des buissons de baies chargés de feuillage neuf s’entremêlaient aux branches basses des fougères.
– Tu n’avais qu’à manger le bon pain frais de soeur Marguerite et boire ton lait de poule ce matin, tu aurais eu des forces pour enfin m’attraper ! s’écria la voix lointaine d’un jeune garçon. J’en connais une, la Jeannette, qui trop pressée de me voler un baiser, m’aurait déjà jeté dans la mousse…
Elle soupira. D’accord elle possédait un appétit d’oiseau, mais, le moment était mal choisi pour lui rappeler ce souci de constitution. Si bien manger était gage d’une santé de fer, pour elle cela n’avait aucune importance. permettra assurément de publier un second ouvrage bien meilleur que celui-ci.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Céline Guillaume, auteur de nombreux ouvrages plusieurs fois primés dans lesquels son écriture limpide et à « fleur de mots » plonge le lecteur dans un univers personnel d’une grande profondeur, nous livre ici un  roman puissant et envoûtant, un roman  au style flamboyant, un roman  médiéval et fantastique. Elle devient ainsi une actrice incontournable dans les mondes de l’imaginaire. Avec La Baronne des Monts-Noirs, la magicienne féerique poursuit son ascension…
LangueFrançais
Date de sortie26 févr. 2015
ISBN9782843625480
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    Aperçu du livre

    Le Mystère du chêne brûlé - Céline Guillaume

    Renard

    CHAPITRE PREMIER

    « Bleus matins ouverts sur le fond des âmes, comme un horizon qu’il faut découvrir, incendiez en moi ce qui doit mourir et nous danserons près des hautes flammes… »

    Sorceline

    En l’an de grâce 1160 dans les Monts-Noirs.

    – Reynaud, attends, haletait Mélissandre en s’adossant contre le tronc d’un arbre. Je n’arrive plus à te suivre… Reynaud ? Reynaud, tu m’entends ? Réponds-moi…

    Reprenant un souffle qui lui faisait défaut, pliée en deux, les mains appuyées sur les cuisses, elle avait l’impression d’être abandonnée dans l’immensité du bois touffu des Monts-Noirs. Avril pétillait de bourgeons et de verdeur retrouvée. La terre vibrait de mousse, des buissons de baies chargés de feuillage neuf s’entremêlaient aux branches basses des fougères.

    – Tu n’avais qu’à manger le bon pain frais de sœur Marguerite et boire ton lait de poule ce matin, tu aurais eu des forces pour enfin m’attraper ! s’écria la voix lointaine d’un jeune garçon. J’en connais une, la Jeannette, qui trop pressée de me voler un baiser, m’aurait déjà jeté dans la mousse…

    Elle soupira. D’accord elle possédait un appétit d’oiseau, mais, le moment était mal choisi pour lui rappeler ce souci de constitution. Si bien manger était gage d’une santé de fer, pour elle cela n’avait aucune importance.

    Quant à la Jeannette, s’il croyait la rendre jalouse…

    Jeune garçon, c’était vite dit puisque le petit pédant filait sur les quatorze ans et la puberté le réchauffait chaque jour davantage. Se croyant irrésistible avec sa chevelure rousse flamboyante et les taches de naissance qui tavelaient ses joues, en coq superbe, il paradait sur sa cour féminine au couvent de Sainte-Radegonde.

    Beaucoup d’enfants élevés à leurs côtés avaient hélas trouvé la mort après quelques années de vie. Les épidémies, le climat rude du Morvan n’étaient pas les principaux responsables de ces pertes. Leurs maltraitances antérieures, les coups, les rossées, la nourriture infâme avaient considérablement affaibli leurs organismes et ce malgré les soins que Flore, aussi dévouée soit-elle, leur avait prodigués.

    Reynaud demeurait le seul gamin de sexe mâle et il en profitait un peu trop à son goût.

    Parfois, il l’exaspérait avec ses grands airs dominateurs et ses ordres, mais ayant toujours grandi à ses côtés, il la fascinait tout autant. Oui, sa différence corporelle la troublait. Elle l’intriguait tel un fruit défendu.

    À cause d’elle, Mélissandre ne pouvait se passer de sa présence rassurante et de son caractère bien trempé.

    N’avaient-ils pas grandi ensemble ?

    Les années ainsi passées côte à côte renforçaient les liens du cœur, le long fil d’Ariane qui se déroulait sur leurs deux vies conjointes.

    Presque tous les jours, à quelques lieues du couvent, ils allaient dans leur petit coin de paradis qu’était la forêt. Leur cachette sauvage était peuplée d’orties et de mûriers, d’arbres centenaires et de ruisselets cristallins, d’oiseaux divers et de petit gibier.

    Là, ils paraissaient heureux comme peuvent l’être des enfants, sautant d’un rocher granitique à l’autre, humant l’air et ses notes poivrées, chassant les rainettes par temps humide, des grenouilles parfois oubliées dans leurs besaces et qu’ils retrouvaient le plus souvent étouffées, aplaties telle une momie d’eau douce.

    En fonction des saisons, ils se régalaient de fraises sauvages ou de myrtilles, de noisettes ; rapportaient des paniers de cèpes, de chanterelles aux cuisinières pour leurs fricassées, et lorsque le soleil, véritable dieu incarné, ne les aveuglait pas, ils apercevaient, en contrebas, ce qui était devenu une véritable chartreuse, une forteresse de pierres avec des murs réfléchissant la lumière du jour. Sa mère en était la fondatrice, amenant une grande fierté au cœur de la jouvencelle.

    Une grosse tour carrée ainsi que la partie arrière de la bâtisse se perdaient dans les bois qui bordaient la crête, laissant planer un sentiment de mystère. Cernés par la végétation protectrice, les visiteurs accédaient aux saints lieux par un raidillon sinueux que l’on avait aménagé pour le rendre carrossable.

    – Reynaud ? Je ne t’entends plus. Reynaud, si tu t’amuses, ce n’est pas drôle, montre-toi maintenant, gronda-t-elle pour se donner de l’aplomb, prise par l’étrange atmosphère que généraient les sous-bois.

    Depuis quelques instants, la forêt lui paraissait plus sombre qu’à l’accoutumée et le moindre petit bruit semblait exacerbé à ses oreilles.

    Les sens en alerte, elle écoutait tout, depuis le bruissement des feuilles jusqu’au grincement des branches et son courage fondait de pas en pas.

    Pourquoi donc persistait-il à se cacher, la laissant là, face à cette angoisse grandissante ? Il ne perdait rien pour attendre.

    Elle sursauta sous l’envol, pourtant discret, d’un passereau sur une haute branche.

    Les feuillages denses, les troncs à perte de vue l’étouffaient, voulant l’emprisonner dans cette prison naturelle qui faisait d’elle la proie d’un danger invisible.

    Frissonnante, elle remit en place l’étole qui lui couvrait les épaules. Elle tenta de se ressaisir.

    Après un hiver froid et terriblement maussade, un nouveau printemps rajeunissait la nature. Les prairies verdoyaient. Les bourgeons, roses ou blancs, pointaient sur les branches gonflées de sève, on aurait cru les tétons offerts d’une délicate amante, les insectes bruissaient sous l’herbe tendre, les oiseaux traversaient l’azur en pépiant, faisant écho à l’alléluia des cloches de Pâques.

    Or, cette animation champêtre ne la ravissait plus.

    Malgré tout cela, tout autour d’elle respirait l’étrangeté, l’impalpable…

    Se cherchant une confiance factice, elle déambula entre des arbres aux silhouettes fantasmagoriques, des arbres qu’elle ne reconnaissait plus. Elle coucha du pied les enchevêtrements de ronces qui arboraient leurs premières inflorescences, écarta les jeunes fougères qui déployaient leurs nouvelles pousses en évitant de fouler les derniers perce-neige.

    D’ordinaire, de loin en loin, résonnait un cri d’homme hélant ses bêtes ou une voix de femme qui appelait ses enfants. Elle n’entendait plus les clameurs du quotidien. L’épaisseur du sous-bois étouffait le moindre bourdonnement et son chemin se perdait toujours dans l’ombre. L’humidité se densifiait ; elle était pressée de regagner cette lumière salvatrice que les ramifications ne lui permettaient plus de deviner.

    Toutes ces attentions furent bientôt oubliées.

    Elle était prise sous un dôme végétal compact.

    La cime des résineux, les longues branches des fayards formaient voûte, augmentant la pénombre.

    Quelque chose craqua, quelque part, devant elle.

    – Reynaud ? appela-t-elle, le cœur bondissant à lui écarteler les côtes.

    Nul ne répondit. Elle était seule. Perdue ?

    Incontrôlable, son angoisse atteignit alors son paroxysme, l’extrême limite de la peur qui peut nous donner des ailes ou nous enliser dans nos frayeurs.

    L’énergie qu’elle lui procura parcourut tout son être et ses jambes se mirent en action.

    Elle devait quitter cet endroit au plus vite. Fuir cette menace que son instinct lui révélait.

    Elle se mit à courir malgré les obstacles végétaux, haletante, les cheveux, le visage, les mains, le bliaud fouettés par les branches basses.

    Comme elle aurait aimé être au couvent à ce moment précis !

    Dans sa tête, elle imaginait son retour.

    Essoufflée, elle entrerait dans la grande cuisine, embrasserait de toutes ses forces sa mère qui l’accueillerait d’un sourire avenant.

    La faim commençait à tourmenter son ventre et les sœurs finissaient sans nul doute de préparer un ragoût, peut-être même une tarte et elle imaginait déjà le verre de lait qu’on lui servirait. Elle raconterait alors ce qu’elle avait vu lors de cette matinée, tous ces petits détails différents qui ravissent les pupilles, tels les coups de bec du pic-épeiche contre l’écorce d’un pin, tel l’écureuil qui sautillait gaiement, telle la biche qui s’enivrait des bourgeons et bien davantage de choses encore.

    Reynaud lui biserait la joue rosie par sa course et repousserait les mèches dorées qui barreraient son front…

    Mais rien ne se passa comme elle l’aurait voulu, rien, absolument rien…

    Elle sauta par-dessus un tapis de fougères pour se retrouver soudain face à un arbre, de toute évidence plusieurs fois centenaire, un chêne qui avait dû autrefois être merveilleusement imposant, un chêne martyrisé dont il ne restait qu’un tronc colossal fendu et brûlé en son milieu. L’ouverture, peut-être causée par la foudre, permettait le passage d’un homme mince. Elle s’immobilisa face à lui, la peur brutalement vaincue par son imposante majesté.

    Elle attarda son regard vers ses racines si tentaculaires et éclatées qu’elles soulevaient le sol de plusieurs pieds.

    Il se dégageait du géant une telle beauté macabre qu’elle ne put résister à l’envie de s’approcher, de le toucher.

    « Le temps de reprendre mon souffle », se convainquit-elle.

    Les yeux vers sa ramure morte, elle buta contre un pichet d’argile au bec ébréché.

    Sa curiosité monta d’un cran. Elle se baissa pour le ramasser, ses doigts frôlèrent un, puis deux, puis trois crânes fichés dans la terre.

    De nouveau son cœur se mit à battre la chamade.

    De la mousse, sortaient des orbites sèches des crânes fendus. Le vert-de-gris leur donnait un nouvel aspect, une nouvelle existence de gnomes fossilisés. Des ossements se trouvaient disséminés tout autour du tronc, prisonniers des grosses racines, pétrifiés en vestiges éternels.

    Pourquoi ces restes humains retenaient-ils son pas alors même que la seconde précédente elle ne songeait qu’à fuir loin de cette forêt ?

    Reynaud se serait moqué d’elle. Encore à fureter, l’aurait-il narguée. Elle le chassa de son esprit. Curieuse, trop sans doute, elle l’avait toujours été.

    Quel secret se cachait encore dans cet entremêlement végétal, entre ces pieds bulbeux qui l’empêchaient de bien distinguer ?

    Elle se pencha en avant. Elle n’eut pas le temps de percer le mystère du chêne brûlé.

    Le danger surgit du bourbier sous la forme d’une masse indistincte.

    La chose, énigme vivante, entité barbare traversant les époques et défiant la mort, se jeta sur elle.

    Mélissandre ne put voir son visage. Elle ne sentit que le choc du gourdin contre sa tête avant de sombrer dans le néant.

    Alors sans ménagement, en vulgaire ballot, l’être la chargea sur son épaule.

    CHAPITRE II

    « C’est par l’amour qu’on demande, qu’on cherche, qu’on connaît. Aime donc et fais ce que tu veux. »

    Saint-Augustin

    Ma plume dessinait des arabesques…

    « Ce soir, une force irrémissible me pousse à coucher sur le papier ces histoires d’autrefois. Et c’est à toi que je pense Albéric, à toi qui peut-être dors, besogne faite ou ordres donnés, dans les sables de Judée. Tu étais mon amant, mon protecteur et aussi mon sang, parmi les écueils de l’existence, tu savais guider mon âme comme personne vers l’asile le plus sûr. Je prie Dieu humblement, je te requiers de ne jamais m’oublier, de ne pas laisser flétrir les fleurs du souvenir, de nos émois passés.

    « Oui, à l’aune de mon trentième printemps, je couche sur le papier ce qui jaillit de mon cœur.

    « Mais qu’ai-je fait de cette vie fade et semée, sans trêve, d’embûches toujours plus ardues ? Qu’ai-je fait ? Qu’ai-je apporté ? Rien, il me semble, rien qui ne puisse être couronné de lauriers.

    « Tomber, tomber, se relever, tomber encore et toujours plus bas m’a paru être le long collier de la vie, de ma vie.

    « Et pourtant, je me suis battue pour ce couvent, pour ces enfants que j’ai reconnus comme ma propre chair, pour ces sœurs en quête d’apaisement. Sainte-Radegonde ! Sainte-Radegonde ! Quel projet fou ! Alors, tout n’est pas encore totalement perdu, il me faut donc faire une nouvelle promesse : ce soir, demain matin, je profiterai de tout, de chaque instant, de la brise, de tout ce que le monde m’offre, la joie de planter de jolies fleurs, de les voir s’épanouir et de respirer leurs fragrances.

    « Je dois tourner la page de ce passé et de par ces résolutions, des révélations arriveront qui ne devront rien aux prophéties.

    « Pourquoi attendre tranquillement l’heure du retour des ténèbres, des trophées dérisoires et puants du mal alors que je peux trouver la lumière au bout du sentier escarpé. L’opiniâtre combat que j’ai livré en naviguant à contre-courant doit me servir de guide.

    « Croire en tout.

    « Tant que je n’ai rien terminé, c’est comme s’il n’y avait pas eu de début : rien que des avortements. Avortement est un mot qui me fait frissonner…

    « Le joug de l’impuissance, le sentiment de solitude ne doivent pas s’emparer de moi. Jamais !

    « Il me vient un sourire, à cet instant, un sourire que tout un chacun trouverait, peut-être, idiot. Je note ainsi et fermement, à l’encre de ma plume : tous nos rêves peuvent se réaliser… »

    Quelqu’un frappa, m’arrachant de cette rêverie solitaire.

    Les coups pressants montraient l’insistance de celle qui les exerçait.

    – Qui va là ? demandai-je d’une voix haut perchée.

    – Ma Dame, ouvrez, c’est sœur Geneviève, ouvrez, s’il vous plaît au nom de notre Seigneur…

    Je me précipitai pour tirer le verrou. La nonne m’apparut dans l’entrebâillement de l’épaisse porte de chêne.

    – Ma Dame, ma Dame, l’évêque d’Autun est ici et demande à vous voir.

    – Me voir ? Mais pour quelles raisons ? Jamais il ne nous a rendu visite, ni même prêté le moindre intérêt à notre communauté, rétorquai-je un peu irritée.

    – Il s’agit d’une affaire de la plus haute importance et il ne veut s’entretenir qu’avec vous.

    – Une affaire de la plus haute importance dis-tu ? rétorquai-je tout en faisant mine de réfléchir au problème.

    – Nous l’avons installé au réfectoire et lui avons servi de quoi boire et manger pour le faire patienter.

    Je soupirai de contrariété.

    – Et bien soit, puisqu’il ne souffre d’attente, allons saluer Monseigneur de Bellegarde et entendre ce qu’il veut nous révéler de si urgent.

    Par précaution, ou plutôt par habitude, je refermai la porte cloutée, donnai un tour de clé et emboîtai le pas à sœur Geneviève que sa candeur et sa jeunesse rendaient belle.

    La lassitude des lieux ne m’avait pas encore gagnée ; j’aimais toujours autant le ballet des éclaircies qui suivait la course du soleil d’est en ouest et selon les saisons, ce rythme lent et inexorable qui calmait l’esprit et tranquillisait l’âme. Les rayons qui animaient les différents bâtiments pendant la journée soulignaient les reliefs, les concavités, mettaient pleinement en valeur les détails architecturaux. La simple feuille du chapiteau, surlignée chaque matin par l’aurore, s’adoucissait graduellement dans l’ombre de chaque après-midi et les entrelacs, les motifs circulaires, rappelant la perfection divine, le salut du Christ ou l’éclosion de la rose discrète, fleurissaient certaines clés de voûte.

    Le cloître et son enfilade de colonnes jumelées dispensaient une lumière

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