Adieu mon ami: Faire le deuil de son animal de compagnie
Par Gary Kowalski
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À propos de ce livre électronique
Gary Kowalski
Le révérend GARY KOWALSKI est un ministre du culte unitarien universaliste et l’auteur de sept ouvrages sur la nature, la spiritualité, la science et l’environnement, dont The Souls of Animals et Science in the Search for God. Diplômé de la faculté de théologie de Harvard, il a été au service de congrégations au Vermont, au Nouveau-Mexique, à Washington et dans le Massachusetts.
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Aperçu du livre
Adieu mon ami - Gary Kowalski
INGALLS
1. Les animaux de compagnie ne sont pas insignifiants
TOUT MEURT UN JOUR : les poissons rouges, les rorquals bleus, les amis et les gens que nous aimons. Quand nous prenons conscience que toute vie a une fin, une forme de tristesse nostalgique nous envahit. Accepter la mort et apprendre à vivre dans la joie malgré cette certitude sont des défis difficiles, et cela vaut autant pour le décès d’un être cher que pour celui d’un animal qui faisait partie de la famille. Lorsqu’une relation se brise, le chagrin peut être intense.
Ce livre s’adresse à tous ceux qui ont déjà connu la mort de leur chat, de leur chien ou d’un autre animal familier. Nous les appelons communément « animaux de compagnie », une dénomination ayant parfois, aux yeux de certains, une connotation d’insignifiance ou de subordination, car durant des siècles, les animaux ont été considérés comme inférieurs à l’homme. Mais ceux qui défendent les droits des animaux préfèrent leur conférer des qualités humaines et les chérir tendrement. Mon ouvrage leur est destiné.
La majorité d’entre nous fait partie de la seconde catégorie. Lorsque j’étais étudiant en théologie en vue de devenir membre du clergé, un de mes professeurs prévenait ses élèves du cours de prédication de ne jamais parler des chiens pendant un sermon. Pourquoi ? Parce que les gens allaient aussitôt se mettre à penser aux personnalités canines bizarres qu’ils avaient rencontrées dans leur vie et qu’en conséquence, le sujet du sermon ne capterait plus leur attention.
Par exemple, il y a eu Flush, un springer anglais, ainsi nommé à cause du célèbre chien d’Elizabeth Barrett Browning (qui a fait l’objet d’une biographie complète par Virginia Woolf). Ma mère se rappelle Flush de son enfance pendant la Grande Dépression, une période de vaches maigres où la viande manquait ; le chien avait appris à adorer les légumes, à la place — les pelures de pommes de terre et de carottes que l’on faisait cuire pour lui —, ainsi que les pêches dans l’arbre du jardin. Son ouïe était si fine qu’il pouvait en entendre une tomber durant la nuit. Il a tellement mangé de ces fruits trop mûrs que sa dentition en a souffert, et ma mère se souvient très bien de la pauvre bête qui gémissait à cause de ses gencives qui lui faisaient mal, même quand il engloutissait les pêches. Un abruti l’a un jour empoisonné. Mais pour ma mère (qui ne possède pas d’animal et qui n’aime pas vraiment les chiens en général), les souvenirs de Flush restent vivants, après plus de 60 ans.
Beaucoup d’entre nous ont connu un chien de ce genre ou un autre animal qui a su gagner notre cœur. Les larmes que nous versons quand ces animaux meurent sont authentiques, car nos petits chéris tiennent une grande place dans notre vie. Leur présence douce et confiante fait peu à peu partie de notre routine quotidienne. Ils partagent nos repas et aiment jouer avec nous. Ils nous accompagnent dans nos sorties de même que dans nos moments d’introspection. Nous sentons la chaleur de leur affection et leur profonde loyauté, ce qui crée des liens affectifs tout aussi forts et réconfortants que ceux que nous avons avec d’autres êtres vivants. Quand ces liens sont rompus, nous pouvons éprouver un sentiment de vide et de perte, nous sentir déprimés, engourdis, perdus ou en colère.
Pour certains, la mort d’un animal de compagnie peut représenter la plus grande perte de leur vie. Récemment, un professeur m’a écrit au sujet d’une recherche informelle qu’il avait menée à l’Université de West Virginia, où il a enseigné durant plusieurs années. Il avait l’habitude de commencer ses cours d’initiation à la psychologie en demandant à ses élèves de consigner leurs souvenirs les plus heureux et les plus tristes.
Il a découvert que chez les femmes, les moments les plus tristes concernaient généralement la mort des grands-parents ou d’un autre proche. Chez les jeunes hommes, assez curieusement, les souvenirs les plus douloureux concernaient le décès d’un chien. Il dit n’avoir jamais pu prouver que ces résultats avaient un rapport avec la différence de sexe. Il était quand même étonnant que tant de jeunes adultes fassent référence à la perte d’un animal de compagnie, quand on leur demandait de se rappeler leur plus gros chagrin personnel.
Reconnaître la perte et les sentiments qui l’accompagnent est essentiel, pour guérir. Exprimer son chagrin est la seule façon de traverser la peine, de l’accepter et d’en sortir. Il ne faut pas nous empêcher de pleurer, de crier ou de manifester notre colère, au besoin, car ce sont des formes saines d’atténuer la douleur et de libérer nos émotions. Ça fait mal, et il faut le dire.
Qui plus est, nous avons besoin que les autres confirment notre chagrin. Bien entendu, personne ne peut régler ce qui ne va pas. Il n’y a pas de paroles magiques susceptibles de combler le vide que laisse la mort de notre ami. Les animaux de compagnie seraient insignifiants, si leur départ pouvait être surmonté si facilement. Mais bien que personne ne puisse nous retirer notre chagrin, la présence et l’attention de l’entourage prouvent qu’il est possible de ne pas rester seul avec la peine. Savoir que d’autres ont connu la même expérience apaise un peu notre souffrance.
Il se peut cependant que nous nous sentions penauds, quant à l’expression de cette partie vulnérable de nous-mêmes. On se retient, le doute nous assaille. Les autres ne risquent-ils pas de penser qu’il est aberrant d’être dévasté à cause d’un simple animal ? Certains penseront même qu’il y a de quoi rire. L’humoriste Garrison Keillor, par exemple, a écrit un sketch au sujet d’un juge dans un concours de poésie où il fallait lire des quantités de vers lamentables — dont certains de piètre qualité — sur des bêtes disparues. Toutefois, même monsieur Keillor semble comprendre que perdre son animal de compagnie est souffrant et qu’il n’y a rien de drôle à ça. Il a lui-même écrit son propre poème : En souvenir de notre chat, Ralph. En voici un extrait :
En rentrant à la maison, il faisait presque nuit.
Le voisin attendait devant la porte.
« Je suis désolé, j’ai une mauvaise nouvelle », a-t-il dit.
« Votre chat, le gris et noir, est mort.
Je l’ai trouvé près du garage, il y a une heure. »
« Merci, ai-je répondu, de nous en informer. »
Nous avons creusé un trou dans la plate-bande
surplombée d’un lilas,
là où ce chat adorait s’allonger au printemps
et se rouler dans la terre et manger le gazon
et les premiers bourgeons.
Nous l’avons couché, enveloppé d’une nappe,
puis recouvert de terre.
Notre bon vieux chat y dort pour toujours.
Nous sommes vite rentrés dans la maison.
Elle était vide, et nous avons pleuré
tout doucement dans le noir
en songeant à sa voix familière, à son pelage,
à sa tendre présence sur nos genoux,
que nous aimions tant.
Le cœur en morceaux, comme des enfants,
nous repensions à cet animal à la vie brève,
avec grande affection et trop de chagrin.
— Traduction libre
« Si cela est stupide », écrit Keillor à la fin, « eh bien, tant pis ». Mais cela n’est ni stupide ni puéril. C’est simplement humain. Notre sentiment de perte mérite d’être respecté, et non pas rabaissé.
Heureusement, de plus en plus de conseillers, de membres du clergé et de thérapeutes commencent à en prendre conscience. Certaines sociétés protectrices des animaux proposent des groupes de soutien à ceux qui ont perdu leur animal de compagnie. À ceux qui ont besoin d’une écoute, la Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux offre une ligne téléphonique, tout comme le font quelques écoles vétérinaires. Vous pouvez vous joindre à des groupes de soutien sur Internet. Certaines compagnies de papeterie ont même des cartes spéciales de sympathie pour ces situations.
Toutefois, il faut faire encore plus. Au dernier recensement, il y avait 82 millions de chats domestiques et 72 millions de chiens aux États-Unis, ainsi qu’une quantité indéterminée de gerboises, de lapins, de perroquets et autres. Chaque année, des milliers de gens souffrent en silence, par manque de soutien à la mort de leur animal. Cet ouvrage peut aider ceux qui ont besoin de réconfort.
Un livre peut-il offrir de l’aide ? Dans Winnie l’ourson, l’auteur A. A. Milne décrit une situation dans laquelle l’ourson, après avoir avalé