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L'odyssée d'Adam Ellsworth - Partie 2
L'odyssée d'Adam Ellsworth - Partie 2
L'odyssée d'Adam Ellsworth - Partie 2
Livre électronique273 pages4 heures

L'odyssée d'Adam Ellsworth - Partie 2

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À propos de ce livre électronique

Après avoir mené sa communauté derrière les murailles de l’Antre, au coût d’un terrible prix, Adam aura assisté à la destruction de son village, impuissant. Les racines de sa vie se sont envolées en fumée en un seul instant. Les avertissements du mystérieux et dangereux Eol se sont donc avérés justes. Cependant, même s’il a tout risqué pour offrir une nouvelle vie à sa communauté, Adam se rend vite compte que la vie dans
l’Antre est loin de celle initialement espérée. Incapable de s’adonner à cette vie malsaine, le jeune homme cherchera un nouveau refuge pour les siens. Une
opportunité se présentera alors sous la forme d’une simple offre, qui pourrait
les mener lui et les siens aux portes d’une autre cité humaine: le Bastion.
LangueFrançais
Date de sortie22 juil. 2013
ISBN9782896839865
L'odyssée d'Adam Ellsworth - Partie 2

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    Aperçu du livre

    L'odyssée d'Adam Ellsworth - Partie 2 - Pierre-Olivier Lavoie

    www.laburbain.com

    Chapitre 1

    Alyx Smith

    P rès de deux semaines s’étaient écoulées depuis la destruction de la Nouvelle-Lorette, la ville natale d’Adam. Suite à l’invitation prolongée du gouverneur de l’Antre, Daniel Smith, la communauté d’Adam avait décidé de s’installer dans la forteresse construite à partir d’un vaisseau baleine. En tant qu’étrangers et résidents temporaires, les réfugiés de la Nouvelle-Lorette étaient contraints à séjourner sous l’espèce de dôme de la cour extérieure, à la belle étoile. Bien que la plupart d’entre eux s’étaient vite accommodés au vaisseau, Adam en était demeuré incapable.

    Quelque chose n’allait pas et dérangeait continuellement le jeune homme. Cet endroit… ce n’était pas le genre de place où il pourrait vivre en paix. Était-ce la mort de sa mère qui lui pesait sur les épaules ? Était-ce le lourd regard des membres de sa communauté détruite qui le dévisageaient continuellement ? Probablement toutes ces réponses. Au cours de ces deux semaines, Adam n’avait presque pas trouvé le sommeil, son cerveau repassant en boucle les terribles événements qu’il avait vécus. Le Eol et ses avertissements étranges, la mort des hommes du raid, la marche vers l’Antre, l’attaque des Coréens… Et, bien évidemment, la mort de sa mère et la destruction de son village.

    Ces événements s’étaient profondément ancrés dans le corps et l’esprit d’Adam, mais pour offrir un soutien moral à sa sœur, il avait tenté du mieux qu’il le pouvait de ne pas le démontrer. Il avait passé des soirées à s’assurer qu’elle lui dise tout ce qui lui passait par la tête afin qu’elle purge son organisme de sa peine. Il avait tout fait pour la rassurer, sans s’occuper de ses propres états d’âme. Si les journées s’étaient avérées longues et ennuyantes, les nuits étaient bien pires. C’était là que les démons d’Adam ressurgissaient en lui, lui rappelant amèrement ses erreurs. Le pire arrivait lorsqu’il finissait par se lever, après une nuit de mauvais sommeil, pour constater qu’il se trouvait toujours dans cet endroit malsain : l’Antre.

    L’Antre possédait plusieurs étages, dont la plupart étaient creusés à même la terre, sous le vaisseau. Ces étages souterrains, au nombre de trois, regroupaient plusieurs services créés par le conseil d’individus régnant sur l’Antre. Aussi étrange que cela pût être, Adam et sa communauté apprirent qu’il y avait trois castes : celle des marchands, celle des guerriers et celle des érudits. Et comme Adam avait pu le découvrir, chacune de ces castes possédait son propre étage. Les différentes castes de l’Antre arboraient un badge cousu à leurs vêtements, juste sous l’épaule. La caste guerrière portait le blason d’un raton-laveur, celle des marchands arborait une balance et celle des érudits était représentée par une croix rouge.

    Le rez-de-chaussée de l’Antre, que l’on pouvait atteindre directement par la porte du dôme, n’était qu’un hall qui reliait les étages supérieurs et inférieurs par des escaliers. Malgré les quelques barils enflammés qui se trouvaient dans les recoins de l’endroit, il était interdit de flâner dans les environs et les gardes de la caste guerrière se fai-saient un plaisir de le rappeler aux malchanceux qui avaient l’audace d’y séjourner plus d’une minute.

    Le premier étage souterrain appartenait aux marchands, où se trouvaient un nombre considérable de kiosques, formant un genre de bazar intérieur assez malodorant et qui semblait bondé d’une foule continuelle, peu importe l’heure ou le moment du jour. On y trouvait donc un bon nombre d’individus de toutes les nationalités et de toutes les couleurs tentant de faire du troc avec le moindre passant. On y vendait toutes sortes de choses, comme de la viande dont la provenance était bien douteuse, du lait, de l’eau potable, des légumes, des vêtements, des accessoires ou encore des meubles.

    Les deux derniers étages souterrains appartenaient entièrement à la caste des guerriers, là où les soldats et les gardes de la ville résidaient. Au deuxième étage, on retrouvait des rangées de tentes militaires ainsi que des parcours d’entraînement pour les soldats. Le troisième étage était réservé à l’armurerie et au garage, où les armes et les véhicules entrant et sortant de l’Antre étaient contrôlés. En séjournant dans la forteresse, la communauté d’Adam avait dû rendre l’entièreté de ses armes et munitions, évidemment à contrecœur. Personne n’aimait être désarmé et surtout pas les femmes dans un endroit fourmillant d’hommes pervers et sans principe. Fort heureusement, ni Adam ni personne de sa communauté n’eurent à mettre les pieds sur les étages souterrains de la caste guerrière.

    Creusés dans la terre, ces étages ressemblaient plutôt à de longues galeries souterraines, quoiqu’assez espacées et dont la structure était maintenue par des fondations en fer et en bois. Rien de très rassurant, mais apparemment, personne ne semblait avoir la moindre inquiétude face à la solidité de ces fondations.

    Finalement, la troisième et dernière caste, celle des érudits, se trouvait au premier étage depuis la surface, dans le vaisseau. Cet étage était, de loin, l’un des plus propres de l’Antre et c’est à cet étage que l’on pouvait trouver une infirmerie, une école pour jeunes enfants ainsi qu’une garderie. Cet étage possédait de nombreuses fenêtres, taillées à même les parois du vaisseau et qui laissaient pénétrer un vent frais portant le doux arôme de l’automne. On y trouvait aussi une bibliothèque, sauf qu’au grand désarroi de Dmitry, il était impossible d’y retirer des livres pour usage personnel à moins de faire partie de la caste érudite. Et pour ce faire, il fallait devenir un citoyen permanent de l’Antre. Chose qui, selon Hubert Filangieri, était une bien mauvaise idée.

    Ayant offert sa couverture à Hannah la soirée pré­cédente, Adam avait passé une très mauvaise nuit. Sous le dôme à ciel ouvert, le jeune homme avait été réveillé par une forte bourrasque de vent. Irrité et de mauvaise humeur, Adam s’était levé vers 5 h du matin et avait quitté l’Antre, par le portail principal, pour aller se dégourdir les jambes. Chose qu’il faisait d’ailleurs tous les jours, puisqu’il ne supportait pas d’être enfermé trop longtemps dans cette forteresse.

    À cet endroit, non loin du portail de la ville, il y avait rencontré Filangieri, assis avec Dmitry auprès d’un feu de camp. Étant tous deux éveillés d’une mauvaise nuit trop venteuse, ils avaient invité Adam à se joindre à eux. C’est là que Filangieri avait raconté les origines du communisme aux deux jeunes hommes.

    Il semblait donc que l’Antre reposait sur un système communiste et, comme raconté par le vieux Filangieri, ce système avait été développé au siècle précédent par un certain Karl Marx. N’ayant pas réellement retenu la plupart des explications racontées par le vieil homme, trop concentré à réchauffer ses doigts gelés auprès des faibles flammes du feu de camp, Adam avait tout de même compris l’essentiel. Du moins, il croyait. Il comprenait que l’Antre reposait sur un système qui demandait aux membres de ses diverses castes de donner une bonne partie de leurs profits générés afin de les redistribuer également à travers la forteresse.

    Comme la plupart des systèmes communistes qui avaient régné sur quelques nations humaines d’autrefois, expliquait Filangieri, le système de l’Antre comportait une faille tout aussi flagrante. L’Antre possédait au total cinq étages ; trois souterrains et deux construits en hauteur, à même le vaisseau. Le dernier étage, celui du conseil de l’Antre mené par le charismatique Daniel Smith, comportait aussi ses propres quartiers résidentiels pour ses conseillers. Hubert Filangieri leur avait expliqué que les quartiers, bien à l’écart de ceux des autres castes, devaient être nettement plus luxurieux et que ses occupants devaient très probablement se mettre la main dans le pot assez couramment.

    — Dans tous les systèmes gouvernés par les hommes, avait terminé Filangieri, il y aura toujours place à la corruption et à l’abus. Il faut croire que même la chute de l’empire humain n’aura rien changé à ces vieilles et désagréables habitudes.

    — C’est quand même assez épatant qu’un vaisseau soit devenu un genre de… de ville, dit Dmitry, qui contemplait l’Antre d’un regard neutre. Vous ne trouvez pas ?

    Filangieri répondit de quelques hochements de tête avant de dire :

    — Certes, jeune homme, certes…

    — Je trouve cet endroit plus bizarre qu’autre chose, dit Adam avec un brin de mépris. Le fait d’avoir recréé une sorte de société divisée en castes et que chacun vive comme une petite fourmi qui ramène à la fourmilière, je trouve ça un peu triste.

    — Eh bien, reprit Hubert, c’est ainsi que certaines communautés fonctionnent, Adam. Si les gens de l’Antre sont heureux, alors qu’il en soit ainsi. Il ne faut pas juger, jeune homme.

    — Disons que je ne m’attendais pas vraiment à ce genre d’endroit, soupira le jeune homme en croisant le regard de son ami.

    — Moi non plus, répondit Dmitry. Je croyais que l’Antre était un genre de poste d’échange, où des marchands échangeaient leurs trucs… et non pas à… ça, reprit-il, visiblement en manque de mots pour décrire ses pensées.

    Même si Adam ne s’était pas vraiment fait d’attentes au sujet de l’Antre, il devait admettre que la forteresse l’avait déçu, voire même dérangé. Juste le fait de savoir qu’Hannah et sa mère étaient derrière ces portes inquiétait le jeune homme, surtout avec les hordes d’hommes sans moralité qui grouillaient juste en dessous.

    — Les deux dernières semaines auront vraiment été quelque chose, soupira Adam, préférant garder pour lui ses réelles pensées.

    Dmitry commenta d’un grognement qui n’engageait à rien, avant qu’un silence ne s’installe autour du feu de camp, laissant place au faible craquement de la flamme. Tandis que le vent jouait doucement dans ses cheveux et frottait l’herbe autour de lui, le jeune homme observait au loin. Depuis deux semaines qu’ils étaient coincés dans cet endroit, sans but et sans futur. Pour la première fois de sa vie, Adam avait l’impression que son existence ne ser-vait plus à rien. Tout lui avait été dérobé, ou presque. Il avait l’impression d’avoir atteint un point de stase, de flottaison, qui n’allait mener absolument nulle part tant et aussi longtemps qu’il ne ferait rien.

    Et quoi faire, exactement ? Même si ses raisons étaient peu fondées, Adam était incapable d’effacer ce que le Eol qu’il avait rencontré avait tenté de lui faire savoir. Les paroles de l’extraterrestre auraient pu être des balivernes, mais malheureusement, ses prédictions s’étaient avérées réalistes. Au fur et à mesure que les jours avaient passé, Adam était devenu de plus en plus obsédé à l’idée de découvrir ce qu’était ce cube, dénommé Iuvraya par le Eol. Cet extraterrestre avait été clair sur une chose : cet objet pouvait signifier la fin de leur monde, Leïtreyù, tel qu’il l’avait nommé. Une phrase en particulier avait résonné dans la tête du jeune homme depuis tout ce temps. Lors de sa dernière rencontre avec le pilote extraterrestre, ce dernier lui avait dit :

    Trouver la vermine. Le voleur. Le voleur d’Iuvraya. Leïtreyù en dépend.

    Le voleur n’était nul autre que Denzel Eïsz, le chef d’une bande de maraudeurs qui avaient fui dans une direction inconnue. Le fait qu’il possédait le cube était aussi une bien malheureuse nouvelle, puisqu’il serait sans doute assez difficile à récupérer. Assis avec les mains entre les genoux, Adam fixait en silence les flammes du feu de camp, qui se reflétaient sur ses pupilles. Même s’il avait su depuis un moment déjà, dans son for intérieur, qu’il avait une mission à accomplir, Adam n’avait jamais eu la motivation de se lever et de partir sur les traces de ce satané cube. Jamais, avant ce moment.

    Redressant doucement sa posture, le jeune homme avait levé son regard vers le ciel, observant les nuages qui défilaient doucement. Pour une raison qui l’échappait, Adam venait d’acquérir une étrange conviction, une motivation et surtout, un but. Son village était détruit, sa mère lui avait été arrachée, mais une flamme s’était illuminée au fond de son être. Depuis toujours, il avait vécu dans un monde qui lui était inconnu et qui lui avait été sauvage et inhospitalier, mais c’était aussi le seul monde qu’il avait connu et surtout, le monde d’Hannah, de sa sœur et de Dmitry. Peut-être ce monde n’avait-il rien d’extraordinaire, mais pour ces gens, Adam était prêt à tout. Y compris partir à sa découverte, sur les traces de Eïsz.

    Adam s’était levé, le regard vide à travers lequel on pouvait distinguer une vive lueur et, surtout, une raison d’être et de vivre. Sans même prendre la peine de saluer son ami ni Hubert Filangieri, le jeune homme se mit à marcher en direction de l’Antre. Les mains dans les poches, Adam avançait d’un pas décontracté, malgré que les engrenages de son cerveau défilaient à toute vitesse.

    — Hé ! lâcha Dmitry. Attends !

    En entendant des pas de course marteler le chemin de terre derrière lui, le jeune homme se retourna brièvement vers son camarade avant de reprendre sa marche en sa compagnie. Seulement, Dmitry posa sa main sur son épaule et l’incita à s’arrêter.

    — Adam, parle-moi, lui ordonna-t-il d’un regard à la fois dur et inquiet.

    Le jeune homme observa son ami d’un regard interloqué pendant quelques secondes, avant de comprendre que son propre comportement avait dû être moins trompeur qu’il ne l’avait cru. Il savait que s’il avouait à Dmitry qu’il quittait l’Antre, ce dernier pourrait divulguer aux autres qu’il était celui qui avait libéré le Eol, tuant de ce fait Jacob Heisenberg, qui avait tenté de l’arrêter. Quelques jours plus tôt, cette menace pesait un certain poids sur lui, mais maintenant, plus vraiment. De plus, il était assez persuadé que Dmitry ne le trahirait pas, pour la sécurité d’Abigail.

    — Je pars, dit-il simplement à son ami, jugeant inutile de lui mentir.

    Dmitry afficha un air à la fois perplexe et surpris.

    — Comment ça, tu pars ? répéta ce dernier, fronçant ses sourcils broussailleux.

    En jetant des regards furtifs autour de lui, le jeune homme répondit ensuite, à mi-voix :

    — Tu sais ce que le Eol nous a dit au sujet du cube de Eïsz. Tu sais aussi qu’il nous a avertis que notre monde pourrait être perdu si ce cube, cet Iuvraya, n’était pas retrouvé.

    Adam s’attendait vraiment à ce que Dmitry réagisse mal, qu’il soupire ou qu’il tente de lui rappeler combien il perdait son temps, mais contre toute attente, ce dernier hocha plutôt la tête, comme s’il comprenait.

    — J’y pense aussi depuis quelque temps, avoua-t-il alors, avant de lancer des regards autour de lui. Ce qui s’est passé… ta mère… notre village… c’est mauvais pour nous. Nous avons presque tout perdu et… non, en fait, je crois que nous avons simplement tout perdu.

    Suite à ses propos un peu confus, Dmitry marqua une pause d’un air pensif.

    — Je veux retrouver Eïsz, lui dit Adam. Ce type a dérobé quelque chose aux Eols et je crois qu’il serait mieux de leur rapporter.

    Dmitry fronça les sourcils et observa le jeune homme, les paupières plissées, comme s’il analysait son âme.

    — À qui tu veux rapporter ce truc, exactement ? lui demanda-t-il. Au Eol que nous avions capturé ? Tu as vu comme moi que ce Eol ne semblait pas très copain avec ceux qui sont venus nous attaquer.

    — Je sais, confirma Adam en hochant la tête.

    — Comment tu comptes retrouver cet Eol, d’ailleurs ? continua Dmitry. Il pourrait être n’importe où, à ce que je sache. Il est peut-être même mort de ses blessures… il était assez mal en point.

    En effet, Adam se souvenait très bien que son ami avait tiré le Eol dans le dos, sur les anciennes routes, alors que ce dernier venait d’être violemment torturé par ses pairs. Cependant, afin d’éviter tout conflit, le jeune homme préféra s’abstenir de le lui rappeler.

    — Peut-être qu’il se trouve dans cette pièce de maintenance, sous l’autoroute ? proposa Adam.

    — Tu penses vraiment qu’il s’y trouve encore ? lui répondit Dmitry, perplexe. Ça fait quand même deux semaines, Adam. Et à quoi bon, sérieusement ? Je ne sais pas pour toi, mais je n’ai aucune envie d’être auprès de ces extraterrestres.

    Adam fronça les sourcils.

    — Tu parles comme si tu avais décidé de m’accompagner, lui fit-il remarquer.

    — C’est assez évident, soupira Dmitry. Je n’ai pas vraiment envie de rester assis ici. Cet endroit…, dit-il en marquant une pause pour jeter un œil mauvais vers l’Antre, cet endroit est mauvais pour nous.

    Ils entendirent alors des pas crisser sur le gravier. Coupant leur conversation de façon peu subtile, les deux jeunes hommes se retournèrent et virent Hubert Filangieri arriver de l’Antre, les saluant au passage avant de les dépasser. Adam et Dmitry fixèrent la nuque du vieil homme pendant de longues secondes avant de reprendre leur conversation.

    — Alors… tu vas m’accompagner ? lui redemanda Adam, sceptique tout en cherchant à confirmer la chose.

    — Ouais, confirma Dmitry. Je ne tiens pas du tout à rester dans cet endroit.

    Pendant quelques secondes, Adam fixa son ami, qui avait détourné le regard pour scruter les alentours, comme s’il redoutait que quelqu’un les observe.

    — On fait quoi ? lui demanda Dmitry de façon directe.

    — Il faut retrouver Eïsz et, si possible, le Eol que nous avons rencontré, résuma Adam.

    — Non, non, je sais ça, répliqua Dmitry en secouant la tête. Viens, ajouta-t-il en saisissant Adam par le bras et en l’entraînant à ses côtés. Je parle dans l’immédiat. Écoute, il faut se préparer. De la nourriture, un moyen de transport et surtout de quoi nous défendre. Tu as une idée où trouver tout ça ?

    En réalité, Adam n’y avait pas vraiment pensé, mais ces quelques détails ne l’avaient pas dissuadé pour autant de foutre le camp de l’Antre et de poursuivre Eïsz. Le seul problème encore présent, c’était Hannah et Abigail. Les laisser seules dans cette forteresse était synonyme de cauchemar et de désastre. Adam avait secrètement espéré que l’Antre serait un réel bastion dans lequel les deux jeunes femmes seraient à l’abri, chose qui aurait enlevé un lourd poids de sa conscience. Seulement, la réalité était tout autre ; les jeunes femmes préféraient dormir à la belle étoile et passer le plus clair de leur temps à l’extérieur plutôt que d’entrer dans cet endroit bizarre.

    Alors que pouvait-il réellement faire ? Les amener avec lui ? C’était impossible. Comment pourrait-il les convaincre ? Surtout Hannah qui, après tout, n’était que son amie. S’il avait ressenti une flamme de motivation s’allumer en lui un peu plus tôt et que la liste de choses nécessaires à ramasser ne l’avait pas vraiment dissuadé, il devait admettre que le sort de sa sœur et de Hannah l’enchaînait à l’Antre beaucoup plus qu’il ne l’avait imaginé.

    — Les filles te tracassent, pas vrai ? lui dit alors Dmitry, qui l’observait en silence depuis un moment.

    Adam croisa à nouveau le regard de son ami ; apparemment, ses pensées étaient plus translucides qu’il ne le croyait. Soupirant, le jeune homme hocha la tête. Les choses s’avéraient un peu plus complexes qu’il ne l’aurait cru.

    — Je comprends, lui répondit Dmitry. J’avais un peu prévu que tu serais retenu par elles, parce qu’en fait, j’ai pensé partir il y a quelques jours, mais en réalité… je ne me vois pas vraiment voyager seul. C’est… c’est dangereux et très peu conseillé.

    Voyant bien que son ami voulait en venir à quelque chose, Adam resta silencieux et leva un sourcil, pour l’inciter à continuer.

    — Tu connais cet endroit, le Bastion ? demanda Dmitry, l’air visiblement incertain.

    — Bastion ? répéta Adam en fronçant les sourcils, fouillant sa mémoire afin de dénicher un quelconque savoir au sujet de cet endroit. Je ne suis pas certain, vieux.

    Il avait déjà entendu ce nom et savait qu’il s’agissait d’un poste d’échange, ou quelque chose du genre, mais après avoir vu l’Antre, Adam n’osait plus vraiment se bercer d’illusions. Dmitry lui fit signe de le suivre et ils s’écartè-rent du chemin qui menait vers l’Antre pour s’enfoncer d’une dizaine de mètres dans la forêt. Ils s’arrêtèrent près du tronc d’un grand sapin, à l’abri de tous regards, afin de continuer leur conversation.

    — Le Bastion est une cité humaine qui se trouve à deux ou trois semaines de marche, lui dit Dmitry. On dit que c’est une sorte de forteresse…

    — Encore une maudite forteresse !? l’interrompit Adam sèchement, à mi-voix.

    — Laisse-moi parler ! grogna Dmitry, qui éventa sa frustration d’une expiration audible. Le Bastion, c’est une sorte de forteresse construite dans l’ancienne cité fortifiée de Québec. C’est sur le bord de l’eau. Et cet endroit, paraît-il, est un véritable refuge pour les humains venant d’un peu partout. Il faut y avoir un passeport, mais il paraît que ce n’est pas très difficile à obtenir.

    — Un passeport ? répéta Adam, les sourcils froncés. Tu veux dire, une identification sur papier, comme les gens utilisaient autrefois ?

    — Ouais, reprit Dmitry, si on veut. Avant que tu me demandes où on peut trouver des passeports, eh bien, j’ai déjà fait mes recherches. J’ai entendu dire, en discutant avec des vieux de la caste des érudits, qu’un type pourrait nous en fabriquer un chacun.

    — Et ce type, il se trouve où ? demanda Adam.

    — Dans une vieille maison près d’une grande chute dont j’ai oublié le nom. En tout cas, c’est vraiment près du Bastion. Un mec m’a donné cette carte, hier

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