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Les Ténèbres l'emportent toujours
Les Ténèbres l'emportent toujours
Les Ténèbres l'emportent toujours
Livre électronique280 pages3 heures

Les Ténèbres l'emportent toujours

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À propos de ce livre électronique

Un meurtre dans le château. Son fils qui disparaît mystérieusement. La mémoire des gens autour d’elle affectée. La Délégation des Trois en route vers le royaume… Rien ne va plus pour la reine et Sorcière Elphiza. Son monde se brise lorsqu’une terrible vérité bouleverse sa vie, lui faisant perdre tous ses moyens. En jumelant la plus puissante magie de toutes, l’amour, avec les Ténèbres, rien ni personne ne pourra l’arrêter alors qu’elle se lancera dans une vengeance aussi cruelle que magique. Et si les Ténèbres l’emportaient réellement toujours…?
LangueFrançais
Date de sortie13 juil. 2018
ISBN9782897864903
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    Aperçu du livre

    Les Ténèbres l'emportent toujours - M. A. Pronossard

    CHAPITRE 0

    Il était une fois

    Elphiza fut réveillée par son mal de tête. La douleur était si intense qu’instantanément, elle se frotta les tempes du bout des doigts. Elle se concentra de toutes ses forces, et une sensation de chaleur enveloppa son visage avant de s’envoler avec sa migraine.

    Habituellement, elle n’utilisait pas sa magie. Des années auparavant, lorsqu’elle avait accepté de venir vivre au château, elle avait juré de ne plus s’en servir. Son mari, Milor de Katbernatch, tenait à ce qu’elle respecte cette loi à la lettre, même après qu’il avait succédé au trône. Toutefois, lorsqu’elle était certaine que le roi ne pouvait pas le savoir, elle se permettait un sortilège ou deux.

    Elphiza se leva, s’habilla, fit sa toilette et quitta sa chambre à coucher. Les couloirs du château étaient déserts. Quoi de plus normal à cette heure-ci ? Milor devait se trouver dans son bureau à lire son courrier ; Harmonie était à l’école ; Rowan passait du bon temps avec la nounou, Swanson ; et les domestiques devaient être occupés quelques étages plus bas à nettoyer les salles.

    La reine Elphiza Drassonorp de Katbernatch descendit l’escalier et arriva à l’étage principal. Elle s’engouffra dans un court corridor très large, puis, tout au bout, ouvrit la grande porte de chêne et pénétra dans la salle de banquet.

    Ce n’était pas une énorme salle de réception ; juste assez grande pour recevoir une centaine de personnes. Une longue table couverte de petits mets (œufs, bacon, saucisses, jambon, etc.) en occupait le centre. Sur le mur du fond, sous la fenêtre, un feu dansait dans la cheminée de pierre, réchauffant la pièce.

    La reine prit place à la table et mangea un peu de tout (sauf les œufs, elle les détestait). Après un moment, un domestique entra dans la pièce.

    — Désolé, ma reine, j’ignorais que vous étiez réveillée !

    — Ce n’est rien, Cadwaller. Je suis capable de me servir.

    — Évidemment, ma reine, cependant, il s’agit d’un manquement de ma part.

    Elphiza roula des yeux. Cadwaller tenait tant à la tradition. Alors qu’elle… Enfin, le simple mot « tradition » lui donnait envie de vomir, mais pas pour des raisons que le peuple pouvait comprendre.

    La femme secoua la tête pour chasser ses pensées ; inutile de s’y replonger. Elle vida son assiette, se fit un café et le dégusta tout en digérant son copieux repas.

    — Le roi est-il dans son bureau ? demanda-t-elle à Cadwaller.

    — Comme chaque matin, Madame. Le messager est passé très tôt avec une pile de lettres. J’ai bien peur qu’il n’y soit enfermé pour encore une heure ou deux.

    — En effet. Le temps de répondre à tous ces gens…

    Elle termina sa boisson chaude, se leva et quitta la table. Cadwaller informa immédiatement les servantes pour qu’elles viennent débarrasser le tout.

    À peine fut-elle de retour dans l’escalier qu’Elphiza fut interceptée par la gouvernante du château. Grande et mince, madame Abbott faisait toujours un excellent travail. Elle attendit que la reine eût franchi le palier du troisième étage avant de sortir de l’ombre, ajustant ses lunettes rectangulaires qui avaient tendance à descendre le long de son nez.

    — Ma reine ?

    Elphiza sursauta. Quand elle reconnut son interlocutrice, elle posa une main sur son cœur et prit une grande respiration.

    — Grand ciel ! Abbott, ne me fais plus peur ainsi !

    — Désolée, Madame la reine, mais Monsieur le roi m’a envoyée vous chercher.

    — Vraiment ? Quelque chose ne va pas ?

    — Je l’ignore, Madame, il ne m’a rien dit.

    Elphiza réfléchit un moment. Si Milor était en train de lire son courrier et qu’il avait besoin d’elle, il avait sans doute reçu une mauvaise nouvelle. Mais pourquoi vouloir en discuter avec elle ? Elle ne serait d’aucune aide, car elle n’y connaissait rien en politique et en alliances entre royaumes. Un conseiller n’avait-il pas été engagé pour l’aider avec ces questions ?

    — J’ai bien peur de n’avoir d’autres choix que d’aller le rejoindre. Abbott, si tu le veux bien, j’aimerais que tu ailles prévenir madame Swanson que je viendrai voir Rowan plus tard.

    Chaque matin, Elphiza rejoignait la nounou et son fils pour s’amuser un peu avec ce dernier avant d’aller s’occuper de sa propre besogne. Ce moment la détendait et lui permettait de commencer la journée du bon pied. Elle n’avait pas pu agir ainsi avec Harmonie, puisque cette dernière était sa belle-fille ; elle était le fruit de l’union de Milor et de son ancienne femme, Permina.

    — Avez-vous bien dit « Swanson » ? vérifia Abbott alors que la reine montait déjà les marches de l’escalier quatre à quatre.

    — Ne joue pas à ce petit jeu, Abbott. Je ne te connais que trop bien !

    En effet, Elphiza connaissait très bien Abbott, même mieux que Milor. Avant d’être reine, elle avait été sous les ordres de cette dame en tant que simple domestique. Souvent, la gouvernante adorait faire répéter aux servants ce qu’ils avaient dit, car elle tombait parfois dans la lune, ou alors elle feignait la distraction…

    Atteignant enfin le cinquième et dernier étage du château, la reine prit le temps de reprendre son souffle avant de s’engouffrer un peu plus dans le dédale de corridors qu’était sa demeure. Elle tourna à gauche, droite, droite, gauche… À force de vivre ici, elle ne remarquait plus les tapisseries ancestrales, les peintures de haute valeur ou les sculptures dans les tournants. Elle arriva à destination, une porte de bois très simple au bout du couloir, et cogna trois petits coups.

    — Entrez, lui intima une voix.

    Elle obéit.

    La pièce était simpliste pour un bureau royal. Un tapis rouge sur le sol, des bibliothèques remplies de livres, une armoire fermée à clé et un miroir qui renvoyait le reflet d’Elphiza (grande, mince, menton pointu, cheveux longs et roux, et de magnifiques grands yeux verts). Le bureau se terminait par une grande fenêtre, derrière la chaise du roi, qui offrait une vue splendide sur la cour et le royaume.

    Milor, toujours aussi beau avec ses cheveux mi-longs, son visage mince, ses yeux bruns, sa dentition parfaite et son corps musclé, se trouvait assis derrière son bureau, caché derrière une pile de lettres. Une deuxième chaise se trouvait face à lui.

    — Tu désirais me voir ?

    — Oui, Elph. Assieds-toi.

    Une fois de plus, la reine obtempéra à l’ordre du roi.

    — Quelque chose ne va pas ? Un royaume a-t-il envoyé une missive douteuse ou…

    Milor leva une main pour interrompre sa femme. Il savait qu’elle s’imaginait facilement des choses, et surtout le pire. Mieux valait ne pas faire durer le suspense.

    — Il y a deux choses que j’aimerais que nous abordions, Elph. La première est ceci.

    Il lui tendit une lettre. La reine la prit pour la lire.

    Au roi Milor de Katbernatch,

    De plus, si l’Assemblée se fie à la rumeur,

    Selon la règle 17 de la Charte du Bien et du Juste créée par les Premières sorcières, votre poste de roi peut être revendiqué par le peuple si vous mettez celui-ci en danger.

    La Délégation des Trois sera donc envoyée à votre royaume

    À la suite de l’enquête menée par la Délégation, nous déterminerons si vous êtes en mesure de conserver votre poste.

    Cordialement,

    L’Assemblée des sorcières

    Elphiza redonna la lettre au roi, les sourcils froncés.

    — Je ne comprends pas pourquoi elles viennent ici, déclara-t-elle. La lettre ne mentionne aucunement…

    Ce qui était très étrange à propos de cette missive était les espaces blancs, comme si une partie du texte avait été effacée.

    — Ta tante Marta ne fait-elle pas partie de cette Délégation des Trois ?

    — Oui.

    — Peux-tu lui demander la raison de leur visite en lui retournant une lettre ?

    — Je peux essayer.

    — Merveilleux ! s’enthousiasma Milor.

    Aussitôt, il ouvrit un tiroir du bureau, sortit une plume et un encrier, et les donna à sa femme. Elphiza retourna la lettre et se mit à écrire à toute vitesse :

    Marta,

    Nous avons bien reçu votre message, mais nous ne comprenons pas de quoi il retourne. Si vous pouviez nous donner un peu plus d’informations, nous vous en serions grandement reconnaissants.

    Affectueusement,

    Elphiza Drassonorp de Katbernatch

    Quand elle eut terminé d’écrire, Milor prit la missive, la lut avant de la plier et de la ranger dans la poche de son veston. Il allait sans doute la donner au messager après leur discussion.

    — C’est étrange, non ? souligna-t-il. Ne pas nous indiquer la raison de leur visite dans leur lettre ?

    — En effet.

    — Habituellement, pourquoi la Délégation se déplace-t-elle ?

    — Pour de graves problèmes. Si une sorcière utilise sa magie à mauvais escient, par exemple. Mais la Délégation a principalement été créée pour juger…

    Sa gorge devint sèche quand elle termina sa phrase.

    — Pour juger les sorciers.

    Rowan. Leur enfant ! Il était un sorcier ; elle et Milor le savaient pertinemment. Tous deux connaissaient la Tradition des sorcières : les sorciers devaient être tués dès la naissance, soit avant qu’ils ne tombent dans les mains des Ténèbres. Cependant, personne en dehors d’eux n’était au courant des pouvoirs de Rowan. Alors, comment…

    Milor hocha la tête, fixa son bureau un moment, puis tapa dans ses mains.

    — Ce qui nous amène au deuxième sujet : les funérailles…

    — Les funérailles ?

    Le roi n’aperçut pas l’interrogation sur le visage de sa femme. Il s’empara d’une autre feuille et l’examina attentivement. Elphiza, pour sa part, commençait à s’inquiéter. Qui était mort ?

    — Sacrée affaire, sacrée affaire, murmura le roi.

    — Milor, je ne comprends pas.

    Le mari leva les yeux vers sa femme et fronça les sourcils.

    — Vas-tu bien, Elph ?

    — Je… oui, pourquoi ?

    — Nous n’arrêtons pas de parler de cette mort depuis deux jours ! Il faut que tout soit prêt.

    — Mais… qui est mort ? Pourquoi devons-nous nous occuper du service funéraire ?

    — Parce qu’elle est morte ici, au château.

    — Qui ?

    La reine commençait sérieusement à s’impatienter.

    Les poings serrés, le cœur battant à tout rompre, elle sentait la magie en elle prête à jaillir, à exprimer sa stupéfaction, sa peur, son appréhension, sa colère. Finalement, Milor lui répondit :

    — Cassidy Swanson !

    Le cœur de la reine manqua un battement. Elle comprenait l’interrogation d’Abbott, maintenant.

    Swanson ? Morte ? Mais non ! Elle était en train de surveiller Rowan ! Mais… et si… La raison de la visite de la Délégation…

    — Comment est-elle morte ? finit par demander Elphiza.

    — Sa famille vivant de grandes difficultés financières, nous croyons qu’elle est venue ici pour demander de l’argent. Une domestique l’a retrouvée morte dans la bibliothèque du troisième étage. Nous ne savons pas ce qui s’est…

    — La bibliothèque du troisième ?

    Cette bibliothèque n’existait plus depuis près de 10 mois ; elle avait été aménagée comme garderie pour Rowan.

    Toute cette histoire devenait de plus en plus étrange. Elphiza se sentait perdue, comme dans un rêve. Elle ignorait ce qui se passait, mais elle devait le découvrir. Elle se leva d’un bond et se dirigea vers la porte.

    — Où vas-tu, Elph ? s’inquiéta le roi. Tu n’as vraiment pas l’air d’aller bien.

    — Je vais à merveille. Je dois simplement vérifier…

    Elle fit face à son mari, qui l’observait attentivement, comme s’il s’attendait à ce qu’elle fasse une quelconque crise.

    — Milor, qui surveille Rowan en ce moment ?

    Le roi devint blême. Il ouvrit grand les yeux, secoua la tête très lentement et demanda d’une voix dure :

    — Elph, cesse de jouer à ton jeu, ça m’effraie.

    — Je ne joue pas à un jeu.

    Elle n’attendit pas qu’il réponde à sa question et quitta le bureau en courant. Elle utilisa un escalier secret caché derrière un tableau représentant un homme assis sur un lion, et arriva directement au troisième étage. Là, elle se dépêcha d’entrer dans la garderie, qui se trouvait à trois portes d’elle…

    Aucun jouet ; que des bibliothèques remplies de vieux livres.

    Milor ne lui avait pas menti.

    Le cœur battant la chamade, elle quitta cette pièce maudite et reprit sa course dans le château.

    Que se passait-il ? La Délégation des Trois qui était en route vers le royaume, la mort de Swanson, la garderie de nouveau transformée en bibliothèque…

    Elle atteignit l’escalier principal, qu’elle descendit rapidement. Elle manqua de trébucher à quelques reprises, mais elle s’en moquait. Une fois en bas, elle tassa la tapisserie qui cachait l’entrée des domestiques, dévala les marches en colimaçon et se rendit en bas.

    Les serviteurs qui se trouvaient là cessèrent de bouger sur-le-champ et inclinèrent leur tête. La dernière fois qu’ils avaient vu Elphiza descendre cet escalier, elle était encore une domestique.

    — Sophie ! appela la reine. Où est Sophie ?

    — Ici, ma reine.

    Comprenant qu’ils étaient de trop, les autres travailleurs s’empressèrent de quitter la salle pour laisser la reine et Sophie seules. La jeune femme, petite et blonde, s’approcha d’Elphiza en la fixant de ses yeux bleus.

    — Puis-je vous être utile, Madame ?

    — Tu étais présente lors de mon accouchement, non ?

    La domestique réfléchit et la peur hanta sauvagement Elphiza.

    — Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, Madame la reine.

    — De Rowan ! Mon fils. Ça te dit quelque chose ?

    — Non, je suis navrée.

    La reine savait pertinemment que Sophie ne lui mentait pas. Elles avaient été de proches amies alors qu’elles travaillaient ensemble dans le château.

    Où était Rowan ?

    Car s’il y avait une chose qu’une mère ne pouvait pas oublier, c’était bien la naissance de son enfant. Mais si personne d’autre n’avait conscience de Rowan…

    Que diable se passait-il ?

    CHAPITRE 1

    La lettre

    Pas de chambre d’enfant. Pas de nounou. Pas un seul indice permettant de croire qu’Elphiza et Milor avaient eu un enfant ensemble. Néanmoins, la reine passa près d’une heure à passer au peigne fin les pièces en lien avec son fils (la supposée chambre de Rowan qui se trouvait à côté de la sienne, redevenue une chambre d’invité ; la salle de jeu, qui s’était transformée en salle de séjour ; et la fameuse bibliothèque).

    La panique montait de plus en plus en Elphiza. Elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu se passer. Personne ne savait que le prince était un sorcier, donc personne n’aurait pu le dénoncer à l’Assemblée des sorcières, qui s’assurait de faire respecter les lois ! Que la Délégation des Trois se dirige vers le royaume n’avait donc aucun sens. À moins que la mort de Swanson soit impliquée dans cette histoire…

    Sur ce point, la reine préférait fermer les yeux. Même si les preuves pouvaient lui laisser croire que Cassidy avait peut-être été assassinée par son fils, elle ne pouvait se résoudre à y croire. Comment un bambin de sept mois avait-il pu tuer sa nounou ?

    Sauf qu’elle avait été retrouvée dans la bibliothèque.

    Ou plutôt dans la garderie.

    Une chose claire s’imposait peu à peu dans l’esprit d’Elphiza : la magie était mêlée à toute cette histoire. Plus probablement la magie noire.

    Mais qui pouvait l’aider, la croire ? Immédiatement, elle songea à Milor. Mais l’expression qu’il avait arborée lorsqu’elle avait mentionné Rowan la ramena à la réalité. Il avait été effrayé. Il la croyait malade. Cependant, elle devait en discuter avec quelqu’un. Mieux valait en parler avec une personne qui la pensait malade que de tout garder pour elle.

    Ainsi, elle décida de retourner au bureau royal. Tant pis si Milor avait beaucoup de travail, elle devait à tout prix en avoir le cœur net. Elle devait comprendre ce qui se passait !

    Elle cogna à la porte de la salle. Aucune réponse. Elle répéta l’action au moins trois fois avant d’entendre quelqu’un l’appeler dans son dos. Elle fit volte-face et vit Milor qui se dirigeait vers elle.

    — Désolée, s’excusa la reine. Je croyais que tu étais encore dans ton bureau.

    — Non, je viens d’aller porter la lettre au messager pour que ta tante ait le temps de répondre avant l’arrivée de la Délégation.

    — Bonne idée.

    Le roi ouvrit la porte de son bureau et y fit entrer sa femme. Cette fois-ci, seul Milor s’assit. Elphiza faisait les cent pas dans la pièce, se tortillant les mains.

    — Tu ne vas pas bien, remarqua le roi.

    — Non, en effet. Milor… Que s’est-il passé ?

    Silence. Le roi l’observa un moment.

    — Puis-je savoir de quoi il est question ?

    — La garderie, la chambre de notre enfant, la…

    Devant l’air interloqué de son mari, Elphiza comprit qu’elle ne s’exprimait que trop mal. Elle soupira.

    — Rowan. Notre fils. Il a disparu.

    — Mais Elphiza… Nous n’avons pas de fils.

    Cette affirmation eut l’effet d’une gifle pour la reine.

    — Tu ne t’en souviens plus ?

    Milor paraissait plus confus que jamais. Il ferma les yeux, secoua la tête et soupira à son tour.

    — Elph, j’ignore ce que tu as, mais je te conseille d’aller voir le docteur Regan. Il aura sans doute quelque chose pour te calmer.

    — Je n’irai pas voir le médecin ! Milor, crois-moi, nous avons un fils, je ne peux pas l’avoir imaginé !

    — Je le saurais si nous avions…

    — La magie. Il y a de la magie là-dedans…

    — Peut-être que c’est toi qui es sous influence magique ?

    Serait-ce possible ? Elphiza rejeta immédiatement cette idée. Elle le saurait, non ?

    — Maintenant, calme-toi, Elph. Repose-toi. Tu as sans doute fait un mauvais rêve et tu y as cru. Ça peut arriver, quelquefois.

    — Non, ce n’est pas ça !

    Furieuse, la reine quitta la pièce.

    Que ferait-elle si Milor avait raison ? Si elle était ensorcelée ? Mais qui aurait fait une telle chose ? Pourquoi ? Existait-il un sort assez puissant pour faire croire à une mère qu’elle avait vécu une grossesse et accouché d’un enfant ?

    À cette pensée, Elphiza eut le vertige. Elle vacilla, posa une main sur le mur pour ne pas tomber. Que se passait-il ? La pensée de son accouchement l’avait mise dans tous ses états et…

    Son accouchement ! Elle se souvenait d’avoir donné naissance à un enfant, oui, mais pas de l’évènement en tant que tel. Aucune image ne lui vint à l’esprit, même si elle se concentrait.

    Mais pire, elle s’aperçut qu’elle ne se souvenait plus du visage de Rowan. Avait-il les yeux verts comme elle ? Ou bleus ? Ses cheveux…

    C’était comme si chaque petit détail s’éloignait d’elle chaque fois qu’elle essayait de se le rappeler.

    Elle s’assit par terre un instant, le dos contre le mur. Elle réfléchissait à ce qu’elle devait faire. Même si l’hypothèse de Milor flottait dans son esprit, une voix à l’intérieur d’elle lui assurait que Rowan n’était pas le fruit d’une hallucination magique.

    Elphiza devait en avoir le

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