Aimé Césaire, la part intime
Par Alfred Alexandre
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À propos de ce livre électronique
Point de vue de l’auteur
Alors que l’habitude est de lire la poésie de Césaire à partir de sa théorie de la culture et de sa pensée politique (très postérieures, à vrai dire, à son engagement poétique), le pari de l’essai est de dégager le texte poétique du vacarme idéologique qui l’entoure. Pour le lire tel que Césaire a toujours demandé qu’on le fasse : c’est-à-dire comme l’expérience d’une écriture de soi. Partant systématiquement du « nous » au lieu de partir du « je », nous nous acharnons à lire les poèmes de Césaire à l’envers. Contre l’évidence du texte et des commentaires de Césaire lui-même. De ce point de vue, l’essai se contente de remettre le texte à l’endroit, en suivant à la lettre la lecture que Césaire a toujours faite de sa propre poésie.
Alfred Alexandre
Alfred Alexandre est né en 1970 à Fort-de-France, en Martinique. Après des études de philosophie à Paris, il retourne sur sa terre natale où il vit et exerce pendant un certain temps la profession d’enseignant-formateur en français. Son premier roman Bord de canal (Dapper, 2004) a obtenu le Prix des Amériques insulaires et de la Guyane 2006 et son premier texte théâtral La nuit caribéenne a été choisi parmi les dix meilleurs textes francophones au concours général d’Écriture Théâtrale Contemporaine de la Caraïbe (2007). Il a publié chez Mémoire d’encrier l’essai Aimé Césaire, la part intime (2014), le roman Le bar des Amériques (2016) et le recueil La ballade de Leïla Khane (2019). Il est l’une des nouvelles voix de la littérature antillaise. En 2020, il a reçu le Prix Carbet de la Caraïbe pour l’ensemble de son œuvre
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Aperçu du livre
Aimé Césaire, la part intime - Alfred Alexandre
L’INTIME FOSSE – Césaire a beaucoup commenté sa pratique d’écriture poétique. Et son propos qui, en soixante ans, n’a jamais varié, constitue sans doute la plus simple, la plus émouvante et la plus convaincante des introductions à son œuvre. C’est donc Césaire qu’on se propose, ici, de suivre dans les clefs qu’il donne lui-même pour entrer dans sa poésie.
Et, à vrai dire, Césaire n’a cessé de considérer l’écriture et la relecture de ses propres poèmes comme une des modalités du dialogue avec soi-même : « je parcours l’intime fosse alimentant mes monstres », écrivait-il dans le poème « Me centuplant Persée » (Ferrements).
Et, trois ans avant sa mort, dans le dernier grand entretien qu’il a accordé à Françoise Vergès et qui sera publié sous le titre Nègre je suis, nègre je resterai, il redira ce rapport très intimiste qu’il entretenait avec l’écriture poétique.
C’est dans mes poèmes, les plus obscurs sans doute, confie-t-il, que je me découvre et me retrouve… C’est dans ma poésie que se trouvent mes réponses. La poésie m’intéresse, et je me relis, j’y tiens. […] Ce qui est au plus profond de moi-même se trouve certainement dans ma poésie. Parce que ce « moi-même », je ne le connais pas. C’est le poème qui me le révèle et même l’image poétique.
Nous sommes en 2005. Mais Césaire ne dit pas autre chose dans l’entretien qu’il accorde à Jacqueline Leiner et qui, en 1978, sert de préface à la réédition de Tropiques, la revue qu’il a fondée et animée de 1941 à 1945 avec son épouse Suzanne Césaire et le philosophe René Ménil.
Je pense que la vraie poésie monte des profondeurs. Quand on reste à la surface de soi-même, ça n’est pas de la vraie poésie. […] D’abord sans le mot, il n’y a pas de poésie. Je ne sais même pas si, sans le mot, il y a un moi. Vous m’avez demandé comment je conçois le moi. Eh bien, si je prends mon Moi– mon moi est vague, il est flou, il est incertain. […] Le moi, c’est une sorte de torpeur[…] C’est le mot qui lui permet de « prendre » […] C’est lui qui me permet d’appréhender mon Moi ; je ne m’appréhende qu’à travers un mot, qu’à travers le mot. […]
D’un entretien à l’autre, Césaire réaffirme, avec la même force, un rapport au langage qu’il a longuement analysé au nº 12 de la revue Tropiques, dans un article essentiel qu’il a, de manière très explicite, intitulé Poésie et connaissance.
Dans ce texte, qu’il donne à lire presque six ans après la première publication du Cahier d’un retour au pays natal dans la revue Volontés, Césaire soutient que l’image poétique, par sa force de dévoilement inédite, est de loin supérieure au concept par nature toujours trop simplificateur, toujours trop assujetti aux lois élémentaires de la logique formelle.
On aura beau, note-t-il, en commentaire à la Critique de la raison pure de Kant, s’évertuer à ramener le jugement analytique au jugement synthétique, […] il n’en reste pas moins vrai que dans tout jugement valide, le champ de la transcendance est limité. [Car] Les garde-fous sont là ; loi d’identité, loi de contradiction, principe du tiers exclu. [Par conséquent] C’est par l’image, l’image révolutionnaire, l’image distante, l’image qui bouleverse toutes les lois de la pensée, que l’homme brise enfin la barrière.
ÉBOULIS – Cette pensée de l’ineffable, de « l’informe », nous dit Césaire, cette pensée du dessous (ces « dieux d’en bas »), son mode privilégié d’expression, c’est la parole poétique. Car elle seule permet de « racler » l’invisible.
Elle seule, « à grands coups » ou « à petits pas », s’enfonce et creuse dans le sol, rampe comme le serpent, sonde comme le sourcier et frappe la terre pour qu’en monte, résonnant et proférée dans toute sa « clairvoyance », l’eau neuve de « la parole » enfin « dénouée », enfin libérée des « verrous »
