Si tu rencontres le Bouddha en chemin, "tue-le".
La phrase "si tu rencontres le Bouddha en chemin, tue-le" est souvent utilisée dans l'enseignement du Chan.
Tout d'abord, il s'agit d'une expression assez surprenante, car il n'est généralement pas conseillé aux bouddhistes de "tuer", ni les animaux, ni les hommes, la pratique spirituelle de l'enseignement n'autorise pas le meurtre.
Le paradoxe doit être compris dans le sens que nous ne verrons le Bouddha qu'au moment où nous connaîtrons "l'illumination" et que nous devrons alors le tuer. Et nous ne devons (aussi paradoxal que cela puisse paraître) tuer rien ni personne, car ce n'est qu'au moment où nous voyons le Bouddha que nous devons le "tuer", et comme nous avons déjà fait l'expérience de cette "illumination" (sinon nous ne le verrions pas), cela signifie qu'en tant qu'êtres illuminés, nous ne "courrons" plus après le Bouddha, qu'il a donc perdu toute importance pour nous et que nous le "tuons" en principe parce qu'il a brusquement perdu toute importance pour nous.
Car le Bouddha n'est dans ce cas qu'un symbole, sa philosophie nous dit que nous devons chercher "l'illumination", pas l'adorer comme un chef religieux. Pas lui, pas ses statues, pas les livres "sacrés", le bouddhisme n'est pas une religion, mais une vision du monde dont le message de base est que nous devons nous aider nous-mêmes, voire nous aider. Bouddha n'est que la main à l'index tendu qui indique "l'illumination". Une fois que nous avons fait l'expérience de cette "illumination", nous n'avons plus besoin de l'indicateur. Cela signifie que, dès le début, Bouddha a symbolisé pour nous notre conscience focalisée, ni plus ni moins. Sur notre chemin (et le chemin est le but), il n'y a pas d'"illumination" garantie, ce n'est pas parce que nous ne faisons que de "bonnes" actions que le succès nous est assuré, non, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Ce n'est pas parce que nous faisons ceci ou cela que nous devenons des êtres "illuminés", ce n'est pas en faisant des efforts, ce n'est pas en abandonnant tout, non, "l'illumination" vient quand c'est notre karma de la vivre, peut-être aujourd'hui, peut-être dans la prochaine vie, peut-être jamais. Si cette expérience était si simple, s'il existait un mode d'emploi, Bouddha l'aurait certainement annoncé à ses disciples.
"Si tu rencontres le Bouddha sur ton chemin, tue-le", cela doit nous focaliser sur le fait que même le maître des maîtres ne fera que montrer le chemin avec son index tendu, c'est à nous de le suivre. Contrairement aux grandes religions monothéistes, il n'y a ici aucun dieu, aucun guide, nous devons nous-mêmes participer activement à l'affaire, nous ne pouvons pas déléguer la responsabilité, nous ne pouvons pas courir comme des moutons après le berger.
C'est exactement ce que Bouddha voulait dire lorsqu'il a dit que nous devions tout remettre en question, que nous devions réfléchir à vraiment tout par nous-mêmes, que nous ne devions pas simplement considérer les choses comme vraies parce que d'autres personnes nous le disent. Et lorsque nous avons fait l'expérience de "l'illumination", même le grand maître peut être remis en question, voire même devenir inutile à un moment donné.
Si les adeptes du bouddhisme commencent à ne chercher que des statues, à se limiter à accumuler des objets religieux en remplacement d'une véritable philosophie, tout comme les adeptes de cultes se contentent de collectionner certains rituels, livres ou fétiches, sans chercher à atteindre "l'illumination", alors ils sont sur la mauvaise voie.
Car le chemin est le but !
L'avenir n'est pas encore arrivé
- Bouddha - nom d'honneur de Siddharta Gautama - 560 à 480 avant l'an zéro



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