Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Le Pacte des Origines: L'écho des âmes – Tome 2
Le Pacte des Origines: L'écho des âmes – Tome 2
Le Pacte des Origines: L'écho des âmes – Tome 2
Livre électronique606 pages7 heures

Le Pacte des Origines: L'écho des âmes – Tome 2

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Dans un monde peuplé de créatures surnaturelles, la communauté des loups-garous fait face à une menace grandissante. Malgré les efforts acharnés d’Izarra et de Cyna, le Projet mené par le Grand Conseil des loups s’étend comme une ombre sur l’ensemble de l’Europe. Seules quelques meutes, comme celle des Enfants de l’Ombre, dont Cyna est le nouvel alpha, résistent encore.
Au cœur de ce tumulte, Izarra et Cyna doivent naviguer à travers un tourbillon d’émotions contradictoires, entre le doute qui les ronge et l’espoir de jours meilleurs. Leur lien, unique et puissant, se renforce alors qu’ils découvrent des vérités bouleversantes sur leurs origines respectives. Ces révélations viennent ébranler leurs certitudes sur leur passé et façonner leur vision de l’avenir.
Entre paysages enchanteurs et lieux insolites, ils devront aussi faire face à des moments de désespoir profond et de solitude qui les mettront à l’épreuve.
Izarra en particulier, est confrontée à un défi intérieur : elle doit apprivoiser son côté sombre, le transformant d’une potentielle menace en un atout pour leurs combats à venir. Toutefois, tout ne se déroule pas comme prévu. Les épreuves qu’ils traversent leur enseignent que la véritable force réside dans l’union.
Alors qu’ils se battent pour préserver leur héritage et la paix, Izarra et Cyna doivent trouver leur voie entre ombre et lumière ainsi qu’entre espoir et désespoir. Les épreuves qui les attendent vont tester leur courage et leur résilience, les poussant à plonger au plus profond d’eux-mêmes pour trouver la force nécessaire afin de surmonter les obstacles.
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions du Net
Date de sortie15 juin 2025
ISBN9782312014852
Le Pacte des Origines: L'écho des âmes – Tome 2

Auteurs associés

Lié à Le Pacte des Origines

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Le Pacte des Origines

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Pacte des Origines - Fanny Peeters

    cover.jpg

    Le Pacte des Origines L’écho des âmes Tome 2

    Fanny Peeters

    Le Pacte des Origines

    L’écho des âmes Tome 2

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Ce livre est une œuvre de fiction. Toute référence à des événements historiques, à des personnes réelles ou à des lieux réels est utilisée de façon fictive, tirée tout droit de l’imagination de l’auteur.

    Certains lieux existent, mais ont été romancés pour coller à l’histoire.

    Dans le tome 1, par exemple, vous avez pu découvrir le village d’Arambeaux (dont le nom signifie « Vallée Noire »), qui existe bel et bien. En fait, il s’agit d’un hameau culminant à 498 mètres et dépendant du village de Chéraute en Nouvelle-Aquitaine, mais aucune forteresse ne s’y trouve.

    Pour ce qui est du village d’Itzalaren (Itza signifiant ombre en basque), lui, n’existe pas. Il a été entièrement imaginé par l’auteur afin d’abriter la meute des Enfants de l’Ombre.

    © Les Éditions du Net, 2025

    ISBN : 978-2-312-01485-2

    Chapitre 1 – Cyna

    Une brise légère provenant de l’extérieur apporte avec elle l’odeur douce et apaisante de la terre humide. Je me lève, m’approche de la fenêtre ouverte et scrute le panorama majestueux qui s’étend devant moi, sans vraiment le voir.

    Dehors, le monde semble se renouveler ; les premiers signes du printemps s’épanouissent lentement, comme si la nature se réveillait avec précaution. Elle se transforme, comme un tableau vivant, changeant de textures et de couleurs au gré des saisons. Une douce mélodie printanière remplace peu à peu le silence étouffant de l’hiver et les bourgeons commencent à éclore timidement, d’un vert tendre, sur les branches des arbres, promettant une explosion de couleur à venir. Des fleurs audacieuses percent le sol encore frais, tapissant les jardins de touches de couleurs pastel, tandis que les oiseaux, eux, s’animent dans les branches, leurs chants mélodieux résonnant dans l’air pur.

    Si je n’étais pas rongé par une inquiétude constante, je pourrais apprécier toute la beauté qui se dresse devant moi, mais chaque instant de sérénité est ponctué par l’angoisse d’un avenir incertain, m’empêchant de savourer pleinement le moment présent.

    Je me détourne de ce paysage apaisant pour retourner au chevet de celle que je chéris, son visage paisible figé entre rêve et réalité, plongée dans un coma magique depuis des semaines. Chaque pas que je fais vers elle est chargé d’espoir et de désespoir, une lutte quotidienne entre la foi en son éveil et la peur de la voir à jamais emprisonnée dans ce sommeil magique. La chambre, bien que silencieuse, semble être le théâtre de mes plus grands tourments, mais dès que je prends sa main, je sens notre lien indéfectible qui me pousse à croire que l’amour peut tout surpasser, même les maléfices les plus puissants.

    Les rayons de la lumière qui filtrent à travers la fenêtre illuminent ses traits délicats et accentuent la couleur flamboyante de sa chevelure, révélant une beauté intemporelle qui contraste avec l’obscurité de son coma. À chaque fois que je pose mes yeux sur elle, mon cœur se serre un peu plus à la vue de son corps immobile et émacié. Les perfusions qui l’alimentent en permanence ne semblent pas réussir à enrayer complètement sa perte de poids, accentuant son aspect fragile et me plongeant dans une inquiétude sourde, comme si chaque jour qui passe éloigne un peu plus l’espoir de la retrouver telle qu’elle était.

    Les heures, les jours, les semaines, s’étirent comme des ombres inaltérables, rendant chaque instant encore plus insupportable, creusant l’abîme de mon désespoir, alors que je compte les battements d’un cœur qui continue de se battre pour elle, en espérant qu’un miracle viendra restaurer la vie et la lumière dans ses yeux.

    Les nuits sont les plus cruelles, lorsque le silence envahit la chambre. Le désespoir me ronge comme un poison, solidifiant ma solitude et transformant chaque minute en une éternité, où les ombres de mes pensées tourbillonnent et me rappellent sans cesse l’absence de son sourire, de sa voix douce et de la chaleur de sa présence.

    Tous les jours, sans exception, je me tiens à son chevet, les mains engourdies reposant doucement sur les siennes, comme si un simple contact pouvait l’encourager à me revenir. À travers ses doigts, je ressens l’absence de chaleur, sa peau fraîche me ramenant douloureusement à la dure réalité. Je lui murmure des mots d’amour, des promesses d’un avenir ensemble, mais ces mots se perdent dans le vide, comme des secrets chuchotés à une étoile distante.

    L’impuissance m’étrangle quand je me souviens des rires, de sa passion, de son empathie, de son optimisme inébranlable ainsi que des moments de complicité que nous avons partagés. Je me sens pris au piège dans un labyrinthe sans sortie face à son inexorable lutte. Les souvenirs que nous avons partagés flottent autour de moi, comme des spectres d’un bonheur perdu, et je m’accroche à ces images, espérant qu’elles parviendront à briser le sort qui la retient.

    J’ai exploré toutes les solutions pour la sortir de son état végétatif ; j’ai consulté des guérisseurs, des sages, des sorciers, mais aucune incantation, aucun sort, ni aucune potion ne semble suffire à briser le maléfice qui l’accable. Chaque avancée m’a seulement laissé plus désemparé, faisant naître en moi une frustration profonde. Les grimoires aux pages jaunies et les murmures des chamans me parlent de possibilités inespérées, mais la réalité est implacable, et je me sens piégé entre espoir et déception. Pourtant, je refuse d’abandonner ; quelque part au fond de moi, une étincelle d’espoir persiste, me poussant à chercher encore et à croire qu’un jour, je pourrais la ramener à la vie.

    À court de solution, Dominique, mon oncle et ancien alpha des alphas de France, est parti à la recherche d’informations sur le lien étrange qui nous unit Izarra et moi, avec l’espoir que je puisse l’aider à travers lui. Cela fait déjà un moment que Dominique est au courant qu’une connexion unique et spéciale nous unit tous les deux, mais, tant qu’il n’en sait pas plus, il ne désire pas nous donner plus d’explications. Il est donc parti depuis deux semaines et, depuis, je n’ai aucune nouvelle. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé…

    Je scrute son visage tourmenté, cherchant des signes de réveil. Les légers mouvements de ses lèvres, un frémissement de cil, tout ce qui pourrait me faire espérer que la barrière du sommeil commence à se fissurer, mais les heures passent, inlassables et je me heurte toujours à la cruauté du temps qui ne semble avoir aucune pitié.

    Quelques semaines auparavant, elle a ouvert brièvement les yeux pour les refermer quelques secondes plus tard. Durant ce laps de temps, ce que j’ai vu dans son regard m’a glacé le sang. Ses yeux, entièrement noirs, froids et distants, laissaient présager le pire. À ce moment-là, j’étais certain que la magie des Ténèbres l’avait emporté sur sa magie Blanche et qu’elle était perdue. Mais lorsqu’elle a sombré à nouveau dans un sommeil serein, l’espoir que sa lutte ne soit pas terminée m’a étreint.

    D’après Quentin, le sorcier, sauvé d’Arambeaux par Izarra et Dimitri, le vampire multicentenaire, le fait qu’elle soit toujours inconsciente est bon signe. Cela prouve qu’elle lutte encore pour rester elle-même.

    Alors, je reste là, témoin impuissant d’un sommeil qui semble ne jamais finir.

    ***

    Lorsque je suis auprès d’Izarra, le temps paraît suspendu, tandis qu’à l’extérieur, la vie s’écoule à un rythme effréné. Les rires des enfants et le brouhaha du monde semblent appartenir à une réalité lointaine, me rappelant sans cesse ce que je suis en train de perdre. À la suite de la destruction du laboratoire d’expérimentation, ainsi qu’à la mort de Léopold, chef de file du Grand Conseil de la communauté des loups, et à la fuite de leurs sorciers, nous pensions que le Projet du Grand Conseil prendrait fin. En fait, à notre grand désarroi, cela n’a fait que légèrement ralentir leurs plans. Et encore, cela reste à voir…

    Dimitri est revenu il y a quelques semaines à Itzalaren, le village où je suis né et celui dont je suis désormais l’alpha, avec des nouvelles alarmantes. Depuis qu’il nous a aidé à nous échapper d’Arambeaux, Izarra et moi, où nous étions retenus entre les griffes des membres du Grand Conseil, il est retourné auprès des siens pour suivre l’évolution de leur enquête. En effet, les vampires, du fait de leur discrétion indéniable, sont des espions hors pair et ils surveillent les meutes depuis qu’ils ont eu vent des activités contre nature exercées par le Grand Conseil des loups. Dimitri, lui, était infiltré à Arambeaux, ce qui lui a permis de se retrouver au cœur de la conspiration. C’est comme cela qu’il a fait la connaissance d’Izarra et de Milo, le familier de ma petite sorcière, et qu’il a décidé de nous aider à nous échapper. Je ne suis pas naïf au point de penser qu’il nous a délivré par bonté d’âme ; je ne doute pas du fait qu’au départ, ses intentions étaient uniquement de mettre des bâtons dans les roues du Grand Conseil en le privant d’une sorcière puissante et d’un alpha robuste mais, contre toute attente, il est évident qu’il s’est pris d’affection pour ma petite sorcière. C’est donc tout naturellement que nous avons formé une alliance, unis dans un but commun : le sabotage du Projet.

    Mais, malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu, et Izarra a été obligée de se servir, sans le vouloir, d’une sombre magie ancestrale, la magie des Ténèbres, dont l’utilisation l’a plongée dans un profond coma qui dure depuis des semaines maintenant. Toujours est-il que le vampire est revenu auprès de nous pour nous annoncer que la situation empirait. Les meutes se font décimer les unes après les autres et leurs alphas continuent d’être capturés. Mais, cela ne s’arrête pas là. D’après lui, la situation est la même dans toute l’Europe. Quand il nous a annoncé cette nouvelle, nous avons été sciés. C’est une véritable catastrophe !

    Si le Projet ne concerne pas uniquement la France, cela signifie qu’il est de bien plus grande envergure que ce que nous imaginions. Toujours d’après Dimitri, un loup puissant en est à l’origine, mais ses espions n’ont pas encore réussi à découvrir de qui il s’agit. Il a demandé son avis à Dominique qui, étant donné son ancienne situation, a été amené à rencontrer les alphas des alphas des différents pays d’Europe, mais il n’a aucune idée de qui il pourrait s’agir. Celui qui est à l’origine de tout cela doit être particulièrement intelligent et discret pour qu’aucune information n’ait filtré à son sujet, ce qui en fait un leader d’autant plus redoutable. Après être resté quelques temps au chevet d’Izarra, Dimitri est retourné auprès des siens pour continuer à enquêter et depuis, je n’ai aucune nouvelle de lui non plus… Entre son silence et celui de Dominique, j’avoue que je m’arrache les cheveux. Je me sens tellement impuissant ! Je ne peux rien faire ni pour aider Izarra, ni pour aider la communauté. C’est si frustrant…

    En effet, pour l’instant, il est hors de question pour moi et les miens de quitter le village sous peine de se faire capturer par des sbires du Grand Conseil qui montent la garde en permanence autour du village, probablement dans le but de nous mettre la pression. Les barrières magiques qui entourent Itzalaren, posées par Izarra avant son emprisonnement et renforcées chaque jour par Quentin, nous protègent de toutes tentatives d’intrusions ou d’attaques, pour le moment. Nos ennemis ne peuvent donc rien contre nous, tant que nous restons dans l’enceinte du village.

    La rumeur comme quoi nous sommes protégés et donc à l’abri de la tyrannie du Grand Conseil pour le moment, a circulé dans la communauté des loups, ce qui fait que chaque jour, des étrangers débarquent pour nous demander asile et protection ; enfin ceux qui réussissent à parvenir jusqu’au village sans se faire intercepter par les loups qui nous encerclent. Je préfère ne pas penser à ceux qui se sont fait prendre…

    Toujours est-il que, tant que la barrière les laisse passer, c’est qu’ils ne nous veulent aucun mal, donc nous ne refusons personne. Et puis, plus nous sommes nombreux et plus nous sommes forts, notre solidarité devenant une arme. Mais la conséquence de l’arrivée massive de réfugiés fait que le village est saturé de monde. Nous avons été obligés de monter des tentes de fortune et de faire appel à la générosité des membres de ma meute pour tous les accueillir. Ce qui m’inquiète, c’est que les vivres vont bientôt commencer à manquer et nous ne pouvons risquer de monter des expéditions pour aller chasser à cause de la présence permanente de nos ennemis aux portes du village. Nous avons bien tenté une expédition une fois, au début, et trois des nôtres ont disparu. Depuis, nous ne prenons plus aucun risque. Bien sûr, il va bien falloir qu’à un moment ou à un autre nous allions nous ravitailler, sinon des émeutes risquent d’éclater. Un loup qui a faim ou qui craint que sa famille n’ait pas de quoi se sustenter n’est plus rationnel et peut devenir ingérable. Encore un problème que je dois gérer ! Mais, pour le moment, je ne me sens pas la force d’établir un tel plan. Si Izarra était à mes côtés, cela changerait tout ; avec sa présence pleine de sagesse et de soutien, je me sens capable de remplir n’importe quel défi. Son regard encourageant et ses mots apaisants sont des sources de force inestimables, illuminant même les moments les plus sombres. Mais malheureusement, son état n’ayant pas évolué, la question ne se pose même pas.

    ***

    Le conseil que j’ai formé au sein du village me permet de consacrer du temps à Izarra. Avec Katia, sa marraine, nous nous relayons à son chevet et Quentin passe chaque jour pour suivre son évolution, bien que son impuissance à l’aider le ronge. Roger, l’un des nouveaux infirmiers de la meute que nous avons accueilli à la suite de la mort de son alpha, vient deux fois par jour pour vérifier les perfusions qui maintiennent son corps en état, et Milo reste collé à elle pour lui transmettre son énergie. Mais malgré tout cela, rien ne change…

    Ce jour-là, je suis épuisé. J’ai passé la journée en réunion pour essayer de mettre au point un plan, nous permettant de nous infiltrer parmi nos ennemis. D’habitude, c’est Dominique qui gère ça à ma place, mais étant parti, je n’ai d’autres choix que d’assumer mon rôle d’alpha. Je me frotte les yeux, accablé par la fatigue accumulée au fil de la journée. Chaque instant d’éveil semble peser sur mes paupières, mais je refuse de céder à l’épuisement. Évidemment, rien n’est sorti de la réunion, chaque participant faisant preuve d’hésitation et de doute face aux défis qui nous entourent. Les débats, au lieu de nous apporter des solutions concrètes, n’ont fait qu’accentuer nos incertitudes et un sentiment de désespoir flottait dans l’air comme une ombre persistante. Tant que l’on ne connaît pas le commanditaire du Projet, agir est encore trop risqué. Chaque mouvement pourrait attirer l’attention sur nous et compromettre nos chances de succès. Nous devons rester prudents, observer et recueillir des informations dans l’ombre, tout en bâtissant notre réseau de soutien. L’incertitude pèse lourdement, mais elle nourrit également notre détermination à déjouer les plans de ceux qui œuvrent dans l’obscurité. En attendant, nous préparons nos stratégies, affinons nos compétences et surtout nous renforçons nos défenses.

    Je suis sorti de mes réflexions par Milo qui me saute soudainement dessus, enfonçant ses griffes dans ma chair. Je pousse un cri et lâche brusquement la main d’Izarra de surprise. C’est à ce moment-là que je sens son champ électromagnétique augmenter, une pulsation intense qui semble émaner de chaque pore de son être. Je me fige, une vague d’excitation mêlée d’appréhension m’envahissant alors que je réalise ce qui se passe. Sa silhouette se met à vibrer, des éclats d’énergie scintillante l’enveloppant, et soudain, les traits de son visage commencent à se transformer, laissant place à une majestueuse louve noire, aux yeux de démon, qui me fait face et se met à gronder férocement. Une puissance sauvage se dégage d’elle, une grâce innée qui rappelle la force de ses ancêtres. Mes yeux s’écarquillent face à cette métamorphose et le temps semble s’arrêter. Je n’ose pas bouger de crainte d’accentuer la rage et l’agressivité qui émanent d’elle.

    Je secoue la tête pour me remettre les idées en place, chassant l’étourdissement causé par la transformation d’Izarra. La scène est presque surréaliste et j’essaie de rétablir ma concentration face à l’étonnement qui m’envahit. Une louve noire ? Mais non ! La louve d’Izarra est blanche comme neige normalement. C’est incompréhensible… Chaque battement de mon cœur résonne avec l’énergie qu’elle dégage, me rappelant l’urgence de la situation. Puis, d’un bond souple, la louve s’élance par la fenêtre et file à une vitesse surprenante à travers les maisons du village. Je reste pétrifié quelques secondes, mais je suis rapidement ramené à moi par la transformation de Milo en panthère qui s’élance à la poursuite de la louve. Je me transforme également et, sans réfléchir, lui emboîte le pas.

    ***

    La louve noire est rapide ; Milo et moi avons du mal à suivre le rythme. Elle finit par nous distancer, mais nous arrivons toujours à suivre son odeur. Une odeur de terre et d’orage, sombre, mais pourtant si attirante.

    Bien que je sois conscient qu’elle ne pourrait pas s’éloigner beaucoup plus loin à cause des palissades et des fossés que nous avons établis pour protéger le village, je suis au bord de la panique. Je crains la réaction qu’elle pourrait avoir si nous croisions quelqu’un à cette étape critique. La dernière chose que je désire, c’est qu’elle soit perçue comme une menace. Soudain, Milo s’immobilise, imposant dans la lumière dorée de cette fin d’après-midi. Je m’arrête à ses côtés et observe ce qu’il se passe. Le soleil décline lentement à l’horizon, projetant des rayons d’or sur les paisibles eaux de l’étang, transformé par la lumière du crépuscule en un miroir scintillant. La surface du plan d’eau, d’un bleu profond, est interrompue seulement par le léger clapotis d’une brise printanière, portant avec elle les senteurs délicates des fleurs naissantes aux abords de l’eau.

    Debout sur la berge, se trouve Izarra ; silhouette parfaitement humaine, ses cheveux flottant doucement au gré du vent tandis que son regard est perdu dans les reflets de l’étang. Elle semble être déconnectée du monde qui l’entoure, comme si elle cherchait à retrouver une mémoire oubliée, un souvenir enfoui que seul le murmure des eaux peut lui insuffler. Caché derrière les arbres, mon cœur bat la chamade ; un mélange intense de soulagement et de crainte m’étreignant. Je suis là, à quelques pas d’elle, mais la peur de la perdre à nouveau me paralyse. Le soulagement de l’avoir retrouvé après ces longues semaines d’incertitudes est éclipsé par l’angoisse de voir son essence pure souillée par les Ténèbres.

    En la voyant là, vivante, je ne peux m’empêcher de ressentir une vague d’espoir, bien que le changement de couleur de sa louve ne laisse rien présager de bon. La peur persiste donc en moi comme une ombre insidieuse. Et si elle ne me reconnaissait pas ? Et si elle ne se rappelait plus qui elle est ?

    Finalement, je fais un pas en avant, sortant du couvert des arbres, prêt à briser le silence, mon cœur débordant d’un mélange chaotique d’adrénaline, d’amour et d’espoir. Je dois savoir ! J’ai besoin de savoir !

    Lentement, elle se tourne vers moi. Sa maigreur me frappe, mais ce sont ses yeux qui m’obsèdent le plus. D’une teinte caramel familière, ils brillent encore de cette douceur que j’ai tant chérie. Son parfum, mélange enivrant de pluie fraîche et de lavande, flotte dans l’air, me connectant instantanément à des moments de sérénité partagée et de complicité. Cependant, tandis que je m’approche d’elle, une inquiétude se substitue rapidement au soulagement. Elle semble tellement fragile… Chaque trait de son visage, bien que toujours empreint de mystère, semble marqué par les épreuves qu’elle a traversées. Ce constat me tord le ventre sous la crainte que la magie des Ténèbres ait saisi son essence.

    Milo est immobile à mes côtés, plus silencieux qu’une ombre. Toujours sur mes gardes, je m’approche doucement de crainte de l’effrayer, la panthère collée à mon flanc droit. Je m’arrête à quelques pas d’elle, mais Milo, lui, continue son approche, jusqu’à ce qu’il soit à un pas d’Izarra. Il tend alors la tête vers la main qu’elle lui présente, la renifle, puis se frotte à elle. Izarra se penche et entoure le cou de la panthère de ses bras, enfouissant sa tête dans la fourrure moelleuse du félin avec bonheur.

    Face à cette scène, le temps semble s’être arrêté à nouveau. Lorsqu’elle relâche Milo et qu’elle lève les yeux vers moi, plongeant dans mon regard, une onde de chaleur parcourt mon corps, éclipsant tous mes doutes. Je me retransforme et m’approche d’elle, chaque pas semblant peser du poids de l’inquiétude qui s’est accumulée en moi. – Mon Izzy, je murmure.

    Je comble l’espace qui nous sépare et tends la main, hésitant un instant avant de l’effleurer.

    Dès que nos peaux se touchent, une décharge électrique traverse mon corps, me propulsant dans un océan d’émotions. Un silence chargé d’une intensité rare nous enveloppe, chaque seconde semblant s’étirer alors que je cherche à raviver notre lien profond.

    Dans cet instant suspendu, je perçois un mélange tumultueux de reconnaissance et de crainte dans ses prunelles. Elle tremble légèrement, mais cette petite réaction ne fait qu’intensifier mon besoin de la protéger. Chaque frisson qui parcourt son corps me rappelle à quel point elle est vulnérable, piégée entre deux mondes, deux réalités en conflit. Mon cœur se serre alors que j’imagine les épreuves qui l’attendent, les dangers qui pourraient surgir à tout moment si elle ne retrouve pas son équilibre.

    Je me rapproche encore, mon regard plongé dans le sien, cherchant à lui transmettre toute la force et le réconfort dont elle a besoin.

    – Je suis là, je souffle d’une voix douce, mais ferme. Tu n’es pas seule…

    Chaque battement de mon cœur résonne avec la promesse silencieuse de la soutenir, de la défendre contre les Ténèbres qui menacent de la consumer.

    Peu à peu, à travers notre connexion, je sens une énergie nouvelle émaner d’elle, une lueur d’espoir qui se mêle à la lumière de ma détermination.

    Les larmes qui brillent dans ses yeux sont le reflet d’une gratitude profonde, mais aussi d’une mélancolie palpable, témoignant des luttes qu’elle a endurées pendant son coma. Chaque larme semble porter le poids de souvenirs enfouis, d’un passé lumineux qu’elle craint d’avoir perdu à tout jamais. Je perçois combien elle désire retrouver cette part d’elle-même qui a été assombrie, condamnée à lutter contre une obscurité insidieuse.

    Je l’enlace alors tendrement, avec une douceur presque craintive, comme si je redoutais de briser ce moment fragile.

    Chapitre 2 – Izarra

    Le doux murmure des vagues caressant le rivage de l’étang résonne dans mon esprit alors que je fais face à l’homme que j’aime et à mon familier. Un tourbillon d’émotions contradictoires s’affronte dans mon esprit, chacune cherchant à dominer mon cœur. Après des jours, peut-être des mois, voire des années, de sombres affrontements dans les méandres de mon sommeil, mon éveil est à la fois un soulagement et une angoisse dévorante. Sans que je puisse contrôler quoi que ce soit, ma louve a pris le dessus et lorsque j’ai aperçu l’expression de stupeur mêlée d’horreur sur le visage de Cyna et surpris l’attitude hostile de mon chat, je me suis instinctivement braquée et la panique m’a poussée à chercher refuge dans la nature sauvage, loin du regard de ceux qui m’aiment.

    C’est donc sans réfléchir que j’ai sauté par la fenêtre, complètement perdue et déboussolée, cherchant à fuir la vision de ce visage tant aimé, mais qui semblait ne pas me reconnaître. Je ne me sentais pas prête à l’affronter…

    Mes pas m’ont conduite au bord de l’étang, ne pouvant aller plus loin à cause des barricades entourant le village. Une vague d’inquiétude m’avait envahi tandis que je fixais les planches de bois qui bloquaient l’accès à la forêt. Que s’est-il passé pendant mon absence ? Le silence pesant du village, autrefois animé, me donnait l’impression que quelque chose de terrible était sur le point de se produire.

    Je me suis toujours sentie apaisée dans cet endroit et j’éprouvais le besoin de retrouver un peu de sérénité et de m’éclaircir les idées, mais les barricades, imposantes et menaçantes, perturbaient cette quiétude. Loin d’être l’îlot de tranquillité que je connaissais, l’étang semblait entouré d’une aura de mystère et de danger. La douce mélodie de l’eau qui clapote contre les rives avait été remplacée par un silence oppressant, comme si la nature elle-même retenait son souffle.

    Je m’approchais alors à pas prudents au bord de l’eau et, ne flairant aucun danger, j’ai repris le contrôle sur ma louve, me retransformant et me forçant à respirer profondément l’air pur qui m’entourait. Chaque inspiration m’apportait un sentiment de calme et de sérénité, chassant peu à peu l’angoisse qui m’étreignait. L’odeur familière des lys aquatiques et du sol humide me rappelait des souvenirs réconfortants, et je sentais une connexion se tisser entre moi et cet endroit. Pourtant, malgré cette paix naissante, une tension sous-jacente persistait, car je savais que l’harmonie de mon monde avait été troublée.

    À peine ai-je commencé à me calmer que j’ai perçu leur présence derrière moi. Leur énergie me parvenait, empreinte de bienveillance chaleureuse, mais teintée d’une certaine hésitation. Une fois que je me suis sentie prête à les affronter, je me suis retournée lentement, un mélange de soulagement et d’inquiétude m’envahissant à la vue de leurs silhouettes familières. Leur regard, trahissant une anxiété que je ne pouvais ignorer, m’a frappé comme un coup de poignard. Mille pensées m’ont assaillies. Sont-ils au courant de ce que j’ai vécu ? Savent-ils que j’ai perdu le combat contre les Ténèbres ? Voient-ils encore en moi la jeune fille pleine d’espoir que j’ai été autrefois, ou ne voient-ils qu’une créature maudite possédée par des forces qu’elle ne contrôle pas ?

    L’incompréhension et la peur s’entremêlent, et l’incertitude de leur acceptation me brise le cœur. Cependant, lorsque Cyna s’est retransformé et s’est approché de moi avec douceur, une lueur d’espoir a émergé en moi.

    Maintenant, enveloppée dans ses bras doux et protecteurs, je ressens sa chaleur et sa présence apaisante, un rappel de la familiarité de l’amour que j’avais craint de perdre. Je me sens en sécurité pour la première fois de ce qu’il me semble être une éternité, un lien tangible qui chasse momentanément la noirceur que j’ai traversée.

    À cet instant, je suis partagée entre le bonheur et la crainte. Le bonheur de retrouver ceux que j’aime, d’être reconduite dans un cocon d’affection et la crainte omniprésente de ne pas être celle qu’ils souhaitent retrouver, de les décevoir et de causer leur perte. Chaque battement de mon cœur navigue entre l’euphorie d’un amour inconditionnel et la peur. J’espère que Cyna pourra voir en moi non pas un être détruit, mais un être complexe en quête de rédemption et d’acceptation.

    Car il ne faut pas se voiler la face. Je ne suis plus celle que j’étais et ne le redeviendrai probablement jamais. Va-t-il m’accepter ainsi, avec cette part sombre que je garderais éternellement en moi ?

    Sur ces incertitudes, je ferme les yeux et me laisse aller à cette étreinte, mes larmes coulant silencieusement le long de mes joues, laissant l’instant s’imprégner en moi et priant pour que Cyna ne voit jamais ma part ténébreuse.

    Au bout d’un long moment, il desserre lentement son étreinte et plonge son regard brûlant dans le mien. Ce que j’y lis me déconcerte. Le soulagement et la quiétude ont remplacé la terreur et l’incompréhension de ma première vision. Du dos de la main, il caresse délicatement ma joue et me demande :

    – Comment te sens-tu ?

    – Je…

    C’est une bonne question ; je n’en ai aucune idée en fait. Troublée, je me détourne de lui et m’assois en tailleur face à l’étang, prise d’un état de faiblesse, mes jambes tremblantes me paraissant bien trop fragiles d’un coup. Cyna s’installe à mes côtés et mon chat se love entre mes jambes pour m’apporter du réconfort. Machinalement, je le gratouille entre les deux oreilles, ce geste m’ayant toujours apaisé.

    – Je ne sais pas vraiment, j’avoue timidement. Combien de temps suis-je restée inconsciente ?

    Devant son absence de réponse, je me tourne vers lui. Son regard hanté est perdu au loin et, après quelques secondes de silence, il le brise enfin :

    – Douze semaines, quatre jours et huit heures.

    Je reste abasourdie. Si longtemps !? Mon combat avec les Ténèbres m’a paru long, très long, mais à ce point-là ?! Je n’ose même pas imaginer l’inquiétude de mes proches, le calvaire qu’ils ont dû subir.

    – Je suis désolée…

    – Non ! Tu n’y es pour rien !

    Je sursaute violemment devant son attitude véhémente. Voyant ma réaction, il s’excuse, me prend la main et reprend plus doucement :

    – Tu n’es en rien coupable de ce qu’il t’arrive. C’est juste que… je m’en veux terriblement de ne rien avoir pu faire pour te sortir de tes tourments. Je te jure que j’ai essayé, mais rien n’a fonctionné. Je devais me contenter de te regarder lutter pour me revenir, impuissant et…

    – Il n’y avait rien à faire, je le coupe. C’était mon combat.

    Il hoche la tête, mais je sens néanmoins qu’il s’en veut. Malheureusement, je ne peux pas l’aider. Je ne me sens pas la force d’argumenter pour le moment. Je suis encore perdue et je me sens faible. J’imagine qu’il souhaiterait avoir des détails, savoir si j’ai remporté ma lutte contre les Ténèbres ou non, mais je ne suis pas sûre qu’il soit prêt à entendre la réponse, alors je me contente de me taire.

    Après un long silence chargé de non-dits, il m’annonce :

    – Ta louve est noire.

    Je tourne brusquement la tête vers lui, frappée de stupeur.

    – Quoi ?! je m’exclame.

    – Elle est noire comme l’ébène maintenant…

    D’où son expression d’horreur quand il m’a vu me transformer.

    – Mais comment est-ce possible ? Un loup peut changer de couleur ?

    – Je l’ignore, mais… à ma connaissance, non.

    Cela signifie-t-il que les Ténèbres sont encore plus ancrées en moi que je ne l’imaginais ? Au point d’influencer même ma louve ? Je me mets à trembler, le froid, la peur et la confusion se mêlant en moi. Cyna se relève et me tend la main. – Viens, rentrons.

    À l’idée de ce qui m’attend, mon cœur se serre. Quelle va être la réaction des gens en me voyant à nouveau sur pieds ? Des sentiments tumultueux se bousculent en moi ; l’espoir de retrouver des visages familiers mêlé à la crainte d’être accueillie avec méfiance ou même rejetée. Après tout, j’ai été plongée dans le coma pendant des semaines et mon retour peut susciter des interrogations, voire des craintes.

    Je prends néanmoins sa main tendue et me relève péniblement, légèrement vacillante.

    – Transforme-toi, tu auras plus chaud et nous rentrerons plus rapidement.

    J’hésite quelques instants, puis, finalement, je hausse les épaules et m’exécute. Une fois transformée, je m’ébroue, mais le regard sidéré de Cyna m’interpelle. Quoi encore ? – Tes pattes, souffle-t-il.

    Je baisse la tête pour constater que mes pattes sont… blanches. Je tourne la tête dans tous les sens pour tenter d’apercevoir le reste de mon corps qui, lui, est entièrement noir. Oh bah ça alors ! Ma louve est d’un noir d’encre, mais on dirait qu’elle a trempé ses pattes dans de la peinture blanche. Ça, c’est une première ; je n’ai jamais vu un loup de cette couleur. Je lève un regard interrogateur vers Cyna qui ne s’est toujours transformé.

    – Je t’assure que tu étais entièrement noire à ton réveil !

    Il s’accroupit devant moi et tend la main vers ma tête. Je m’approche de lui et y frotte mon museau.

    – Tu es magnifique, déclare-t-il, avec un mélange d’admiration et d’appréhension dans la voix.

    Puis, il se relève, se transforme et nous rentrons tranquillement au chalet, flanc contre flanc, escortés par Milo.

    ***

    Heureusement, nous ne croisons personne. Cyna nous a fait passer par derrière pour éviter que nous ayons à traverser tout le village. Une fois sous le porche du chalet, il reprend forme humaine et ouvre la porte. Je rentre prudemment à l’intérieur, mais tout semble calme.

    – Katia t’a veillé une partie de la journée car j’avais une réunion et doit prendre le relais seulement demain matin, m’explique-t-il. Je pense que nous serons tranquilles ce soir.

    Sauf si tu veux annoncer ton réveil à tout le monde dès maintenant ?

    Toujours sous ma forme animale, je secoue la tête. Je préfère rester seule avec Cyna pour le moment, n’étant pas encore prête pour affronter du monde.

    – Je comprends et je t’avoue que de t’avoir pour moi seul une soirée me réjouit. Quand ton réveil va être annoncé, ce sera l’effervescence et l’idée de te partager me met en rogne.

    Là-dessus, il me sourit et je fonds complètement, une partie de mes inquiétudes semblant s’envoler. Le pouvoir qu’il a de m’apaiser d’un simple sourire me surprendra toujours.

    – Va te doucher pendant que je te prépare à manger. Tu dois mourir de faim !

    Je ne me le fais pas dire deux fois. Je grimpe les escaliers à quatre pattes et une fois dans ma chambre, je me retransforme. À la vue de la poche à perfusion suspendue au-dessus de mon lit, je tressaille. Je déteste les piqûres et l’idée que j’ai pu avoir une perfusion dans le bras pendant des semaines… Non, je ne préfère même pas y penser. À côté de ça, je suis reconnaissante, c’est probablement ce qui m’a maintenue en vie jusqu’à présent, mais quand même, c’est perturbant. Je sais, pour une étudiante en médecine, ne pas aimer les aiguilles est saugrenu, mais chacun ses phobies, n’est-ce pas ?

    Je détourne la tête de cette vision cauchemardesque, attrape des vêtements propres et file dans la salle de bain. Quand j’entre sous la douche et que l’eau chaude se déverse sur mon corps endolori, je frissonne. Tout ce qu’il s’est passé durant mes longues semaines d’inconscience me revient alors brutalement à l’esprit.

    Je prends appui de mes deux mains sur le mur carrelé de la douche pour ne pas défaillir et ferme les yeux pour calmer le vertige qui s’empare de moi. Les réminiscences de mon combat acharné contre les Ténèbres me hantent encore, comme un écho persistant des ombres que j’ai affrontées.

    Je suis bien consciente d’être éveillée, mais j’ai pourtant l’impression de lutter encore. Je m’en veux tellement d’avoir échoué ; je n’ai pas réussi à vaincre cette force obscure qui gangrène mon esprit. J’ai donc pris la décision d’accepter que la magie des Ténèbres fait partie de moi, tapie dans l’ombre et prête à être libérée. Mais, maintenant que j’ai conscience de sa présence, la tentation de m’en servir est omniprésente.

    Un sentiment de trahison s’empare de moi ; c’est comme si j’avais abandonné une part essentielle de mon essence.

    Une colère sombre gronde en moi, une rage sourde contre ces Ténèbres qui me transforment, mais aussi contre moi pour ne pas avoir été assez forte pour les éradiquer. Puis, je repense à ma louve. Ce changement, au-delà d’une simple transformation physique, est-il porteur d’un profond bouleversement intérieur ?

    – Tu la sens aussi ? je lui demande.

    – Dans chaque cellule de mon corps, me répond-elle.

    J’ignore si c’est une mauvaise chose ou non, que ma louve ressente elle aussi ma magie sombre, mais je préfère ne pas y penser pour le moment. J’ai réussi à contrôler ma louve et ma magie Blanche, je devrais arriver à maîtriser mon côté sombre aussi, non ? Mais que suisje devenue ?

    Les doutes envahissent mon esprit ; un tumulte incessant d’inquiétudes quant à mon identité. Suis-je toujours l’âme combative que Cyna aimait, ou suis-je devenue une ombre de ce que j’étais ? Ce mélange de peur, de colère et de tristesse m’accable. Je ne peux m’empêcher de redouter les réactions de Cyna, lui qui est mon principal soutien. Je crains tellement qu’il ne puisse pas accepter cette nouvelle facette de moi, cette nouvelle identité qui balance entre lumière et obscurité. L’idée qu’il me rejette, de perdre son amour et notre lien si précieux est une pensée insupportable.

    Néanmoins, dans le tumulte de mes tourments subsiste une étincelle d’espoir. Peut-être suisje toujours la même ? À chaque battement de mon cœur, une petite voix me murmure que les Ténèbres faisaient partie de mon existence depuis déjà bien longtemps et qu’accepter cette réalité pourrait me conférer une puissance insoupçonnée.

    Cyna pourra sûrement comprendre que ma lutte, même si elle a abouti à une acceptation difficile, ne diminue en rien la force de notre lien. Il suffit que j’appréhende mon réveil non pas comme une épreuve, mais comme un renouveau, une occasion de me redécouvrir, d’explorer ce que je peux devenir en embrassant l’ensemble de mes capacités. La route semble incertaine, mais une part de moi sait que je dois avancer et puiser dans mes nouvelles forces pour combattre l’adversité. J’ignore ce qu’il se passe dans le monde, mais mon intuition me dit que le combat n’est pas terminé, que nous allons devoir affronter de nouvelles épreuves.

    Je reste un moment sous l’eau, comme si le fait de me laver allait chasser les visions terrifiantes de ce que j’ai vécu durant mon inconscience et éloigner les problèmes qui nous attendent. Si seulement c’était aussi simple… La seule chose qui me réjouit pour le moment est de savoir que Cyna est vivant. Je n’ai aucune idée de ce qui a pu se passer dans cette cave des horreurs, mais s’il est là, c’est que d’une manière ou d’une autre j’ai réussi à le protéger.

    – J’aurais au moins fait une bonne action, je pense tout haut, sarcastique. Pour l’heure, nous avons besoin de nous retrouver tous les deux afin de rattraper les semaines qui nous ont été volées, même si j’appréhende de connaître l’évolution de la situation au sein de la communauté des loups. Ragaillardie par l’idée d’aller le retrouver, même si dans ma tête c’est encore le chaos, je me sèche et m’habille en vitesse pour descendre rejoindre les deux hommes de ma vie.

    Chapitre 3 – Cyna

    Le cœur lourd, mais empli d’une joie indescriptible, je m’attelle à préparer le dîner pour Izarra. Izarra… une vague d’émotion m’envahit lorsque je pense à elle. Elle est réveillée !

    Enfin !

    Pourtant, malgré mon bonheur de la retrouver, une entaille brûlante persiste dans mon cœur. Je repense alors à sa louve. Sa belle louve, autrefois d’un blanc pur, qui est désormais marquée par le noir. Est-ce le signe d’une métamorphose profonde et inquiétante ou simplement une conséquence de l’utilisation de sa magie des Ténèbres ? Qu’est-ce que cela implique ? A-t-elle succombée aux Ténèbres ou a-t-elle gagné au prix de son essence ? Je ne peux m’empêcher d’être anxieux ; une crainte sourde s’infiltre en moi sans que je ne puisse la repousser. Est-elle toujours la même ?

    Mon loup, lui, hurle de joie ; il lui brûle de la retrouver et de la sentir à nouveau contre lui.

    Le reste, il n’en a rien à faire. Tout ce qui lui importe, c’est qu’elle soit réveillée. Depuis des semaines je rêve de ce moment, mais je n’avais jamais imaginé ce qu’il se passerait car je le redoutais en même temps. Maintenant, elle est là et mis à part l’aspect de sa louve, elle semble être la même.

    J’ai besoin de savoir ce qu’elle a vécu pendant son coma, mais j’appréhende sa réaction si je la questionne ouvertement sur le sujet. Je ne voudrais pas jeter un froid sur nos retrouvailles.

    Mes questions attendront donc.

    Ma décision prise, je dresse la table avec soin pour le repas et j’allume des bougies pour créer une ambiance chaleureuse. Milo me rejoint au moment où je finis de tout préparer. Il grimpe sur le comptoir et me fait face, son épaisse queue s’agitant de droite à gauche.

    – Tu es troublé, toi aussi ?

    Le chat hoche la tête. Je suis toujours aussi surpris par sa capacité de compréhension. Je soupire et m’approche de lui pour le caresser dans une vaine tentative d’apaisement.

    – Elle a besoin de notre soutien, tu sais. Je pense qu’elle est un peu perdue, ce qui est compréhensible. Et encore, elle ne sait rien de ce qui se passe au sein de la communauté et de ce qui nous attend. Ça

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1