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Qui a éteint la lumière
Qui a éteint la lumière
Qui a éteint la lumière
Livre électronique352 pages4 heuresLes enquêtes secrètes de Thomas-Édouard Victorin

Qui a éteint la lumière

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À propos de ce livre électronique

Jacqueline se réveilla en sursaut et ouvrit les yeux dans l’obscurité de sa chambre. Ignorant ce qui l’avait tirée du sommeil, elle écouta les bruits de la maison. Tout était silencieux. Elle se tourna sur le côté et referma les yeux afin de pouvoir se rendormir. Elle sursauta à nouveau lorsqu’elle entendit un bruit assourdissant qui semblait provenir de l’étage au-dessus d’elle. Jacqueline n’était pas certaine de ce qu’elle avait entendu. Elle s’assit sur son lit et alluma sa lampe de chevet. C’est alors qu’elle entendit le bruit se reproduire une deuxième fois. Cette fois-là, elle sut que c’était des coups de feu qu’elle avait entendus.
Jacqueline se leva, revêtit rapidement sa robe de chambre par-dessus sa chemise de nuit, glissa ses pieds dans ses pantoufles et sortit de sa chambre. Pressentant qu’un grand malheur venait d’arriver, elle courut dans le couloir, monta les marches de l’escalier à toute vitesse et se précipita vers la chambre du couple Marois.
Elle approcha son visage de la porte fermée et interpella Gertrude et Julien, d’une voix inquiète. Elle n’obtint aucune réponse. Les nerfs à vif, Jacqueline allongea une main tremblante, tourna la poignée et ouvrit craintivement la porte. La pièce étant plongée dans l’obscurité, elle actionna l’interrupteur.
Lorsque la lumière inonda la pièce, Jacqueline resta figée sur place, incapable de détourner le regard de l’horrible vision qu’elle avait sous les yeux.
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions de l’Apothéose
Date de sortie31 mars 2025
ISBN9782898780608
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    Aperçu du livre

    Qui a éteint la lumière - Lise Picard

    Les enquêtes secrètes de

    Thomas-Édouard Victorin

    Qui a éteint la lumière ?

    Lise Picard

    Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose

    Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.

    Distributeur : Distribulivre 

    www.distribulivre.com 

    Tél. : 1-450-887-2182

    Télécopieur : 1-450-915-2224

    © Les Éditions de l’Apothéose

    Lanoraie (Québec)  J0K 1E0

    Canada

    apotheose@bell.net

    www.leseditionsdelapotheose.com

    Première édition :  978-2-925292-03-6

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2025

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2025

    ISBN : 978-2-89878-001-1

    ISBN EPUB : 978-2-89878-060-8

    Imprimé au Canada

    Le livre Qui a éteint la lumière? est purement imaginaire. Toute ressemblance des personnages avec des personnes existantes ou ayant déjà existé n’est que pure coïncidence.

    Remerciements

    À ma mère et un coup de cœur particulier à ma sœur, Gaétane, toutes deux s’avèrent être des artistes-peintres de grand talent. Leurs toiles ravissent toutes les personnes qui ont l’occasion de voir et d’admirer la beauté et le réalisme des œuvres magnifiques qu’elles font naître à partir de leur esprit créatif et leurs mains habiles.

    Merci d’être dans ma vie !

    Lise Picard

    Chapitre 1

    Annette Langlois avait trente-deux ans. Depuis treize ans, elle travaillait comme téléphoniste-réceptionniste dans le hall d’entrée d’un gros immeuble de vingt-deux étages situé dans la région de Portneuf. Chaque matin, une foule de patrons et d’employés détenant des postes plus ou moins importants franchissait les grandes portes vitrées donnant accès à l’immeuble où elle travaillait. Par habitude, la plupart d’entre eux la saluaient d’un « bonjour » ou d’un « bon matin » en arborant un sourire dénué d’expression avant de disparaître derrière les portes des ascenseurs. Rares étaient ceux qui lui jetaient un regard en passant devant son bureau. Annette avait la désagréable impression de faire partie du mobilier.

    Annette était une employée assidue qui faisait un travail honnête et méritait amplement le salaire médiocre qu’on lui donnait. Mais elle n’aimait pas le fait de devoir se pointer au bureau à huit heures trente du matin, cinq jours par semaine. Elle détestait d’être obligée de continuer cette routine hebdomadaire. C’était loin de ce qu’elle avait projeté de faire dans la vie. Elle avait toujours rêvé de devenir riche ; de faire partie de la haute société, de posséder de beaux vêtements, d’être considérée comme une grande dame et d’avoir des employés qui se dévoueraient pour satisfaire ses moindres désirs.

    Dès qu’elle eut un emploi stable, et afin de mettre toutes les chances de son côté, Annette se mit en quête de l’homme qui pourrait lui permettre de réaliser son rêve.

    Elle avait vingt-deux ans quand elle découvrit celui qui semblait être le meilleur parti pour elle. Le jeune homme s’appelait Sébastien Marois et il était âgé de deux ans de plus qu’elle. Sébastien était longiligne et n’avait pas un physique très attirant, car elle aimait les hommes bien bâtis avec un corps d’athlète ; ce qu’il ne possédait pas. Toutefois, Sébastien était un homme effacé avec de belles qualités. Poli et dévoué, il se montrait toujours d’une grande gentillesse envers les gens avec qui il entretenait une liaison d’affaires.

    La première fois que Annette avait rencontré Sébastien, celui-ci s’était présenté devant son bureau pour lui annoncer qu’il avait rendez-vous avec l’un des propriétaires de l’immeuble où elle travaillait. Elle lui avait demandé de patienter avant de communiquer avec l’un des grands patrons pour l’informer que l’architecte, Sébastien Marois, était arrivé.

    Quand Annette apprit qu’il était architecte et qu’il représentait l’entreprise « Architecture J.S. Marois », elle se mit à faire des recherches sur le jeune homme. C’est ainsi qu’elle découvrit que Sébastien était issu d’une famille fortunée ; que l’entreprise familiale « Architecture J.S. Marois » générait annuellement des milliers de dollars en chiffres d’affaires. Cette entreprise était très prospère un peu partout dans la province de Québec.

    Dès lors, Annette mena discrètement sa petite enquête personnelle afin de connaître en détail les habitudes de vie de Sébastien.

    Durant les semaines qui suivirent, elle s’organisa pour être présente aux endroits qu’il fréquentait régulièrement afin de favoriser de nombreuses rencontres avec lui. Avec une patience infinie, elle parvint à le séduire et il finit par tomber sous son charme.

    Cela faisait plus de neuf ans maintenant que Annette vivait une relation amoureuse avec Sébastien. Au cours de ces neuf années, elle avait appris à connaître les parents et la sœur de Sébastien et elle était en excellent terme avec eux. Lorsque Sébastien lui offrit de venir vivre dans la belle résidence des Marois, Annette connut un moment de pur bonheur et n’hésita pas deux secondes avant d’accepter son offre.

    Pendant plusieurs années, Annette partagea la vie de la famille Marois tout en entretenant l’espoir que l’amour qu’elle donnait généreusement à Sébastien parviendrait à l’enchaîner à elle définitivement ; à un point tel qu’il finisse par se décider à la demander en mariage.

    Elle avait tout fait pour encourager Sébastien à lui faire la grande demande. Mais chaque fois qu’elle abordait ce sujet délicat avec lui, elle essuyait un refus catégorique. Sébastien lui répétait sans cesse les mêmes excuses ; comme quoi il était bien dans la résidence de ses parents et qu’il n’avait pas l’intention de quitter le noyau familial. Il lui avait clairement fait comprendre qu’il n’était pas prêt pour le mariage et que, si elle voulait que leur relation continue, elle devait s’accommoder de la situation actuelle.

    Annette réalisa que, tant que les liens entre les membres de la famille Marois existeraient, elle n’avait aucune chance que Sébastien fasse d’elle une femme fortunée. Alors, elle comprit qu’elle devait s’y prendre autrement pour obtenir ce qu’elle voulait. Annette décida donc de détruire le seul obstacle qui l’empêchait de devenir la femme d’un millionnaire.

    Au cours des trois dernières années, Annette n’avait pas été choyée par la vie. Un soir de novembre, son père fut admis d’urgence dans un hôpital, après qu’il eut fait une embardée avec sa voiture. Annette se trouvait à ses côtés en compagnie de sa mère lorsqu’il rendit son dernier souffle, deux jours après l’accident.

    Quelques mois après la mort de son père, la meilleure amie de Annette fut heurtée de plein fouet par un automobiliste, alors qu’elle traversait distraitement la rue sans avoir pris le temps de s’assurer que la voie était libre. Sa meilleure amie mourut avant d’arriver à l’hôpital.

    L’année suivante, sa tante, qu’elle aimait énormément et qui faisait l’élevage de chèvres, chez qui Annette passait presque tous ses étés depuis son enfance, fut emportée par un cancer du côlon.

    Peu de temps après le décès de sa tante, les médecins informèrent Annette que sa mère, Claudette, souffrait de polymyalgie rhumatismale et qu’elle avait une forte tendance à angoisser à la tombée de la nuit.

    À la suite de cette nouvelle, Annette avisa Sébastien que, désormais, afin de rassurer sa mère, elle irait passer ses nuits chez elle.

    Contente de retrouver le confort de sa chambre après toutes ces années, Annette put enfin passer une partie de ses nuits à réfléchir en paix sans la présence de Sébastien à ses côtés.

    Pendant des mois, elle pensa à la façon dont elle s’y prendrait pour mettre son plan à exécution. Elle n’avait pas l’intention de passer encore treize autres années de sa vie à travailler pour un salaire de misère, alors que la fortune lui tendait les bras.

    Annette commença par subtiliser des capsules de benzodiazépine dans les flacons de sa mère. Elle se limita à n’en prendre qu’une par semaine afin que personne ne s’en rende compte. Elle amassa une vingtaine de capsules et les cacha précieusement, en attendant de connaître l’utilisation qu’elle en ferait.

    Afin de savoir le temps que prenait le somnifère à faire pleinement effet, Annette passa beaucoup de temps à observer les réactions de sa mère, après que celle-ci eut avalé une capsule de benzodiazépine. Plusieurs nuits d’affilée, elle surveilla le sommeil de sa mère. Évitant de faire du bruit, elle entrait dans sa chambre et, pour vérifier si elle dormait profondément, elle lui mettait une main sur l’épaule, lui parlait et la secouait légèrement pour tenter de la réveiller. Lorsqu’elle réussissait à la réveiller, Annette la laissait se rendormir et revenait dans sa chambre, un peu plus tard. Elle l’interpellait à nouveau, la secouait avec plus de fermeté, essayant de la faire sortir de sa léthargie.

    Annette finit par savoir que ça prenait entre deux heures trente et trois heures, avant que sa mère soit totalement sous l’emprise du somnifère.

    Pour se procurer ce dont elle avait besoin pour l’exécution de son plan, Annette visita plusieurs boutiques de sport avant de trouver les articles qu’elle voulait uniquement en noir. Elle acheta un chandail et un pantalon en molleton, des chaussettes, des tennis, une tuque, une paire de gants et une petite lampe de poche.

    Une image contenant Verrerie, verre, récipients pour boire, conteneur Description générée automatiquement

    C’était le samedi soir et le mois de mai tirait à sa fin. Il était minuit et demi passé et la température était fraîche à l’extérieur.

    Jacob enlaça tendrement Johanne, l’embrassa avec passion et lui souhaita bonne nuit. Jacob était passablement éméché et il redoublait d’attention pour que Johanne ne s’en aperçoive pas. Jacob ne comprenait pas pourquoi il était dans un tel état d’ébriété, puisqu’il n’avait bu qu’un verre de cocktail, depuis qu’il avait soupé en compagnie de la famille Marois.

    Jacob Girard avait vingt-neuf ans. Il travaillait chez un concessionnaire Toyota situé à Donnacona. Qualifié compagnon classe A, il occupait un poste de chef d’atelier. Cinq jours et demi par semaine, il était présent au garage pour superviser et encadrer l’équipe de mécaniciens qui faisait des quarts de travail de jour et de soir. Le chef mécanicien avait fait beaucoup de sacrifices et de gros efforts pour se rendre là où il était rendu. Son employeur était parfaitement satisfait de la qualité de son travail et toute l’équipe avait beaucoup de respect et d’estime pour lui. Les mécaniciens savaient qu’ils pouvaient compter sur leur chef pour obtenir de l’aide. Toujours disponible et d’une grande générosité, Jacob n’hésitait jamais à donner des conseils judicieux et à partager son expérience avec les mécaniciens dont il était responsable.

    Pendant toutes les années où il avait gravi l’un après l’autre chacun des échelons lui permettant d’atteindre le but qu’il s’était fixé, il avait de bon gré accepté de faire des heures supplémentaires. Mais depuis qu’il sortait sérieusement avec Johanne Marois, il trouvait cela pénible de ne disposer que de la moitié du samedi et de la journée du dimanche pour partager la vie de celle qu’il aimait.

    Après la merveilleuse soirée qu’il avait passée en compagnie de la famille Marois, Jacob voulut continuer de profiter encore un peu de la présence de Johanne.

    Tout le monde fit l’accolade aux parents et chacun se retira pour la nuit. Jacob accompagna Johanne jusque dans sa chambre et resta auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle se soit glissée sous les couvertures.

    Vers minuit trente, lorsqu’il ferma doucement la porte de la chambre de Johanne, Jacob avait complètement perdu la notion du temps. D’une démarche titubante, il traversa la salle de séjour et passa par la petite cuisine pour sortir à l’extérieur. Sans avoir conscience de la fraîcheur de la nuit, il rejoignit à pas lents sa Toyota Land Cruiser bleue.

    Une fois assis derrière le volant, il se frotta vigoureusement le visage et se secoua la tête pour s’éclaircir les idées. Heureusement, il n’avait qu’une courte distance à parcourir pour rentrer chez lui.

    Après avoir roulé prudemment pendant une dizaine de minutes, il stationna sa Toyota devant l’immeuble où il vivait depuis six ans.

    Il monta péniblement les marches pour atteindre le palier du deuxième étage. D’une main tremblante, il tâtonna avec sa clé et finit par l’insérer dans la serrure de la porte.

    Jacob entra dans son appartement et verrouilla la porte derrière lui. Il enleva ses chaussures en traversant le salon d’un pas chancelant. Sans faire de lumière, il entra dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit sans même prendre le temps de se dévêtir.

    À peine la tête sur l’oreiller, il s’endormit d’un sommeil sans rêves.

    Une image contenant Verrerie, verre, récipients pour boire, conteneur Description générée automatiquement

    Cachée dans l’ombre, au coin de la maison des Marois, toute vêtue de noir, Annette regarda la voiture de Jacob rouler dans l’allée principale. Elle demeura immobile pendant que le véhicule franchissait le portail et disparaissait dans la nuit. Elle attendit quelques minutes, après le départ de Jacob, avant de quitter l’emplacement sombre. Connaissant bien les lieux, Annette parcourut l’allée secondaire asphaltée qui longeait le mur extérieur gauche de la maison. Elle passa devant la Mazda appartenant à Johanne et la Mercedes-Benz de Sébastien et entra par la porte qui donnait accès à la petite cuisine. Marchant d’un pas feutré, elle contourna la table et traversa la pièce de part en part. Dès qu’elle fut dans le corridor, elle dirigea ses pas vers l’escalier qui donnait accès à l’étage.

    Avec précaution, elle monta les marches et franchit la surface du palier en silence. Elle ouvrit la porte de la chambre des propriétaires de la maison des Marois. Elle actionna l’interrupteur pour allumer la lumière du plafonnier et referma la porte derrière elle.

    Profondément endormis, Gertrude et Julien Marois n’eurent pas connaissance de son intrusion. Seule Neige, leur chienne, releva la tête, lorsqu’elle vit Annette entrer dans la chambre. Cette dernière faisant partie des habitués de la maison, Neige resta sagement couchée sur la moquette au pied du lit et se contenta de la suivre des yeux.

    Annette se dirigea vers la droite du lit. Elle descendit lentement les draps qui recouvraient Gertrude Marois. Annette entoura le corps de Gertrude de ses deux bras et, après quelques efforts soutenus, elle la retourna sur le dos. Elle lui souleva la jambe droite et l’allongea, de même que la jambe gauche. Elle recouvrit ensuite Gertrude des draps, lui déposa les deux bras sur les couvertures de chaque côté d’elle et plaça sa tête bien droite sur l’oreiller, le visage pointant vers le plafond. Elle recula d’un pas, vérifia si le corps était parfaitement aligné. Satisfaite, elle donna un baiser sur chacune des joues de Gertrude.

    — Je suis vraiment désolée d’être obligée de vous faire ça, prononça Annette d’une voix empreinte de tristesse. Je n’ai rien contre vous personnellement. Vous représentez simplement un obstacle que je me dois d’éliminer, si je veux un jour avoir ma part de bonheur.

    Ce qu’elle s’apprêtait à faire la chagrinait, car Annette n’avait rien contre les parents de Sébastien. Au contraire, elle les aimait profondément. Elle avait passé de nombreuses nuits à tourner le problème dans sa tête et c’était la seule solution qu’elle avait trouvée.

    À présent qu’elle avait mis son plan en marche, Annette ne pouvait plus reculer. Elle devait aller jusqu’au bout et ne pas s’arrêter en cours d’exécution si elle voulait que son rêve devienne réalité.

    Refusant de se laisser attendrir par le couple endormi et sans défense, elle contourna le lit et s’approcha de Julien Marois. Annette replaça le corps de celui-ci afin qu’il soit dans la même position que celui de sa femme. Elle embrassa également Julien sur les deux joues, lorsqu’elle l’eut recouvert des draps.

    Annette ouvrit le tiroir de la table de chevet et y déposa un flacon cylindrique transparent qui contenait six capsules de 30 mg de benzodiazépine. Elle s’empara du revolver de Julien Marois et referma le tiroir.

    Dès que Annette eut saisi l’arme, Neige se leva d’un bond. La chienne se mit à grogner et montra des crocs menaçants. Les quatre pattes enfoncées dans la moquette spongieuse, Neige s’avança lentement vers Annette, prête à sacrifier sa vie pour défendre farouchement celle de ses maîtres.

    Après quelques secondes d’hésitation, Annette pointa l’arme vers la chienne et pressa la détente. Elle n’avait pas prévu de tuer Neige, mais ça faisait partie des dommages collatéraux qu’elle ne pouvait éviter.

    La bête s’effondra lourdement sur la moquette et une tache de sang apparut sur son pelage blanc.

    Se sentant bousculée par le temps, dû au bruit produit par le coup de feu, Annette détourna son regard de la chienne et se concentra sur le couple Marois.

    Le corps penché au-dessus de celui de Julien, elle colla le canon du revolver contre la tempe de Gertrude. Elle positionna l’arme dans un angle qu’elle jugea adéquat et appuya sur la détente. Une rosette de poudre et de sang apparut aussitôt à l’endroit où la balle était entrée dans la tête de Gertrude. Les meubles et les murs de la chambre à la droite du lit se couvrirent des éclaboussures que le projectile avait entraînées avec lui en ressortant de l’autre côté du crâne.

    Sans perdre de temps, Annette mit le revolver dans la main droite de Julien et lui replia les doigts autour de l’arme. Tout en maintenant replié le bras droit de Julien, elle plaça son index sur celui de Julien et, appuyant le canon de l’arme contre la tempe de ce dernier, elle pressa de nouveau sur la détente. Les éclaboussures rejaillirent sur les draps et arrosèrent le corps de Gertrude avant d’aller rejoindre celles qui étaient déjà sur les meubles et les murs. Annette laissa retomber sur l’oreiller la main droite de Julien, qui était restée crispée sur l’arme.

    Se doutant que le bruit des trois détonations avait de fortes chances d’avoir réveillé Jacqueline, qui dormait dans la chambre située juste en dessous, Annette alla éteindre la lumière du plafonnier.

    Annette trouva plus prudent d’attendre quelques minutes dans la pièce où elle était, au lieu de s’aventurer immédiatement dans la maison et risquer d’arrivée nez à nez avec Jacqueline. Se servant de sa lampe de poche, elle se trouva un endroit restreint pour se cacher. Elle éteignit sa lampe de poche et prêta l’oreille, à l’affût des moindres craquements de planchers qui pourraient parvenir jusqu’à elle.

    Jacqueline Lavoie avait cinquante-six ans. Quand elle eut l’âge d’entrer sur le marché du travail, elle combla plusieurs emplois à titre de gardienne d’enfants, serveuse de restaurant et même femme d’entretien dans des hôtels luxueux.

    Sa vie prit un tournant imprévu le jour où, trente ans plus tôt, elle fit la rencontre d’un couple qui séjournait dans l’hôtel où elle travaillait. L’homme et la femme participaient à un important congrès ayant pour thème principal l’architecture qui se déroulait durant toute une fin de semaine.

    Jacqueline circulait dans l’un des nombreux corridors de l’hôtel en poussant tranquillement son chariot de produits d’entretien, lorsque l’homme et la femme l’abordèrent gentiment. Ils lui expliquèrent qu’ils étaient à la recherche d’une gouvernante pour faire l’entretien de leur maison et veiller sur leur petit garçon âgé de quatre ans.

    Après quelques minutes de discussion et voyant que Jacqueline possédait les qualifications qu’ils recherchaient, ils lui firent une offre très généreuse.

    Avant de leur donner une réponse, Jacqueline voulut connaître un peu plus ses futurs employeurs. Se montrant d’une grande amabilité, ceux-ci lui offrirent de venir passer quelques jours chez eux afin de prendre le temps de se familiariser avec eux et de visiter leur maison. Jacqueline profita de ce séjour pour faire la connaissance de leur fils Sébastien.

    Orpheline de père et de mère, Jacqueline avait toujours vécu seule. La rencontre de cet homme et de cette femme fut une vraie bénédiction pour elle. Ce fut donc avec une joie immense qu’elle accepta de travailler pour le couple Marois.

    Elle remercia et donna sa démission au propriétaire de l’hôtel qui l’avait employée. Elle délaissa le petit appartement où elle vivait depuis quelques années et vint s’installer dans l’une des quatre chambres d’amis aménagées dans l’immense résidence des Marois.

    Ainsi commença pour Jacqueline une longue expérience de vie basée sur la confiance, la générosité, la reconnaissance et l’amour. Jamais elle n’eut à regretter sa décision de venir vivre chez la famille Marois, car elle en faisait maintenant partie intégrante.

    Deux ans après l’arrivée de Jacqueline dans la famille Marois, le couple eut à nouveau la joie de devenir parents avec la venue au monde d’une adorable petite fille qu’ils prénommèrent Johanne.

    Gertrude et Julien furent très reconnaissants à Jacqueline pour toute l’aide et les compétences qu’elle démontra au cours des mois qui suivirent la naissance de leur deuxième enfant.

    Quand le train-train quotidien reprit son cours normal, Julien recommença à s’absenter régulièrement. Il alla visiter divers chantiers de construction pour suivre la progression des travaux et s’assurer que ceux-ci respectaient les plans dessinés par les architectes de l’entreprise familiale. De son côté, Gertrude passait une grande partie de ses journées enfermée dans son bureau à s’occuper de l’administration et de la gestion de l’entreprise « Architecture J.S. Marois ».

    Afin de leur permettre de travailler l’esprit tranquille, Jacqueline voyait à satisfaire les petits besoins quotidiens de Johanne et de Sébastien. Telle une mère, elle s’occupa des enfants et veilla sur leur éducation, tout en respectant scrupuleusement les instructions fournies par leurs parents.

    D’étrangère, Jacqueline devint l’amie de la famille. Indispensable pour la mère, rassurante pour le père, elle représentait la stabilité et la sécurité pour leurs enfants.

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    Chapitre 2

    Jacqueline se réveilla en sursaut et ouvrit les yeux dans l’obscurité de sa chambre. Ignorant ce qui l’avait tirée du sommeil, elle écouta les bruits de la maison. Tout était silencieux. Elle se tourna sur le côté et referma les yeux afin de pouvoir se rendormir. Elle sursauta à nouveau lorsqu’elle entendit un bruit assourdissant qui semblait provenir de l’étage au-dessus d’elle. Jacqueline n’était pas certaine de ce qu’elle avait entendu. Elle s’assit sur son lit et alluma sa lampe de chevet. C’est alors qu’elle entendit le bruit se reproduire une deuxième fois. Cette fois-là, elle sut que c’était des coups de feu qu’elle avait entendus.

    Jacqueline se leva, revêtit rapidement sa robe de chambre par-dessus sa chemise de nuit, glissa ses pieds dans ses pantoufles et sortit de sa chambre. Pressentant qu’un grand malheur venait d’arriver, elle courut dans le couloir, monta les marches de l’escalier à toute vitesse et se précipita vers la chambre du couple Marois.

    Elle approcha son visage de la porte fermée et, d’une voix inquiète, interpella Gertrude et Julien. Elle n’obtint aucune réponse. Les nerfs à vif, Jacqueline allongea une main tremblante, tourna la poignée et ouvrit craintivement la porte. La pièce étant plongée dans l’obscurité, elle actionna l’interrupteur.

    Lorsque la lumière inonda la pièce, Jacqueline resta figée sur place, incapable de détourner le regard de l’horrible vision qu’elle avait sous les yeux.

    De voir ses deux amis baignant dans une mare de sang était beaucoup trop éprouvant pour elle. Sa conscience vacilla et, sans émettre le moindre son, elle s’effondra sur le plancher.

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