À propos de ce livre électronique
La première chose qu’il vit en ouvrant les yeux, ce fut une lumière aveuglante.
Un peu perdu, se demandant s’il était en plein cauchemar, il cessa de fixer la lumière devant lui et chercha à savoir où il était vraiment.
Il leva un bras et toucha le volant. Il regarda au-dessus de lui et vit le plafond de la voiture.
Quand il voulut bouger davantage, il ressentit une douleur atroce à la jambe droite, ce qui lui ramena en mémoire les événements qu’il avait vécus avant de perdre connaissance.
Les freins qui ne fonctionnaient pas, le volant qui ne répondait pas, son pied coincé dans le plancher, la collision brutale avec les garde-fous, sa jambe droite fracturée, le plongeon dans l’eau, il se souvenait de tout. Il se savait au fond de l’eau, prisonnier de sa voiture.
Chantal, qu’avait-elle fait pendant son inconscience ?
Lui, il ne pouvait pas s’en sortir. Mais elle, il fallait absolument qu’il sache si elle y était arrivée.
Les yeux à présent grands ouverts, il jeta un regard effaré à sa droite.
S’attendant à y voir encore sa femme, il fut un peu étonné de trouver la place vide. Bien qu’il savait qu’il n’aurait plus la chance de revoir ses enfants ni sa femme, il se réjouit à la pensée que Chantal ne périrait pas avec lui.
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Aperçu du livre
L' AS DE PIQUE - Lise Picard
Les enquêtes secrètes de
Thomas-Édouard Victorin
L’As de Pique
Lise Picard
Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.
Distributeur : Distribulivre
www.distribulivre.com
Tél. : 1-450-887-2182
Télécopieur : 1-450-915-2224
© Les Éditions de l’Apothéose
Lanoraie (Québec) J0K 1E0
Canada
apotheose@bell.net
www.leseditionsdelapotheose.com
Première édition : 978-2-925292-01-2
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2025
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2025
ISBN : 978-2-89775-999-5
ISBN EPUB : 978-2-89878-058-5
Imprimé au Canada
Le livre L’As de Pique est purement imaginaire. Toute ressemblance des personnages avec des personnes existantes ou ayant déjà existé n’est que pure coïncidence.
Remerciements
À l’amour de ma vie, Lionel ! À la mémoire de mon père, Pierre, grand amateur de cartes et amoureux des chevaux ! À ma mère, Simone, que j’adore ! À tous mes frères et sœurs, que j’aime et qui sont une grande source d’inspiration pour moi ! Et à celui qui m’a permis de réaliser mon rêve de devenir écrivaine, Bertrand !
Lise Picard
Chapitre 1
Henri Couture déposa son téléphone sans fil sur son socle et se mit à sourire en se dirigeant vers la cuisine. Il était heureux et avait envie d’un bon café. Il venait d’avoir une conversation avec son vieil ami Alfred Mercier, qu’il n’avait pas vu depuis près de dix-huit ans.
Ce n’est qu’à force de chercher qu’il avait réussi à trouver le numéro de téléphone de son ami. Sachant que ce dernier avait toujours été attiré par le monde de l’informatique, il avait passé en revue tous les noms d’entreprises reliées à l’informatique du comté de Bellechasse, région située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Il avait ensuite cherché dans les comtés voisins de Bellechasse.
N’ayant toujours rien trouvé, il avait agrandi son cercle de recherche sur la rive nord du Saint-Laurent. Après plusieurs jours à consulter la liste des entreprises de l’annuaire téléphonique des pages jaunes par l’intermédiaire de l’internet, il était tombé sur une entreprise située à Charlesbourg, à vingt minutes de la ville de Québec. Cette entreprise vendait et faisait la réparation d’appareils électroniques et portait le nom de « Mercier, le Roi de l’informatique ». Il avait téléphoné et demandé à parler à monsieur Alfred Mercier. Un homme lui avait répondu que le patron était absent et lui avait demandé s’il voulait lui laisser un message. Henri avait simplement dit qu’il rappellerait. Il ne voulait pas laisser ses coordonnées à quelqu’un qu’il ne connaissait pas.
Âgé de quarante-sept ans, Henri était un escroc chevronné et un arnaqueur d’expérience. Il avait l’habitude de se méfier de tout et de tout le monde. N’ayant eu aucun contact avec son ami depuis longtemps, il ne savait pas ce qu’il était devenu.
Dans ses dernières années d’école secondaire, Henri, qui avait la bosse des affaires, s’était mis à recruter les durs à cuire de sa région. Il choisissait essentiellement ceux qui n’avaient pas froid aux yeux et qui étaient dignes de confiance, pour former un groupe d’une dizaine de gars. C’est ainsi qu’il avait fait la connaissance d’Alfred Mercier. Ce dernier avait des aptitudes pour diriger. Voyant qu’il savait se faire respecter des autres membres du groupe, Henri l’avait nommé son bras droit.
Au début, le groupe ne faisait que de petits larcins sans gravité qui rapportaient peu, mais suffisamment pour que chacun en retire des bénéfices. Lorsqu’ils ajoutèrent prêteurs sur gages à leurs fonctions, ils devinrent un groupe de plus en plus puissant et craint par ceux qui ne remplissaient pas les clauses de leur contrat dans les délais convenus.
Il n’était pas rare que deux des membres du groupe débarquent chez un client au cours de la nuit pour lui faire des menaces. Leurs menaces pouvaient aller jusqu’à casser le nez, un bras ou une jambe au client, si celui-ci ne se montrait pas coopératif. On lui faisait clairement comprendre que, s’il ne remboursait pas bientôt l’argent qu’on lui avait prêté, et cela avec les intérêts, ils reviendraient lui faire sa fête. Le message était clair, le client comprenait parfaitement que, la prochaine fois, ils lui feraient la peau.
Prévoyant, Henri avait investi son argent et devint propriétaire de la bijouterie de Saint-Damien, la municipalité qui l’avait vu grandir. Il était devenu l’homme d’affaires le plus respecté du village et tous les citoyens le croyaient honnête. Peu de monde savait qu’il opérait en secret un gang de malfrats, même Gisèle, sa femme, ne se doutait de rien.
Leur groupe avait fait la pluie et le beau temps dans la région pendant une quinzaine d’années avant que Henri mette un terme à ses activités. Il avait pris cette décision après que Gisèle et lui eurent passé une soirée en compagnie du sergent Chouinard et de son épouse. Futé, Henri avait trouvé utile de se lier d’amitié avec le policier qui assurait la sécurité de la municipalité. Il l’invitait, à l’occasion, à venir partager un repas avec eux.
Au cours de ces soirées, après avoir mangé dans une atmosphère conviviale, il se retirait au salon avec le sergent Chouinard pendant que leurs femmes s’occupaient de desservir la table et laver la vaisselle. Henri profitait du fait qu’il était en tête-à-tête avec le policier pour le faire parler et lui tirer les vers du nez. Étant passé maître dans l’art d’interroger quelqu’un de façon subtile, il discutait avec le policier. Il l’amenait à faire des confidences sur les enquêtes en cours, les nouveaux développements de ses recherches et les prochaines descentes que les policiers prévoyaient faire dans les jours à venir. De savoir à l’avance ce que les policiers projetaient de faire donnait à Henri la possibilité d’aviser à temps les membres de son groupe pour leur éviter de se faire coincer et se retrouver derrière les barreaux. C’est ainsi qu’un soir, le sergent Chouinard lui révéla qu’une équipe d’intervention tactique se préparait à faire un gros coup de filet pour capturer la bande de crapules qui opérait dans la région. Henri n’avait pas besoin qu’il lui fasse un dessin pour comprendre que c’était de son groupe à lui dont le policier parlait.
Sans plus tarder, dès que le sergent Chouinard et sa femme furent sortis de chez lui, il appela Alfred et lui demanda de réunir le groupe au Club où il avait l’habitude de se rencontrer. La réunion fut de courte durée. Henri leur annonça que la police s’apprêtait à mettre le grappin sur leur gang et qu’il jugeait plus sage pour l’avenir de chacun de dissoudre le groupe. Il leur suggéra de quitter la région, d’aller refaire leur vie ailleurs, de laisser retomber la poussière et de se faire oublier pour un certain temps.
Henri prit le temps de remercier et de donner une poignée de main chaleureuse à chacun de ses hommes tout en leur souhaitant bonne chance. Alfred fut le dernier à quitter l’établissement avec lui. Tous deux promirent de se téléphoner dans les prochains jours, mais, par prudence, aucun ne le fit.
C’est ainsi que Henri mit fin à ses activités de malfrat et continua d’opérer sa bijouterie en augmentant graduellement son chiffre d’affaires en toute légalité. Au cours des années qui suivirent, il se contenta de frauder le système avec prudence et de faire de fausses déclarations d’impôts en s’assurant de ne jamais se faire pincer.
Une nuit, environ deux ans après la dissolution du groupe, Henri eut un accident de voiture dans lequel sa femme y laissa la vie.
Complètement anéanti, il lui avait fallu plusieurs années pour se remettre des séquelles de cet accident et pour survivre à la mort de Gisèle.
Un jour où il était déprimé, une rage sourde était montée du plus profond de ses entrailles et s’était amplifié au point qu’il avait complètement perdu les pédales. Il avait crié et s’était défoulé sur tout ce qui lui tombait sous la main. Sa cuisine était complètement dévastée lorsqu’il finit par se calmer.
Il sut, dès cet instant, qu’il ne pourrait pas vivre en paix tant et aussi longtemps qu’il n’aurait pas réglé le compte du chauffeur qui avait détruit sa vie et qui était responsable de la mort de Gisèle. Elle était la femme de sa vie, la seule qu’il ait aimée et chérie avec qui il s’était marié. Il espérait passer sa vie auprès de Gisèle. Il avait toujours pensé qu’ils vieilliraient ensemble, profitant tranquillement de la vie, à l’abri des tracas d’argent.
Il entreprit plusieurs démarches afin de connaître l’identité de l’homme qui conduisait le véhicule qui était entré en collision avec leur voiture, le soir du drame.
Malheureusement, trop d’années s’étaient écoulées depuis l’accident et personne ne pouvait lui répondre. Henri chercha pendant des années et alla même consulter les archives des journaux locaux. Il trouva l’entrefilet où un journaliste donnait quelques informations de l’accident impliquant deux voitures qui avait eu lieu sur une route à Saint-Damien, dans le comté de Bellechasse, où une femme avait perdu la vie. Mais il n’était fait mention nulle part du nom des personnes impliquées dans l’accident.
Complètement découragé, Henri réalisa qu’il n’existait qu’une seule place où il avait une chance d’obtenir l’information qu’il désirait. Misant sur les liens d’amitié qu’il avait continué d’entretenir avec le sergent Chouinard, il lui avait téléphoné et s’était risqué à lui demander d’effectuer une petite recherche pour lui. Sous prétexte qu’il avait des problèmes de sommeil depuis quelques semaines parce qu’il se faisait continuellement du souci pour le conducteur de l’autre véhicule impliqué dans l’accident. Il expliqua au policier qu’il aimerait bien savoir s’il avait survécu à l’accident, mais, étant donné qu’il ne connaissait pas son identité, il lui était impossible de le vérifier. Ne voyant aucun problème à lui fournir cette information, le sergent Chouinard fit appel au recherchiste pour fouiller dans les rapports archivés à la Centrale de police.
Le lendemain, ne se doutant pas que sa démarche mettait en danger la vie d’un homme, le sergent Chouinard rappela son ami Henri et lui donna le nom de l’autre conducteur impliqué dans l’accident. Henri prit en note l’information et le remercia chaleureusement avant de fermer la communication.
Ce n’est qu’après qu’il eut en main l’information tant désirée que Henri se mit à réfléchir sur la façon dont il pourrait s’y prendre pour se débarrasser de celui qui avait fait de sa vie un enfer.
Les membres de son ancien groupe s’étaient dispersés depuis de nombreuses années et aucun d’eux n’avait gardé de contact avec lui. Il se rendit alors compte que, seul, il ne pourrait jamais assouvir sa vengeance. Il avait besoin de quelqu’un pour l’aider à mener à terme son projet. Quelqu’un en qui il avait totalement confiance. Il ne pouvait pas discuter de son projet avec n’importe qui. La seule personne qui lui vint en tête fut Alfred Mercier. C’est ainsi qu’il entreprit des recherches pour le retrouver et qu’il finit par avoir un premier contact téléphonique avec lui. Leur communication fut brève. Ils échangèrent quelques mots pour exprimer leur joie de se retrouver et Henri informa Alfred qu’il voudrait le voir, car il aimerait pouvoir discuter avec lui. Alfred lui demanda s’il possédait toujours son commerce et, ayant reçu une réponse positive, promit de lui rendre visite à sa bijouterie au cours de la semaine.
Alfred Mercier n’était pas retourné dans son village natal depuis dix-huit ans. Après le démantèlement du groupe dont il faisait partie dans sa jeunesse, il n’avait jamais cherché à contacter ses vieux copains. Il avait suivi les conseils de son chef. Il avait fait ses bagages et quitté son appartement sans aviser le propriétaire. Au volant de sa voiture, il s’était dirigé vers Québec et avait vécu quelque temps dans un petit deux et demi meublé. Ayant un physique imposant, il s’était fait engager dans un club de Charlesbourg comme videur de boîte de nuit et, petit à petit, il s’était familiarisé avec sa nouvelle ville d’adoption.
Son poste lui permit de faire la connaissance d’un homme important qui faisait la tournée des clubs à la recherche de gars qui n’avaient pas de scrupules à se salir les mains de temps en temps.
Alfred n’avait pas réfléchi très longtemps avant d’accepter de se joindre à l’organisation de criminels.
Alfred savait que l’organisation s’appelait « La Loi de tous ». Il connaissait tous les membres qui en faisaient partie dans la région de Québec, mais ignorait qui en était le véritable chef.
L’homme qui avait pour mission de recruter de nouveaux membres et qui s’occupait des contrats, c’était Patrick Turcotte et tout le monde l’appelait patron. Il était le seul à servir d’intermédiaire entre les membres de l’organisation et leur chef. Seuls quelques-uns des membres connaissaient le numéro où on pouvait joindre Patrick Turcotte et Alfred était heureux de faire partie de ces privilégiés.
Un jour où il rêvassait pendant qu’il conduisait sa voiture, Alfred passa devant une bâtisse toute délabrée dont les vitrines étaient obstruées par des panneaux de contreplaqué. En voyant qu’il s’agissait d’un magasin d’appareils électroniques, qui représentait le rêve de sa vie, Alfred avait noté les coordonnées de l’agent immobilier chargé de vendre le commerce. Compte tenu des travaux nécessaires à la restauration du bâtiment, Alfred négocia ferme et eut le commerce pour une bouchée de pain. Il acheta tout ce qu’il y avait sur le terrain de l’ancien propriétaire qui comprenait un magasin d’appareils électroniques, un entrepôt construit juste derrière et une maison située à droite du commerce.
Il lui fallut près de six mois pour remettre en état tous les bâtiments. Il changea le nom de l’enseigne pour : « Mercier, le Roi de l’informatique » et, de videur de boîte de nuit, il devint commerçant d’ordinateurs, de téléviseurs, de chaînes stéréophoniques et autres appareils électroniques.
Il vérifia auprès des membres de l’organisation pour savoir qui, parmi eux, avaient de l’intérêt, des aptitudes ou des connaissances en informatique ou en électronique. Il engagea officiellement Maurice Savard et Roger Plourde et les nomma gérants afin qu’ils puissent le remplacer lorsqu’il devait s’absenter. Il aménagea un petit local sans fenêtre, dans la partie arrière de l’entrepôt, qui servit d’endroit pour leurs réunions secrètes avec les autres membres de l’organisation.
Afin de répondre à la demande de son vieil ami Henri, Alfred avait confié son magasin d’appareils électroniques à Maurice et il était parti pour Saint-Damien, paroisse du comté de Bellechasse, au sud du fleuve Saint-Laurent.
Il roula pendant une heure sur des routes sinueuses et cahoteuses, avant de garer sa voiture devant la bijouterie de Saint-Damien. De remettre les pieds dans cette municipalité fit ressurgir en lui une quantité incroyable de souvenirs.
Autrefois, il se rappelait avoir passé des heures à discuter avec le propriétaire de la bijouterie qu’il considérait comme son patron à l’époque. Quand il faisait partie de son groupe, tous les gars avaient l’habitude de se retrouver, dans les bistrots du coin, devant une bière ou un verre d’alcool.
Un peu fébrile à l’idée de revoir Henri après ces longues années, Alfred poussa la porte de la bijouterie. Une femme, dans la quarantaine, aux cheveux blonds décolorés et aux lèvres d’un rouge un peu trop agressif à son goût, lui demanda ce qu’elle pouvait faire pour lui.
— Pourrais-je voir monsieur Henri Couture, s’il vous plaît ? dit-il de sa voix nasillarde.
Hésitante, voyant cet individu pour la première fois de sa vie, Yolande le détailla de la tête aux pieds. Proche de la cinquantaine, les yeux bruns, les cheveux poivre et sel, l’individu portait un habit bleu sous un long manteau de cuir noir.
Alfred enleva ses gants de cuir et s’accouda au comptoir vitré.
— Est-ce qu’il est ici ? demanda-t-il en laissant traîner son regard sur les bijoux étalés dans la vitrine.
— Euh ! … Excusez-moi, répondit Yolande, embarrassée. Il ne vient pas souvent d’étranger par ici, alors je…
Elle décrocha le téléphone et composa un numéro.
— Bonjour, monsieur ! C’est Yolande ! Un monsieur demande à vous voir.
Elle tourna le dos au comptoir, plaça une main près de sa bouche et chuchota quelques mots dans l’appareil.
Amusé par l’attitude de la femme, Alfred sourit.
Elle devait le prendre pour un enquêteur du gouvernement, pensa-t-il. Comme par le passé, Henri ne devait probablement pas être en règle avec ses impôts.
— Monsieur Couture sera là dans cinq minutes, l’informa Yolande lorsqu’elle raccrocha.
Un peu nerveux, à cause du coup de fil de Yolande, Henri lissa ses cheveux gris à l’aide d’un peigne, laissa tomber une goutte de parfum sur le revers de sa veste d’habit et ajusta sa cravate. Se doutant que c’était son vieil ami Alfred qui le demandait, il voulait se présenter à lui sous sa meilleure apparence. Après tout, n’était-il pas son ancien patron et l’un des hommes les plus respectés de la municipalité ?
— En quoi puis-je vous être utile, cher monsieur ? demanda poliment Henri de sa voix fluette lorsqu’il eut franchi la porte arrière de la bijouterie.
Alfred sursauta et tourna vivement la tête vers l’homme qui venait de lui parler.
— Je… laissa-t-il échapper, stupéfait.
Il resta sans voix en voyant son vieil ami s’avancer vers lui en fauteuil roulant.
Pendant quelques secondes, ils se regardèrent en silence.
— Suis-moi ! dit simplement Henri à la grande déception de la préposée qui attendait impatiemment de savoir qui était l’homme au manteau de cuir.
Déçue de ne pas pouvoir satisfaire sa curiosité, Yolande ne quittait pas des yeux l’étranger qui marchait derrière le fauteuil roulant de son patron et le regarda sortir en refermant sur eux la porte donnant sur l’arrière-boutique.
— Alfred ? … Alfred Mercier, est-ce bien toi ? s’enquit Henri en effectuant un demi-tour avec son fauteuil roulant.
Il avait peine à contenir la joie que lui procurait la vue de son vieil ami.
— En chair et en os ! répondit Alfred tout en souriant.
Ils échangèrent une chaude poignée de
