À propos de ce livre électronique
D’un pas assuré et régulier, il se dirigea lentement vers la femme apeurée. Il s’arrêta à un pas d’elle et la regarda droit dans les yeux.
— Qu’est-ce que tu attends ? … Allez, tire ! la défia-t-il, sans la quitter des yeux.
Il savait qu’elle n’en était pas capable. Elle n’avait pas le cran nécessaire pour le faire.
Avec une lenteur calculée, il leva le bras gauche et, de sa main énorme, il enveloppa calmement le canon de l’arme qu’elle tenait braquée sur lui.
Micheline Roussel vit l’homme lui enlever l’arme des mains. Elle était figée par la peur.
Cet homme l’avait tellement terrorisée durant les dernières semaines qu’elle n’arrivait pas à faire ce qu’elle s’était promis de faire.
Elle réalisa soudain dans quelle situation elle s’était mise. Elle jeta un regard vers l’extrémité de la ruelle et calcula mentalement la distance qui la séparait de la liberté.
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Aperçu du livre
Le CHAT NOIR - Lise Picard
Les enquêtes secrètes de
Thomas-Édouard Victorin
Le Chat Noir
Lise Picard
Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.
Distributeur : Distribulivre
www.distribulivre.com
Tél. : 1-450-887-2182
Télécopieur : 1-450-915-2224
© Les Éditions de l’Apothéose
Lanoraie (Québec) J0K 1E0
Canada
apotheose@bell.net
www.leseditionsdelapotheose.com
Première édition : 978-2-925292-00-5
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2025
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2025
ISBN EPUB : 978-2-89878-043-1
ISBN : 978-2-89775-995-7
Imprimé au Canada
Le livre Le Chat Noir est purement imaginaire. Toute ressemblance des personnages avec des personnes existantes ou ayant déjà existé n’est que pure coïncidence.
Remerciements
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à l’élaboration de ce livre.
À tous ceux qui m’ont soutenue et qui ont cru en moi, à mon éditeur, et, particulièrement à mon conjoint, qui m’a supportée durant mes longues périodes d’écriture avec une patience exemplaire.
Lise Picard
Chapitre 1
Un soir de juillet, Raymond Martel et sa femme, Marie-Jeanne, étreignirent chaleureusement Isabelle, leur fille unique, ainsi que Richard, leur gendre. Ils n’osèrent pas embrasser leur petit-fils de trois ans, dormant dans les bras de son père, de peur de le réveiller.
Après avoir promis de passer un peu plus de temps avec eux la prochaine fois qu’ils viendraient les voir, le mari et la femme, tous deux dans la vingtaine, franchirent la porte des Martel et se dirigèrent vers leur voiture. Richard coucha son fils sur la banquette arrière. Isabelle monta à l’avant. Richard fit un dernier au revoir de la main à ses beaux-parents et prit place au volant.
Raymond et Marie-Jeanne restèrent un moment sur le perron de la porte. Ils regardèrent la voiture s’éloigner, puis disparaître dans la nuit. La gorge nouée, ils entrèrent et refermèrent la porte. À chaque fois, c’était la même chose. Ils sentaient toujours un immense vide après le départ de la petite famille. Ils tentèrent l’un l’autre de se remonter le moral, comme ils le faisaient habituellement après leur visite. Malheureusement ce soir-là, leur peine ne s’apaisa pas. Marie-Jeanne se mit à pleurer. Raymond tenta de la consoler en la tenant tout contre lui pour qu’elle ne remarque pas qu’il avait les yeux pleins d’eau. Tout comme sa femme, Raymond ne parvenait pas à surmonter son chagrin. Une pensée affreuse l’assaillait. Il voulait la chasser de son esprit, mais elle lui collait à la peau comme une nuée de moustiques. Il entraîna lentement sa femme vers l’escalier menant à leur chambre à coucher. Il s’efforça de lui changer les idées pendant qu’ils se préparaient pour se mettre au lit. Raymond fut incapable de fermer l’œil. Il veilla sur le sommeil agité de sa femme et pria. Il demanda à Dieu de protéger la vie de leur fille et de sa famille.
Depuis qu’ils étaient partis de Donnacona, Richard et Isabelle n’avaient pas échangé un mot pour ne pas déranger le sommeil de leur fils.
Une main sur le volant, l’autre sur la cuisse d’Isabelle, Richard conduisait prudemment pendant que sa femme lui caressait la nuque. Ils n’avaient pas besoin de parler pour savoir ce qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. Au fil des années, leur amour avait grandi et s’était solidifié. Leur fils était le fruit de leur union que rien n’avait pu détruire.
Après avoir roulé une trentaine de minutes sur une route peu fréquentée, Richard sentit le bras d’Isabelle glisser sur son épaule. Il jeta un coup d’œil vers elle. Elle avait la tête légèrement tournée de côté et inclinée vers l’arrière sur l’appuie-tête. Ses cheveux blonds lui cachaient la moitié du visage. Elle s’était endormie. Il déplaça doucement les mèches de cheveux et lui ramena le bras tout près d’elle pour ne pas, qu’à son réveil, il soit tout engourdi. Le poste de radio étant éteint, il écouta la respiration régulière et calme des êtres qu’il chérissait.
Quelques kilomètres plus tard, il leva les yeux sur son rétroviseur. Il vit les phares d’une voiture qui venait derrière eux. Richard roulait en ne dépassant pas les limites permises, alors il ne s’étonna pas de voir le véhicule gagner rapidement du terrain. Il regrettait seulement que sa voiture ne soit pas équipée d’un radio-émetteur comme celle dont il se servait régulièrement pour son travail. Il aurait aimé signaler la présence de ce chauffard qui semblait prendre la route pour une piste de course.
Agents fédéraux, Richard et Isabelle menaient une vie dangereuse. Ils procédaient régulièrement à l’arrestation de trafiquants de drogue ou d’armes, de faux-monnayeurs et de tueurs à gages. Plusieurs rêvaient du jour où le couple serait mis hors circuit, mais ils n’osaient pas s’en prendre à eux. Éliminer des agents fédéraux, c’était beaucoup trop risqué. Par contre, il s’en trouvait quelques-uns qui n’avaient pas froid aux yeux et se moquaient bien des conséquences de leurs actes. Si le prix à payer pour éliminer le couple était de passer le reste de leur vie en prison, ils étaient prêts à l’accepter.
Depuis des années, le couple investissait une grosse partie de leur salaire afin qu’il soit rentable au maximum. Au rythme où allaient leurs affaires financières, Richard et Isabelle croyaient être en mesure de prendre leur retraite dans une dizaine d’années. À ce moment-là, ils vaudront plus d’un million en valeurs de toutes sortes. Ils pourront alors mener une vie rangée et se consacrer entièrement à l’éducation de leur fils et voir à son bien-être.
Lorsque la distance entre sa voiture et celle derrière eux fut réduite à une dizaine de mètres, Richard remarqua qu’une deuxième voiture suivait de près la première. Encore deux fous du volant, pensa-t-il. Ils ont dû faire un de ces paris idiots qui consiste à parcourir dans un temps record la distance entre deux points précis déterminés à l’avance par les deux chauffeurs.
Légèrement ennuyé par les phares qui lui reflétaient dans les yeux par le biais du rétroviseur, Richard poursuivit sa route en espérant que les deux voitures ne tarderaient pas à les dépasser. Sitôt qu’il eût fait ce souhait, il aperçut les phares d’un autre véhicule, sur la route devant lui. Il aurait dû normalement voir les feux arrière du véhicule et non les phares avant. Le chauffeur du véhicule, apparemment un camion lourd, circulait dans le mauvais sens de la route. Ne semblant pas se rendre compte du danger, ce dernier poursuivait sa route, fonçant à vive allure vers les trois voitures venant vers lui. Le camion roulant sur la voie de droite, Richard amena sa voiture sur celle de gauche afin d’éviter la collision. Richard espérait que les deux autres conducteurs l’imiteraient, mais, ne les voyant pas réagir, il crut qu’ils ne s’étaient pas aperçus de ce qui se passait. La première voiture se faufila à sa droite et resta à sa hauteur. Tandis que l’autre voiture changea de voie et se plaça derrière lui. Concentré sur l’approche du camion venant sur eux, Richard ne porta pas attention au stratagème des deux voitures.
Le camion changea brusquement de voie pour prendre la même voie que lui. D’un réflexe, Richard tira sur son volant pour revenir sur l’autre voie. Il tressaillit en voyant la voiture à sa droite. Il donna un coup de volant et ramena sa voiture de justesse. Il voulut freiner afin de s’enfiler derrière la voiture à sa droite. Il constata avec horreur que la deuxième voiture lui collait au cul et qu’il ne pouvait pas manœuvrer comme il le voulait. C’est alors qu’il se rendit compte du piège se resserrant subrepticement sur lui. Malheureusement, il était trop tard. Les bandits avaient trop bien manœuvré, il ne lui restait aucune porte de sortie.
Le ravin en V sur sa gauche était la seule issue encore possible. En homme d’action habitué à prendre rapidement des décisions, Richard préféra risquer ce chemin plutôt que d’essuyer un face-à-face avec le lourd véhicule. Quand le camion ne fut plus qu’à quelques mètres devant lui, Richard se cramponna à son volant et le tourna avec fermeté sur la gauche. La voiture se détacha de la route. Elle exécuta deux tonneaux, glissa en entraînant avec elle herbe verte et terre visqueuse, et alla arrêter sa course dans les profondeurs du ravin. Couchée sur le côté gauche, la voiture s’était embourbée dans la terre glaise. Le moteur avait étouffé et la roue avant droite tournait dans le vide. Le phare de gauche, le seul encore intact, n’arrivait pas à projeter de la lumière au-delà de l’épaisse motte de terre et d’herbe qui s’y était agrippée.
Ils étaient trois à avoir assisté à la scène. L’un d’eux descendit au fond du ravin pour constater l’étendue des dégâts. Il grimpa sur le côté de la voiture et tenta en vain d’ouvrir l’une des portières. Il ne put pénétrer dans le véhicule et vérifier si les occupants étaient encore en vie. Il jeta un regard autour de lui. Bien sûr, il aurait pu craquer une allumette et mettre le feu à la voiture, mais il lui vint une autre idée. Il retourna sur la route et informa ses complices de la situation. Ceux-ci furent d’accord avec son projet. Peu après, une des voitures fut garée dans le bas-côté de la route, un long tube flexible fixé au tuyau d’échappement et le moteur remis en marche. Déroulant le tube derrière lui, le bandit redescendit dans le ravin. Le camion et la deuxième voiture reprirent la route afin de ne pas attirer l’attention d’un quelconque voyageur de nuit. De retour près du véhicule enlisé, le bandit posa ses outils sur le sol glaiseux. Le faisceau de sa lampe de poche balaya le dessous de la voiture. Il ne lui fallut qu’une dizaine de minutes pour pratiquer un trou dans le plancher de la voiture et y enfoncer l’extrémité du tube. Au bout d’une heure, le bandit retira le tube du trou, ramassa ses outils, effaça ses traces dans la terre glaise et repartit, satisfait de la tâche accomplie.
Richard souffrait atrocement lorsqu’il reprit ses esprits. Le visage collé contre une vitre, il lui fallut un certain temps avant de se rappeler ce qui s’était passé. La faible lueur que la lune et les étoiles projetaient à travers les fenêtres ne lui permettait pas de bien voir l’intérieur de la voiture. Il avait du mal à respirer. Il était coincé sous le corps d’Isabelle. Il essaya de bouger un bras. Une douleur aiguë l’avertit qu’il devait se passer des services de son bras gauche. Il parvint avec peine à dégager son autre bras. Il se toucha, essaya d’atteindre tout ce qu’il put. Ses doigts palpèrent une vilaine blessure à la tête. Il avait le bras gauche fracturé à deux endroits, des côtes cassées, la hanche gauche fêlée et le fémur de la jambe droite fracturé.
Le corps d’Isabelle l’écrasait contre la portière du véhicule. Richard eut un pincement au cœur en lui tâtant le cou. Elle était morte. Sa bien-aimée aux cheveux dorés n’aurait plus jamais l’occasion de rire. Il ne pourra plus valser avec elle, la tenir dans ses bras, lui dire qu’il l’aime. Tous ses beaux rêves venaient d’être anéantis. Il ferma les yeux et souhaita rejoindre rapidement Isabelle. Il se sentait déjà emporté hors de la voiture. Il voyait son corps, celui de sa femme ainsi que celui de leur fils. Des sanglots lui parvinrent aux oreilles. Des pleurs ? Mais d’où venaient-ils ? De l’intérieur de la voiture. Il fallait qu’il sache de qui ils provenaient. Il écouta attentivement. C’était une petite voix, une voix d’enfant. Son fils ! Son fils avait survécu à l’accident. Il ne pouvait le quitter, il devait rester pour lui.
Richard se sentit de nouveau mal dans son corps. Il desserra les lèvres et, s’efforçant de prendre une voix rassurante, il appela son fils. Le petit garçon cessa momentanément de pleurer et s’approcha de lui. À sa grande surprise, l’enfant lui demanda pourquoi il avait autant de sang sur le visage. Richard, qui distinguait à peine l’emplacement des fenêtres, ne comprit pas comment son fils faisait pour voir son visage. Il le questionna. Avec ahurissement, il entendit la petite voix entrecoupée de sanglots lui décrire, dans ses mots d’enfant, les blessures d’Isabelle. Le gamin était terrorisé. Richard aurait préféré qu’il ne voie pas ses parents ainsi. Il lui parla doucement, essaya d’attirer son attention afin qu’il ne reste pas accroché à ces horribles images. L’enfant vint se blottir contre lui et cessa de pleurer. Richard sentit une petite main lui effleurer les paupières. Il rouvrit les yeux et regarda devant lui, là où devait être la tête de son fils. Richard ne voulait pas le quitter, mais il savait qu’il n’en avait plus pour très longtemps. Le corps inerte d’Isabelle pesait lourdement sur lui. Il avait le bras gauche ankylosé et il ne sentait plus le bas de son corps. Il entoura de son bras droit le corps fragile de son fils et lui demanda d’appuyer sa tête contre sa poitrine. Il savait que l’enfant pourrait entendre les battements de son cœur et ainsi se sentir plus en sécurité. Richard devait fermer les yeux et il ne voulait pas que son fils en soit effrayé. Il devait absolument se concentrer s’il voulait tenir jusqu’à ce que les secours arrivent. Il n’avait pas le droit d’abandonner son fils maintenant, il n’avait que trois ans. Richard se mit à lui parler d’une voix apaisante. Peu à peu, il sentit le petit corps se détendre et se calmer.
Richard était en train de glisser dans le sommeil lorsque son sixième sens l’avertit d’un danger. Il bougea un peu la tête, renifla l’air. À travers les effluves de sang, il capta des odeurs de gaz d’échappement. Il avait la rage au cœur, il ne voulait pas que son fils meure asphyxié. Après avoir fait un effort pour tenter de déplacer le corps d’Isabelle, il y renonça, vaincu. Le moindre mouvement lui sciait le dos à la hauteur des reins et lui broyait les poumons. Se sachant à l’article de la mort, il apposa son pouce droit sur le front de son fils et l’endormi en utilisant son pouvoir magnétique.
Il ferma les yeux et consacra les derniers instants de sa vie à essayer de sauver celle de son enfant. Le même phénomène étrange se produisit simultanément chez le père et le fils. Leurs battements cardiaques se mirent à ralentir de façon graduelle, de même que leur respiration. L’intérieur de la voiture fut plongé dans un silence complet.
Vers les six heures trente du matin, Richard perçut des éclats de voix. Il sut que son fils serait bientôt secouru. Quand il entendit un bruit de tôle froissée et le grincement d’une portière qui s’ouvrait au-dessus d’eux, Richard libéra son fils de l’emprise qu’il avait sur ses signes vitaux et du sommeil hypnotique dans lequel il l’avait maintenu au cours de la nuit. L’instant d’après, sa main droite tomba mollement sur la vitre de la portière. Ses poumons et son cœur s’arrêtèrent définitivement de fonctionner.
Plusieurs personnes s’affairèrent à sortir les victimes du véhicule accidenté. Les inspecteurs Georges Hébert et Serge Lemoine faisaient partie des policiers dépêchés sur les lieux. Tous deux travaillaient pour la Sûreté du Québec, section criminelle. Serge Lemoine était le beau-frère de Richard. Il avait reçu un choc en voyant la voiture au fond du ravin. Georges dut l’aider à remonter sur le bord de la route après qu’il eut regardé les victimes. Les jambes et les bras de sa belle-sœur étaient fracturés. Elle avait le front renfoncé. Le corps cyanosé de son beau-frère semblait avoir été broyé. Le gamin, son filleul, était couvert du sang de ses parents, mais il ne semblait pas avoir la moindre égratignure. Son petit corps était aussi cyanosé que celui de son père. Cette terrible vision des trois corps baignés de sang et entassés au fond de la voiture hanta longtemps les nuits de Serge Lemoine.
Effondré sur la banquette de la voiture banalisée, Serge pensa à sa femme, Charlotte, à la façon dont il lui annoncerait le décès de son frère et de sa belle-sœur, aux réactions qu’elle aurait en apprenant la mort de leur filleul. Il en était là de ses réflexions lorsque des cris résonnèrent à ses oreilles : « Le petit est vivant ! » Tout d’abord, il crut que c’était l’effet de son imagination, puis il entendit à nouveau : « Le petit est vivant ! » Il bondit hors de la voiture et se précipita vers l’ambulancier qui transportait le gamin en lui faisant du bouche-à-bouche.
Une enquête fut entreprise, la voiture passée au peigne fin. Les experts découvrirent le trou au plancher et à quoi il avait servi, mais on ne put déterminer qui l’avait fait ni comment l’accident avait été provoqué. Le dossier resta en suspens très longtemps avant d’être classé affaire non résolue.
Fortement intoxiqué, le gamin passa plusieurs jours dans le coma. Quand il reprit pied dans le monde des vivants, il réclama ses parents. On lui expliqua que ses parents étaient partis pour un long voyage, il ne voulut rien entendre. Il se mit à développer une répulsion maladive envers l’hôpital. Cet état de rejet psychologique s’accrut au fur et à mesure que les jours passaient. Petit à petit, l’enfant se referma sur lui-même. Il n’accepta plus de nourriture. Sa santé se détériora rapidement. Les médecins craignirent à nouveau pour sa vie. Ils avaient tout essayé pour lui changer les idées, rien n’avait fonctionné. Le gamin ne voulait plus vivre, il se laissait mourir.
Le médecin qui le traitait convoqua de toute urgence son tuteur et parrain, Serge Lemoine. Il lui annonça l’état de santé précaire de l’enfant. Il lui fit part de la dernière alternative qu’il croyait susceptible de sauver l’enfant, l’éloigner de l’hôpital. Devant l’urgence de la situation, Serge Lemoine décida sur-le-champ d’emmener l’enfant chez lui.
Au bout de six mois, le petit était complètement rétabli. Avec le temps, le souvenir de ses parents cessa de l’obséder. Il s’habitua à vivre avec son parrain et sa marraine, qui l’aimaient déjà comme leur propre fils.
Vers l’âge de dix ans, le jeune garçon s’effondra dans la chambre d’un hôpital. Il avait accompagné son parrain qui rendait visite à l’un de ses collègues, grièvement blessé lors d’une fusillade.
En ramassant son filleul inconscient, Serge se promit de ne plus jamais le ramener dans un hôpital.
Quand l’enfant eut repris ses sens, il lui expliqua que sa défaillance était due au traumatisme important qu’il avait subi lors du décès dramatique de ses parents et du long séjour à l’hôpital qu’avait nécessité son état à ce moment-là.
Chapitre 2
Depuis plus de vingt-cinq ans, Georges Hébert et Serge Lemoine faisaient équipe ensemble. Reconnus comme les deux meilleurs inspecteurs de la Criminelle, ils étaient des amis inséparables. À maintes reprises, ils avaient mis le grappin sur des individus plus ou moins dangereux.
Un jour, ils furent aux prises avec un véritable sadique. L’individu avait pour habitude d’entrer chez les gens pendant leur sommeil. Il les ligotait, les torturait sauvagement et repartait une fois qu’il les avait tués.
Sept personnes avaient déjà été victimes de ce type assoiffé de sang. Serge et Georges étaient sur les dents. Ils enquêtaient, jour et nuit, travaillaient d’arrache-pied pour coincer le meurtrier, mais ils n’y parvenaient pas.
Quatre mois après le début de cette pénible affaire, ils en étaient au même point et le nombre de victimes continuait d’augmenter.
Un soir d’avril, Serge annonça à Georges qu’il connaissait une jeune recrue qui pourrait peut-être les aider. Georges était réticent à l’idée de joindre une troisième personne à leur équipe, mais Serge étant son vieil ami, il accepta.
Après ce soir-là, chaque fois que Georges entrait chez lui, il parlait continuellement à sa femme du jeune freluquet que lui avait présenté Serge. Georges se posait des questions. Il ne voyait pas comment un adolescent ferait pour les aider dans leur enquête.
— Tu devrais le voir, Cécile, il ne fait presque jamais rien, dit-il un soir à sa femme. Il passe son temps à regarder partout et à réfléchir en silence. Je sais que c’est le filleul de Serge, mais je me demande bien ce qu’il peut lui trouver de si extraordinaire ? Moi, j’ai l’impression qu’il s’amuse plus qu’autre chose.
Un mois après que le jeune homme se fut joint à eux, Georges avait changé d’opinion à son sujet. Il le respectait et avait de l’estime pour lui. Car, grâce à lui, ils avaient failli par deux fois mettre la main sur le tueur. Ce dernier devait se douter qu’à sa prochaine manifestation, il se ferait prendre, puisqu’il cherchait à se faire oublier ; il ne faisait plus de victime.
Une nuit, Cécile et Georges dormaient paisiblement lorsque le meurtrier pénétra chez eux. Cécile fut brusquement réveillée par le contact d’une main plaquée fermement sur sa bouche. Le visage d’un homme se tenait à cinq centimètres au-dessus du sien. Il la regardait de ses yeux sombres tout en lui piquant le cou avec la pointe de son couteau. Elle aurait voulu crier, mais elle ne le fit pas. Elle savait que l’homme n’hésiterait pas à lui enfoncer le couteau dans la gorge.
Georges, terriblement fatigué par son enquête, continuait de dormir profondément pendant que le bandit la bâillonnait et la ligotait.
L’individu transporta Cécile au salon, la balança sur le divan tel un sac de patates et retourna dans la chambre à coucher. Terrifiée, Cécile se démena, elle n’arriva pas à se libérer de ses liens.
Quand l’individu réapparut, il portait Georges sur son épaule, ligoté et bâillonné. Le
