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derrière tout homme marche son ombre: thriller
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Livre électronique246 pages3 heures

derrière tout homme marche son ombre: thriller

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À propos de ce livre électronique

Il était un policier comme tant d'autres.......
Dans la forêt de Rambouillet on a trouvé un cadavre, des mains coupés et une phrase en latin.
LangueFrançais
Date de sortie16 août 2017
ISBN9782322081677
derrière tout homme marche son ombre: thriller
Auteur

Robert Jovanovic

34 ans, officier de police judiciaire en Ile de France, il écrit en mélangeant les faits réels avec son imagination. "Derrière tout homme marche son ombre" est son premier thriller.

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    Aperçu du livre

    derrière tout homme marche son ombre - Robert Jovanovic

    derrière tout homme marche son ombre

    Il importe de rendre à chacun ce qui lui revient. Il importe de rendre à chacun ce qui lui revient.Nom de l'auteurIntroductionDate

    Page de copyright

    Il importe de rendre à chacun ce qui lui revient. Il importe de rendre à chacun ce qui lui revient.Nom de l'auteurIntroductionDate

    DERRIERE TOUT HOMME

    MARCHE SON OMBRE

    Thriller

    Je dédicace ce livre à ma maman,

    qui a toujours cru en mon écriture.

    Je remercie spécialement ma femme et ma sœur,

    qui m’ont été d’une aide précieuse tout au long de cet ouvrage.

    Papa, je pense à toi…

    ***

    *

    « À tous les Vulcains de Lutèce, une voiture en fuite arrive sur notre secteur. Renault Mégane immatriculée 457 DEB 93. Véhicule ayant fait un refus d’obtempérer à la BAC 75N, se trouvant actuellement sur l’A6 sens province à hauteur de porte d’Orléans. Accusez réception. »

    Comment cet appel avait-il pu changer si radicalement le cours de mon existence ? À dire vrai, je me le demande encore. Ces quelques mots m’avaient fait emprunter un chemin que je pensais inaccessible. Avec le recul, je crois que je le savais déjà au fond de moi. On pouvait mentir aux autres, mais à soi-même, c’était impossible. Ce fil sur lequel je marchais depuis ma naissance était prêt à se rompre de lui-même pour choisir sa route. D’un côté le bien, de l’autre le mal. Et mon existence chevauchant cette ligne de vie. Était-ce le destin qui me fit basculer ? Je ne le sais guère. Ce que je sais en revanche, c’est qu’aujourd’hui, je suis sorti des lignes écrites par notre société, de ces lavages de cerveau que sont la scolarité et la sociabilité, de cette capacité qu’a l’homme intelligent de dominer l’homme croyant en ses idées. Avant tout cela, je n’étais que le spectateur de ce combat qui existait entre les deux êtres cohabitant mon âme meurtrie. On dit que l’individu est la somme des personnalités qui l’habitent. Peut-être, mais qu’est-ce qu’une personnalité ? N’est-elle pas elle-même l’addition des actions et des pulsions qui nous gouvernent ? Si tel est le cas, la notion de libre arbitre n’existe pas, et donc, intrinsèquement, le choix n’existe pas.

    Le tracé qu’emprunte notre vie n’est en réalité que le reflet de nos actions.

    ***

    *

    — Message bien reçu pour Vulcain 21.

    Ce jour-là, j’étais chef de patrouille. Est-ce que nous allions nous y rendre ? Je n’avais pas encore pris ma décision. Patrice me regardait les yeux pleins d’interrogations. Il était à peine cinq heures trente, nous prenions tout juste le service. Nous étions, comme tous les samedis matin, en route vers une boîte de nuit parisienne afin d’y effectuer un contrôle d’alcoolémie. Nous avions reçu le message radio juste avant un embranchement d’autoroute, entre l’A6a et l’A6b. À droite, le contrôle alcoolémie dont le déroulement monotone se passerait comme à chaque fois. Une personne alcoolisée, un véhicule enlevé, une procédure de police établie. À gauche, l’inconnu.

    Notre destin est une succession de choix, mais parfois, au croisement de nos vies, deux chemins opposés se disputent notre âme. Ils ne sont ni bons ni mauvais, mais tout simplement différents. Je décidais de m’engager sur la gauche.

    — Lutèce de Vulcain 21, on va se rendre au passage de service afin de voir si le véhicule en fuite emprunte cet itinéraire.

    — Bien reçu 21.

    Je posai la radio sur son socle et regardai mon binôme. Ce curieux bonhomme marseillais avait un accent à couper au couteau. Il était gros, jovial, grande gueule, mais pas méchant. Sa femme et son fils l’attendaient dans le Sud, mais pour lui, la mutation n’arrivait pas. À presque quarante ans, il dormait toujours à la caserne, loin des siens.

    — Patoche, mets ta ceinture ! lui dis-je entre deux changements de vitesse.

    — Ça va, ne t’en fais pas, je te fais confiance, me répondit-il en actionnant le gyrophare.

    En tournant la tête, je vis son sourire de benêt qui me faisait tant rire en temps normal. Mais pas ici, pas maintenant. J’étais intransigeant avec la sécurité de mes collègues. Je figeais mes yeux marrons dans les siens, ce dernier comprit, et mit sa ceinture non sans ronchonner légèrement. Puis, je détournai mon regard sur la route, et sentis que mon pied droit appuyait doucement sur l’accélérateur. En cette fin de nuit orageuse, notre première intervention de la journée était lancée.

    J’aimais à regarder par la fenêtre, sur le bord de l’autoroute, ces villes endormies. Leur image différait selon les saisons, leurs lumières éblouissantes faisaient contraste avec la noirceur de la nuit. Je me sentais bien sur la voie rapide à cette heure matinale. Peu de véhicules, un éclairage approximatif, et surtout, une population différente de celle du jour. Au milieu de la nuit, on avait parfois l’impression que deux mondes se côtoyaient sans savoir que l’autre existait. La nuit était une entité plus rapide, plus nerveuse, plus violente. Je m’y sentais à mon aise. Malgré le fait que nous soyons au milieu du mois d’août, de légères gouttes de pluie se mirent à tomber. Dans cette nuit d’été, elles dansaient dans la lumière des lampadaires bordant la chaussée. Le bruit des essuie-glaces sur le pare-brise, les roues avalant les kilomètres, la pluie battant le pavé, tout cela me pénétrait comme une musique venue d’ailleurs.

    — T’as bien dormi ? me demanda Patrice entre deux insultes lancées aux automobilistes qui ne s’écartaient pas à notre passage.

    — Oui, ma sieste fut bonne, lui répondis-je aimablement.

    Nous étions rentrés du travail hier soir à vingt-trois heures, et nous avions repris ce matin à cinq heures.

    Il me regardait en souriant. Nous étions de ceux qui avaient intégré les Compagnies Républicaines de Sécurité par amour du drapeau, par respect pour notre devise « servir ». Alors, dormir peu n’était pas un problème lorsqu’on exerçait une telle profession.

    Les minutes passèrent, notre point de chute approchait. Il était en vue à présent, plus que huit cents mètres et nous serions en position. À hauteur du passage de service, je ralentis doucement et pris place en attendant une hypothétique voiture en fuite. Le moteur était chaud, les gouttes sur le capot se transformaient en vapeur. Elles regagnaient le ciel et je les imaginais retomber plus loin, sous une autre forme, dans ce cycle mystérieux qu’était la vie. Je regardais cela avec une fascination enfantine. À cette époque, je croyais encore en la beauté de l’existence.

    Nous étions maintenant à l’arrêt. J’éteignis les phares et regardai paisiblement autour de moi. Dans cette nuit noire traversée par des lumières roulant à vive allure, j’avais la curieuse impression d’être comme assis dans un manège futuriste. Le chauffage de la voiture ne fonctionnait plus, mais nous n’avions pas froid. Je sentais le volant s’unir à mes mains moites, mes yeux ne piquaient plus, la fatigue était passée. J’étais à l’affût.

    Patrice ne disait mot, ses yeux globuleux scrutaient l’horizon à la recherche de notre salut. Les minutes passaient lentement, le temps semblait s’être figé. La tension était palpable, mais au fond de moi, je me disais que l’habitude prédominerait, que cette Renault Mégane, nous ne la verrions jamais passer. Ce ne serait qu’une fausse alerte de plus, elle ne différerait pas des autres. Parfois, je me demandais à quoi bon essayer. Mais la réponse était toute simple et sortait d’un cri du cœur. Je ne voulais pas donner raison au laïus d’une certaine couche de la population. Vous n’êtes jamais là au bon moment . Je croyais encore en ce que je faisais. Je me perdais dans mes pensées et commençais doucement à fermer les yeux quand un cri me réveilla en sursaut et me fit instantanément sortir de mes songes.

    — Elle est là ! hurla Patrice.

    Une voiture passa à vive allure devant nous, tous feux éteints. Derrière elle, un véhicule de police sirène hurlante semblait crier sa détresse. Mes yeux s’ouvrirent en grand pour capter au mieux la faible lumière des lampadaires éclairant l’autoroute. Mon souffle s’accéléra, mes muscles se gorgèrent de sang, mon corps se préparait pour le combat. Les pneus crissèrent, la poussière collée aux roues s’envola. La cible était là, la traque commençait.

    — Lutèce, Lutèce de Vulcain 21, nous sommes derrière le fuyard ! Il est sur l’A6 province pr…

    Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. La radio vola dans l’habitacle et Patrice fut projeté contre la portière. À une trentaine de mètres devant moi, je vis le véhicule de police faire une manœuvre d’évitement d’urgence. Faisant trop sombre et ne voyant rien, je décidai instantanément de le suivre dans son brusque changement de direction.

    J’eus le nez fin. En effet, le passager avant du véhicule en fuite jetait des boules de pétanque sur la chaussée. Elles rebondissaient sur le sol et continuaient leur course folle à la recherche d’un obstacle pouvant les arrêter. Je les entendis racler le bitume à côté de nous, mais j’étais tellement concentré sur la route, qu’aucun mot ne sortit de ma bouche. Patrice hurlait.

    — Quel enfoiré ! Je vais le buter !

    Je tournai la tête et vis la haine dans son regard. Il avait les yeux injectés de sang. Le conducteur de la Mégane effectuait un slalom interminable entre les véhicules sur l’autoroute. Il prenait des risques totalement inconsidérés. Il passait de la voie de gauche à la bande d’arrêt d’urgence sans aucune précaution. De brusques freinages et de violentes accélérations agrémentaient le tout.

    — Putain, mais il est malade ! hurlais-je en tenant fermement le volant de mes deux mains.

    La course-poursuite continuait, je me demandais comment nous allions l’arrêter.

    À quelques centaines de mètres devant moi, j’aperçus un feu arrière que je connaissais bien. Il s’agissait de celui d’une moto du même modèle que la mienne. Une Honda 954CBR. Je vis le véhicule en fuite se rapprocher de plus en plus rapidement de cette lumière rouge. J’eus envie de crier pour le prévenir, mais je me ravisai, conscient du ridicule de la situation. Le pilote ne pouvait pas m’entendre. Circulant toujours à très grande vitesse sur la voie de droite, il n’était plus qu’à une cinquantaine de mètres de la moto. Un bus scolaire étant présent sur sa gauche, le conducteur en fuite entreprit de dépasser le motard par la bande d’arrêt d’urgence. Un coup de volant à droite, une forte accélération, et là, il le vit. Un camion. C’était un camion de trente-cinq tonnes, en panne, arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence, tous feux éteints. Il l’évita de justesse en repassant sur la voie de droite, mais percuta la roue avant de la Honda. Une image apocalyptique emplit alors mon champ de vision. La moto monta dans les airs, éjectant dans l’instant celui qui fut son pilote. La machine tournoyait au-dessus de la route, libérant des morceaux de carénage qui s’éparpillèrent au gré du hasard. Ma notion du temps semblait s’être ralentie. Je regardais la moto se mouvoir lentement dans une danse funeste. Au premier impact sur le sol, le temps s’accéléra brutalement. La CBR rebondit sur la chaussée dans des vrilles incontrôlées, des gerbes d’étincelles jaillissant de cet animal en métal. L’une d’entre elles lécha subitement l’essence du réservoir et la moto prit feu dans une explosion assourdissante. Elle continua sa course ainsi couchée sur le flanc sur une centaine de mètres. Le pilote, quant à lui, était retombé sur le bitume, et glissait férocement vers le bas-côté de la chaussée. Il s’immobilisa sur les bords d’un talus, à droite de la route. Le véhicule de police qui nous précédait avait déjà ralenti et s’arrêta afin de porter assistance à la victime. Nous passâmes à côté à très vive allure, je vis Patrice qui regardait le pilote par la fenêtre d’un œil hagard. Dorénavant, nous étions seuls à tenter de rattraper le conducteur fou. Il accélérait sans discontinuer, rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Je n’avais pas le temps de réfléchir à la situation, toutes mes facultés étaient en éveil. Un léger coup d’œil sur mon passager me fit monter encore plus l’adrénaline. Il est malade, pensais-je, qu’est-ce qu’il fout ? Il avait repris ses esprits et se trouvait à présent à genoux sur le siège avant, la tête penchée dans l’habitacle arrière.

    — Qu’est-ce que tu branles ? Remets ta ceinture et dépêche-toi ! Ne pouvant pas lâcher la route des yeux, je ne voyais pas ce qu’il était en train de faire.

    — Je l’ai presque, me répondit-il.

    Il tentait désespérément de récupérer la radio qui se trouvait au sol, derrière le siège conducteur. Depuis qu’elle avait valdingué dans le véhicule, il ne l’avait pas retrouvée. Après une bonne minute d’efforts, il avait réussi tant bien que mal à la récupérer. Le bruit de la fermeture de sa ceinture de sécurité me détendit légèrement. De nombreux messages concernant le véhicule passaient en boucle. Patrice tentait désespérément d’émettre afin que d’autres collègues nous situent et rejoignent la poursuite.

    À mesure que l’on s’éloignait de la capitale, la circulation devint pratiquement inexistante. Nous étions quasiment seuls sur l’autoroute. Le fuyard se trouvait à moins de cent mètres en amont. À hauteur de la sortie numéro 5 Longjumeau, il mit un coup de volant à droite et s’engagea brusquement dans la bretelle, espérant que nous n’aurions pas le temps d’effectuer la même manœuvre. J’écrasai le frein tout en contrebraquant, les pneus crissèrent, emplissant nos oreilles d’un son strident. Le coffre de notre véhicule passa à quelques centimètres du musoir de sécurité, mais nous avions réussi. Nous le suivions, certes, mais pour combien de temps ? La radio se tut quelques secondes, Patrice en profita pour lancer son appel de détresse.

    — Lutèce, le fuyard vient de sortir de l’autoroute à Longjumeau.

    Son message était passé. Nous espérions que d’autres policiers ne tarderaient pas à nous retrouver. La voiture en fuite était enfin sortie de l’autoroute. Nous savions qu’en ville, il lui serait plus facile de nous échapper. Si une chance de l’arrêter se présentait, il nous faudrait la saisir.

    ***

    *

    Je me regardais dans la glace, je n’étais pas beau à voir. Cela faisait des jours que je n’avais pas dormi. Des cernes se dessinaient sous mes yeux, et j’avais l’impression que des rides apparaissaient sur mon visage trentenaire. J’ouvris le robinet et me passai de l’eau froide sur le visage. Cette fraîcheur me fit du bien et me remit également les idées en place. Je savais bien quel jour affichait le calendrier. Qu’on en finisse, pensais-je. Je n’en pouvais plus d’attendre sans savoir ce qu’il adviendrait du reste de ma carrière. Nous étions le lundi 24 janvier 2011. C’était le Jour J. Je me souviendrai toute ma vie de cette date. Aujourd’hui, la Commission de Déontologie de la Police Nationale allait statuer sur mon cas, sur mon éventuelle réintégration dans le service actif.

    Je m’essuyai le visage et regardai mon costume posé sur une chaise. Il était sobre, propre, bien repassé. J’espérais qu’il refléterait mon âme aux yeux des membres de cette Commission. Les mains posées sur l’évier, je me remémorais ce matin, au début du mois de décembre, où les gendarmes étaient venus me remettre une convocation. Je devais me rendre le 24 décembre 2010 à 09 h 00 au 30 rue Hénard à Paris. Je n’avais pas besoin de regarder sur la carte ce qui se trouvait là-bas. Tous les policiers le savaient. L’Inspection Générale des Services. J’allais passer aux bœufs-carotte.

    J’entendis du bruit dans la chambre, ma compagne pleurait doucement. Elle savait que je risquais gros aujourd’hui. Je me dirigeais lentement vers la chaise et enfilais mon costume. Je finissais de boutonner ma chemise blanche quand ma bien-aimée poussa la porte de la salle d’eau. Je saisis son visage afin d’en essuyer les larmes qui coulaient encore. De son côté, plantant ses yeux humides dans les miens, elle ajusta le nœud de ma cravate. Puis, la serrant contre mon torse, je me regardai dans le miroir. Mon costard noir me donnait fière allure, si ce n’étaient les poches visibles sous mes yeux. Elles gardaient en leur sein les stigmates d’un sommeil introuvable.

    Depuis que j’étais sorti des locaux de garde à vue de l’IGS il y avait environ un mois, j’avais du mal à dormir. Je repensais sans arrêt à l’action, à mes auditions, à la mise en accusation. Je revoyais les barreaux de la cellule de garde à vue, je ressentais le froid de cette couchette en pierre. Je revoyais mes geôliers célébrer le réveillon, me laissant mijoter derrière une vitre de plexiglas à les regarder festoyer. Pourquoi m’avaient-ils mis en cage les 24 et 25 décembre ? Ils auraient pu le faire n’importe quel autre jour. La haine montait en moi en y repensant. Ils voulaient me déstabiliser afin de me détruire.

    La sonnette de l’entrée retentit. Je sortis de la salle de bain, fin prêt, et me dirigeai vers la porte. Je l’ouvris, connaissant d’ores et déjà le nom de la personne qui se tenait sur le seuil. C’était Bernard, un policier devenu représentant syndical.

    — Bonjour, Cameron. Je suis un peu en retard, peut-être devrions-nous y aller. Il y a beaucoup de circulation aujourd’hui.

    Je lui fis un signe de tête approbateur.

    — Démarre la voiture, j’arrive tout de suite.

    Je laissai la porte ouverte et sentis une main se poser sur ma hanche. Je me retournai, c’était ma compagne. Je la ceinturai dans mes bras et l’embrassai amoureusement. Puis, je pris mon arme posée sur la commode de l’entrée. Je la rangeai délicatement dans un holster d’épaule en cuir noir, cadeau de mon défunt père. En m’avançant vers la porte, je jetai un dernier regard dans le miroir. Fronçant les sourcils, j’étais prêt pour le combat.

    Bernard m’attendait dans sa voiture, le regard vide. Je pris place à ses côtés, puis il démarra. Sur la route, nous n’échangeâmes pas un mot. Le syndicaliste caressait le volant en fixant l’asphalte devant lui, et pour ma part penché vers la fenêtre, j’admirais le paysage qui défilait. D’abord des champs, puis des voitures, et enfin, des bâtiments. Nous étions arrivés à Paris. Le temps s’égrainait lentement, il m’amenait inexorablement vers ma chute. Je le savais. Il n’y avait plus rien à expliquer, plus rien à ajouter. Leur décision était prise, j’en étais persuadé. Je me remis à penser à cette fameuse nuit où tout avait basculé. Cherchant à trouver du positif en toute chose, je me dis que ces longues nuits de solitude morale m’avaient été bénéfiques. Je m’étais rendu compte que l’on naissait seul, et que par conséquent, l’on mourrait seul. Tout le reste n’était que futilité. J’avais donc réfléchi sur ma vie ainsi que sur le sens de cette dernière. J’en étais arrivé à une conclusion très pragmatique.

    Le véhicule se mit à ralentir, ce qui me fit sortir de mes songes. Nous étions arrivés à la barrière de sécurité qui donnait accès au parking de la rue Hénard. Un policier en tenue s’approcha et nous demanda l’objet de notre visite. Nos cartes de réquisition exhibées, il nous laissa passer. Bernard gara sa Ford en face de l’entrée, comme pour s’échapper au plus vite de ce lieu, une fois sa besogne accomplie. Je sentais qu’il était mal à l’aise, ce n’était pas de bon augure. Il devait savoir quelque chose, mais ne voulait pas me le dire.

    — Nous y sommes, annonça doucement Bernard.

    Mon esprit cessa de divaguer.

    Après nous être enregistrés à l’accueil, nous fûmes dirigés froidement vers

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