Prédateurs - Jorgensen le Viking
Par Steve Anderson
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À propos de ce livre électronique
L’autobus qui transportait dix-huit des plus dangereux meurtriers du pays a été renversé et éventré. À l’intérieur, les corps des gardiens et du chauffeur sont retrouvés sans vie, alors que les prisonniers semblent s’être tous évadés…
Depuis longtemps, Sven Jørgensen espère que les divinités scandinaves lui permettent de retrouver sa liberté.
Lorsque son voeu est miraculeusement exaucé, le Norvégien entend bien remercier les déités en effectuant une série de raids sanglants le long de la rivière Noire.
L’inspecteur Fernand Gauthier comprend rapidement que seule la mort du psychopathe mettra un terme aux attaques sauvages.
Liv Andersson, la psychologue criminelle mandatée d’aider l’inspecteur à mieux comprendre l’évolution du tueur, est catégorique : Sven Jørgensen ne craint pas la mort et il fera tout pour entrer au Valhalla par la grande porte !
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Aperçu du livre
Prédateurs - Jorgensen le Viking - Steve Anderson
À David Bédard,
pour les contrées verdoyantes du ValhADA
And on my deathbed, I will pray to the gods and the angels
Like a pagan to anyone who will take me to Heaven
To a place I recall, I was there so long ago
The sky was bruised, the wine was bled
And there you led me on
Like a stone
Audioslave
Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde,
dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même.
Et quant à celui qui scrute le fond de l’abysse,
l’abysse le scrute à son tour.
Friedrich Nietzsche
Bara döda fiskar följer strömmen.
« Seuls les poissons morts suivent le courant. »
Expression Viking
Prologue
11 juin 2003, 9 h 30
Thunder only happens when it’s raining, chantent en cœur Stevie Nicks, Lindsey Buckingham et Christine McVie de Fleetwood Mac dans les haut-parleurs d’un fourgon de prisonniers. Sous un violent orage, le véhicule longe la route 138 près de Saint-Siméon au Québec, dans Charlevoix-Est. Les trombes qui descendent d’un ciel noir comme du charbon rendent la visibilité presque nulle. À son bord, dix-huit des plus dangereux meurtriers au pays, dont Sven Jørgensen, mieux connu sous le nom de Jørgensen le Viking. Ce dernier, menotté au même titre que les autres prisonniers, le front posé contre la vitre protégée par un grillage extérieur, observe le reflet des détenus sur la fenêtre de ses yeux bleu clair. Une bande de psychopathes dont il connait certains de réputation, et d’autres, de nom uniquement. Il s’en trouve également d’autres qu’il connait moins, mais qui sont tous aussi sans scrupules que lui, avec des dossiers criminels à faire frissonner le plus courageux des enquêteurs. Dans un banc, sur sa gauche, O Pastor se paie la tête du jeune Charles Dumais en lui mentionnant qu’il n’a rien accompli, lorsqu’il compare ses méfaits à la liste des siens.
Sven observe ses camarades d’infortune en s’imaginant l’ampleur du cauchemar pour la population et la police du Québec si, par malheur, tous s’échappaient en même temps de ce fourgon.
Cela lui permettrait de rendre hommage aux divinités vikings ; il pourrait leur offrir des sacrifices afin de voir s’ouvrir les portes du Valhalla. Il en rêve depuis tellement longtemps. Cette idée grandit en lui, Scandinave d’origine, depuis son incarcération à Terre-Neuve à la suite des nombreux viols et des meurtres qu’il y a commis. Le Norvégien veut suivre les voix du paganisme pour aller rejoindre ses ancêtres vikings, pour qui il entretient une dévotion sans borne. Dévotion qui lui a permis de retrouver un équilibre psychique en réponse aux traumatismes liés à son enfance et à son adolescence.
Sven relève la tête et observe les fenêtres mouchetées de pluie du côté opposé auquel il est assis. Le terrible orage serait-il un signe envoyé par les dieux pour lui signifier qu’ils sont avec lui ?
Au même instant, le fourgon est soudain frappé violemment et la fenêtre près du Norvégien vole en éclats, dans une projection de morceaux scintillants qui le blessent à l’épaule.…
Chapitre 1
Pénitencier de Port-Cartier, 23 août 1996
À la suite d’une violente bagarre, le prisonnier Sven Jørgensen vient d’être transféré du centre de détention de Sa Majesté, à Saint-Jean de Terre-Neuve, vers celui de la prison de Port-Cartier. Liv Andersson, psychologue criminelle, attend avec un dossier entre les mains tout près de la porte du bureau de la directrice de la prison. Jeune, fin vingtaine, elle arbore un style gothique : toute de noir vêtue, les cheveux noirs aux épaules, noir à lèvres, mascara étiré le long des yeux, le teint pâle. Lorsque la porte du bureau de la directrice s’ouvre, Liv découvre une dame en tailleur gris, aux cheveux courts, également gris, et aux traits flegmatiques dépourvus de maquillage. La jeune psychologue entre. D’un signe de la main, la directrice l’invite à prendre place devant son bureau. Elle s’assoit ensuite, récupère un crayon et le fait tourner entre ses doigts en observant la psychologue s’installer à son tour.
— Bonjour. Je me présente, Amélie Le Breton.
— Enchantée, mon nom est Liv Andersson.
— Je sais, vous êtes la psychologue criminelle qui s’occupe de notre nouveau détenu, Sven Jørgensen.
— Oui, je le suis depuis quelques années. Pratiquement depuis son incarcération au pénitencier de Saint-Jean, à Terre-Neuve.
— C’est un patient peu commode, à ce que j’ai pu lire.
— Effectivement.
— Il a un profil de psychopathe.
La psychologue fouille dans son dossier et en ressort une grille d’évaluation qu’elle tend à la directrice. Cette dernière prend la feuille, sans quitter la nouvelle venue des yeux.
— Il s’agit de l’échelle de psychopathie de Hare révisée (PCL-R). C’est un test qui mesure la présence ou l’absence de traits psychopathiques chez une personne. Elle est principalement utilisée dans les domaines médico-légal et correctionnel, mais aussi dans le domaine clinique. Le test comporte 20 questions qui évaluent les aspects affectifs, interpersonnels, comportementaux et antisociaux de la personnalité. C’est un professionnel formé qui fait passer cet entretien semi-structuré avec la personne évaluée. Ensuite, il consulte des sources d’information complémentaires, comme des dossiers judiciaires ou médicaux. Le résultat varie entre 0 et 40. En Amérique, on considère qu’une personne a un profil de psychopathe s’il obtient 30 sur 40 lors du test, alors qu’en Europe, un 25 sur 40 est suffisant pour obtenir un profil de psychopathe.
La directrice cesse de scruter la nouvelle venue pour observer la grille d’évaluation de Sven Jørgensen. Vingt caractéristiques codées y figurent :
1. Loquacité / Charme superficiel
2. Égocentrisme/ Grande sensation d’estime de soi
3. Nécessité de stimulation / Tendance à l’ennui
4. Mensonge pathologique
5. Dirigisme / Manipulation
6. Absence de remords et de culpabilité
7. Faible profondeur d’affection
8. Insensibilité / Manque d’empathie
9. Mode de vie parasitaire
10. Manque de contrôle comportemental
11. Conduite sexuelle tendancieuse
12. Problèmes de comportement précoces
13. Absence d’objectifs réalistes à long terme
14. Impulsivité
15. Irresponsabilité
16. Incapacité d’accepter la responsabilité de ses propres actions
17. Plusieurs brèves relations conjugales
18. Délinquance juvénile
19. Révocation de la libération conditionnelle
20. Polyvalence criminelle
Liv croise les jambes et se penche vers l’avant.
— Comme vous pouvez le constater, Sven obtient une note parfaite de 40/40.
Amélie est stupéfaite. Elle a vu plusieurs psychopathes défiler dans sa prison, mais c’est la première fois qu’elle voit un résultat de 40 sur 40 sur l’échelle de psychopathie de Hare. Son regard revient vers la psychologue.
— Pourtant, il n’y a que 20 éléments sur cette feuille.
— On y vient. Chaque caractéristique doit être cotée entre 0 et 2. Ce qui permet d’obtenir un résultat sur 40.
— Ah voilà. Je comprends. Je connais l’échelle de mesure de psychopathie de Hare, mais jamais aussi bien que vous. C’est la première fois que je vois un psychopathe obtenir une note… parfaite, explique la directrice en secouant la tête nerveusement.
— C’est en effet très rare que cela se produise, mais dans le cas de Sven, il y a pire…
— Je vous écoute.
Un silence malaisant s’installe, seulement rompu par le soupir inquiet de la directrice.
— Sven fait partie de ce qu’on nomme la triade sombre. Il est non seulement le psychopathe parfait, mais il est également narcissique et machiavélique. En tant que psychopathe, il cherche à obtenir le pouvoir et à abuser d’autrui. Son côté narcissique le pousse à se sentir grandiose et à rechercher les émotions fortes. Finalement, son machiavélisme lui fait prendre tous les moyens pour manipuler son prochain afin d’atteindre ses objectifs qui sont tout sauf nobles.
— A-t-il subi des traumatismes violents durant son enfance et son adolescence ?
— Ses parents sont décédés dans un accident de voiture alors qu’il avait quatre ans. Il a été éduqué par son grand-père, un fermier éleveur de moutons très pieux qui le battait et lui a appris à abattre des agneaux dès l’âge de huit ans. Après le décès de son grand-père, il a été transféré dans un orphelinat d’Oslo. Il avait douze ans lors de son transfert et il a subi plusieurs sévices sexuels, dans cet établissement, de la part de la responsable de l’orphelinat, une sœur catholique. Il en a gardé une aversion tenace pour la religion catholique et tous ses symboles. Bref, la vie ne lui a fait aucun cadeau. En guise de refuge, chaque fois qu’il le pouvait, il se rendait à la bibliothèque pour lire sur ses ancêtres vikings et le paganisme. Cet univers de guerriers, de conquêtes, de rituels, de divinités mythologiques est vite devenu son échappatoire. Pire, lorsqu’il a commencé à grandir pour se transformer en colosse de 6 pieds 7 pouces et de 240 livres qu’il est encore aujourd’hui, la violence lui est vite apparue comme la seule façon de régler le moindre différend.
Liv s’arrête un instant. Les yeux bruns de la directrice l’observent dans l’attente de la suite. La jeune psychologue se redresse lorsqu’Amélie lui remet la grille d’évaluation. Elle la glisse dans le dossier de Sven, puis repose son regard sur la responsable de la prison en concluant l’entretien.
— Vous aurez compris que Sven Jørgensen représente une menace terrible dont il faudra se méfier au plus haut point. Partout où il passera, une tempête de violence se lèvera.
Chapitre 2
Saint-Siméon, 11 juin 2003
Sven Jørgensen court le long de la rivière Noire, poussé par l’adrénaline qui gronde dans ses veines après cette évasion inespérée. Sa montagne de muscles est secouée par chacune de ses puissantes enjambées sous la pluie diluvienne. Ses yeux bleu clair tentent de percer le déluge. Souvent, d’un geste exaspéré, il replace des mèches de sa longue chevelure qui tombent devant ses yeux et les envoient sur ses larges épaules. Ce matin, le fourgon dans lequel il prenait place a été attaqué ; ils ne seront peut-être jamais transférés, lui et plusieurs des plus dangereux prisonniers de la prison de Port-Cartier, jusqu’au Centre régional de réception de Sainte-Anne-des-Plaines. Les coups de feu, les exécutions sans merci du chauffeur, des gardiens, mais également de deux détenus lui reviennent constamment en flashback. Tout ce sang versé a éveillé la fureur antique du berserker, l’appel de la violence profondément enraciné en lui.
Il revoit la clé ouvrant ses menottes comme dans un rêve. Il reçoit un carton contenant des directives à suivre, puis il entend le bruit des bottes des détenus qui détalent sur le macadam dans des directions opposées, seuls pour certains, ou en petits groupes pour d’autres. Lui, il fonce directement vers le nord, afin de s’éloigner le plus possible de la route et, depuis, il court vers une liberté retrouvée avec tous ses instincts à l’affût. Le Norvégien se retrouve torse nu après avoir déchiré son chandail pour panser, avec l’aide d’un détenu, une coupure sur son biceps droit et une écorchure, lesquelles sont dues à des éclats de verre. Peu après sa libération, Sven a promis à Michel Ferland, un détenu analphabète, de lui révéler le message écrit sur le carton laissé par leurs libérateurs en échange de son aide pour attacher son pansement improvisé.
Une fois la blessure pansée, le Norvégien a posé ses yeux sur le carton tendu par Michel. Mais, au lieu de lui révéler ce qu’il venait de lire, il lui a lancé au visage une raillerie obscène : « Ton père suce des bites. » Il s’est ensuite esclaffé devant l’incrédulité de Ferland, dont les mains tendaient toujours le carton, pour ensuite détaler sous les menaces de ce dernier.
Quelques minutes seulement après l’impact, la coupure subie dans le fourgon ne saigne déjà plus. Satisfait, Sven en sourit cruellement : rien ni personne ne le ralentira ; il pourra déchaîner sa terrible colère de Viking. Devant lui, le long de la rive, il aperçoit un quai en bois. Un instant, il s’arrête de courir, observe les alentours autant que le rideau de pluie de l’orage le lui permet, il ne repère aucun danger imminent. En fait, le quai devant lui semble abandonné et vétuste, construit à partir de pieux de bois et de planches irrégulières. Aucune embarcation, rame ou autre dans les parages. Sven décide de retirer ses bottes qui, à cause de l’accumulation d’eau dans le sol et de sa morphologie titanesque, s’enfoncent dans la boue et laissent des traces derrière lui. Des traces qui pourraient mener la police jusqu’à lui.
Sven est un chasseur. Son grand-père lui a appris à pister ses proies dans les forêts, près de la fermette où il élevait des moutons, au nord d’Oslo. Il lance ses bottes dans la rivière, mais garde ses bas. Son regard scrute la rive opposée et le débit de la rivière dont les eaux ont gonflé à cause de l’averse drue. Convaincu de pouvoir braver le courant et de traverser sans trop d’encombres, il hésite un bref instant seulement. L’important demeure de brouiller les pistes. Il s’élance sur le quai et plonge tête première dans la rivière. L’eau glaciale lui coupe le souffle et son thorax se contracte. S’il peine d’abord à faire entrer de l’oxygène dans ses poumons, il demeure placide, il sait que son corps s’adaptera rapidement au choc thermique. L’expérience du ressenti physiologique entre la chaleur et le froid qu’il a acquise dans les spas et bains scandinaves lui permet de conserver son calme.
À l’aide de ses bras aussi puissants que longs, il crawle vers la rive opposée qu’il atteint rapidement. Certain que la rivière le mènera vers un village, il la garde bien en vue tandis qu’il progresse dans la forêt qui se dresse le long des berges. La pluie est moins intense sous les arbres et, après quelques mètres, Sven découvre un sentier. Tous ses sens en alerte, il court pendant près d’une heure au milieu des effluves de conifères, lorsqu’il aperçoit, entre les arbres, une cambuse de chasseur.
Le Norvégien s’arrête, haletant, observe les alentours. Un sourire se dessine sur son visage en réalisant que la cheminée ne fume pas. Probablement qu’il n’y a personne à l’intérieur. Même s’il fait seulement autour de dix degrés Celsius en ce 11 juin 2003, ses efforts des dernières heures, la course et la nage ne les lui font pas ressentir. Mieux, ils lui font apprécier la fraîcheur de cette journée de printemps. Il avance prudemment vers l’abri de fortune en guettant un danger potentiel. Arrivé près du bâtiment, il constate qu’il ne fait guère plus de douze pieds sur douze pieds. À pas feutrés, il s’en approche davantage, observe l’intérieur par l’unique fenêtre de la façade.
Une seule pièce garnie d’un petit
