Fuir le maelström
Par Martine Pratte
()
À propos de ce livre électronique
Pour chaque livre vendu, UN (1) dollar sera versé au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violences conjugales.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Martine PRATTE est une auteure québécoise. Elle a été comédienne professionnelle dès l’âge de neuf ans. Après avoir foulé les planches avec des comédiens de renom et participer à quelques films, elle s’est mise à l’écriture.
Dans ce livre, Martine PRATTE traite un sujet d’actualité ; «La violence faite aux femmes» qui est un sujet tabou. Elle en parle en toute franchise et sans filtre pour permettre aux femmes qui sont dans cette situation de réagir. Sans réactions de leur part, le sujet devient très souvent un fait divers mortel.
Depuis 2006, elle est aussi parolière et ses textes se retrouvent sur une trentaine d’albums (dont ceux de Ginette Reno, Marie-Denise Pelletier, Renée Martel, Marc Hervieux, Bruno Pelletier, Mélissa Bédard, pour ne nommer que ceux-là).
Lié à Fuir le maelström
Livres électroniques liés
Ce n'etait pas gagne d'avance: Je savais que nous avions tous les deux la reponse Évaluation : 1 sur 5 étoiles1/5Protégée Par Le Rancher Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ vendre ou à louer: Thriller Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationStation 21 - Une équipe à feu et à sang: Final de la romance Saga Station 21 entre menaces, chantage et survie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChemins croisés - 17ans: Une romance New Adult intense entre passion toxique, amitiés brisées et renaissance sur un campus français. Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne femme inventée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes choco-noisettes sont meilleurs au petit matin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'origine des mondes: Une épopée fantastique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationInvisible Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne bouteille jetée à la terre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAlice au pays des hommes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPerversion tome 4: La rébellion Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEntre amour et passion, 2ème partie: La série Entre amour et passion, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOublier pour toujours: Saga Pour Toujours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarquée du sceau de l'épreuve: Récit d'une histoire vraie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationStation 21 - La perte d'Allie: Héroïne brisée, un passé qu’elle ne peut fuir, une rencontre qui change tout Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSur le chemin…: Femmes et hommes à la recherche de l’amour Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTorn: Partie Deux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Maître des Hordes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHeureusement que vous êtes là Cécile! Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe chemin de traverse: Le récit d'une rencontre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLoin du cœur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCombattre ses instincts Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTransgression Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPossession Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNoëlle Deschambault Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSilence, amour et liberté Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa constante de planque Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationC'est notre histoire Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Renaître de ses cendres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Vie familiale pour vous
Le Silence d'une Mère Incomprise Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEmprise: Prix Laure Nobels 2021-2022 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Demain nous Attend Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5LES SOEURS DEBLOIS, TOME 1: Charlotte Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe mystère Valentin: Les enquêtes de ma Grand-Mère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe souffle de mes ancêtres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSex&love.com: Petite parodie des sites de rencontres ! Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa naissance du jour Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Gouvernante de la Renardière: Un roman historique poignant Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu fil du chapeau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOutre-mère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFables et contes de Kabylie: Contes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNani Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Fuir le maelström
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Fuir le maelström - Martine Pratte
Avant-Propos
On ne connaît ni son nom ni son prénom. Mais elle se dévoile sans pudeur : elle relate son enfance un peu ratée, prise entre une mère alcoolique et un père agressif qui fuit ses responsabilités en désertant le foyer familial lorsqu’elle a onze ans. Elle évoque son arrivée à l’âge adulte alors qu’elle collectionne les one nights stands, elle qui pourtant rêve de rencontrer un gars qui aura envie de bâtir avec elle une véritable relation à long terme. Et Rem, présent à une pendaison de crémaillère, la fait chavirer. Les signes avant coureurs d’égoïsme et de contrôle de la part de ce bel Italien sont déjà perceptibles. Mais elle ne veut pas les voir, se contentant d’un homme qui veut enfin d’elle à plein temps…Elle n’écoute pas les avertissements de sa meilleure amie, Laurence. Et elle plonge volontiers, sans veste de flottaison, dans cette eau pleine de remous. Il lui faudra travailler fort pour se sortir de la violence insidieuse qui s’installe dans son quotidien. Lorsqu’arrive un épisode de brutalité absolue, elle prend les moyens mis à sa disposition pour s’en sortir, contre vents et marées…
Martine
Chapitre 1 - Le point de bascule
Point de bascule (définition selon le Larousse) :
« Moment où un changement minime fait basculer un système
dans un état entièrement nouveau ».
-=-=-
Ca fait quoi quand on atteint le point de bascule ? Est-ce qu’on s’en aperçoit automatiquement ou c’est la vie qui nous le met en pleine gueule, comme si ce point n’était pas toujours final, mais bien chambranlant, nous positionnant dans un total déséquilibre avant de tomber complètement à la renverse ? Est-ce le synonyme d’un virage à 180 degrés, moi qui n’ai jamais été portée vers les prouesses ?
Il y a parfois des rencontres qui nous marquent au fer rouge. Ça a été le cas avec Rem (en fait ce n’était pas vraiment son prénom, mais tout le monde l’appelait comme ça). Un gars qui pouvait devenir toute ma vie, mon port d’attache, mon espoir en l’avenir. Avec lui, mes doutes se devaient d’être ensevelis et je comptais sur lui pour m’offrir une épaule rassurante si des obstacles se présentaient sur mon passage. Rem a été presque tout ça. Quelques semaines, tout au plus. Car c’était avant. Avant de réaliser que j’étais tellement engourdie que mon corps n’était même pas en mesure de comprendre ce qui se passait réellement. Et que ma tête dans les nuages blancs et veloutés ne se doutait pas qu’ils allaient devenir noirs et menaçants, que l’orage se tramait. Rien ne me préparait à cet effondrement, le futur joyeux et plein de promesses qui semblait se précipiter vers moi n’était en fait qu’une petite trahison. Tout ça a été si insidieux.
Rem. Un beau gars, un vrai mâle, sans le sens péjoratif du terme… mais quand même un peu. Avec le sang de l’Italie qui coulait dans ses veines. Possessif, jaloux ? On ne fera pas de raccourci éhonté sur l’origine de ce gars-là et le tempérament qui pourrait s’y rattacher, ce serait trop facile. J’ai tout de même en souvenir cette soirée chaude d’été où on se promenait sur la rue Saint-Denis, main dans la main. J’avais une petite camisole légère et un gars qu’on avait croisé m’avait esquissé un petit sourire. Le regard que Rem m’avait lancé et la réplique incendiaire qui avait suivi auraient dû me faire fuir à toutes jambes :
— Cette idée de te mettre une camisole sans mettre de brassière en dessous. On voit tes nipples ! Mettons qu’ils passent pas inaperçus…
Est-ce que j’aurais dû être flattée de le voir ainsi devenir comme un coq dans une basse-cour ? Désirait-il démontrer que j’étais sa propriété et que personne d’autre que lui ne pouvait apprécier mes attributs féminins ? Devais-je commencer à me méfier de cette main basse qu’il faisait sur ma propre personne ? J’aimerais raconter que plein de doutes m’assaillaient. Et que oui, j’avais fini par avoir peur de lui. Une peur au parfum anxiogène que j’avais tenté d’apprivoiser. Mais il y a de ces choses qui sont impossibles à amadouer… comme la peur paralysante. Je peux supposer, en espérant me tromper, qu’un homme contrôlant et agressif cesse d’avoir de l’emprise sur sa conjointe lorsqu’il est six pieds sous terre. Ou si elle part vivre dans un autre pays, dans un autre continent, là où il sera difficile pour lui de l’atteindre. Ou lorsque la femme en question a suffisamment de détermination pour lui lancer un « C’est assez » bien senti. Mais ça, c’est plus facile à dire qu’à faire. Car comment peut-on avoir une telle force quand on est complètement prisonnière d’un bourreau ?
Longtemps j’ai dû me montrer presque docile, lui dire qu’il avait raison, que j’étais un peu idiote. Et c’est vrai que je l’étais… Car quelle femme peut accepter de se faire dénigrer devant des amis par l’homme qui est censé l’aimer ?
— Tu racontes n’importe quoi, tais-toi donc.
Rem avait lancé ça, sans retenue. Pas très longtemps après qu’on eut pris la décision d’emménager ensemble, devant un souper que j’avais préparé. Et moi, je souriais bête-ment au couple d’amis qui était là (Frédéric et Anne-Sophie, mais on prononçait toujours Fred et Anne-So. Plus court, plus cool). Et ces invités qui devaient se dire que… que quoi ? Que c’était vrai que mes mots n’avaient rien à apporter à une conversation ? Que mon amoureux avait raison parce que je ne disais que des conneries ? Surtout qu’il avait ri en me lançant son « tais-toi donc ». Et que ce rire n’était sans doute qu’une blague, de mauvais goût certes, mais une simple blague. Nos amis se sentaient-ils embarrassés ? Si c’était le cas, ils réussissaient assez bien à le dissimuler… en réalité, Fred et Anne-So n’étaient pas mes amis. Ils l’étaient devenus par procuration (c’était d’abord les amis de Rem). Et nous n’avions pas grand-chose en commun à vrai dire… Fred était un gamer fini qui gagnait sa vie justement en réalisant des jeux vidéo. Et c’était payant, à voir à quel rythme il allait souper au resto (je tenais cette information de Rem). Il était probablement un gars super doué et tout… mais dans la vie, il était ennuyant comme la pluie. Sa douce, Anne-So, était maquilleuse sur les plateaux de cinéma. Et elle était un tantinet prétentieuse, car elle se gargarisait régulièrement à propos de tel ou tel artiste de renom dont elle avait badigeonné le visage avec le fond de teint numéro 14. De savoir que Sarah Jeanne Labrosse avait une peau de pêche ne me faisait ni chaud ni froid.
Toujours est-il que ce gentil « tais-toi donc » de la part de Rem avait été reçu comme un coup de massue pour moi. Mais au lieu de me rebeller et de répondre avec la bouche de mes canons, j’avais préféré passer à autre chose. Comme pour ne pas provoquer de malaise. Alors je m’étais levée, j’avais sorti les fromages du frigo pour les mettre sur la table, offert du thé ou du café pour terminer le repas. Pendant que Rem, Fred et Anne-So jasaient de cinéma et de jeux vidéo, sujets qui devenaient de plus en plus redondants. Moi je participais de moins en moins au dialogue, je me contentais d’écouter et de sourire, encore et encore. Anne-So, s’apercevant peut-être que je ne participais pas à la conversation, s’était soudain adressé à moi en me posant des questions sur mon travail. J’étais tout excitée qu’elle s’intéresse à ma petite personne et j’évoquai alors mes dernières péripéties.
— Des fois, ma job est tellement plate que je fais semblant de travailler devant mon écran d’ordi. La semaine dernière, je regardais les petites culottes de dentelles en vente sur amazon et ma boss est arrivée derrière moi. J’étais tellement gênée ! Comme défense suprême, je lui ai dit que je magasinais pour ma mère, mais que ça faisait seulement trois minutes. N’importe quoi !
Évidemment, je devenais soudain le centre d’attraction, même si je ne le cherchais pas. Mais je dois avouer que j’y prenais tout de même plaisir, en ne me doutant pas un seul instant que Rem n’appréciait pas… Car à ce moment même, il s’était mis à parler plus fort que moi, avec fatuité et d’un tout autre sujet. Il enterrait mes mots car je ne devais pas devenir celle qui suscite l’intérêt, surtout par rapport à un truc aussi insipide que des sous-vêtements féminins. Alors je m’étais fermé la gueule en écoutant ce qu’il racontait car c’était sans doute beaucoup plus captivant pour nos invités. Rem avait le don de me mettre en boîte et personne ne semblait le réaliser. Même pas moi-même… J’aurais aimé un peu plus de complicité de la part de Anne-So, mais… Rem savait user de son charme et les aventures à son travail étaient certainement plus palpitantes que celles vécues dans mon quotidien.
Puis l’horloge de la cuisine indiqua 22 heures 30. Fred et Anne-So se préparaient à quitter la maison, nous remerciant pour la charmante soirée. Avec moi à ses côtés, Rem les avait accompagnés dans le vestibule, tout en leur disant les mots d’usage quand une soirée se termine. Et aussitôt la porte d’entrée refermée, il était allé se brosser les dents, me disant qu’il n’avait pas envie de ramasser la cuisine, qu’il était fatigué. Je lui avais répondu, comme si ça allait de soi, que c’était ok, que j’allais m’en occuper. Parce que je savais que si je lui rétorquais que j’avais fait le souper et que je pouvais avoir un break, il allait riposter qu’il travaillait des semaines de 45 heures et plus, alors que moi je travaillais à temps partiel. Et que c’était normal de me laisser les travaux de la maison. Et il avait sans doute raison. Il avait toujours rai-son…
Ce soir là, au moment de le rejoindre au lit, il m’avait prise, sans me demander si j’étais fatiguée. Alors qu’il venait de me dire que lui l’était. Mais un homme peut être fatigué et avoir une libido complètement éveillée. De mon côté, j’avais plus envie d’aller dans les bras de Morphée que de me plonger dans l’alcôve sensuelle. Surtout qu’il m’avait encore une fois démontré, devant Fred et Anne-So, que je n’avais pas beaucoup de valeur, ce qui rafraîchit les ardeurs. Mais voulant me séduire ou se faire pardonner, il me chuchota à l’oreille qu’il me trouvait belle et qu’il était plein de désir pour moi. Je savais que le vin ingurgité lui donnait des envies qu’il n’aurait pas eues nécessairement un soir de semaine. Mais on était samedi soir. Et c’était une bonne soirée pour la baise. Alors je l’avais laissé me caresser. Il y allait de façon un peu rude. C’est pour ça que je le définissais comme un mâle. Et là, c’était vrai, dans le sens péjoratif. Un mâle comme dans le règne animal. Le mâle dans toute sa splendeur.
-o0o-
Au début de notre relation, Rem travaillait comme assistant de production sur différents plateaux de cinéma (ce qu’on appelle couramment gofer). En fait, c’était le bas de l’échelle… Mais le septième art, il en mangeait. Il voulait monter les échelons et il avait dans sa poche des idées de scénarios et même des projets presque prêts à être présentés. Même si ce n’était pas tout à fait abouti, j’aurais aimé lire ce qu’il griffonnait. Mais c’était un secret bien gardé. Je respectais le tout, même si c’était une part de lui-même qu’il refusait de partager avec moi. Et ça m’attristait… Comme il avait un pied bien implanté dans le milieu, côtoyer plein de gens connus de façon quotidienne ou presque pouvait lui servir de levier. Il avait la certitude qu’avant longtemps il serait dans la cour des grands. Assistant de production ne le faisait pas encore rouler sur l’or, comme il disait à l’époque. Mais en se débattant comme il le faisait pour se faire connaître, ça finirait par devenir payant. Alors je patientais et je me disais que bientôt, nous aurions notre bungalow en banlieue, peut-être même dans le vieux Saint-Lambert, là où on n’a pas la sensation de vivre dans une ville remplie de Tigre Géant et de boulevard Taschereau.
Fantasmer sur un idéal, celui que je n’avais jamais connu enfant. Inévitablement, ce n’était pas avec mon petit salaire de responsable des communications 30 heures par semaine dans un organisme communautaire que je pouvais nous payer cette maison hypothétique. N’allez pas croire que je manquais d’ambition et que je ne comptais que sur lui pour assouvir mes rêves les plus fous. Mais garder en tête un projet comme celui-là était, somme toute, un luxe qui pouvait devenir accessible. Parce que je finirais bien par occuper un poste plus important. Recherchiste pour la télé, pourquoi pas ? L’audace et la confiance sont les meilleurs matériaux pour construire l’avenir espéré.
-o0o-
Rem avait un frère, il était l’aîné. Et sa mère, Maria, lui répétait constamment, et devant moi, comme si elle voulait s’assurer que je comprenne bien avec qui je m’étais embarquée :
— Mon gars, tu ne feras jamais rien de bon dans la vie. Tes projets de cinéma, c’est n’importe quoi. Et toi, l’amoureuse, comment fais-tu pour le supporter ?
Oui, c’était régulier. L’anéantir tout en lui payant chaque année une paire de running Salomon, qui coûte la peau des fesses. L’amour d’une mère qui se définit par le fait que son fils doit avoir des souliers de qualité dans les pieds lorsqu’il fait de la course à pied (ce qu’il ne faisait jamais, mais il gardait précieusement ce secret pour lui parce qu’il adorait les Salomon…). Moi je ne savais pas quoi répondre quand sa mère parlait de lui de cette façon, en me prenant à témoin. Je regardais le plancher, je faisais semblant de ne pas avoir entendu, lui demandant si elle voulait que je l’aide à desservir la table. Mais elle continuait son baratin, chaque dimanche… Cette femme était courte sur patte et avait le visage aigri, comme une vieille ayant connu toutes les guerres et les misères du monde. Elle n’avait que la mi-cinquantaine et avait pourtant déjà le corps creusé de rides. Elle ne souriait que difficilement, comme si cela reflétait une faiblesse de l’âme. Elle avait perfectionné la maîtrise des émotions, un tant soit peu joyeuses. Honnêtement, la dureté est-elle réellement une porte d’accès pour la réussite ?
Et le père, Vincenzo… bonne pâte, bon diable. Qui ne disait jamais rien, qui était sans doute soumis à sa femme, qui tenait la maison propre et les cordons de la bourse afin que les fins
