Spiral(e): La vie est un hasard, qui réunit et qui sépare
Par David Bauquet
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Avec la rencontre inopinée d’une trapéziste Américaine en tournée dans la région et à l’aide d’un trèfle à quatre feuilles, Spiral va secrètement bouleverser la vie de Joe.
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Aperçu du livre
Spiral(e) - David Bauquet
Spiral(e)
David Bauquet
Spiral(e)
La vie est un hasard, qui réunit et qui sépare
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2024
ISBN : 978-2-312-14526-6
La lettre de Carole
Spiral planait dans la galaxie du septième art depuis toujours. La journée il voyait tout comme une fiction, ses yeux étaient comme deux caméras qui captaient tout en stéréoscopie. La nuit, dans son sommeil il se sentait glisser sur des toboggans de pellicule, et s’envolait tel un Peter Pan dans son univers où s’entremêlaient de multiples péripéties… Des histoires qu’il avait l’ambition de voir un jour projetées sur grand écran. Il avait des rêves de cinéma et c’est pour cette seule raison qu’il avait tenté sa chance à Paris.
C’était un jeune provincial qui n’était pas très à l’aise en ville, mais il était prêt à beaucoup de sacrifices pour aller au bout de sa passion. Ce qui lui donnait des ailes, c’est qu’on célébrait le centenaire du cinéma cette année-là. Un siècle de cinoche dans le dos et l’avenir devant lui…
Ce sont ses amis qui le surnommaient Spiral.
Or, très bientôt son sort allait subir un tourbillon.
Il allait vivre ce que l’on ne voit que dans les films.
Il allait en être l’acteur principal, et l’unique spectateur.
L’affichage rouge sur fond noir de son radioréveil indiquait 9 h 14.
Une minute avant qu’il ne s’informât de ce détail il dormait encore profondément. Il vivait en colocation avec Luc, dans un appartement où il avait choisi la chambre orange. À cette heure-ci, la lumière du jour donnait à la pièce un ton feutré et chaud. Luc venait de frapper à la porte de la chambre, timidement, mais tout à la fois de manière insistante. Il ne voulait pas le réveiller trop brutalement, pourtant il devait le faire. Et Spiral fut mollement arraché à ses rêves, il répondit avant même d’avoir ouvert les yeux en prononçant un Mouais d’une voix pâteuse.
Luc entra sans précipitation.
– Excuse-moi vieux, mais Carole vient de passer, dit-il à voix basse, respectant l’audition résonnante de son colocataire encore endormi.
Spiral émergea assez rapidement à l’annonce du prénom de sa chérie.
– À cette heure-ci ? Mais qu’est-ce qu’elle veut ?
– Elle a juste déposé une lettre et elle est partie.
– Hein ?
Spiral se frotta les yeux et se redressa un peu. Luc s’approcha de lui et tendit une enveloppe.
– La lettre en question… Mais à part ça, elle n’a pas dit grand-chose.
– Pas grand-chose, c’est-à-dire ?
– Elle m’a dit : Tiens, c’est une lettre pour Spiral, je ne m’arrête pas j’ai pas le temps ; je lui ai dit que j’étais à son service, et elle m’a dit salut. Voilà.
Tandis que Luc s’en retournait déjà, Spiral fronçant les sourcils toujours un peu endormi, se redressa davantage.
– Eh attends !
– Quoi ?
– Euh, mais euh… Elle a juste dit ça ?
– Eh ouais.
La difficulté qu’il avait à se réveiller lui donnait une attitude comique, Luc ne put s’empêcher de sourire.
– Rendors-toi va… Tu n’as pas les yeux en face des trous. Tu réfléchiras mieux à midi, fainéant.
Spiral commença de défaire l’enveloppe. Luc avait comme un pressentiment sur le contenu de la lettre, il préféra feindre l’ignorance et le détachement :
– Bon, tu me raconteras ça tout à l’heure. Il faut que j’y aille.
Sur quoi il referma la porte derrière lui.
On est samedi, se dit Spiral. Il avait toujours adoré les samedis matin. Parce que ce n’était ni plus ni moins que le tremplin du week-end. Et se le dire était une façon de mettre de l’ordre dans son esprit encore comateux, pour donner à son réveil un peu plus d’enthousiasme.
Il resta un instant le regard porté vers les rideaux qui filtraient la clarté d’une belle journée de printemps, cherchant à comprendre la curieuse démarche de Carole avant de lire ce qui allait tout lui expliquer.
Virginia
Sur la piste de danse, les filles et les garçons étaient les uns contre les autres, à remuer leur corps sur le rythme d’un tempo cadencé… quand d’autres étaient avachis sur des banquettes autour des tables. La musique était assourdissante, l’atmosphère étouffante… Il y avait une vague odeur de poppers et de cannabis mélangés : ça fumait comme des poêles dans tous les coins ! La loi Évin était passée quatre ans plus tôt{1}, mais il allait encore couler beaucoup d’eau sous les ponts avant qu’elle ne fût réellement appliquée à la lettre.
Sans être plus introverti qu’un autre, Spiral n’était pas timide. Juste un peu réservé. Il n’était en tout cas pas un modèle d’exubérance. À tout juste 20 ans, il était plutôt maigre, les cheveux châtains et raides, il avait les paupières supérieures lourdes qui lui donnaient un regard doux, même presque continuellement endormi. Même s’il détestait l’ambiance surchauffée des discothèques, il aimait bien un morceau festif comme Sous le soleil de Bodega des Négresses Vertes. Mais il avait du mal à supporter l’assommant I Like To Move It de Reel 2 Real. Fallait-il qu’il eût besoin de penser à autre chose pour se rendre dans ce genre d’endroit. Par contre, quand vint le moment du slow et qu’Elton John se mit à entonner Can you feel the love tonight, pour Spiral la coupe fut pleine…
Il était au bar à l’écart des autres, seul. Accoudé au comptoir il était face à son cocktail, et avait le blanc des yeux rougis. Quiconque l’ayant croisé aurait pu croire que c’était à cause de la fumée qui régnait dans ce lieu bas de plafond, mais il n’en était rien. Il avait pleuré toute la journée. Et il n’en était pas à son premier cocktail. Ses quelques gestes et mouvements de tête étaient imprécis, ses lèvres remuaient quand une pensée avait besoin d’être soulignée… Il observait les gens de son âge s’amuser à leur façon. Si son regard s’attardait sur un couple, il sentait naître en lui une forme de colère, non par jalousie, mais à cause de cette lettre qui lui avait pourri sa journée. Voire le reste de son existence, avait-il le sentiment.
Il n’avait pas remarqué la fille aux yeux de biche assise à l’autre bout du comptoir, qui ne cessait de le regarder. Spiral se remit à contempler le contenu de son verre en se demandant où il serait mieux, ailleurs que dans cet espace qui ne lui convenait pas. Après quelques secondes de réflexions stériles, il saisit son verre et le vida d’un trait. Puis, sans rien dire, il fit un signe au barman en indiquant d’un geste avec son verre qu’il reprendrait la même chose.
Il n’avait pas fait attention à la fille aux yeux de biche venue s’installer non loin de lui. Il ne réalisa sa présence que lorsque celle-ci s’adressa à un autre barman, l’appelant par son prénom pour commander une tequila.
Spiral était pompette, il n’osait pas la défier du regard. Il faut dire que la fille n’avait pas que des yeux magnifiquement soulignés par le maquillage, elle avait un visage d’une beauté magnétique. Une couverture de magazine, se dit-il. C’est toujours intimidant pour un garçon, une belle nana. Et c’est pour se désinhiber qu’il buvait.
Le comportement un peu gauche de Spiral fit sourire la fille. Il décida d’engager la conversation là-dessus, en parlant fort pour couvrir les décibels de la musique…
– Pourquoi tu te marres en me regardant ?
– Il vaut mieux rire que pleurer…
– Ça ne me dit pas pourquoi tu te marres.
– Je ne me marre pas, je souris.
– Alors pourquoi tu souris en me regardant ? J’ai l’air drôle ?
– Non, je ne dirais pas ça. Je dirais plutôt que tu as l’air d’un petit garçon perdu… Tu ne sembles pas à ta place ici.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Je ne sais pas… Tu as un visage d’enfant.
– Je sais, je ne fais pas mon âge, dit-il d’un air crâneur.
– Quel âge as-tu ?
– Dis-moi ton prénom d’abord.
– Virginia.
Spiral en resta muet pendant quelques secondes.
– Waw… Virginia ? C’est vraiment ton prénom ?
Elle acquiesça d’un sourire qui lui faisait découvrir une dentition parfaite. Spiral était sur un nuage, il ne tint tout juste compte du barman qui lui apportait son nouveau cocktail, tant il la dévisageait.
– C’est fou… Tes parents ont visé juste, il te va bien.
– Et toi, c’est comment ?
– Benjamin.
– Je suis sûre que tu as un surnom.
– Oui.
Joueuse, elle se mit à réfléchir comme si elle cherchait une devinette.
– Ben ?
– Non tu ne trouveras pas. C’est Spiral.
– Pourquoi ? demanda-t-elle amusée.
– Non c’est trop con, tu seras déçue.
– Alors là, tu en as trop dit ou pas assez. Le « c’est trop con » donne envie d’en savoir plus.
– Non je te jure c’est vraiment trop con.
– Tu t’enfonces, je veux savoir.
– Bon. Eh bien en fait, c’est parce que mon nom de famille c’est Rispal.
– C’est mignon, souligna-t-elle d’un air ravi de connaître le secret.
– Tu es gentille, se renfrogna-t-il, mais quand tu me dis que mon surnom est mignon, j’ai l’impression d’être un chien qui a un nom à la con, comme Bouchon, Miette ou Caramel…
– Tu es du genre grognon toi, hein ? dit-elle sans cesser de sourire.
Spiral but une gorgée de son cocktail, avant de reprendre en la dévorant des yeux.
– Et toi, tu as un surnom ?
– Non, répondit-elle en faisant la moue.
– Pourquoi Virginia et pas simplement Virginie ?
– Il y a bien des Helena ou des Daniella. Alors pourquoi pas Virginia ?
– Tout de même, tu avoueras que ce n’est pas courant comme prénom. Ça fait américain…
– C’est le nom de deux États américains.
Spiral fut étonné par cette remarque. Il eut à l’esprit la carte des États-Unis comme un flash.
Un coude sur le comptoir pour se tenir la tête, il sentait la fatigue le gagner… Mais ils s’étaient rapprochés subrepticement, alors que Virginia n’avait pas encore touché son verre. Elle le regarda du coin de l’œil.
– Tu veux vraiment savoir pourquoi Virginia et pas Virginie ? lui lança-t-elle comme prête à lui révéler une formule secrète.
Il était suspendu à ses lèvres.
– Oui.
– Parce que Virginia ça fait mieux.
Il haussa les sourcils. Virginia porta son verre à ses lèvres et but à petites gorgées, elle frisait du regard comme une pince-sans-rire. Spiral la dévisageait, il était fasciné par sa beauté. Ils s’échangèrent un regard, cette fois sans rien se dire.
La musique n’était plus un problème, elle n’avait plus rien d’assourdissant ; après le slow, le rythme fut progressivement relancé avec la reprise de Hey Joe version latino par Willy DeVille.
Ils continuèrent à échanger des poncifs en tout genre, jusqu’à ce que Spiral ne déclare forfait, épuisé par sa journée. C’est alors que Virginia lui proposa d’aller chez elle. Il hésita, il était à bout de force, mais qu’était-il venu chercher ici sinon ce genre d’issue ? Il accepta donc sans se faire prier.
Ils se retrouvèrent ainsi au milieu de la nuit dans le grand appartement de Virginia, spacieux, aux couleurs agréables, avec des meubles modernes, des objets de valeur (c’est-à-dire çà et là quelques sculptures bien laides), et accroché sur un mur une croûte bien moche, mais qui sous cadre qui fait toujours plus chic. Un appartement un peu trop luxueux pour une fille seule. Mais Spiral n’en pensa pas plus.
Elle venait de déposer son sac et ses clés sur une table basse et, très décontractée, elle se dirigea directement vers le minibar. Lui, les mains dans les poches, était fatigué et bien assez enivré, mais dans ce cadre il se laissa aller.
– Je suis un peu ébahi… Tu vis seule ici ?
– Non, je partage l’appart avec deux autres personnes. Mais je l’ai pour moi toute seule pour une semaine encore. Tu veux quelque chose ?
– Euh… Je ne sais pas, qu’est-ce que tu as ?
– Je me suis servi un gin-tonic…
– Ah ouais, c’est bien ça… la même chose.
Il observa les sculptures, feignant sinon d’être connaisseur d’en apprécier l’originalité.
– Ça doit être assez cher toutes ces choses, non ?
– Plutôt, oui. Mais d’une part, elles ne sont pas à moi et d’autre part elles ont été offertes par leur créateur.
– Tu fréquentes des artistes ?
– Non, pas vraiment. Enfin, ce n’est pas moi qui les connais, c’est une copine. Elle sculpte elle aussi.
Virginia le rejoignit un verre dans chaque main et lui en tendit un. Elle avala une gorgée, il se mit à l’imiter en la regardant. Elle continua sur un ton faussement désinvolte.
– Je n’aime pas vraiment ce milieu. Le principe ce n’est pas de faire des œuvres d’art, c’est vouloir épater les autres et se la péter.
– C’est quoi ton milieu ?
– Je n’ai pas de milieu.
– Mais tu fais bien quelque chose de ta vie ?
– Si tu me le permets, je te dirais que ce sont mes oignons.
– Comme tu veux.
Spiral ferma les yeux un instant, il aurait pu être gêné d’avoir posé une mauvaise question, mais il ressentait un malaise seulement dû à l’alcool dont il avait abusé. Il posa son verre sur une petite table tout près et regarda derrière lui où justement se trouvait un fauteuil. Il s’y installa lourdement en se frottant le visage.
Virginia qui tenait son verre à deux mains, sourit du coin des lèvres. Mais Spiral ne se sentait vraiment pas bien.
Qu’est-ce que je fais ici ? C’est toi qui m’as amené ici ?
– Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle soudainement inquiète.
Spiral était devenu pâle et de la sueur commençait à perler sur son front.
– Je n’ai pas l’habitude de boire autant et de veiller si tard. Et puis tu sais, j’ai passé une très mauvaise journée, alors…
– Elle posa son verre à son tour et s’approcha de lui.
– Tu veux me raconter ? Cela te soulagerait peut-être ?
– Non. C’est mes oignons à moi.
Compatissante, elle s’accroupit à côté de lui et l’observa attentivement.
– Tu as l’air si fatigué.
Spiral qui avait d’ordinaire les paupières lourdes, affichait alors une mine totalement exténuée. Mais il ne quittait pas Virginia des yeux, son empathie sincère avait pour lui quelque chose de réconfortant.
– Tu veux t’allonger ? lui demanda-t-elle.
Il ne répondit pas. Il lui fit seulement un sourire, et ferma les yeux.
***
Ce sont les stores pas complètement baissés qui laissèrent entrer dans la chambre, la lumière du jour avec des dizaines de rayons de lumière. Spiral et Virginia étaient dans le même lit.
Lui était allongé sur le côté droit et ouvrit les yeux très lentement. Sans bouger la tête, il scruta l’endroit où il était, dans la limite de son champ de vision. Puis, tout en fronçant les sourcils, il essaya de mettre de l’ordre dans sa mémoire. Il se retourna et découvrit Virginia allongée sur le côté gauche. Il ne la vit que de dos, la tête sous un oreiller. Quand il vit ses vêtements par terre au pied du lit, aussitôt il souleva la couverture pour finalement constater qu’il portait encore son caleçon. Il soupira sans savoir si c’était mieux ainsi…
Il regarda sa montre : il était sept heures trente. Il jeta un coup d’œil sur Virginia : il ne se souvenait absolument de rien.
Il finit par sortir du lit et hésita un instant : se rhabiller et s’échapper ? Ou explorer les lieux à moitié à poil ?
Amusé, il décida d’être positif et se leva pour sortir de la chambre, et jeta en passant devant le lit un dernier regard vers Virginia. Il alla aux toilettes se soulager la vessie, avec une tête qui ne désemplissait pas de questionnements. Lorsqu’il en ressortit, il regarda en direction de la chambre, puis se mit à visiter l’appartement. Revoyant les objets d’art exposés dans le séjour, il retrouva peu à peu la mémoire. Il se dirigea vers le fauteuil où il s’était installé et le regarda… ça lui revenait, ouais. Il revint sur ses pas sans se presser et sur son chemin il vit le sac à main de Virginia sur la table basse. Il hésita un instant, regarda vers la chambre, observa encore le sac et céda à sa curiosité. Il le prit et fouilla du bout des doigts sans déballer. Il y trouva le portefeuille à l’intérieur duquel il y avait le permis de conduire. Il hésita encore une seconde, mais amusé il se dit : Virginia, si jamais tu t’es inventé ce prénom… Il ouvrit le papier-carton rose plié en trois. La stupéfaction lui bloqua sa respiration. Le
