Mon cahier, journal 1918-1927: Préface de Marianne Geiger et Pierre Lubek
Par Yvette Nouveau
()
À propos de ce livre électronique
Une préface de sa fille, Marianne Geiger-Nouveau, et de Pierre Lubek retrace ce que furent l'environnement familial et la vie d'Yvette Nouveau, femme passionnée, éclairée et en avance sur son temps.
Yvette Nouveau
Yvette Nouveau nait à Cognac, dans une famille profondément laïque, d'un père notable, le journaliste Eugène Nouveau, directeur du journal républicain "La Constitution des Charentes", et précédemment fondateur à Paris du Syndicat des Journalistes républicains, et d'une mère attentionnée, sans profession. Cadette d'une fratrie de trois enfants, elle est tôt confrontée au drame qui assombrira sa jeunesse heureuse: la mort de son frère Henri à l'âge de vingt ans. Étudiante brillante, licenciée ès-lettres, diplômée d'études supérieures d'anglais de l'Université de Paris, elle séjourne un an en Angleterre, puis un an aux Etats-Unis, où elle obtient le titre de Bachelor of Arts de l'Université de l'Ohio en 1927. Après un bref retour à Cognac, elle rejoint, par le Transsibérien, son frère Etienne, avocat dans la Concession française. Elle y séjourne un an (1928-29), y fonde le Collège de Langue Anglaise et y prononce des conférences littéraires. De retour à Paris, elle dirige en 1929-1931 la Librairie d'Extrême-Orient. En 1931, s'écartant de sa vocation, elle passe le concours de Rédactrice du ministère de l'Instruction Publique (qui devient un an plus tard Education nationale). Elle est affectée aux services de l'enseignement primaire, puis technique. En 1935, elle épouse Gyula Geiger, artiste sculpteur puis photographe, juif hongrois (fils du peintre, graveur et illustrateur Richard Geiger), qui a quitté Berlin pour Paris en 1930. Le couple aura deux enfants, Richard (1937-2021) et Marianne (née en 1943, co-auteur de la préface). Yvette Nouveau poursuit une carrière d'administrateur civil qui la ramène à sa passion véritable, le théâtre. En charge au ministère des Beaux-Arts du développement du théâtre pour l'enfance et de "l'Aide à la première pièce" , elle noue de profondes amitiés avec des personnalités émergeantes du monde théâtral (Beckett, Arrabal, Roger Blin, Laurent Terzieff, Charles Vildrac...). Atteinte de longue date d'une affection cardiaque, elle s'éteint en 1962, à l'âge de cinquante-sept ans.
Lié à Mon cahier, journal 1918-1927
Livres électroniques liés
Selon toute vraisemblance: Nouvelles complètes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPensées, maximes, essais et correspondance: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSouvenirs d'égotisme autobiographie et lettres inédites publiées par Casimir Stryienski Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'odeur du père: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Nausée de Jean-Paul Sartre: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'esprit de bottine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRigodon: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMon cœur mis à nu de Charles Baudelaire: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJ’étais poète de profession: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAu fil des ans et des pages: Journal Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAndré Gide: La biographie autorisée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDictionnaire de la Littérature française du XIXe s.: Les Dictionnaires d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrier 15 jours avec François Mauriac Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVingt-quatre heures de la vie d’une femme Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Prier 15 jours avec Antoine de Saint Exupéry Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Heures étoilées de ma vie: 27 textes célébrant la poésie de la vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIntroduction à la méthode de Léonard de Vinci Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrier 15 jours avec Etty Hillesum: Un livre pratique et accessible Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe la Servitude volontaire: ou Contr'Un Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMaine de Biran: Sa vie et ses pensées Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal des faux-monnayeurs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation4 tableaux fleuris de récits inspirent le débat Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVingt Quatre Heures de la Vie d'une Femme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Mots de Jean-Paul Sartre: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa semaine prochaine, peut-être: Biographie fictive de José Fontana Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationZola Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Nausée de Jean-Paul Sartre (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa légende de Chim Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes nourritures terrestres d'André Gide: "Les Fiches de Lecture d'Universalis" Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVictor Hugo, c'est nous: Marginales - 245 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Mon cahier, journal 1918-1927
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Mon cahier, journal 1918-1927 - Yvette Nouveau
Le cahier n°1
27 février 1918
Yvette. Voilà pour mon nom. Si j’avais pu choisir mon nom moi-même, je me serais appelée Jane, mais ça n’est pas à refaire. Je ne suis pas baptisée, ce dont je me soucie aussi peu que de l’an 40. Je suis grande pour mes 12 printemps, je suis forte et tout le monde s’extasie sur la vigueur de cette « chère petite ». Quelques kilos de moins ne me nuiraient pas, c’est là mon avis.
Mes cheveux, récemment coupés à la Jeanne d’Arc, sont bruns, fins, souples…à ce que dit maman.
Ma figure est ronde et éclairée par deux petits yeux lutins au regard vif.
Moralement, on dit que je suis intelligente. Peut-être ! Mais je ne suis en aucune sorte un phénomène. Très gaie, par moment je suis au premier rang des têtes folles de mon cours.
Taciturne, coléreuse et vindicative par moments⁴, je ne supporte ni conseils, ni observations. J’ai la main leste et…gare à qui m’ennuie !
Je suis désordonnée, mes tiroirs sont de vrais fouillis où se mêlent rubans, boîtes, brochures, journaux de toutes sortes, ce qui fait le désespoir de ma mère.
J’aime l’étude à mes heures, j’adore la littérature et la composition française faite par un professeur charmant. Hors de l’école, j’aime la lecture. J’ai même beaucoup lu pour mon âge. Je connais un peu de Rostand, Bazin, Gréville, Sévigné, Gyp, Maryan⁵, Marlitt⁶, Labiche, Victor Hugo, Maupassant, Loti et bien d’autres encore⁷.
Je ne peux pas tenir une aiguille.
J’admire le dessin, mais je ne suis pas une artiste. La musique me charme, mais je tapote.
Je suis enthousiaste et le serais plus encore si j’habitais une grande ville au lieu d’habiter Cognac, ce trou, patrie de François Ier, mais réunion d’indifférents et de méchantes langues.
Paris ! Venise ! Voilà mon rêve. Un, semble prêt de se réaliser. Je vais, je crois, bientôt aller à Paris. Je suis ivre de joie. Je vais donc enfin la voir, cette ville superbe connue dans le monde entier, remplie de monuments de tous les siècles, d’églises majestueuses, de musées tout pleins d’œuvres d’art des plus grands maîtres. Ce Paris où j’ai mes meilleures amies, mon frère, ce que je chéris le plus au monde après maman.
Je sais pourtant que Paris n’est plus tel que j’aurais pu le voir en des temps meilleurs. Eh, oui ! C’est la guerre.
Depuis le 1er août 1914, l’Allemagne a commencé contre nous et nos vaillants alliés la lutte qui doit décider du sort de nos nations.
Pour nous, c’est la Revanche de 1870. Pour eux, une guerre de conquêtes faite avec barbarie, sans respect des lois de l’humanité et causée par l’appétit furieux de l’orgueil du Kaiser et de son mauvais génie, son fils le