Kerouac, du mystique francophone à l’écrivain anglophone
Au moment où les écrits en français de Jack Kerouac sont exhumés, montrant un visage méconnu de l’aède de la Beat Generation, tentons de désosser l’histoire en compagnie d’Yves Buin, son biographe. Pour comprendre, par-delà l’image et la légende, ce que Kerouac a imprimé dans nos imaginaires, notamment à nous, francophones.
« Son écriture automatique, imprimée sur rouleau, comme en écho à ceux de la mer Morte, foisonnent de pulsions de vie, de révélations mystiques, d’une faculté inouïe à mettre en mémoire l’air du temps, et des récits fondateurs d’une recherche moderne de la Terre promise. »
AVEC CE PATRONYME BRETON A SOUHAIT, bien malin qui aurait prédit la place qu’allait avoir Kerouac dans la fabrication du grand roman de l’Amérique et dans l’exploration de nos paysages intérieurs. Son écriture automatique, imprimée sur rouleau, comme en écho à ceux de la mer Morte, foisonnent de pulsions de vie, de révélations mystiques, d’une faculté inouïe à mettre en mémoire l’air du temps, et des récits fondateurs d’une recherche moderne de la Terre promise. Celle des pionniers, des vagabonds, des poètes, des idéalistes, celle aussi des paumés solaires, des sexes déroutants, jouisseurs voraces, camés à la note bleue. Son errance a été une folle descente dans les entrailles du Soi, dans ses excès et ses épiphanies. Avec la culture, la fraternité et l’expérience comme nord magnétique, franco-américain errant dans une Amérique amérindienne dont il a co-fondé le mythe contemporain.
Kerouac écrit : « Seuls m’intéressent les fous furieux, les furieux de la vie, les furieux du verbe, qui veulent tout à la fois ». Psychiatre et écrivain, excellent connaisseur du jazz et de la littérature américaine, Yves Buin semblait désigné pour écrire la biographie de celui qui
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