Cau le maudit ! Cau le traître ! Cau le fasciste ! Bien avant Michel Onfray, Jean Cau a été ce pestiféré passant d’un camp à l’autre, de gauche à droite, de Jean-Paul Sartre au général de Gaulle. Bien avant Marcel Gauchet, il a été ce renégat que la gauche a adoré détester, ce « vicieux », comme l’a chanté Renaud dans « Trois Matelots » (Mistral gagnant). Bien avant Éric Zemmour, il a été le diable personnifié pour les féministes, qui ont pris pour cible son appartement.
Secrétaire du pape de l’existentialisme pendant près de dix ans, Prix Goncourt pour en 1961, Jean Cau a été le premier à dire adieu à la gauche qui lui a fait payer l’affront d’avoir été comme il avait coutume de le dire, Jean Cau s’est détaché de la famille existentialiste à l’orée des années 1960. Rien que de très normal en somme : le Catalan croyait serrer la main de Gavroche, mais c’était Tartuffe qui lui tendait la sienne. Les ne ressemblaient en rien à sa tante, Gilberte Roca-Cau, la très patriote députée communiste du Gard.