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Nic et Nunc: 13 Nouvelles érotiques gays
Nic et Nunc: 13 Nouvelles érotiques gays
Nic et Nunc: 13 Nouvelles érotiques gays
Livre électronique180 pages2 heures

Nic et Nunc: 13 Nouvelles érotiques gays

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À propos de ce livre électronique

Un livreur de pizzas, un fleuriste black expert en plantes à bulbes, deux jumeaux en embuscade près de La Rochelle, un adepte de handisport en fauteuil roulant, etc, sans oublier une version de la Bible revue et corrigée (« Au jardin d’Eden »), bref, homoérotisme, fantaisie et littérature sont au rendez-vous de ce recueil de Nouvelles arc-en-ciel à lire… d’une seule main !
« Une lecture jubilatoire ! » (Marc Le Quillec, TETU).
« Extrême qualité de la langue, grande maitrise de la tension érotique. L’auteur fait preuve d’une virtuosité dans le verbe qui confine à l’orgasme. » (Benoît Mignault, revue québécoise FUGUES).
LangueFrançais
Date de sortie5 avr. 2024
ISBN9782312143255
Nic et Nunc: 13 Nouvelles érotiques gays

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    Aperçu du livre

    Nic et Nunc - Michel Bellin

    Avertissement

    « Nic et Nunc. » Variante érotique de Hic et Nunc. Ici et maintenant. Tout de suite. Tout, tout de suite. C’est assez clair, n’est-ce pas ? Donc, à partir de son concept favori – « Le sexe ? Une urgence sans raison ! » –, l’écrivain récidiviste va s’en donner à corps joie et, se mettant gaillardement en scène, ira droit au but : divertir et faire jouir son lecteur (pourquoi pas sa lectrice ?!). Mais sans vulgarité ni outrance, uniquement par la cocasserie des situations, la puissance de l’imagination, l’anachronisme et le pastiche, le rythme de la phrase, la musique des mots, la magie de la langue française, bref, le Style. Avant la verge, au commencement était le Verbe. In principio erat verbum… Et la parole est devenue chair ! Tel est le défi de l’écrivain érotomane : faire rimer, entre autres défis, sextoy avec Tolstoï en réécrivant « Guerre et Pet » (Cf. infra la finale tonitruante de Charme et splendeur des plantes d’intérieur). Oui, au commencement est la Littérature. Littérature ? Plutôt : « Lis tes ratures. » Pour ciseler la prose la plus délicate, la plus précise, la plus harmonieuse, rédige, corrige, réécris, corrige, laisse infuser, écris à nouveau, corrige derechef… et bande ! Pour jouir enfin non-stop des mots puisque « le style arrache une idée au ciel où elle se mourait d’ennui pour l’enduire du suc absolu de l’instant. » (Bernard Franck). L’instant de l’instinct. Ou l’inverse. En tout cas, place au réel et au charnel : Hic et Nunc. Ou bien Nic et Nunc. La boucle est bouclée !

    Telle est la profession de foi de l’auteur : sa totale confiance dans les mots. Mais outre les infinies possibilités et beautés de la langue française, l’autre face de son credo tient aussi en ceci qui n’est pas secondaire : l’âme n’existe pas, seul le corps. Le corps sexué. L’âme, c’est la bite ; la bite, c’est l’âme. Élan vital ! Dès lors, ceux qui font profession de haïr le corps pour mieux cultiver l’âme (spécialement dans le catholicisme que notre ex-curé connaît bien pour y avoir un temps moisi), ceux-ci dépérissent. À l’inverse, ceux qui accueillent librement leur (homo)sexualité, ceux-là récoltent un supplément de vitalité heureuse. Tous leurs sens en sont stimulés : l’ouïe (Sarabande en b-Dur BMW 69), la vue (Zoltan Pollock) et jusqu’à la moindre papille (Pause-chantier)… Les barrières, raciales et autres, ne peuvent que s’effriter (Black Angel et Charme et splendeur…) tandis que l’estime de soi, enfin restaurée, permet d’accéder à l’âge adulte (Ivresse alpine). Tout est donc bien qui finit bien : que triomphe la Vie (Record paralympique) ! Ainsi est réécrit et concélébré le 1er chapitre du livre de la Genèse (Au jardin d’Eden) : une création nouvelle où tout est bel et bon ! Et innocent. Que la fête commence !

    Ceci est mon Corps, prenez et… Davantage même ! Vaste programme. Finalement, ce recueil (amplifié et retravaillé) de nouvelles homoérotiques n’a d’autre ambition que de troubler et de divertir, en illustrant plaisamment l’adage de Chamfort (1795) : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale » (in « Maximes et anecdotes »). Sans oublier que jouir sans se réjouir, ce n’est pas encore jouir…

    Sans oublier non plus pour finir, ce conseil praticopratique : plutôt que lire d’une traite, au risque de s’empiffrer ou de se lasser, il vaut mieux butiner cette collection piano piano, par-ci par-là voire couci-couça, comme l’orant chaque matin médite une page nouvelle de son lectionnaire, car rien n’est plus cuisant qu’une overdose de cul ou de culture !

    Foi d’un auteur qui assume joyeusement son lyrisme redondant voire incontinent, selon l’adage maison qu’il s’est forgé pour narguer les éditeurs grincheux et désavouer par sa formule l’inexact Diable boiteux : « Tout ce qui est excessif fait sens. » Puissent ces treize variations luxuriantes autant que luxurieuses, faire sens en comblant tous tes sens !

    À Périgueux, la patrie des saveurs,

    le 1er avril 2024.

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    Prologue

    LA BISTOUQUETTE SELON LEONARDO

    Lors d’un récent vol pour Palerme, l’auteur de Nic et Nunc fut soudain secoué par un spasme d’hilarité qui fit sursauter son voisin. Comme nous avions lié connaissance au départ d’Orly – c’était un éminent professore qui parlait parfaitement notre langue –, je lui donnai très vite la raison de mon éclat, lui faisant lire le texte qui avait provoqué ma tonitruante excitation. Car il ne s’agissait pas d’un banal fou-rire, mais d’une crise d’euphorie intellectuelle n’aspirant qu’à la jubilation et au partage. D’ailleurs, l’ébahissement et le contentement de mon confident dépassèrent les miens, ce qui n’est pas peu dire !

    Feuilletant les carnets de Léonard de Vinci, je venais de tomber sur ce paragraphe dans un chapitre de son Journal intitulé « La verge » :

    « Celle-ci [la verge] a des rapports avec l’intelligence humaine et parfois elle possède une intelligence en propre. En dépit de la volonté qui désire la stimuler, elle s’obstine et agit à sa guise, se mouvant parfois sans l’autorisation de l’homme, ou même à son insu, soit qu’il dorme, soit à l’état de veille, et elle ne suit que son impulsion. Souvent l’homme dort et elle veille, et il arrive que l’homme soit réveillé mais elle dort. Maintes fois l’homme veut se servir d’elle qui s’y refuse ; maintes fois elle le voudrait et l’homme le lui interdit. Il semble que cet être a souvent une vie et une intelligence distinctes de celle de l’homme et que ce dernier a tort d’avoir honte de lui donner un nom ou de l’exhiber en cherchant constamment à couvrir et à dissimuler ce qu’il devrait orner et exposer avec pompe comme un officiant. »

    Léonard de Vinci, Carnets, Gallimard, 1987, t. 1, page 128.

    Ne pas édulcorer, mais nommer ! Ne pas dissimuler mais exhiber ! Ne pas se sentir humilié, mais officier ! D’emblée, j’ai trouvé cette analyse stupéfiante et pour tout dire moderne (griffonnée et dessinée entre 1487 et 1508), des mots pleins d’alacrité, d’une poésie attendrissante sous leur technicité, d’une acuité conceptuelle rare, libérée autant qu’émancipatrice. Le touche à tout génial (je parle de l’artiste italien) a tout compris de cet organe viril déconcertant qui, il est vrai, n’en fait souvent qu’à sa tête… de nœud ! Là est précisément l’entrelacs gordien qu’il n’est pas toujours aisé de trancher car, pour s’assumer comme un être incarné, chaque mâle doit accepter que son paradoxal désir – cet hôte étrange qu’abritent notre corps et notre mental – contrarie la Volonté supérieure en paraphant de ce fait son propre mystère autant que sa farouche indépendance. Étant entendu que l’homme est essentiellement un être de désir et de conflit, étranger à lui-même. Certes rien, pas même un sexe en forme de sceptre, ne peut signer à lui seul et continûment l’emblème de son genre. Quant à sa défaillance constitutive, c’est un autre symbole ! Et une fois l’hommage rendu à l’organe viril toujours impérial quoique fantasque, on pourra toujours se poser l’insoluble question : « Qu’est-ce qu’un homme ? » (Au fait, h minuscule ou H majuscule ?) Et quid de la femme !

    Bien sûr et dieu merci, il ne sera nulle part question ici (sauf peut-être dans le tout dernier récit où le record olympique n’est pas là où on l’attendait !) de défaillance appelée vulgairement « panne ». Bien au contraire, vaillance, allégresse, célébration non-stop ! Car tel fut et demeure le vœu de l’auteur, et sa joyeuse détermination, depuis son tout premier opus paru en 2002 (Communions privées, H&O). Il arrive en effet que le Temps qui passe point ne lasse, mais au contraire aiguise, affine, bonifie puisqu’il en va du Sexe comme de Dieu : heureux celui qui le retient comme un bon vin qui prend avec lui de l’âge. Plus qu’une récidive qui raserait les pages, la présente anthologie se veut donc publique confirmation et solennelle profession d’amoralité.

    Phallus Pantocrator ! Que Son Altesse Sérénissime, telle qu’elle fut réhabilitée par Léonardo, le phare de la Renaissance, trouve donc dans les pages qui vont suivre, sans cesse reprises et peaufinées depuis quelque vingt ans, l’hommage d’un adepte pratiquant, d’un disciple reconnaissant, à la fois orant et (con)célébrant, dans la pompe et le lyrisme – pourquoi pas l’humour ! –, autant de valeurs qui s’accordent si bien à la Virilité faite chair, ardente et priapique, Dieu me l’astique !

    Pause chantier

    La cuisine marocaine est reconnue dans le monde entier comme l’une des plus raffinée. Mais il y a bien d’autres spécialités que le tajine, les cornes de gazelle ou la pastilla au poulet. J’ai pu le vérifier l’été dernier, en même temps que cette maxime du grand Brillat-Savarin qui fait souvent mes délices : « Convier quelqu’un à sa table, c’est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu’il est sous votre toit. »

    Ce matin de juillet, je m’en souviens très bien, avait plutôt mal commencé. À l’instar de mon 125 cm³ poussif, l’extase a parfois des ratés à l’allumage. Mais n’anticipons pas… Un boucan de tous les diables me tire brutalement de mon sommeil, un tintamarre à deux pas, pratiquement au pied du lit. Mon premier jour de vacances, alors que j’en profite pour inaugurer un cycle de grasses matinées pépères ! Quel est le sinistre olibrius qui s’acharne à saboter mon sommeil en tapant comme un sourd sur un morceau de ferraille ?

    Un coup d’œil vers la fenêtre suffit à me renseigner sur mon malheur : un échafaudage barre l’horizon. C’est vrai, je l’avais oublié : le gardien avait prévenu tous les proprios que le ravalement des façades commencerait en début de semaine, tôt le matin ; qu’il conviendrait de fermer fenêtres et persiennes… tu parles, le grand large par-dessus les toits, l’échappée sur le Trocadéro, il n’y a que ça de vrai, surtout à la belle saison, et pour rien au monde je n’aurais obtempéré à la consigne en me cloîtrant chez moi !

    Je sors de mon lit hirsute et la bouche pâteuse, cillant des yeux et les mains sur mes tympans meurtris. J’émerge, faut-il le préciser, d’un rêve délicieux, ma roideur en témoigne, et je suis doublement déçu car je ne connaîtrai ni l’épilogue de mon aventure nocturne ni la relaxation matinale dont j’ai le secret : minutieuse et virtuose, toujours adagio non troppo, avec un rai de soleil sur mon litchi luisant. Ce fils de pute qui me bousille mon apéro du matin, il va m’entendre !

    Je m’approche de la porte-fenêtre et tente un pas hésitant sur le balcon. Quand je lève la tête, ma nuque endolorie me fait grimacer et je cligne des yeux dans la lumière trop crue tandis que l’air matinal me picote le torse. J’accommode peu à peu et n’en crois pas mes yeux : là, à deux mètres à peine au-dessus de moi, un jeune mec en posture de travail, s’acharne sur un rivet récalcitrant. Bien campé, jambes écartées, les cuisses musclées et bronzées émergeant d’un short bleu roi, telles deux imposantes colonnes doriennes sous leur unique chapiteau de toile. Déjà mon anatomie s’élance tel un fût monolithe car j’ai tout de suite zieuté l’exorbitant bas relief : dans l’entrejambe, le long de la cuisse gauche, un paquet tressaute à chaque coup de marteau. Je distingue nettement dans la pénombre les burnes épaisses, à la fois pesantes et dociles, les valseuses devrais-je écrire, tant ce ballet aérien est scandé et harmonieux. Je suis hypnotisé, réveillé pour de bon et n’ai qu’une envie : tendre le bras pour cueillir ces alléchants burlats ! Le travailleur, évidemment, n’a rien remarqué, il a d’autres chats à fouetter et les jurons qui ponctuent ses efforts font nettement entendre que l’heure n’est pas aux galipettes et qu’il n’en a rien à cirer de ses couilles en vadrouille.

    Je suis fasciné raide et mon désir rubicond étincelle dans le soleil levant lorsque, soudain, je recule, déséquilibré par ma posture trop cambrée (et puis, je l’avoue, je n’aimerais pas être surpris en flagrant délit de maraude !). Bing ! J’ai heurté l’un des montants métalliques. Léger frémissement de la poutrelle. Le gars – un homme du métier – habitué au moindre soubresaut s’est arrêté de taper. Il inspecte, se penche… Putain ! La splendeur du jeunot : des boucles de jais s’échappant de son casque, un teint hâlé, une bouche immense et charnue, deux rangées de perles parfaites qui s’incurvent spontanément en sourire charmeur.

    – Hello ! Rien de grave ?

    J’ai mis aussitôt ma paluche sur mon ventre (peine perdue !) et l’autre en visière pour mieux dévisager mon divin acrobate.

    – Désolé… mal réveillé… je me suis cogné. (Et soudain l’idée de génie.) Au fait, je vais déjeuner… Si le cœur vous en dit, si vous avez un moment, à la descente, faites une pause, arrêtez-vous… c’est sur votre chemin et c’est grand ouvert… Pas toujours marrant de manger seul.

    Il acquiesce d’un grand rire en faisant le salut militaire.

    – À tes ordres, chef !

    A-t-il remarqué ma pine au garde-à-vous ? Ce qui expliquerait son attitude martiale. Mais je n’ai vraiment pas le temps d’élucider son salut viril. Je m’éclipse après m’être assuré d’un furtif coup d’œil : c’est ok, dans l’entrebâillement de l’étoffe, les bigarreaux sont toujours à leur place, plus lourds que jamais, si tentants au-dessus de moi. Mon appétit en est décuplé !

    Je m’active à présent, j’en rajoute, une vraie soubrette surmenée, disposant sur la table tout ce que je trouve en ingrédients variés : toasts, beurre, miel, fromage blanc, faisselle, fruits, céréales, muesli… un vrai festin royal en perspective ! Thé ou chocolat chaud ? Café plutôt ? Je prépare les trois breuvages au cas où…

    – Hello !

    Sa voix m’a fait sursauter : il a dû se faufiler comme un félin. Je me retourne… Apparition de l’archange Gabriel : il a ôté son casque d’or et ses boucles s’éparpillent sur ses épaules pain d’épices ; le regard pétille, toujours son sourire de nacre, un vrai ragazzo pasolinien. Un coup d’œil connaisseur plus bas me confirme : le short est vraiment indécent et prométhéen son

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