Ce matin, j’ai tué une guêpe
Par Laure Lacoume
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À PROPOS DE L'AUTEUR
Lire des histoires, les raconter, voire les inventer fait partie du quotidien de Laure Lacoume. La transition vers l’écriture s’est faite de manière naturelle.
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Avis sur Ce matin, j’ai tué une guêpe
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Aperçu du livre
Ce matin, j’ai tué une guêpe - Laure Lacoume
Introduction
Ce matin, j’ai tué une guêpe. Écrasée, pour être précise. Ce n’était pas prémédité. Cela s’est fait comme ça, sans réfléchir. Je prenais mon petit-déjeuner dehors, la température était idéale, les oiseaux osaient leurs premiers gazouillis, un léger vent faisait se balancer doucement les feuilles. Et puis, elle est arrivée, comme ça, sans prévenir. Elle a commencé à tourner autour de moi, à passer de ma tartine de confiture à ma tasse de thé, à partir, à revenir, bref à prendre des risques. Puis, elle s’est posée. Et là, j’ai saisi mon verre de jus d’orange et je l’ai posé violemment sur l’insecte. J’ai entendu et senti un léger craquement. Alors j’ai appuyé avec une espèce de plaisir sadique jusqu’à ce qu’elle ne bouge plus. J’ai regardé son cadavre, admirant les lignes jaunes et noires de son abdomen, scrutant son petit dard qui ne ferait plus de mal à personne. J’ai ensuite regardé autour de moi. Est-ce que quelqu’un m’avait vue ? D’où me venait cette satisfaction morbide ? Qu’est-ce qui m’avait pris, moi, adepte de la non-violence ? Cette pauvre guêpe représentait-elle les nombreux bourreaux croisés tout au long de ma vie ? Vengeance ? Crime gratuit ? Mais alors, j’étais donc passée de l’autre côté, celui des assassins ? Tant de morts jalonnent mon histoire.
Chapitre 1
Alabama, 1922 : Je m’appelle Mira Jones, j’ai 6 ans. Je vis avec mes parents et ma Nanou à Tuscaloosa, une petite ville d’Alabama. Mon papa, Clarence Jones, est le plus gentil du monde : il est grand et beau, il a des lunettes et il est professeur à l’école primaire noire du quartier. Il ne me gronde presque jamais sauf si je fais une grosse bêtise mais cela n’arrive pas souvent. Maman est aussi la plus gentille du monde, elle s’appelle Barbara. Elle sourit tout le temps, elle reste à la maison pour travailler, elle fabrique de belles robes pour des dames blanches de la ville. Il paraît qu’elle est très douée. C’est pour ça que des dames très riches font appel à elle. Ça commence toujours de la même façon : une voiture vient la chercher, elle arrive dans une belle maison de blancs, la maîtresse de maison lui explique quel modèle elle veut, ensuite maman prend les mesures, la voiture l’emmène en ville acheter le tissu avec l’argent de la dame puis le chauffeur la reconduit chez nous. Elle fabrique la robe que quelqu’un viendra chercher quelques jours plus tard. Je sais tout ça car, une fois, maman m’a emmenée. Il n’y avait personne à la maison et maman ne voulait pas me laisser seule. Elle m’avait fait promettre de ne rien dire, de rester sagement assise en silence et d’être très gentille. Quand j’ai vu la belle maison, j’ai pensé aux illustrations des livres de l’école. On aurait dit un château. Il y avait sûrement un roi, une reine, un prince et une princesse à l’intérieur ! Un monsieur noir avec un costume bizarre nous a ouvert la porte et nous l’avons suivi dans une grande pièce. Il y avait la dame blanche. Elle a été très gentille avec moi. Je me suis assise et j’ai regardé maman et la dame sans rien dire. À la fin, la dame a agité une petite cloche et le monsieur qui avait ouvert la porte m’a apporté une part de gâteau. Comme j’étais contente ! En rentrant, maman m’a dit qu’elle était très fière de moi.
Et enfin, chez nous, il y a Nanou, ma grand-mère, la maman de mon papa. Elle est déjà un peu vieille, elle a un gros ventre, son visage est tout rond avec des rides, elle a des yeux si gentils, il lui manque deux dents devant et ça me fait bien rire quand elle sourit. Elle fait des gâteaux délicieux. Mais ce que je préfère chez elle, c’est qu’elle chante tout le temps. En cuisinant, en nettoyant la maison, en jardinant, en se balançant sur son fauteuil, même en dormant, je crois… Parfois, je m’assieds sur ses genoux et elle me chante des chansons douces avec sa belle voix grave en me berçant. C’est tellement bon. J’ai l’impression d’être encore un bébé, je me sens bien, j’oublie mes petits chagrins, comme l’autre jour, quand Roy avait écrasé exprès un escargot que je regardais et que j’avais pleuré si longtemps. Elle me dit tout le temps que c’est le chant qui l’a sauvée. Sauvée de quoi ? Je ne sais pas, elle n’en dit pas plus mais elle aime quand je chante avec elle et elle dit que j’ai déjà une très belle voix pour une petite fille.
Je vais à l’école tous les jours sauf le dimanche. Il y a deux écoles. Une pour les enfants blancs et une pour nous, les noirs. J’adore ça. J’aime écrire et dessiner, je commence à savoir lire… On joue tous ensemble dans la cour avec mes camarades. On se connaît tous car on vit dans le même quartier.
Mais hélas, on ne joue pas avec les enfants de l’autre école. Apparemment, ils ne nous aiment pas. L’autre jour, il y a même plusieurs garçons qui ont crié des choses méchantes quand je suis passée. Ils riaient et poussaient de drôles de cris d’animaux en me montrant. Papa m’a dit de ne pas m’en occuper.
Le dimanche, on va à l’église. Je mets ma belle robe et mes belles chaussures et on assiste à la messe. C’est tellement beau : tout le monde chante, tape des mains, le pasteur parle fort et dit de belles choses. Je ne comprends pas toujours tout mais je vois des sourires sur les visages et j’entends Nanou chanter. Elle a la plus belle voix de toute l’assemblée. Papa et maman chantent aussi mais je ne les entends pas très bien.
Bref, je crois que je suis heureuse. Je pense que j’ai de la chance d’avoir une aussi belle vie…
