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Zee (contenu enrichi)
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Livre électronique143 pages2 heures

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À propos de ce livre électronique

Livre numérique avec fichiers audio intégrés.

Zee entend ce que vous pensez, et ressent ce que vous ressentez. À travers vos regards, Zee se voit elle-même, et cette vision la transforme. Parfois, Zee est la fille précoce de ses quatre adultes. D’autres fois, Zee est un ado voyou de Brooklyn, New York, un ado qui joue au basketball et s’attire des ennuis.

Ses quatre adultes s’inquiètent. Ils testent ses facultés extrasensorielles et s’acharnent à les garder secrètes. Mais Zee voit clair dans leur jeu, anticipe leurs craintes et les déjoue. Zee veut s’intégrer, se mouler aux multiples attentes qui arrivent de tous bords tous côtés. Mais en perdant de vue qui iel est réellement, risque-t-iel de se mettre encore plus en danger ?
LangueFrançais
Date de sortie3 janv. 2023
ISBN9782897503260
Zee (contenu enrichi)
Auteur

Su J. Sokol

Su J. Sokol est une écrivaine de fiction spéculative, liminale et interstitielle, ainsi qu’une militante pour les droits sociaux. Originaire de Brooklyn à New York, elle vit désormais à Montréal, au Québec. Son premier roman, Cycling to Asylum (Deux Voiliers Publishing) a été nominé au prix Sunburst for Excellence in Canadian Literature of the Fantastic, et sera bientôt adapté en long-métrage. Son deuxième roman, Run J Run, a été publié chez Renaissance Press en mai 2019.

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    Aperçu du livre

    Zee (contenu enrichi) - Su J. Sokol

    La silhouette d'un homme qui cours. La silouette d'une ville est en arrière-plan. Des lettres sont éparpillées derrière l'homme.La silhouette d'un homme qui cours. La silouette d'une ville est en arrière-plan. Des lettres sont éparpillées derrière l'homme.

    À ma fille, Mara.

    Titre : Zee

    Texte : Su J. Sokol

    Page couverture : Romain Blanchard

    Traduit de l'anglais par : Sylvie Nicolas

    Conception graphique : Atelier 46

    Direction littéraire : Marie Cadieux

    Chargée de projets : Léonore Bailhache

    Révision linguistique : Réjean Ouellette

    ISBN (papier) : 978-2-89750-200-3

    ISBN (PDF) : 978-2-89750-201-0

    ISBN (ePUB) : 978-2-89750-202-7

    Dépôt légal : 3e trimestre 2020

    Bibliothèque et Archives Canada

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Impression : Friesens

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

    Classification: LCC PS8637.O34 Z4414 2020 | CDD jC813/.6—dc23

    Tous droits de reproduction, de traduction

    et d’adaptation réservés pour tous les pays.

    Pour ses activités d’édition, Bouton d’or Acadie reconnait

    l’aide financière de :

    Logos du gouvernement du Canada, du gouvernement du Nouveau-Brunswick et du Conseil des arts du Canada.

    © Bouton d’or Acadie inc.

    Case postale 575

    Moncton (N.-B.) E1C 8L9, Canada

    Téléphone : (506) 382-1367

    info@boutondoracadie.com

    www.boutondoracadie.com

    Diffuseur au Canada : Prologue

    prologue@prologue.ca

    Distributeur en Europe :

    Librairie du Québec / DNM

    direction@librairieduquebec.fr

    Ce livre est disponible aux formats papier et numériques.

    Bouton d’or Acadie est membre du

    Regroupement des éditeurs franco-canadiens.

    Ce livre est conforme à la nouvelle orthographe

    www.orthographe-recommandee.info

    Créé en Acadie – imprimé au Canada

    www.boutondoracadie.com

    Auteur: Su J. Sokol. Titre: Zee. Traduction : Sylvie NicolasMouton noir Acadie

    PROLOGUE

    Zee court, elle court et fonce comme jamais elle ne l’a fait auparavant.

    Elle a déjà dépassé les jeunes de l’équipe d’athlétisme de son âge, mais ça ne suffit pas. Tête baissée, Zee accélère jusqu’à ce qu’elle devance le plus rapide des jeunes de seize et dix-sept ans. Même là, elle ne ralentit toujours pas. Elle donne tout ce qu’elle a pour filer plus loin, plus vite encore avec, dans les oreilles, le battement assourdissant de son cœur.

    Puis une douleur aigüe trace une diagonale de sa cuisse droite à son épaule gauche. Sans en tenir compte, Zee puise ce qui lui reste d’énergie pour prendre encore de la vitesse. Elle jette un coup d’œil par-dessus son épaule gauche. Les autres sont loin derrière. Désormais, elle mène la course, avec une bonne longueur d’avance. Elle les a tous dépassés. Leur corps à tout le moins. Mais une fois de plus, leurs paroles et leurs émotions la rattrapent. Elles se sont inexorablement insinuées dans l’esprit vulnérable de Zee jusqu’à en expulser avec violence ses pensées et ses idées personnelles. Elle tente de se libérer de leur emprise, mais le rythme de son cœur s’accélère et s’affole dans sa poitrine. Elle inspire un bon coup de façon à forcer ses jambes épuisées à courir plus vite encore.

    La terre entière se met à tourner. Zee court tellement vite qu’elle ne sent ni ses membres ni le flot de l’air sur son visage. Pourtant, sans qu’elle ne sache comment, les voix des autres sont toujours là. Peu importe la vitesse de sa course ou la distance qu’elle franchit. Soudain, en Zee, une ­quasi-certitude anéantit tout espoir : jamais elle n’arrivera à les semer.

    Encore là, Zee refuse de céder. Même si ça devait la tuer, elle n’arrêtera pas de courir.

    CHAPITRE A

    LA NAISSANCE DE ZEE

    Imaginez une petite pièce avec un lit d’hôpital et un moniteur fœtal, un arôme d’huile de lavande qui se mêle à celle d’un désinfectant et, en trame de fond, de la musique nouvel âge. La sagefemme – une Blanche dans la quarantaine – prononce des paroles d’encouragement destinées à la future mère pendant que, posté près du lit, un jeune Noir, portant des lunettes à monture d’écaille, se tord les mains. À ses côtés, une femme d’environ trente ans, toute menue, aux yeux noirs, lance des regards d’inquiétude quasimenaçants à l’intention de la sagefemme. Au cœur de tout cela se trouve Emma. Le teint pâle, la tête rejetée vers l’arrière, elle gémit, pousse et souhaite que tout soit enfin terminé.

    Maintenant, imaginez un état de plénitude, de paix et un temps suspendu indéfiniment, rompu par le chaos. Une intense pression s’exerce et la réalité se scinde en deux. C’est à la fois inimaginable et à la limite du supportable. Quand finalement le sou­lagement s’annonce, il est accompagné d’une série de manifestations sensorielles qui surgissent de toutes parts. Bruit. Lumière. Froid. Un flot informe et continu de secousses émotionnelles menace de fracturer et de faire voler en éclat l’état de conscience tout neuf du petit être. Pour éviter d’être submergée par le courant, la petite s’engage dans cette voie, la sienne. Elle s’ouvre et absorbe tout, en elle.

    CHAPITRE B

    L’ENFANCE

    Les adultes décident d’appeler le bébé Zee. Et voici comment c’est arrivé. Après quarante-huit heures de travail, la sagefemme relève des signes de dé­tresse fœtale et appelle un médecin. Pour atténuer ses craintes et les douleurs de l’accouchement, Emma – qui participe à des tournois de Scrabble – se met à réciter l’alphabet en anglais. Au moment où elle prononce la dernière lettre, le bébé glisse hors de son utérus. « Zee » voit le jour.

    À première vue, Zee est un bébé des plus ordinaires. Peut-être n’y a-t-il rien d’étrange à ce qu’un nouveau-né, bien en chair et en santé, passe sa toute première nuit à l’hôpital sans se réveiller. Emma n’en est pas certaine. Elle croit comprendre que ce genre de chose ne survient que lorsque les bébés sont beaucoup plus âgés. Emma choisit de ne pas en tenir compte. Elle ne veut surtout pas être ce genre de parent : le genre de parent persuadé que son enfant est spécial.

    La nuit suivante, elle est tirée d’un cauchemar en entendant les pleurs agités de Zee. Elle vient de rêver que son bébé était tout froid, sans vie, à ses côtés. Une fois calmée, Emma parvient aisément à rassurer la petite mais elle accepte que le bébé soit emmené à la pouponnière. Elle ne veut pas que les pleurs de Zee dérangent tout l’étage de la maternité.

    CHAPITRES C ET D

    LA GARDERIE

    Bien entendu, Zee ne garde rien de ses premiers moments de vie. Ses premiers souvenirs sont ceux de la garderie.

    Mama-Zee remontent le trottoir. Le soleil illumine les cheveux de Mama et joue à cache-cache avec les orteils de Zee. Il fait beau et chaud. Les roues de la poussette ronronnent. Mama-Zee chantent une chanson à propos des roues du bus qui tournent et tournent. Puis les voici toutes deux avalées par l’ombre que projette l’ancienne église transformée pour accueillir la garderie. Mama est tendue / Zee émet un gémissement. Mama sort Zee de la poussette et monte les marches de l’escalier. La bouche de Mama forme les mots « plaisir, jeux, amis », mais à l’intérieur de Mama ce qui résonne c’est : INQUIÈTE, COUPABLE, TRISTE jusqu’à ce que Zee se retrouve avec son éducatrice. Juste avant de se tourner pour repartir, Mama esquisse un sourire qui n’est pas un vrai sourire.

    La première fois que Mama-Zee se séparent, Zee pleure tellement qu’elle s’évanouit. Même lorsque Zee parvient enfin à se contrôler, ses genoux menacent de lâcher et elle peine à retenir la plainte – petite, mais si réelle –, qui franchit ses lèvres. Ce sont les éducatrices, par leur attitude de désapprobation / inquiétude, qui poussent Zee à aller jouer et chanter avec les autres, à faire semblant de participer et d’y trouver du plaisir. Au fil du temps, faire semblant lui parait naturel. Presque réel. Par la suite, au moment de se séparer des amis de la garderie, Zee en vient à ressentir un déchirement semblable à celui vécu les premiers temps avec Mama.

    La garderie est un ensemble chaotique de bruits, de mouvements, de pensées, de sensations, mais ce qui s’en démarque le plus c’est Billy. Billy est le plus costaud des enfants du groupe des deux et trois ans et ses émotions le sont tout autant. JOYEUX ! TRISTE ! AGITÉ ! EN COLÈRE ! Mais plus encore, Billy a FAIM DE TOUT : de nourriture, d’attention et de découvertes. Aussitôt son sandwich empiffré, il se meurt d’envie de dévorer le repas de Zee – envie que Zee se sent tenue de combler.

    Les repas de Zee sont différents de ceux des amis. Tous les jours, Zee mange le repas végétalien que Mama a apprêté pour elle, alors que les amis mangent ce qui est cuisiné à la garderie. L’éducatrice aide Zee à ouvrir les petits contenants de nour­riture préparés par Mama. Il y a des pois chiches, des tranches de pommes, des raisins. Zee adore la forme des aliments. Rien de trop gros pour ses petits doigts. Billy l’observe et essaie d’imaginer ce que ça goute. Aujourd’hui, Zee a quelque chose de nouveau : un hotdog au tofu. Billy, fasciné, le fixe du regard, mais bientôt la fascination se transforme en épouvante sans qu’aucune des éducatrices ne le remarque. Zee finit par devoir elle-même trouver une solution.

    Plus tard, dans le bureau, Zee se tient debout près de Billy, et c’est à travers les yeux de Billy qu’elle observe les dessins au mur. Des chats avec des triangles à la place des oreilles. Des chiens avec de toutes petites pattes et dont les corps sont en forme de saucisse. Puis Zee se tourne vers les objets sur le bureau et les relie aux mots qui lui viennent à l’esprit. Agrafeuse, ruban gommé, pansement, tapis de souris. Zee entend les échanges au téléphone, d’abord celui avec le papa de Billy, ensuite celui avec la maman de Zee. Ils ont arraché la pelle des mains de Zee, mais au moins Billy ne pleure plus.

    Une fois à la maison, Zee accepte docilement d’aller s’étendre dans sa chambre pour se reposer pendant que Mama s’affaire à cuisiner. Mama promet à Zee qu’elle pourra se coucher un peu plus tard ce soir si elle fait un petit somme. « Oncle Malcolm vient souper, dit-elle à Zee. Il vient avec Pedro, un ami (amant) très cher. » Mama ne mentionne pas la présence de Meena, mais Zee voit qu’elle aussi est attendue. Zee sourit, heureuse de savoir qu’elle aura tous ses adultes autour d’elle. Yeux fermés, Zee respire lentement et s’efforce de faire semblant de dormir tout comme Mama fait semblant de sourire.

    (Endors-toi Zee, s’il te plait, endors-toi, s’il te plait, s’il te plait, s’il…)

    Zee se réveille au son de la voix de Mama dans la cuisine « … et sans qu’on sache comment, les deux ont fini par se retrouver dans la cour arrière. Zee avait une pelle dans une main et de l’autre, elle tenait la main de Billy. Ils venaient d’enterrer le hotdog au tofu dans le carré

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