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Parcelles Singulières: Fragments de la violence ordinaire
Parcelles Singulières: Fragments de la violence ordinaire
Parcelles Singulières: Fragments de la violence ordinaire
Livre électronique138 pages1 heure

Parcelles Singulières: Fragments de la violence ordinaire

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À propos de ce livre électronique

Avec Jade, Gisèle, François, Emma, Marthe, Henri et bien d'autres encore, de La Flaque à L'imposture, en passant par Le jour de sa naissance, il est de ces instants où se joue et s'instrumente la violence ordinaire. Celle que l'on assène ou relaie, que l'on s'inflige, celle reçue et subie, celle qui se tait et se cache derrière les apparences, celle encore liée aux circonstances de la vie.
Ces parcelles de vie livrées sans a priori ni jugement interrogent ce qui résonne en nous et invitent à un éventuel changement de point de vue pour, peut-être, cesser de caresser le poisson dans le sens des écailles.

Avertissement de l'auteure

Inspirés de faits réels, certains lieux et prénoms ont été modifiés pour servir la fiction.
LangueFrançais
Date de sortie31 mai 2023
ISBN9782322490950
Parcelles Singulières: Fragments de la violence ordinaire
Auteur

Claire Le Guellaff

Claire Le Guellaff réside en Provence. Après une vie professionnelle bien garnie, elle décide en 2014 de se consacrer à l'écriture à temps plein. Elle est aujourd'hui l'auteur de plusieurs ouvrages en littérature de Jeunesse et en littérature générale dont "Sélection des encombrants" - Prix 2017 Nouvelles Polar du Terroir et "Jeanne De...", son premier roman - Prix des Nouveaux Écrivants 2022 dans le cadre du Festival Lire sur la Sorgue.

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    Aperçu du livre

    Parcelles Singulières - Claire Le Guellaff

    Du même auteur :

    Collection ©Les Temps Hypothétiques

    JEANNE DE… Roman – Prix des Nouveaux Écrivants 2022

    Sélection des encombrants - Prix Nouvelle Polar du Terroir 2017

    CHUCHOTIS Recueil de poèmes – Haïkus, Senryûs et Tankas 2022

    Collection ©Patapouf et Cie

    Petites histoires simples à conter – Album illustré jeunesse 2022

    « Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »

    Aux rencontres,

    entre réalité et fiction.

    « L’homme souhaite un monde où le bien et le mal

    soient nettement discernables car est en lui

    le désir inné et indomptable, de juger avant de comprendre. »

    Milan Kundera – L’Art du roman

    « La violence sucrée de l’imaginaire console

    tant bien que mal de la violence amère du réel. »

    Roland Topor

    PARCELLES

    L’hypothèse…

    … Des circonstances

    Jade 1985 Un hôpital en province

    Émile, Françoise, Quentin et les autres… 1914 – 1975 Paris, Brasserie de l’horloge

    Marthe 1911 Le Sud, un mas en Provence

    Martha et Ludwig 1941 Quelque part en Allemagne

    À cet adolescent inconnu 2019 le Sud, un village en Provence

    Sylvain 1998 Maisons perdues

    Une famille en urgence 2017 La salle des fêtes

    Annick 2007 Un hôpital en France, service des urgences

    Entretien avec sol 2005 Cette nuit-là

    … De l’enfance

    Solange et Marie 1950 Une épicerie-bar-tabac

    Sylviane 2004 La Garenne-Colombes

    Jacqueline 1985 L’école du village

    Nathan et Solène 1987 Un jumelage sous fenêtres

    Antoine 1990 Sur l’autoroute A6

    Patricia, Coline et Juliette 1965 Lons-le-Saulnier un pensionnat pour filles

    Jacques 1952 - 2019 Un hameau en bord de Loire

    Odette 1980 Montpellier, journée de la fête des mères

    … Du silence, de la méprise au mépris

    Martin 1991 Paris, une chambre sur cour

    Gisèle et Jean 1996 Paris, Café de la Paix

    Corinne 1998 Angers, un matin

    Paul 2020 Souvenir d’octobre 61

    Jeanne et Félix 1921 Une loge de théâtre

    Dominique 1977 Hôtel du Rivage

    Henri 1975 – Lyon, quartier de La Guillotière

    Elle, Lui 2010 Quelque part, d’un bureau à l’autre

    Juliette 2017 Cassis, avec vue sur la baie

    … Des caractères

    Denise Dans les années 2000 À l’heure du thé

    Francine 1975 Paris 14ème, Parc de Montsouris

    Claude 1997 Paris 12ème, le temps d’un déjeuner...

    Gilles.M. 1992 Bordeaux, le garage d’un pavillon de banlieue

    Harry 1930 L‘Ohio, la nuit

    … Du vide et de l’absence

    Frédéric 2005 Une banlieue, à minuit

    Gaëtan 2010 Lyon 6ème, une chambre de bonne sous les toits

    Julien 2021 Poème en bandoulière

    Blanche 2009 Un village dans l’Ain, Place de la mairie

    Edward 1942 New-York, à un angle de rue

    Un homme dans la foule 2015 Lyon, Place Bellecour

    André 1927 Le Café du village, en Provence

    Rose 1931 Un hameau en haute-Loire

    Auguste 1952 - 1982 Sous l’horloge

    Georges date inconnue Ailleurs – un peu de partout, un peu de nulle part

    Paule 2005 Poitiers, La belle-des-prés

    Claire 2019 L’Ain, un lieu hors du temps

    L’hypothèse…

    Avez-vous déjà observé les poussières de bruine, à la tombée de nuit ? Avez-vous ressenti leurs effets, alors que la pluie qui les précédait s’achève en elles ? Il en est des poussières comme il en est des personnes : éphémères, rémanentes, grossières ou fines, grises, blondes, brunes, jaunes, blanches, rouges… multiples et transparentes. Toutes restent suspendues à l’air qui les porte, gorgées des matières qu’il charrie. Elles s’immiscent dans votre espace en une valse lente et imperceptible de gouttelettes minuscules… Une toile humide tissée en fond d’écran… Elles annoncent un Il était une fois, une seule dans cet instant et dans cette fissure du jour qui s’agrandit… Cicatrice… Comme un présentiment d’une autre chose, d’une autre histoire. Le paysage du premier plan se rétrécit, filtré par leur loi ; celui de l’arrière-plan se déplace au centre, à la façon des miroirs de sorcière. Elles ternissent l’arbre imposant, tout près, le confondent à ne plus en distinguer l’élan vers le ciel. Elles soulignent au loin une courbe tout en effaçant le chemin qui l’instruit, n’en balbutient que le reflet naissant. Et l’horizon s’empèse. Les poussières de bruine fragmentent la lumière ; ses éclats s’emprisonnent dans leurs globes minuscules. On ne sait si elles s’échappent du ciel ou s’évadent de la terre. À la tombée de nuit, leurs bulles se cristallisent de gris, recèlent la mémoire du jour et s’offrent de la densité. Le ciel connu s’efface, peu à peu, pour s’évanouir sous l’effet du vertige de la terre. Réverbères d’un monde qui s’enfuit en cloques particulières, prêtes à éclater leur frontière fragile.

    Avez-vous remarqué comme elles opacifient le présent, l’instant qui se vit ? Elles nous entraînent à projeter au premier plan des relents de sensations, puis d’émotions anciennes, à nous embrouiller l’esprit, à rendre le corps à ses douleurs et le cœur à ses soubresauts… Palpitations, apnées… Au début et sous leur caresse, les grains de la peau se resserrent, se rassemblent, puis s’unifient sous leurs picotis… Sensation de fraîcheur… Le froid s’ensuit. Après avoir percé la barrière protectrice, l’eau se libère au-dedans. Billes séparées au-dehors ; ruissellement au-dedans. Une lutte s’engage alors entre la chaleur du corps et la froideur de l’extérieur ; les frissons s’enchaînent. Par instinct, les têtes s’inclinent, à protéger leur front. Les dos se voûtent, les nuques se soumettent, les épaules se contractent. Les souffles se raccourcissent ; les postures s’affaiblissent. Les corps s’arrondissent, miment les sphères opaques, s’y arriment en un tout tandis que le vide s’aimante à ce tout et l’absorbe.

    Sous les poussières de bruine, la solitude ressurgit, installe ses forteresses : ce qui se confiait s’arrête à michemin, ce qui se cachait par pudeur devient secret. La fluidité de l’air assure l’équilibre d’un tel système. Respirer fort. Mais un souffle suffit-il à les chasser ? Il faut un revers de main, une claque pour en éclater quelques-unes, vite remplacées l’instant d’après par des suivantes à l’infime différent. De floutage en flottement, d’autres nettetés apparaissent ; entre elles, le silence joue sa partition. Par la parole retenue, le regard s’étouffe, force les mouvances, crache les contours. L’horizon disparaît et la conscience des choses se dilue avec lui, au-dehors, à nous rendre une liberté dont on ne sait que faire. Certains s’agitent alors, d’autres s’immobilisent.

    Enfant, les poussières de bruine m’égayaient, trop jeune pour en éprouver leurs effets, puis elles m’assombrirent. Aujourd’hui je les crains. J’en suis arrivée à penser que chaque poussière de bruine emprisonne un évènement du jour qui passe, témoigne en écho d’une expérience, les raccroche à la mémoire de chacun au vu de tous. À me questionner si celle-ci, ou celle-là, mêlée à la multitude, m’appartient bien et ne serait pas celle d’un autre qui s’y enchevêtrerait, pour peu que l’instant et le lieu nous soient communs ?

    C’est ainsi que l’Autre devient Je, à vivre la singularité de cet ordinaire qui le façonne.

    … Des circonstances

    Jade, Émile, Françoise, Quentin, Marthe,

    Annick, Martha, Sylvain…

    Jade

    1985

    Un hôpital en province

    Le jour de sa naissance

    « … Je me souviens de la première fois où j’ai pleuré de désarroi ; quand j’ai senti, en une fraction de seconde, un quart de nano seconde, une chape de plomb s’abattre sur moi, m’alourdissant à chaque respiration et, alors que j’haletais – pour la bonne cause me répétait-on – je m’épuisais à retrouver de la légèreté, à vider la charge, à évacuer le sable qui s’infiltrait – le gravier plutôt, comme Poucette et ses gros cailloux – et qui m’étouffait.

    À moins d’être la seule à tâter de cette expérience, ce qui me paraissait raisonnablement impossible, l’incongruité de ce que je vivais me révoltait et je criais. Pire, je hurlais de douleur pendant qu'on me soutenait, qu’on me piquait, qu’on s’inquiétait d’une telle résistance, de mes Pourquoi ? et de mes Comment ?, affirmant que la technique garantissait le résultat tandis que l’affolement gagnait et occupait l’espace, agitait le temps, mon temps, et me perdait dans cette souffrance qui n’était pas physique. Bien que j’affirmais qu’elle l’était. Par la volonté, et sans le courage, il me fallait tenir le coup. Oui, il fallait

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