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Le Garçon du Professeur
Le Garçon du Professeur
Le Garçon du Professeur
Livre électronique359 pages4 heures

Le Garçon du Professeur

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À propos de ce livre électronique

Hagen ne voulait pas être le Dom de Baxter. Il voulait être son Daddy.

 

Le professeur Hagen St Croix avait tiré un trait sur sa vie de Dom depuis que ses deux garçons précédents l'avaient quitté. Pourtant, lorsque son ancien club organise un événement, il ressent l'envie d'y aller… mais pas en étant seul. Il trouve l'idée d'embaucher quelqu'un pour un rencard, une sorte d'escort de dating, mais tombe des nues en se rendant compte qu'il s'agit de son étudiant le plus sexy Baxter Lafelle. Il est d'autant plus surpris par les sentiments que ce dernier fait naître en lui.

 

Lorsque leurs destins se heurtent de plein fouet, Hagen se rend compte qu'il ne veut pas être son Dom. Il veut être son Daddy… mais le laissera-t-il faire ? Et que se passera-t-il lorsque leur contrat s'achèvera ?

 

Le Garçon du Professeur est un roman gay one shot de 73 milles mots, une histoire douce et sexy entre deux hommes, avec du rôle play, un écart d'âge, et un très beau « et ils vécurent heureux pour toujours ».

LangueFrançais
ÉditeurNora Phoenix
Date de sortie12 janv. 2023
ISBN9798215627549
Le Garçon du Professeur

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    Aperçu du livre

    Le Garçon du Professeur - Nora Phoenix

    1

    La neige ne lui donnait plus l’impression de vivre dans un paysage de carte postale depuis environ trois hivers. Désormais, à ses yeux, c’était simplement devenu ennuyeux. Hagen St Croix se tordit le cou afin de regarder si le chemin menant à sa destination avait été dégagé et soupira de soulagement en apercevant le chasse-neige en train de s’en occuper. Il vérifia sa montre et vit qu’il était toujours à l’heure, avant d’immobiliser sa voiture pour patienter.

    Timing parfait.

    Il regarda la neige immaculée qui recouvrait l’herbe face à lui. Combien de centimètres étaient tombés la nuit dernière ? Il supposa qu’il en était tombé environ vingt-cinq, mais, encore une fois, l’estimation n’avait jamais été son fort. Il pouvait toujours vérifier dans sa cour, où il avait posé un mètre afin de mesurer les chutes de neige, lorsqu’il avait emménagé ici en imaginant bêtement que les tempêtes de neige avaient quelque chose de romantique. Comme il avait été naïf, lui qui venait de la Californie toujours si ensoleillée.

    Malgré tout, aussi gênante que soit la neige, il aimait vivre quatre saisons bien distinctes. Dans cette partie du continent, à environ une heure de route de Boston, dans le Massachusetts, l’automne était réellement spectaculaire. Il n’avait jamais imaginé être le genre d’homme qui appréciait regarder les feuilles mortes tomber, pourtant il pouvait passer des heures à bord de sa voiture à traverser le New Hampshire et le Vermont, tout en s’arrêtant toutes les cinq minutes pour prendre une photo. Peut-être que malgré tout le temps passé à essayer de se persuader du contraire il vieillissait, ou du moins qu’il atteignait un certain âge.

    Le chasse-neige termina son œuvre, et Hagen leva la main pour remercier le préposé à l’entretien et obtint un signe de tête amicale en retour. Deux autres voitures s’étaient arrêtées derrière lui, alors il gagna rapidement sa place de parking. Ses roues ne patinèrent qu’une seule fois, ce qu’il considéra comme un franc succès. Il n’était toujours pas très adroit pour conduire sur la neige, ou en tout cas pas comme ses collègues qui étaient natifs d’ici.

    Il avait été tellement fier de suivre leurs conseils en s’achetant une voiture avec quatre roues motrices. Sa Subaru n’était peut-être pas la plus belle des voitures, mais elle faisait un travail phénoménal dans la poudreuse. Avant de sortir de son véhicule, il s’assura qu’il ne tomberait pas par accident sur un tas de poudreuse. Ce ne serait pas la première fois.

    Au cours du premier hiver passé ici, il s’était retrouvé avec des pieds trempés et glacés à plus d’une occasion. Cependant, il avait finalement suivi un autre conseil de ses collègues et s’était acheté une paire de bottes robustes, un grand écart de conduite par rapport à ses habituels mocassins coûteux. Ces derniers étaient inutiles face à ce climat, et Hagen devait admettre qu’il avait pris goût à l’aspect plus robuste qu’il avait adapté dans sa garde-robe.

    Un jean moulant, des bottes surdimensionnées, un manteau chaud et par l’enfer, il avait même fini par acheter une chemise à carreaux. En plus, il était célibataire, alors personne ne se souciait réellement de son apparence, et encore moins ses élèves. Et même s’ils s’en souciaient, ils ne faisaient aucun commentaire à ce sujet, non pas qu’il puisse être intéressé par leur opinion.

    Jongler avec ses clés de voiture et son café était devenue une routine qu’il réussissait facilement, tout en jetant la sangle de cuir de son sac par-dessus son épaule. Dès qu’il entra dans l’immeuble, il retira le reste de neige de sous ses bottes, la rajoutant à la pile de bouillie qui s’était déjà formée sur le grand tapis.

    Il avait encore une demi-heure devant lui avant son premier cours, tout allait bien. Hagen détestait être en retard et ne tolérait pas non plus que ses élèves le soient. Le temps au-dehors n’était pas une excuse, d’autant plus que la tempête avait été prédite trois jours à l’avance.

    — Bonjour, salua-t-il sa collègue Lynn.

    — Salut, Hagen, répondit-elle. Heureux de voir que tu as réussi à te frayer un chemin à travers la neige.

    Hagen ravala son agacement. Lynn avait la frustrante habitude frustrante de le materner, attitude à laquelle il était tout bonnement allergique. Bien qu’il ait laissé sous-entendre à plusieurs reprises qu’à quarante-trois ans il était un adulte capable de prendre soin de lui, elle n’arrêtait pas pour autant de l’approcher avec douceur, en s’inquiétant pour lui et en faisant preuve d’ingérence.

    — Je suis habitué à conduire dans ces conditions maintenant, répliqua-t-il en espérant qu’elle comprenne le message, bien qu’au fond il savait à quel point c’était inutile.

    En vérité, elle ne se montrait pas intentionnellement agaçante. Elle avait simplement un instinct maternel surdéveloppé, ou agissait même plutôt comme une grand-mère, étant donné qu’elle était son aînée de près de quinze ans. Cependant, c’était un sacré professeur, passionnée par son sujet – l’Histoire américaine moderne – alors Hagen avait décidé de la tolérer, ne serait-ce que pour cette raison. Les gens qui prenaient leur travail au sérieux méritaient tout son respect.

    Il démarra son ordinateur, puis sirota son café, tout en découvrant ses notes pour la journée. La désastreuse campagne russe d’Hitler était au programme du jour. Il aimait enseigner dans cette petite université privée. En Californie, enseigner lui avait donné l’impression de devoir répondre à une production de masse, puisque ses auditoriums étaient toujours remplis au maximum. Ici, il enseignait dans de vraies classes, avec une petite trentaine d’étudiants. Ce qui lui permettait de créer un environnement beaucoup plus intime et d’apprécier son lien avec chacun de ses élèves. Il connaissait même leur nom, pour la plupart, ce qui était un miracle en soi, étant donné qu’il n’était généralement pas très doué pour retenir les noms.

    Ses étudiants étaient pour la plupart motivés et carrément désireux d’apprendre. Ce qui était également un changement bienvenu face au sentiment général d’apathie qu’il avait perçu en enseignant dans cette grande université californienne. Il aimait l’Histoire avec passion, et même si cela pouvait paraître ennuyeux aux yeux de certaines personnes… il estimait qu’il était crucial de l’enseigner.

    On ne pouvait pas comprendre le présent sans connaître le passé, et encore moins éviter de refaire les mêmes erreurs. Le passé avait de l’importance, et pas seulement parce qu’il était fascinant, mais également parce qu’il avait de nombreuses leçons à apprendre aux gens d’aujourd’hui. La triste vérité était que peu de personnes voyaient les choses de cette façon, et parfois, Hagen estimait mener un combat perdu d’avance en essayant de former une nouvelle génération d’étudiants intéressés et passionnés par l’Histoire.

    Pourtant, ici, il y avait au moins quelques élèves dans chacune de ses classes qui buvaient ses paroles et prenaient des notes à la main jusqu’à en avoir mal aux doigts… Hagen leur avait interdit les ordinateurs portables, agacé par tous les cliquetis des touches, sans parler du fait que cela les distrayait beaucoup trop. Il avait surpris suffisamment d’étudiants en train de regarder du porno pendant ses cours, ce qu’il considérait comme tout simplement inacceptable. Non pas qu’il ait quelque chose contre la pornographie, bien au contraire, car elle était sa principale source de stimulation sexuelle à l’heure actuelle, mais parce qu’il y avait un temps et un lieu approprié pour chaque chose. Et regarder du porno pendant qu’il enseignait était carrément offensant.

    Comme d’habitude, il s’assit dans sa classe dix minutes avant le début des cours et fut heureux de constater que trois de ses élèves l’attendaient déjà.

    — Bonjour, les gars, dit-il.

    — Bonjour, Professeur, obtint-il en réponse.

    Alors qu’il démarrait son ordinateur portable et branchait le projecteur, les étudiants arrivèrent un par un. La plupart venaient avec un café, mais il ne pouvait pas les blâmer pour cela, car il en était lui-même à sa deuxième tasse. C’était l’un des rares luxes qu’il s’était autorisé à installer dans son bureau : une machine Nespresso. La qualité était loin d’être comparable à la machine à café italienne hors de prix qu’il avait chez lui, mais c’était toujours bien mieux que l’horrible liquide brun que l’université tentait de faire passer pour du vrai café.

    Il était sur le point de fermer la porte lorsqu’il vit quelqu’un se précipiter dans le couloir. Baxter Lafelle était, comme d’habitude, le dernier à arriver. Même s’il était en retard d’une minute, Hagen maintint la porte ouverte pour lui.

    — Vous êtes en retard, Monsieur Lafelle, déclara-t-il de sa voix sévère.

    — Désolé, Professeur, marmonna ce dernier.

    Il ne ressemblait à rien, ses cheveux foncés étaient en désordre et son visage était pâle, avec d’énormes cernes sous les yeux. Hagen secoua la tête en fermant la porte et en prenant place devant sa classe. Le gamin était encore probablement resté tard debout, à jouer à des jeux vidéo, ou toute autre occupation du même acabit.

    Bien que gamin ne soit pas exactement le bon terme pour décrire Baxter, puisqu’il était l’étudiant le plus âgé de sa classe, et de loin. En vérité, il venait d’avoir vingt-sept ans, Hagen le savait parce qu’il l’avait recherché dans le système informatique de l’université, la première fois qu’il l’avait vu. Il avait également interrogé Lynn à son sujet, et elle lui avait dit qu’il était un étudiant de seconde chance, de retour à l’université afin d’obtenir son diplôme après avoir travaillé pendant quelques années. Hagen avait pensé que, peut-être, il avait découvert que sans un diplôme universitaire, il ne parviendrait pas à obtenir un emploi décent, puis il s’était senti immédiatement coupable de penser de manière aussi snob et élitiste.

    Jusqu’à présent, Baxter s’était avéré être un étudiant médiocre, généralement peu impliqué dans ses cours et silencieux, toujours assis au fond de la pièce. Hagen avait fait appel à lui à plusieurs reprises et, à sa grande surprise, lorsqu’on lui posait une question, Baxter connaissait habituellement la réponse. Il ne prenait tout simplement pas la parole de lui-même, et son travail consistait en de solides efforts pour obtenir un B-, et plus occasionnellement des C+.

    — D’accord, j’espère que vous avez tous lu le programme en prévision des deux semaines à suivre, puisque nous allons parler de la campagne militaire ratée d’Hitler contre la Russie. Maintenant, qui peut me dire pourquoi Hitler aurait dû prévoir que ce serait contre-productif d’attaquer la Russie et de violer le traité qu’il avait conclu avec Staline ?

    Peu de temps après, ses étudiants et lui étaient engagés dans une conversation animée sur l’arrogance de mener une guerre sur deux fronts différents et la manière dont Hitler aurait dû tirer des leçons de l’expérience désastreuse de Napoléon.

    — C’est un peu comme demander à quelqu’un qui a grandi sous le soleil de Californie de survivre à un hiver ici sans y être préparé, déclara Hagen.

    Quelques-uns de ses étudiants ricanèrent en comprenant où son argumentaire allait le mener.

    — Mon premier hiver ici était dramatique, je ne peux pas le décrire autrement. Je suis rentré deux fois dans une voiture, je me suis retrouvé coincé dans une congère, on m’a relevé du sol plus de fois que je ne peux m’en souvenir, et pourtant tout ce dont je me rappelle de ce premier hiver, c’était cette sensation de froid intense. J’étais très malheureux.

    Ses élèves rirent de bon cœur, ce qui était de bonne guerre, puisque Hagen en fit de même, se moquant de ses propres défauts.

    — Je m’étais terriblement mal préparé à faire face à un tel climat, enchaîna Hagen en reprenant un ton grave. Je pensais que parce que j’avais acheté des vêtements chauds, je m’en sortirais aisément. Hitler pensait à peu près de la même façon, en plus de surestimer la rapidité avec laquelle il pourrait envahir l’armée russe, et de sous-estimer la gravité des conditions hivernales de ce pays.

    Il regarda autour de lui pour s’assurer que son analogie avait fait mouche. La plupart de ses étudiants hochèrent la tête en prenant quelques notes. Ses yeux tombèrent alors sur Baxter, tout au fond de la pièce. Il fixait son bureau, sa tête soutenue par sa main gauche. Hagen plissa les yeux. Baxter était affreusement immobile, sans prendre la parole d’aucune façon. Hagen fit quelques pas de plus dans sa direction, marchant entre les tables de ses élèves. Était-il… ?

    Il pencha la tête de côté pour obtenir une meilleure vue. Bon sang, le gamin dormait. La pièce avait retrouvé son calme, les autres étudiants ayant remarqué la même chose que lui. Hagen s’avança davantage, Baxter ne remuait toujours pas.

    Une profonde frustration enserra le cœur de Hagen. Comment osait-il s’endormir pendant son cours ? Qu’est-ce qui n’allait pas avec ce gamin qui gâchait son opportunité unique et le privilège de se rendre dans cette université, pour faire quoi ? Jouer à des jeux vidéo toute la nuit ? Traîner et se saouler avec ses amis ? Que faisait-il au lieu de s’assurer de prioriser son éducation ?

    Et surtout, comment osait-il s’endormir dans sa classe ? Était-il vraiment si ennuyeux ? Ce simple mot s’insinua violemment en lui, et il repoussa la vague de douleur qu’il ressentait toujours à cette simple évocation. Ce n’était pas le moment.

    Désormais, il se trouvait debout devant Baxter, qui avait les yeux fermés et la respiration profonde. Il ne somnolait pas simplement. Il dormait profondément.

    Hagen se pencha sur son bureau et approcha ses lèvres de l’oreille de Baxter.

    — Je vous ennuie, Monsieur Lafelle ?

    2

    Baxter se réveilla et ouvrit grand les yeux, pour tomber directement sur le visage peu amical de son professeur. Que s’était-il passé ? Tout autour de lui, les autres riaient et étaient tournés dans sa direction. C’est là qu’il réalisa. Oh, mon Dieu, il s’était endormi en classe ! Et St Croix venait tout juste de le réveiller. Baxter n’avait aucune idée de ce que l’homme lui avait demandé, mais il attendait clairement une réponse, au vu de son attitude.

    — Euh… oui ? dit-il avec hésitation.

    Le visage du professeur s’assombrit, ses yeux bleus le poignardèrent. D’accord, c’était la mauvaise réponse. Mais comment aurait-il pu le savoir ? Il s’était endormi. Bon sang, dans quel pétrin venait-il de se fourrer ?! St Croix n’était pas quelqu’un à qui il fallait s’en prendre.

    — Je suis désolé, Professeur, je me suis assoupi une seconde.

    St Croix lui adressa un regard perçant, avant de s’éloigner en croisant les bras devant son torse.

    — Vous dormiez au point que je ne craignais que vous ne vous mettiez à ronfler d’une seconde à l’autre.

    D’autres éclats de rire fusèrent autour d’eux.

    — Mais nous en reparlerons après les cours. Je prie pour que vous restiez éveillé jusque-là.

    Son professeur se retourna pour regagner l’avant de sa classe et Baxter l’observa, sentant son estomac se nouer. Il était déjà sur le point d’échouer dans plusieurs matières, il ne pouvait pas se permettre d’en faire de même avec celle-ci.

    Et ce n’était même pas que son cours avait été ennuyeux, loin de là. St Croix avait un véritable don pour raconter des histoires, et Baxter adorait l’écouter. Il avait simplement travaillé tard hier soir chez Rocky, la station-service, après son poste à la librairie du coin. Il aurait dû rentrer plus tôt, mais l’équipe de nuit était tombée malade, alors il avait dû rester deux heures de plus, jusqu’à ce que son patron trouve un remplacement. Fatigué était très loin de décrire la façon dont il se sentait actuellement. Même épuisé ne semblait pas coller à la réalité. Il ressentait une profonde lassitude et avait le sentiment de ne désirer rien d’autre que de s’enterrer dans son lit et y rester une semaine entière. Il devait réduire ses heures de travail afin de s’assurer de pouvoir dormir un peu. Après cela, il pourrait passer du temps à étudier sérieusement. Mais où trouverait-il le temps de le faire, et plus important encore, l’argent ?

    Hier soir, pendant sa pause, il avait fait ses comptes et avait compris qu’il ne pourrait pas se permettre de payer la prochaine échéance de ses frais de scolarité. Bon sang, il avait besoin de se trouver un autre travail, mais entre ses cours et ses différents jobs, il parvenait à peine à se rendre en classe… Et pour ce qui était de manger et dormir, c’était encore plus compliqué, bien que le premier soit devenu un luxe, vu qu’il devait économiser son argent.

    C’était la raison pour laquelle il continuait de travailler chez Rocky, parce que Danny, le propriétaire, lui permettait de boire du soda à la fontaine et de manger la nourriture qu’ils ne pouvaient plus vendre. Il vivait de hot-dogs périmés, de burgers et de sandwichs précuits, avec parfois un bol de soupe ou de chili. Et de soda, beaucoup, beaucoup de sucre. Sans cela, il serait mort de faim il y a des mois. Probablement au moment où Robert était parti.

    Il se remémora le jour où sa vie avait viré au cauchemar. Robert ne méritait pas qu’on lui consacre autant d’énergie, pourtant Baxter n’avait pas pu s’en empêcher. Il connaissait les étapes du deuil, les ayant traversées après que son père était mort d’une crise cardiaque, deux ans auparavant, et il n’avait pas encore dépassé le stade de la rage absolue concernant ce que Robert lui avait fait. À un moment donné, il espérait pouvoir retrouver la paix, mais pour l’instant, sa colère lui permettait de survivre. Ou tout du moins lui fournissait l’énergie nécessaire pour vivre au jour le jour.

    Il parvint à rester éveillé jusqu’à la fin du cours et s’affaissa dans son siège tandis que les autres élèves rangeaient leurs affaires. La dernière à partir lui adressa un sourire compatissant avant de fermer la porte derrière elle. Une maigre consolation.

    St croix s’approcha de lui et s’installa sur un bureau en face du sien. Baxter était presque certain que l’une des raisons pour lesquelles les cours de cet homme étaient si populaires était parce qu’il était diablement sexy. Certes, il était vieux, ou du moins, beaucoup plus vieux que ce qui serait approprié aux yeux des autres étudiants, mais cela ne diminuait pas le fait qu’il dégageait une attirance magnétique à laquelle il était difficile de résister.

    Il faisait peut-être cinq centimètres de plus que lui, avait une silhouette élancée, et un air distingué et gracieux. Il exsudait le charisme et le style par chacun des pores de sa peau, et Baxter ne parvenait même pas à expliquer comment cela était possible. Peut-être était-ce dû à ses cheveux poivre et sel. Il les portait mi-longs, jusqu’à son cou. Bien sûr, sa barbe ne faisait que rajouter à son charme, ainsi que ses yeux bleus.

    Cet homme était l’incarnation même d’un sugar daddy, comme Denise, la meilleure amie de Baxter, le lui avait décrit.

    Il était célibataire, comme beaucoup d’étudiants le savaient, mais à part cela, les informations au sujet de sa vie personnelle se faisaient rares. Non pas que Baxter désire en savoir plus à son sujet, évidemment. L’homme était son professeur, rien de plus.

    Certes, son gaydar s’était agité comme s’il avait remporté le jackpot lorsqu’il avait posé les yeux sur cet homme pour la première fois, mais fort heureusement, ce dernier était des plus arrogants. Ce qui aidait le jeune homme à garder une attitude professionnelle à son égard.

    — Vous vous êtes endormi pendant mon cours, déclara St Croix.

    Baxter fronça les sourcils.

    — Oui, répondit-il, sans vouloir nier l’évidence.

    — Voulez-vous m’expliquer ?

    Il débattit intérieurement, s’imaginant expliquer le désordre glorieux que sa vie était devenue à cet homme qui était le parfait exemple du succès, tout en élégance. Le contraste entre eux ne pouvait pas être plus grand, et Baxter n’avait aucune envie de s’humilier davantage.

    — J’aurais dû me coucher plus tôt, proposa-t-il finalement, imaginant que c’était aussi proche de la réalité que possible.

    Il aurait dû lui dire la vérité, mais il en était incapable, n’était-ce après tout pas le résumé de sa vie actuelle ?

    — Oui, vous auriez dû, Monsieur Lafelle. C’est le deuxième semestre. Vous devriez savoir que je ne tolère ni retard ni manque de respect, et je pense que nous pouvons tous les deux convenir que s’endormir pendant mon cours est un cas évident de manque de respect.

    Il le prenait personnellement, réalisa Baxter. Il ne s’agissait pas d’une mesure disciplinaire contre une simple infraction, c’était quelque chose qui allait beaucoup plus loin. Mais cela, décida Baxter, n’était pas son problème. Quelles que soient les insécurités alimentant l’indignation de St Croix, Baxter n’en avait rien à faire.

    — Je m’excuse de m’être endormi, Professeur, mais je ne suis pas d’accord avec vous. C’est simplement un cas de fatigue, il n’y a rien de personnel.

    Les yeux de l’autre homme se verrouillèrent sur lui et lui donnèrent envie de se tortiller.

    — Votre attitude ne me permet pas de prétendre non plus que vous appréciez mes cours.

    — Mes notes sont satisfaisantes, souligna Baxter. Ce n’est pas comme si j’étais en train d’échouer.

    — Satisfaisantes, en effet, et c’est tellement révélateur de ce dont vous vous contentez. Il y a une grande marge entre satisfaisant et excellent, jeune homme. Puis-je vous suggérer d’essayer de vous éloigner de la petite distance qui sépare votre satisfaisant d’un F pur et simple ?

    Pour une étrange raison, les larmes lui montèrent aux yeux, pourtant il ne voulait pas montrer à ce connard arrogant qu’il venait de le toucher en plein cœur. L’homme n’avait aucune idée de ce qu’il traversait, ni d’à quel point il devait se battre pour garder la tête hors de l’eau. C’était facile pour lui de le juger, avec sa belle voiture, sa belle maison, et ses vêtements de marque. Même son parfum paraissait luxueux. Sa montre coûtait également plus cher que ce que Baxter dépensait chaque mois pour louer sa caravane. Non, il ne pouvait pas lui parler de ces circonstances, encore moins se défendre sans trahir la vérité.

    Il leva le menton, se forçant à croiser le regard de son professeur.

    — Je fais de mon mieux, si ce n’est pas suffisant pour vous, je suis désolé, mais c’est votre problème. Maintenant, veuillez me dire quelle sera ma punition afin que je puisse m’en aller. Je dois me rendre quelque part.

    Pendant deux ou trois secondes, même si cela lui sembla être une éternité, St Croix le regarda, ses yeux s’écarquillant sous le choc, comme s’il ne parvenait pas à croire ce que Baxter venait de lui dire. Puis il se leva et son regard chercha quelque chose d’autre sur quoi se concentrer.

    — Très bien. Considérez ceci comme votre dernier avertissement. Si vous vous endormez encore dans ma classe, vous n’aimerez pas les conséquences.

    C’était bizarre et tordu, mais son intonation fit ressentir quelque chose à Baxter. Ce n’était pas assez dédaigneux pour être totalement désintéressé, mais suffisant pour donner l’impression qu’il voulait que Baxter fasse de son mieux. Et alors qu’il quittait la classe, il se demanda ce que son professeur voyait en lui et pourquoi lui-même avait résolument envie de lui plaire.

    Dehors, Denise l’attendait en affichant une expression inquiète. Elle plaça son bras sous le sien dès l’instant où elle le repéra.

    — Comment ça s’est passé ? J’ai entendu dire que tu t’étais endormi en classe.

    — C’est le cas, gémit-il. C’était tellement humiliant. Mais j’ai travaillé jusqu’à deux heures du matin, et je n’étais pas à la maison avant trois heures à cause de la neige. Et ce matin, j’ai dû me lever plus tôt pour retirer la neige de ma caravane afin de pouvoir me rendre en classe à l’heure. J’ai dû dormir, quoi, quatre heures en tout ?

    Denise lui adressa un regard plein de compassion.

    — Est-ce qu’il t’a puni ?

    Ce mot résonna différemment aux oreilles de Baxter et lui évoqua des images de lui, à genoux face à son professeur… mon Dieu, non ! C’était mal à bien des égards. Il devait vraiment arrêter de regarder ce genre de porno, surtout lorsqu’il était déjà terriblement fatigué. Ça affectait clairement son cerveau.

    — Non, je m’en suis tiré avec un simple avertissement. Mais il faut que je trouve un autre boulot.

    — Tu devrais arrêter de travailler à la librairie, lui dit son amie en le retenant par la main lorsqu’il voulut protester. Je sais, tu aimes ce travail. Je comprends. Mais tu dois faire les choses

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