À propos de ce livre électronique
Certaines personnes valent la peine de s'« outer », peu importe ce que ça coûte…
Judah a touché le fond. Il est fauché, sans abri, et est sur le point d'outrepasser la capacité d'accueil de ses amis. En plus, il est tellement enfoncé dans le placard, qu'il ne se trouve qu'à un pas de Narnia. Sa dernière chance repose dans le fait de participer à l'émission télé The Right Note, dans l'espoir de gagner. Ce sur quoi il n'avait pas compté, c'est de perdre son cœur en chemin.
Son concurrent, Denver, est un être des plus solaire, même si son apparence pétillante dissimule l'horreur face à laquelle il a survécu. Et il attire Judah comme un putain d'aimant. Cependant, Judah ne peut pas révéler son homosexualité, surtout pas à la télévision nationale. Ça pourrait tout lui coûter.
Mais lorsque les ennuis poursuivent Denver, il doit faire un choix : Denver… ou gagner. Faire son coming out… ou perdre l'homme qu'il aime.
« Concours d'Amour» est une romance MM one shot avec un personnage vierge au passé compliqué, un minet pétillant au grand cœur, une pointe de kink, quelques gardes du corps attrayants, ainsi qu'un happy end plein de douceur. Mais attention, cette histoire comporte également des scènes de violence conjugale.
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Avis sur Concours d'Amour
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Aperçu du livre
Concours d'Amour - Nora Phoenix
CONCOURS D’AMOUR
NORA PHOENIX
Concours d’Amour par Nora Phoenix (original title in English: Out to Win/The Time of my Life)
Copyright ©2022 Nora Phoenix
Conception de la couverture : Vicki Brostenianc www.vickibrostenianc.com
Traduction : Manon Tutin
Correction des épreuves : Jessica Morand
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photographie, l'enregistrement ou tout système de stockage et de récupération d'informations, sans le consentement préalable de l'éditeur et de l'auteur, sauf dans le cas de citations pour des critiques.
Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux, événements et autres éléments qui y sont représentés sont soit le fruit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des sociétés, des événements ou des lieux est entièrement fortuite. Aucune partie de ce livre ne peut être téléchargée sans l'autorisation de l'éditeur et de l'auteur, ni être diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que celle dans laquelle elle a été publiée à l'origine.
L'utilisation de noms de sociétés et/ou de produits réels n'a qu'un effet littéraire. Toutes les autres marques et tous les droits d'auteur sont la propriété de leurs détenteurs respectifs.
Ce livre contient des éléments sexuellement explicites qui ne conviennent qu'aux lecteurs adultes.
www.noraphoenix.com
TABLE DES MATIÈRES
Avertissements
Open Calls
Chapitre 1
Rappels
Chapitre 2
Auditions à L.A
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Avant les auditions à l’aveugle
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Préparation aux auditions à l’aveugle
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Auditions à l’aveugle
Chapitre 18
L’épreuve des Battles
Chapitre 19
Chapitre 20
Deuxième tour des éliminations
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Avant les Shows en Direct
Chapitre 24
Les Shows en Direct
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
La Finale
Chapitre 29
Épilogue
Livres de Nora en Français
Livres de Nora en Anglais
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AVERTISSEMENTS
Attention, veuillez prendre en compte les avertissements suivants : ce livre fait mention de passages traitant de violences domestiques, d’abus de pouvoir et de viols.
OPEN CALLS
1
Denver Emerson déplaça son poids de son pied droit à son pied gauche, en s’appuyant sur son étui de guitare placé entre ses jambes. Le nombre de personnes présentes dans le centre de convention Javits était intimidant, bien qu’il semblait diminuer à un rythme très lent. Si cette avancée d’escargots continuait, il ne pourrait pas auditionner avant la fin de la journée.
Ils devaient forcément le laisser auditionner, pas vrai ? Après tout, il avait reçu un numéro d’audition, et avait confirmé sa venue par e-mail.
Au moins, ils avaient la chance d’attendre à l’intérieur, à l’abri du vent glacial qui avait le champ libre aussi proche de la rivière Hudson. Il n’arrêtait pas de balayer la neige qui avait rendu les rues de Manhattan presque impraticables au cours des deux derniers jours. Il aimait la ville, mais considérablement moins en hiver.
Il soupira et étudia les autres candidats amassés dans ce grand couloir. Etaient-ils tous là pour la même chose que lui ? C’était fort possible. Ils avaient seulement été invités pour la première phase des auditions, et beaucoup d’entre eux seraient éliminés avant de devenir des candidats officiels.
Tout le monde ici avait dû envoyer une vidéo afin de pouvoir bénéficier d’une invitation à participer à ces open calls. Ce qui avait déjà éliminé soixante pour cent des candidats. « The Right Note », l’émission de téléréalité populaire et étrangement addictive mettant en scène des chanteurs en herbe, était tout sauf facile à intégrer.
Denver avait visionné chaque épisode des dix saisons précédentes avant de finalement trouver le courage d’auditionner lui-même. Il savait qu’il possédait un certain talent. Il n’était tout simplement pas certain d’avoir l’attitude de requin sans foi ni loi, apparemment nécessaire pour réussir dans l’industrie de la musique. De plus, jusqu’il y a un an, il n’avait même pas eu la chance d’auditionner.
Non, il ne devait pas s’aventurer sur ce chemin. Pas aujourd’hui. Pas un jour où il était déterminé à réaliser son rêve, ou n’en serait-ce que la première étape. Ce connard en avait déjà assez fait pour lui.
Il prit une profonde inspiration et se força à se concentrer à nouveau sur les autres candidats. Les jeunes femmes étaient largement majoritaires, et représentaient bien plus de la moitié des personnes présentent. Ce qui était peut-être un avantage pour lui ? Les producteurs voudraient sûrement obtenir un nombre égal d’hommes et de femmes. Les auditions étaient censées être à l’aveugle, mais Denver n’était pas aussi naïf. Il y avait trois étapes de sélection, quatre si on incluait la vidéo en ligne, avant même de pouvoir chanter devant ce fameux panel de quatre chaises, et aucune de ces étapes ne se faisait à l’aveugle.
Derrière lui, les premiers accords de la chanson « I Still Haven’t Found » résonnaient. Il se retourna avec curiosité. Un grand type aux cheveux bruns jouait de la guitare, faisant ainsi un peu de fan service, en souriant et en riant aux gens présents autour de lui. La bouche de Denver s’étira pour former un sourire face à son enthousiasme contagieux.
Sourire qui ne s’effaça pas quand il découvrit la tenue de ce type : un pantalon en cuir et un T-shirt gris moulant qui accentuait les muscles de son corps. Et il en avait très certainement au vu de ses énormes bras et de ses abdominaux biens dessinés. Bon sang, ce type était un mélange parfait entre sexy et musclé, sans que ce ne soit à outrance. En réalité, il donnait même l’impression de pouvoir prendre quelques kilos.
Une partie d’un tatouage pouvait se deviner sous sa manche droite. Qu’est-ce que c’était ? Un tribal ? Denver ne le pensait pas. Cela ne lui conviendrait pas, c’était trop cliché… et Denver ne pensait pas que cet homme était du genre à tomber dans le cliché. Ses yeux se déplacèrent jusqu’à son visage. L’homme leva la tête, et leurs regards se croisèrent.
Si son nez n’avait pas été un peu tordu comme s’il avait été cassé, il aurait été trop parfait pour être vrai. Son visage était la combinaison d’une mâchoire carrée, arborant une barbe de quelques heures, ainsi que de lèvres pleines, qui firent accélérer les battements du cœur de Denver.
« Calme-toi, boy », dit-il à sa queue, qui avait également remarqué l’homme à la guitare. Il n’y avait aucune chance pour que ce rocker soit gay. Ce qui était parfait, puisque la dernière chose que désirait Denver, c’était une relation, et encore moins une aventure sans lendemain. Bon sang, il était même loin d’être certain de vouloir un jour à nouveau sortir avec quelqu’un. Il devait se concentrer uniquement sur sa musique et ne rien laisser le distraire. Ou le blesser.
Il se força à détourner le regard. Fixer quelqu’un pouvait être innocent, mais d’autres personnes pouvaient s’en apercevoir et en jouer. Il était sorti du placard et était fier d’être gay, mais il n’avait pas besoin que tout le monde ici le sache.
Malheureusement, certaines personnes avaient encore des problèmes majeurs face à l’homosexualité, même à notre époque. L’industrie de la musique était généralement libérale à ce sujet, mais on ne savait jamais, il ne comptait prendre aucun risque qui pourrait mettre un terme à son éventuel succès dans cette compétition. Il était là pour la gagner.
Les premiers mots de la chanson de U2 que jouait l’homme à la guitare retentirent alors et, Denver en perdit la tête. Était-ce… ? Bon sang, oui, ça l’était. Ce rocker avait la voix la plus graveleuse et la plus entraînante que Denver ait jamais entendue. On aurait dit qu’il était l’enfant de Bruce Springsteen et de Bonnie Ray. Wow.
En quelques secondes, d’autres se joignirent à eux. Denver écouta, en se délectant des harmonies spontanées qui s’en suivirent. C’était ça, la musique qu’il aimait. Pure, libre, qui venait du cœur. Il se balança sur les accords et se perdit dans la musique alors qu’elle l’enveloppait, et le berçait.
La guitare et le chant se rapprochèrent. Denver ouvrit les yeux et vit que le rocker s’avançait vers lui. Tout le monde chantait, sauf lui. Le devait-il ? Il ne pouvait pas prendre le risque. Sa voix n’était pas la plus forte, et il venait tout juste d’attraper un mauvais rhume. Il ferait mieux de préserver ses cordes vocales pour l’audition.
L’homme à la guitare ne semblait pas de cet avis. Il leva un sourcil dans sa direction, afin de le défier sans un mot. Denver secoua doucement la tête. Le gars s’approcha, en signalant aux chanteurs autour de lui que Denver ne participait pas. Avant qu’il ne s’en aperçoive, il se retrouva entouré de gens souriants, chantant et lui faisant signe de se joindre à eux. Il secoua à nouveau la tête.
Brusquement, le rocker arrêta de chanter et de jouer. Il leva les bras, et tout le monde en fit de même. Il arrivait déjà à les faire manger dans sa main, pas vrai ?
— Allez, on veut t’entendre chanter.
Lorsqu’il parlait, sa voix était aussi grave que lorsqu’il chantait. Denver retint difficilement un frisson. Comment devait-il répondre ? Merde, tout le monde le regardait.
— Je traîne un mauvais rhume, je dois épargner ma voix pour les auditions, dit-il, en choisissant d’opter pour la vérité.
L’homme lui sourit.
— C’est vrai, ça, Pretty Boy ? Ou est-ce que tu as simplement peur ? Tu sais que tu n’entreras pas dans la compétition simplement parce que tu es mignon, pas vrai ?
Le regard de Denver s’assombrit alors que certaines personnes se moquaient de lui. Voilà qu’il faisait face à un autre type qui pensait qu’il avait été accepté dans ce casting à cause de son apparence. Il était peut-être timide en matière d’interactions sociales mais jamais, jamais lorsqu’il s’agissait de sa musique.
Il ancra bien ses pieds dans le sol, ouvrit sa cage thoracique en prenant une grande inspiration, puis chanta les paroles que la foule avait entonnées plus tôt. Denver atteignit parfaitement chaque note, puis remonta d’une octave, simplement parce qu’il en était capable. Son falsetto résonna clair comme du cristal, et emplit l’énorme couloir dans lequel ils se trouvaient, en s’élevant jusqu’au plafond. Puis, il le laissa filer et termina.
L’homme à la guitare semblait estomaqué. La douce ondulation qui traversa le couloir n’était pas aussi satisfaisante pour Denver que cette réaction de pleine surprise. Il hocha la tête.
— C’est assez bien pour toi ?
Des rires éclatèrent ici et là, mais d’un tout autre genre cette fois. Le rocker rassembla rapidement ses esprits, et l’étudia avec de la surprise, couplée à quelque chose que Denver ne parvenait pas tout à fait à identifier.
— Oui, répondit le gars en déglutissant visiblement. Oui, c’était bien. Vraiment bien.
Denver sourit.
— Le Pretty Boy sait chanter, n’est-ce pas ?
Plus de rires s’élevèrent autour de lui, alors même que cet étrange bourdonnement entre lui et le rocker perdurait. Finalement, le gars sembla reprendre ses esprits.
— Oui.
Ses mains retournèrent à sa guitare, tandis qu’il se détournait de Denver en affichant un froncement de sourcils. Des notes subtiles retentirent, « Nothing Else Matter » de Metallica. Comme d’autres se joignaient immédiatement à lui, Denver demeura silencieux, et se contenta d’observer.
L’un après l’autre, les prétendants furent appelés. L’homme à la guitare continua de jouer et de divertir la foule. Denver l’étudia aussi discrètement qu’il le pouvait, ne voulant pas se faire surprendre à l’observer. L’énergie électrique qui émanait de ce type l’attirait. Tout le monde était pendu à ses lèvres, et semblait lui manger dans la main. Tous, sauf Denver. Leurs regards se croisaient de temps à autre, et aucun d’entre eux ne semblait vouloir admettre le contact ni reculer devant le défi étrange qu’ils avaient à relever.
Denver avala une gorgée de son thé avec du miel, devenu tiède, lorsque les dix numéros avant lui furent appelés. Il avait déjà déballé sa guitare et l’avait accordée. C’était l’heure du show. Curieusement, il n’était pas nerveux. Un calme étrange s’était installé en lui. Il avait fait tout ce qu’il pouvait, et ne pouvait désormais plus rien faire de plus pour changer le cours de son destin. Il avait avalé une double dose de ses médicaments, donc peut-être que cela l’aidait également à se concentrer.
L’assistante épuisée qui avait appelé les candidats apparut à nouveau.
— Les numéros 530 à 540, s’il vous plaît, entrez.
Denver fut le premier, et avança sans se retourner en suivant l’assistante jusque dans une pièce. Il s’attendait à faire face à une sorte de scène, mais il s’agissait là simplement d’une salle de conférence, pas si grande que cela. Derrière une grande table carrée recouverte d’une nappe bleu foncé, se trouvaient un homme et une femme, qui tenaient un stylo et un bloc-notes jaune.
Denver supposa que des documents, concernant les informations sur les candidats venus à l’audition, étaient éparpillés sur la table. Il serait le premier de son groupe à passer, et lorsqu’il regarda de côté pour voir qui d’autre se trouvait avec lui, il croisa le regard du rocker. Denver détourna immédiatement la tête et se concentra sur ce qui se trouvait face à lui. Il ne devait pas se laisser distraire. Pas maintenant.
— Bonjour tout le monde, bienvenue aux auditions de The Right Note, déclara l’assistante sur un ton faussement enthousiaste.
Ce qui n’était pas étonnant, puisqu’elle l’avait déjà fait au moins plus de cinquante fois au cours de la journée.
— Veuillez-vous avancer lorsque ce sera votre tour et indiquer votre nom, le numéro qui vous a été attribué, ainsi que la chanson que vous chanterez. Vous avez 90 secondes pour faire votre prestation. Les rappels se feront demain, au même endroit. Si nous souhaitons vous voir demain, nous vous ferons parvenir un papier d’invitation dans une enveloppe rouge. Bonne chance à tous.
Denver glissa la bretelle de sa guitare par-dessus son épaule. Il était le premier. Ses pieds fermement ancrés dans le sol, il se concentra sur sa respiration, afin de se recentrer sur lui-même et sa voix. Il pouvait gérer cette épreuve.
— Je suis Denver Emerson, numéro 530. Je vais chanter « Someone Like you » d’Adele.
Il commença à jouer, puis à chanter. Chaque note s’écoula hors de lui sans le moindre effort, comme il l’avait pratiqué un millier de fois. La dernière note expirée, il lâcha un soupir de contentement. Il avait réussi.
L’homme et la femme derrière le bureau se regardèrent simplement l’un l’autre, avant de faire signe à l’assistante, qui tendit à Denver la fameuse invitation rouge. Son sourire devint éclatant. Il l’avait fait. Merde, il l’avait vraiment fait ! Il avait franchi le premier obstacle.
Alors qu’il se dirigeait vers l’arrière de la pièce, certaines personnes hochèrent la tête à son intention pour le féliciter, alors que d’autres lui lancèrent des regards emplis de jalousie. Denver ne put résister à l’envie d’établir un contact visuel avec le rocker. Il serait tellement déçu d’y apercevoir de la jalousie, sans qu’il ne puisse s’expliquer pourquoi. Cependant, le sourire que ce dernier affichait contenait de la fierté, combinée à une arrogance qui lui fit comprendre qu’il n’avait jamais douté qu’il s’en sortirait.
Denver écoutait les autres avec une impatience inhabituelle. Il adorait regarder les autres jouer, mais à cet instant précis, il désirait ardemment entendre la prestation du rocker. Il méritait d’être sélectionné, avec sa voix rauque et crue. Mais… et si sa voix avait été endommagée à cause des deux heures précédentes qu’il avait passées à chanter ? Denver se mordit la lèvre.
Finalement, ce fut à son tour.
Personne après Denver, n’était arrivé au tour suivant, ce qui avait causé quelques regards émotionnels et plus d’un ricanement hargneux dans sa direction. Ça ne le dérangeait pas. L’industrie de la musique était brutale, et si vous ne pouviez pas supporter le rejet à cette première étape, vous n’aviez rien à faire dans les vraies étapes des auditions.
— Bonjour. Je m’appelle Judah Simons, numéro 540. J’ai choisi « The Sound of Silence » comme chanson.
Après une note d’introduction, il commença à chanter, et Denver ferma les yeux. Sa voix, putain, elle était bonne. Avec la façon dont il était habillé, tout le monde se serait attendu à ce qu’il chante du hard rock ou même du rock classique, mais cette chanson lui permettait de mettre en valeur sa voix graveleuse. La musique se répandit à travers lui, chaque mot brut plongeant profondément en lui, lui faisant ressentir la passion du chanteur.
Les quatre-vingt-dix secondes s’écoulèrent bien trop rapidement à son goût. Ils n’allaient pas rejeter cette merveilleuse voix, pas vrai ? Même si cette émission se targuait d’être entièrement axée sur la voix et non sur l’apparence, cette dernière comptait, et tout le monde le savait. Bien sûr, si votre voix était super spéciale mais que votre apparence était banale, vous pouviez passer, mais vos chances d’atteindre la finale se réduisaient considérablement. Et ce gars possédait tout : une belle voix, et une belle gueule.
Une fois de plus, la décision fut prise rapidement et sans paroles, et l’assistant remis à Judah le fameux papier rouge. Ce dernier l’accepta avec un grand sourire qui fit trébucher la femme lorsqu’elle recula. Denver ne pouvait pas lui en vouloir, ce sourire était mortel.
Judah tourna d’ailleurs ce sourire dans sa direction. Son cœur manqua quelques battements, avant de repartir au grand galop. Il voulait désespérément paraître cool, mais bon sang, c’était dur. Il opta pour un hochement de tête en guise de félicitations et détourna son regard de cet homme délicieux qu’il n’avait pas l’intention de goûter. Jamais.
L’assistante les fit rapidement sortir de la pièce. Quelques-uns les félicitèrent, tous les deux, mais la plupart partirent immédiatement, vraisemblablement pour panser leurs blessures. Après une minute, il ne resta plus que Judah et lui. Denver emballa précautionneusement sa guitare dans la mallette qu’il avait apportée. Elle était sacrément lourde, mais il savait qu’il valait mieux transporter sa guitare à cinq mille dollars dans cet étui rigide, plutôt que dans un étui souple.
Lorsqu’il releva les yeux, Judah l’observait avec une expression neutre.
— Je suppose que je te verrai demain, déclara Denver avec un sourire prudent.
Le regard de Judah se fit froid, distant.
— Je ne compterais pas là-dessus si j’étais toi. Il reste encore beaucoup de candidats à passer, alors les chances que nous nous retrouvions ensemble sont minces.
Était-ce un soulagement que Denver perçut dans sa voix, ou est-ce qu’il s’imaginait des choses ? Il fronça les sourcils. Pourquoi ce type se montrait-il si hostile tout à coup ? Ils s’étaient plutôt bien entendus jusqu’ici. Qu’est-ce qui avait changé ? Est-ce que Denver était trop ouvertement gay, ce qui l’avait effrayé ? Denver haussa mentalement les épaules. Peu importait. Ce n’était pas son problème. Ce n’était pas comme s’ils étaient destinés à être meilleurs amis de toute façon, pas alors qu’ils étaient entièrement opposés.
— Bonne chance, dans ce cas. Tu as une voix extraordinaire, alors je suis certain que tu iras jusqu’aux auditions à l’aveugle, dit-il.
« Abreuve les gens de ta gentillesse », lui avait toujours enseigné sa mère. C’était la meilleure défense contre l’hostilité et les préjugés. Pendant une seconde, Judah le regarda comme si Denver venait de l’injurier.
— Ouais, peu importe, répondit-il, avant de secouer la tête.
OK, dans ce cas. Dans sa tête, le rocker venait de devenir l’enfoiré. Denver souriait toujours. Il ne pouvait pas laisser cette altercation gâcher sa joie compte tenu de son succès. Il sortit son portable de sa poche et ordonna à Siri d’appeler sa mère. Le cri qu’elle lança lorsqu’il lui apprit la nouvelle effraya probablement la moitié de la population de Manhattan.
RAPPELS
2
Il ne cherchait pas le joli garçon qui savait chanter comme un ange, se rassura Judah.
Il étudiait simplement ses éventuels concurrents. Mais putain, il n’avait jamais entendu une voix comme la sienne, si pure et si claire. Le gars avait chanté sans effort en falsetto et avait atteint des notes plus élevées que ce que la plupart des femmes ne pourraient jamais espérer atteindre.
Sa voix, et son apparence terriblement mignonne, avaient fait quelque chose à Judah. Quelque chose à quoi il ne voulait pas trop songer, surtout compte tenu de la réaction de sa queue. C’était une bonne chose qu’il porte des sous-vêtements serrés sous son pantalon en cuir ce jour-là, parce qu’il avait durci instantanément. Ce qui était sacrément gênant, mais heureusement sa guitare avait été parfaite pour se cacher derrière.
Les yeux de Judah parcoururent le centre de convention Javits, où quelques centaines de chanteurs s’étaient rassemblés pour les rappels. Il reconnut quelques personnes, mais Pretty Boy – Denver - était introuvable. Non pas que Judah le cherchait, évidemment pas. Il ne faisait que prouver qu’ils ne se reverraient plus jamais.
Quel genre de prénom était-ce de toute façon, Denver ? Ses parents avaient souvent râlés contre les noms stupides donnés aux enfants aujourd’hui. Non pas qu’il trouvait que son prénom était beaucoup mieux, mais ses parents le considéraient comme un nom dont il devait être fier, puisqu’il était juif, et c’était tout ce qui comptait. Pour eux en tout cas.
Une rafale de vent frais l’avertit que quelqu’un d’autre était entré. Peu importait à quel point il s’efforçait de rester focaliser sur l’endroit où il se trouvait, sa tête semblait avoir d’autres idées. Ses yeux croisèrent immédiatement le regard de Denver, et ce même étrange grésillement électrique traversa tout son corps. Il fronça les sourcils. Qu’est-ce qui n’allait pas chez lui ?
Il savait qu’il ne fallait pas qu’il voie ce type. Judah se força à détourner son regard. Comme s’il venait d’être surpris à l’observer. Encore une fois. Il ne pouvait qu’espérer que Pretty Boy ne considérerait pas cela comme une invitation à venir discuter. C’était à peu près la dernière chose que Judah souhaitait. Il avait besoin de rester à l’écart de Denver parce que ce garçon lui attirait inévitablement des problèmes. Réussir son audition, voilà sur quoi il devait se concentrer.
La même assistante qui les avait fait entrer hier se présenta, et les bavardages alentours se turent.
— Bienvenue aux rappels, tout le monde. J’espère que vous avez tous préparé les trois chansons que nous vous avons demandées. Vous serez vus un par un. Si vous parvenez au prochain tour, nous vous appellerons d’ici la fin de la journée, alors assurez-vous que votre portable soit bien chargé et à portée de main.
Judah hocha la tête. Bien sûr qu’il était prêt. Il avait répété non pas trois, mais cinq chansons, voulant être capable de pouvoir chanter dans des styles différents si nécessaire.
— Nous vous appellerons dans un ordre aléatoire, donc soyez attentifs.
Judah trouva une place dans un coin contre un mur, s’assit et déballa sa guitare. Jouer le calmait toujours, peu importait à quel point il était contrarié ou en colère. Ou dans ce cas précis, nerveux. Il aurait aimé prétendre que tout allait bien, mais il était plus nerveux qu’il ne l’avait jamais été de toute sa vie. Il misait tellement sur cette émission.
Ses doigts trouvèrent les cordes de sa guitare et commencèrent à jouer comme s’ils avaient une volonté propre. Ça arrivait souvent, qu’il se mette à jouer des chansons avant même de les choisir consciemment. Il ferma les yeux, s’appuya contre le mur et laissa son esprit s’apaiser sur les douces notes de « Patience » des Guns N’ Roses’.
Vers la fin de sa chanson, il ouvrit à nouveau les paupières et constata que Denver le fixait, à distance. Le doux sourire que Pretty Boy lui assena, se répercuta directement dans son aine. C’était quoi le problème avec l’impact bizarre que ce type avait sur lui ?
OK, il était mignon. Vraiment mignon. Avec ses cheveux blonds, courts, son regard bleu très doux entouré par des cils ridiculement longs, sa peau légèrement bronzée, même si c’était l’hiver, et son corps mince qui remplissait parfaitement son jean. Il avait l’impression que cet homme voulait crier : « Choisissez-moi. Choisissez-moi. ». Et que cet appel le concernait également.
Aucun gars n’avait jamais eu cet impact sur lui auparavant. Même son premier Bégin à treize ans pour son précepteur, de trois ans son aîné, Daniel Schlemann, ne l’avait pas si profondément affecté. Judah avait été terriblement confus à l’époque au sujet des sentiments qu’il éprouvait pour Daniel jusqu’à ce qu’ils les comprennent, puis il avait ressenti de la honte, de la colère, et avait eu l’impression que son cœur se brisait, et tout cela en même temps.
Il avait besoin de garder sa tête dans le jeu pour le moment, et non pas d’être distrait par Denver. La raillerie de Judah fit disparaître le sourire de Denver, qui fut rapidement remplacé par un air de confusion. Bon sang, il émettait des signaux contradictoires à son intention, pas vrai ?! Il soupira. Il préférerait que Denver pense qu’il était le plus gros connard de la planète plutôt que de lui donner envie de le rejoindre, et de le distraire au point de risquer de gâcher son audition.
Judah détourna son regard de ce type à la voix d’ange et se concentra à nouveau sur sa guitare. Non pas qu’il avait besoin de regarder ses doigts lorsqu’il jouait. Il jouait depuis l’âge de six ans, sa mémoire musculaire était désormais suffisamment complète pour qu’il puisse interpréter n’importe quelle chanson à l’aveugle. C’était obligatoire pour lui, puisqu’il ne pouvait pas lire de partitions. Mais il ne partagerait cette information avec qui que ce soit.
Ils devaient chanter face aux deux mêmes personnes que la veille, seulement plus longtemps que les quatre-vingt-dix secondes qui leur avaient été alors allouées. L’objectif de ce jour était de choisir environ cent-cinquante candidats qui se rendraient ensuite à Los Angeles pour auditionner devant un groupe de producteurs. Et s’ils passaient au tour suivant, ils pourraient finalement chanter lors de l’audition à l’aveugle télévisée, dans l’espoir de faire se retourner au moins un des coachs, mais idéalement les quatre.
Judah savait déjà qui il désirait choisir comme coach. Son choix était facile. L’une des coachs était un pur produit marketing, et bien qu’elle soit une chanteuse phénoménale, Judah doutait qu’elle puisse l’amener là où il le désirait. L’autre femme était une popstar, mais comptait plus sur le show, l’apparence et ses clips phénoménaux plutôt que sur ses capacités vocales. Cela laissait le rocker et l’artiste indépendant. Le chanteur principal d’un groupe de rock aurait été le choix le plus logique, mais Judah désirait autre chose. Il connaissait le rock, il connaissait la scène. Il était temps pour lui de se mettre au défi, et Ty Bowers semblait répondre à ces critères. Il était jeune, avait à peine vingt-neuf ans, mais avait réussi à se bâtir une carrière impressionnante en tant qu’artiste indépendant à succès, et avait remporté tous les prix qu’il avait pu en cours de route. Ty serait son homme, s’il avait cette chance.
— Judah !
Il secoua la tête. Denver désigna la porte avec un geste agité. Il cessa de jouer et fronça les sourcils. Pourquoi Denver était-il si survolté ?
— Ils t’appellent. Dernier appel !
Denver désigna à nouveau la porte. Judah se remit immédiatement sur ses pieds, et laissa échapper un juron. Bon sang ! Il avait été tellement perdu dans ses pensées qu’il n’avait pas entendu son prénom. Il courut vers la porte et tâtonna pour l’ouvrir, tout en glissant sa guitare autour de son cou.
— Désolé, je jouais, et je n’ai pas entendu mon nom, dit-il une fois l’intérieur.
L’homme et la femme derrière le bureau ne lui offrirent pas le moindre regard de compassion. Son estomac se serra.
— Je suis désolé, répéta-t-il.
Est-ce qu’il venait de ruiner ses chances avec une erreur aussi stupide ? Il retint son souffle, attendant leur verdict.
— J’espère que vous valez la peine de vous être fait attendre, déclara finalement la femme. Quelles sont les trois chansons que vous avez préparées ?
Il n’avait pas le temps de souffler. Il était désormais désavantagé après sa bévue impardonnable, alors il avait désormais besoin de les époustoufler.
— « Lola » de The Kinks, « Faith » de George Michael, et « Still Loving You » de Scorpions.
Le thème de The Right Note cette saison était les classiques, donc Judah avait choisi des chansons dans ce thème qui lui convenaient. Presque imperceptiblement, l’homme hocha la tête en signe d’approbation. Judah inspira alors lentement, forçant le haut de son corps à se détendre afin de pouvoir mieux respirer.
— Commençons par Scorpions, ordonna l’homme.
Judah hocha la tête, élargit un peu la position de ses jambes, et inspira profondément.
C’est ça. Ne déconne pas maintenant.
Ses doigts étaient stables, précis. Il relâcha ses épaules et sa mâchoire, puis se mit à chanter. Ils lui demandèrent d’arrêter au bout de deux minutes environ, ce qui signifiait qu’ils n’avaient au moins pas détesté sa prestation. Il attendit d’autres instructions, en s’assurant de garder un visage neutre.
— Nous désirons entendre « Lola », annonça la femme.
Il s’exécuta, laissant ressortir l’énergie nerveuse qui s’était accumulée dans tout son corps. Cette fois, ils le laissèrent pratiquement finir la chanson avant de lui demander d’arrêter. L’homme lui jeta alors un regard pensif.
— J’aime ta voix, et j’adore le fait que tu joues si bien de la guitare. Quel est ton répertoire ? Si nous te demandions d’improviser maintenant, que pourrais-tu jouer ?
— Presque n’importe quelle chanson de hard rock ou de rock classique. Bon Jovi, Guns n’ Roses, Queen, U2, Bruce Springsteen… en plus de la plupart des chansons ayant une guitare acoustique en instrument principal.
— As-tu besoin de partitions pour jouer ? lui demanda la femme.
Bon sang, devait-il admettre qu’il ne parvenait pas à lire la musique ?
Non, il valait mieux qu’il bluffe.
— Ça dépend de la chanson, mais habituellement, je n’en ai pas besoin.
— Joue-nous quelque chose du répertoire de Queen.
Quelle chanson fonctionnerait le mieux ?
Les plus branchées étaient difficiles à interpréter acoustiquement. En plus, il voulait montrer qu’il pouvait également chanter dans ce registre, donc il avait besoin de choisir un titre qui permettrait à sa voix de briller. Son choix fut arrêté lorsque ses doigts commencèrent à jouer « Someone to Love » avant même d’en prendre consciemment la décision.
Cela avait toujours été une chanson qu’il chantait facilement. La gamme était parfaite pour lui, mais les paroles résonnaient également en lui. Someone to Love. Un rêve inaccessible pour lui, mais auquel il ne pouvait s’empêcher d’espérer. Ce qu’il ne donnerait pas pour avoir la liberté d’aimer qui il voulait… mais c’était impossible, pas tant que ses parents étaient encore en vie. Il était déjà une trop grande déception à leurs yeux, il ne pouvait pas décemment leur briser le cœur encore plus qu’il ne l’avait déjà fait.
Il manqua presque le signal pour s’arrêter, tant il avait été emporté par sa musique.
— Bravo, lui dit la femme.
L’homme acquiesça en hochant la tête.
— Garde ton téléphone à proximité.
Il sortit, en s’exaltant. Ils ne lui avaient pas dit qu’il était sélectionné, mais les signaux qu’ils lui avaient envoyés étaient positifs. Il avait merdé en manquant l’appel, mais il avait réussi sa performance. Ses yeux cherchèrent, puis trouvèrent. Denver était assis au même endroit qu’il l’était avant qu’il n’entre à l’intérieur. Il désigna vaguement la place à côté de lui.
Désormais, la balle était dans son camp. Judah pouvait décider s’il désirait initier un nouveau contact ou non. Il n’en fit rien. Toutefois ne serait-il pas poli de le remercier de l’avoir prévenu ?
Il s’avança, sous le regard de Denver. Il s’attendait à ce que ce dernier dise quelque chose, lui demande comment il s’en était tiré, mais Pretty Boy demeura silencieux.
— Ça s’est bien passé, offrit-il.
— C’est bien.
— Merci de m’avoir prévenu. J’étais perdu dans mes pensées.
— De rien.
Judah posa sa guitare contre le mur, puis s’assit sur le sol à côté de Denver. Leurs genoux se touchèrent, faisant naître un frisson dans tout son corps. Il fronça les sourcils. Pourquoi réagissait-il si intensément en présence de ce type ?
— Tu n’as pas à me tenir compagnie, intervint Denver.
Judah tourna la tête vers lui. Denver rencontra son regard avec calme.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— De toute évidence, tu n’es pas à l’aise à mon contact, alors n’hésite pas à t’en aller. Je ne t’en tiendrai pas rigueur. Je suis très bien tout seul, vraiment.
— Qu’est-ce qui te fait croire que je suis mal à l’aise ?
Denver soupira.
— Tu veux dire mis à part le froncement de sourcils permanent plaqué sur ton visage chaque fois que tu me regardes ? Soit dit en passant, tu le fais en ce moment même.
Judah détourna le regard. Que pouvait-il répondre ? Certainement pas la vérité. Agir
