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L'Intrigante des Highlands
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Livre électronique318 pages3 heures

L'Intrigante des Highlands

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À propos de ce livre électronique

1750. France. Les Jacobites, partisans du prince Charles Edouard Stuart, n'ont pas perdu espoir de hisser leur prétendant sur le trône. Ils s'interrogent sur la loyauté du duc d'Arkrae, chef du clan Mac-Craggan. Serait-il soumis aux Anglais ? Afin de le découvrir, l'espionne Zona Ward est envoyée au château de Skaig. Elle va se faire passer pour la sœur du duc, Elspeth, disparue lors d'un naufrage.
Fidèle à la cause écossaise, Iona est prête à braver la mort pour mener à bien sa mission. Pourtant, elle se sent faiblir face au duc. Comment lui mentir alors qu'il semble soudain son seul allié dans ce château rempli de fourbes ?
© Barbara Cartland, 1950, 2022, Saga Egmont
Pour la traduction française :
L'Intrigante des Highlands © Éditions J'ai lu, 2010
LangueFrançais
ÉditeurSAGA Egmont
Date de sortie1 nov. 2022
ISBN9788728394366
L'Intrigante des Highlands

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    Aperçu du livre

    L'Intrigante des Highlands - Barbara Cartland

    Barbara Cartland

    L’Intrigante des Highlands

    Traduit de l’anglais par Marie-Noëlle Tranchart

    SAGA Egmont

    L'Intrigante des Highlands

    Traduit par Marie-Noëlle Tranchart

    Titre Original The little pretender

    Langue Originale : Anglais

    © Barbara Cartland, 1950, 2022, Saga Egmont

    Pour la traduction française :

    L'Intrigante des Highlands © Éditions J’ai lu, 2010

    Cover image : Shutterstock

    Cover layout : Grafiskstue.dk

    Copyright © 2010, 2022 Barbara Cartland et SAGA Egmont

    Tous droits réservés

    ISBN : 9788728394366

    1ère edition ebook

    Format : EPUB 3.0

    Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord écrit préalable de l'éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu'une condition similaire ne soit imposée à l'acheteur ultérieur.

    www.sagaegmont.com

    Saga est une filiale d'Egmont. Egmont est la plus grande entreprise médiatique du Danemark et appartient exclusivement à la Fondation Egmont, qui fait un don annuel de près de 13,4 millions d'euros aux enfants en difficulté.

    À Raine,

    dont la beauté et la douceur sont

    sources de joie et d’inspiration perpétuelles.

    Note de l’auteur

    Aucun écrivain – un Écossais moins que tout autre – n’oserait se lancer dans une œuvre de fiction dont le héros serait le prince Charles Édouard Stuart.

    Pour les Écossais, la mémoire de celui que l’on appelait « le Prétendant » est sacrée et ils connaissent par cœur le récit de ses exploits – tous plus passionnants les uns que les autres.

    J’ai situé ce roman en 1750, soit quatre ans après la défaite du prince et de son armée : des troupes composées de membres des différents clans.

    Je me suis contentée de rappeler deux faits rigoureusement historiques : premièrement, le prince avait bien perdu son bonnet en s’enfuyant lors de la bataille de Culloden, après la victoire du duc de Cumberland. Et, deuxièmement, il est exact qu’il s’était rendu secrètement à Londres en septembre 1750, dans une maison de Pall Mall, une avenue allant du palais de Buckingham jusqu’à Trafalgar Square, afin de demander au duc de Beaufort et au comte de Westmorland de lui constituer une armée de cinq mille hommes.

    Le reste de cet ouvrage et ses personnages sont le pur produit de mon imagination, tout comme le clan des MacCraggan. Il en va de même pour la localisation du château de Skaig sur une carte des Highlands.

    1750

    1

    — Bonjour, ma mignonne !

    Iona, qui allait d’un bon pas tout en s’efforçant d’éviter les immondices qui encombraient l’étroite rue pavée, jugea plus sage d’ignorer l’apostrophe.

    — Bonjour, ma mignonne, répéta l’inconnu, un vieillard décati à l’œil libidineux, vêtu d’une élégante redingote en velours et d’un pourpoint en satin brodé.

    Comme il lui barrait le chemin, la jeune fille fut bien obligée de s’arrêter.

    — Savez-vous que vous êtes très jolie ? demanda-t-il dans un sourire qui dévoilait des dents gâtées.

    Iona se redressa de toute sa taille. D’un simple coup d’œil, elle avait pu déceler les traces de rouge et de poudre sur le visage raviné de celui qui venait de l’interpeller.

    — Monsieur, vous faites erreur sur la personne, déclara-t-elle avec hauteur, dans un français parfait. Laissez-moi passer, je vous prie.

    Le capuchon bordé de fourrure de sa cape glissa légèrement en arrière, et un rayon du soleil couchant éclaira sa peau diaphane, son ravissant visage encadré de cheveux flamboyants, et ses immenses yeux d’un vert saisissant.

    Le sourire carnassier du vieux beau s’élargit. Il ne s’était pas trompé ! Cette fille était superbe.

    Le souffle court, il s’avança vers elle. Bien qu’elle ne fût pas vraiment effrayée, Iona recula. Depuis qu’elle était enfant, elle avait l’habitude d’arpenter seule les rues de Paris et savait comment écarter les importuns qui s’imaginaient, en voyant une jeune personne non chaperonnée, qu’elle cherchait l’aventure.

    Ce soir-là, cependant, elle ne se sentait pas vraiment en sécurité dans ce quartier misérable qu’elle ne connaissait pas. Mais il fallait bien qu’elle aille là où elle avait été convoquée…

    Et elle risquait d’être en retard à cause de ce vieux marcheur, comme on appelait les messieurs qui, malgré leur âge, persistaient à courtiser les femmes. Elle regarda furtivement autour d’elle, cherchant le moyen de lui échapper. Au centre de cette ruelle étroite, bordée de hautes maisons crasseuses, courait un ruisseau plein d’ordures.

    « Si je saute par-dessus, je risque de glisser sur les pavés gras et de tomber. »

    Il ne lui restait pas d’autre solution que celle de faire face à ce barbon. D’un ton ferme – car elle ne voulait pas laisser percer son inquiétude naissante – , elle déclara :

    — Je suis très pressée, monsieur. Je vous prierai de me laisser passer.

    Il hésita, quelque peu impressionné par le ton ferme de la jeune fille, son attitude hautaine et le mépris contenu dans son regard. Ce n’était pas, comme il l’avait cru, une grisette avec laquelle on pouvait s’amuser pendant quelques heures en échange d’une ou deux pièces d’or.

    — Bien, soupira-t-il. Je vais vous laisser passer, ma belle. À une condition, toutefois…

    — Une condition ? s’écria Iona avec stupeur.

    — Oui. Que vous me donniez un petit baiser.

    Un frisson de dégoût la parcourut. Submergée par la colère, elle le repoussa d’un mouvement brusque.

    — J’ai dit : un baiser ! protesta-t-il en lui saisissant brusquement le bras.

    Ses mains tachetées, où saillaient de grosses veines bleues, avaient une force surprenante. Et les bagues qui étincelaient à ses doigts meurtrirent la chair de la jeune fille.

    — Aïe !

    Elle se débattit de toutes ses forces. Sa résistance, au lieu de décourager ce vieillard, décupla son désir, lui redonnant de la vigueur.

    — Ha, ha ! ricana-t-il. Ma jolie, inutile de lutter : je te tiens.

    — Au secours ! cria Iona. Au secours !

    Le visage de son agresseur était à quelques centimètres du sien. Les yeux agrandis, remplis d’effroi, elle voyait les ridules au coin de ses lèvres minces, rougies d’un fard vermillon qui avait coulé sur son menton.

    — Au secours ! Help ! Help !

    Dans son désarroi, elle avait appelé cette fois en anglais. Et soudain, comme par miracle, elle retrouva sa liberté. Le vieillard se débattait maintenant en couinant entre les mains d’un passant qui venait de le saisir au collet.

    — Cet homme vous importunait, mademoiselle ? demanda-t-il en anglais.

    — Oui, monsieur, murmura Iona d’une voix tremblante.

    Le Français continuait à gigoter comme un pantin désarticulé.

    — Lâchez-moi, canaille ! hurla-t-il.

    Le prenant au mot, l’homme de haute taille qui était venu au secours de Iona le poussa dans le ruisseau, où il tomba à la renverse en agitant ses jambes maigres, gainées de bas de soie blanche. L’une de ses chaussures à boucle partit dans l’eau boueuse, avec les détritus de toute sorte. Hurlant de rage et de frustration, il essaya de récupérer sa perruque et son chapeau, projetés à quelques pas, découvrant ainsi son crâne jaune.

    Il avait l’air si ridicule que la jeune fille faillit éclater de rire. Pourtant, elle tremblait encore de tous ses membres, et son cœur battait à grands coups précipités.

    Elle se tourna vers son sauveur et lui dit en anglais :

    — Merci, monsieur. Merci infiniment.

    — Je suis heureux d’avoir pu vous aider, mademoiselle, répondit-il dans la même langue, d’un ton neutre.

    Il s’inclina, mais, à la grande surprise de Iona, il n’ôta pas son tricorne noir. Au contraire, il le rabattit encore davantage sur ses yeux, comme s’il voulait cacher son visage.

    Il portait des vêtements d’une extrême simplicité, comme s’il cherchait à passer inaperçu.

    « Il est bien mystérieux », pensa la jeune fille.

    Elle aurait voulu le remercier plus chaleureusement mais quelque chose la retint. Elle se contenta donc de lui faire la révérence avant de reprendre son chemin, sans un regard pour le vieillard qui, à quatre pattes dans la fange, jurait tout en tentant de récupérer sa chaussure enfouie sous les carottes pourries et les épluchures de pommes de terre.

    Quelques minutes plus tard, Iona arriva enfin à destination, dans une rue aussi misérable que celle qu’elle venait de quitter. On devait l’attendre, car, dès qu’elle donna un coup de heurtoir, la porte s’entrouvrit.

    — Entrez vite.

    Sans mot dire, la jeune fille pénétra dans un couloir qu’éclairait à peine un vasistas poussiéreux.

    — Par ici, je vous prie, mademoiselle, dit la vieille femme qui l’avait reçue.

    Iona arriva dans une pièce qu’éclairaient seulement quelques bougies. Six hommes se tenaient autour d’une table. À son entrée, l’un d’eux recula dans l’ombre, comme s’il ne voulait pas être vu, tandis qu’un autre se levait pour la saluer avec courtoisie.

    Dans un soupir de soulagement, la jeune fille reconnut le colonel Brett.

    — Vous voyez, je suis venue, colonel, lui dit-elle en souriant.

    — Je savais que vous ne reculeriez pas.

    Il n’en fallut pas davantage pour que Iona se sente rassurée. En une fraction de seconde, toutes les appréhensions qu’elle avait éprouvées au cours de ces derniers jours s’envolèrent.

    Depuis plusieurs nuits, elle ne dormait pratiquement plus, car elle se demandait si elle serait capable de faire face à la lourde tâche qui l’attendait. Mais quand le colonel Brett, un homme jovial au visage couperosé, lui serra chaleureusement la main, cette entreprise qu’elle jugeait complètement folle lui parut soudain presque facile.

    Elle prit une profonde inspiration avant de rejeter en arrière le capuchon de sa cape. Le colonel se tourna vers ses compagnons et annonça :

    — Messieurs, voici la jeune personne dont je vous ai parlé.

    Les quatre hommes se levèrent et s’inclinèrent. Sous leur regard scrutateur, Iona rougit, mal à l’aise.

    — Asseyez-vous, dit le colonel, comprenant son embarras. Que puis-je vous offrir à boire ? Du vin ou du café ?

    — Du café, s’il vous plaît.

    On lui en apporta une tasse qu’elle but à petites gorgées, consciente d’être toujours examinée par les inconnus. C’étaient des hommes d’un certain âge. Un simple coup d’œil suffisait pour voir qu’ils étaient tous écossais. Et vraisemblablement des exilés, comme l’était son tuteur.

    Celui qui avait reculé à son arrivée restait debout dans l’ombre, près de la cheminée. Mais elle devinait que, tout comme les autres, il l’observait.

    La nostalgie l’envahit. Cette scène lui était si familière ! Une pièce obscure, des chandelles et des verres de vin, une atmosphère enfumée, des rideaux tirés, des complots, des discussions à n’en plus finir… Avec, en toile de fond, la tristesse, la souffrance et les espoirs toujours déçus de ceux qui continuaient à lutter.

    C’était seulement aujourd’hui qu’elle se rendait compte combien tout cela lui avait manqué depuis la mort de son tuteur, deux ans auparavant.

    « Ces années-là ont été les plus longues de sa vie », se dit-elle en s’adossant à sa chaise dure.

    Dans la lueur des bougies, ses cheveux d’or roux brillaient comme la flamme d’une torche, attirant les regards de ceux qui l’entouraient.

    Après un long silence, le colonel Brett déclara gravement :

    — Iona, j’avais prévenu ces messieurs de votre venue, mais j’ai attendu que vous soyez là pour les mettre au courant de notre plan. Avant tout, je tiens à vous mettre à l’aise. Si vous avez changé d’avis, si vous ne vous sentez pas capable de tenter une telle aventure, n’hésitez pas à le dire. Tout le monde comprendra.

    — Je n’ai pas changé d’avis.

    Autour de la table, il y eut un murmure d’approbation. Soudain intimidée, la jeune fille baissa les yeux et ses longs cils ombrèrent ses joues pâles.

    — Bien, messieurs ! reprit le colonel. La plupart d’entre vous, certainement, se souviennent de James Drummond. C’était l’un des nôtres. Il a été exilé à vie après avoir combattu avec bravoure en 1715 sous les ordres de notre roi Jacques Stuart, dit le chevalier de Saint-George. Son fils, le prince Charles Édouard Stuart, que l’on appelle le Prétendant, a maintenant repris la lutte.

    Il soupira.

    — James Drummond n’avait qu’un but dans la vie : le retour de notre souverain en Écosse. Il est mort voici déjà deux ans. En exil, hélas, comme nous tous ! Je me rendais souvent chez lui. C’est là que j’ai fait la connaissance de Iona, dont il était le tuteur. Iona… Iona Ward, comme il l’avait baptisée, parce qu’il fallait bien lui trouver un nom.

    Le colonel Brett marqua une pause.

    — Qui est exactement Mlle Ward ? Nul ne le sait. Ce qui est certain, c’est qu’elle est d’origine écossaise, même si elle n’a pas eu le bonheur de connaître son pays natal.

    Il se tourna vers la jeune fille.

    — C’est bien cela, ma chère enfant ?

    Les yeux pleins de larmes, Iona se contenta d’acquiescer d’un hochement de tête. Sa peine avait été ravivée à l’évocation de James Drummond, l’homme qui l’avait élevée mais avait toujours refusé de lui dire qui elle était vraiment.

    — J’en viens maintenant à la seconde partie de mon histoire, poursuivit le colonel Brett. Tout dernièrement, le père MacDonald, qui était l’aumônier du régiment Clanranald à Falkirk, est venu me raconter une bien étrange histoire. On venait de l’appeler dans un quartier misérable, au chevet d’une femme prématurément vieillie qui, aux portes de la mort, tenait absolument à se confesser.

    Les hommes l’écoutaient poliment, sans paraître autrement intéressés.

    — Réunissant ses dernières forces, cette femme lui a confié qu’elle s’appelait Jeannie MacLeod et avait été la nanny d’Elspeth, la fille du duc d’Arkrae.

    L’un des assistants eut un geste agacé.

    — Je ne vois pas en quoi cela peut nous intéresser.

    Sans tenir compte de l’interruption, le colonel enchaîna :

    — Dix-sept ans auparavant, en 1733, alors que le duc et la duchesse d’Arkrae revenaient du continent, leur yacht a fait naufrage au cours d’une terrible tempête. Jeannie MacLeod s’est retrouvée par miracle dans une chaloupe avec le bébé et le valet du duc. Ils sont allés à la dérive pendant des jours et des jours, jusqu’à ce qu’ils soient sauvés par un bateau de pêche français. La petite Elspeth d’Arkrae, qui avait pris froid au cours de cette terrible épreuve, mourut quelques jours plus tard d’une pneumonie dans le port breton où le couple avait trouvé refuge.

    — En effet, je ne vois pas où tout cela peut nous mener, grommela un autre.

    Le colonel Brett lui adressa un regard noir.

    — J’y viens. Le valet du duc et Jeannie MacLeod vécurent maritalement en France. Jeannie s’étonnait de voir son amant dépenser sans compter. Il lui avoua enfin qu’il avait fui le navire en perdition sans se préoccuper du sort du duc et de la duchesse… mais en emportant les bijoux de cette dernière. Il les avait vendus pour une partie infime de leur valeur à un joaillier peu scrupuleux. Il ne lui restait maintenant plus rien, à l’exception d’une miniature dont le cadre orné de diamants avait été bradé depuis longtemps, ainsi que le bracelet de la petite Elspeth, que Jeannie avait tenu à garder en souvenir.

    — Mais où voulez-vous en venir avec cette histoire interminable ?

    Sans même juger utile de lui répondre, le colonel poursuivit son récit :

    — Écœurée par le comportement de son amant, Jeannie MacLeod l’a quitté et est allé vivre à Paris. Devenue blanchisseuse, elle s’est usée à la tâche. Avant de rendre son dernier soupir, elle a supplié le père MacDonald d’annoncer au nouveau duc d’Arkrae que sa sœur avait péri à la suite du naufrage et de lui rendre la miniature et le bracelet. Les voici.

    Le colonel posa sur la table une minuscule chaîne d’or sertie de perles et un petit portrait ovale dépourvu de cadre, qui représentait une très jolie femme.

    — Quand le père MacDonald m’a remis ces deux objets, je me suis dit qu’il ne me restait plus qu’à les remettre à une personne de confiance se rendant en Écosse, afin qu’elle les apporte au duc d’Arkrae. Puis j’ai regardé un peu mieux cette miniature, qui devait probablement représenter la duchesse, et je lui ai trouvé une ressemblance étonnante avec…

    Laissant sa phrase en suspens, il poussa la miniature en direction de son voisin immédiat.

    — Par exemple ! s’écria celui-ci avant de la passer à un autre.

    Elle fit le tour de la table, tandis que les exclamations d’étonnement se succédaient. Et elle arriva enfin entre les mains de Iona. Cette dernière savait à quoi s’attendre, et pourtant ce fut avec stupeur qu’elle contempla à son tour le portrait de la ravissante duchesse d’Arkrae. Un portrait qui aurait pu être le sien.

    — Jusqu’à présent, je n’ai parlé de cela à personne, sauf à Iona, déclara le colonel. Je compte sur vous pour garder le secret absolu. Le père MacDonald lui-même doit rester dans l’ignorance. Ce que je propose…

    Il marqua un silence afin de donner encore plus d’importance à la suite de ses propos.

    — Ce que je propose, c’est que Iona aille en Écosse et qu’elle se présente au château de Skaig, la demeure familiale des ducs d’Arkrae, en prétendant être la sœur du duc actuel.

    L’un des conspirateurs sursauta.

    — Quoi ?

    — La miniature et le bracelet prouveront la véracité de ses dires.

    — Vous avez perdu la tête, Brett.

    — Pas du tout. Ce schéma me semble parfaitement plausible. Voilà des mois, peut-être même des années, que nous cherchons à savoir si le nouveau duc d’Arkrae est de notre côté. Imaginez l’importance que prendrait notre mouvement si son clan…

    — Le clan des MacCraggan, fit l’un des Écossais en hochant la tête.

    — Imaginez l’importance que prendrait notre mouvement si le chef du clan des MacCraggan se joignait à nous !

    — Le duc d’Arkrae est très puissant, murmura son voisin. S’il devenait notre allié, les nôtres pourraient espérer régner sur l’Écosse. Mais s’il est du côté des Anglais…

    — De toute façon, mieux vaut savoir à quoi s’en tenir.

    — Et cette demoiselle aurait le courage d’aller se présenter au château de Skaig, devant le duc d’Arkrae, en lui annonçant qu’elle est sa sœur ? demanda l’un des conspirateurs d’un ton dubitatif.

    — Elle vous répondra elle-même quand j’aurai terminé mon récit.

    — Parce que ce n’est pas fini ?

    — Non. Il y a autre chose. Vous avez tous entendu parler des « larmes de Torrish », ces fabuleux diamants qui avaient été offerts à notre prince avant la bataille de Culloden ? Par mesure de précaution, il les avait fait coudre à l’intérieur de son bonnet. Mais, quand Son Altesse avait dû fuir le champ de bataille, le vent avait emporté son bonnet… et donc les « larmes de Torrish ». Pendant des années, nous avons cherché ce couvre-chef. Avait-il été piétiné dans la boue par les chevaux ? Quelqu’un l’avait-il gardé en souvenir d’un prince auquel il restait fidèle ? Nous commencions à perdre espoir quand une rumeur est parvenue jusqu’à nous. On saurait quelque chose au sujet du bonnet princier dans le clan des MacCraggan… Par conséquent, si Iona va au château de Skaig, elle pourra essayer d’en apprendre un peu plus. Inutile de vous dire combien nous avons besoin d’argent en ce moment. Or la valeur de ces diamants, inconnue à ce jour, est considérable.

    Le colonel prit une profonde inspiration.

    — Voilà, messieurs, tout ce que j’avais à vous dire. Vous avez vu la miniature, vous avez vu Iona… Elle est prête à se lancer dans l’aventure avec tous les risques que cela comporte. Pourquoi agit-elle ainsi ?

    Soudain, élevant la voix, qui résonna dans la pièce sombre, il ajouta :

    — Parce que, comme nous tous, elle estime que le prince Charles Édouard Stuart devrait régner sur l’Angleterre et l’Écosse.

    Un long silence s’appesantit sur le groupe. Un silence de plomb. Iona comprit que les conspirateurs attendaient qu’elle prenne la parole.

    Elle se leva. Dans la lueur vacillante des bougies, elle paraissait si fragile et si délicate… Comment l’imaginer faisant face à l’épreuve qui l’attendait ? Cela semblait impossible.

    Mais quand elle souleva les

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