NATION À TRAIT D'UNION
Par NICOLE DRAFFEN
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À propos de ce livre électronique
Inspirée par ses propres voyages, Draffen présente dans son roman, Nation à trait d'union, une description de scénarios de la vie réelle, en plus de la réponse à une question brûlante sur toutes les lèvres : pourquoi les États-Unis donnent-ils la priorité à l'ethnicité de leurs citoyens avant leur natio
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Aperçu du livre
NATION À TRAIT D'UNION - NICOLE DRAFFEN
« Peu m’importe que vous soyez tombés, tant que vous vous relevez ».
– Abraham Lincoln ;
Autant le dire tout de suite. Certains d’entre vous peuvent penser que je ne dispose pas des qualifications requises pour écrire ce livre. Je ne suis pas diplômée des prestigieuses universités de notre pays. J’aime lire sur l’histoire, mais je ne suis pas une intellectuelle. Je ne suis ni une globe-trotteuse sophistiquée ni une experte en affaires étrangères.
En revanche, je suis quelqu’un qui aime découvrir d’autres cultures. Ce livre raconte comment le fait de vivre au milieu d’une autre culture dans un autre pays m’a ouvert les yeux sur ma place dans mon propre pays. C’est une visite de trois semaines en 2009 pour courir un marathon au pays de Galles et voir les curiosités de Londres qui s’est transformée en une immersion d’un an.
Mais elle a aussi débouché sur une découverte personnelle : la prise de conscience de ma propre identité dans mon propre pays. En bref, je me suis sentie véritablement Américaine pour la première fois de ma vie.
Maintenant, je dois mentionner que j’aime l’Amérique et que je me sens patriote, pas dans le sens « mon pays a toujours raison» ou bien même faire abstraction de l’oppression des personnes de couleur sur laquelle une grande partie de l’Amérique á été construite. Non, je suis une patriote parce que j’ai un devoir envers mon pays. Mes concitoyens Américains et moi-même devons veiller à ce que nos dirigeants soient à la hauteur des mots et des idées contenues dans lignes de notre Constitution, – surtout lorsque ces mots sont utilisés pour renverser ce que j’estime être leur vérité cachée.
Mais alors que j’aimais l’Amérique, et que je pensais savoir ce qu’elle était, mon séjour prolongé à l’étranger m’a permis de mieux comprendre certains éléments. Vous pouvez vérifier : j’ai réalisé que je ne comprenais pas certains d’entre-eux, notamment la façon dont les Américains se considèrent.
Mon séjour au Royaume-Uni m’a fait prendre conscience pour la première fois ce que c’est d’être perçu comme une Américaine. Je suis née et j’ai grandi en Californie, mais je suis considérée comme une Afro-Américaine simplement parce que je suis métisse et que certains de mes ancêtres venaient du continent africain. En réalité, je suis un mélange de sang africain, français, écossais et amérindien. Pourtant, à cause de ma couleur de peau, on me qualifie immédiatement d’une seule chose – et ce n’est même pas d’être une Américaine « à part entière », mais une Américaine précédée du mot «Afro» qui signifie Africaine.
Je pensais que faire partis de la classification des genres était de diviser un grand nombre de personnes en unités plus petites afin de communiquer plus efficacement avec elles, comme dans les campagnes présidentielles. Compte tenu de la grande diversité de l’Amérique – pas seulement la diversité ethnique et culturelle dont nous entendons tant parler en cette ère de politique identitaire, mais aussi l’âge, la situation socio-économique, la géographie, tous les différents facteurs qui façonnent nos perspectives – il serait logistiquement impossible pour un candidat de tous les atteindre avec un seul message. Ainsi, au lieu d’un message unificateur destiné à tous les Américains, nous recevons des messages spécifiquement adaptés à des groupes plus restreints de citoyens: les personnes âgées ou les milléniaux, les mamans de banlieue ou les résidents ruraux, les Américains LGBTQ ou les hétérosexuels.
Nulle part les Américains ne sont considérés comme un peuple collectif et unifié avec une préoccupation et une vision communes mais plutôt comme des groupes plus petits avec des préoccupations concurrentes, voire opposées, en termes de race et d’ethnicité. Que ces termes aient ou non des traits d’union (Afro-Américain, Arabo-Américain, Mexico-Américain) ou qu’ils n’en aient pas (Noir, Hispanique et Latino), je soutiens dans ce livre que les mots et les moyens utilisés par les autres pour décrire ce que nous sommes – et comment nous nous appelons souvent nous-mêmes – causent du tort à ce que nous sommes vraiment.
Ces mots, qui ont pu être utilisés autrefois avec fierté, se sont transformés en étiquettes, semant maintenant la désunification, la méfiance et même un sentiment palpable dans l’Amérique de 2020 qu’il n’y a que deux sortes d’Américains :
Il faudra du travail pour changer la perception selon laquelle la couleur de la peau définit un véritable Américain ; car, comme je l’expliquerai dans ce livre, cette perception existait avant l’Amérique. Et même si cette dernière perception n’est pas partagée par tous les Américains, elle reste forte.
À titre d’exemple, alors que je finissais de réécrire la deuxième édition de ce livre, que j’avais initialement écrit en 2015, l’une des nombreuses mini-éruptions déclenchées par le président américain Donald Trump a envahi les ondes : son commentaire de juillet 2019 selon lequel quatre femmes membres du Congrès, toutes issues de minorités ethniques, devraient « retourner d’où elles viennent », si elles ont des problèmes avec l’Amérique.
Les propos du président ne m’ont pas surprise ; bien que je n’aie pas l’intention de faire de ce livre un livre politique en termes de pro-ou anti-Trump, toute personne attentive sait qu’il dit et tweet des choses pour le moins surprenantes. Mais si la réaction de ceux qui ont été bouleversés par cette citation (trois des membres du Congrès sont nées en Amérique, une est naturalisée) était attendue, je n’avais pas prévu que ses remarques seraient autant applaudies par ses soutiens, comme le lendemain lors d’un rassemblement d’une foule de supporter du président Trump, ses partisans ont crié « Send Her Back »¹ «Renvoyez-la» pendant près de 10 secondes après que le président ait mentionné l’une des quatre femmes pendant son discours.
Mais j’aurais dû m’y attendre. Une chose que j’ai apprise au cours du processus de recherche et d’écriture de ce livre, c’est qu’en termes de ce qui fait d’une personne un « vrai Américain », c’est que la couleur de peau d’une personne est plus importante que le fait qu’elle soit née ici ou le temps qu’elle y a vécu.
J’ai vécu ici toute ma vie, mais je ne me suis jamais aussi sentie Américaine que lorsque j’étais a l’étranger. C’est ce qui m’a poussée à écrire ce livre, car le fait de me sentir enfin ainsi m’a rendue très fière. Mais cela m’a aussi poussé à abolir le trait d’union, ainsi que tous les autres descripteurs raciaux et ethniques conçus pour diviser plutôt qu’unir.
Plus d’un siècle d’utilisation du trait d’union et d’autres identificateurs pratiques de l’ethnicité et de la race a abouti à la marginalisation et à la réduction de tous les groupes d’Américains, sauf un. Ces étiquettes n’ont pas donné aux membres des groupes ethniques un sentiment d’identité collective, ou ne leur ont pas donné l’impression d’être des éléments actifs, importants et contributifs d’un ensemble plus vaste ; elles ont fait en sorte qu’ils ne soient pas pleinement Américains.
Il faut que ça cesse.
J’espère que non seulement vous prendrez plaisir à lire ce livre, mais qu’il vous fera prendre conscience, réfléchir et, surtout, agir pour changer la réalité, à savoir que même les plus subtiles connotations de la discrimination peuvent affecter l’expérience humaine et les relations entre les générations.
CHAPITRE UN
LE MANTEAU
« Votre conscience est en pleine expansion, et mon souhait pour vous est que vous ne ressentiez pas le besoin de vous restreindre pour que les autres se sentent bien. »
– Ta-Nehisi Coates
J’aimerais vous présenter un concept que j’appelle le « manteau de la conscience ». Je crois que c’est quelque chose que chaque minorité en Amérique connaît, mais le connaissent-elles vraiment ? C’est un manteau protecteur qui se développe autour de vous sans même que vous ne vous en rendiez compte, une couche d’isolation psychique qui vous protège du sentiment inquiétant que vous êtes en quelque sorte différent de tout ce qui vous entoure : les gens à la télévision et au cinéma, les visages sur les panneaux d’affichage et autres publicités.
Si ce manteau ne vous protégeait pas de ces sentiments, la perception de soi d’une personne pourrait facilement être court-circuitée, ce qui isole et sépare, lui rappelant constamment qu’elle n’est pas vraiment à sa place.
Ce manteau s’étend autour de vous comme une chemise en coton bien usée qui, après de nombreux lavages, semble mince comme du papier, mais qui vous suit comme une ombre.
Il a fallu un voyage dans un autre pays pour comprendre que mon manteau n’était pas là pour me protéger du sentiment que la couleur de ma peau me rendait inférieure aux autres, mais que la façon dont j’étais étiquetée à cause de cette couleur de peau me faisait sentir comme si je n’étais pas une véritable Américaine.
Le manteau change au fur et à mesure que l’on mûrit. Quand on est enfant, il est léger et éphémère, car