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Le Gué d'Aynard - Tome 1: L'épée de Brancion
Le Gué d'Aynard - Tome 1: L'épée de Brancion
Le Gué d'Aynard - Tome 1: L'épée de Brancion
Livre électronique183 pages2 heures

Le Gué d'Aynard - Tome 1: L'épée de Brancion

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À propos de ce livre électronique

Ce roman en deux volumes est l’histoire d’un forgeron qui a vécu sur les terres de la fameuse abbaye de Cluny au début du douzième siècle. Pierrick, fils du forgeron Edwin le rhénan, raconte à la fin de sa vie, ses nombreuses aventures dans une période très particulière du Moyen-Âge que certains ont appelé la petite renaissance. Partout en Europe, la vie économique et culturelle se développe et des églises, des abbayes, des bourgs et des châteaux forts sont construits. Les cités retrouvent progressivement la taille qu’elles avaient à l’époque romaine. Pierrick avec sa famille et ses amis, traverse cette époque pleine de croissance mais aussi dangereuse. La mort et la guerre y sont partout présentes et la paix de Dieu rarement appliquée.
LangueFrançais
ÉditeurEncre Rouge
Date de sortie27 août 2021
ISBN9782377898756
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    Aperçu du livre

    Le Gué d'Aynard - Tome 1 - Jacques Lechat

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    Jacques Lechat

    LE GUÉ D’AYNARD

    *

    L’épée de Brancion

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    Prologue

    Ce roman est l’histoire d’un jeune homme qui a vécu sur les terres de la fameuse abbaye de Cluny au début du XIIe siècle. Pierrick, fils du forgeron Edwin le Rhénan, raconte à la fin de sa vie ses nombreuses aventures dans une période très particulière du Moyen-Âge que certains ont appelé la petite renaissance. Partout en Europe, la vie économique et culturelle se développe et des églises, des abbayes, des bourgs et des châteaux forts sont construits. Les cités retrouvent progressivement la taille qu’elles avaient à l’époque romaine.

    Un réchauffement climatique a permis à l’agriculture de se développer et la population de l’Europe croît. Les bourgs et villages se repeuplent, s’agrandissent et les nombreux chantiers donnent du travail à des milliers d’artisans et ouvriers. Comme la monnaie est encore rare, le troc reste souvent la base des échanges.

    Cluny est d’abord une abbaye avec quelques habitations construites hors les murs dans cette belle vallée du sud de la Bourgogne. Le bourg se développe progressivement grâce à l’activité générée par l’abbaye. Des artisans, marchands et autres serviteurs s’enrichissent et créent petit à petit une communauté qui se dote aussi d’une enceinte protectrice. L’abbaye vit essentiellement du culte des morts qui lui permet d’étendre son domaine grâce à des dons en terre ou en or. Les seigneurs, grands ou petits, donnent beaucoup pour que les moines prient pour le repos éternel de leur âme.

    Les moines bénédictins de Cluny, qui sont très souvent des fils de familles seigneuriales, ont réussi à se placer depuis plus d’un siècle au centre du jeu politique et religieux de l’Europe. Pour Cluny, cette période est cependant source de problèmes puisque ses deux grands protecteurs, le Pape et l’Empereur sont en conflit permanent pour la question des investitures des évêques.

    Des grands féodaux comme les comtes de Toulouse, de Provence, de Flandre, de Bourgogne, de Catalogne ou le duc de Normandie sont très puissants et le roi des francs, Louis VI, augmente petit à petit son pouvoir en étendant ses fiefs et ses alliances. C’est aussi l’époque de la première croisade. Jérusalem a été prise le 15 juillet 1099 et la Terre sainte attire un grand nombre de seigneurs ou de simples gens partis pour défendre leur foi, pour y faire fortune, pour y chercher l’aventure ou plus simplement pour se faire pardonner de graves péchés. La foi chrétienne, la peur de l’enfer, la médiation des saints avec le culte des reliques, le pouvoir des évêques et des abbayes structurent profondément les valeurs et l’organisation de la vie de presque tous les peuples européens de l’époque.

    La lutte contre l’Islam et les Sarrasins est un devoir de tous les chrétiens. À côté de la croisade en Palestine, la reconquête de l’Espagne sarrasine occupe aussi une partie de la chevalerie européenne. Mais dans ce monde moyenâgeux, les lignes de front sont très poreuses. Tout le monde s’allie avec tout le monde selon ses besoins et la guerre n’empêche pas nécessairement de faire du commerce avec ses ennemis.

    Pierrick, avec sa famille et ses amis, traverse cette époque pleine de croissance, mais aussi de dangers. La mort et la guerre y sont partout présentes et la paix de Dieu rarement appliquée.  

    La plupart des personnages rencontrés par Pierrick ont réellement existé. La trame de ses aventures est basée sur des faits historiques relatés par des témoins de l’époque et étudiés depuis des siècles par de très nombreux historiens. Tous les lieux mentionnés existent et méritent une visite, car souvent oubliés par les aléas de l’histoire.

    Cette première moitié du XIIe siècle déborde de vie et de développements inattendus qui donnent l’occasion à Pierrick de nous raconter en plusieurs tomes ses nombreuses aventures passionnantes et surprenantes.

    Chapitre 1

    Mon destin sort de la rivière

    Année 1115

    Mon destin a basculé lors d’une belle fin de journée de printemps. Nous étions la veille du jour du Seigneur. Comme le temps était beau et sec depuis deux semaines, la nature explosait en ce mois d’avril 1115. Les arbres, les fleurs, les insectes, les oiseaux, tous avaient repris vie après le long sommeil hivernal.

    Après avoir fini les rangements de la forge demandés par notre père, j’étais parti avec mon frère Mathias et ma sœur Alix pêcher le long de la rivière la Guye, un peu en amont de notre village d’Aynard. Alix gardait nos oies qui broutaient calmement à quelques toises de la rive. Mathias, comme toujours passionné par tout ce qui vit, était en train de contempler sans bruit un nid de fourmis en construction.

    Moi, j’étais figé comme un héron dans une mare, debout dans l’eau, mes courtes braies remontées sur mes cuisses, le regard fixé sur ma future proie. J’avais déjà retourné plusieurs pierres et récolté quelques écrevisses que je gardais dans une petite bourse en filet que ma sœur Aliénor avait fabriquée pour moi. Je les plaçais par la suite dans un petit vivier que j’avais construit le long du ruisseau qui prenait sa source dans notre domaine.

    Nous ne pouvions normalement pas pêcher dans la Guye. C’était le privilège de l’abbaye, mais j’apportais régulièrement au cellérier{1} de Cluny quelques écrevisses et je ne manquais pas non plus de donner chaque année aux moines du prieuré de Saint-Hippolyte des brochets, saumons ou truites que je piégeais avec des nasses dans la Guye. Ces victuailles prisées par les moines me servaient de sauf-conduit. Comme je n’étais pas le seul à améliorer notre ordinaire avec du poisson frais et que cette pêche restait limitée, je me disais que le risque en valait bien la chandelle.

    Mon père et ma mère me mettaient pourtant souvent en garde car ils redoutaient aussi Bernard Gros, le seigneur du château d’Uxelles situé à près d’une lieue{2} de notre village. Ce hobereau contestait les droits de l’abbaye et nous envoyait ses soldats pour nous le rappeler. Le prieur de Saint-Hippolyte nous disait bien qu’il n’avait aucune autorité sur nous. Le Pape l’avait confirmé par écrit. Mais le Pape était à Rome et les soldats d’Uxelles jamais très loin. 

    J’essayais donc d’attraper une truite à la main avant que la lumière du jour ne décline de trop. J’étais devenu assez bon à ce mode de pêche qui demande de bons yeux, une grande dextérité et une poigne bien ferme pour ne pas laisser s’échapper ce poisson glissant !

    Le silence n’était troublé que par le bourdonnement des insectes qui volaient au ras de l’eau ou les pépiements des petits troglodytes en train de construire leur nid dans la berge de la rivière. Les rives étaient couvertes de taillis dont nous faisions de bonnes perches pour construire nos bâtiments. Nous allions aussi en couper dans la forêt au-dessus de Bonnay où l’on fait pousser de jeunes arbres pour la construction des murs en torchis des maisons et des granges.

    Ces taillis, avec le soleil rasant, compliquaient ma pêche. Les jeux d’ombres qu’ils faisaient à la surface de l’eau rendaient encore plus difficile la vue d’un poisson posé au fond de la rivière. Heureusement, si je le voyais difficilement, lui aussi ne devait voir que des ombres au-dessus de lui. Soudain mon œil fut attiré par un bref éclat au fond de l’eau. « Voilà ma première proie », me dis-je en moi-même. Mais cet éclat semblait ne pas bouger, contrairement à une truite qui ondule lentement dans l’eau.

    Tout doucement, je me penchai plus en avant pour apercevoir enfin ce poisson. Rien, sauf encore cet éclat qui reflétait le soleil. Mon expérience de cette pêche à la main me poussait toujours à la patience.

    Je scrutai attentivement et j’attendis tout en approchant progressivement ma main de la surface. Mais toujours aucun mouvement dans l’eau ? Je commençais à douter et me disais que ce n’était peut-être qu’un morceau de cristal de roche qui brillait au soleil. Mon père m’avait dit que l’on en trouvait souvent dans le passé dans les rivières de certaines régions. Dans notre rivière, je n’en avais jamais vu. Ou peut-être était-ce une pièce d’argent perdue ?

    Ma main plongea alors dans la rivière comme le martin-pêcheur plonge sur sa proie. Mon ami Harald, le fils du vigneron Foulques, m’avait appris à faire attention de frapper l’eau un peu en avant de ma cible car dans l’eau, les objets ne sont pas où l’on croit qu’ils sont ! Mes doigts heurtèrent alors violemment quelque chose de dur et coupant. Je poussai un cri car j’avais poigné dans l’objet avec force comme il faut le faire pour capturer une truite.

    Mathias sursauta : « Pierrick, tu t’es fait mal ? ». « Ça va », lui répondis-je, « Je me suis seulement coupé sur un objet tranchant que j’ai pris pour un poisson ». Mathias se leva et descendit à côté de moi dans l’eau pour voir ce que j’avais attrapé. Nous étions tous les deux penchés sur la surface de l’eau, essayant de distinguer malgré la vase que mon geste avait soulevée ce qui m’avait blessé. Petit à petit, l’eau devint plus claire et nous pûmes distinguer un objet métallique en partie enfoui sous les galets de la rivière.

    Doucement, pour éviter de troubler l’eau à nouveau, Mathias et moi nous dégageâmes l’objet. « Une épée ! » m’exclamais-je. Quand elle fut libérée des alluvions, je la retirai toute entière de l’eau. Mathias et moi étions tous les deux fascinés par cette arme sortie de l’onde, toujours aussi brillante, comme si on l’y avait jetée la veille !

    Que faisait cette épée dans la Guye ? Comment était-elle arrivée là ? Ce furent les premières questions que je me posai en contemplant l’arme encore toute dégoulinante d’eau. Cette épée devait avoir séjourné depuis longtemps dans la rivière car la poignée avait disparu, mais la garde et le pommeau étaient bien intacts.

    Mathias et moi restâmes sans voix devant ce magnifique objet sorti de la rivière. La lame luisait sous les rayons du soleil qui passaient au travers des taillis. Le moment était magique, comme une nouvelle naissance. Un don venu de l’eau et pas du ciel !

    Après ces moments d’étonnement et d’émerveillement, je repris mes esprits. J’avais compris que cette épée avait quelque chose de surnaturel. Qu’elle était un message venu du passé. Mais qu’elle était aussi une source d’inquiétudes. Que faire de cette arme si spéciale ? Je dis à Mathias : « Petit frère, ceci doit rester secret. Il ne faut en parler à personne. Sauf avec notre père, car lui pourra sans doute nous dire d’où vient cette épée. Mais, silence sur notre découverte même pour nos sœurs. Sinon, toutes leurs amies d’Aynard seront vite au courant. Cherchons un endroit pour la cacher avant de venir plus tard avec Papa la reprendre. »

    Mathias repéra un trou dans la rive en dessous d’un grand arbre. Sans doute l’entrée du nid d’une poule d’eau. Un bon endroit pour y cacher notre découverte. L’épée faisait plus de trois pieds avec sa poignée et le pommeau, mais le tunnel de l’oiseau était assez profond pour l’y cacher en entier. Nous mîmes ensuite une grosse pierre pour en fermer l’entrée.

    « Pierrick, Mathias, il est temps de rentrer. J’entends la cloche de Saint-Jean-Baptiste qui sonne les Vêpres. Maman va s’inquiéter si nous tardons trop », nous criait Alix qui avait rejoint le bord de la rivière avec ses oies. « Mais que faites-vous tous les deux dans l’eau ? Et Pierrick, tu t’es encore une fois blessé ! Un poisson t’a mordu ? » Du haut de ses sept ans, Alix aimait se moquer de moi et elle savait combien j’aimais ma petite sœur. Surtout quand je pouvais la taquiner et lui tirer les tresses.

    Mathias ne sut quoi répondre et rougit à la question de sa sœur. Je repris vite la parole : « J’ai glissé sur une pierre et je me suis ouvert la main en me rattrapant. Mon adorable petit frère est venu à mon secours heureusement. Ma sœur Alix, elle, s’intéresse manifestement plus à ses oies qu’à son grand frère ! » « Vilain », me répondit-elle, « Moi qui t’apporte toujours à boire quand tu as soif et qui cueille des baies quand tu te reposes dans l’herbe ! Ingrat ».

    Mathias, qui avait repris ses esprits, nous cria : « Vous pouvez rester là à vous chamailler, les grands, mais moi j’ai faim et je rentre chez nous avec ou sans vous ! » L’audace de notre cadet nous fit éclater de rire et tous trois, nous partîmes en courant vers le village en poussant nos oies devant nous qui appréciaient modérément cette course endiablée sous le regard perçant d’un milan qui cerclait dans les airs au-dessus de nous.

    Chapitre 2

    Mon village d’Aynard

    Comme nous étions sur la rive du côté de Saint-Germain, nous retrouvâmes rapidement la chaussée empierrée qui descendait d’Autun vers Cluny en passant par notre village. En suivant cette route, nous arrivâmes au pont sur la Guye qui nous permettait toute l’année de retrouver notre maison sans nous mouiller les pieds. Le gué était toujours présent à côté de ce pont que les moines de Cluny avaient fait reconstruire avec des poutres posées sur deux piles de pierres élevées sur les rives.

    Notre rivière est un cours d’eau parfois capricieux qui serpente dans notre vallée et qui va rejoindre vers la Bise{3}, la rivière Grosne une demi-lieue plus loin en aval. À certaines époques de l’année, elle peut être violente et déborder de ses rives, à d’autres, elle coule paisiblement sans se presser. Elle était pour moi un fabuleux domaine de jeux et de pêche. Et depuis ce fameux jour d’avril 1115, pas uniquement pour attraper des poissons ou des écrevisses.

    Cette rivière faisait vivre de nombreux habitants d’Aynard car nous avions quatre moulins qui utilisaient sa force pour moudre du grain et d’autres denrées. Il y en avait un en aval vers le hameau de Cortevaix, un tout près du pont et deux un peu plus

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