Otage
Par Skye Warren et Annika Martin
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À propos de ce livre électronique
J'avais toujours su qu'il viendrait un jour. Mais je ne savais pas quand.
Je n'avais encore jamais embrassé un homme la nuit où j'ai rencontré Stone. La nuit où je l'ai vu tuer. Où il m'a épargnée. Je ne savais pas, alors, que ce n'était que le début d'une longue histoire…
Il m'a ensuite suivie, débarquant dans ma voiture, chaque fois par surprise, comme une tornade, une puissance brute émanant de lui – une puissance à la fois dangereuse et rassurante. Il m'ordonnait alors de démarrer et je sentais que je n'avais pas d'autre choix que de lui obéir. Dès le premier jour, cet homme recherché dans tout le pays, aux yeux verts brûlants, a envahi ma vie et mes rêves.
La police m'avait dit que son obsession pour moi risquait de devenir dangereuse. Mais, en réalité, c'était moi qui n'arrêtais pas de penser à lui. Peut-être n'aurais-je pas dû le laisser me toucher, et encore moins le toucher en retour. Peut-être aurais-je dû cesser de le voir. Mais c'était plus fort que moi ; il était la seule chose réelle dans mon monde de luxe et d'apparences.
Chaque fois qu'il apparaissait, j'acceptais de conduire et, malgré la menace, je devais admettre que je ne me sentais jamais autant à ma place que lorsque j'étais avec lui.
Il fut rapidement trop tard pour faire demi-tour.
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Prisonnier Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Criminels & Captives Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Aperçu du livre
Otage - Skye Warren
1
Brooke
J’arborais mon plus beau sourire devant les flashs des appareils photo. Les journaux du lendemain évoqueraient tous une fille chanceuse, entourée de ses amis et de ses parents aimants, appartenant à l’une des familles les plus puissantes de Franklin City, rayonnante dans sa robe de princesse à l’occasion du bal organisé pour son seizième anniversaire. J’avais une robe magnifique, en effet. Une robe de cocktail signée Givenchy, toute en dentelle et broderies.
Mais tout cela n’était que façade.
Mon père disait toujours qu’il était primordial de sauver les apparences. Or, ce soir-là, je savais que cette fête qu’avaient organisée mes parents pour moi n’était qu’un jeu de miroirs, et que les invités n’étaient que des requins venus défendre leurs intérêts et « sauver les apparences ». Pourtant, derrière mon sourire se cachait une réalité beaucoup plus sombre.
Ce que les photos ne montreraient pas, c’est que je n’avais rien avalé de la journée pour pouvoir entrer dans la robe que ma mère avait louée pour l’occasion. Il ne restait plus qu’une taille XS dans notre budget ; je lui avais assuré que cela irait très bien, que je m’arrangerais pour qu’elle m’aille. Nous savions elle et moi quel était l’objectif : faire croire aux gens que la robe était neuve et achetée ; personne ne devait savoir que nous l’avions louée, car cela aurait donné l’avantage à nos adversaires venus guetter le moindre faux pas.
Les photos ne montreraient pas non plus ce qui se cachait derrière le sourire de mon père : un profond désespoir. Il avait fait fortune dans le BTP. Notre nom – Carson – était partout dans la ville, sur les grues des nombreux chantiers qui fleurissaient comme des primevères au printemps. Tout aurait dû aller pour le mieux donc, en apparence. Mais la réalité était que l’empire qu’il avait construit était en train de s’écrouler, chaque jour un peu plus, et que cette soirée, mes parents l’avaient organisée moins pour mes seize ans que pour essayer de nouer des contacts qui permettraient de redresser la barre.
L’enjeu était si important que cela faisait plusieurs nuits que je n’avais presque pas dormi. Je ne faisais que penser à tous les détails qu’il ne fallait pas oublier : le traiteur, les invitations, la décoration, la musique… Si la fête était ratée, cela serait un désastre pour ma famille.
Ma mère n’avait pas pu s’occuper de l’organisation, car elle avait pris un travail dans une boulangerie de la ville voisine pour pouvoir financer cette soirée. Cela non plus, personne ne devait le savoir.
Personne ne devait savoir que cette soirée n’était qu’une mascarade.
Chaque grande famille de Franklin City organisait une fête à l’occasion des seize ans de leur fille. C’était un peu notre « bal des débutantes » local. Ne pas le faire revenait à être exclu du groupe, de l’élite, et à perdre l’opportunité de faire des affaires avec les autres fortunes de la ville.
Voilà pourquoi, le lendemain, il était important que les gens, en ouvrant le journal au moment du petit déjeuner, voient des photos de ma mère, tout sourire, arborer fièrement son corps svelte, sa tenue élégante et sa famille modèle. Peu importe que nous soyons fatigués ou inquiets pour l’avenir – nous devions sauver les apparences.
— Redresse-toi ! m’avait-elle discrètement soufflé à l’oreille, sans jamais se départir de son sourire.
Elle me faisait sans arrêt sentir que je n’étais pas à la hauteur. Peut-être avait-elle raison. Peut-être n’étais-je pas la fille dont mes parents avaient rêvé… Pourtant, j’essayais, je faisais de mon mieux. Mais je sentais que je ne faisais jamais assez bien. Parfois, j’avais envie de me recroqueviller dans un coin et de mourir. Je me disais qu’ainsi, je ne les décevrais plus.
La seule chose qui me retenait était l’amour que nous nous portions mutuellement, malgré tout. J’aimais mes parents et je savais que ma disparition les aurait fait souffrir. Je ne voulais pas cela.
Voilà tout ce qui se cachait derrière mon sourire étincelant, ce soir-là. Cela, au moins, je savais le faire à la perfection : simuler, faire croire aux autres que tout allait bien.
Je savais que je faisais partie des privilégiés. Beaucoup de gens, notamment dans les quartiers sud de la ville, allaient se coucher tous les soirs le ventre vide, tandis que moi, je mangeais très régulièrement du foie gras et du homard. Cela me procurait souvent un sentiment de culpabilité.
Tout en gardant le sourire, je pris une profonde inspiration et avançai en direction de la salle de bal.
Tu y es presque, pensai-je.
Ma vision était floue – peut-être à cause du fait que je n’avais rien mangé depuis le matin –, mais je souriais toujours. Je saluai l’un des investisseurs que mon père avait invités dans l’espoir d’obtenir le marché d’un grand centre commercial en plein air, qui devait se construire en-dehors de la ville, et dont les plans étaient en train d’être finalisés. Pour mettre toutes les chances de son côté, mon père lui avait même prêté notre maison de vacances avant que nous la vendions, dans le plus grand secret.
L’homme me posa alors tout un tas de questions sur mes projets et je répondis poliment avec, me sembla-t-il, de l’esprit. Pour une fois, j’avais l’impression d’être à la hauteur. Pourtant, lorsque je jetai un œil en direction de ma mère, je découvris qu’elle me fixait avec un air réprobateur. Aussitôt, je fus tétanisée : qu’avais-je fait qui n’allait pas ?
J’étais affamée, épuisée, et le regard sombre de ma mère sur moi finit de me déstabiliser. Je me mis à balbutier, à ne plus savoir quoi répondre, si bien que mon interlocuteur finit par me quitter, après m’avoir souhaité bonne chance pour mes examens.
Aussitôt, ma mère fonça sur moi. Elle me prit par le bras et m’obligea à avancer en regardant et en saluant d’un signe de tête les invités.
— Tu l’as appelé monsieur Kimball ! siffla-t-elle avec colère en continuant de regarder autour d’elle avec un large sourire.
— Mais c’est…
Je m’interrompis, réalisant qu’elle avait raison. Monsieur Kimball était l’un de ses rivaux. Mes parents m’avaient pourtant expliqué qui était qui avant la soirée, mais je m’étais emmêlé les pinceaux…
— Il ne m’a pas…, balbutiai-je, la gorge sèche.
— Corrigée ? compléta ma mère avec véhémence.
Elle ne dit rien de plus, mais je sentis qu’elle aurait voulu ajouter que cela ne se faisait pas, qu’il était poli, lui.
— Devrais-je…
— Surtout pas ! m’interrompit-elle, d’un ton qui indiquait clairement que le mal était fait et que mes excuses n’auraient fait qu’aggraver les choses.
Pourquoi ce qu’elle ne me disait pas était toujours ce qui me faisait le plus mal ?
À ce moment-là, les sœurs Shaffer arrivèrent. Elles étaient jumelles, aussi belles et brillantes l’une que l’autre. Nous étions amies et faisions du tennis ensemble. Alors qu’elles nous saluèrent chaleureusement, nous félicitant pour la réussite de la soirée, je sentis dans leur regard une pointe d’ironie – les adolescents étaient meilleurs que les adultes lorsqu’il s’agissait de voir au-delà des apparences. Avec une excuse maladroite, elles nous informèrent qu’elles devaient malheureusement quitter la fête. Cette annonce ne fit que me déstabiliser encore davantage. Des invités qui ne restaient pas pour le dîner était mauvais signe.
J’eus l’impression d’avoir tout raté et me mis à paniquer. Cette soirée comportait tellement d’enjeux. C’était pour mon père l’occasion de relancer ses affaires, et pour ma mère de préserver son statut social.
Je gardai le sourire en les remerciant d’être venues, mais, au fond de moi, j’étais dévastée. Je sentis mon cœur se serrer, mes joues devenir rouges et mes yeux s’embuer de larmes. Je devais à tout prix trouver quelque chose pour ne pas craquer.
— Je vais aller me refaire une beauté, murmurai-je à l’oreille de ma mère.
— Bien sûr, chérie, me répondit-elle en me serrant l’épaule.
Elle avait perçu mon trouble et je sentis qu’elle s’en voulait d’avoir été dure envers moi. Elle m’aimait ; c’était simplement la période difficile que nous traversions qui mettait ses nerfs à rude épreuve.
Sa tendresse m’émut encore davantage. Je sentais que des sanglots se bousculaient dans ma gorge et je partis précipitamment en direction des toilettes. Des larmes coulèrent sur mes joues, mais je souriais si intensément et la lumière était si tamisée que personne ne s’en aperçut.
Lorsque j’arrivai à proximité des toilettes, trois amies de ma mère, qui faisaient partie de son club de bridge, me précédèrent. Je décidai donc de trouver un autre endroit pour laisser aller mes larmes. J’empruntai une porte battante qui donnait dans une pièce où étaient stockées la nourriture et les boissons, à côté des cuisines.
Je tombai nez à nez avec des traiteurs qui me regardèrent avec l’air de se demander ce que je faisais là.
— C’est parfait ! m’exclamai-je, parvenant à faire illusion. Je crois qu’il manque quelques petits fours à l’entrée, ajoutai-je pour justifier ma présence.
Aussitôt, je repris mon chemin. Je devais avoir l’air complètement ridicule. Une folle dans une robe Givenchy… Mes joues brûlaient et j’avais l’impression que ma poitrine, remplie de sanglots, allait exploser.
Je poussai une autre porte battante et me dirigeai vers la cuisine. Les comptoirs en acier inoxydable étaient recouverts d’une quantité de petits fours qui semblaient délicieux, mais auxquels je n’avais pas le droit – les apparences passaient aussi par la ligne !
Je continuai sans m’arrêter, sentant des regards sur moi, et marchai jusqu’à une porte au-dessus de laquelle il était écrit « issue de secours ». Exactement ce qu’il me fallait…
D’un geste sûr, j’ouvris la porte et la refermai aussitôt derrière moi. Enfin seule, j’éclatai en sanglots.
En relevant la tête, au bout de quelques minutes, je me sentis ridicule. La reine de la fête, enveloppée dans sa robe de bal, seule au milieu d’un parking désert… Mais, ce que je trouvais encore plus pathétique, c’était que même en pleurant, je pensais encore aux apparences. À ma famille, à mon devoir. J’allais jusqu’à prendre la peine de pleurer proprement, restant debout pour ne pas salir ma robe ni risquer de la déchirer.
Tout était faux, en toc. Ce n’était pas ma robe, ce n’était pas vraiment ma fête non plus… Je vivais dans un monde d’apparences.
Alors que je m’apitoyais sur mon sort, je sentis un papillon voler au-dessus de ma tête. Je fis un geste de la main pour le chasser, mais un autre le remplaça. En fait, je réalisai que j’étais sous un néon et que la lumière les attirait. Faisant de grands gestes, je m’éloignai de la lampe et trébuchai.
— Merde ! m’exclamai-je en pleurant.
En voulant chasser les papillons, j’avais défait mon chignon, ce qui devait certainement me donner un aspect négligé. Mais peu m’importait. Je n’avais plus envie de jouer un jeu, de faire mon devoir. Mes cheveux étaient en bataille, mon mascara avait certainement coulé sur mes joues, mais cela m’était égal. Un vent de liberté était en train de souffler sur moi. Tout en continuant de pleurer, je ris doucement en pensant à la réaction de mes parents s’ils m’avaient vue dans un tel état…
Tout cela était tellement dérisoire que, finalement, je commençai à me sentir mieux. Je me sentais enfin prête à retourner dans la fosse et à affronter les fauves. Mais je devais d’abord me remaquiller et refaire mon chignon. Je sortis mon miroir de poche et regardai mon reflet ; comme je m’y attendais, j’avais l’air dévastée. Le dîner était dans vingt minutes, je devais faire vite…
J’étais en train d’essuyer mes joues lorsque je les entendis. Des pas. Lourds, bruyants, fendant l’air nocturne. Quelqu’un était en train de courir dans ma direction. Instinctivement, je m’immobilisai, comme un animal isolé se sentant vulnérable face à un prédateur. Car j’étais seule. Personne n’était là pour me défendre et le bruit à l’intérieur était si fort que personne ne m’entendrait si je venais à crier.
Les pas cessèrent. Le cœur tambourinant, je tendis l’oreille. Rien.
Puis, tout d’un coup, ils reprirent. Plus forts cette fois ; le danger se rapprochait.
Doucement, je reculai d’un pas pour m’éloigner de la lumière du néon et tenter de me dissimuler dans l’ombre. J’entendais le bruit de gravier écrasé, derrière une camionnette qui se trouvait à seulement quelques mètres de moi. La personne était si proche que je l’entendais même respirer ; elle semblait essoufflée. Son souffle était comme un grognement – terrifiant.
Je me raidis, prête à fuir, à crier.
Soudain, il y eut des bruits sourds, comme des coups donnés sur le corps de quelqu’un. Je n’avais jamais entendu ce bruit auparavant, mais je le reconnus d’instinct, avec certitude. C’était un bruit qui glaçait le sang, car il résonnait comme un glas. La mort était proche ; elle était palpable.
Les coups s’intensifièrent. Choquée, horrifiée, je retins mon souffle, espérant que cela me permettrait de devenir transparente, de m’extraire de cette scène d’horreur. Je sentais que quelqu’un était en train de mourir. Il ne s’agissait plus d’apparences ; cette fois, c’était bien réel…
Quelqu’un parla. Ce devait être celui frappait, car il avait un ton menaçant. Je n’entendais que quelques bribes, mais il me sembla qu’ils parlaient d’un flic.
— Tu vas me le dire ? Comment s’appelle-t-il ? dit la voix avec hargne.
Je ne compris pas bien ce qu’il dit ensuite, mais il évoqua un certain Forman, ou Dorman.
— … travailler pour Dorman… mon ami… Payer…
— Je ne sais pas… je ne sais pas… s’il vous plaît, supplia l’autre.
Un autre coup. Des bruits de pas sur le gravier.
— Tu peux me supplier, espèce d’ordure, je n’en ai rien à foutre, dit l’agresseur d’une voix plus distincte.
Je devais agir, aider…
Serrant mon sac contre moi comme un bouclier de fortune, je m’approchai le plus doucement possible de la camionnette et regardai par la vitre de la portière. C’est alors que je les vis. Comme je l’avais deviné, il y avait deux hommes. Le plus jeune était l’agresseur. Il tenait par le col un homme grisonnant au visage tuméfié. Malgré ses blessures, son visage semblait me dire quelque chose… Était-il l’un des amis de mon père invités à la fête ? Ou peut-être l’avais-je vu dans la cuisine ?
J’étais terrifiée, mais je me disais que je devais faire quelque chose pour aider cet homme. Je m’apprêtais à les rejoindre pour m’interposer lorsque je vis le visage de l’agresseur. Lui ne me vit pas, mais il tourna légèrement le visage, de sorte que j’aperçus ses yeux verts exorbités et ses cheveux hirsutes. Il devait avoir quelques années de plus que moi – entre vingt-cinq et trente ans, peut-être. Il était fou de fureur. On aurait dit un sauvage. Il se remit à frapper sa victime ; il était si entièrement consumé par la colère qu’il ressemblait davantage à un animal qu’à un humain.
Je me figeai.
Doucement, je pris mon téléphone dans ma pochette. Je devais appeler quelqu’un. Je devais sauver cet homme qui allait bientôt mourir sous mes yeux si l’autre continuait de le frapper. Mais, tremblante de peur, je n’arrivais pas à composer le code de déverrouillage de mon téléphone – je ne cessais de me tromper tandis que les coups continuaient, dans ce bruit sourd qui me révulsait. Chaque minute qui passait rapprochait un peu plus l’homme grisonnant des portes de la mort. Je devais faire vite.
J’étais terrorisée, perdue. C’était la première fois de ma vie que je n’étais plus dans un monde d’apparences. Que je devais faire autre chose que de choisir des vêtements ou du maquillage. J’avais entre les mains la vie d’un homme, et cette réalité me paraissait d’une violence inouïe.
— Arrêtez ! m’écriai-je en contournant la camionnette et en courant vers les deux hommes. Arrêtez !
L’agresseur continua, s’acharnant avec une fureur que je n’avais jamais vue auparavant. Il ne sembla même pas prêter attention à ma présence, encore moins à mes mots – c’était comme ordonner au tonnerre de cesser de gronder : inutile et vain. Décidée à faire quelque chose, je tapai du pied, donnant un coup de Louboutin dans le gravier.
Toujours pas de réaction.
— Les flics arrivent ! hurlai-je.
Enfin l’homme s’arrêta. Doucement, il tourna le visage vers moi et plongea son regard menaçant dans le mien. J’étais terrorisée, mais tâchai de ne pas le montrer, de garder le dessus – pensant naïvement que cela pouvait servir à quelque chose…
Finalement, je reculai. Le monstre lâcha sa proie – désormais inconsciente et qui s’écroula au sol – et s’approcha de moi, doucement. Plus il avançait, plus je reculais. Je lui montrai mon téléphone, comme pour lui faire comprendre que je pouvais appeler quelqu’un à tout moment et qu’il devait cesser de me menacer.
— Les flics arrivent, répétai-je.
Je ne sus s’il savait que cela était un mensonge ou s’il n’était pas impressionné par les flics, mais ma tentative de lui faire peur sembla ne lui faire ni chaud ni froid. Il continua de s’approcher d’un air impassible, sans que je comprenne s’il comptait ou non me faire du mal.
Mon dos heurta quelque chose de dur. La camionnette. Je ne pouvais plus reculer, mais lui continua d’avancer. Je me mis alors à courir, mais il me rattrapa aussitôt et me tira à nouveau contre la camionnette.
— Tu comptes aller où, comme ça ? me demanda-t-il avec un léger sourire.
Je le fixai, haletante, incapable de répondre quoi que ce soit. Je sentais son souffle chaud contre moi, l’intensité de son regard dans le mien.
Me tirant les cheveux, il me força à baisser la tête en arrière, comme pour me montrer qu’il avait le pouvoir et que je n’étais rien. Il continua de me regarder fixement quelques secondes puis, d’un coup, leva la tête vers le ciel. On aurait dit un loup ; j’eus presque l’impression qu’il allait se mettre à hurler, comme un animal.
Mais, finalement, je compris. Il écoutait les sirènes que l’on entendait au loin, essayant d’évaluer si elles s’approchaient de nous ou si elles étaient pour une autre agression.
— Tu mens…, finit-il par dire en me regardant à nouveau, essayant de deviner si j’avais réellement appelé la police ou si je bluffais.
— Non, murmurai-je.
Il sonda mon regard à la recherche de la vérité. Il hésitait.
— Putain ! s’exclama-t-il finalement.
Il sembla se dire qu’il ne pouvait pas prendre le risque de ne pas me croire et cela parut le contrarier. Il passa son bras autour de mon cou pour me serrer contre lui et m’immobiliser. De sa main libre, il fouilla dans sa poche et en sortit quelque chose de luisant – un couteau, ou une lame, je ne savais pas bien.
J’étais terrifiée, persuadée qu’il allait me tuer. Au lieu de cela, me gardant toujours contre lui, il traça un carré sur la vitre de la camionnette avec la lame, puis donna un coup de poing. Le morceau qu’il venait de découper tomba instantanément et il ouvrit la portière, déclenchant l’alarme anti-vol qui retentit dans la nuit.
— Monte ! ordonna-t-il en me poussant vers l’intérieur de la camionnette.
Dès que je fus à l’intérieur, il ferma la porte puis fit le tour et alla ouvrir le capot.
J’hésitai : devais-je essayer de m’enfuir ? Mais je ne pourrais pas courir vite avec mes talons et il me rattraperait sans difficulté. Tétanisée, je décidai de ne rien tenter.
L’alarme s’arrêta. Il claqua le capot, tira le type à moitié mort derrière la camionnette, ouvrit la portière du coffre et glissa le corps à l’intérieur. Un autre claquement de porte, puis il réapparut, ouvrant la portière côté conducteur.
J’avais la gorge serrée. Je regrettai d’avoir quitté la fête, d’avoir voulu aider alors que, de toute évidence, je ne faisais pas le poids. Mue par l’instinct de survie, je posai discrètement ma main sur la poignée de la porte.
— Je te déconseille de faire ça, si tu veux vivre, grogna-t-il en s’installant sur le siège du conducteur.
Il n’avait pourtant pas pu voir ma main de là où il était. C’était comme s’il avait un sixième sens, quelque chose d’animal.
— Tu ne bouges pas, c’est compris ? me demanda-t-il en me regardant droit dans les yeux.
Il arracha alors le boîtier de la serrure, calmement, presque machinalement. Clairement, il était habitué à ce genre de choses : tuer, menacer, faire taire les alarmes et voler des voitures. Il ne montrait aucun signe de panique, comme si tout cela était son quotidien. Malgré moi, je ne pus m’empêcher d’être étonnée. Moi qui avais grandi dans un milieu où se tromper de nom en s’adressant à quelqu’un était considéré comme un drame, je découvrais avec cet inconnu un monde nouveau. C’était presque une leçon qu’il me donnait : rien ne semblait l’atteindre, et cela m’impressionnait. À ce moment-là, j’enviai sa force.
La camionnette démarra. Il appuya sur l’accélérateur et nous quittâmes le parking à toute allure.
— Donne-moi ton téléphone.
Je le lui tendis. Ma main tremblait. La scène me paraissait surréaliste. Peut-être était-ce un mauvais rêve ?
Gardant les yeux rivés sur la route, il attrapa mon poignet – fort. Ce n’était pas un rêve.
— Allume-le !
— Tu me fais mal ! m’écriai-je, en le tutoyant pour lui montrer qu’il ne m’impressionnait pas.
Il lâcha mon bras, laissant une trace de sang sur ma peau – le sang de l’homme qui se trouvait à l’arrière.
— Tu ne peux pas tuer cet homme, dis-je doucement, la voix tremblante, en allumant mon téléphone.
La lumière de l’écran éclairait son visage, mettant en valeur ses lèvres charnues. Je découvris plus distinctement ses traits : un nez droit, des sourcils épais et longs surplombant ses yeux vert émeraude. Il était beau – il avait la beauté du diable, bouillonnant de haine.
Il me regarda rapidement en souriant. Même son sourire semblait diabolique.
— Allume. Ton. Portable, m’ordonna-t-il en arrêtant la voiture sous un lampadaire allumé.
Son ton était implacable. Je m’exécutai et parvins, cette fois, à composer mon code.
— Tes derniers appels, grogna-t-il, sans prendre la peine de faire une phrase complète. Et si tu touches cette poignée, je te bute, ajouta-t-il avec un plaisir sadique.
Je regardai mon téléphone, hésitante. Il allait savoir que je n’avais pas appelé la police si je lui montrais la liste de mes derniers appels. Mais il allait me tuer si je ne la lui montrais pas. Je n’avais pas le choix. J’appuyai sur Appels récents et lui tendis le téléphone. Il le prit et regarda mon historique d’appels. Découvrant – certainement avec plaisir – que j’avais menti, il leva les yeux sur moi, un sourire machiavélique vissé aux lèvres.
— J’en étais sûr, dit-il doucement, en fourrant le téléphone dans sa poche.
— Tu ne peux pas le tuer, répétai-je.
— Il est déjà mort ! ricana-t-il.
— Ce n’est pas vrai ! rétorquai-je. Je l’entends respirer ! Dépose-le à l’hôpital. Qu’est-ce que cela t’apporterait de le tuer ? Je pense qu’il a compris, maintenant, non ?
Il se tourna vers moi avec un regard froid qui exprimait toute sa rage. La puissance qui émanait de lui me coupa le souffle.
— Tu penses qu’il a compris ? me demanda-t-il en m’imitant légèrement.
Je voulus répondre, mais en fus incapable. J’étais comme en dehors de moi.
Ne pouvant plus soutenir son regard, je baissai les yeux. Je vis alors le détail de ses bras : il n’avait pas de tatouages, comme on aurait pu s’y attendre de la part d’un type comme lui. En revanche, il avait sur l’avant-bras une cicatrice qui représentait une sorte de grande croix, comme deux haches croisées. Je n’avais jamais vu une chose pareille – c’était comme s’il s’était fait cela lui-même.
— Je pourrais l’enfourcher, lui arracher les dents avec une pince, lui couper les couilles et les lui enfoncer dans sa bouche de porc pleine de sang et sans dents, répondit-il avec une voix qui semblait venir tout droit d’un monde souterrain – une voix qui exprimait la haine pure. Et, malgré tout cela, je crois qu’il ne comprendrait toujours pas…
Je restai bouche bée.
— S’il veut sauver sa peau, il va devoir me donner un nom.
— Quel nom ?
— Arrête de poser des questions, trancha-t-il. Tu ferais mieux de t’inquiéter pour toi…
Il démarra à nouveau, respectant scrupuleusement la limitation de vitesse, ce qui – venant de lui – me surprit.
L’homme à l’arrière grogna. Il semblait vouloir pleurer, mais son visage écrasé ne le lui permettait pas. C’était terrifiant.
— Ta gueule ! hurla le conducteur.
Je regardai par la fenêtre. Étrangement, je me sentais calme. C’était comme si tout était tellement inconcevable que je n’étais même plus capable de paniquer.
— Tu vas me tuer, moi aussi ? demandai-je sans le regarder.
— Si tu continues à ne pas obéir, c’est possible, en effet…
— Je ne dirai rien si tu me laisses partir.
Il ne répondit rien.
Nous quittâmes la ville et nous dirigeâmes vers l’ouest. La fête semblait être à des années-lumière. Tout le monde devait être en train de me chercher. Que penseraient mes parents ? Allaient-ils comprendre que j’avais été enlevée ou se diraient-ils que j’avais fui, les décevant une fois de plus… ?
Je regardai à nouveau mon ravisseur. Les lumières de la nuit se reflétaient sur son visage au fur et à mesure que nous avancions. Sa mâchoire carrée était à l’image de sa force. Je lui en voulus d’être beau ; je m’en voulus de le trouver beau. Comment un monstre pouvait-il être beau ?
— S’il te plaît…
— Tais-toi ! m’interrompit-il.
Je me figeai sur mon siège, regardant droit devant moi.
Nous pénétrâmes dans une banlieue sale et délabrée. Westdale ou Ferndale ; je n’avais pas eu le temps de lire correctement le panneau. Je n’y étais jamais venue auparavant. Ce n’était en fait pas le genre d’endroit où je venais… Toutes les maisons tombaient en ruine et, au fur et à mesure que nous serpentions à travers les rues, j’avais l’impression que la végétation se faisait plus dense, comme si plus aucun humain n’avait un quelconque pouvoir dans cette partie du monde.
Malgré ma peur, je tournai à nouveau le regard vers lui. Il était peut-être la dernière personne que j’allais voir avant de mourir. Son henley gris et son jean foncé semblaient presque trop ordinaires pour le jour de ma mort.
Les apparences. Encore ! Décidément…
Nous arrivâmes dans une ruelle et il arrêta la camionnette devant une maison qui semblait déserte, dont la devanture était envahie par les mauvaises herbes. La lumière des phares éclairait la façade en ruine, comme ravagée par des traces de flammes – l’endroit avait dû brûler, longtemps auparavant.
Il manipula les fils de la camionnette pour arrêter le moteur. Avant de descendre, il me regarda.
— Je vais sortir et m’occuper de ce type. Si tu quittes ce siège, je te tue. Et si, par miracle, tu réussis à t’échapper, je tuerai toutes les personnes dont le numéro apparaît dans ton historique d’appels. Je t’assure que je le ferai. C’est clair ?
Je le regardai les yeux grands ouverts, le souffle court.
Sans prendre la peine d’attendre ma réponse, il sortit, alla ouvrir la porte arrière et traîna l’homme hors du véhicule.
J’entendis à nouveau des bruits sourds et des gémissements. L’homme essayait de parler, mais on ne comprenait rien à ce qu’il disait.
Je me blottis sur mon siège et me bouchai les oreilles. Je ne voulais plus entendre ni lui ni la mort qui s’emparait de lui. D’un seul coup, je fus prise d’une violente nausée. Malgré la menace, je me précipitai hors de la camionnette et m’éloignai de quelques pas. Aussitôt, je m’écroulai au sol et vomis dans les herbes sauvages qui bordaient la maison. Mon estomac me brûlait, la tête me tournait… J’étais éreintée. Haletante, je restai par terre, m’appuyant contre le sol comme si j’avais peur de tomber. J’entendais toujours les sons de l’homme en train de se faire tabasser. Des grognements, des gémissements. Puis un craquement, qui me donna envie de vomir à nouveau.
Puis, plus rien pendant quelques secondes. Je me figeai, guettant la suite.
J’entendis les portes s’ouvrir, un bruit sourd – certainement celui du corps sans vie de la victime hissé à l’intérieur de la camionnette – puis à nouveau le claquement des portes.
Et ses pas. Il se dirigeait vers moi.
Je restai immobile, lui tournant le dos. S’il devait me tuer, je préférais ne pas le voir. J’espérais qu’il ferait vite et qu’il ne me ferait pas souffrir…
Il arriva derrière moi et s’immobilisa.
— Tu n’as jamais vu un homme mourir, c’est ça ?
Sa voix était calme, presque douce. Je frissonnai. Comment pouvait-il être si serein après avoir tué un homme si sauvagement ?
— Non, jamais, murmurai-je sans me retourner.
— Ton genre à toi, c’est plutôt les soirées avec tes petits copains dans des maisons bourgeoises, j’imagine ? railla-t-il.
Son ton exprimait le jugement, mais également autre chose… de la curiosité. Je devais utiliser cela ; c’était ma seule chance de m’en sortir. Si je voulais vivre, je devais le convaincre de me laisser partir.
Je me relevai doucement et me tournai vers lui.
— Ce soir, c’était ma soirée d’anniversaire, lui dis-je en frottant ma robe sale.
Il ne répondit rien.
Je levai les yeux vers lui. Son visage, éclairé par le clair de lune, semblait démoniaque. Impitoyable. Je me demandai comment lui me
