À la recherche du soi: Le rituel autobiographique

Par Ginette Bureau

“À partir de mon expérience personnelle, je raconte comme une histoire le fruit de ma démarche consacrée à l’étude du Moi de l’autobiographie (la personnalité) et du Soi des rituels (le côté éternel de l’Être).
Comme les rituels ne m’offraient plus l’effet de communion entre mon conscient et mon inconscient, l’écriture que je pratiquais comme une méditation me permettait d’atteindre ce centre en moi et contribuait à me brancher à cette source intérieure. Ce geste était devenu un rituel qui me réconciliait avec moi-même et avec la vie.
En ce temps de quête de sens et de vide spirituel, ma démarche explique un contact plus direct avec son intériorité. J’aborde volontairement deux niveaux de langue, celui de la science et celui des sentiments afin de contribuer à dépasser cette dualité et atteindre l’intelligence émotionnelle.”

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions du CRAM
• Date de sortie: 1 juin 2012
• ISBN: 9782897210144

Ginette Bureau

Ginette Bureau détient une maîtrise en création littéraire, un doctorat en lettres françaises de l’Université de Sherbrooke et s’intéresse au pouvoir des mots à la résilience par l’écriture. Elle a publié plusieurs récits, certains traduits en anglais et en polonais. Son récit Je t’aime la vie a fait l’objet d’un film, Le Jardin d’Anna. Elle offre des conférences et des ateliers d’écriture.

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Autres ouvrages

de Ginette Bureau

aux Éditions du Cram

L’espoir, la foi, l’amour dans la famille (Éditions Québécor, 2002)

Les liens de l’amour (Éditions Québécor, 2002)

Toucher le divin en soi (Médiaspaul, 1999)

Femme… enfin ! Comment crée-t-on sa réalité ? (Éditions Logiques, 1994, Éditions Québécor, 2003)

Mona et Je t’aime la vie (Coffret Club Québec-Loisirs, 1993)

Des lendemains pour Francis (Libre Expression, 1988)

Je t’aime, la vie – Mona (Libre Expression, 1985 ; Éditions Québécor, 2001 ; KDC éditeurs [Pologne], 2005)

Mona (Héritage, 1979 ; Fleurus [France] 1980 ; Mona – a mother’s story, Clark & Irwin, 1982, traduction de David Homel ; Libre Expression 1986 ; KDC éditeurs [Pologne], 2005)

AuteurTitre

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Dépôt légal — 1er trimestre 2011

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bureau, Ginette

À la recherche de soi : le rituel autobiographique

(Collection Psychologie)

Comprend des réf. bibliogr.

ISBN Imprimé: 978-2-923705-25-5

ISBN PDF: 978-2-923705-83-5

ISBN EPUB: 978-2-89721-014-4

1. Autobiographie - Aspect psychologique. 2. Moi (Psychologie). 3. Vie spirituelle. 4. Bureau, Ginette. I. Titre. II. Collection: Collection Psychologie (Éditions du CRAM).

CT25.B87 2011         808'.06692          C2011-940429-X

Table des matières

Préface

Introduction

Chapitre 1 : Histoire personnelle

Motivation à la recherche du Moi

Écrire, c’est créer

La défense de l’autobiographie

Créer, c’est tuer… mais qui ?

Motivation à la recherche du Soi

Le temps de la création

Contacter l’esprit

Rencontre avec le divin

L’écriture comme rituel

La nécessité des rituels

Chapitre 2 : La découverte du Moi

Pourquoi choisir l’autobiographie

La conscience du Soi : l’âme ?

Contre l’aliénation

Fidélité envers Soi

Liberté moderne

L’Esprit parle à l’esprit

Le Moi privé et le Moi public

Vérité personnelle

Recherche du centre

La richesse spirituelle

La manifestation du sens

Le droit de dire

Mise en garde

La transparence est-elle réelle ?

Le déclencheur, la vraie vie

Dire « Je » honteusement ou fièrement ?

Chapitre 3 : Le Soi et les rituels

Objectifs

Le Soi

L’influence de la société

Contacter l’inconscient

L’histoire de l’âme

L’âme chrétienne

Les polarités dépassées

L’âme bouddhiste

Le savoir de l’inconscient

Les héros mythiques et la crise du héros

Refus de l’appel

Le trophée transmetteur de vie

Imitation ou contemplation du héros ?

Fonction du mythe, du culte, des rituels

Le héros d’aujourd’hui

La transcendance

Le corps dans l’expérience spirituelle

Sacré ou profane ?

Le temps sacré non historique

Rite et efficacité symbolique

La perte de Soi

Conclusion

Le Moi – Autobiographie

Le Soi – Rituels

Le sacré

Rituels de l’avenir

Au Québec

Retour sur mes écrits

Bibliographie

À mes deux fils

L’estime de Soi,

ce n’est pas

l’estime de Moi.

Ricœur

Préface

Depuis plusieurs années, je pratique l’autobiographie. J’ai publié six récits, et un film a été tiré de mon histoire personnelle. Cette réflexion s’inscrit dans le prolongement de mes écrits antérieurs. Mona, paru en l979, racontait la guérison « miraculeuse » de ma petite fille et le changement qu’elle a provoqué dans ma façon de vivre. La suite, Je t’aime la vie, relatait la lutte de Mona devenue adolescente et de toute la famille unie pour la sauver à nouveau de la maladie. Le téléfilm Le Jardin d’Anna, présenté aux Beaux Dimanches, à Radio Canada, en l993, est inspiré de ces deux premiers récits. Des lendemains pour Francis, publié en l988, fait part des difficultés d’un couple à vivre la mort d’un enfant. Après un divorce, j’ai entrepris, dans le cadre d’une maîtrise en Études françaises, une recherche sur la création de la réalité, accompagnée d’un récit démontrant comment j’avais construit la mienne. Ce livre a été publié sous le titre de Femme... enfin ! Comment crée-t-on sa réalité ? Après avoir sondé l’histoire du Moi dans mes récits autobiographiques, je m’intéresse maintenant au Soi (l’âme). Ma motivation s’alimente d’un grand désir de retrouver ce Soi en dépit et à cause des pertes éprouvantes qui ont suivi chacune de mes publications; en effet, j’ai perdu Mona, le mari m’a quittée, le conjoint de fait s’est envolé...

Au départ de cette recherche, deux thèmes m’animent : la perte de l’efficacité symbolique et du sens du sacré dans les rituels religieux et la recherche de Soi dans l’autobiographie. Pour moi, les rituels n’ont plus l’effet d’unir l’inconscient au conscient pour plusieurs raisons, que j’entends exposer. Personnellement, les rituels ne répondent plus à mes besoins intérieurs, je ne ressens plus l’effet de communion. Les symboles utilisés ne touchent plus, les mythes sont oubliés, le message ne passe plus. Le fossé s’agrandit entre ce qui se passe en Soi pendant un rituel et les paroles du célébrant.

Mon intérêt pour les rituels vient donc de ma déception lors de leur pratique, d’absence d’effets spéciaux, de promesses jamais comblées, comme si les signes ou les symboles utilisés dans les rites ne détenaient plus leur pouvoir et par le fait même perdaient leur sens sacré.

Ma pratique d’écriture quotidienne a toujours répondu à un besoin de connexion à une force intérieure, un guide vers l’essentiel, spécialement dans les moments critiques de ma vie, lorsque la religion et la science ne m’offraient plus aucun secours. Mon expérience me prouvait que la réponse est en Soi. Grâce à cet exercice de recueillement, de méditation, j’atteignais à mon insu un coin sacré de l’Être qu’il faisait bon retrouver et auquel il faisait bon s’allier. Atteindre ce centre de données, c’était comme toucher à une source de savoir pleine d’images mentales et de voix intérieures. Ce geste était devenu un rituel qui me réconciliait avec moi-même et avec la vie.

L’état obtenu pendant les séances d’écriture brisait ma solitude et m’unissait à l’humanité beaucoup plus que les rituels proposés par la société. Au contraire, ceux-ci m’aliénaient, me séparaient, me divisaient, tandis que l’écriture me recentrait et m’aidait à retrouver mon Soi.

Jusqu’ici, les auteurs qui ont traité des écrits autobiographiques l’ont fait en analysant les textes des autres. Ils ont raconté l’évolution de ce genre, les différentes sortes d’écriture intime, du récit de vie aux Mémoires, en passant par les témoignages et le journal. Les chercheurs se sont penchés sur le rôle sociologique de chacune de ces catégories, et les femmes, qu’on accuse d’être trop personnelles dans leurs écrits, ont défendu, entre autres, « the mapping of the self »¹ .

Je me propose d’aborder l’écriture autobiographique sur une base essentiellement personnelle, en analysant les effets positifs et les conséquences de mes écrits sur moi-même et mon entourage. Ensuite, pour comprendre le rôle que joua l’écriture dans ma vie, j’aborderai l’évolution de l’autobiographie dans la société pour terminer avec la recherche du Soi, ce côté « éternel » de l’Être.

Lors des rituels, ces rassemblements que propose la société, les individus sont appelés à se sentir appartenir à un groupe. Il m’apparaît important de regarder de près ce pont qui unit les individus à une communauté, d’examiner ces événements qui regroupent de façon particulière les humains et qui marquent les phases de la vie.

Mon ouvrage consistera en une réflexion théorique divisée en trois chapitres. Le premier portera sur ma quête personnelle, le deuxième présentera l’évolution de l’autobiographie, et dans le troisième j’analyserai le rôle des rituels, celui qu’ils avaient et qu’ils semblent avoir perdu pour ensuite faire un lien avec le rituel autobiographique.

Ce que vous lirez présente, non seulement le fruit de mes recherches, mais aussi l’effet de l’acquisition de ces connaissances dans ma vie. J’aborderai donc deux niveaux de langue : celui de la science et celui des sentiments.

Introduction

L’autobiographie

Plusieurs auteurs ont étudié l’autobiographie de différentes façons. Le collectif sur les Discours et pratiques de l’intime² , par exemple, analyse les secrets d’alcôve et l’intimité des gens. De son côté, La tentation autobiographique regroupe des auteurs qui confessent puiser dans leur propre vie et leurs sentiments pour écrire. Parmi la faible minorité qui s’y oppose se trouvent ceux qui avouent avoir peur ou avoir honte de se dévoiler. Quant à l’étude sur Le journal intime au Québec, on y analyse l’évolution du Moi chez les Québécois, tandis que, dans Je est un autre et Le pacte autobiographique, Philippe Lejeune rend le Je universel. Helen M. Buss, pour sa part, examine, dans Mapping Our Selves, la théorie de la subjectivité et les diverses façons qui ont permis aux femmes d’exprimer leur identité. Ces ouvrages, si intéressants soient-ils, demeurent assez loin de mes préoccupations. Je travaillerai plutôt trois autres chercheurs.

Selon Louis Dudek³ , l’histoire de l’autobiographie à travers les temps ressemble à l’histoire du développement de la personnalité chez les humains. Pour lui, l’individualisme est relié aux découvertes de la science perçue comme une révolte contre le Dieu des traditions. Au cours des siècles, nous sommes passés d’une littérature impersonnelle à une littérature personnelle. Ce phénomène autobiographique s’est produit seulement lorsque l’homme s’est rendu compte qu’il pouvait être un agent responsable de la création de son histoire.

Dans son étude sur les récits de vie, Gaston Pineau⁴ nous apprend que cette prise de savoir est bel et bien une prise de pouvoir sur sa vie. La recherche de ses origines ainsi que la prise de parole favorisent également la projection de son existence. Une conscience historique se fabrique. Malgré la différence entre les mémoires des personnages importants et les souvenirs des gens modestes qui racontent leur vie pour leurs descendants, Pineau considère qu’on construit son histoire en l’écrivant, qu’on se l’approprie et qu’on y donne un sens.

Georges Gusdorf⁵ va plus loin et démontre que la connaissance de soi est une démarche essentielle à l’amour de soi. La quête de soi, c’est aussi la conquête de soi. Il s’agit non seulement de connaître ses forces et ses faiblesses pour savoircequel’onpeutaccomplir,maissurtoutpoursavoirquil’on est.CetteprisedeconsciencerelativeànotreÊtreressemblerait à l’intuit ion, ce guide intér ieur qui inter v ient da ns notr e devenir.

L’écriture serait un moyen parmi d’autres pour arriver à cette sphère intime de l’Être. Dans les moments où les structures de la société éclatent, l’autobiographe tenterait de mettre de l’ordre dans le désordre, de lutter contre l’éclatement. Bien que la psychologie moderne ait désacralisé l’espace du dedans, Gusdorf trouve le moyen de sacraliser les écritures du Moi en démontrant que, en bout de ligne, l’esprit parle à l’esprit. Que l’on s’explique le mythe ou les Écritures saintes, il s’agit toujours, d’après lui, d’intuition sacrée. L’écriture n’est pas une copie de la pensée, mais une « nativité