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Trésor, l'enfant de la rue
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Livre électronique112 pages1 heure

Trésor, l'enfant de la rue

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À propos de ce livre électronique

Des détonations éclatent dans le ciel gris qui se voile soudainement d’une poudre funeste. La mort se déchaîne, hurle partout dans la ville diamantifère. La Colombe bat frénétiquement les ailes et s’envole. C’est la débandade à sa suite. Alain entraîne son jeune frère. ils échouent à Kinshasa, où ils apprennent à mendier la vie. À leur insu, sur leurs fronts, il se colle un nom terrible : « Enfant de la rue ». Malheureusement, la rue ignore ses devoirs envers sa progéniture. Elle ne leur offre que ce qu’elle peut : l’adversité. De son côté, L’État, le « Tuteur » est secoué par des remous de toutes sortes. Le pouvoir d’abord.
Le lecteur suivra l’un des frères en prison et l’autre à travers les rues de la capitale, dans un décor où sont aux prises la faim et la lutte pour la survie.
LangueFrançais
Date de sortie21 avr. 2020
ISBN9782312073736
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    Trésor, l'enfant de la rue - Germaine Kabedi

    cover.jpg

    Trésor,

    l’enfant de la rue

    Germaine Kabedi

    Trésor,

    l’enfant de la rue

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2020

    ISBN : 978-2-312-07373-6

    À ceux qui sont allés dans ce lointain pays

    d’où jamais personne n’est revenu

    PREMIÈRE PARTIE :

    Trésor Ngalamulume Ntumba

    Chapitre I

    Les crépuscules commençaient à draper le port Lomata d’un fin brouillard. Mais ce quartier portuaire était encore animé. Un bateau pousseur convoyant des barges surchargées venait d’amarrer. Dans le désordre du trafic, chacun vaguait à son activité. Des dockers en haillons noirs ployaient sous le poids de gros sacs, des vendeurs appelaient à la clientèle, des acheteurs marchandaient, des charlatans vantaient les vertus de leurs produits et des voleurs à la tire se sauvaient avec dextérité, se mélangeant de suite à la foule nombreuse. Une fois le forfait accompli, ils changeaient d’accoutrement ; il était difficile de les reconnaitre.

    Non loin de là, assis à l’ombre du hangar abritant un sous-commissariat, une faction attendait le tour de service. Certains policiers ronflaient dans des poses diverses, tandis que d’autres roulaient tranquillement la poudre d’une plante psychotrope dans des morceaux de papiers. C’est que, cette poudre, associée à l’agené, alcool traditionnel fabriqué selon des procédés chimiques sans calculs compliqués ni dosage précis, brulait et les rendait aussi hardis que les brigands qu’ils traquaient, les mettant tous dans un même état d’esprit : l’action, rien que l’action. Tous se rendaient célèbres ; les premiers par leurs exploits à dénicher, à traquer et arrêter, et les seconds par leur ingéniosité à toujours se tirer d’affaire. Le mariage était scellé uniquement pour le pire.

    Au port, des cris distincts dominèrent soudainement le brouhaha. Des voix criaient au voleur. Une foule se bousculait derrière un petit garçon d’environ neuf ans que tirait une forte dame par le bras.

    – Moyibi eee{1} ! – Moyibi eee !

    – Soni hein, mwana moke boye{2} !

    – Bobeta ye ya grave mpo azongela lisusu te{3}, instruisit un type posté à la sortie.

    – Te, bokoboma ye ! bomema ye na{4} la police, conseilla plutôt un autre.

    – Eyi, baba na kufwa{5} ! râla l’enfant.

    – Hé eee, hi iii, aza muluba{6}, s’égailla tout le monde.

    – Mowuta eee, mbokatier !{7} Tu n’as même pas attendu d’apprendre le lingala !

    La foule se dirigea vers le sous-commissariat. Les policiers occupés à rouler les tiges à fumer interrompirent leur ouvrage. Ils l’accueillirent à l’entrée du bureau. Le commandant, tiré brutalement de son somme apparut sur le seuil. La dame poussa le gamin devant les hommes en uniforme. Il chancela, tomba sur les genoux devant eux.

    – Eyi, baba nakufwa{8}, gémit-il encore.

    – Arrêtez ! Que plus personne ne le touche !

    Le commandant le releva. Il scruta le visage tuméfié. Le petit diable était méconnaissable : les petits yeux rouges s’étaient enfuis, les lèvres pendantes, le nez anormalement grand laissait couler un filet de sang. Il était pieds nus et vêtu d’un polo chocolat trop grand qui cachait une culotte bleu marine percée de deux trous au niveau des fesses. Un sac à main, comme un lourd collier pendait à son cou ; c’était la preuve du vol.

    – Que se passe-t-il ? demanda le commandant.

    – C’est un voleur ; il a piqué mon sac à main. Je l’ai attrapé avant qu’il ne se sauve. Je l’ai amené, que l’État le corrige et le mette hors d’état de nuire !

    Trésor Ngalamulume{9}Ntumba gémissait. Tout son corps n’était plus que douleur. Il répondit en quelques phrases à l’interrogatoire du commandant, sous l’œil vigilant de la caméra de « Molière TV ». Il comprenait la langue du commandant, mais il répondait en tshiluba{10}.

    – Je suis venu de Tshikapa avec mon grand-frère, expliqua-t-il. Nous avions fui la guerre de Kamwina Nsapu{11}. Papa avait été déjà tué. Maman et les autres sont allés de leur côté. Avec Tutu{12} Alain, nous avons trouvé un camion en cours de route la nuit. Pendant que l’équipage dormait, nous sommes montés et nous sommes arrivés à Kinshasa. Après Tutu Alain a disparu. Un jour, comme je demandai la nourriture dans un marché, un monsieur m’a acheté un plat. Il m’a dit qu’il cherchait un petit pour l’aider dans ses affaires. Il m’a emmené, il m’a montré comment faire. Quand je pique quelque chose, je lui apporte et le soir, il me donne à manger.

    – Comment s’appelle-t-il ? demanda le policier.

    – Rambo.

    – Où est-ce qu’on peut le trouver ?

    – Là-bas, de l’autre côté, dit-il, désignant des bâtiments hors d’usage du côté appelé « Chantier ».

    Le mouvement lui fit perdre l’équilibre. Il s’écroula aussitôt après, raide comme mort. Le cercle formé autour de lui se dispersa, chacun s’éloignant au plus vite, de peur d’être identifié. Il ne resta plus que la propriétaire du sac à main. Elle attendait récupérer son bien sans plus. Le commandant ordonna à un policier de le porter à l’hôpital, mais il ne lui remit rien comme frais. Pour le transport, il réquisitionna une moto taxi.

    La dame attendait impatiemment la suite. Elle vérifia le contenu de son sac, sur l’ordre du commandant. Rien ne manquait. Elle voulut le récupérer, mais il arrêta son geste. Ahurie, elle interrogea du regard.

    – Pas encore, déclara-t-il, il y a des frais à payer.

    – Quoi ? des frais à payer ? quels frais ?

    – Vous n’ignorez tout de même pas que celui qui est tombé dans l’eau ne peut en ressortir sans s’être mouillé ? expliqua-t-il calmement. Il y a le pourcentage de l’État et les frais pour les soins médicaux. Il va falloir faire soigner le petit, s’il n’a pas succombé. Sinon, il faudra envisager autre chose. Voyez-vous un peu ce que je vais dire ?

    – Dieu du ciel ! où a-t-on jamais entendu pareille chose ? Il y a eu vol, oui ou non ? Et moi la victime, je dois ? ça, jamais de la vie !

    – Si, madame ; c’est vous qui vous êtes créé ces ennuis. Pourquoi l’avez-vous tabassé à mort ? Vous n’aviez qu’à récupérer votre sac, surtout qu’il n’avait même pas eu le temps de l’ouvrir.

    – Ce n’est pas moi seule qui l’ai frappé ! Et même, vous ne voulez pas que l’on corrige les malfaiteurs ?

    – La loi interdit de se faire justice, répliqua-t-il d’un ton ferme. Nul n’a le droit de se substituer à la loi.

    – Elle est alors merdique, votre loi ! Gardez le sac, et vous verrez qui viendra vous le réclamer.

    Elle sortit en faisant dandiner la croupe. Mais sur le seuil, elle avisa un groupe d’enfants de la rue, la mine menaçante. Elle s’aplatit contre le mur en tôles, gagna la rue, se dilua dans la foule et disparut. Elle s’en fut trouver le capitaine, un homme à longs bras avec qui elle passait d’agréables moments durant le voyage et qui l’aidait à transporter ses marchandises gratuitement. Il l’attendait pour une réjouissance d’au revoir, tandis qu’elle était allée à la recherche d’un preneur de quelques bidons d’alcool sur la centaine qu’elle avait apportée. Elle avait besoin du cash pour payer le transporteur à domicile. Elle aimait arriver à l’improviste. Elle tentait de surprendre peut-être son époux en flagrant délit d’adultère. Ce qui aurait compensé ses propres fautes.

    Au lieu d’aller intimider le prétentieux commandant, le capitaine fit le raisonneur. Il lui démontra les risques qu’elle encourait en s’obstinant à récupérer le sac. Les frais

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