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L'amour vient du cœur, pas du sang
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Livre électronique283 pages4 heures

L'amour vient du cœur, pas du sang

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À propos de ce livre électronique

Jeune femme naïve et timide, Blanche commence sa vie d’adulte. Rapidement, elle sera tourmentée entre son rêve de trouver le prince charmant et la réalité de la société actuelle. Espoir, amour, désillusion et déception vont joncher le quotidien de l’héroïne jusqu’au moment où elle devra faire un choix entre la raison ou son cœur, une décision qui sera lourde de conséquences pour le reste de sa vie…
Basé sur des faits réels, ce roman biographique est un hommage envers une femme qui décidera de bouleverser sa vie par amour en assumant tout ce qui va en découler…
LangueFrançais
Date de sortie6 janv. 2017
ISBN9782312049823
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    Aperçu du livre

    L'amour vient du cœur, pas du sang - Olivier Huchet

    roman.

    Préface

    Le livre que vous allez lire est un roman biographique. Tous les faits que vous allez découvrir sont vrais, mais pour des raisons de confidentialité, les noms des personnages ont été remplacés, de même que certains lieux, périodes et contextes menant à certains faits.

    J’ai écrit ce roman pour deux raisons. La première est personnelle. Je voulais rendre hommage à ma femme que j’aime plus que tout, ainsi qu’à mes trois fils. J’avais besoin aussi d’expier toute cette colère, ces incompréhensions qui s’étaient accumulées durant tant d’années. Il fallait que je tourne définitivement cette page de ma vie.

    L’autre raison est une sorte de pensée, d’idée sur le fait de devenir mère d’un enfant que j’aimerai vous faire partager en lisant ces lignes. Je pense que le fait d’aimer quelqu’un ou quelque chose n’est pas inscrit dans les gênes. Aimer ou haïr doit s’apprendre. Comme un sport que l’on pratique, plus on s’entraine à aimer, plus on est capable d’aimer les autres. Beaucoup de personnes qui vont lire ses lignes ne vont pas être d’accord avec la suite de cette préface…

    Je pense qu’une mère n’aime pas obligatoirement son enfant dès qu’il nait. Je pense que l’instinct maternel dont on parle souvent est plus une histoire d’attachement. Après beaucoup d’efforts et de labeurs pendant neuf mois, la femme obtient ce qu’elle a engendré. Tout être qui fait de gros efforts pendant un temps relativement long et ayant des conséquences physiques, va être attaché à ce qu’il a obtenu. Je grossis naturellement les choses, je sais que les sentiments d’une mère sont plus complexes que cela. Mais je pense qu’il ne suffit pas d’accoucher d’un enfant pour être totalement une mère. Notre société cultive actuellement le contraire en véhiculant l’idée que la femme aime son enfant avant même la naissance et gagne ainsi son statut de mère. On peut être d’accord avec cela, mais faut-il en faire une généralité et un fait immuable ? La femme souffre en effet pendant neuf mois, son corps change, elle fait de nombreux sacrifices, mais si elle décide d’abonner son enfant ensuite et ne s’en préoccupant plus jusqu’à la fin de ses jours, est-elle toujours « sa mère » ou juste sa génitrice ? Notre société veut que les choses soient plus simples avec le père. S’il assume l’enfant, il est « le père » avec un grand P. S’il n’éduque pas, s’il ne s’en occupe pas, il est juste le géniteur. Pourquoi tant de différence ? La nature, a fait de la femme l’incubateur de l’enfant qui va naître. Si dans le futur la femme ne devait plus être l’incubateur, qui serait la mère ? Celle qui a donné ses gênes ou celle qui l’a aimé, éduqué, nourri, qui l’a rendu heureux… ? Dans notre société actuelle, le statut de père ou de mère est attribué par le lien génétique qu’il soit positif ou néfaste pour le développement de l’enfant. L’amour, l’investissement pour participer au développement, à l’éducation de l’enfant n’est que secondaire. Être mère ou père au niveau de l’administration est un statut sacro-saint qui donne un plein pouvoir sur son enfant que l’on aime ou pas. À contrario la loi stipule que exercer son rôle de père ou de mère est un droit pas un devoir. N’y a-t-il pas une incohérence ?

    Je vous laisse lire l’histoire vraie de Blanche. Une femme avec ses qualités et ses défauts, mais une personne qui aura su toujours écouter son cœur dans les décisions les plus difficiles… et qui aura des conséquences sur la vie de jeunes enfants…

    L’annonce

    (Mars 2001)

    Blanche s’était assise à la même place que d’habitude. La vie familiale avec ses parents était ponctuée de rites inéluctables. Il était dix-neuf heures tapantes, les couverts étaient posés sur la grande table rectangulaire de dix personnes. Le diner était prêt, les restes de la veille étaient au menu de ce soir, du rôti avec des choux Bruxelles. Raymonde, soixante-six ans, la mère de Blanche continuait de faire à manger pour six alors que désormais il n’était plus que trois à habiter dans cette maison. À soixante-huit ans, Jean, le père de Blanche était à la retraite de sa fonction d’agriculteur depuis 8 ans tout comme sa femme. Ils étaient donc trois à diner sur cette table, relique d’une vie familiale désormais passée. La plupart des meubles présents dans la plus grande pièce de la maison provenaient de l’ancienne ferme qu’ils avaient vendue. Avoir cédé l’exploitation était pour Jean et Raymonde la meilleure solution. L’ancienne maison faisait bien trop vide depuis le départ de leurs deux grands fils et de leur première fille. Le confort de cet ancien foyer était trop rudimentaire, ils voulaient finir leur vie dans une maison un peu plus confortable.

    Blanche était donc la dernière des enfants du couple, elle avait désormais vingt-quatre ans. Comme disaient ses frères, « c’était la chouchoute des parents ». Jean et Raymonde voyaient leur fille, comme une jeune femme calme et posée, mais ayant un sacré caractère quand on la cherchait. Sa mère reconnaissait que le côté bourru de sa personnalité venait de son père… Mais globalement, les parents de Blanche étaient fiers de leur fille. Elle avait réussi ses études professionnelles comme secrétaire. Une fois, sa scolarité finie, elle avait enchainé, immédiatement, par des petits boulots pour gagner sa vie. Dernièrement, elle avait trouvé un poste comme secrétaire à la chambre de commerce et d’industrie de Nantes et venait de signer son contrat d’embauche définitif. La seule chose qui questionnait sa mère était sa relation avec les « autres » de son âge. En effet, à part pour travailler, Blanche sortait très peu. Raymonde savait de sa fille qu’une de ses collègues était une bonne amie, mais c’était tout, rien de plus. Ses autres activités, le weekend, étaient d’aller voir ses deux frères et surtout sa sœur, Emmanuelle, avec qui elle nouait une forte complicité malgré leurs 8 ans de différence. Mais Raymonde ne s’inquiétait pas plus que cela. Son premier enfant, Stéphane, était lui aussi réservé à l’âge de Blanche, il avait réussi pourtant à trouver une jolie femme aimante et avait depuis deux beaux enfants.

    Les trois protagonistes autour de la table commencèrent le repas en même temps. La télévision était allumée toujours sur la même chaine, à la même heure, pour que Jean puisse regarder les informations tout en dinant. Quelques minutes passèrent avant que Jean remarque quelque chose d’inhabituel. D’habitude, le vieil homme ronchonnait, car les deux femmes de la maison discutaient sur la journée qu’elles avaient passée, et lui ne pouvait pas suivre correctement son émission. Là, tout était différent, sa fille était plus renfermée que d’habitude, elle ne parlait pas. Jean avait déjà remarqué ce changement, Raymonde aussi, pour en avoir parlé avec elle. Les derniers repas où elle était présente se faisaient de plus en plus calmes. Sa mère voyait que la communication était de moins en moins présente avec sa fille. Blanche se faisait plus distante. Alors que Blanche avait le visage fixé sur son assiette, Jean détourna le regard de la télévision vers sa fille et la questionna :

    « Tu as l’air préoccupé, ma fille ! Tu as eu une mauvaise journée ? »

    Blanche releva la tête. Ses pommettes légèrement rouges trahissaient un malaise. Jean et Raymonde le remarquèrent de suite, leur fille ayant habituellement un visage de couleur porcelaine. La jeune femme finit sa bouche avant de répondre au propos de son père :

    « J’ai longuement réfléchi… Je… Je pense qu’il est temps pour moi d’avoir mon propre logement. J’ai rempli il y a quelques jours une demande auprès des HLM… »

    Immédiatement, après que sa fille eut fini sa phrase, Jean remit le nez dans son assiette en jetant, de temps en temps, un regard vers la télévision. Raymonde avait fait de même. Alors que Blanche s’attendait à une réaction immédiate, le comportement de ses parents la désarçonnait. Elle se remit alors, elle aussi, à reprendre son repas avec difficulté. La jeune secrétaire s’était préparée à une réaction « compliquée » vis-à-vis de sa décision. Mais à vingt-quatre ans, elle estimait qu’il était temps pour elle de quitter le nid, surtout que désormais, elle avait une situation professionnelle stable. Mais ce n’était pas la seule raison qui l’avait motivé. Il y avait cette tension qui existait à la maison. Il était compliqué pour Blanche de continuer à vivre chez ses parents. Les habitudes, leurs façons de faire étaient de moins en moins en accord avec Blanche. Des disputes avec sa mère pouvaient éclater pour une histoire de machine à laver démarrée au mauvais moment. Un retard sur le moment du diner pouvait énerver son père… Blanche comprenait ses parents et ne leur en voulait pas. Raymonde et Jean vieillissaient, des habitudes prises depuis plus de quarante ans ne pouvaient être changées. Or Blanche voulait vivre à son propre rythme. Et puis… Il y avait Clément… Cet homme, de 4 ans son ainé, qu’elle avait rencontré, il y a peu. Le premier échange avait eu lieu après une conférence dont Blanche était la secrétaire et dont lui était l’animateur. Le hasard avait fait le reste durant le buffet qui avait suivi, pour les amener à discuter et faire connaissance. Depuis, un rituel s’était installé, tous les vendredis soirs, après son travail, Blanche allait rejoindre Clément au café du coin pour échanger ensemble. La jeune femme voulait désormais être un peu plus libre pour pouvoir peut-être avancé dans cette relation. « Cette première relation »… Blanche revint les pieds sur terre quand elle entendit enfin son père commenter sa phrase de toute à l’heure :

    « Tu sais… On ne te jette pas à la porte

    – Je sais papa… Mais j’ai vingt-quatre ans et j’ai une situation maintenant…

    – Très bien… Mais fais attention, j’espère que tu sais ce que tu fais… »

    À cette réflexion, Blanche se tut, elle ne préférait pas réagir plus… « Bien sûr que non, je ne sais pas ce que je fais… Je n’ai jamais vraiment eu confiance en moi » se disait-elle. Mais depuis qu’elle était rentrée dans la vie active, la jeune secrétaire se faisait violence. Elle voulait enfin se sentir comme une personne qui réussissait. Décrocher ce travail était déjà une victoire, et le regard que ce Clément lui vouait, lui permettait de se sentir mieux dans sa tête.

    Blanche fit ce qu’elle avait à faire après le repas, toujours la même chose… La vaisselle et sa toilette avant de se coucher. Bien sûr, elle aurait pu venir regarder la télévision dans le salon avec ses parents, mais le programme qu’ils visionnaient ne l’intéressait guère. Pourtant Blanche aimait beaucoup les programmes à la télévision, les séries policières américaines particulièrement comme les experts ou NCIS… Mais ce soir, elle voulait vite se coucher pour laisser ses parents digérer la nouvelle… Alors qu’elle était en train de s’essuyer le corps après sa douche, Blanche se scruta dans le miroir. Ce reflet qu’elle voyait régulièrement la remplissait de tristesse. La jeune adulte n’aimait pas son physique. Elle était clairement en surpoids. Elle trouvait ses seins moches et trop volumineux, tout comme ses fesses. Et son ventre… Pour elle, c’était le pire, ces deux bourrelets disgracieux la mettaient en colère envers elle-même dès qu’ils apparaissaient à son regard. Elle s’en voulait, elle se disait que son physique était le résultat de ce qu’elle était, une moins que rien. Dès le début de son adolescence, Blanche regardait son corps se transformer en quelque chose qu’elle estimait de difforme. « Tout cela est de ma faute » se disait-elle. Blanche avait en effet la fâcheuse tendance à compenser avec la nourriture, dès que quelque chose n’allait pas. Cela s’était accentué depuis le rejet au concours de la gendarmerie auquel elle avait participé… Elle, qui avait réussi le concours écrit, avait été déboutée « à cause de son physique reflétant un mal-être » d’après le psychologue qui l’avait évalué lors des tests d’aptitude. Cela n’avait fait qu’accentuer la mauvaise image que Blanche se faisait d’elle-même. Depuis la fin de ses études, elle n’avait eu qu’un seul objectif : réussir le concours de gendarmerie et de l’intégrer. Pour atteindre ce rêve, rien ne lui faisait peur bizarrement. Elle savait qu’il fallait passer par la case de l’armée pour commencer, que cela serait dur. Cependant elle pensait que cette étape nécessaire lui ferait perdre automatique du poids et serait bénéfique. Blanche aimait les choses cadrées, carrées. Elle aimait l’ordre et l’intégrité. La jeune femme estimait qu’elle avait reçu une éducation qui allait dans ce sens de toute façon. Il est clair que la vie à la ferme pour sa famille n’avait pas été rose tous les jours. Ils vivaient encore il y a peu de temps dans des bâtiments à l’ancienne. Il fallait par exemple, traverser le jardin pour aller aux toilettes. Les pièces de la maison étaient très mal isolées, l’humidité y rentrait facilement. Blanche et sa sœur, Emmanuelle dormait dans la même pièce et dans le même lit. Cette chambre était la plus humide, mais était chauffée par un poêle à bois indépendant. Cette ferme était composée de 3 chambres en tout, Les deux frères de Blanche dormaient dans l’une et l’autre était occupée par ses parents. Un petit salon, une cuisine et une salle de bain complétaient, bien sûr, la demeure à laquelle les écuries y étaient accolées. Même si les conditions de vie n’étaient pas simples, Blanche se rappelait de certains moments là-bas avec nostalgie… À cette période, se disait-elle, « elle était encore potable ». Ce psychologue de la gendarmerie avait fini de détruire le peu de confiance que Blanche avait en elle. La jeune femme avait décidé de ne pas retenter le concours. Une humiliation, comme cela, lui avait suffi. Elle ne voulait pas souffrir, de nouveau, en cas d’un nouvel échec. Depuis cela, son corps était devenu son pire ennemi, mais elle se sentait déjà battue d’avance, faute d’armes mises à sa disposition pour combattre cet adversaire. Elle s’était imaginée de rester vierge encore longtemps, elle, qui n’avait jamais eu de petit-ami auparavant. Et l’arrivée de Clément dans sa courte liste d’ami, avait ravivé l’espoir, de vivre une vie normale comme toute femme de son âge…

    Pendant ce temps-là, Jean et Raymonde étaient sur leur fauteuil respectif devant la télévision. L’un regardait une énième rediffusion du Corniaud, tandis que sa femme faisait des mots croisés. Elle détestait l’acteur Louis De Funès, elle ne savait pas vraiment pourquoi, c’était physique. C’était ses grimaces qui l’horripilaient le plus. Mais Jean avait insisté pour regarder ce programme et Raymonde avait cédé. Il s’était déjà disputé pour une histoire de viande mal cuite, le midi même. La mère de Blanche en avait assez pour aujourd’hui. Il faut dire que les deux membres du couple avaient un caractère bien trempé tous les deux, les disputes pouvaient être fréquentes. Mais Jean et Raymonde en avaient vécu tous les deux, des moments compliqués… Et tel un capitaine et son assistante d’un navire, ils avaient finalement mené la barque à bon port. Avec l’annonce de sa fille, Raymonde voyait Jean irrité, elle savait qu’à tout moment une altercation pouvait éclater. Elle préférait pour ce soir, ne pas en reparler.

    « T’as prévu quoi à manger pour demain midi ? »

    Raymonde fut surprise par la question soudaine de Jean. C’était très rare qu’il pose ce genre de question à un moment de la soirée. Elle répondit :

    « Maintenant tu t’intéresses, la veille à ce que tu vas manger le lendemain ? C’est nouveau ?!

    – Bah j’ai droit de savoir ce qu’on mange demain quand même ! »

    Le ton commençait à monter sans que l’un et l’autre ne s’en rendent pas compte. Raymonde voulut achever rapidement la conversation qui allait mal tourner :

    « Poulet moutarde avec haricots verts… Avec la bedaine que tu prends, il faut que je te fasse manger plus de légumes…

    – Teuh ! Teuh ! Toi aussi tu as pris de la bedaine, je ne suis pas le seul !

    – Faut vraiment que tu ais le dernier mot !

    – Oui et alors ?! »

    La dispute s’arrêta là, Raymonde était comme sa fille, elle n’aimait pas le conflit. Elle ne releva pas la dernière phrase de Jean. À l’époque de la ferme, la dureté du travail rendait leurs corps forts et sveltes. Mais avec l’arrêt de l’activité et l’âge aidant, leur physique s’était empâté. Raymonde n’était pas très grande, mais dans la moyenne tout de même des femmes de son âge. C’était une femme qui avait toujours privilégié le côté pratique avant le côté esthétique. Ainsi elle arborait une coupe de cheveux grisonnants courts, un peu à la garçonne. Son travail l’avait usé surtout au niveau des jambes et des douleurs fréquentes venant l’embêter quand elle marchait. De plus sa vue avait toujours été un problème, mais les années passant, cela s’était accentué. Elle était obligée ainsi de porter au nez des lunettes avec des verres très épais. Jean, quand à lui, était toujours un homme robuste. Il avait gardé sa carrure d’agriculteur avec de larges épaules, il avait seulement perdu son ventre plat. C’est un homme qui globalement vieillissait bien, seules quelques rides supplémentaires venaient de temps à autre s’incruster sur son visage, et sa même coupe en brosse courte brune commençait à virer vers le grisonnant. Mais il restait bel homme pour son âge. Jean embraya sur un autre sujet de conversation :

    « T’en penses quoi ?

    – De quoi ? Questionna Raymonde

    – Bah… De Blanche, tu crois qu’elle va partir rapidement ?

    – Je ne sais pas ! Je suis comme toi, mais d’après ce qu’elle a dit ce n’est pas non plus pour tout de suite… »

    Le Silence de Jean qui s’en suivit en disait long. Raymonde arrivait à traduire ce silence de son homme. Il appréhendait le départ de sa fille.

    Un mois après l’annonce, Blanche sortait d’un magasin avec son premier téléphone portable. Cela devenait nécessaire pour elle d’avoir un moyen de communication indépendant de celui de ses parents. Tout d’abord pour sa recherche d’appartement, mais pour aussi joindre Clément. Son premier baiser avec lui avait eu lieu, la semaine dernière, après un rendez-vous dans une petite crêperie à Nantes. Blanche avait eu l’impression d’être au paradis. Pourtant pour elle, rien ne fut facile. Durant le repas, elle sentit le rapprochement se faire. D’abord ce regard doux et attendrissant qu’il avait envers elle. Puis ensuite cette main qui s’était posée sur la sienne. La jeune femme n’en revenait pas que ce bel homme brun, d’un mètre quatre-vingt, aux yeux bleus avait des sentiments pour elle. Sa timidité et son manque d’expérience l’empêchaient de vraiment répondre à ses signaux. Elle décida alors de se laisser faire. La conversation fut faite, presque exclusivement par Clément. Il parlait beaucoup de son travail, mais peu de sa vie personnelle. Blanche était comme envoûtée et ne se posait pas de questions, elle écoutait son dieu verser ses paroles et elle acquiesçait. Le travail de conférencier l’amenait à se déplacer souvent, et cela faisait trois semaines qu’il ne s’était pas vu. Clément avait de nombreuses choses à raconter… Blanche pensait surtout à la conclusion de cette soirée. Quand ils sortirent de la crêperie. Clément informa Blanche que son travail de conférencier à la chambre de commerce et d’industrie allait se terminer. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne la reverrait plus, car il voulait la revoir et plus souvent encore… Blanche savait qu’il habitait aux alentours de Nantes. Clément expliqua alors que les rencontres qu’il organiserait ne se feraient plus à côté de la machine à café du travail de Blanche, mais que désormais, il allait devoir se contacter par téléphone. C’est à ce moment que Clément brandit une carte, et alors que Blanche s’approcha pour lui prendre, celui-ci recula sa main pour faire tomber dans ses bras la jeune femme et l’embrassa. Comme pour toute la soirée, Blanche se laissa faire… À ce moment, plus aucune pensée ne traversait l’esprit de la jeune femme, elle profitait du moment. Elle se sentait légère, elle avait l’impression qu’un poids avait disparu en elle. Le baiser fut long et langoureux. Son mètre soixante-huit l’obligeait à être sur la pointe de ses pieds. Clément retira ensuite délicatement ses lèvres de celle de la jeune femme et déclara :

    « Dès que tu es prête, tu m’appelles ? »

    Blanche avait du mal à redescendre de son nuage :

    « Oui, bien sûr, je vais m’acheter un téléphone portable et je t’appellerai la semaine prochaine.

    – Très bien, appelles-moi dans la semaine, car le weekend prochain, j’ai un truc de prévu avec des amis. »

    Blanche aurait voulu que la soirée continue plus longuement. Mais Clément se justifia en expliquant qu’il devait partir pour Lyon tôt le lendemain.

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