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L'Emerveil
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Livre électronique139 pages2 heures

L'Emerveil

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À propos de ce livre électronique

Le propos de l’Émerveil est simple : réussir à voir la beauté dans le monde et oser s’en émerveiller. Le réapprendre peut-être ? La beauté est présente dans tout, au point qu’elle est comme une intention inhérente à la création et renouvelée sans cesse. Si on s’y laisse prendre, le livre devient alors une invitation à poser le regard comme on pose une question, une jubilation mêlée d’interrogations. Il est alors un chemin que l’on prend à sa guise et dont on ne sait où il finit vraiment. Un silence dans le vacarme, un antidote aux urgences et aux laideurs qui s’imposent comme seule réalité et qui, à force, nous rétrécissent l’âme.
LangueFrançais
Date de sortie5 mai 2015
ISBN9782312036403
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    Aperçu du livre

    L'Emerveil - Joseph Delcourt

    cover.jpg

    L’Émerveil

    Joseph Delcourt

    L’Émerveil

    Notes de peinture

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2015

    ISBN : 978-2-312-03634-2

    A B. avec qui je parcours l’Émerveil

    depuis si longtemps.

    « Pay attention »

    C. Jones

    Avant-Propos

    L’Émerveil est un monde à part entière, notre monde. Ou plutôt, une façon de le voir et de l’appréhender, de passer de l’autre côté en se laissant ravir par l’impensable beauté et la perfection qu’il recèle. Que l’on croie à un créateur ou non n’est pas le sujet. Simplement, on ne peut nier que la beauté est partout, il suffit de vraiment regarder pour s’en apercevoir, se laisser toucher, comme par une intention qui l’aurait justement précédé, ce monde.

    Ce petit livre est une invitation à parcourir cet Émerveil qui nous entoure et se révèle pour peu qu’on y prête attention. Nous y cheminerons de concert, en de courtes étapes qui dessinent un passage, ouvrent une perspective peut-être, paisibles et rythmées comme une partition égrenée de silences.

    Lecteur, lectrice, prends-en la mesure et qu’elle soit à la tienne. Ouvre ce livre où tu veux et parcours-le comme il te sied. C’est finalement ce que tu en tires, ce que tu ressens et ce que tu y vois qui ouvre en toi la porte de cet Émerveil-là. Ce qui y est écrit n’est là que pour entrer en résonnance avec qui tu es, ce que tu vis et connais. A chaque fois, tu verras, quelque chose de plus nous est accessible, proposé. Quelque chose de beau qui nous donne à penser. Que ce soit cela dont on se souvienne. Et rien d’autre.

    Terra Incognita

    Avec Bach et ses fugues

    Jacques Perret, qui connaissait son affaire, savait qu’on ne peut s’embarquer sans avoir préalablement décidé d’une destination. Partir sans but manque terriblement de bienséance. Du coup, il avait décrété qu’il partait pour le Zipangu, un joli nom avec juste ce qu’il faut de mystère et d’exotisme pour déhaler sans reproche, en partance pour nulle part.

    En ce qui nous concerne, c’est pour l’Émerveil que nous partons. La balade qui s’annonce sera probablement tout aussi erratique que celles du susnommé, mais elle ne nous mènera pas si loin : point de côtes insolites, de brumes spongieuses ou de borborygmes marins, non, juste le monde qui nous entoure, ce monde d’à-côté et franchir, aussi souvent que possible, cette frontière invisible qui nous sépare du merveilleux. Atteindre à tout moment ce moment magique et miraculeux.

    Magiculeux.

    S’y lancer comme on part vers l’horizon. Ne pas retenir le plaisir ou l’envie, les lâcher amples et sûrs comme on jette une senne. Ou du grain. Ouvrir une page avec une curiosité impatiente, comme on ouvre les yeux, y poser chaque mot, lentement, précisément et les regarder pousser.

    Je t’invite à plonger dans le spectacle du vivant, le vrai, celui qui apparaît quand on s’y attend le moins. Le vivant par surprise. A t’enfoncer dans le grand inconnu, tels Magellan, Colomb ou de Gama quand l’aventure était sur mer, droit devant, se perdre en longitudes et frôler les abîmes. T’immerger dans la création, y perdre pied forcément et oublier la surface, laisser ce qui vit apparaître sous un jour nouveau, au fil des mots et des images. D’abord évanescent, résistant et fugace puis de plus en plus présent, un monde naît, comme un mirage monte de la terre brûlante et t’annonce quelque chose, quelque part, plus loin.

    Il te faudra écouter.

    Comprendre. Te laisser transporter.

    Dire la création telle que rarement on se donne le temps de la regarder. Sentir cet au-delà justement, s’y jeter, entendre ce qu’il raconte et le chanter comme un remerciement. Des pages témoins de ce qui est derrière, loin, qui pousse irrésistiblement et fait naître la vie comme le vent la houle. De ce qui… peut être. Je préfère dire sans doute. Un lieu où laisser les pensées de côté, écouter l’autre face, là à portée, quand on s’intéresse à l’avers des choses. Des lignes à lire sans forcer ni construire, comme on regarde tranquillement un fleuve couler sans espérer la pêche, concevoir le barrage ou chercher le bateau.

    C’est tout cela que tu trouveras dans les pages qui suivent: une halte, une reconnaissance, une redécouverte de ce que nous sommes et de ce que nous vivons. Un temps à part, un autre regard peut-être ? Une autre intention surtout. Ne rien prendre, ne rien garder, se réjouir de tout. Des lignes aux résonnances joyeuses ou graves, emplies des silences et de l’ivresse de la musique, du délice des fleurs, des rires de la danse ou des parfums d’une cuisine bien amenée.

    Des feuilles en marées, des chapitres à prendre et à abandonner au gré des lunaisons, un temps qui contient l’esprit comme il borde l’océan : sans presse, les mots vont et viennent à des rythmes d’ailleurs, s’enroulent et reposent quand on se prend à les écouter. Nous baignent, bercent et nous parlent.

    Des pages tentatives où c’est autre chose, ni elle ni lui, ni toi à qui je pense ni surtout moi, qui porte le stylo. Dire ce qui est au-dedans des moments, des images et des gens, ce qu’on pressent et qui affleure parfois, qu’il ne faut pas nommer et qu’on n’ose toucher, comme une blessure ouverte. Oser, simplement oser et frotter la lanterne, vas-y, appelle le djinn, accepte sa présence à tes côtés, sans crainte ni vanité, sans trop savoir ce qu’il va faire. Laisse-le raconter son monde, nous porter en un clin d’œil de géant vers cette Terre Inconnue qui se laisse deviner au-delà de toutes parts et se donne à voir parfois, quand le temps est moins brumeux, si on regarde suffisamment loin, haut, longtemps. Un monde voisin, le monde d’ici-bas mais vu du versant d’en face.

    Le voyage commence ainsi, quand, par inadvertance, on se met à penser, on se prend à croire qu’à côté du monde où l’on nait, ou plutôt en dedans, il y a quelque chose, une réalité seconde, première peut-être, qui nous est accessible, comme une vie analogue, dont nous serions le jeu ou le rêve ou l’ombre? Celle de Platon passe soudain devant sa caverne et lentement s’efface. Cette pensée persistante d’un monde voisin, transparent, mitoyen, est comme une clé qui me serait venue dans la main, une nuit ou plutôt un bon matin, surprenante et, il faut le dire, un peu suspecte. Du coup, on cherche la serrure et la porte qui convient.

    La porte sur l’autre côté des choses, qui attend qu’on la trouve. Parfois.

    Cette porte, si tu l’ouvres, fais attention. Ah, surtout, que jamais ne s’y glisse avec toi cette sournoise attention à soi. Passer de l’autre côté, c’est passer seule à seul et surtout s’oublier, soi et ses jugements, n’être qu’attention et émerveillement.

    Décrire, simplement.

    Décrire un monde en devenir, en abîme, abysses dont on sait que des choses y vivent mais qu’on ne voit pas. Écrire pour la joie de dire, pour la lettre qui se pose, le mot qui advient et la phrase qui se forme. Écrire pour le son qui se donne au sens, pour le silence entre les mots, sonnants et trébuchants comme des notes. Comme un piano remplirait lentement une pièce de sonorités qui se suivent et se cherchent, s’attendent, s’espèrent et se taisent, se laissent ramasser par ceux qui passent et toi qui es restée.

    Ces mots chuchotés comme des mystères venus d’un autre côté, ces élancements comme des ombres au couchant, peuvent-ils aussi donner du plaisir à l’oreille ? Celui de la note, de l’arpège et du jeu des octaves ? Des pages à lire partitions, un dièse à la marge et des mots triples croches.

    Ouvrir la porte du monde où l’on vit comme d’un jardin oublié, celle aux gonds rouillés qu’il faut un peu forcer, y entrer prudemment, en interrogation muette, attendre la réponse dans le silence qui suit ou des pages et des pages plus loin. Ne pas chercher trop vite le sens qui t’échappe en vapeur, happé par ce mouvement des arbres, la voix des autres et le bruit dans la maison.

    Et le regard tranquille et la joie qui monte par anticipation de ce qu’on va découvrir.

    Et le grand blanc de la page, excitant comme une course à traineau dans le temps froid et sec et les images qui viennent, en meute qu’il faudra aligner, tel un attelage de chiens libérés de la chaîne.

    Mush !

    Ce qui s’annonce derrière la porte, bribes, musiques et parfums, est une histoire de fête, grandiose, présente de tous temps, un univers sans fin. Une conversation soliloque avec quelqu’un en toi, qui t’écoute et ne parle. Un monde pour s’oublier surtout, sinon il ne serait que foutaises, images cacophoniques qui viennent s’ajouter à la montagne des hideurs produites par tous ceux qui ne pensent qu’à eux en s’adressant aux autres.

    Écrire pour faire du bien, un onguent apaisant et doux au bout de doigts légers, attentifs et prudents.

    Écrire comme on chemine sans se presser sur un sentier de vérité. Un parmi tant d’autres. Passé un certain âge, c’est finalement la seule chose qui compte. Flâner parmi les choses comme au milieu des fleurs et sentir monter en soi la nonchalante ivresse des senteurs d’un temps autre, différent, pas totalement étranger, un moment qui repose et dessille les yeux.

    Suis-je seulement capable de vérité ? Vraiment ? De supporter tout ce qu’il en advient, au-delà des croyances des rites ou des jeux? La prendre comme une réalité neuve, sans attache, sans cause et sans effet, une chose qui a toujours été. Y demeurer comme on habiterait un sommet, temporairement et se sentir confortable en un lieu vertigineux, abrupt et inconnu. Une chose se dessine, à grands traits, comme le crayonné d’un peintre qui prépare sa toile : cette vérité qui s’annonce comme le printemps sous la neige, je la devine m’aller comme un gant, une évidence immense et sans poids, une lévitation qu’on peut garder pour soi ou non, c’est selon et c’est sans importance.

    Et toi ? Où en es-tu de ce chemin ? L’as-tu entamé, parcouru ? Peut-être en es-tu revenu comblée ou prématurément, déçu peut-être, ou t’es-tu momentanément arrêté, à l’ombre d’un arbre plus reposant qu’un autre?

    Et la porte, l’as-tu laissée ouverte ?

    Acceptes-tu de partager ces pages comme une trace commune sur des chemins voisins, chacune et chacun en soi mais voyageant de concert, en rythmes qui se joignent, se séparent et se retrouvent dans une danse élastique ? Entrer en vérité comme on découvre la Terre ? Sans la contenir par des mots, sans vouloir la dompter comme un animal sauvage, redouté et tenu à distance? Ou l’aplanir dans des pensées bien rangées, proprettes, quelque part au fond de nos mémoires, comme des draps pliés dans le confort d’une armoire reçue de quelque ancêtre ? Et

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