Merci pour cette défaite - François Hollande fossoyeur de la gauche ?
Par Brice Lacoste
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Aperçu du livre
Merci pour cette défaite - François Hollande fossoyeur de la gauche ? - Brice Lacoste
978-2-312-04105-6
Préambule
Nous remercions d’abord Frédéric Bon et Michel-Antoine Burnier¹. C’est en lisant leur édition de 1986 que nous avons décidé de faire ce livre qui se concentrera sur la période du quinquennat de François Hollande. Leur thèse est que l’objectif profond des hommes politiques n’est pas la victoire mais la défaite. Le pouvoir fatigue et use, l’homme politique est pris en otage par l’opinion publique. Au contraire l’opposition lui donne une seconde jeunesse.
Mais qui sont les loosers aujourd’hui ? Il y a de très bon loosers à droite, que ce soit Sarkozy, Juppé ou Fillon et nous y reviendrons plus tard dans ce livre. En soutenant François Hollande en 2012, Bayrou qui n’était pas apprécié à Gauche a réussi à se griller auprès de la Droite sans gagner à Gauche et sans devenir ministre de François Hollande. S’il nous a un peu déçus en gagnant à Pau, nationalement il est grillé. De son côté, après avoir longtemps attendu, Jean-Louis Borloo a trouvé en 2014 la bonne méthode pour perdre définitivement : se retirer de la vie politique.
De son côté la « gauche », depuis 2012, met un talent certain pour perdre en appliquant dès le départ une politique de droite pour laquelle leurs électeurs n’ont pas voté et qui sont donc fortement déçus. Le Parti « Socialiste », après avoir gagné en 2012 est bien partie pour perdre en 2017 et cet effort mérite récompense d’où la rédaction de cet ouvrage. Comme l’écrit le cofondateur de Mediapart Laurent Mauduit² : « Jamais, dans le passé un gouvernement n’avait tourné casaque le jour même où ils avaient accédé au pouvoir »³.
Nous pouvons aussi ajouter que Dominique Strauss-Kahn est un maître de la défaite. Les sondages le donnaient gagnant sans problème contre Nicolas Sarkozy avec 60% des voix alors que tous les autres avaient des scores moins bons. DSK semblait le plus capable de l’emporter, donc pas question qu’il se présente. Il en convint et, au lieu de se retirer, mis une grosse épine dans le pied de la gauche, en sortant par la grande porte pour être sûr de ne jamais revenir : par un scandale sexuel au Sofitel.
Introduction
La Gauche s’est-elle fait piéger en 2012 ?
Dans leur livre, Fréderic Bon et Michel-Antoine Burnier suggéraient que la gauche avait été piégée en 1981. Mais est-ce le cas de sa victoire de 2012 ?
On peut penser que c’est le cas car Sarkozy a été très fort comme perdant. Il a eu la chance d’avoir une crise économique formidable causée par son mode de pensée libéral. Mais il ne s’en est pas contenté. Il a copié la politique du FN et a créé un Ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Dans ces discours il a déclaré à la fois la guerre aux jeunes, aux délinquants, aux Roms et aux européens. En faisant des discours d’extrême droite, il a réussi à hystériser les français.
Selon cette théorie, le vote du 22 mai 2012 fut un référendum pour ou contre Sarkozy et non pas un vote pour François Hollande. Nicolas Sarkozy a donc tout à fait réussi son objectif : perdre à droite pour éviter d’être candidat en 2017 et a offert tous les pouvoirs à la « Gauche ».
Selon cette thèse François a essayé de perdre en tenant un discours contre la finance. Il aurait pensé : « Les français sont capitalistes, ils ne veulent pas changer de société. Je vais les effrayer en les poussant à croire que je suis un méchant rouge en taxant les riches à 75% ». Mais ça n’a pas marché, Une partie de ses électeurs, marquée par la crise de 2008 ont voté pour cette perspective. L’autre partie a été rassurée par le fait qu’il a dit que la finance n’a pas de visage alors qu’elle en a 100, et qu’elle n’a pas de parti alors qu’elle en a plusieurs. Quand François Hollande a dit, une semaine plus tard, à la City « I’m not dangerous » - pour se contredire lui-même - il a aussi rassuré cet électorat conservateur. Ils ne l’ont pas cru capable de lutter contre la finance, à juste titre, et ont voté pour lui.
Un autre état de fait appuie cette thèse : Aubry et Mélenchon ont, eux, essayé de faire perdre leur candidat à favori. La première a été sa meilleure alliée pendant les primaires en déclarant à propos des propositions de François Hollande sur les primaires : « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup » puis « On ne battra pas une droite dure avec une gauche molle ».
Le second a été son meilleur allié pendant la présidentielle d’abord en traitant François Hollande de « capitaine de pédalo » puis en déclarant « on ne combat pas le capitalisme de notre époque avec un pistolet à bouchon » enfin en appelant à battre Nicolas Sarkozy plutôt que de voter François Hollande. François Hollande ne les grondait pas, il les remerciait avec un sourire à la fois niais et machiavélique.
Cependant, on peut aussi penser que le projet politique de François Hollande était d’être le boulet de la gauche et qu’il avait pour but de faire perdre la gauche pour une génération en gagnant. Que s’est-il passé durant la campagne de François Hollande ? Celui-ci a proposé un programme sans démagogie à ses électeurs qui ont vu en lui un homme honnête et ont voté pour lui. Il y avait même, horreur, des choses réalisables. En réalité, François Hollande ne nous a pas offert grand-chose d’original, comme s’il était résigné à sa victoire. Il aurait pu le faire. Il avait su dire en 2007 qu’il n’aimait pas les riches et qu’il considérait que ceux qui touchent 4000 € par mois comme riches. Il ne savait que montrer sa banalité en disant : « je suis normal » ne suffirait pas pour le faire battre. La conquête de Sénat a aussi permis à François Hollande de montrer que la gauche n’avait aucune ambition réformatrice de la société.
Aujourd’hui, François Hollande met tant de talent pour perdre que même la cheftaine du Front National Marine Le Pen lui passerait devant comme en 2002 voire gagnerait en cas de second tour contre lui. C’est tellement bien fait qu’on finit par croire que c’est volontaire. En effet on a désormais l’impression désagréable que certains dirigeants socialistes font tout pour que les frontistes gagnent. Par exemple, Cambadélis a annoncé juste avant les européennes un tripartisme entre l’UMP, le PS