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Quel bilan pour le réformisme dans l'aire Arabo-Musulmane ?: Tome 1 : Mohamed ‘Abdou : l’homme et l’œuvre dans leur contexte
Quel bilan pour le réformisme dans l'aire Arabo-Musulmane ?: Tome 1 : Mohamed ‘Abdou : l’homme et l’œuvre dans leur contexte
Quel bilan pour le réformisme dans l'aire Arabo-Musulmane ?: Tome 1 : Mohamed ‘Abdou : l’homme et l’œuvre dans leur contexte
Livre électronique300 pages3 heures

Quel bilan pour le réformisme dans l'aire Arabo-Musulmane ?: Tome 1 : Mohamed ‘Abdou : l’homme et l’œuvre dans leur contexte

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Le présent travail de recherche, publié en deux tomes, s’intéresse à une question fondamentale quant à sa teneur philosophique et historique : que faut-il faire afin de permettre aux sujets des sociétés majoritairement musulmanes de se réaliser dans l’Histoire ? Comment l’individu, vivant dans cette aire géographico-culturelle, pourra-t-il re-participer pleinement à la civilisation humaine ? En d’autres termes, le questionnement essentiel autour duquel s’articule notre étude, ayant pour point de départ le réformisme conçu par Mohamed ‘Abdou, est de savoir : quels sont les obstacles empêchant les populations des sociétés arabo-musulmanes d’accomplir leur propre modernisation de la pensée, de l’État et de la société ? Et quel est le rôle de la tentative de réforme sociopolitique et la transition d’ordre épistémique, initiée par Mohamed ‘Abdou, dans l’incapacité à dépasser cette situation de décadence ?
LangueFrançais
Date de sortie16 oct. 2017
ISBN9782312055985
Quel bilan pour le réformisme dans l'aire Arabo-Musulmane ?: Tome 1 : Mohamed ‘Abdou : l’homme et l’œuvre dans leur contexte

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    Quel bilan pour le réformisme dans l'aire Arabo-Musulmane ? - Ramzi Saoudi

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    Quel bilan pour le réformisme dans l’aire Arabo-Musulmane ?

    Ramzi Saoudi

    Quel bilan pour le réformisme dans l’aire Arabo-Musulmane ?

    Tome 1 : Mohamed ‘Abdou :

    l’homme et l’œuvre dans leur contexte

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2017

    ISBN : 978-2-312-05598-5

    A mes très chères Rihab et Yara

    A mon grand père Ahmed, mes parents et ma grande famille

    Aux pacificateurs en quête de justice, de sens et de conscience

    Introduction générale

    Il me semble important de préciser dès le début de cet ouvrage, que le présent travail de recherche est issu de ma thèse de doctorat soutenue à l’IEP de Lyon, rattaché à l’Université Lumière Lyon 2, le 17 Décembre 2013, sous la direction du Professeur Lahouari Addi{1}. Ma thèse avait comme intitulée : La portée épistémique du réformisme de Mohamed ‘Abdou et le processus de modernisation dans le monde arabo-musulman « une critique d’ordre philosophico-théologique ». Conscient du langage spécialisé de ma thèse, j’ai donc décidé avant de la publier en deux tomes, de retravailler mon corpus initial afin qu’il soit facilement compréhensible non seulement par les intellectuels, les étudiants et les journalistes, mais aussi par le grand public qui s’intéresse aux problématiques relatives à la pensée réformiste et ses interactions multidimensionnelles au niveau des Etats et des sociétés dans l’aire arabo-musulmane.

    Ceci étant précisé, il est nécessaire maintenant d’expliciter les raisons qui ont motivé ce travail de recherche qui a duré six années complètes, de décembre 2007 à décembre 2013. Le point de départ résidait dans ma volonté d’assoir, sur une réflexion lucide et scientifiquement fondée, ma modeste contribution (et je l’espère celle de ma génération) au changement profond dont l’humanité à besoin, notamment dans l’aire arabo-musulmane. Dans ce sens où je pense que vu les crises traversant le monde actuel, j’appartiens à une génération qui cherche à dépasser les cadres l’alimentant, aussi bien sur le plan de la pensée que sur le plan de l’organisation et l’action. Mais beaucoup d’entre nous savent pertinemment, que pour éviter la reproduction inconsciente et/ou consciente des schémas dominants, et avant de dépasser l’existant, il faudrait commencer par tirer les leçons du passé. Cela en étudiant les différentes tentatives et expériences de nos prédécesseurs, surtout ceux qui se disent réformistes. C’est-à-dire ceux qui ont tenté, avant ma génération, de changer la réalité de décadence dans souffre l’aire arabo musulmane depuis des siècles maintenant. L’autre raison qui m’a amené à vouloir approfondir mes connaissances sur le réformisme musulman était le fait qu’au tout début de mes recherches, j’avais une opinion assez mitigée et non précise quant aux réalisations théoriques et pratiques des réformistes. L’opportunité de réaliser cet approfondissement c’est présentée devant moi dans le cadre de mes études doctorales à l’IEP de Lyon. Plus concrètement, mon projet de recherche avait comme objectif initial de réaliser un bilan des contributions et des manquements du courant réformiste dans l’espace arabo-musulman, avec ses différentes variantes et expressions.

    Pour ce faire il m’a semblé important d’analyser ce courant à travers l’étude des œuvres de ses pères fondateurs{2}, depuis les origines jusqu’à nos jours. Après de multiples échanges avec mon directeur de thèse, j’ai tout de suite compris qu’il fallait que je me penche, d’une façon approfondie, sur l’œuvre complète du théoricien incontestable du réformisme musulman, à savoir le cheikh Mohamed ‘Abdou (1849-1905). Ce dernier considéré de son vivant et jusqu’à aujourd’hui, comme étant la personnalité centrale dans l’histoire de ce mouvement de pensée et d’action.

    Durant la première année de ma thèse et à la suite de mes multiples lectures sur le réformisme en générale, et ‘Abdou en particulier, autant en arabe, qu’en français et en anglais. Il n’a pas été facile pour moi de préciser avec clarté les contours de mon objet de recherche. Surtout avec l’exigence que je m’étais fixé au départ à savoir : faire en sorte que ma thèse soit une véritable valeur ajoutée dans ce domaine de spécialisation. Face à la littérature abondante sur le réformisme, j’ai songé, à maintes reprises, à l’idée de changer de sujet. Mais au fur et à mesure de mes lectures et recherches, j’ai cheminé, petit à petit, dans ma réflexion jusqu’au moment où une problématique commença à émerger et une hypothèse terminera par se forger.

    J’ai eu très vite conscience que de lourdes tâches restent à accomplir pour mener à bien cette recherche. Tout d’abord, il fallait que je me perfectionne en langue français, car je suis initialement arabophone de formation. De plus, l’œuvre de Mohamed ‘Abdou portait sur des sujets variés allant du champ social et politique, au champ philosophique et culturel, en passant par la théologie et la jurisprudence. Ceci m’a donc conduit, dés le début de la deuxième année de doctorat et durant cinq années consécutives, à approfondir mes connaissance dans trois domaines de spécialisation : Premièrement, dans le domaine des sciences dites « islamiques », telles qu’elles sont enseignées dans la tradition, notamment les sciences du Coran (Ouloume El-Corane), les sciences du Hadith (Ouloume El-Hadith), la théologie (El-’Akida), la jurisprudence et ses fondements (El-Fiqh wâ Ûsoul El-Fiqh) et le soufisme (Atassawouf). Deuxièmement, dans le domaine de l’Islamologie dite « universitaire », telle qu’elle est abordée par les orientalistes et les historiens de la pensée musulmane (notamment par Mohamed Arkoun, Abdallah Laroui, Mohamed Abed Al-Jabiri, etc.). Troisièmement, dans le domaine de l’Epistémologie et la philosophie des sciences dans les traditions classiques et modernes, aussi bien en Occident qu’on Orient.

    Je doit avouer que cette ouverture sur plusieurs champs disciplinaires m’a permis de forger un paradigme philosophique{3}, que j’ai baptisé « la globalité inclusive »{4}. Ce dernier a été décisif pour mes travaux de recherches, car il m’a aidé à mieux articuler la cohérence générale des réflexions que j’ai pu développer tout au long de ma thèse ; voire dans l’ensemble de mes productions postérieures.

    Maintenant, il sera question de vous présenter le cheminement de ma réflexion étape par étape. C’est-à-dire : Comment j’ai formulé ma problématique, articulé mon hypothèse et construit le plan de ma recherche ?

    Concernant la problématique, j’ai découvert que certes on doit à ‘Abou la volonté affichée de moderniser les sociétés arabes et musulmanes, grâce à une pensée réformiste engagée. Mais force est de constater que, dans l’intervalle de plus d’un siècle de sa tentative ambitieuse, ces dites « sociétés » vivent aujourd’hui sous l’autoritarisme des Etats. Presque toutes, elles connaissent des formes de contestation qui se réclament souvent de l’idéologique et du religieux. Plus problématique encore, les deux tendances islamiste et séculière dominant la scène intellectuelle et politique du monde arabe, ont toujours prétendu être les héritières du projet de modernisation prôné par ‘Abdou, du moins au niveau de ses objectifs. Mais dans les faits, et à l’opposé de ce que ‘Abdou avait souhaité, le monde arabe n’a pas réussi à mettre en place un Etat de droit, ni à instaurer une véritable démocratie, ni à concevoir un système éducatif susceptible d’émanciper ses populations. C’est pourquoi, il semble important de s’interroger sur les causes permettant d’appréhender cette réalité complexe, dans une double perspective : compréhensive et explicative. En effet, celle-ci représente, indubitablement, l’une des clés essentielles dans la connaissance des origines du retard du Monde arabe, ainsi que dans l’explication de la crise civilisationnelle dont souffrent les populations arabo-musulmanes, depuis plusieurs siècles maintenant.

    La présente recherche s’intéresse à une question fondamentale quant à sa teneur philosophique et historique : que faut-il faire afin de permettre aux sujets des sociétés majoritairement musulmanes de se réaliser dans l’Histoire ? Comment l’individu, vivant dans cette aire géographico-culturelle, pourra-t-il re-participer pleinement à la civilisation humaine ? En d’autres termes, le questionnement essentiel autour duquel s’articule notre étude, ayant pour point de départ le réformisme conçu par Mohamed ‘Abdou, est de savoir : quels sont les obstacles empêchant les populations des sociétés arabo-musulmanes d’accomplir leur propre modernisation de la pensée, de l’Etat et de la société ? Et quel est le rôle de la tentative de réforme sociopolitique et la transition d’ordre épistémique, initiée par Mohamed ‘Abdou, dans l’incapacité à dépasser cette situation de décadence ?

    C’est donc dans le cadre d’une perspective historique que nous nous penchons sur la réalité et le devenir de ces sociétés qui n’arrivent toujours pas à se démarquer de leur héritage traditionaliste. Celui-ci continue à peser lourdement sur leur vision du monde ainsi que sur leur « ethos » individuel et collectif, pour reprendre Geertz{5}. En d’autres termes, nous nous interrogeons sur l’échec de ce que Laroui{6} décrit comme une « révolution réformiste » qui a été conceptualisée par ‘Abdou, en la comparant avec « la révolution positiviste » en occident. Pourquoi n’ont-elles pas connu le même sort historique puisqu’elles se présentent toutes les deux comme des critiques de la tradition et comme porteuses d’un renouveau global ? En ce sens où, le réformisme de référence musulmane de Mohamed ‘Abdou, à travers sa tentative de remise en cause du Kalem traditionnel et la création de ‘Ilm al-tawhîd (Science de l’unicité) dans son célèbre ouvrage Rissalat Atawhid{7}, n’ont pas réussi à dépasser l’obstacle épistémique permettant aux sociétés majoritairement musulmanes d’accéder à la modernité et de développer les sciences expérimentales et sociales. En revanche, le positivisme occidental semble être parvenu à cette même transition épistémique (malgré ses multiples limites), au détriment de la scolastique médiévale, dans un autre contexte historique. La principale question traitée dans cette étude est donc relative à la compréhension des causes qui sont à l’origine du double échec qu’a connu la tentative réformiste de Mohamed ‘Abdou : d’abord un échec au niveau de la réforme politique et sociale dans laquelle il s’est engagé. Ensuite, un deuxième échec, au niveau de la transition épistémique qu’il a essayé d’opérer dans la pensée théologique musulmane, notamment avec son célèbre ouvrage Rissalat Al-tawhid{8}. En somme, l’objectif du premier et deuxième tomes de cette recherche est la mise en évidence des raisons susceptibles d’expliquer l’insuccès de l’une des tentatives les plus ambitieuses, visant à faire évoluer, de l’intérieur, la pensée religieuse musulmane. Puis, dans un deuxième lieu, elle s’efforcera de montrer les rapports existants entre la substance du discours réformiste musulman, notamment celui conçu par Mohamed ‘Abdou, et le déchirement intellectuel et politique dans l’aire arabo-musulmane entre les tendances séculière et islamiste ; se réclamant toutes les deux de l’héritage du penseur en question.

    Cette problématique principale suggère d’autres questions complémentaires liées à notre objet de recherche à savoir : quels sont les éléments d’ordre social et politique ayant motivé l’œuvre et l’action réformiste de Mohamed ‘Abdou ? Quels sont les postulats d’ordre philosophico-théologique sous-tendant sa conception théorique et son système général de pensée ? Et quelle est leur réelle portée épistémique ? Existe-t-il des relations entre les postulats et les éléments constitutifs de son système général de pensée, basé sur la scolastique médiévale musulmane traditionnelle, et l’échec de sa tentative de transition épistémique ? Quelles étaient, finalement, les conséquences intellectuelles et politiques de cette tentative de transition en particulier, et du réformisme conçu par ‘Abdou en général, sur les conflits idéologiques et les oppositions politiques dans le monde arabe après sa mort ? Comment les prétendus disciples de ‘Abdou, affirmant leur filiation à son projet réformiste, ont-ils perçu, utilisé et participé à reconstituer son héritage et son image, dans l’imaginaire collectif arabe, voire musulman, afin de légitimer leurs discours idéologiques et les actions politiques qu’ils ont mises en place, notamment après la fin des luttes pour l’indépendance ? Dans quelle mesure les prétendus disciples de ‘Abdou, islamistes comme séculiers, ont-ils été influencés par son œuvre dans leurs orientations idéologico-politiques ? Leur démarche s’inscrit-elle dans une logique de continuité ou plutôt de discontinuité par rapport à son héritage ? Avaient-ils, réellement, l’objectif de réaliser les réformes que Mohamed ‘Abdou avait proposées ou bien voulaient-ils se réclamer de lui, dans un but de récupération ? Enfin, après presque un siècle d’opposition et de conflit entre la tendance islamiste et séculière, existe-t-il une possibilité de cohabitation, voire de dépassement de ce clash entre les deux tendances en question ? Si oui, quels sont les éléments requis et constitutifs de cette solution ?

    Dans la perspective de répondre à l’ensemble des questions, soulevé par cette problématique, nous avançons comme principale hypothèse que la pensée réformiste de Mohamed ‘Abdou contenait, dès l’origine, une certaine ambiguïté. Il semble que la formulation de son discours réformiste et sa structure interne, empêchait plus qu’elle ne permettait la transition épistémique requise, pour réussir l’initiation d’un processus de modernisation de la pensée, des sociétés et des Etats dans les pays majoritairement musulmans. Les réflexions de Mohamed ‘Abdou, dans le domaine philosophico-théologique, ont reproduit, plus qu’elles n’ont réussi à dépasser le système de pensée, fortement influencé par la scolastique médiévale, héritière de la philosophie antique et de ses catégories. Autrement dit, ‘Abdou représente le dernier grand théologien musulman, ayant tenté de revisiter, voire de réformer le Kalem comme science fondamentale, dans la tradition sunnite musulmane. Son dessein est de réconcilier l’ancien paradigme influencé par le platonisme et l’aristotélisme avec le nouveau paradigme positiviste dominant à son époque, mais en vain. Car son entreprise réformiste a fini par proposer un système général de pensée à deux axes, caractérisé par l’ambiguïté. De plus, nous présupposons que ce système général de pensée a eu comme conséquence le déchirement intellectuel et politique entre ceux se réclamant de son projet de réforme. Car la double filiation de ses disciples a trouvé, dans le raisonnement et le projet réformiste de ‘Abdou, une véritable assise théorique favorable à une sorte de déchirure intellectuelle et un clash idéologique et politique entre la tendance séculière et la tendance islamiste qui perdure jusqu’à nos jours. Enfin, nous présupposons que ce conflit, entre les deux mouvements en question, est susceptible d’être dépassé par la mise en place d’un processus de démocratisation, dans les sociétés majoritairement musulmane, et par le respect des droits humain, aussi bien par la tendance islamiste que la tendance séculière. Ceci permettra vraisemblablement à ma génération et / ou à celle de nos enfants à refonder la vie publique dans l’aire arabo-musulmane et au-delà, sur de nouvelles bases. Grâce, entre autre, à la création d’un nouveau courant de pensée et d’action dépassent les islamistes (plus généralement les religieux) et les sécularistes (plus généralement les matérialistes). En proposant, à partir du paradigme de la Globalité Inclusive, une nouvelle vision humaniste coranico-prophètico-cosmique, répondant aux défis de notre époque et celle des futures générations.

    Concernant la méthodologie employée dans cette recherche, il est important de souligner qu’elle se base sur une approche qualitative critiquant les structures qui fondent le discours réformiste et l’héritage intellectuel et culturel du passé et ses représentations traditionnelles défendues par une pensée anhistorique et anachronique totalement incompatible avec le sens de l’Histoire. La méthode adoptée est l’analyse du contenu, fondée sur la compréhension de l’évolution des contours conceptuels ainsi que sur les charges sémantiques du discours réformiste, à la lumière des données spécifiques du contexte historique dans lequel ‘Abdou a conçu sa substance et a forgé sa forme. C’est donc à partir de ce cadre que nous avons réalisé le bilan de la pensée et l’action réformiste.

    Enfin, nous avons construit le plan de réflexion présenté dans le premier tome de cet ouvrage autour des éléments suivants : d’abord une présentation analytique qui sera essentiellement dévolue à la contextualisation de l’œuvre et à l’engagement de Mohamed ‘Abdou, à travers la présentation de sa biographie intégrale (chap. 1), cela à l’aune des dernières informations découvertes sur le penseur en question. C’est, précisément, dans cette mesure que ce premier tome constitue un enrichissement significatif par rapport aux travaux menés jusqu’à lors, sur la vie et l’œuvre de Mohamed ‘Abdou, particulièrement dans l’espace francophone. Nous proposerons, ensuite, une analyse critique de sa pensée politique (chap. 2). Ce qui nous permettra de constater les continuités et les discontinuités dans sa pensée et sa conduite dans le domaine politique pour lequel ‘Abdou a consacré la moitié de sa vie. De plus, ceci nous donnera l’occasion de clarifier la singularité de ses positions politiques et de sa démarche que l’on comparera avec celles des autres intellectuels et hommes politiques de son époque, au premier rang desquels figure le célèbre J.D. Al-Afghani. Nous analyserons, par la suite, la pensée sociale de ‘Abdou (chap. 3), notamment ses réflexions sur la justice sociale et les rapports entre le capital et le travail, lorsqu’il fut grand Mufti d’Egypte. Cette analyse sera suivie par la mise en exergue de ses réflexions sur la présence étrangère dans le monde arabo-musulman notamment Britannique, et la légitimité religieuse et politique de l’Empire Ottoman. A la fin de ce premier tome, nous mettrons en évidence l’essentiel de la contribution intellectuelle d’ordre politique et social de Mohamed ‘Abdou, dans le débat d’idées au sein du monde arabo-musulman (chap. 4). Notre objectif sera de démontrer comment il a eu une influence des plus importantes sur des générations entières d’intellectuels et de leaders politiques.

    Chapitre I. Mohamed ‘Abdou : Une vie au service de la réforme

    Mohamed ‘Abdou (1849-1905) est souvent présenté comme l’une des plus importantes figures de l’islam moderne, il est, au même titre que Jamal Eddine Al-Afghani, considéré comme l’un des deux pères fondateurs du réformisme dans le monde arabo-musulman{9}. ‘Abdou avait acquis cette notoriété notamment grâce à son engagement politique et intellectuel, en plus de la portée de sa pensée et de ses conséquences théoriques sur l’héritage traditionnel musulman. Certes, la vie et l’œuvre de ce penseur égyptien ont fait l’objet de nombreuses études. Mais force est de constater que souvent, la plupart des chercheurs se basent, dans leurs travaux le concernant, sur les écrits de Rachid Rida. En effet, ils se fondent sur la biographie, intitulée Sirat al Oustadh Al-Imam, (Vie du Maître){10} que ce dernier avait publiée sur ‘Abdou, au début des années trente. Elle faisait partie d’une série d’ouvrages formant une compilation de l’œuvre complète de ‘Abdou, ayant comme titre général Tarîkh Al-Oùstâd al-Imâm (l’Histoire du maître). Elle se compose de trois tomes{11} qui n’ont pas été édités dans l’ordre ; puisque Rachid Rida a commencé par le deuxième tome, intitulé Al-mounchâ-at [Rassaîl wa maqâl-at], (recueil des correspondances et des principaux articles de Mohamed ‘Abdou) paru en 1908. Ensuite, il a publié le tome trois de la série, sous le titre Tabîne wa Marathi (recueil d’articles, d’études et de poésies) en 1910. Et ce n’est que lors de la publication du premier tome de la série, qu’il a enfin rendu public la biographie de Mohamed ‘Abdou ; alors qu’il était censé la mettre sous presse, pour le moins, quinze années plus tôt{12}. Or, cette biographie n’a été éditée qu’en 1931, sous le titre Syrate al-oustadh al-imam (Biographie du maître).

    Par ailleurs, d’autres disciples de Mohamed ‘Abdou ont tenté, pour leur part, de publier des biographies sur ‘Abdou, à l’instar de Girgie Zidane et cheikh Mustapha Abderrazek. Le premier avait écrit en 1910 un ouvrage, intitulé Al-cheikh Mohamed ‘Abdou al-mîsrî (Le cheikh Mohamed ‘Abdou l’égyptien){13}. C’est une monographie parue dans le premier volume de la série Machahîrou al-Chârq (Les hommes célèbres de l’orient). Quant au second, cheikh Mustapha Abderrazek, il avait donné plusieurs conférences sur la vie et les opinions de Mohamed ‘Abdou, à l’université Populaire du Caire, entre 1918 et 1919. Une grande partie des informations, contenues dans

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