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Profession éthicien
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Livre électronique62 pages51 minutes

Profession éthicien

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À propos de ce livre électronique

La société a engendré ces dernières années une demande très importante pour la gouvernance éthique de plusieurs domaines, de la médecine au politique, des affaires à l’éducation. L’objet de ce livre est d’exposer les principaux obstacles qui se présentent à l’éthicien et de proposer des pistes qui permettraient de les éviter. Parmi ces pièges, les plus importants sont les suivants. 1. Le piège de l’« application »: l’éthicien dispose de théories et de principes qu’il est tentant de vouloir tout simplement « appliquer » aux situations concrètes. Mais la relation entre théorie et pratique doit être pensée de manière plus nuancée. 2. Le piège de la partisanerie : la crédibilité de l’éthicien dépend de ce qu’il ne soit pas perçu comme un simple partisan. Mais le désengagement n’est pas non plus une option pour lui. Comment trouver le juste milieu entre ces positions ? 3. Le piège des médias: l’éthicien cherchant à informer les débats publics entrera forcément dans une relation avec les médias. Mais les médias dans une société commerciale ne sont pas motivés uniquement par le souci de la vérité et du bien public.
Daniel M. Weinstock est professeur titulaire au Département de philosophie de l’Université de Montréal et directeur du Centre de recherche en éthique de cette université.
LangueFrançais
Date de sortie26 mai 2011
ISBN9782760625709
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    Aperçu du livre

    Profession éthicien - Weinstock, Daniel M.

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    En guise d’introduction

    J’ai dû surmonter une importante résistance intérieure en acceptant de rédiger cette brève introduction à la profession d’éthicien. C’est que, pour tout avouer, je ne n’aime pas du tout le mot « éthicien ». Pour une raison esthétique, d’abord, mais également pour une raison plus substantielle. Pour commencer, le mot « éthicien » a des connotations qui me dérangent. Un « éthicien », ce serait quelqu’un de sentencieux, toujours prêt à porter un jugement sur le comportement des autres. Les gens se raidissent lorsqu’ils apprennent qu’on « fait de l’éthique », un peu comme ils le faisaient sans doute à l’époque (et peut-être encore aujourd’hui) à l’approche du prêtre, du rabbin ou de l’imam, et plus récemment du psy. Sur le plan personnel, je n’ai pas l’impression d’être le genre de personne dont la manière d’être devrait inspirer un tel inconfort, n’eût été du fait que je porte, un peu à mon corps défendant, le titre d’éthicien. Mais, en plus, comme je le montrerai dans un instant, ce qui se fait dans le domaine de l’éthique universitaire aujourd’hui ne porte pas avant tout sur le comportement individuel. L’éthique telle que je la pratique prend les gens comme ils sont, avec leur motivations diverses et parfois contradictoires, et elle vise à mettre en place des institutions et des ensembles de règles favorisant les motivations moralement avouables et tendant à neutraliser les autres.

    Mais le mot « éthicien » me fait également frémir parce qu’il n’existe aucune discipline bien établie portant le nom d’« éthique ». Je n’ai jamais pour ma part fait des études d’éthique. J’ai fait des études de philosophie. Je suis philosophe avant d’être quoi que ce soit d’autre et je tends à penser que la philosophie est la cheville ouvrière de cette quasi-discipline bâtarde qu’est l’éthique. Elle est la science qui entend régir l’emploi que nous faisons de nos facultés rationnelles. De la même manière que, par exemple, le philosophe des sciences entend mettre de l’ordre rationnel dans ce que disent et font les scientifiques (et dans ce qui est dit à propos des scientifiques), l’éthicien a pour rôle d’illuminer ce domaine souvent confondant de considérations rivales et parfois apparemment contradictoires qui constituent la vie morale des humains.

    (Ayant introduit le mot « morale » dans le débat, je souhaite répondre à la sempiternelle question de la différence, si différence il y a, entre « éthique » et « morale ». Étymologiquement, il n’y en a pas ! Les deux désignent le domaine des « mœurs », mais le mot « éthique » provient du grec, alors que « morale » vient du latin.)

    Le problème de quasi-disciplines comme l’éthique, c’est que n’importe qui peut se déclarer éthicien. Il ne viendrait à l’esprit de personne de se dire politologue ou physicien sans avoir reçu une accréditation appropriée, idéalement d’un département universitaire de science politique ou de physique. Mais n’importe qui peut s’improviser éthicien. Il suffit de mettre le terme en dessous de votre nom sur votre carte de visite et vous aussi pouvez vous déclarer membre de cette profession !

    On me répondra que la solution est de « disciplinariser » l’éthique, d’en définir les pourtours, la doctrine et les méthodes, comme cela a été fait, dans certains cas tout récemment, pour d’autres disciplines telles que la sociologie ou l’urbanisme.

    Mais ce serait (et c’est) une erreur dangereuse. Car on aurait tendance à voir celui qui se serait doté d’une accréditation dans un département ou dans un programme d’éthique comme un expert en éthique. On s’en remettrait alors à nos éthiciens pour régler nos problèmes éthiques, comme l’on s’en remet au médecin pour répondre à nos problèmes de santé (ou au plombier pour nos problèmes de tuyauterie). Mais l’idée d’un expert en éthique en ce sens est une aberration. Le rôle de l’éthicien dans une démocratie n’est pas de régler nos plus graves problèmes d’éthique, mais de les éclairer, pour que le débat démocratique puisse se faire dans des termes adéquats qui cernent véritablement le (ou les) nœud(s) du problème. Il faut lutter contre les tendances qui feraient que l’éthicien puisse usurper l’autorité de la démocratie et empêcher les innovations institutionnelles qui favoriseraient cette tendance. La transformation de l’éthique en discipline me semble être de cet ordre.

    Un parcours

    Comment alors suis-je venu à l’éthique ? Mon parcours personnel est sans doute atypique, car je n’ai jamais vraiment cherché à devenir éthicien. Et, en grande mesure, je ne me

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