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Horatio: Le bras armé de Shakespeare
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Livre électronique395 pages3 heures

Horatio: Le bras armé de Shakespeare

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À propos de ce livre électronique

Après la levée des corps de Hamlet, Laërte, Gertrude et Claudius, Fortinbras revient dans la grande salle d’Elseneur. Il nomme Horatio et un capitaine enquêteurs ; il ordonne l’arrestation du Maître d’armes. Lamord sort des rangs pour annoncer la fuite d’Osric et révèle la position suspecte de la Cour. Devant le tollé général, Fortinbras fait mettre Lamord aux arrêts. Puis il réunit la garde rapprochée du Roi Claudius qui évoque l’assassinat du conseiller Polonius, la mort de sa fille Ophélie, et la vengeance de Laërte.
Lors des funérailles royales, Fortinbras reçoit les ambassadeurs anglais pour connaître la nature de leur mission. Puis la nourrice d’Ophélie vient le supplier d’entendre Raynaldo sur l’objet de son voyage en France. Au banquet, le fou détourne l’attention de Fortinbras, mais ses soupçons à l’égard d’Horatio permettent de le démasquer par un jeu de duellistes improvisé. Il le fait mettre aux arrêts et trouve sur lui l’ordonnance compromettante du Roi.
Rattrapé, le comédien essaie de convaincre Fortinbras que sa troupe a été manipulée pour que sa pièce jouée à Noël déstabilise le couple royal. Une perquisition chez Horatio permet à Fortinbras de retrouver les vers insérés dans Le meurtre de Gonzague, et de soupçonner les acteurs du complot. Fortinbras n’aura pas le temps de les exécuter. Osric parvient à délivrer les conspirateurs de la religion proscrite.
L’arrivée de Norvège, dans ce contexte d’évasion spectaculaire, met à mal le charisme du neveu qui, pour les festivités de son couronnement, engage une troupe ambulante. Il espère redonner espoir au peuple danois endeuillé en faisant jouer « Les hauts faits d’armes d’Amlodi ». Mais la représentation déclenche une folie meurtrière et la prise du pouvoir par la fille de Marie Stuart.
LangueFrançais
Date de sortie28 févr. 2019
ISBN9791029009198
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    Aperçu du livre

    Horatio - Sylvain Couprie

    cover.jpg

    Horatio

    Sylvain Couprie

    Horatio

    Le bras armé de Shakespeare

    Un coup de théâtre en 6 actes manqués

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    © Les Éditions Chapitre.com, 2019

    ISBN : 979-10-290-0919-8

    PREMIÈRE PARTIE :

    Introdcution

    La façon de le dire est simple ;

    C’est la façon de ne pas le dire qui est compliquée.

    Journal d’une connaissance (2015­2018)

    Melun, le 8 février 2015 : Écrire la suite de Hamlet

    Il aura suffit d’une information de la Société Française Shakespeare, sur la parution du Fortinbras de Léonard Gaya (l’Harmattan, juillet 2014) pour que je perde le sommeil et que je me mette à écrire ma pièce. Je m’empressais de le commander et de le lire.

    Mon « honneur » était sauf ; mais j’y retrouvais quelque chose de mon style. Cette volonté de faire dire ce qui se passe dans cette pièce de Shakespeare, d’un autre point de vue. Ce que je fais dans mon Chez Yaughan auto-édité en juin 2014.

    Le plus terrible serait que paraisse avant mon Horatio, une suite écrite dans l’esprit qui est le mien. Certes d’autres l’ont fait avant moi et avec brio. Je pense notamment au Rosencrantz et Guildenstern sont morts de Tom Stoppard. Mais il ne s’agit pas vraiment d’une suite. Il s’agit plutôt à chaque fois de réécritures, ou d’histoires qui s’imbriquent ou se chevauchent avec le chef-d’œuvre et font de ce théâtre, de véritables coup de théâtre dans le théâtre.

    Mon désir n’est pas d’écrire une suite dans les pas de Shakespeare, mais de continuer le chemin là où l’histoire s’arrête en trouvant un déterminant de la première pour écrire la seconde. L’enjeu pour moi, est d’écrire la suite de l’histoire de Shakespeare en prenant pour déterminant sa volonté matricide et le suicide de son héro. (…)

    Melun, le 10 février 2015 : Discussion sur les réseaux sociaux

    Très étrangement il me revient à l’esprit une information qui m’était parvenue via le net, sur un projet de réécriture d’envergure. Une rapide recherche dans mon moteur de recherche me permet de retrouver l’information. Il s’agit de « The Hogarth Shakespeare Project ». Des écrivains visiblement de renom se sont lancés dans la réécriture de toutes les pièces de Shakespeare pour les rendre plus modernes. Le projet Hogarth a été lancé en 2012, à l’initiative de deux maisons d’éditions : Chatto&Windus au Royaume Uni et Crown aux États-Unis. Les réécritures devraient paraître en 2016 pour le 400e anniversaire de la mort de Shakespeare. (…)

    Le 31 aout 2013, je m’inscris sur Linkedin pour communiquer avec le groupe Shakespeare. Je lance une discussion (en français) pour informer de la présence de mon blog{1} sur le net :

    Je me passionne pour Hamlet de Shakespeare, parce que je ne suis pas d’accord avec les interprétations de cette pièce de théâtre. Le ton est donné ; j’y expose mes intentions. (…)

    Ce qui est remarquable, c’est que cette idée de Mme W., que Fortinbras vient chercher une femme en Danemark, se retrouve dans le Fortinbras de Léonard Gaya, sous cette autre forme : dans les lettres missives que le Roi Claudius fait parvenir au Roi Norvège de Norvège, par son messager Voltemand, il propose au Prince Fortinbras de prendre Ophélie pour épouse. Léonard Gaya lui réserve un sort horrible : Fortinbras retrouvera la jeune fille folle sur son chemin, errante dans les marrais. Faute de pouvoir payer son armée, son Capitaine la fera violer et noyer par ses soldats.

    Le 24 septembre 2013, je rends compte de nouvelles lectures sur les réseaux sociaux :

    J’ai lu attentivement le texte de Steve Roth : http://extra.shu.ac.uk/ emls/10-2/rothepis.htm.

    J’ai « traduit » ce texte très intéressant sur mon blog et j’ai inséré quelques nouvelles remarques sur cette analyse de la souricière. Steve Roth fait des erreurs d’interprétation et je propose ma propre analyse de la playscene.

    Les erreurs de Steve Roth :

    * Il y a deux aveux de la culpabilité de Claudius : ce qui à mon avis est une erreur de lecture, il n’y a qu’à la scène de la repentance que Claudius avoue son crime (à la scène de la galerie, il ne fait peut-être référence qu’à ce que lui reproche le peuple danois).

    * Horatio sait quelque chose des révélations du spectre : rien n’est moins sûr, Hamlet ne fait peut-être référence qu’aux rumeurs qui circulent au Danemark.

    * La pantomime révèle au roi les intentions d’Hamlet : pour moi, la pantomime prévient le roi des soupçons de complicité de Gertrude.

    * La pièce révèle à la Cour les intentions d’Hamlet de s’en prendre à la vie du roi : Steve Roth le dit lui-même, la Cour ne sait rien des révélations du spectre. La Cour voit jouer une offense au couple royal.

    * Lorsque Hamlet présente Lucianus comme le neveu du roi, il ne sait pas ce qu’il fait : Hamlet voyant que son plan va échouer (les deux criminels restent stoïques), il fait passer Lucianus pour le neveu du roi, ce qui donne l’occasion à Claudius d’être outré par le comportement du prince. Il détourne sur sa personne les velléités d’Hamlet à l’égard de sa mère.

    * Horatio n’est pas convaincu par la pièce qui montre les intentions d’Hamlet de s’en prendre au roi (ce n’est pas une preuve) : Horatio comprend que c’est un échec mais ne peut s’opposer à Hamlet sans risquer pour sa vie (le serment du début).

    Mon analyse :

    Je crois qu’il y a dans la souricière la preuve de la complicité de Gertrude. Il y a une double preuve ou plutôt un double effacement de la preuve :

    1) Un premier détournement du regard est opéré par Claudius lui-même qui prend la perche tendue par Hamlet pour faire échouer son plan. Claudius ne réagit pas au moment où le poison est versé mais au moment où Lucianus est présenté comme neveu du roi réclamant de coucher avec la reine (offense au couple royal).

    2) Le deuxième détournement du regard est opéré par le critique lui-même, le metteur en scène, le traducteur (l’œil du spectateur), qui par la violence des actes nous donnera à entendre un sens plutôt qu’un autre.

    Le 9 octobre 2013, j’expose ainsi l’état de mes recherches :

    Les deux fratricides punis que j’ai lus sont des traductions françaises des textes allemands (Traduction de George Roth dans la revue théâtrale no 3 et Traduction d’Anne Cuneo dans son livre Rencontre avec Hamlet). Je doute que le fratricide puni soit dérivé du mauvais quarto, mais plutôt l’inverse. Cela expliquerait :

    1 – que Polonius se nomme Corambis dans le mauvais quarto (Corambus dans le fratricide puni).

    2 – Maurice Castellain, à la suite du Dr Latham, relève dans son introduction (Shakespeare, Hamlet, éd. Aubier, 1981, p. 12) un fait troublant : dans le mauvais quarto de 1603, ne figure pas la remarque d’Hamlet où il fait allusion à la malheureuse expédition de 1589 au Portugal, où périt la moitié de l’armée anglaise (11000 hommes) – Hamlet rétorquant au roi qu’il préfère l’exil pour le Portugal plutôt qu’en Angleterre dans le fratricide puni.

    3 – Pour Gaston Baty, dans son introduction de la revue théâtrale, le « fratricide puni » est une survivance du drame antérieur à celui de Shakespeare, peut-être celui de Kyd.

    4 – Autre fait remarquable : dans le « fratricide puni » Leonardus accepte de mourir dans un duel où il n’est pas à la hauteur sachant que le roi prévoit une coupe empoisonnée pour Hamlet, alors que dans la version moderne (Déprats par exemple), il est possible d’interpréter que le héros se suicide.

    5 – J’ai reçu une réponse plus précise de Greg Petroff (acteur) en posant ma question sur les armes à feu sur le réseau LinkedIn. Il m’a répondu : « Selon mon Shakespeare Concordia, le mot pistolet est mentionné dans huit pièces différentes, une seule fois chacun. Il est utilisé comme une métaphore ou une comparaison seulement. »

    6 – Dans le fratricide puni, Hamlet demande au premier comédien où sont les actrices. Carl lui répond que l’une d’elle est restée à la cour de Saxe. Je me demande si ce n’est pas une allusion aux évènements (de février 1567) qui ont entaché le règne de Marie Stuart.

    Melun, 11 février 2015 : En finir

    Depuis une semaine, mon intention d’écrire la suite du Hamlet est plus forte que jamais avec l’annonce de la parution et la lecture du Fortinbras de L. Gaya. Le premier acte, je ne l’ai pas encore réécrit ; c’est le dernier du Hamlet{2}. J’en suis au 4e acte et je me délecte que tous ces personnages finissent en prison les uns après les autres. Il me reste à imaginer une fin ; et ça fourmille d’idées dans ma tête : et si je me servais de la méthode d’évasion réservée à Rosencrantz et Guildensten pour faire évader tout ce beau monde. Et si le Reynaldo du deuxième acte faisait partie des suspects, lui aussi. Et si, et si…

    Et si les emmerdes de la vie quotidienne, les tracas habituels, ne me déconcentraient pas ; ça serait quand même plus facile. Comme pour me mettre des bâtons dans les roues, mon fils se blesse au genou en tombant à l’école, et sa mère est bloquée du dos. Les embûches se multiplient comme pour m’empêcher d’écrire. Au diable tout le monde je ne lâcherai pas l’affaire. Avec ça, j’en oublie mon actualisation de demandeur d’emploi. Et merrrrrrrde !

    Melun, le 15 février 2015 : Escrime et mélancolie

    Quelque chose m’intrigue et me fait peur tout à la fois. Lorsque je lis le texte de certaines pièces qui ont attrait à Hamlet, ces textes résistent, sont imperméables au sens, à l’interprétation. Je pense particulièrement à Hamlet-Machine de Heiner Müller, ou encore à Gertrude (Le cri) de Howard Barker, ou encore Le fantôme de Shakespeare de Philippe Avron. Les textes seuls ne veulent rien dire pour moi. Ils sont indissociables de leurs auteurs, de leurs interprètes, de leurs mises en scène. Et ces textes ne suggèrent rien du jeu théâtral qui les a fait vivre. Il faut voir Philippe Avron sur scène dans son « One Man Show » pour réellement apprécier la saveur et le poids des mots. Hors de leur contexte, celui de la scène, ils ne veulent plus rien dire. (Ils sont comme les notes de musique sans leur portée.)

    Pourtant le texte de Shakespeare évoque quelque chose pour moi. Pas la machine politique de Heiner Müller, pas le féminisme de Howard Barker, encore moins le fantôme de Shakespeare chez Philippe Avron. C’est le ressort de cette action qui fait rebondir et me fait bondir lorsque je vois les interprétations qui nous sont proposées. Je ne suis pas d’accord avec les évidences énoncées et si j’écris, c’est pour mettre à l’épreuve mon propre ressenti, mon intuition de l’œuvre. Ce que j’essaye de faire en écrivant le faux-journal d’Hamlet, pour dire ce que Gisèle Venet m’a un jour nommé comme « l’intime conviction ». Ce travail est en cours, tout comme l’écriture de mon Horatio, au moment où j’écris ces lignes.

    J’essaie de cadrer mon propre désir en me documentant sur la pièce et le contexte de sa genèse. Et ce n’est pas simple du tout, car comme l’écrit Carl Schmitt dans son Hamlet ou Hécube, si Don Quichote est espagnol et pur catholique, Faust allemand et protestant, Hamlet est entre les deux, en plein dans la fracture qui a déterminé le destin de l’Europe.

    Ce n’est pas simple du tout, parce que je n’ai pas une grande culture générale quant à la religion, l’histoire, la littérature, la médecine, etc. Pourquoi je cite la médecine ? Parce que ma lecture du Traité de la mélancolie de Timothy Bright, si elle ne me permet pas de vous faire un exposé, me permet au moins de prendre garde à ce que je pourrais faire, ou faire dire, à mes personnages sur la folie d’Hamlet. La mélancolie en 1596 recouvre quelque chose de très précis en termes de maladie, de remèdes, et en termes de terreau propice à une autre affection voisine répandue en Angleterre à cette époque : l’angoisse religieuse. Au XVIe siècle les Tudor n’avaient pas pu apporter la paix dans les consciences. « Les prédicateurs protestants proféraient d’effrayantes menaces contre les pêcheurs, présentant les maladies du corps et les tourments de l’esprit comme autant de signes du châtiment divin. La doctrine calviniste de la prédestination provoquait une terreur de la damnation chez les fidèles les plus sensibles, qui se voyaient en même temps privés de l’exutoire psychologique de la confession. » (Introduction d’Eliane Cuvelier, p. 19).

    Au fil de mes recherches, une autre catégorie de livres s’est avérée importante, celle sur l’escrime. Entre autres, le Croiser le fer de Hervé Drévillon. J’y ai lu par exemple que « Capitaine » et « Gentilhomme » étaient deux termes synonymes (p. 50). Lorsqu’on touche à des histoires de cap et d’épées, on ne peut pas faire l’économie d’une recherche sur l’identité sociale de l’artisan-gentilhomme ou maître d’armes. Cela peut aider à comprendre, petit à petit ce que ça ne veut pas dire dans la bouche d’un Fortinbras : « Que quatre capitaines portent Hamlet, comme un soldat, sur l’estrade »…

    Maintenant, la recherche autour de l’époque élisabéthaine, de l’œuvre shakespearienne, est un puis sans fond. Alors, il faut bien à un moment ou à un autre franchir le pas, et passer à l’écriture si on a quelque chose à dire.

    Melun, le 16 février 2015 : Le spectre de Fortinbras

    Je me couche avec Hamlet et je me lève avec Horatio. À tel point que j’en perds le sens des priorités. Ce matin je me suis levé pour emmener mon fils à l’école alors que c’est les vacances scolaires. Je suis dedans comme dirait le fossoyeur. « C’est pas faux ». Hier, j’ai écrit un dernier acte ; ce jour, je l’ai réécris. Extrêmement difficile de faire coïncider les chroniques danoises de Saxo Grammaticus avec l’histoire d’Hamlet ou celle de Fortinbras. Il y a des niveaux générationnels identiques chez Hamlet et Fortinbras, mais pas les mêmes ressorts pour les actions. Et dans l’histoire d’Amlodi, c’est dilué entre plusieurs personnages. J’ai du me résoudre à imaginer que les deux histoires se confondent à la génération supérieure, celle des pères. Pour que l’illusion du théâtre fonctionne et pas pour une autre raison.

    Et l’illusion me paraît un point essentiel, puisqu’on est au théâtre. C’est mon fils justement, qui du haut de ses 9 ans, m’y a fait penser. Je lui parlais de mon histoire, du fait que tous se trouvaient en prison, qu’au départ les soldats de Fortinbras cherchent Osric partout, mais qu’il disparaît comme un fantôme. Et lui de me dire : ça serait bien s’il y avait un fantôme. Je lui ai répondu qu’il fallait une bonne raison pour faire intervenir un fantôme ; et dans la pièce de Shakespeare, c’est un vrai personnage ; personnellement, je n’ai pas de raison de faire intervenir un fantôme dans cette histoire.

    Et puis, l’idée a fait son chemin. Par exemple, Léonard Gaya, dans son Fortinbras, part de cette idée que le spectre est un artifice des comédiens engagés par Fortinbras pour précipiter la folie d’Hamlet. Sa fonctionne à merveille dans son histoire, et il trouve une très bonne excuse à la deuxième apparition dans la chambre de la reine. Mais tout ça, c’est des excuses. Chez Shakespeare, le Spectre a sa raison d’être.

    Le problème aujourd’hui, avec la psychologie moderne, c’est qu’on se persuade que les fantômes n’existent pas. Or pour celui qui le voit dans sa folie, il est bien imaginaire. Il est bien là. Aujourd’hui, comme pour les contemporains de Shakespeare, on n’est pas dupe, on sait bien que c’est l’esprit qui forge ces images – la reine Gertrude le dit dans la pièce. Alors pourquoi se priver de le mettre en scène au théâtre, si l’un des personnages a une bonne raison psychologique de le faire intervenir ? Pourquoi se priver de cette illusion, si chère au théâtre (et au cinoche bien entendu). Le spectre y a sa place.

    Melun, le 17 février 2015 : Encore un détail

    Le lecteur pourra faire l’économie de lire le premier acte{3} s’il connait bien le dernier du Hamlet de Shakespeare, mais j’aimerais attirer son attention sur des détails. Car je ne me suis pas contenté de le reproduire. J’ai consulté plusieurs traductions (André Gide, Marcel Pagnol, F.-V. Hugo, François Maguin, J.-M. Déprats, etc.), pour retenir certains mots et en délaisser d’autres. Le metteur en scène, ou l’acteur, pourra faire ses propres choix. Là où j’ai voulu mettre ma touche personnelle :

    1 – c’est dans le découpage de la scène 2 de l’acte 5, en deux scènes bien distinctes (scènes 2 : scène du cartel et scène 3 : scène du duel de l’acte 1).

    2 – c’est dans l’ajout d’un dialogue entre Hamlet et Horatio, juste avant leur entrée en scène. Car dans la pièce de Shakespeare, la dernière scène, la scène 2 de l’acte 5, s’ouvre sur cette phrase énigmatique : « Voilà pour le premier point. À présent voyons l’autre. » Et si nous imaginions ce qu’ils ont pu se dire avant qu’ils n’entrent en scène, ou avant que des servantes viennent ouvrir les rideaux comme je le propose au metteur en scène.

    3 – J’ai voulu également proposer mon décompte des points pour les paris fait par le Roi et Laërte. Il y a quelque chose de grotesque et de risible, dans une éventuelle surenchère possible de Laërte lorsqu’il propose de faire 9 touches de mieux que son adversaire. Les textes anglais ne permettent pas de le traduire ainsi avec certitude. Mais les conversations que j’ai pu avoir avec des spécialistes de l’escrime ancienne français m’ont appris qu’il n’y a pas de code du duel (à leur connaissance) pour établir que l’échange doit se faire en douze assauts. L’explication que donne John Dover Wilson dans son What happens in Hamlet ? est peu convaincante.

    4 – Enfin je propose deux chansons, dans cette scène du cimetière, inspirées pour la première par Le poinçonneur des lilas de Serge Gainsbourg, et pour la seconde, par la chanson Aurélia de Christian Décamps du groupe Ange. Une troisième dans la pièce : Dès que le vent soufflera de Renaud{4}.

    Il y a plein de détails dans la pièce de Shakespeare qui donnent à penser que la Reine Gertrude est le commanditaire de l’assassinat du Roi Hamlet : elle est au courant de l’exil et de ses conséquences…

    Il y a des détails qui donnent à penser qu’Hamlet ne peut que comprendre l’enjeu du duel : le cartel qui lui est adressé, la gaucherie d’Osric, puis le jeu de Laërte lorsqu’il prend une épée normale puis se ravise avec la provocation…

    Il y a des détails qui donnent à penser qu’Hamlet n’attendra pas le retour des ambassadeurs Anglais pour intervenir. « L’intervalle » est à moi dit-il à Horatio. Pourtant, il a fait parvenir deux lettres pour prévenir de son retour…

    De part et d’autres, les puissants adversaires ne trahissent pas seulement leurs intentions, ils donnent des signes. Ce qui reste obscure, ce sont les motivations psychologiques d’Hamlet. Léonard Gaya par exemple, pour écrire son Fortinbras s’appuie sur les causes avancées par Pierre Bayard dans son Enquête sur Hamlet, sans se préoccuper des contradictions de cette enquête (et sans le révéler dans son livre, puisque c’est sur Internet que j’en ai pris connaissance). Cela donne une pièce de théâtre intéressante, mais qui supprime toute existence imaginaire au personnage du spectre dans la pièce de Shakespeare – et dans la psychologie d’une personne (un comble pour une enquête psychanalytique).

    Personnellement, je m’appuie sur le texte de Shakespeare pour inventer une cause au ressort de cette action :

    – Le spectre apparaît au début dans l’armure qu’il portait lorsqu’il combattit Norvège 30 ans auparavant.

    – Les fossoyeurs révèlent la possible naissance illégitime d’Hamlet le jour où le

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