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L'été des mouches
L'été des mouches
L'été des mouches
Livre électronique158 pages2 heures

L'été des mouches

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À propos de ce livre électronique

Claude vient de terminer sa huitième année et il est sur le point de passer un autre été ennuyant dans son petit village natal de Petit-Rocher.  Lors de la visite de son cousin Gaston, les deux jeunes garçons, ainsi que d’autres ados, décident d’aller explorer une maison abandonnée et de passer la nuit au bord d’un ruisseau. Ces jeunes énergumènes étaient loin de se douter que ces activités banales dicteraient leur destin de façon assez lugubre.

Un système digestif déchiré, des pieds ensanglantés, de la sorcellerie, de la démence à s’en arracher les oreilles… Comme dirait ton best chum : « J’te bet t’es pas game d’ouvrir ce livre.  Poc poc poc!  Poule mouillée! »
LangueFrançais
Date de sortie28 avr. 2021
ISBN9782897754600
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    Aperçu du livre

    L'été des mouches - Pierre-Luc Cool

    voyage…

    Prologue

    12 novembre 1949

    Que de martyres, de pénitences, de fausses croyances, ils ne sont que des barbares, imbéciles, non civilisés. Le Tout-Puissant, le Seigneur, Jéhovah, le Roi de l’éternité, le Créateur, par sa puissance suprême va me pardonner de mes offenses et purifier mon âme de mes péchés. Il suffit que je dise le chapelet chaque soir, que je ne me soumette pas à la tentation du mal et que j’embrasse le feu des démons que mes parents versent sur mon être impur. 

    La vérité, Dieu me fait peur. S’Il est si puissant, s’Il est vraiment le Dieu de l’univers, l’univers qui est si vaste, l’univers qui est infini, pourquoi laisse-t-Il un gamin de 13 ans subir les martyres de ses parents ? L’Église est lugubre, elle reflète la souffrance, la tristesse, la pauvreté et la misère. Le prêtre… je le vois son regard, son regard solennel, son regard pervers et incontrôlé. Il me haït, mais il me veut. La sœur, à l’école, son air sévère, sa voix dominante et la règle que je mange pour le déjeuner. Elle me force à avaler ses pénitences et pour cette raison, ma vengeance est constipée.

    Mes parents sont des hypocrites. Leurs actes contrarient ce qu’ils prêchent, ce que la religion prêche. Comment peuvent-ils aimer leurs prochains s’ils n’aiment pas leur propre fils ? Je les ai entendus l’autre jour, lorsque Père Tremblay est venu profiter de la générosité de ma mère lors d’un souper. Comme toujours, Père Tremblay faisait de la pression pour que mes parents agrandissent notre famille. Mes parents lui avaient tout simplement répondu qu’ils ne pouvaient pas continuer à avoir des enfants tant et aussi longtemps que leur fils unique était un serviteur de Satan. 

    Peut-être que je suis présentement constipé de vengeance, mais mon être déborde et lorsque ma vengeance va finalement sortir, lorsqu’elle va finalement s’exorciser de mon corps, et je dis exorciser parce que si notre Prêtre n’était pas qu’un alcoolique lâche, ça ferait longtemps que j’aurais reçu un exorcisme. Tout ça pour dire que ma vengeance sera ultime.

    15 novembre

    C’en est trop, ce matin avant d’aller à l’école, je devais nettoyer les sabots de la jument. La damnée a été victime d’un délire momentané et m’a renvoyé sur le dos. Elle s’est ensuite sauvée en donnant des coups brusques de sabots. Mon père est arrivé en furie et il criait des bêtises, disant que la jument avait ressenti le démon en moi. Après avoir reçu trente coups de bâton sur les fesses, il me renvoya à l’école. Je n’ai pas regardé dans un miroir, mais je suis certain que mes fesses n’étaient pas rouges, elles étaient violettes et bleues. La douleur était insoutenable. Les fesses multicolores et engourdies, j’ai marché jusqu’à l’école pour arriver, bien évidemment, quarante-cinq minutes en retard. Arrivé en classe, la sœur Henriette, sans admonestation et sans auréole autour de sa tête, me donna un coup de férule sur les fesses pour chaque minute où j’étais arrivé en retard. 

    Ses coups n’étaient pas aussi forts que ceux de mon père, mais tout de même, ayant des ecchymoses fraîches sur mes fesses, les coups de la sœur répugnante je les ressentais encore plus. La douleur insupportable est devenue supportable. Je sentais le sang chaud couler entre mes plaies et mes pantalons. Le sang me réchauffait, le sang couvrait ma honte, il est venu me sauver, Mon Sauveur, Mon Sang, il provient de Mon Cœur et se répand dans Mon Corps. C’est pour lui que je vis, c’est pour lui que je me venge. J’ai atteint un pas vers les Cieux, un pas vers la vie éternelle. J’embrasse mon purgatoire, parce qu’il fait couler Mon Sang et ma vengeance se répand avec Mon Sang. Dieu se soucie de nous… quand va-t-il agir ? Le Tout-Puissant n’agira jamais. Je vais donc agir.

    16 novembre

    C’est arrivé. Au moment où je doutais le plus de Son pouvoir, Il est venu. Il m’a parlé. J’ai entendu Sa voix. Il ne cesse de me répéter qu’Il va me libérer du mal, qu’Il m’assure la vie éternelle. Je n’ai besoin que de répandre mon sang. Les mouches voleront.

    18 novembre

    Il me parle toujours. Le Tout-Puissant communique avec moi. J’entends sa voix et ses messages persévérants. Il n’arrête pas de me répéter que les mouches voleront pour l’éternité. Toujours en me promettant de me libérer du mal et de m’offrir la vie éternelle. Il m’a demandé de m’occuper du prêtre et de la sœur. Il ne les appelle pas ainsi, par contre. Selon le Tout-Puissant, ils ne sont que des imposteurs, ils ne suivent pas les lois divines qui leur ont été inculquées. Selon Lui, ils sont des traîtres, pire que Judas, ils doivent être éliminés de la religion. Ils m’empêchent d’être moi, de répandre mon sang. Selon le Seigneur, ils ne sont que des obstacles à mon épanouissement. Ils les appellent, Anguis et Bubo… Serpent et Hibou en latin. Le serpent signifie la tentation et le hibou signifie la sorcellerie.

    Je dois m’occuper d’Anguis, le prêtre, pour éliminer mes tentations et ne plus être soumis. Je dois ensuite boire le sang du cœur de Bubo, la sœur, pour maîtriser la magie noire. Sans tentation et avec l’aide de la magie noire, je gouterai à la vie éternelle. Je serai une mouche pour l’éternité. J’étais, Je suis, Je serai…

    19 novembre, matin

    Il a un nom… Beelzeboul. Je me soumets à Ses commandes. Je m’incline devant Beelzeboul.

    19 novembre, soir

    Je l’ai vue la salope aujourd’hui. Elle portait sa longue robe qui tombe jusqu’aux pieds. Le long crucifix qui descend le long de son corps obtus jusqu’à ses genoux. Ses yeux sévères fixaient mon âme. Elle semble avoir vu quelque chose. Du moins, j’ai cru voir quelque chose, j’ai cru voir de la frayeur dans son regard. Et c’est à ce moment-là que pour aucune raison elle m’a donné une pénitence parce qu’elle disait vouloir purifier mon être encore une fois. La pénitence va corriger mes actions impures et, de cette façon, je pourrai m’évader de l’enfer. 

    Pendant qu’elle me frappait sur les doigts avec sa férule, Beelzeboul ne cessait de me dire qu’elle allait payer cher pour ses gestes, que les mouches voleront. Il disait aussi que l’écume de rage sur le bord de sa bouche se retrouvera sur le coin de mes lèvres très prochainement. Je dois seulement suivre Ses ordres. Avec un sourire démoniaque, j’embrassais une fois de plus la pénitence, le sang qui coule dans mes veines. Beelzeboul… Demain, les mouches voleront.

    20 novembre

    Son corps ? Je l’ai caché sous l’école. Le chemin vers la vie éternelle débute. 

    Ce fut un jeu d’enfant. Caché dans ma ceinture se trouvait un couteau de cuisine. J’ai suivi les ordres de Beelzeboul. Je me suis levé lors de la classe, j’ai levé mes bras en l’air et j’ai convoqué Satan. Je criais la douleur de mon enfance et mes yeux rouges lançaient des lames à mes agresseurs. AVÉ SATANUS ! AVÉ SATANUS !

    Mon Sauveur avait raison. Elle allait me garder après la classe, m’enfermer et me punir pour purifier mon âme encore une fois. 

    À quatre pattes sur le plancher froid d’une journée froide d’automne, ce fut trop facile. Pendant que l’écume coulait au coin de ma bouche, j’attendais le signal de Beelzeboul. Une mouche est venue se poser sur mon nez.

    Sans hésiter, j’ai sorti le couteau de ma ceinture, je me suis tourné d’un mouvement brusque et j’ai tranché la gorge de Bubo. J’admirais le spectacle. J’ai plus appris sur l’anatomie humaine pendant les quelques secondes qui suivirent que durant toutes mes années avec cette salope comme éducatrice. Je scrutais l’intérieur de sa gorge qui était imbibée de sang. Je pouvais voir du mouvement à l’intérieur, ses cordes vocales. Comme si elle essayait de m’envoyer en enfer une dernière fois. Mais, tout ce qui sortait était des sons engloutis par le sang. Un gorgoton englué qui se fait engloutir. Son diaphragme poussait sur ses poumons pour lui donner une respiration saccadée puis, à chaque réflexe de haut-le-cœur, elle crachait, non, en fait elle vomissait du sang qui coulait sur sa robe. Le crucifix pendait et la croix de Jésus se baignait dans un étang rouge. Encore chaude, elle tomba sur le côté puis allongea sa main pour rejoindre sa férule. Son dernier espoir avant de mourir fut de me donner la pénitence. Puis, le son qui sortit de sa gorge ne fut qu’un râlement suivi du soupir de la mort. Son regard vide fixait l’éternité. 

    Je ne voulais même pas fermer ses yeux avant d’amener son corps à la cachette que Le Tout-Puissant m’a montrée. Son regard anéanti par sa rage prouvait ma victoire, notre victoire. Il apaisait mes douleurs. 

    Je l’ai prise par les pieds et commençai à la tirer vers la cachette. Son regard, toujours aussi persistant, ne regardait nulle part. Sauf que devant ses yeux, les mouches volaient, elles se posaient sur son visage, sur son regard. Certaines restaient prises dans le sang qui coulait toujours de sa bouche. Les mouches volaient autour de Bubo, comme si elles se moquaient d’elle. 

    Plus loin, les mouches sortaient du plancher de l’école. Je me suis approché et j’ai soulevé les planches qui créaient l’embrasure d’où les mouches sortaient. 

    Sous l’école, Sœur Henriette périt à jamais avec son regard terne et petit à petit, elle se fait dévorer par les mouches. La magie noire m’appartient.

    Je vous laisse, j’ai un rendez-vous avec le prêtre pour me faire confesser.

    20 novembre, au soir

    À genoux dans le confessionnal, je regardais au travers de la grille. Père Tremblay ne tarda pas à arriver.

    — L’oreille de Dieu est prête pour écouter ta confession, mon fils. 

    J’ai chuchoté pour m’assurer qu’il ne m’entende pas. Il approcha évidemment son oreille de la grille.

    — Tu dois parler plus fort, mon fils, pour que Dieu puisse te pardonner. 

    — JE PENSAIS QUE LE TOUT-PUISSANT ENTENDAIT TOUS MES MOTS, MES PENSÉES ET VOYAIT TOUS MES GESTES ! criais-je en passant le couteau au travers de la grille pour lui transpercer l’oreille. 

    Sa mort fut plus soudaine que celle de la sœur. Il est tombé brusquement sur le confessionnal avec le couteau toujours bien inséré dans l’oreille. Son regard semblait être plus surpris que celui de Bubo. 

    Les mouches étaient partout. Elles tapissaient le petit tapis rouge et le recouvraient de noir. 

    Enlever le couteau fut un travail ardu. Il ne voulait pas céder. Je le tournais de droite à gauche tout en tirant. Des sons de craquements secs comme une maison qui craque en hiver se faisaient entendre. Avec la sœur, tout était juteux, liquide et salissant. Avec le prêtre, tout était saccadé, sec et vite. J’ai mis mon pied sur son crâne. Celui-ci était trop rond, mon pied glissait en bas. J’ai donc posé mon pied de l’autre côté du couteau, sur le long de sa mâchoire. En écrasant celle-ci et, en entendant encore des sons de craquement, le couteau céda. Satisfait, j’ai tiré le prêtre sous l’autel.

    La tentation est morte. Je suis maintenant le maître de mes actions. Cette nuit, la magie noire et, ensuite, la vie éternelle. 

    La nuit du 20 au 21 novembre

    Les nuits sont longues, nous sommes un mois avant le solstice d’hiver. Cette nuit sera longue, éternelle. 

    Mes parents dormaient. Je devais avoir leur cœur. Ils m’ont créé, ils ont mon sang. Ordre du Maître, j’ai tracé un pentagramme avec le sang de leur cœur et, ensuite, j’ai bu le sang pour ne pas en épargner. J’ai ensuite caché la carcasse de leur cœur. J’ai l’endroit parfait pour ça. Cet endroit sera éternel avec moi. 

    Voici comment je m’y suis pris. Lorsqu’ils dormaient, j’ai laissé les craquements du plancher prendre vie sous mes pas. Doucement, je me suis approché vers la porte de leur chambre. La maison est silencieuse, l’air est froid. Je sens des courants d’air passer au travers de la fenêtre du salon. 

    Au contrôle de mes actions, j’écoutais les voix qui m’encourageaient, qui me guidaient constamment. Mon Seigneur me répète sans cesse les étapes à

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