Sang Royal : Un Cycle de Romances Paranormales en Quatre Volumes
Par AJ Tipton
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À propos de ce livre électronique
Dans cette tétralogie érotico-paranormale, les membres de la lignée princière des Dal sont prêts à prendre tous les risques pour sauver leur royaume et ceux qu'ils aiment. Avec le cycle Sang Royal, rentrez dans un monde d'intrigues, de pouvoir et de désir qui vous fera palpiter et frissonner de plaisir !
Le Trône du Vampire : Christopher Dal est un prince vampire qui se bat pour libérer son peuple. Quand Alice Jones, une splendide photographe, entre dans ce monde périlleux, ils doivent se battre pour sauver le royaume des vampires… au péril de leur vie.
L'Antre du Vampire : Danny Dal cherche à dévoiler la vérité. Robin Ballard cherche à protéger ce qu'elle aime. Ensemble, ils vont affronter le danger main dans la main, quoi qu'il en coûte.
La Fuite du Vampire : Benjamin Dal est un inventeur vampire qui cherche à aider l'humanité. Quand Lauren Vaughan, une veuve somptueuse, est plongée dans des danger inattendus, ils doivent prendre tous les risques pour triompher de leur plus sombre ennemi.
Le Choix du Vampire : La princesse vampire Valérie Dal cherche désespérément à racheter ses erreurs passées. Mickey Shive, un séduisant ermite, a un plan pour changer le monde. Dans leur quête pour sauver leur peuple, parviendront-ils aussi à se sauver eux-mêmes ?
AJ Tipton
AJ Tipton is a writing team: Annie and Jess (Get it? "AJ"). Based in Brooklyn with the greatest dog in the world as our mascot, we love to create fun romances that astound, amuse and arouse. Our romances are steamy and paranormal, with strong heroes saving the day through extraordinary adventures. Check out our FREE novella, Coaching the Bear, for a taste of what our magical worlds have to offer! We are huge proponents of informed consent, and love to wind cheeky pop culture references into our works. Let us know which ones you catch! Please say hello! You can get in touch with us through: Email: ajtiptonauthor@gmail.com Facebook: www.facebook.com/AJTiptonAuthor Twitter: twitter.com/AJTiptonAuthor Blog: ajtiptonauthor.wordpress.com
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Aperçu du livre
Sang Royal - AJ Tipton
Sang Royal
Un Cycle de Romances Paranormales en Quatre
AJ Tipton
Traduction par
Serge Vallée
Copyright © AJ Tipton 2020 The right of AJ Tipton to be identified as the author of this work has been asserted by her in accordance with the Copyright, Designs and Patents Act 1988 (or other similar law, depending on your country). All rights reserved. No part of this book may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form, or by any means (electronic, mechanical, photocopying, recording or otherwise) without the prior written permission of the author, except in cases of brief quotations embodied in reviews or articles. It may not be edited, amended, lent, resold, hired out, distributed or otherwise circulated without the publisher’s written permission. Permission can be obtained from a.j.tipton.author@gmail.com
This book is for sale to adult audiences only. It contains substantial sexually explicit scenes and graphic language which may be considered offensive by some readers.
This is a work of fiction. All characters, names, places and incidents appearing in this work are fictitious. Any resemblance to real persons, living or dead, organizations, events or locales is purely coincidental.
All sexually active characters in this work are 18 years of age or older.
Cover art provided by Circecorp
Table des matières
Le Trône du Vampire
L’Antre du Vampire
La Fuite du Vampire
Le Choix du Vampire
À propos de l’auteur
Le Trône du Vampire
Alice Jones réprima un haut-le-cœur en pénétrant dans l’atmosphère saturée de parfum de la luxueuse galerie. Tout dans le décor de ce lieu intimidant était du premier chic, dans le genre brut, depuis les salles aux volumes impressionnants, dont le plafond laissait artistement paraître un certain nombre de tuyaux, jusqu’aux alcôves où se mêlaient brique et verre.
Les chaussures à talons aiguille d’Alice – une paire d’emprunt – menaçaient à chaque pas de la faire chuter cul par terre, mais elle était déterminée à garder la tête haute. Classe. Rappelle-toi que tu es censée être classe, pensa-t-elle. À chaque nouveau pas, Alice, dévorée de nervosité, s’attendait presque à entendre quelqu’un crier dans sa direction « Là ! Une plébéienne ! » avant d’arracher ses photographies du mur. Mais, jusque-là, les riches invités regardaient son travail avec des hochements de tête polis et de larges sourires – du moins aussi larges que leurs joues botoxées le permettaient.
Un lourd verre de vin se matérialisa dans sa main et Alice, levant le nez, découvrit le sourire étincelant de la propriétaire de la galerie, Margot Dal.
« Un verre s’impose, j’ai l’impression. » D’un mouvement de tête, Margot désigna le verre, si plein, Alice n’en doutait pas, qu’un simple courant d’air aurait suffi à répandre du vin sur tout l’avant de sa robe.
« Pour m’occuper les mains ? » demanda Alice. Elle fit tout son possible pour baisser prudemment la tête et poser les lèvres au ras du liquide sans bouger la main, tout en adressant à Margot un sourire reconnaissant. Alice avait travaillé en étroite collaboration avec Margot pour préparer le vernissage, ces dernières semaines, mais cette grande femme sculpturale lui fichait encore une peur bleue.
« Que veux-tu que je te dise ? Les bons amis nous aident à repousser nos limites. » Margot semblait ne prêter qu’à-demi attention à ses propres paroles ; ses yeux balayaient déjà la foule, comme à la recherche de quelqu’un.
Alice s’efforça de contenir son agitation. Elle aurait donné n’importe quoi pour avoir même la moitié de son assurance. Margot semblait toujours à son aise, sans le moindre effort, partout où elle allait ; mais dans sa galerie, tout en elle était frappant. Sa peau sombre luisait d’un reflet doré sous l’éclairage ; sa robe noire était simple, élégante et coûtait probablement plus de deux fois le loyer d’Alice. Pour la première grande exposition de ses photos, Alice avait raclé le fond de sa tirelire pour s’acheter une nouvelle robe. Elle aperçut son propre reflet dans une glace et fronça les sourcils. Sa chevelure rousse commençait à se libérer de sa natte fermement tressée, laissant jaillir quelques pointes ; et ses yeux bleu clair semblaient plus larges que nature entre les lignes épaisses de son mascara. Sa robe à bustier verte n’était pas trop mal. Elle suivait bien son corps, soulignant la courbe de sa taille ; un motif de perles élaboré bordait le haut de son vêtement, attirant l’œil sur son décolleté. Un châle violet couvrait ses épaules et son cou, assorti à ses boucles d’oreille en pendants. Elle résista à l’envie de s’enfouir dans les replis de son châle. Chaque seconde qui passait lui faisait regretter davantage de ne pas avoir accepté l’offre de Margot, qui lui avait proposé d’emprunter une de ses nombreuses robes de styliste.
« Alors, sais-tu si des acheteurs se sont déjà présentés ? » Alice but une prudente gorgée, prenant garde à conserver une voix neutre, comme si la réponse ne la préoccupait pas outre mesure.
Margot gloussa, pas dupe pour un sou. « Ne t’inquiète pas, ma chérie. De petits points rouges sont en train d’apparaître un peu partout. Comme tu sais, c’est synonyme de vente ferme. » Elle fixa Alice en haussant les sourcils. « Mais tu sais ce qui aiderait vraiment le mouvement ?
– Non, quoi ? » Alice sentit son estomac se nouer. Elle savait déjà ce que Margot allait lui répondre.
« Il faut que tu parles aux gens. Aide-les à en savoir plus sur toi, sur les histoires qui se cachent derrière tes œuvres. » Margot fit un petit mouvement du poignet pour désigner le reste des gens assemblés dans la galerie. « Tu sais comment sont ces richards ; ils ne veulent pas juste de l’art, ils veulent aussi les secrets qui se cachent derrière. » Margot posa un regard sévère sur Alice. « Fais-moi descendre ce verre d’au moins trois centimètres et sors de ce coin avant que je ne t’en fasse déguerpir à coups de balai. » Sa voix était badine mais Alice ne doutait pas un instant qu’elle mettrait sa menace à exécution.
Une femme qui semblait tout droit sortie d’une couverture de magazine passa près d’elles et adressa un clin d’œil à Margot. La propriétaire de la galerie saisit un nouveau verre de vin sur le plateau d’un serveur à proximité et sourit.
« Le devoir m’appelle. » Margot se lécha les babines puis serra légèrement la main d’Alice. « Tu peux le faire. C’est ton grand soir ! Profites-en. » Et sur ces paroles, elle s’éloigna. Alice eut à peine le temps de cligner les yeux que Margot était déjà à l’autre bout de la pièce, un large sourire aux lèvres, tout contre la couverture de magazine.
Alice baissa les yeux sur son verre. Encore quelques gorgées et le niveau serait assez bas pour envisager de se mêler aux invités. Elle songea à se cacher dans un coin encore une heure, par pur esprit de contradiction, mais elle savait que Margot avait raison. Cette expo était sa grande occasion d’engranger assez de contacts et d’argent pour lancer sa carrière de photographe et échapper à son poste alimentaire comme assistante de gestion. Elle prit une grande lampée de vin.
Plus de paperasse.
Plus de transports sans fin.
Plus de séances photo casées comme je peux pendant mes trente minutes de pause-déjeuner.
Parler à des étrangers était presque une idée supportable si cela voulait dire quitter cette grande boîte sans âme et ce job atrocement stérile. Elle resserra sa prise sur le col de son verre. Un couple bien mis, et qu’Alice identifiait vaguement comme des vedettes de télé-réalité, la fixait. La femme jouait avec la frange de sa veste léopard, tandis que l’homme ne cessait de tripoter son portable.
« C’est tellement banal et terre-à-terre. » La femme renifla bruyamment. « Rhys rigolera bien quand il saura ce qu’est devenu le fameux goût de Margot. Qu’est-ce que tous ces… » La femme pointa du doigt la photo d’Alice la plus proche, qui représentait les boulons d’une benne à ordure, pris au crépuscule et à fort contraste.
Alice fit un profond effort pour empêcher le rouge de lui monter au visage. L’homme leva le nez de son téléphone. « Tu dis, chérie ?
– Le titre de cette expo, Détail et merveille. Qu’est-ce qu’une benne à la noix peut bien avoir de merveilleux ? »
L’homme haussa les épaules. « Je ne sais quelle rock star vient d’acheter celle avec le peigne pour une somme à cinq chiffres. Il a dit que c’était urbain, ou un truc comme ça.
– Un humain, je parie ? Quelle foutaise. » Elle se frotta le nez en bafouillant quelque chose sur le fait de devoir passer aux toilettes ; l’homme hocha la tête et la suivit.
Alice lutta contre une violente envie de s’enterrer encore plus profondément dans son coin de la pièce. Foutaise ? Obtenir la photo parfaite exigeait de comprendre l’angle précis de la lumière, de saisir le moment exact où le soleil frappait le…
Alice secoua la tête.
Tu peux le faire. Tu n’as pas besoin de leur respect ou de leur compréhension. Quelqu’un vient d’acheter une de mes photos pour une somme à cinq chiffres ! Il ne peut pas y avoir que des enfoirés superficiels. Il suffit de sauter le pas.
Elle parvint à avancer un pied, puis le suivant, jusqu’à ce que son élan amène le reste de sa personne au centre de la pièce.
Plus de job alimentaire.
Plus de job alimentaire.
Sans cesser de ressasser cette espèce de mantra, elle se mit à parcourir la pièce en distribuant, ici et là, sourires et hochements de tête. Les gens qui la reconnaissaient grâce à la petite section biographique contenue dans le programme lui adressèrent quelques félicitations génériques sur sa première grande exposition. Tout cela était fort plaisant, mais après son cinquantième « Oui, c’est un véritable honneur d’être ici », elle commença à craindre que sa tension ne devienne un peu trop visible.
Alice tamponna la sueur qui perlait sur sa nuque, cherchant Margot du regard. Est-ce qu’elle va me faire la peau, si je fais juste mine d’avoir la migraine et que je me tire ? se demanda Alice.
« Je ne pensais pas possible que l’artiste soit encore plus belle que ses œuvres », dit une voix suave, derrière elle.
Alice fit une brusque volte-face. Son verre joua dans sa main et elle vit, comme au ralenti, le vin jaillir en arc vers un grand gaillard à la barbe taillée, qui se tenait à quelques pas. Le vin le frappa dans une gerbe écarlate, digne d’une scène de meurtre.
Noooooon ! Elle tendit la main comme si ce geste pouvait rattraper le liquide en vol, mais il était trop tard. La tache commençait déjà à imbiber le tissu de sa belle chemise blanche, dessinant comme une carte approximative de l’Asie sur sa poitrine.
« Oh, mon Dieu ! Je suis tellement désolée ! s’exclama Alice, tout en s’élançant pour tamponner la tache avec le bout de son châle.
– Rien de bien grave, répondit l’homme d’une voix grave et musicale qui fit danser un petit frisson le long de sa colonne. Cette chemise avait besoin d’un brin de couleur, de toute façon. »
Alice observa son visage à la dérobée. Il lui souriait d’un sourire si éblouissant qu’elle se serait crue sous le feu d’un projecteur. Elle aurait voulu photographier ce visage sous tous les angles. Les proportions parfaites de ses traits, le fouillis de barbe qui couvrait la ligne de son menton, les fines plissures rieuses aux angles de sa bouche et les sillons soucieux de son front : tout exigeait une lentille au zoom intense et la lumière la plus vive qu’elle puisse trouver. Elle n’avait jamais été très friande de portraits, mais cet homme – dont le sourire croissait de seconde en seconde, plus elle le dévisageait – était un homme qu’elle aurait volontiers étudié de très près. Nu, de préférence.
« Euh, bonsoir. Je suis Alice et, euh, je fais des photos. » Les mots lui jaillirent de la bouche, dans un flot plus ou moins cohérent. Elle prit une lente inspiration, s’efforça de se redresser et de cesser de fixer les muscles sculpturaux qu’elle devenait à travers sa chemise mouillée. « D’habitude, je suis plus éloquente que cela, je vous le jure. »
Il rit. « Je vous crois. Margot m’a beaucoup parlé de vous ; c’est une vieille amie. » Il lui tendit la main. « Christopher Dal.
– Christopher Dal ? » En lui serrant la main, Alice sentit sous ses doigts une paume calleuse, chose inattendue chez un homme en costume sur mesure. « Vous avez le même nom que Margot. Un lien de parenté ? » Ils ne se ressemblaient pas du tout, mais on trouve de tous les modèles dans une seule et même famille.
Il sourit. « Aucun lien, mais nous nous connaissons depuis si longtemps qu’elle est presque de la famille. »
Alice ressentit comme un bref pincement au cœur. Elle avait laissé tous ses amis derrière elle en quittant sa province pour la grande ville et perdu contact avec chacun d’entre eux, au fil des ans. Entre son boulot et son activité artistique, trouver le temps pour se faire de nouveaux amis n’était pas simple. La chaleur et la familiarité qu’elle sentit dans la voix de Christopher quand il prononça le nom de Margot éveillèrent un sentiment de solitude qui la traversa de part en part. Elle se força à sourire.
Christopher pointa du doigt la photo située derrière elle. « Vos photos sont remarquables.
– Merci. » Elle replaça une mèche rebelle derrière son oreille, tout en balançant son poids d’un pied sur l’autre.
« Non, je suis sérieux. » Christopher se rapprocha d’un pas. « Elles sont extraordinaires. La façon dont vous vous attachez à de minuscules détails dans des objets triviaux pour en faire ressortir la beauté cachée est éblouissante. Vous avez un œil remarquable. »
Alice répéta « merci », sur un ton bien plus sincère cette fois. Un chaud sentiment de contentement emplit sa poitrine et se répandit dans tout son corps. Enfin !
« De tous les gens à qui j’ai parlé ce soir, vous êtes le premier à comprendre, dit Alice. Vous me faites un vrai plaisir. Je voulais vraiment qu’en repartant de cette exposition, les gens sachent mieux apprécier les petits détails qui nous entourent. »
Christopher sourit. « Fascinant comme l’art peut y parvenir, non ? Il peut nous présenter quelque chose que nous voyons tous les jours sous un jour différent, et tout à coup cet objet est mis dans un tout nouveau contexte. »
Alice eut envie de le serrer dans ses bras. « C’est exactement ma façon de penser ! La beauté ne se résume pas à un coucher de soleil dans un paysage de montagne. » Son débit croissait avec son enthousiasme pour le sujet. « La beauté, ça peut être le rebord d’une boîte aux lettres et la façon dont elle complète la maison qui est derrière, ou la construction d’une fourmilière. »
Christopher lui toucha la main et elle sentit la fraîcheur de sa peau ; c’était comme un baume apaisant, diffusé tout le long de son bras. « Vous êtes une artiste épatante, Alice. Mesurez-vous combien il est rare de pouvoir voir cela, puis de le saisir et de permettre aux autres de le voir à leur tour ? Vous devriez vous y consacrer à plein temps. »
Alice rougit. « Vous dites ça pour être gentil. Si seulement j’avais plus de temps pour vraiment me consacrer à mon art. » Elle pointa du doigt un point rouge, à côté d’une photo représentant un arbre brisé. « J’espère que les ventes de la soirée vont m’y aider. J’ai eu de la chance que la lumière ait été la bonne, quelques minutes à peine après avoir trouvé cet arbre, mais j’ai failli tout manquer à cause d’une réunion qui a traîné en longueur, au travail. On n’a jamais assez de temps pour découvrir tous les moments de beauté qui nous attendent, là dehors, mais je ne serais pas mécontente d’avoir une occasion d’essayer. »
Alice jeta un œil désapprobateur sur son verre de vin, surprise d’avoir partagé tant de détails avec un parfait étranger. À en juger par ses petits hochements de tête et son expression compréhensive, Christopher paraissait savoir exactement ce qu’elle voulait dire.
« Le monde est si vaste, dit-elle, si seulement j’avais le temps de tout saisir. »
Le sourire de Christopher s’élargit. « On ne sait jamais. D’après ce que j’ai vu, cette soirée a rencontré encore plus de succès que ce qu’espérait Margot. » Il lui tendit le bras. « Je vous ai retenue trop longtemps loin de vos autres invités. Que diriez-vous de les affronter ensemble ? »
Alice hocha la tête et passa son bras dans le sien, sentant au passage la fermeté de ses muscles à travers son manteau. Parler à des inconnus n’était peut-être pas si terrible, après tout.
Christopher aspira l’odeur d’Alice, enivré par sa beauté : du savon, une légère touche de parfum vanillé et son sang, qui battait sous la peau délicate de son cou. Des indices de son humeur chantaient dans son sang : hésitation, anxiété et… il espérait vraiment que son interprétation était la bonne… désir. Désir pour lui ? Ou simple désir que l’expo soit un succès ? Il devrait boire son sang pour en être certain et il prenait bien trop de plaisir à sa compagnie pour briser cette ambiance. Pour autant qu’il pouvait en juger, elle ne possédait pas la Vision qui lui aurait permis de le reconnaître comme vampire, ou de reconnaître le moindre des êtres surnaturels occupés à boire du vin et à se renifler les uns les autres dans les diverses salles de l’exposition.
Tout en parcourant la galerie, il sentait son pouls battre à tout rompre au contact de la main d’Alice contre son avant-bras. Tout en elle le fascinait. Ses mouvements possédaient une grâce qui rappelait les reines raffinées de jadis ; son esprit délicat était semblable à celui d’une nymphe sylvestre.
Sa beauté brillait comme un phare au milieu des bourgeois engoncés qui s’agglutinaient dans la galerie. Tandis qu’ils traversaient la pièce au bras l’un de l’autre, Alice brillait d’un tel éclat que chacun se retournait sur leur passage. Christopher prit le rôle du compagnon fort et silencieux, n’intervenant dans la conversation que pour appuyer les explications animées qu’Alice donnait de son travail. Une tigresse-garou, flanquée de ses amants, s’approcha pour la complimenter sur un de ses clichés et Alice se lança dans une explication charmante – bien qu’un peu décousue – des raisons pour lesquelles elle avait photographié ce casier de cette façon précise. La tigresse lui sourit en dévoilant deux rangées de dents parfaites et Christopher se raidit ; des instincts protecteurs remontèrent sauvagement en lui, qu’il refréna avant qu’Alice ait pu remarquer quoi que ce soit.
« Je suis contente que nous ayons replongé dans le bain. » La voix d’Alice était un peu plus ferme, après ce premier tour de piste, mais la nervosité était encore sensible dans la façon dont elle agrippait le bras de Christopher.
« Moi aussi. » Christopher plongea profondément dans le bleu clair de ses yeux.
Je voudrais plonger mes yeux dans les siens pour toujours.
Cette pensée le traversa comme un éclair ; il se sentit étourdi par la force de cette certitude. Il engendrait rarement de nouveaux vampires, mais il savait toujours quelles personnes il voulait dès les premiers instants de leur rencontre. Il réprima cette pensée.
Pas elle. Pas elle, par pitié.
« Avez-vous vu le reste de l’exposition ? » demanda-t-il, cherchant activement à se distraire de ses propres pensées.
Alice joua avec la frange de son châle taché de vin. « J’ai déjà tout vu, mais je serais contente de faire un second passage. » Elle lui adressa un sourire. « Il y a tellement de photos merveilleuses. » Sa joie était contagieuse et il pressa son bras contre le sien, couvrant le dos de sa main avec sa paume. Sa peau était chaude, son pouls battait rapidement ; ils pénétrèrent dans une des galeries latérales, où étaient exposés les autres artistes.
Elle s’arrêta quelques pas après le seuil, freinant son mouvement.
« Voilà mon cliché préféré », dit-elle.
Le photographe avait capté une coupe de champagne au moment précis où elle explosait. Des éclats de cristal volaient dans toutes les directions, sur un fond noir de jais, formant autour des restes du verre des formes parfaitement symétriques qui ressemblaient à des ailes.
« Absolument époustouflant », dit Christopher, sans quitter Alice des yeux.
Un peu de rose monta aux joues d’Alice. « Vous ne regardez même pas cette splendeur.
– J’aurais dit que si… » répondit Christopher.
Alice rougit et se tourna rapidement vers la photographie. « Vous ne trouvez pas ça merveilleux ? Un instant, capturé pour toujours. Quelque chose que nous ne pourrions jamais apprécier vraiment si cet instant n’avait pas été figé pour nous permettre de le voir. »
Christopher regarda la photo. « Être figé dans le temps est un peu surfait. » Il fronça les sourcils.
« Mais, vous ne voyez pas ? Même si l’image est figée, ce que le spectateur perçoit ne l’est pas. » Le visage d’Alice s’éclaira tout entier. « Il reste identique malgré le passage du temps, mais le temps le change. » Elle pointa la photo, le doigt vers le pied du verre. « Vous et moi, nous voyons une flûte de champagne, mais dans les années qui viennent, peut-être le verre sera-t-il devenu hors d’usage, peut-être les gens seront-ils incapables de le reconnaître. Est-ce que ce ne serait pas magique ? Voir du verre qui se brise pour la première fois, saisir ce qui est pour nous un instant trivial d’une façon qui traverse le temps ? »
Elle ferait un vampire formidable. Cette idée alléchante le traversa de nouveau. « Je vois pourquoi Margot a insisté pour que vous participiez à cette exposition. Vous avez une perspective unique. Prosaïque mais passionnée, dit Christopher.
– Ce n’est pas toujours un avantage. » Sous la conduite d’Alice, ils firent tranquillement le tour de la salle avant de regagner la salle principale. « Je ne saurais pas vous dire combien de devoirs j’ai ratés dans ma scolarité parce que je m’étais trop emballée sur les détails. »
Il eut un petit rire ; puis il se rendit soudainement compte que la galerie s’était presque vidée ; seuls quelques retardataires y traînaient encore. La galerie ne tarderait pas à fermer et elle disparaîtrait à jamais de sa vie.
Je devrais la laisser partir. Elle poursuivrait le cours naturel de son existence : changement, amour, vieillesse, mort, comme tout le monde. Et dans quelques centaines d’années, il aurait peut-être oublié la façon dont la lumière dansait sur les boucles de ses cheveux et dont même le rebord d’une benne à ordure pouvait avoir de la beauté à ses yeux.
« Et si je vous appelais un de ces jours ? » Les mots lui échappèrent avant qu’il puisse les arrêter et pourtant il se sentit égoïstement soulagé de les avoir prononcés. « J’ai passé une si charmante soirée en votre compagnie. Je serais ravi de pouvoir poursuivre notre conversation. »
Alice lui sourit, sortit une petite carte blanche de son sac à main et la lui tendit. « J’en serais très heureuse. Le numéro professionnel qui y figure est simplement mon portable. » Elle jouait avec le bout de son châle. « Je les ai fait faire pour l’exposition ; je me suis dit que ça ferait plus sérieux.
– Désolé de vous avoir complètement monopolisée ce soir. » Il ne se sentait pas désolé le moins du monde. « J’espère que vous avez tout de même passé un bon moment. »
Alice rit. « Ne vous inquiétez pas, je me suis mêlée aux autres autant que j’aurais pu le supporter. Vous m’avez évité de passer la soirée terrée dans un coin. Par ailleurs… » Elle regarda ses pieds. « J’ai eu plaisir à être monopolisée. » Elle se dressa sur la pointe des pieds pour lui poser un rapide baiser sur la joue avant de rassembler ses affaires en hâte et de se diriger vers la porte de la galerie.
Christopher se toucha la joue ; l’ombre de son baiser était comme une marque ardente sur sa peau. Les derniers clients franchirent mollement la porte, rendus guillerets par un dernier verre gratuit, puis il se retrouva seul dans la vaste pièce résonnante.
« Bien joué, Christopher. » Il n’avait pas entendu Margot s’approcher, mais elle pouvait être discrète comme un chat quand elle le voulait. Elle se tenait devant une des photos d’Alice, qui représentait un fragment de façade. Le cliché, qui faisait bien un mètre cinquante de haut, soulignait les motifs complexes minutieusement gravés dans une section du ciment.
« Alice m’a dit que cette photo a été prise à soixante-douze étages de hauteur. Est-ce que tu arrives à y croire ? demande Margot. Elle a dû graisser la patte d’un laveur de carreaux pour qu’il la laisse utiliser sa nacelle, mais elle n’avait pas le bon harnais. Le vent était tellement fort et déchaîné à cette hauteur, qu’elle a manqué de passer par-dessus la rambarde. C’était un sacré risque à prendre, mais regarde ce qu’elle en a tiré. » Margot sirota une gorgée de champagne d’un air songeur, puis leva un sourcil dans sa direction. « Ce genre de persévérance, sur des siècles… Je pense que nous serions tous très impressionnés par ce qu’elle pourrait faire. »
Bon sang, Margot ne va pas s’y mettre. « Allons, tais-toi, dit Christopher. Ce n’est pas pour ça que je lui parlais, elle est spéciale et… » Il jeta un regard à Margot et sa voix s’éteignit.
Elle ouvrait et fermait la bouche comme si elle essayait de parler, mais aucun mot n’en sortait. Avec une grimace agacée, Margot pointa sa gorge puis Christopher du doigt.
Christopher sentit son estomac se nouer. « Merde ! Je ne t’ordonne pas de te taire. » Ses mots levèrent la contrainte imposée par son ordre involontaire, et Margot massa sa mâchoire désormais libérée.
« Pouah. Je ne me ferai jamais à ce fichu hortari. » Margot leva son verre de champagne et en avala une impressionnante lampée.
« Moi non plus. » Christopher soupira en passant rudement ses doigts dans ses cheveux. Voilà exactement pourquoi il ne voyait pas Margot et ses autres rejetons aussi souvent qu’il le voulait. Il avait perdu l’habitude de choisir ses mots avec précaution pour éviter la plus petite suggestion d’ordre. Dans la mesure où il était responsable de sa transformation en vampire, il était impossible à Margot de résister à ses ordres et Christopher détestait cette situation. Le pouvoir absolu de tout vampire sur ses rejetons, qu’on nommait hortari, était le seul aspect de sa condition pour lequel Christopher nourrissait une véritable et profonde aversion.
Voilà pourquoi tu ne peux pas transformer Alice, rappela la voix de la raison à cette partie de lui-même qui voulait encore lui courir après.
Il suivit Margot jusqu’à une porte où était inscrit « Réservé au personnel », à l’arrière de la galerie. Elle lui jeta un coup d’œil et avala cul sec le reste de son champagne.
« Je suis désolé », dit-il.
Elle balaya ses mots d’un geste de la main et entra un code sur un boîtier qui jouxtait la porte. « Fais juste gaffe aux phrases un peu trop péremptoires, tu veux bien ? » Elle posa son verre. « Je suis contente que tu aies pu venir ce soir. » La porte coulissa et les lumières s’allumèrent, révélant une pièce haute de plafond. Des objets d’art couvraient chaque centimètre de mur, jusqu’au plafond, vieux de plusieurs siècles pour la plupart : des masques du Nigéria et du Mali ; des toiles de maîtres parisiens qui n’avaient jamais percé ; des couvre-chefs amérindiens issus de cultures si anciennes que leurs noms étaient tombés dans l’oubli. L’effet était chaotique et un peu dément, mais tout de même splendide, tout à fait comme la responsable de cette décoration. Christopher n’avait jamais regretté d’avoir donné à Margot l’occasion d’être immortelle : elle avait fait bon usage de son temps.
« Dis-moi, comment vas-tu depuis la dernière fois ? » demanda-t-il.
Margot se versa une autre coupe de champagne. « Ma foi, on fait aller. Roxanne le succube est passée en ville il y a quelques semaines et nous nous sommes un peu amusées avant qu’elle ne poursuive sa route. » Margot agita la bouteille dans sa direction. « Tu en veux ?
– Non merci. Je n’ai jamais compris pourquoi tu buvais de ce truc humain. Ce n’est pas comme si cela pouvait te rendre ivre.
– J’aime les bulles. » Margot gagna le mur et inclina un magnifique nu féminin jusqu’à ce que Christopher entende un clic. « Mais tu as l’air de quelqu’un qui a bien besoin de véritable ivresse, et je dispose de quelques excellentes options là-dedans. » Un panneau s’ouvrit dans le mur, révélant un bar et un frigo à vin rempli de poches de sang.
« N’importe quel A+ sera parfait, merci. » Christopher étira ses bras dans son dos et pris place sur un des canapés bas qui occupaient le centre de la pièce.
Margot lui passa un verre en cristal rempli de sang. « Santé. » Elle but une longue gorgée de son propre verre. « Mon instinct me dit qu’il y a quelque chose entre toi et Alice. »
Christopher se redressa, manquant de peu de renverser du sang sur sa chemise déjà maculée de vin. « De quoi parles-tu ? »
Elle rit. « Toi, elle, la façon dont tu viens de sursauter à la simple mention de son nom, comme si une licorne venait de te piquer le cul. » Elle fit légèrement tourner le sang dans son verre. « Je ne me trompe pas. Elle te plaît. »
Il se renfonça dans son siège. « Elle est splendide : qu’est-ce qui pourrait ne pas me plaire ? » Christopher but une gorgée dans son propre verre. Tandis que le liquide pourpre nécessaire à sa survie coulait dans sa gorge, il fut envahi par les émotions du donneur. À chaque gorgée, gagné par le bonheur entêtant de ce dernier, Christopher se demandait avec plus d’insistance ce qu’Alice faisait en ce moment précis. Il observa son verre, puis Margot. Avec son choix de millésime, elle essayait manifestement de jouer l’entremetteuse.
« Alice a une conception du monde profondément passionnée, et un bon œil. » Margot pointa sur Christopher un doigt accusateur. « Une perception aussi fine mérite d’être préservée pour les siècles à venir. »
Il poussa un grognement. Les mots de Margot s’accordaient si précisément à ce qu’il avait ressenti en découvrant Alice.
« C’est vrai. » Christopher prit une longue lampée de sang. « Sa façon de penser, sa passion, sa gentillesse… » Il se détourna. « … son immense beauté. Ce serait un crime de laisser tout ce qu’elle est se flétrir et s’estomper. »
Margot fronça les sourcils. « Alors pourquoi hésites-tu ?
– Je n’hésite pas. » Il hésitait. « Si elle est d’accord, je la transformerai, mais…
– Mais tu as tes principes. » Margot sourit avec une expression retorse. « Tu dois sacrément la désirer pour être aussi tiraillé sur le fait de la transformer. Mon pauvre seigneur. Tu peux la sauter ou la transformer. » Margot se débarrassa de ses talons hauts avec un soupir satisfait, et s’installa à côté de lui sur le canapé.
« Tu sais pourquoi mes principes sont ce qu’ils sont. Ce serait monstrueux de coucher avec quelqu’un sur qui je posséderais un pouvoir aussi absolu. » Christopher poussa un soupir. « Je peux à peine passer du temps avec toi et mes autres rejetons, de fait. Mais tu as raison, je dois mettre mon attirance pour elle de côté. » Il hocha la tête, sûr de sa décision. « Elle sera un formidable atout pour ma lignée, pour notre famille.
– Bien. Je serai heureuse de la compter parmi nous. Tu es un bon seigneur. Même si nous sommes tristes de ne pas avoir souvent l’occasion de te voir, nous te sommes tous reconnaissants de tes efforts pour éviter de nous contraindre. »
Christopher haussa les épaules. Son frère, Rhys, avait une opinion nettement différente de la façon dont un vampire devait traiter les créatures qu’il transformait. Dans son raisonnement tordu, il était persuadé d’aider ses rejetons en leur retirant tout libre-arbitre. Comme derniers rejetons du Roi Vampire, Christopher et Rhys étaient les seuls héritiers, et leur approche antinomique des rapports que chaque vampire devait entretenir avec sa lignée rendait impossible de présenter un exemple unifié à leur peuple. Christopher avait passé des siècles à tenter de convaincre le
