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Calibres et massacre: Chroniques noirs à Thouars
Calibres et massacre: Chroniques noirs à Thouars
Calibres et massacre: Chroniques noirs à Thouars
Livre électronique263 pages2 heures

Calibres et massacre: Chroniques noirs à Thouars

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À propos de ce livre électronique

Deux intrigues secouent la ville de Thouars.

Deux intrigues secouent la ville de Thouars :
Calibres - Soudain les patrons sont exécutés ! Les licenciements cessent ! Un crime absolument parfait s’invite pour l’occasion ! La mécanique du récit, comme celle d’une arme de précision, est implacable et fait mouche.
Massacre - Pour prendre le pouvoir, l’extrême droite est prête à tout. La presse molle devient complice. Tout devient atroce. La vérité arrivera par des chemins de traverse grâce aux gens du voyage.
Nul besoin d’avoir lu le premier ouvrage Chroniques Noires à Thouars pour s’immerger dans ces aventures traversées par des anarchistes, des alcooliques, des lâches, des fachos, des salauds, de chics types. On peut se tremper tout vif dans ces pages toutes neuves qui mèneront Balthazar vers le noir désespoir. Et pourtant c’est drôle ! Quel cocktail !

Laissez-vous tenter par ce recueil de chroniques noires, et pourtant drôles... à découvrir !

EXTRAITS
Calibres - Michel Crapute était le patron d’une boîte sans syndicat, la RIGOMEX, qui fabriquait des petits ressorts. L’activité était florissante. Michel Crapute roulait en Porsche Cheyenne et avait sa carte de membre bienfaiteur au golf. Balthazar le connaissait peu, mais il l’avait croisé voici quelques jours ; et de curieuse manière. Les conditions de travail à la RIGOMEX étaient infernales, le personnel travaillait dans une poussière atroce, sans protection, car les évacuateurs étaient toujours en panne. Un intérimaire, qui n’aurait jamais dû venir là, alla se plaindre au contremaître, et fut mis dehors dans l’heure qui suivit. Et dans l’heure qui suivait il était devant Balthazar : « Faut faire un article ! c’est le Moyen Âge là-dedans ! »

Massacre -Le photographe fit la grimace, il n’avait pas grand-chose en archive : Balthazar ne venait pas aux arbres de Noël du journal, il n’était même pas venu chercher sa médaille du travail. Il y avait bien un vague cliché pour le départ en retraite de Jako Flanur, mais on le voyait au fond de la salle et il avait d’évidence déjà pas mal picolé… C’est con mais un journaliste prend cent photos par semaine et l’on n’a pas un cliché de lui. Le syndicat, sollicité, fournit finalement une photo d’identité en renâclant. Alors on fit appel au dessinateur du journal pour composer, comme une BD, les étapes balthazariennes : ses débuts dans d’obscures rédactions perdues en forêt ou abandonnées au fond des plaines, ses rancœurs, ses caprices, ses colères, sa solitude, ses ivresses, et, pour finir, une représentation fort émouvante du drame : Balthazar grimaçant au-dessus d’une fillette en sang.

À PROPOS DE L'AUTEUR

À Blois le journal local proposa à Philippe L’Excellent (alias Balthazar Forcalquier) un travail de journaliste. D’accord, beau métier ! Parthenay, Saumur, Thouars et quelques passages dans d’autres sous-préfectures ponctuent sa carrière à La Nouvelle République du Centre Ouest. Une ville est toujours une (petite) planète à explorer. Il vit à Thouars.
LangueFrançais
Date de sortie22 juin 2018
ISBN9791035301712
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    Aperçu du livre

    Calibres et massacre - Balthazar Forcalquier

    Présentation des personnages

    Sans dévoiler les ressorts passionnants des intrigues dans lesquelles la nouvelle lectrice et le nouveau lecteur vont de nouveau plonger, et pour le plaisir des autres qui se languissent de retrouver les étonnants personnages de ces histoires terribles, voici pour le plaisir et l’intérêt de l’éditeur une série de portraits.

    BALTHAZAR FORCALQUIER

    Il porte toujours un pull-over vert (c’est pour le charme de l’allitération). Il boit sec, et notamment du Duhomard (l’apéro de Thouars), mais pas que… Comme dit un gars de Sainte-Verge (commune mitoyenne de Thouars), « Balthazar a un bec à tous les grains ». Il est journaliste localier, c’est-à-dire seul en poste, c’est-à-dire indiscipliné. Il vomit les petits chefs, les patrons en général et les élus en particulier, comme les détenteurs d’un quelconque pouvoir. Bon… il y a des exceptions, lui-même n’est pas parfait. Les puissants le supportent (bien obligés), les humbles l’aiment bien (il paie volontiers sa tournée). Il est bon journaliste dans la mesure où il ne gobe pas les balivernes des notables et cherche avidement la vérité (c’est bien utile pour dénouer les affaires policières qui vont alimenter sa machine à écrire). Il n’a pas de femme, pas d’heure, pas de chien. Il lui arrive d’être triste… alors il pousse la porte du café des Arts, et la vie reprend.

    KARANTEC PLOUENDEC

    Avec un nom pareil, difficile de faire croire qu’il est papou, camerounais ou cochinchinois. Plouendec c’est du Breton, du pur, du rude. Il est dentiste à Thouars et n’a pas la main légère ! Il est l’un des rares amis de Balthazar.

    Tous les deux jouent chaque soir au tric-trac devant un verre au café des Arts. Tous les deux trichent, ce qui annule les effets et compense les scores. Karantec a une excellente cave, ce qui ne nuit jamais à l’amitié.

    Il se promène avec une chienne baptisée Gingivite qui a mauvaise haleine et n’a plus aucune dent. Parfois il aide à la résolution des énigmes, mais… c’est involontaire, c’est pareil quand il arrache une molaire et se trompe de dent (Oh ! la la ! y en a toujours pour couiner !).

    Il est de droite, ce qui en amitié est toujours une épreuve.

    Quand il s’énerve, Plouendec parle breton, ce qui, alors, donne une note d’exotisme au récit. Cela arrive plusieurs fois au cours des histoires qui vont suivre. On imagine le prodigieux travail de documentation que cela impose !

    MARTINE

    Martine est la secrétaire du Courrier de la République, le journal qui nourrit Balthazar. Il est journaliste seul en poste, loin de la hiérarchie, toujours absent (en reportage) lors des conférences de rédaction téléphoniques qui l’agacent et qu’il esquive.

    Seul, il a inventé ses propres codes. Seul, mais pas tout à fait puisque Martine veille sur lui. Elle sait tout de lui, et elle sait le consoler quand il faut avec un verre de blanc, de rouge, de rosé, de Duhomard, et les jours de grande tempête avec des alcools plus extrêmes et beaucoup plus rudes.

    Secrétaire dans une rédaction aux avant-postes est une fonction qui exige un caractère trempé autant qu’effacé. Martine sait tout sur tous et ne dit rien. Elle enregistre des petites annonces comme celle-ci, par exemple : « vends escabeaux, cause décès », qui est, avouez-le, un petit poème macabre à elle toute seule.

    Elle essuie les griefs des lecteurs mal embouchés et des élus sur les nerfs. Sans elle la rédaction serait un bateau ivre (et pas seulement au sens rimbaldien du terme). Elle maintient le cap, apaise, et n’a pas pour autant la reconnaissance des autres, sauf celle de Balthazar qui lui voue un culte d’autant plus admiratif que Martine ne boit jamais rien d’autre qu’un café allégé.

    On ne sait rien de la vie privée de Martine qui embauche à l’heure et débauche bien souvent après l’heure, son bureau bien rangé.

    Martine est parfaite !

    LEGRANDU

    C’est le type du bon flic (il en existe, la preuve). Humble, attentif aux autres, compréhensif, sérieux, pugnace, il aime son métier et le pratique admirablement ; ce qui ne va pas de soi dans un commissariat.

    Les commissariats sont comme ces plages après la tempête : sales, pleines de détritus et de souvenirs douloureux, malodorantes… Legrandu n’a pas de femme, pas de loisir, il a un chien. À peine de quoi remplir une vie.

    LOUIS GRANDCLERC

    Voilà un homme délicieux, cultivé. Il vit en robe de chambre et en pantoufles. Il n’aime pas l’autorité en général et les flics en particulier. Ancien résistant, membre d’une filière qui protégeait les juifs pendant la guerre, il a été arrêté par les policiers de sa ville. Il est l’ami de Balthazar. C’est une âme noble.

    MOUSTACHE

    Anarchiste et sapeur-pompier : pas facile à concilier. Un pompier doit-il saluer le drapeau dans la cour de la caserne ? Doit-il rendre les honneurs aux badernes ? Doit-il fermer toujours sa gueule ?

    Aux deux premières questions Moustache a répondu « NON ». À la troisième, il réplique : « … Ça dépend ! »

    Il confie à l’occasion quelques secrets à Balthazar, et si cela peut tracasser les puissants, tant mieux. Mais il ne franchit jamais la limite sacrée de la vie privée. C’est vraiment un type bien.

    Moustache est un grand professionnel, mais il n’a pas fait carrière. Il a les épaules mais aucun goût pour les épaulettes.

    Quand ça pète, il est toujours devant, dans les manifs aussi, forcément.

    DUHOMARD

    C’est l’apéritif de Thouars. Dans cette ville tout le monde en boit. Thouars n’a pas de drapeau mais il a un apéro. C’est mieux : un drapeau on le brandit, un apéro on le partage !

    Calibres

    1

    « L’action directe est la seule et véritable arme sociale du prolétariat. »

    Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure

    Le dernier jeudi d’avril, alors que le fond de l’air mord encore un peu les joues couperosées des alcooliques las dans les estaminets mornes et peu chauffés – car il n’est pire solitude que celle du vin rugueux –, la cérémonie pourtant a du sens. On célèbre la libération des camps de concentration. Devant le monument aux morts, les élus bâillent d’ordinaire, sauf en période électorale. Les drapeaux claquent, les discours débitent des banalités alors qu’il y aurait tant à dire sur l’honneur, la fureur, la grandeur et l’ignominie. Pas un enfant, pas un adolescent ne vient. Hélas ! Voilà une belle occasion manquée de leur apprendre que l’homme est sans pitié, mais qu’il peut être aussi d’une absolue noblesse, il faut juste choisir la route la moins aisée. Peut-il y avoir plus belle leçon de vie ? Balthazar en était là de ses réflexions quand il remarqua, très en arrière des officiels, une longue jeune femme.

    Elle s’était volontairement mise à l’écart. Balthazar s’était déplacé pour photographier, en bon journaliste sans imagination, la remise des gerbes et avait constaté son émotion alors que s’achevait la belle chanson des partisans. Elle était plutôt belle, ou plutôt avait un charme singulier. Dans sa narine droite un anneau d’argent miroitait au soleil timide, une demi-tonsure dégageait l’ourlet fin de son oreille. Le temps que le maire annonce « et maintenant la municipalité offre un vin d’honneur », elle avait disparu derrière les buis taillés au cordeau. Balthazar aurait bien aimé l’aborder, et entamer la conversation, sa présence ici était insolite et il y aurait peut-être eu matière à un article un peu original. Le journaliste aperçut au loin déjà sa svelte silhouette, elle était accompagnée d’un gros chien blanc qui avait dû l’attendre au bout du jardin taillé « en mesquine pelouse », comme disait Arthur Rimbaud.

    « Bof… », pensa Balthazar, enchaînant immédiatement une autre pensée fulgurante : « J’espère qu’il y aura du vin blanc de Nicolas Reau au vin d’honneur, ou bien du Bruno Dubois. » Non, il y avait un immonde cocktail : rosé-pamplemousse. Tant pis, il en but plusieurs en écoutant d’une oreille distraite le maire raconter comment il comptait organiser le prochain comice agricole : « Et cette fois, tenez-vous bien ! nous aurons les majorettes de Saint-Varent ! Vous pouvez l’écrire dans votre journal, Balthazar. C’est un scoop, c’est cadeau ! »

    « Pfuii », soupira Balthazar en ajoutant « glouglou » et en enchaînant un gros soupir : « hum ». Heureusement, demain c’était vendredi. Et le vendredi à Thouars, c’est jour de marché. Et le jour de marché les tournées tournent d’un zinc à l’autre. C’était le jour préféré de Balthazar.

    2

    Résumé : Au prochain comice agricole le maire de Thouars annonce la venue des majorettes de Saint-Varent. Vous n’en avez rien à faire : c’est normal ! Peut-être préférez-vous celles d’Argenton-les-Vallées ?

    Vendredi à Thouars. Jour de marché. Toute la place Lavault est pleine de rumeurs et d’odeurs. C’est beau comme un souk, les Arabes en moins. Il y a bien quelques Sénégalais qui vendent des ceintures et des drapeaux jamaïcains mais cette note de couleur reste diffuse. Balthazar a des potes chez eux : Mamadou, notamment. Mamadou est un Peul du Mali, échoué là comme tant d’autres. Parce que la tradition chez eux est que les jeunes gens aillent découvrir le monde, Mamadou est parti à 17 ans, ravi, certain de son fait. Il est arrivé au paradis, sauf que le paradis a une sale gueule. Endetté jusqu’au cou, il doit travailler pour d’opulents commerçants ivoiriens, et tenter de vendre aux paysans et retraités du coin des colifichets et des montres avec des ressorts en élastique. À ce rythme il aura remboursé sa dette dans 132 ans, 8 mois et 12 jours. C’est ce qu’il dit à Balthazar en riant comme un gosse.

    Balthazar n’est pas meilleur que les autres mais il a une tendresse pour les victimes. Alors il vient proposer, toujours, d’aller boire un café avec Mamadou, qui dit oui. Mamadou boit parfois, les jours de vilain hiver, un petit calva. Musulman comme il faut, soufi certainement, comme tous les Peuls.

    Mamadou rêve de rentrer au pays, d’épouser au moins une femme, et de faire du commerce : « Mon truc ce serait de réparer les vélos. On peut se faire une fortune à Bamako dans ce bizness. »

    En attendant, il dort à Poitiers dans une chambre occupée par six compagnons d’infortune. Voilà tout.

    Alors que tous deux se dirigeaient vers le Sablais, le bistro en Formica qui borde la place, Balthazar entendit un claquement sec, et là, devant lui, un homme plia les genoux. Il avait du sang sur le visage.

    3

    Résumé : De Thouars on a poussé jusqu’au Mali, mais sans passer par la case « Club Med ».

    Le type qui venait de mourir, là juste devant les yeux de Mamadou et de Balthazar, s’était étalé dans un cageot de courgettes. Le sang frais qui coulait de sa tempe sur les légumes d’un beau vert donnait une note printanière à l’étal un peu défraîchi du maraîcher.

    Mamadou devint gris, ce qui, chez les Noirs, est un signe d’extrême émotion.

    « J’veux pas d’embrouille avec les flics, mes papiers ne sont pas en règle, je jarte, le café ce sera pour un autre jour, ami toubab. » Il s’esquiva avec cette grâce qu’ont les gens doués pour la danse. Il ressemblait alors à ces voleurs nocturnes qui s’enduisent d’huile pour échapper à la main de ceux qui les traquent. Mamadou était alors plus beau que d’ordinaire. Mais Balthazar n’eut pas le

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