Nouvelles d'hier et avant-hier: Nouvelles
Par Guy Morselli
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À propos de ce livre électronique
Ensemble de nouvelles « inspirées d'aventures » plus ou moins vécues et racontées par les uns ou les autres, d'autres vécues par moi…
Au plus proche de la réalité et de ses aléas quotidiens !
EXTRAIT
Nous sommes torses nus sous nos blouses ; en cette nuit d’été lourde, orageuse, des nuages passent devant l’imposte ouverte au-dessus d’une fenêtre, ils sont gris, presque noirs et transportent des charges d’électricité que nous ressentons.
À chaque fois que nous le pouvons, nous allons nous rafraîchir en passant notre tête sous le robinet de la baignoire qui n’en finit pas de couler et distribuer son eau que nous ressentons comme glacée... ça nous sort de notre torpeur pour un temps...
Un grand fracas..., puis une lueur immense éclaire le ciel... l’orage enfin ! l’atmosphère va devenir plus respirable, les malades se retournent dans leur sommeil en grande partie « artificialisé ». Ils se foutent éperdument de ce qui se passe ; un autre éclair, un autre fracas... c’est ce que l’on appelle un orage sec ; en effet, pas une goutte de pluie, rien qui laisse augurer une amélioration de la situation.
Ces éclairs, ces coups de tonnerre ne sont, en fait, que les détonations du feu d’artifice...
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né en 1935 à Auxerre (Yonne) j'ai, bien que je ne m'en plaigne pas, eu une vie en « lame de scie », tantôt élevé par une tante institutrice, puis par des nourrices, vécu dans des cités que l'on appelle aujourd'hui « de transition »...
Certificat d'études, manœuvre : imprimerie sur métaux, emballeur, tourneur, fraiseur, infirmier, laveur de carreaux, etc.
« Domaine artistique » : guitariste, accordéoniste, chanteur, auteur-compositeur (membre de la S.A.C.E.M.)
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Nouvelles d'hier et avant-hier - Guy Morselli
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À Daniel Daniel
La traction
Ce soir-là, Germain nous présenta Isabelle ; elle était ce qu’on peut dire racée, trapue, respirant la force.
Isabelle était une traction avant dernier cri, sortant des usines Citroën ; elle rutilait sous la lune en ce soir de mois d’août.
C’était la digne fille de celle qu’avait créée, dans les années Mille Neuf Cent Trente-Trois l’usine qui, faisant peau neuve, améliorait la production automobile française tout en la vendant moins cher, en association avec le constructeur Lefebvre.
Germain nous raconte que la traction fut le symbole de la République durant les changements de Présidents, de Ministres sous Vincent Auriol, René Cotty.
La « 15 » traversait la France « tous azimuts » que les chauffeurs soient de députés, de ministres, de la gendarmerie, de l’armée…
Puis se démocratisant, les « gros » patrons et les autres, ceux qui ne voulaient pas être en reste et enfin, presque tout un chacun eut sa onze ou sa quinze… légère ou pas...
Pour arroser l’événement, Jean, le fermier voisin, nous offre un pot dans sa cave ; pas mauvais du tout ce petit vin de pays...
D’une transparence de cristal, d’un bouquet savoureux, il se laisse boire si vite que l’on est obligé d’en redemander pour être à égalité volumétrique dans les verres !
Et chacun de parler de sa voiture, de sa moto, de son vélo ou de son cheval... et l’on s’échauffe, on s’en raconte une et puis une autre et v’là qu’y s’fait dix heures... du soir...
On ne saurait partir d’une cave sans boire le coup de l’étrier... un de ces ratafias dont vous me donnerez des nouvelles les gars !
Jean-Pierre nous raconte sa journée d’hier ; après la pluie de la nuit, il se décide, vers les six heures du matin, pour partir à la chasse aux escargots avec deux copains...
Faut croire qu’il n’avait pas les yeux en face des trous : il en a cueilli dix-neuf alors que les deux autres, Jean et Germain, en ont rapporté chacun un bon cent...
Alors, de lui donner des conseils : — à l’avenir, apporte une pincée de sel que tu leur glisses sous la queue, c’est in-fa-il-li-ble...
Ou bien encore, tu parsème du poivre moulu fin sur les lieux présumés de leurs concentrations et tu t’arranges pour qu’il y ait des cailloux... l’escargot renifle, éternue et s’assomme sur un caillou ; t’as plus qu’à ramasser !
Il y a une autre méthode, tout aussi efficace, à l’espagnole : tu emportes avec toi un chiffon vert ; oui, pour l’escargot, c’est vert.
Tu sais que l’escargot, c’est aussi une bête à cornes, alors, comme le toréador, tu présentes ta cape, tu frappes du pied et holà !
Oui… L’escargot, c’est « holah » qu’est-ce que tu veux que je te dise ?...
Le bruit que tu fais en tapant le sol, ça l’excite, il te fonce dessus et hop ! Tu l’attrapes !
On se décide à remonter... enfin... à essayer... de remonter parce que la cave commence à dansouiller un tantinet et ça, c’est pas forcément bon signe...
La porte, basse, fait sa première victime : le plus solide d’entre nous se heurte au chambranle avec le sommet de la tête et émet un de ces jurons à faire pâlir un régiment de corps de garde tandis que, pliés nous nous fendons la g.…, nous rions à fendre l’âme !
Tandis que je ris, me retenant à la rambarde et de pisser dans ma culotte, je me demande bien comment je vais, pour ce qui me concerne « moi-même, personnellement », m’en sortir sans trop de dommages...
Plus j’approche de l’escalier, plus celui-ci se sauve devant moi et plus je me baisse pour éviter le sommet de la porte.
Tant et si bien que rendu au sommet, je suis relativement... à quatre pattes !
Je balance un de ces coups de pied dans la première marche et, évidemment, perdant tout contrôle, je me redresse me prenant le pied à deux mains et « vrahoummm ! », le haut de la porte se précipite sur moi et me fait voir trente-six (ou sept) chandelles de toutes les couleurs...
C’est vrai que c’est beau ; mais qu’est-ce que ça fait mal !
Enfin, je reprends ce qui me reste d’équilibre et, méfiant au maximum, entreprends l’escalade la plus longue de mon existence.
Arrivé au sommet, je peux, satisfait, admirer l’ascension de Jean-Pierre ; son pied se pose sur l’extrême bord de la marche et, au moment où le second essaie d’accéder à la marche suivante, le précédent glisse jusqu’à la marche inférieure et cela se renouvelle à chaque essai.
Il s’ensuit une dégringolade digne des grands classiques du Septième Art sauf que là, c’est pas du cinéma !
— Ah, merde alors !... Jean-Pierre vient, tout bonnement, de se cogner le menton sur une marche et moi, ironique :
— Eh ben dis donc, c’est c’qui s’appelle être sur les dents !
Durant ce temps, Jean a rincé les verres, rangé son tuyau de caoutchouc qui lui sert de siphon pour servir à boire, tout en admirant notre style d’escaladeurs, tandis que Germain libère sa vessie sur ses godasses tellement il rigole...
Arrivés à l’air libre, nous imitons Germain et ne manquons pas, non plus, de l’imiter au niveau de l’arrosage des godillots... il y a des heures où l’on vise moins bien qu’à d’autres...
— Bon, ben maintenant c’est pas tout ça, faudrait p’t’êt’ ben qu’on l’essaie c’te bagnole hein ?
C’est Jean, qui tient bien la dose (la vache !), qui nous lance le défi, un petit sourire en coin...
Faut