Thé ou café? Il est 10 heures du matin et, n’ayant « rien d’autre à boire », François-Henri Désérable débouche une bouteille de champagne. « Ce serait bien qu’on soit saouls à la fin de l’entretien », sourit-il en nous servant un premier verre dans le salon lumineux de son appartement sis dans une rue escarpée du 18e arrondissement de Paris, à deux pas du Sacré-Coeur. « J’habite au quatrième étage sans ascenseur, cela vous permettra de vous remettre au sport », nous avait prévenus l’ancien hockeyeur professionnel qui pratique désormais l’escalade trois fois par semaine. À peine sommes-nous assis qu’il nous braque avec un revolver du xixe siècle (le même modèle que celui avec lequel Verlaine avait tiré sur Rimbaud en 1873). Ainsi va la vie avec Désérable: virevoltante. Il a de la chance que la rédaction de Lire Magazine littéraire ne lui ait pas envoyé un pigiste ayant des problèmes cardiaques…
Depuis ses débuts remarqués en 2013 avec Désérable divise. Son allure de Lucien de Rubempré moderne séduit ou agace. Force est de reconnaître son talent, qui mêle un goût pour le jeu hérité de Romain Gary et un style néoclassique forgé en lisant Pierre Michon. À 36 ans, il a déjà été salué par l’Académie française, qui lui a remis en 2021 son grand prix du roman pour Dans sa génération, seul Miguel Bonnefoy a son bagout. L’humour dont il fait preuve dans la vie, on le retrouve dans certaines pages de livre néanmoins sobre en raison du sujet: Désérable y raconte un voyage en Iran, auprès d’une jeunesse muselée par le régime.