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Frères ennemis, frères de sang, frères de lait: Les fratries dans l'histoire
Frères ennemis, frères de sang, frères de lait: Les fratries dans l'histoire
Frères ennemis, frères de sang, frères de lait: Les fratries dans l'histoire
Livre électronique335 pages3 heures

Frères ennemis, frères de sang, frères de lait: Les fratries dans l'histoire

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À propos de ce livre électronique

Les frères les plus célèbres de l'Histoire et leur influence sur leur époque.

Depuis les temps les plus reculés, les relations entre frères sont la source de nombre d’évènements historiques : règlements de comptes, alliances, trahisons, réconciliations… ont changé le cours de l’Histoire.
Plongez dans la vie des grandes fratries de l’Histoire, dans leurs déboires, leurs conquêtes et leurs défaites, leurs fusions et leurs déchirements. Découvrez…
• l’importance des frères Colomb dans la découverte des Amériques.
• les frères médecins de Gustave Flaubert et de Marcel Proust.
• la manière dont Roy et Walt Disney ont créé un véritable empire, entre business et magie.
• les guerres mythologiques que se livrèrent Étéocle et Polynice tout comme l’amour qui unit Castor et Pollux.
• Théo et Vincent Van Gogh et leur relation fusionnelle malgré la distance.
• les relations qu’ont entretenues Ferdinand Ier et Charles Quint, Louis XIV et Philippe d’Orléans…
• et bien d’autres histoires de frères !

Plongez dans la vie des grandes fratries de l’Histoire, dans leurs déboires, leurs conquêtes et leurs défaites, leurs fusions et leurs déchirements.

EXTRAIT

Lorsqu’on aborde un sujet, il est toujours intéressant de s’intéresser à sa définition et à son étymologie. Quand on ouvre le Larousse, on peut y lire, à l’occurrence « frère » : Personne de sexe masculin née du même père et de la même mère qu’une autre personne. Très vite, on remarque aussi que ce sens a été utilisé plus largement pour décrire des liens d’affinités fortes, et ce même sans liens du sang, avec cette variante qui colle aussi le mot « frère » à celui qui ne partage qu’un seul parent avec un même individu.
Le nom « frère » découle du mot indo-européen brehter qui va engendrer le latin frater.
Ce frater va évoluer dans la langue française sous le vocable « frère » qui offrira le mot « fratrie », mais dans sa conception grecque, le mot phratrie va d’abord concerner une communauté, un ensemble non genré, réuni autour d’un but commun, sens qui sera conservé ultérieurement. Ce n’est que plus tard que le mot sera utilisé pour désigner les hommes ayant partagé l’utérus de leur mère avec d’autres, qu’il s’agisse d’ailleurs d’hommes ou de femmes.
Le rassemblement de frères, réunis autour d’une cause ou d’un but commun va s’appeler une confrérie, et ce jusqu’à nos jours où, par exemple, fraternity, fraternité en anglais, va désigner une société étudiante aux États-Unis et les membres les plus délurés de ces associations, les frat boys qui vivent dans les frat houses. Ces sociétés font d’ailleurs pleinement partie de la culture américaine, et chaque jeune américain fréquentant l’université est fier quand il appartient à l’une ou l’autre de ces confréries académiques.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie Cappart est historienne, généalogiste de profession. Elle donne des conférences et des cours de généalogie. Elle est également consultante pour différents médias (RTBF pour le centenaire 14-18, BBC Wales...).
LangueFrançais
ÉditeurJourdan
Date de sortie17 déc. 2018
ISBN9782390093299
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    Aperçu du livre

    Frères ennemis, frères de sang, frères de lait - Marie Cappart

    eu…

    Introduction

    Qui n’a jamais rêvé d’une personne qui soit à ses côtés, tour à tour compagnon de jeu, confident, complice, gardien de secrets, soutien indéfectible et ami tout au long de la vie ? Pour briser la solitude dans laquelle nous naissons et mourrons tous et pour pouvoir trouver une oreille à qui confier nos tracas quotidiens ou demander de l’aide en cas de coup dur… Un frère remplit souvent, pas toujours, ces conditions d’amour, de soutien et de solidarité et est la figure idéale quand on se représente une présence inconditionnelle et amicale.

    L’image d’Épinal de la fratrie nous renvoie à des enfants mâles jouant entre eux, à des adolescents complices de leurs bêtises et à des adultes soudés dans l’épreuve de la perte de leurs parents, pouvant compter l’un sur l’autre, se faisant des taquineries, mais n’hésitant pas non plus à voler au secours d’un membre de la fratrie si celui-ci était en danger.

    Mais ce rêve est peut-être quelque chose de fantasmé ? Le psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis, auteur de Frère du précédent¹, se désillusionne complètement de l’idéal de fratrie, au mieux parle-t-il de possibilité de fraternité. Il pense, à l’instar de Gustave Flaubert, que les relations entre frères sont le summum de l’hypocrisie sociale. Et il est vrai que la palette des relations peut aller de l’effusion de sentiments à la détestation la plus cordiale en passant par des rivalités, des oppositions profondes, voire des actes criminels qui peuvent survenir entre frères. Les nuances sont importantes quand il s’agit d’évoquer les relations de fratrie, et Pontalis dit encore, en s’adressant à ce frère qu’il aimait mais détestait tout à la fois : Invoquer l’ambivalence des sentiments, cet alliage si résistant de l’amour et de la haine me parait une réponse trop facile, passe-partout : quelle relation forte – amours, amitié – ne peut être taxée d’ambivalente ?Je veux aller au-delà

    Les relations entre frères ont une place essentielle dans la vie d’un homme, car le lien fraternel constitue l’un des trois grands liens (lien conjugal, lien parental) qui structurent la famille. Il joue un rôle considérable dans la vie intrapsychique, affective et sociale du sujet. La haine, la compétition, la passion, la jalousie et l’amour se mettent en jeu dans la relation fraternelle.³

    Ces relations à la fois si précieuses et si intimes peuvent également devenir difficiles à étudier tant elles sont parfois préservées de l’œil public. Il existe bien des analyses générales des relations entre frères, introspections psychanalytiques et études de cas cliniques, mais c’est un euphémisme de dire que les sources qui concernent les « frères de » son bien moins importantes que celles de leurs célèbres frangins. Les auteurs et biographes se contentent souvent d’un « frère de » qui renvoie ledit frère à rester dans l’ombre, même dans la postérité.

    Il a donc fallu recouper des sources, aller rechercher dans l’anonymat ces frères inconnus qui n’en ont pas moins eu une vie exceptionnelle et des exploits personnels. Les reconnaître dans leur différence également, mais aussi en tant que frères : Dans le lien de fraternité, se tissent l’identique et le différent, se construisent la découverte de l’origine et l’expérience de l’altérité, qui participent, pour chacun, à l’élaboration de sa subjectivité singulière.

    Le sujet n’est pas facile à délimiter, Jean-Bertrand Pontalis, dans Frère du précédent, avait lui aussi commencé à établir la liste des frères célèbres dont il aurait aimé aborder la vie et a vite renoncé à une étude exhaustive du sujet, se bornant à évoquer de manière large les destins de certains, tout en plongeant plus en profondeur dans la nature de la relation conflictuelle avec son propre frère.

    Il a donc fallu faire un choix : il ne saurait être question de liste exhaustive, les frères sont bien trop nombreux, l’Histoire regorge de fratries tout aussi avides de pouvoir les unes que les autres et prêtes à tout pour y arriver.

    La plupart des frères choisis ont en commun d’être moins connus que le membre de la famille qui a gravé son nom dans l’Histoire. Or, ils ont aussi une histoire, émouvante, belle, héroïque ou dangereuse. Certains ont risqué leur vie pour prouver l’attachement à leur frère, d’autres s’en sont complètement détachés pour pouvoir mener une existence propre, loin de ce lien non désiré et parfois étouffant. C’est donc également un moyen de mettre ces histoires, ces « frères de » en lumière : de leur accorder enfin toute l’attention qu’ils méritent quand les projecteurs sont dirigés sur une autre personne de la famille.

    Avoir un frère est un lien fort. Du moins, je ne peux que me l’imaginer, étant enfant unique, mais j’ai longtemps rêvé d’un grand frère qui me protégerait et partagerait peines et joies avec moi, trouvant des figures fraternelles chez mes cousins, dans la littérature ou à travers des personnages historiques. Permettez que ce livre soit en quelque sorte mon frère de papier.


    1.

    Pontalis

    J.-B., Frère du précédent, Paris, Gallimard, 2006.

    2. Ibid.

    3.

    Tsoukatou

    A., « Lien fraternel, de la psychanalyse aux mythes et aux systèmes » dans Thérapie Familiale, Revue Internationale en approche systémique, Vol. 26, no 1, 2005.

    4. Granjon E., « Etéocle et Polynice, frères ennemis », dans Le Divan Familial, Les liens fraternels, Vol. 10, no 1, 2003.

    Partie I -

    Relations fraternelles,

    relations entre frères

    Frères de nom

    Lorsqu’on aborde un sujet, il est toujours intéressant de s’intéresser à sa définition et à son étymologie. Quand on ouvre le Larousse, on peut y lire, à l’occurrence « frère » : Personne de sexe masculin née du même père et de la même mère qu’une autre personne. Très vite, on remarque aussi que ce sens a été utilisé plus largement pour décrire des liens d’affinités fortes, et ce même sans liens du sang, avec cette variante qui colle aussi le mot « frère » à celui qui ne partage qu’un seul parent avec un même individu.

    Le nom « frère » découle du mot indo-européen brehter qui va engendrer le latin frater.

    Ce frater va évoluer dans la langue française sous le vocable « frère » qui offrira le mot « fratrie », mais dans sa conception grecque, le mot phratrie va d’abord concerner une communauté, un ensemble non genré, réuni autour d’un but commun, sens qui sera conservé ultérieurement. Ce n’est que plus tard que le mot sera utilisé pour désigner les hommes ayant partagé l’utérus de leur mère avec d’autres, qu’il s’agisse d’ailleurs d’hommes ou de femmes.

    Le rassemblement de frères, réunis autour d’une cause ou d’un but commun va s’appeler une confrérie, et ce jusqu’à nos jours où, par exemple, fraternity, fraternité en anglais, va désigner une société étudiante aux États-Unis et les membres les plus délurés de ces associations, les frat boys qui vivent dans les frat houses. Ces sociétés font d’ailleurs pleinement partie de la culture américaine, et chaque jeune américain fréquentant l’université est fier quand il appartient à l’une ou l’autre de ces confréries académiques.

    Les autres langues du monde vont également saluer les différentes manières d’évoquer les frères à travers le globe : les langues germaniques, puisant également dans les sources indo-européennes vont donner naissance à brother en anglais, Bruder en Allemand ou encore broeder en néerlandais et se décliner dans tous les pays scandinaves et de l’Est. En Tchéquie notamment où l’on retrouvera le mot Bratr pour désigner un frère.

    Plus éloigné géographiquement de nous, frère va se dire bhrātar en sanscrit. Akh va être le mot arabe à décliner pour désigner un frère de sang, tandis qu’en japonais, la langue va offrir des idiomes différents selon que l’on veuille désigner l’aîné ou le cadet, ce qui induit également un niveau de respect différent. En mandarin, il existera également des signes différents pour ces différentes places. Le mot désignant le frère cadet sera utilisé comme mot populaire pour désigner les parties génitales mâles, ce qui est également le cas dans notre bonne vieille langue française.

    Les proverbes ne sont pas avares en référence à une fratrie : ils se rapportent en général aux liens forts qui unissent des frères biologiques ou des frères de cœur et les sentiments forts que ces liens peuvent inspirer. Ces allusions aux frères et aux relations de fratries traversent les pays et les siècles : Un frère par le cœur est plus proche qu’un frère par le sang, dit un proverbe arabe tandis qu’un dicton danois du XVIIIe siècle écrit que le dos d’un homme qui a perdu son frère est découvert.

    Depuis la nuit des temps, ces proverbes servent à synthétiser cette relation universelle qui ne souffre aucune contestation même si, de par la nature humaine, elle possède sa part de violence et de déchirement.

    Comme dans énormément d’évolutions sociétales, l’introduction du terme « frère » va trouver son origine dans les communautés religieuses catholiques, congrégations religieuses et autres organisations liées à l’institution religieuse chrétienne, dans lesquelles les termes « frères convers », « frères lais », « frères servants » lient le membre de la communauté à une tâche bien particulière.

    Mais l’appellation de « frères » n’est pas l’apanage de la religion catholique. Des organisations liées à d’autres religions vont également utiliser ce terme de « frère » pour souligner l’union entre leurs membres et le soutien que chacun est en droit d’attendre et d’apporter aux autres membres de la confrérie. En Islam également, les membres vont se nommer « frère » entre eux, jusqu’à utiliser cette notion de fratrie pour désigner amicalement quelqu’un qui leur est cher.

    Il en est ainsi également du groupe religieux musulman se nommant les frères musulmans.

    Les sociétés discrètes qui font florès au XVIIe siècle vont, elles aussi, utiliser l’allégorie de la fratrie pour se reconnaître et s’assister, et désigner leurs membres sous le nom de « frères » : frère franc-maçon, frère Rose-Croix…

    Les siècles avançant, c’est par rapport aux conflits que font se greffer des appellations comme « bons frères », « frères d’armes », « faux frères », pour distinguer les alliés des ennemis. La dramaturgie des temps modernes utilisant cette rhétorique à l’envi. Les deux guerres mondiales reprendront l’image et le vocabulaire associés à la fraternité pour désigner les soldats et, à travers cela, se distinguer des troupes ennemies... qui font évidemment de même !

    Dans nos sociétés contemporaines, le terme de « frère » va se retrouver plutôt dans le domaine associatif, et certaines associations caritatives vont également reprendre cette idée de fraternité. C’est le cas, notamment, de Frères des Hommes, Frères de nos Frères, mais rien de surprenant à cela puisque la plupart de ces organismes caritatifs trouvent leurs origines dans le monde judéo-chrétien et en reprennent donc naturellement les codes et le vocabulaire. Le scoutisme de Baden-Powell va s’approprier l’histoire du Livre de la Jungle et les « frères loups » et autres « frères gris » qui en découlent.

    Dans la culture, qui se fera avide d’histoires de fratries, et plus particulièrement dans la littérature et la musique, le théâtre et plus tard le cinéma et la télévision, les frères seront constamment une source d’inspiration pour les auteurs... quand ceux-ci ne sont pas frères eux-mêmes.

    La place d’un frère dans la fratrie peut également avoir son importance. L’aîné est le premier fils, l’héritier, celui sur qui tous les espoirs reposent. Les suivants permettront à ce fils unique de s’adjoindre une fratrie, mais ils auront souvent le mauvais rôle: celui de remplaçants en cas de décès, de second couteau ou, au mieux, de camarades de jeux et de galères, alors que les aînés seront montrés en modèle. Ils auront le rôle de ceux qui vont non seulement ouvrir la voie à leurs frères, mais également récolter en premier les fruits du patrimoine parental.

    En Corse ou en Italie, le frère aîné va devenir le chef de lignée⁵ tandis que les cadets ou les benjamins vont plutôt endosser des rôles de suiveurs. Une étude scientifique fait état du privilège que représente le fait d’être un aîné : augmentation de l’attention des parents, meilleures études et, de ce fait, une place sociale plus enviable que celle des cadets.

    Le nombre de membres dans une fratrie peut également être un révélateur assez fort de la personnalité de ses membres. Au plus la fratrie est nombreuse, au plus l’écart éducationnel et sociologique entre les frères et sœurs sera grand. Et le nombre de frères peut parfois servir ou desservir une fratrie dans sa globalité : n’avoir qu’un frère va engendrer des sentiments fusionnels ou d’immense rejet. En avoir plusieurs va multiplier d’autant plus les possibilités de relations.

    Bien entendu, à tout résultat scientifique global, il est des exceptions et bien de fratries ne se retrouveront pas dans ce parcours. Comme pour chaque famille, chaque histoire de fratrie est différente. Il en va de même pour la bonne intelligence avec laquelle certains frères semblent s’entendre là où d’autres frères se déchirent perpétuellement et ne se pardonneront jamais des actes ou des paroles remontant parfois à la plus tendre enfance.

    La différence d’âge dans une fratrie peut également avoir son importance. Des frères très éloignés en âge peuvent avoir une relation plus proche de la relation père-fils que de la relation habituelle entre frères.

    Un frère peut déjà avoir quitté la maison quand un cadet marche à peine, les frères peuvent alors se voir à une fréquence moindre. A contrario, des frères, rapprochés en âge, peuvent avoir partagé joies et peines de l’enfance et développer une certaine fusion proche de la gémellité, au point de ne rien pouvoir faire l’un sans l’autre.

    Mais qui dit frères… dit parfois sœurs ! Elles sont nombreuses à avoir souffert d’un grand frère moqueur, d’un petit frère chapardeur ou fardeau lors des premières sorties avec les amis. Et elles sont tout aussi nombreuses à les aimer, ces frères avec lesquels elles ont grandi, qu’elles ont parfois même aidé à élever, mais l’amplitude des relations entre frères et sœurs et des histoires, petites ou grandes, qui y sont liées mériterait un livre en soi. Nous avons donc volontairement omis de parler des relations frère-sœur, mais c’est peut-être pour mieux y revenir plus tard.

    Ce tableau général esquissé, plongeons dans le monde extraordinaire des frères !


    5.

    Desplanques

    G., « La chance d’être aîné », dans Économie et statistique, La concentration du patrimoine / Chômage et sous-emploi dans les DOM / L’équipement des communes, no137, octobre 1981, pp. 53-56.

    Précieux jumeaux 

    La venue de jumeaux est parfois considérée comme un signe divin et une manifestation de la dualité cosmogonique (soleil/lune, bien/mal, chance/malheur). C’est le cas dans la mythologie grecque et romaine qui utilise amplement le thème des jumeaux pour symboliser également les oppositions entre bien et mal ou, au contraire, la force soudée face à l’adversité, comme dans la légende de Romulus et Remus.

    Au Bénin, ils sont considérés comme un signe de chance et de bienfait. Des cérémonies spécifiques entourent leur venue et leur éducation dans la société béninoise. Au Tchad, ils sont à la fois vénérés et craints⁶, représentants de la dualité et de l’opposition entre le bien et le mal. En Iran, également, les figures des jumeaux Ahriman et Ohrmazd, personnages de la culture perse zoroastrienne, symbolisent cet antagonisme entre le bien et le mal et la lutte entre ces valeurs qui caractérisent toute société depuis les débuts de l’humanité. Fils de Zurvan, leur mythe raconte leur perpétuelle compétition pour le pouvoir, Ohrmazd combattant sans relâche les valeurs négatives de son frère.

    Au Moyen Âge, les jumeaux seront considérés comme une étrangeté de la nature, quand ce n’est pas une intervention maléfique. On pensait également que leur gémellité était due à une double paternité et que la mère était forcément coupable de cet état de fait. Les jumeaux font partie des étrangetés, des mirabilis que l’on a du mal à concevoir, et, en tout état de cause, à intégrer dans un système de pensée. Peut-être faut-il pour mener à bien cette analyse, et devant la leçon déroutante que l’on est contraint de tirer de ce qui précède, s’interroger sur d’autres jumeaux exemplaires, jumeaux mythiques par excellence : les saints jumeaux d’une part, les Gémeaux de l’autre. Signalons, pour mémoire, et sans qu’il soit possible de se pencher ici sur son histoire, saint Donatien, dont les aînés étaient des septuplés, et qui naquit quant à lui d’une portée de nonuplés. C’est hélas ! le seul saint de sa famille.

    Si les XVIIIe et XIXe siècles vont voir la gémellité disséquée comme phénomène biologique avec force planches de détail, le docteur Apert débordant un peu sur le XXe siècle va déclarer, entre autres, que les jumeaux naissent en général petits et débiles. Le XXe siècle va voir la considération envers les jumeaux translater d’objets d’étude ou d’analyse, à raison de s’amuser et cause de sympathie. Plutôt que de se pencher sur les différences entre les jumeaux et les non-jumeaux, ce sont les différences entre jumeaux (ou triplés, quadruplés, etc.) qui vont alimenter les conversations et médias. On va mettre les jumeaux en avant dans la publicité, notamment celle pour la chicorée Leroux. Savourer les produits en double, voilà qui ne pouvait que plaire aux annonceurs.

    Au XXe siècle, des conventions de jumeaux vont s’organiser, à Pleucadeuc en Bretagne, notamment, où des milliers de jumeaux venus de toute l’Europe se rassemblent chaque année, mais également à... Twinsburg dans l’Ohio au niveau mondial ou encore au Liban. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, ces rassemblements vont avoir une publicité sans précédent. Les nouveaux moyens de communication permettent, en effet, aux jumeaux, et autres triplés, quadruplés, etc. de communiquer entre eux, et aux parents, d’échanger sur l’éducation et les trucs et astuces bien utiles pour ce genre de fratrie !

    Qui dit amusement dit loisirs et qui dit loisirs dit cinéma : dans l’industrie cinématographique, le thème des jumeaux est également

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