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L'étrange plongée d'étranger: Essai
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L'étrange plongée d'étranger: Essai
Livre électronique359 pages5 heures

L'étrange plongée d'étranger: Essai

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À propos de ce livre électronique

Le récit réel d’un individu qui a migré du statut d’homme pour s’exiler en celui de robot, dans une écriture qui angoisse les trompeurs et qui détrompe les angoissés.

Ce livre relate l’histoire réelle d’un individu qui a migré du statut d’homme pour s’exiler en celui de robot. Ce livre n’est pas comme les autres. C’est une plainte contre X.
J’écris pour affaire. Je ne veux pas tromper l’angoisse par l’écriture. Je veux que mon écriture angoisse les trompeurs et qu’elle détrompe les angoissés. L’angoisse poignante que nous ressentons est trompeuse. Il est grand temps de sortir de l’ornière de cette grande mystification qui nous tient traîtreusement en échec.

Un livre particulier qui nous invite à la réflexion sur notre monde contemporain, comme une main tendue pour sortir de l'ornière de la grande mystification qui nous tient en échec. Ce récit, nous dit son auteure, "vise à encourager l’oxygénation du cerveau".

EXTRAIT

Sous le ciel de ce monde, il fait obscur. Nos yeux se sont tellement adaptés à l’obscurité que la moindre lumière qui essaie de nous éclairer ne fait que nous aveugler et nous désorienter. Nous ne sommes plus qu’un attroupement de personnes menant la tolérance jusqu’à la faiblesse, la bonne foi (quand elle existe) jusqu’à la naïveté, l’amour de la vie jusqu’à la servitude, l’amour de la paix jusqu’à la lâcheté, l’amour de l’argent jusqu’au déshonneur, la niaiserie jusqu’à la bêtise. Après nos yeux, nos cœurs et nos cerveaux se sont alignés et adaptés à l’obscurité régnante. La méta-modernité se manifeste de plusieurs manières et impacte foncièrement notre relation aux temps, à la religion, à la technologie, aux autres. La lâcheté est alors adoptée comme technique de survie, l’ignorance comme courant de pensée.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Hafsa Zouag est née au Maroc en 1987. Fille d’enseignants, elle s’imprègne de l’amour des langues à un âge précoce. Polyglotte et papivore invétérée, elle partage son temps entre son métier d’ingénieur et sa passion d’écrire. Elle est la première à confronter les phénomènes de l’homo panurgicus lobotomisé et de l’étranger persécuté. Elle vit à Rabat avec son mari et son fils.
LangueFrançais
Date de sortie12 avr. 2019
ISBN9782851135490
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    Aperçu du livre

    L'étrange plongée d'étranger - Hafsa Zouag

    Remerciements

    Ma gratitude la plus profonde s’adresse à mes sources d’inspiration.

    Je tiens à remercier cette meute élitiste, de marionnettistes narcissistes aux mains ensanglantées, qui se chargent si bien de nous prendre en moquerie, de nous lobotomiser puis de faire de nous des fantoches qu’ils manipulent avec un amour pervers et un zèle sadiste.

    Je remercie les bras droits de ces tireurs de ficelle, qui triment jour et nuit comme des fous, pour exécuter par procuration les stratagèmes malthusiens de leurs patrons zillionaires. Sans l’appétit hématophage de ces pions haut placés, je n’aurai jamais eu ni la fièvre d’écrire ni la volonté de réfléchir.

    Je remercie ces âmes damnées pour avoir bradé leur humanité pour une pincée de dollars maudits, en échange de leurs services permettant de nous tourner les uns contre les autres, de ravir aux vieillards leur regard rieur, aux adultes leurs rêves et leurs espoirs, aux jeunes leur joie de vivre, aux enfants leur innocence et à la vie de tous son but. Merci de nous avoir délestés de ce que nous avons de plus cher.

    Je suis reconnaissante à cette élite abjecte dont la bassesse, en faisant école, a eu l’effet de rehausser le bien dans le monde et a fait de la vie des hommes véritablement libres une bataille sans trêve qui redémarre avec chaque nouveau lever de soleil.

    Je remercie cette hiérarchie mondiale mégalomane, créatrice de catastrophes humanitaires, de guerres anticipatives et de destruction massive. Vous avez brillé par votre complexe de dieu. Votre hégémonie maléfique prouve l’existence de Dieu, Un et Unique, Omnipotent et Miséricordieux. Votre égarement qui ne fait qu’augmenter montre qu’Il vous a définitivement abandonné à vous-mêmes.

    Tireurs de ficelle, votre vent tournera. Un autre temps viendra. Et quand Dieu le voudra, Il vous démasquera. Vos machinations se déjoueront et vos marionnettes se libéreront quand vous vous y attendez le moins. D’ici là, continuez de tramer vos ruses et d’ourdir vos complots. Jouissez du pouvoir de vos trillions, retour sur investissement dans la misère humaine, pendant que vous les avez encore en main. Mais surtout, évitez la présomption de prendre le pouvoir de destruction que vous détenez et l’opulence dans laquelle vous nagez pour des acquis. Ils ne vous ont été accordés que pour une durée déterminée.

    Vous n’emporterez rien en enfer. Merci quand même.

    Introduction

    Ce livre relate l’histoire réelle d’un individu qui a migré du statut d’homme pour s’exiler en celui de robot. Ce livre n’est pas comme les autres. C’est une plainte contre X.

    J’écris pour affaire. Je ne veux pas tromper l’angoisse par l’écriture. Je veux que mon écriture angoisse les trompeurs et qu’elle détrompe les angoissés. L’angoisse poignante que nous ressentons est trompeuse. Il est grand temps de sortir de l’ornière de cette grande mystification qui nous tient traîtreusement en échec.

    Simplifié à l’extrême, le noyau dur de tout livre peut tenir dans un message unique, reçu par le lecteur sur l’initiative de l’auteur. Les livres que j’apprécie le plus sont ceux qui me changent, dont le message me dote d’une marque indélébile. Ils adoptent la forme de dialogue latent désireux d’établir une synergie avec le lecteur qui se sent ainsi valorisé. Sinon à quoi bon lire un livre qui exclut son destinataire ? Tout lecteur mérite sûrement mieux, et son temps vaut sûrement plus. Les histoires s’effacent, les noms des personnages s’estompent, mais restent gravés les messages constructifs énoncés au mode indicatif, non impératif, où de l’autre bout du livre, je sens et je sais avec certitude que mon avis et mon cerveau sont respectés et sont honnêtement sollicités. Toute minute consacrée à la lecture de ces livres spéciaux n’est pas perdue mais investie. Me laissent indifférente les récits rigides, monotones, monologues, sans âme, ressemblant à un discours ex cathedra qui s’abat avec fureur sur une audience somnolente et lasse, où les flux unidirectionnels sont imposés par un auteur autoritaire sur un lecteur impuissant. Les livres-dialogues sont réellement les seuls à stimuler l’intérêt du lecteur et à inciter son interaction avec le contenu. Ces livres sont également les seuls dignes d’être lus jusqu’au bout, une distinction spéciale qu’ils méritent grâce à leurs efforts visant la concertation des deux parties, auteur et lecteur, ce qui favorise l’union et l’harmonie aux temps actuels qui riment plutôt avec discorde et division. Pour rendre cela possible, on doit être disposé à convaincre quand on le peut et à être convaincu quand il le faut bien. Ce n’est ni simple ni facile, et c’est l’un des défis que ce livre relève.

    Les thèmes abordés dans ce livre, profondément vrais et réalistes, sont à cause de cela même peu amusants. Le message qu’il essaie de transmettre est simple, mais ce sont justement les choses simples qui requièrent le plus d’explication. Ce livre est un rapport qui ouvre les portes de la discussion relative au vécu de notre génération. Par conséquent, il vous dit fidèlement ce que vous êtes en mesure d’entendre, mais pas nécessairement ce que vous avez envie d’entendre. Il mise sur votre ouverture d’esprit et dans une plus grande mesure, sur votre amour de la vérité. C’est un serment que j’ai fait de tout dire. À vous de passer mon message au crible fin de votre pensée, de prendre ce qui vous paraît utile et d’écarter le reste. Les révélations que ce livre fait toucher du doigt sont susceptibles de vous donner un mal de tête accompagné parfois d’un mal de cœur, de ces maux de cœur inattendus et inquiétants présageant le pire mais en même temps, salutaires car ils mettent un terme définitif à l’attente passive d’une guérison attendue de l’effet du temps seul. Ils poussent à l’action sans plus atermoyer. Le moment est venu d’aller de l’avant et d’effectuer un bilan exhaustif permettant d’améliorer l’état de santé global de notre génération, de manière approfondie. Étant parfaitement consciente du fait que tout livre ne mérite pas d’être lu dans sa totalité, j’espère que cet ouvrage sera jugé digne de ce privilège.

    Aux temps du brouillage et de la mise à plat de toutes les références jusqu’ici connues, la dégringolade initiée par notre mode de vie actuel m’a interpellé et m’a infusé un sentiment d’urgence. D’où la naissance de ce livre qui ne traite pas de la fiction puisque Hollywood s’en occupe avec une adresse incomparable. Ce livre traite de la réalité qui surpasse la fiction, une réalité subjuguée par des fictions populaires absurdes devant lesquelles toute l’intelligence du monde est impuissante. Ce livre tient de l’essai et du roman d’apprentissage. Il ressemble à un pot-pourri, comme le monde qu’il essaie d’examiner et de soupeser. Saisir le monde dans toute sa complexité n’est pas évident. Soit. C’est risqué et je l’ai risqué. Faute de pouvoir prendre le tout, on ne délaisse pas le tout, mais on prend autant que faire se peut. Je reconnais avoir cédé à la tentation dangereuse d’écrire un livre sur « tout ». Je l’ai fait en connaissance de cause, croyant à la nécessité de prendre les choses dans leur plénitude. Ce livre est comme un journaliste de terrain, qui photographie et révèle les malaises majeurs de l’humanité agenouillée à la merci des tireurs de ficelle dans le monde, ces êtres malades qui contrôlent les masses et se réjouissent malicieusement de voir l’humanité perdre. 

    Ce livre se développe selon plusieurs dimensions et essaie de proposer un terrain d’entente épanouie où les humains pourraient se retrouver, autant que faire se peut. « Autant que faire se peut » est un principe essentiel de ce livre imparfait qui est avant tout une tentative, un essai au sens propre du mot. C’est un essai de la libération de notre esprit captif de conditionnements, de la reprise de notre conscience après réveil du coma artificiel où nous sommes tenus, de changement salutaire de perspective nous permettant de mieux comprendre les évènements et les motivations se cachant derrière les évènements.

    Aux temps de l’imposture généralisée et banalisée, cet essai émane de bonne foi. Ce livre se veut un pont entre deux rives qui se toisent sans savoir qu’elles chérissent le même fleuve. Les conflits qui sont devenus un trait de caractère de notre génération nous induisent en erreur et nous poussent à croire qu’il n’existe aucun terrain d’entente possible. Pourtant il y en a toujours un. Tenter de le trouver est la mission difficile de ce livre. Une mission qui, pour n’avoir rien d’officiel, ne laisse pas d’être importante. Ce livre s’adresse à cette partie ardente de votre âme, celle qui demeure sobre, clairvoyante et vivante, comme une braise sous la cendre. Puisse ce feu ne s’éteindre jamais ! Cette dernière particule qui représente ce qui reste d’humain en nous est actuellement prise en otage. Quand nous déferons-nous de notre apathie ? Quand cesserons-nous de traîner nos chaînes partout où nous allons ? Il n’y a de pire esclave que celui qui passe sa vie à attendre qu’on veuille bien venir le libérer. La myopie collective, la léthargie émotionnelle et la servilité automatique qui accueillent le détournement de nos consciences sont effrayantes. Il en va de même pour le daltonisme épidémique qui nous rend impossible de distinguer non pas le rouge du vert, mais le normal de l’anormal. L’admissible de l’inadmissible. Le tolérable de l’intolérable. Le vrai du faux. Je suis sûre et certaine que je ne suis pas la seule à sentir le malaise qui plane sur nous, cette puanteur moderne qui indispose les masses dont la seule réaction est une plainte interminable alimentée par une vie ratée et empoisonnée. Garder le silence après l’affront est une aggravation de l’offense. Révolu est le temps où moderne était synonyme de sophistiqué et d’innovant. Aujourd’hui, il est plutôt équivalent à vulgaire et médiocre. À part votre empreinte écologique qui va de soi, avez-vous jamais songé à l’empreinte que vous léguerez à vos enfants, cette génération du futur ?

    Ce livre vous permettra de voir comment nous subissons docilement ce processus dangereux, indifférencié et difficilement réversible d’abrutissement des masses, de lavage des cerveaux et de conditionnement des émotions. Ce livre est un avertissement et une invitation à comprendre et à contrer la guerre mentale exacerbée déchaînée contre nous, ayant nos cerveaux pour cible de tir. Dieu aidant, les dormeurs se réveilleront et ceux déjà réveillés auront les yeux grands ouverts. Chaque homme averti en vaudra deux.

    Malgré le déclin des valeurs qui va de pair avec l’érection des gratte-ciels, il faut savoir que l’humanité n’est pas encore un has-been – comme les médias oracles de mauvais augure ne cessent de nous le ressasser – mais bel et bien toujours vivante et consciente. Notre humanité n’est pas à vendre. Elle passe par plus de bas que de hauts dernièrement, elle est en perte de vitesse, elle est poussée dans ses derniers retranchements, certes, mais chassez le naturel et il reviendra au galop. Et si en resserrant l’étau sur notre humanité devenue misérable à force d’être persécutée, les tireurs de ficelle ne faisaient que hâter notre délivrance ? Bientôt, les victimes s’apercevront de la supercherie et feront le nécessaire pour reprendre le contrôle de leurs cerveaux et chasser les idées-microbes qui y ont été greffées par les médias. Des idées psychoactives infectées faisant l’objet d’un marketing intensif, que nous avons intériorisées puis nourries avec assiduité pendant de longues années en croyant qu’elles émanaient de nos propres esprits, qu’elles correspondaient à nos propres convictions alors qu’il n’en était rien. Ces idées intruses ont détruit notre harmonie avec le monde, avec les autres, et plus important encore, avec nous-mêmes. L’humanité est au bord du gouffre.

    Cet essai a beau chercher à trouver une issue de secours à notre humanité sinistrée et à proposer de retrouver l’équilibre perdu, il restera néanmoins lettre morte si vous n’y mettez pas du vôtre. Il est crucial de mettre un terme à notre comportement grégaire mis à profit sans vergogne par les tireurs de ficelle. Se prendre en charge soi-même est la condition sine qua non pour que notre monde revienne sur ses rails et que notre humanité puisse faire le comeback dont elle est digne.

    Ce n’est pas un jour à plaisanter ni à flâner. Il est grand temps de comprendre que le salut de l’humanité réside dans l’union et dans l’amour du prochain, une condition qui ne devient atteignable qu’après désactivation des réflexes pavloviens – que nous tenons des discours médiatiques – qui sabotent notre libre arbitre et notre capacité de juger et de réfléchir. Et si on employait cette énergie gaspillée négativement à des hostilités larvées parfois, loquaces souvent, et on se focalisait plutôt sur ce qui nous unit ? Si ce livre pouvait avoir un cœur battant, cette idée le serait. Prière de lui faire justice et d’y réfléchir.

    Réfléchissez-y, parce que cela vous regarde.

    Chapitre Premier

    L’humanité s’émousse,

    L’homo panurgicus se trémousse

    الناس أربعة،

    رجل يدري ويدري أنه يدري، فذاك عالم فخذوا عنه،

    ورجل يدري وهو لا يدري أنه يدري، فذاك ناسٍ فذكروه،

    ورجل لا يدري وهو يدري أنه لا يدري، فذاك طالب فعلموه،

    ورجل لا يدري ولا يدري أنه لا يدري فذاك أحمق فارفضوه

    الخليل بن أحمد

    Instant t0. Aujourd’hui est une date mémorable. C’est le premier jour de l’existence de l’apprenti plongeur.

    Son père a sué sang et eau pour lui préparer un bon bloc de plongée. Il passe en revue l’équipement de son fils : Bouteille de gaz, gilet stabilisateur, masque, détendeur, lest, manomètre... Tout est en place et tout est en règle. Un équipement irréprochable favorise la réussite de la plongée. L’apprenti plongeur est déclaré prêt pour la mise à l’eau.

    Les adieux sont brefs mais cordiaux. Le père assure à son fils que dès l’achèvement de la plongée, le regroupement familial aura lieu : Ancêtres, parents, fils et toute leur descendance se retrouveront de nouveau, tous ensemble. Sur un ton positif, il explique que la plongée ne se déroule jamais en solo, mais toujours en présence de plusieurs autres apprentis plongeurs engagés dans la même mission, et faisant de leur mieux pour réussir leur plongée. Avec un peu de chance, il se peut que la plongée se fasse à deux, avec un compagnon de route privilégié qui apporte aide et soutien, partageant la plongée pour le mieux comme pour le pire. Ceci dit, il est à noter que dans tous les cas de figure, ce voyage subaquatique qui est un passage obligé reste un évènement particulièrement solitaire. Tout comme les jours, les plongées se suivent mais ne se ressemblent pas. Elles se partagent mais ne peuvent se faire par procuration. La plongée de chaque apprenti plongeur est unique, caractérisée par une trajectoire spécifique et un résultat particulier. Il arrive que certains plongeurs ne soient pas satisfaits du déroulement de leur plongée, qu’ils désirent s’y prendre mieux une deuxième fois, mais chacun a droit à une seule plongée sans possibilité de reprise sous aucun prétexte.

    L’apprenti plongeur le sait bien et il compte se comporter en conséquence. Il aura désormais le contrôle et sera le seul à assumer la responsabilité de sa conduite, ou les conséquences de son inconduite, une fois sa plongée entamée... Équipé de son matériel, il s’apprête à faire le grand saut. Au moment où il ébauche un pas dans le vide, la voix de son père retentit, claironnante, avec le refrain des recommandations habituelles : « Investis le maximum de Temps dans l’Apprentissage pour raffermir ta Foi, le but ultime étant de comprendre pourquoi tu plonges, de te conduire en fonction de ce que tu as compris, et… » L’apprenti plongeur fit un pas en avant en conservant la position parfaitement verticale de son corps, le regard parfaitement horizontal. Splash ! Le fameux saut est opéré. « … et de préserver le TAF coûte que coûte. À la fin de la plongée, je retrouverai la liberté, » acheva-t-il machinalement. En une fraction de seconde, l’apprenti plongeur visualisa mentalement comment son père aurait sûrement brandi en l’air chaque doigt de sa main droite pour marquer chaque nouvelle instruction énumérée, comme était sa coutume. Il n’avait pas le moindre soupçon de l’acharnement avec lequel, une fois dans l’eau, il essaierait plus tard de se remémorer cette séquence.

    Top chrono. La plongée commence.

    1

    L’Édifice de l’Humanité

    Dans un monde où les enfants, pistolet factice à la main, jouent à mimer les scènes d’exécution collective qu’ils ont vues à la télé, où 82 % de la richesse créée en 2017 revient à 1 % de la population mondiale, où la population s’élevant à plus de sept milliards s’est vu fixer par certaines personnalités mondaines l’objectif purement malthusien de plafonner à 500 millions, où la probabilité d’extinction de la race humaine sur la planète Terre est réduite par le biais de la colonisation d’une autre planète, où la liberté de la femme est exponentiellement proportionnelle à la surface de chair qu’elle consent à découvrir aux regards, la page de la modernité est tournée sans équivoque pour désuétude. Nous sommes passés à la vitesse supérieure. C’est l’ère de la méta-modernité.

    Sur une échelle de 1 à 10, nul besoin d’être un expert anthropologue pour situer la qualité de nos contacts humains et celle de notre vie en général dans la zone médiocre. Notre monde est on ne peut plus déchiqueté, notre âme angoissée, notre rythme effréné, notre agenda surchargé, notre argent idolâtré, nos émotions censurées, nos rapports hypocrites, notre personnalité effacée, nos valeurs volatilisées, nos scrupules subtilisés et nos vertus jetées comme un vieux gant devenu trop vieux pour servir. À l’ère de la méta-modernité, les gens sont si modernes qu’ils en sont dingues. L’état dans lequel nous avançons dans la vie est on ne peut plus proche de l’ivresse, avec toutes les gênes relatives à cet état : Troubles de vision, biais de jugement, authenticité des perceptions affectée, réactions individuelles anormalement froides en réponse à des outrages anormalement cuisants, ou à l’inverse, réactions disproportionnées en réponse à un désagrément futile, sensation généralisée de solitude pluraliste, subie et non choisie, qui rend impossible toute récollection.

    Sous le ciel de ce monde, il fait obscur. Nos yeux se sont tellement adaptés à l’obscurité que la moindre lumière qui essaie de nous éclairer ne fait que nous aveugler et nous désorienter. Nous ne sommes plus qu’un attroupement de personnes menant la tolérance jusqu’à la faiblesse, la bonne foi (quand elle existe) jusqu’à la naïveté, l’amour de la vie jusqu’à la servitude, l’amour de la paix jusqu’à la lâcheté, l’amour de l’argent jusqu’au déshonneur, la niaiserie jusqu’à la bêtise. Après nos yeux, nos cœurs et nos cerveaux se sont alignés et adaptés à l’obscurité régnante. La méta-modernité se manifeste de plusieurs manières et impacte foncièrement notre relation aux temps, à la religion, à la technologie, aux autres. La lâcheté est alors adoptée comme technique de survie, l’ignorance comme courant de pensée.

    « Comment voyez-vous le monde ? » est une question simple admettant un camaïeu de réponses qui varient selon la perspective de chacun. Certains qui sont si pressés qu’ils ont l’air de courir après leur stress de peur de le perdre reconnaissent à leur vie une couleur de rose. Comment arrivent-ils à s’en convaincre ? Énigme. Ils affirment être très heureux et disent adorer leur vie infernale qu’ils parcourent en courant comme des dératés, ou en trépidant sur place comme un hamster surexcité dans sa petite cage en roue. Vitesse rime avec stress. Le stress excessif résultant de ce rythme frénétique ne fait qu’accélérer leur course stérile vers une mort prématurée. Cette catégorie correspond à l’homme méta-moderne moyen, énergique et plein d’entrain, mais horriblement terre-à-terre et dépourvu de but. Il vit sa vie le doigt positionné sur le bouton d’avance rapide, avançant à grandes enjambées, à grand bruit, sans résultat. D’autres qui sont plus modérés disent que si le jour comptait plus d’heures, ou que si les minutes s’égrenaient plus lentement, tout serait nettement meilleur. À ceux-là, je conseillerai « Bien gérer son temps pour les nuls ». D’autres disent qu’il vaudrait mieux qu’une censure plus serrée soit appliquée aux flashs infos, pour qu’ils ne documentent plus la naissance de la nouvelle génération des Frankenstein-isés, ces milliers de bébés irakiens et palestiniens nés défigurés par l’effet de l’uranium appauvri ou brûlés vifs au phosphore blanc. Non pas que cela les dérange mais cela leur coupe l’appétit. À ceux-là, je ne fais pas mon compliment. Il y a des visages livides, des yeux d’enfants en larmes, de petits corps déchiquetés et jetés parmi des restes de jouets à demi calcinés qu’on ne peut ni oublier ni passer sous silence.

    La conjoncture actuelle est un mélange d’atrocités et de perversités assaisonnées d’une dose excessive d’idiotie bien ancrée maintenue dans la durée par les raids médiatiques quotidiens. Être des optimistes invétérés qui relativisent le mal à l’extrême et qui s’efforcent de déterrer le bien partout est une chose. Se laisser avoir par la perfidie des médias qui nous retournent à loisir comme des gants et qui nous font consommer à raison quotidienne leur dose psychoactive de détachement forcé nous conditionnant dans l’indifférence et la neutralité, en est tout à fait une autre. En effet, nous avons appris à assister en spectateurs hypnotisés aux massacres sanglants de plusieurs millions d’humains, aux hécatombes célébrant l’effritement de notre humanité, à l’effondrement de nos valeurs et à la dissolution de notre société, puis nous avons appris à mener ce processus à l’étape suivante : Laisser le tout sombrer dans l’oubli. Comment en est-on arrivé là ?

    À l’école, on nous a expliqué comment l’ère contemporaine correspondait à l’âge d’or de l’humanité, couronnée au paroxysme de son épanouissement. On nous a exposé le niveau inédit atteint par l’excellence humaine se manifestant par le progrès et le développement fulgurants notés dans tous les domaines : Médecine, mathématiques, arts, littérature, science, industrie, etc. On nous a appris que jamais pareil épanouissement n’avait été atteint ni avec une telle envergure ni en si peu de temps. De ces beaux discours creux nous avons conclu que les humains méta-modernes ne touchaient à rien qu’ils n’y excellaient. À entendre, le paradis, à voir, l’enfer. Il n’y a rien de plus pénible que d’être réveillé en plein rêve, pourtant cela finit bien par se produire. On ne nous a pas dit que nous étions en train de diverger, qu’en acceptant de nous rallier à la méta-modernité cause et effet de ce progrès hypertrophique engagé sur une voie express menant nulle part, nous acceptions aussi d’endommager notre humanité. On ne nous a pas touché le moindre mot au sujet du progrès social qui lui, n’arrivant pas à tenir la cadence du progrès scientifique, a débouché sur un cul-de-sac. Le projecteur est braqué uniquement sur le rythme du développement technique qui allait et continue d’aller indéniablement crescendo, la science étant comme le temps, ne marchant pas à rebours et donc ne pouvant se défaire, les découvertes ne pouvant se recouvrir du moins jusqu’à la prochaine guerre mondiale aux feux d’artifice nucléaires. Mais faute de temps et de matière grise, nous ne nous sommes jamais demandé : Qu’en est-il du sens de ce progrès ? Dans quelle mesure profite-t-il à l’humanité ?

    À l’école de la vie, qui vit longtemps et consciemment voit beaucoup de merveilles et se trouve rappelé à la réalité à plusieurs reprises, notamment en se rendant compte du chapelet de mensonges de circonstance dont on nous a fourré la tête depuis notre plus bas âge. Un chapelet qui s’égrène et se démentit doucement mais sûrement, il faut bien en convenir. À présent, nous ne sommes plus les enfants de chœur que nous étions auparavant. Nous savons que continuer de nier la réalité avec opiniâtreté et continuer de croire à des fables dont se moquent désormais même ceux qui les ont inventées, relève du purement niais et puéril. Que l’humanité du 20e siècle brille par sa détention de quelques dizaines de records de flops uniques en leur genre ainsi que d’une large gamme de fiascos retentissants, est devenu un fait de notoriété publique. C’est qu’elle n’en rate pas une ! Depuis le siècle dernier, le monde a connu non pas une, mais deux guerres mondiales meurtrières à seulement deux décennies d’intervalle, l’apartheid, deux bombardements atomiques, la famine, l’extermination de plusieurs peuples soustraits au monde et au droit, les crises monétaires et financières, l’assassinat de plusieurs présidents de Républiques pourtant considérés populaires, l’apparition de virus nouveaux, d’épidémies inédites, de maladies émergentes, le changement climatique, la guerre d’Algérie, du Vietnam, en Bosnie, en Afghanistan, en Irak, en Syrie, le printemps arabe, et plus encore. Les quelques contrées épargnées par les guerres n’ont pu se dérober à une montée fulgurante de la fièvre méta-moderne des « isme » : Terrorisme, racisme, fanatisme, féminisme, révisionnisme, sensationnalisme, conformisme, hédonisme, je-m’en-foutisme, snobisme, athéisme, déisme, sionisme, satanisme, et de tout le malencontreux tralala en -isme qui se multiplie avec une célérité fongique… Il faut être exceptionnellement doué pour se constituer un palmarès si riche en désastres dans l’espace d’un seul siècle. De quelle pâte sommes-nous faits pour accepter cet état des choses comme normal ? Jusqu’à quand va-t-on accepter le statu quo ? 

    Depuis la nuit des temps et jusqu’à nos jours, la quintessence de la civilisation n’a pas changé. C’est une course de relais ininterrompue où les générations, engagées dans un travail de groupe cohérent et synergique, se succèdent en se transmettant un témoin produit de leurs efforts, fruit de leur passage chronométré sur la surface de la Terre. On se figure malaisément tous les sacrifices, tout le temps et tous les efforts considérables qu’il a fallu investir pour arriver à jouir des fruits de la civilisation tels qu’on les connaît aujourd’hui. Quelles jeunesses consumées, quelles santés usées, quelles vies écoulées, quelles difficultés affrontées et surmontées pour l’amour d’apporter une pierre à l’Édifice de l’Humanité et pour nous permettre, à nous les méta-modernes, de jouir du confort et de la commodité que nous prenons pour acquis ! Malheureusement, ce chantier de construction est menacé d’arrêt des travaux. Raison ? Cette génération méta-moderne est faite d’individus petits et médiocres mais égoïstes et hautains qui ne peuvent se permettre de sentir de la gratitude envers leurs prédécesseurs, encore moins de l’exprimer. Ils ne voient donc pas d’inconvénient à continuer de recevoir sans rien donner en retour,

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