Un temps pour se taire: Voyage au cœur de la vie monastique
()
À propos de ce livre électronique
Dans cet ouvrage maintes fois réédité, Patrick Leigh Fermor se penche sur le monachisme chrétien, d’abord chez les bénédictins de l’abbaye de Saint-Wandrille, dans le Pays de Caux, chez qui il fit de nombreuses retraites à partir de 1948. Puis il nous parle de Solesmes, dans la Sarthe, et des cisterciens de la Grande Trappe, dans l’Orne. Enfin, un dernier chapitre est dévolu aux origines du monachisme oriental en Cappadoce et à ses monastères rupestres autour de la figure de saint Basile. Ce court récit intéresse donc particulièrement le monachisme français. Dans sa prose inimitable et raffinée, le grand écrivain a su exprimer l’essentiel du sujet – bien qu’il s’en défende modestement – au point que ce livre a suscité nombre de vocations, à Saint-Wandrille et ailleurs. Patrick Leigh Fermor avait une tendresse particulière pour cet ouvrage, sans équivalent dans la production éditoriale hier ou aujourd’hui, et considéré par beaucoup comme la quintessence de son œuvre.
Plongez-vous dans le monachisme français avec ce livre qui a suscité bien des vocations !
EXTRAIT
Non sans curiosité et appréhension, je gravissais la colline depuis la route Rouen-Yvetot vers l’abbaye de Saint-Wandrille. J’avais passé une nuit abominable à Rouen, dans un petit hôtel près de la gare, où un cortège de cauchemars était ponctué du bruit des trains arrivant et partant dans le fracas, les sifflements, lâchers de vapeur et de fumée qui, après une semaine de noctambulisme parisien, avaient fait de ma nuit une agonie poignante, apparemment interminable. Les méandres brumeux de la Seine inférieure eux-mêmes, les grasses prairies vertes et les files indiennes de peupliers que l’autocar avait traversés le lendemain matin, n’avaient pu dissiper mon humeur apathique et déprimée ; à présent, en montant la route chaude entre les bois de la fin d’été, je me demandais s’il ne valait pas mieux abandonner mon projet. Ce que je redoutais presque plus que le succès, c’était un échec immédiat.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un compagnon sans égal, libre de tout horaire ou convention, d’une curiosité et d’un enthousiasme inlassables.- New York Times
À PROPOS DE L’AUTEUR
Patrick Leigh Fermor (1915–2011) est un écrivain et voyageur anglais, ancien officier des Services spéciaux de l’armée britannique en Crète durant la Seconde Guerre mondiale. En dehors de ses voyages, il partagea sa vie entre la Grèce et l’Angleterre.
En savoir plus sur Patrick Leigh Fermor
Dans la nuit et le vent: À pied de Londres à Constantinople (1933-1935) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Enlever un général: Coup d'éclat en Crète occupée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Un temps pour se taire
Livres électroniques liés
Rousseau par ceux qui l’ont vu: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFrançois de Sales, un sage et un saint: Biographie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrière et Poésie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJean Cassien Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire des origines du christianisme: Livre I Vie de Jésus Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCanzoniere de Pétrarque: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire socialiste de la France contemporaine 1789-1900: Tome 3 La Convention I 1792 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarie-Dominique Philippe, philosophe de la personne humaine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDu Culte de la Sainte Vierge dans l'Église catholique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrier 15 jours avec Charles de Foucauld: Un livre pratique et accessible Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Femmes de la Révolution Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarie Noël entre incandescence et inquiétude Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes grands Cimetières sous la Lune Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire des Francs: Aux sources du roman national Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes petites maisons galantes de Paris au XVIIIe siècle: Folies, maisons de plaisance et vide-bouteilles, d'après des documents inédits et des rapports de police Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPrier 15 jours avec Christian de Chergé: Prieur des moines de Tibhirine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de France 1715-1723 (Volume 17/19) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa légende dorée illustrée de 135 dessins du moyen-âge Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa mystagogie d'hier et d'aujourd'hui: Actes du colloque 2012 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCoeur de chien Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThéologiens et mystiques au Moyen Âge. La poétique de Dieu, Ve-XVe siècles d'Alain Michel: Les Fiches de Lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de France 1547-1572 (Volume 11/19) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL. Pontius Pilatus: Carnets de Route de Césarée à Vienne — Bribes Retrouvées, Assemblées et Présentées par un Groupe d’Amateurs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMarie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPeste et Choléra de Patrick Deville (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJérusalem Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Eglises de Paris: Le Panthéon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCuriosités de l'histoire du vieux Paris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVietnam : L'éphémère et l'insubmersible Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Christianisme pour vous
Loyauté et déloyauté Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La puissance du sang Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les véritables secrets des psaumes Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Guide de Prieres Secretes: 1, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRecueil de Prières Spirites Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Comment analyser les gens : Introduction à l’analyse du langage corporel et les types de personnalité. Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTout par la prière, rien sans la prière Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Pouvoir De La Priere De Minuit Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5950 Prières Qui Libèrent De L'Esprit Des Bénédictions Différées Et Retenues Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Commandez Le Jour: Prières Matinales Puissantes Qui Prennent En Charge La Journée: 30 Dévotions Quotidiennes Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les évangiles apocryphes: La clef de la Bible révélée Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Brisement de Liens Malsains de Famille et Autres Liens Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Mari de nuit femme de nuit: Un phenomene spirituel, aux consequences effectives Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les démons et comment les affronter Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'art de suivre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Manuel de mémorisation de la Bible Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Livre d'Hénoch Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/512 types d'onctions repandues par Jacob - Kevin Mak K. Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Comment vous pouvez devenir un chrétien fort Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Délivrance du Péché de la Paresse Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Illuminati-Les illuminés Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Livre d'Hénoch: Un livre apocryphe de l'Ancien Testament attribué à Hénoch, arrière-grand-père de Noé Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Sainte Bible: Louis Segond 1910 (L'Ancien et le Nouveau Testament) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les Retraites de Prière de 15 Minutes Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les 12 types d'onctions repandues par Jacob Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Livre de la Révélation (Traduit): Une étude du dernier livre prophétique de l'écriture sainte Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Renversement Des Principautes Personnelles et Familiales Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Avis sur Un temps pour se taire
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Un temps pour se taire - Patrick Leigh Fermor
Du même auteur, par le même traducteur,
chez le même éditeur :
Dans la Nuit et le Vent
À pied de Londres à Constantinople (1933–1935)
À ma mère
Questi altri focchi tutti contemplanti
uomini furo, accesi di quel caldo
che fa nascere i fiori e i frutti santi,
Qui è Maccario, qui è Romoaldo,
qui son li frati miei, che dentro ai chiostri
fermar li piedi e tennero il cor saldo.*
Dante, Paradis XXII, 46-51
Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel…
… un temps pour se taire et un temps pour parler.
L’Ecclésiaste, III, 1 et 7
* Ces autres feux furent tous des hommes contemplatifs, embrasés de l’ardeur qui fait naître les fleurs et les fruits sains.
Ici est Macaire, ici Romuald
ici sont mes frères qui dans les cloîtres
arrêtèrent leurs pas et tinrent fermes leurs cœurs.
Traduction Jacqueline Risset, Paris 1985–1990. (NdT)
Introduction
Comme le lecteur le comprendra à certaines allusions des pages suivantes, plusieurs inaptitudes m’ont empêché de profiter pleinement de toutes les grâces qu’un hôte peut tirer des retraites monastiques. Allusions elles resteront car elles concernent des difficultés n’ayant que peu à voir avec le propos général du livre, mais il importe de les mentionner pour bien faire comprendre qu’elles limitent gravement ma compétence pour écrire de ces sujets : il me faut préparer le lecteur aux lacunes résultant d’un savoir et d’une expérience incomplets.
Il reste qu’en dépit de ces limites personnelles, j’ai été profondément touché par les lieux que j’ai décrits. Je ne puis définir précisément ces sentiments, mais ils vont au-delà du simple intérêt ou de la curiosité, ils sont plus importants que le plaisir puisé par l’historien ou l’esthète dans les bâtiments ou la liturgie antiques ; car j’aurais pu trouver les premiers en maints endroits et quant à la seconde – quoique rarement aussi bien exécutée qu’à Saint-Wandrille ou Solesmes, sans doute – je l’avais toujours connue.
La bonté des moines y a joué un rôle. Mais plus importante fut ma découverte d’une capacité personnelle à la solitude et (fût-ce à un niveau bien plus modeste que celui de la plupart des gens qui font retraite dans les monastères) au recueillement et à la clarté d’esprit qui accompagnent la vie monastique et son silence. Car dans l’isolement d’une cellule – une existence dont la tranquillité n’est variée que par les repas silencieux, la solennité du rituel et de longues promenades solitaires dans les bois – les eaux troubles de l’esprit se calment et s’éclaircissent et une grande partie de ce qui est caché, tout ce qui l’obscurcit, remonte à la surface et peut être écrémé ; au bout d’un certain temps, on atteint un état de paix inconnu du monde ordinaire. Celui-ci diffère tant de toute expérience normale que le nouveau venu suppose qu’il a été le bénéficiaire (malgré ou en dépit de sa réserve, de son scepticisme ou d’une simple incapacité à croire) d’une manne surnaturelle ou d’une part inconsciemment octroyée de l’activité spirituelle toujours à l’œuvre dans les monastères. Mon semblable lui-même – sans ignorer les inaptitudes que je viens de mentionner –, une fois jeté par hasard au contact du monachisme, peut y glaner abondance de cette guérison, de ce mystérieux enchantement pour lesquels les monastères furent bâtis, entre autres buts.
Impossible à quiconque a vécu ne fût-ce que cette vague expérience de ne pas ressentir, à la vue de monastères vides, un plus vif chagrin que le regret de l’antiquaire. Un peu de cette tristesse élégiaque flotte au-dessus des monastères troglodytiques de Cappadoce que j’ai tenté de décrire. Mais pour nous en Occident, à cause de toutes ces reliques, ce sont les souvenirs les plus prégnants de la vie qui les anima jadis : les abbayes ruinées d’Angleterre, restées désolées depuis la Réforme, seront toujours les plus émouvantes et tragiques. Car nulle énigme ici. Nous connaissons la fonction et le but de chaque fragment et les détails exacts de la sainte vie qui devrait s’y abriter. Nous connaissons aussi l’histoire navrante et gratuite de leur destruction et de leur abandon et n’avons qu’à fermer les yeux une seconde pour reconstruire en esprit tours et pinacles, pour entendre la quiète rumeur des activités monacales et le son de cloches fondues depuis longtemps. Elles émergent dans les champs comme les pics d’une Atlantide disparue noyée à quatre siècles de fond. Les cloîtres éventrés se dressent inutiles entre les sillons et seuls des piliers brisés marquent la symétrie passée des nefs et des bas-côtés. Cernées par les fleurs du sureau, leur base enserrée de ronces et de mûres, reliées à leurs cimes par des arches et des pendentifs rompus qui lancent de graciles trajectoires tournoyantes au-dessus des arbres, les cépées de piliers érigent la grande circonférence vide d’une rosace dans un ciel hanté de freux. On dirait qu’une psalmodie grégorienne, magnifique, s’est interrompue il y a des siècles pour rester là, pétrifiée, à son apogée depuis lors.
P. L. F. 1957
Il est difficile de croire que ces voyages et séjours monastiques ont eu lieu il y a trente ans. Interrogé à brûle-pourpoint, j’aurais déclaré dix ans au plus car ils demeurent plus clairs dans leurs détails que certains épisodes brouillés ou emportés.
J’ai vu un certain nombre de monastères dans l’intervalle : La Pierre-Qui-Vire, Saint-Benoît-sur-Loire, Fossanova, Trisulti, Monte Olivetto, Subiaco, les ruines du Mont-Cassin, les chartreuses de Pavie et Jerez, Guadalupe et Yuste, Beuron, Göttweig et Melk, le couvent de la Merced à Cuzco, Santa Catalina d’Arequipa au Pérou, les monastères familiers de la Grèce et ces fondations très antiques de langue arabe ou araméenne sises dans les gorges voisines de Damas. Mais ces visites s’inscrivaient dans de plus amples voyages. Les seuls monastères où j’ai fait retraites, séparées par de larges intervalles, comme celles que je tente de décrire ici, ont été Saint-Wandrille et Quarr Abbey. À chaque fois, elles ont paru de plus sûres demeures de foi, sagesse, savoir, bonté, de digne et scrupuleuse discipline : survivent dans de tels lieux bien des choses qui ont ailleurs disparu ou changé. En écoutant chanter les heures dans la langue de la chrétienté occidentale des Ve ou VIe siècles, on peut oublier les altérations du XXe et sentir que la ligne de vie des notes et des syllabes entre l’Église primitive et aujourd’hui reste intacte ; tels pourraient vraiment avoir été les mots qu’entendirent chanter le roi Æthelbert et la reine Berthe quand saint Augustin posa pour la première fois le pied sur l’île de Thanet.
À sa sortie, ce livre a plu aux critiques comme aux lecteurs extérieurs aux monastères et – pour autant que je sache, c’est-à-dire fort peu – à l’intérieur aussi. Mais un critique monastique le réprimanda sévèrement : j’avais acquis une connaissance superficielle du sujet durant ma retraite ; en écrire était importun et indiscret. Ce point de vue ne m’avait pas frappé comme il l’aurait dû, mais j’en compris tout