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Le médecin irlandais
Le médecin irlandais
Le médecin irlandais
Livre électronique477 pages5 heures

Le médecin irlandais

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À propos de ce livre électronique

Un médecin de la campagne irlandaise est un récit charmant et captivant qui fascinera les lecteurs dès la première page — et les laissera avec l’envie de visiter la campagne irlandaise des jours passés…

Barry Laverty, M. D., a toutes les peines du monde à trouver le village de Ballybucklebo en Irlande du Nord sur une carte géographique quand il se met en route pour y chercher un emploi rémunérateur. Cependant, Barry saute sur l’occasion d’occuper un poste d’assistant dans un tout petit cabinet médical de campagne.

Du moins, jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance du docteur Fingal Flahertie O’Reilly.

Le médecin plus âgé a sa propre façon de faire les choses. Au début, Barry n’arrive pas à décider si le pugnace O’Reilly est le plus grand charlatan qu’il n’a jamais rencontré ou le meilleur professeur qu’il pouvait espérer avoir un jour. Par l’entremise d’O’Reilly, Barry a très vite l’occasion de connaître tout le village et ses résidents colorés et attachants ainsi qu’un tas d’autres personnages excentriques qui font de chaque jour une expérience d’apprentissage pour le jeune médecin inexpérimenté.

Ballybucklebo est bien loin de Belfast et Barry découvre vite qu’il a encore beaucoup à apprendre sur la vie rurale. Mais avec du courage et de la compassion et seulement une petite pincée de blabla, il en apprendra plus sur la vie — et sur l’amour — qu’il ne l’avait jamais cru quand il était à l’école de médecine.
LangueFrançais
Date de sortie5 août 2016
ISBN9782897672614
Le médecin irlandais
Auteur

Patrick Taylor

Patrick Taylor, M.D., was born and raised in Bangor County Down in Northern Ireland. Dr. Taylor is a distinguished medical researcher, offshore sailor, model-boat builder, and father of two grown children. He lives on Saltspring Island, British Columbia.

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    Aperçu du livre

    Le médecin irlandais - Patrick Taylor

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    Copyright © 2004, 2007, Patrick Taylor

    Titre original anglais : An Irish Country Doctor

    Copyright © 2016 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

    Cette publication est publiée en accord avec Tom Doherty Associates, LLC., New York, NY

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Traduction : Lynda Leith

    Révision linguistique : Nicolas Whiting

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe

    Conception de la couverture : Matthieu Fortin

    Photo de la couverture : © Thinkstock

    Cartes : Elizabeth Danforth

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89767-259-1

    ISBN PDF numérique 978-2-89767-260-7

    ISBN ePub 978-2-89767-261-4

    Première impression : 2016

    Dépôt légal : 2016

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada

    Téléphone : 450 929-0296

    Télécopieur : 450 929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Canada : Éditions AdA Inc.

    France : D.G. Diffusion

    Z.I. des Bogues

    31750 Escalquens — France

    Téléphone : 05.61.00.09.99

    Suisse : Transat — 23.42.77.40

    Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

    Imprimé au Canada

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Taylor, Patrick, 1941-

    [Irish country doctor. Français]

    Le médecin irlandais

    (La campagne irlandaise ; t. 1)

    Traduction de : An Irish country doctor.

    ISBN 978-2-89767-259-1

    I. Leith, Lynda. II. Titre. III. Titre : Irish country doctor. Français.

    PS8589.A93I75714 2016 C813’.54 C2016-940575-3

    PS9589.A93I75714 2016

    Conversion au format ePub par:

    Lab Urbain

    www.laburbain.com

    Éloges pour Patrick Taylor

    « Taylor dresse le portrait des petites victoires et défaites de la vie d’un village irlandais de main de maître. »

    Irish America Magazine

    « Taylor poursuit sur sa charmante lancée avec cette dernière incursion à Ballybucklebo, en Irlande, tissant l’histoire de Kinky Kincaid… Taylor, comme Kinky, est un raconteur hors pair qui captive et divertit dès le premier mot. »

    Publishers Weekly à propos d’Une fille irlandaise

    « Rempli d’histoires et de personnages vivants, Le village irlandais rappelle une bonne soirée au pub. Un bon divertissement léger. »

    Booklist

    « Patrick Taylor, M.D., est un homme de lettres et également un médecin guérisseur… Écrit avec compassion et humour sur une communauté dont les habitants sont aussi merveilleux et cinglés que n’importe où sur Terre. Une lecture géniale offerte par un homme génial. »

    — Malachy McCourt, auteur du roman à succès du New York Times A Monk Swimming, à propos du roman Le médecin irlandais

    « Le chaleureux village de Ballybucklebo et ses habitants excentriques illuminent le temps des Fêtes. »

    Library Journal à propos de Noël irlandais

    « Avec un œil infaillible pour les détails, les talents d’un conteur né et la capacité d’épicer ses anecdotes avec de grandes doses d’esprit et d’humour, Patrick Taylor a écrit un délicieux roman. »

    — Calgary Herald à propos du roman Le médecin irlandais

    À Dorothy

    Mot de l’auteur

    Le docteur Fingal Flahertie O’Reilly et les habitants de Ballybucklebo sont apparus pour la première fois en 1995 dans ma chronique mensuelle de Stitches : The Journal of Medical Humour. On m’a suggéré que ces personnages pouvaient constituer la base d’un roman.

    Je venais de terminer Pray for Us Sinners et, hésitant à plonger encore une fois dans la misère du conflit nord-irlandais, j’ai trouvé attrayante l’idée d’un sujet un peu plus léger. Le médecin irlandais a commencé à prendre forme.

    Comme Only Wounded et Pray for Us Sinners, le roman se situe à l’extrémité nord-est de l’Irlande, mais au contraire de ses prédécesseurs, où je me suis efforcé d’être exact historiquement, j’ai pris quelques libertés géographiques et temporelles dans cette histoire.

    Le cadre est un village fictif dont le nom me vient d’un professeur de français du lycée. Enragé par mon incapacité à conjuguer des verbes irréguliers, il m’a crié : « Taylor, tu es assez stupide pour venir de Ballybucklebo. » Les personnes ayant un penchant pour l’étymologie pourraient désirer connaître la signification de ce mot. « Bally » (de l’irlandais « baile ») est une commune — un terme géographique médiéval englobant un petit village et les fermes environnantes. « Buachaill » signifie « garçon », et « » est une vache. À Bailebuchaillbó ou Ballybucklebo — la commune de la vache du garçon —, le temps et le lieu sont aussi faussés qu’ils le sont dans Brigadoon.

    L’irlandais qu’on y parle est riche et coloré, mais souvent incompréhensible pour une personne ne venant pas de cette partie du monde.

    Cependant, le puriste remarquera qu’en 1964, le 12 juillet tombait un dimanche — et non un jeudi — et que le premier livre de poésie de Seamus Heaney n’a pas été publié avant 1966. Il n’y a aucune rivière à saumon nommée Bucklebo qui coule dans le nord de County Down. La rivière la plus proche est la Shimna, dans les montagnes Mourne. Cependant, tout le reste est aussi exact qu’ont pu le permettre des lectures exhaustives et la mémoire.

    L’Ulster rural que j’ai dépeint a disparu. Les fermes et les villages ont toujours à peu près la même apparence, mais la simplicité de la vie rurale a été bannie par les Troubles et l’influence généralisée de la télévision. Le respect automatique témoigné aux personnes au sommet de la hiérarchie du village — le médecin, le professeur, le pasteur et le prêtre — est une chose du passé, mais les hommes comme O’Reilly étaient communs quand j’étais un très jeune médecin. Sur ce sujet, puis-je mettre fin une fois pour toutes à une question que mes lecteurs me posent fréquemment dans la chronique du Stitches ? Barry Laverty et Patrick Taylor ne sont pas réunis sous une seule et même personne. Le docteur F. F. O’Reilly est le fruit de mon esprit inquiet, malgré les efforts de certains de mes amis d’Ulster expatriés de le voir comme un praticien respecté — quoique peu orthodoxe — de la médecine de cette époque. Lady Macbeth doit réellement son existence à notre chat possédé par le démon, Minnie, et Arthur Guinness doit la sienne à un labrador noir, aujourd’hui disparu depuis longtemps, mais qui avait une soif insatiable pour la bière blonde Foster’s. Tous les autres personnages sont de composition, tirés de mon imagination et de mes expériences de médecin de campagne.

    Patrick Taylor

    1

    * * *

    Impossible d’y aller par ici

    B arry Laverty — docteur Barry Laverty —, ses années d’internat tout juste terminées, l’encre à peine séchée sur son diplôme, arrêta sa coccinelle Volkswagen défoncée sur le bas-côté de la route, et il scruta une carte géographique étalée sur le siège du passager. L’emplacement de Six Road Ends était clairement indiqué. Il regarda à travers le pare-brise éclaboussé d’insectes. À en juger par le labyrinthe d’étroites routes de campagne qui se rejoignaient devant lui, quelque part au bout de l’une de ces voies secondaires bordées de prunelliers était situé le village de Ballybucklebo. Mais laquelle de ces routes emprunter ? Et, se rappela-t-il à lui-même, cette question dépassait la simple géographie. La plupart de ses camarades de promotion de l’école de médecine de l’Université Queen’s de Belfast avaient des plans clairs pour leurs carrières. Mais lui ne savait pas du tout quoi faire. La médecine générale ? Une spécialité ? Et dans ce cas, laquelle ? Barry haussa les épaules. Il avait 24 ans, et il était célibataire et sans responsabilités. Il savait qu’il avait tout le temps du monde pour réfléchir à son avenir de médecin, mais ses perspectives immédiates ne seraient peut-être pas brillantes s’il était en retard pour son rendez-vous de 17 h 00. Et même si trouver une direction pour sa vie pouvait être important, son besoin le plus pressant était de gagner suffisamment d’argent pour rembourser son prêt automobile.

    Il jeta un regard noir à la carte et reconstitua le chemin qu’il avait parcouru depuis Belfast, mais Six Road Ends était situé près de la marge du papier. Aucun Ballybucklebo en vue. Que faire ?

    Il leva les yeux et, ce faisant, il s’aperçut dans le rétroviseur. Des yeux bleus lui rendaient son regard dans un visage ovale fraîchement rasé. Sa cravate était de travers. Peu importe le soin qu’il mettait à nouer cette chose, le nœud réussissait toujours à s’égarer sous l’une des pointes de son col. Il comprenait l’importance des premières impressions et ne voulait pas avoir l’air débraillé. Il tira sa cravate pour la replacer, puis il tenta de lisser la mèche de cheveux sur le dessus de sa belle chevelure, mais elle retourna vers le ciel. Il haussa les épaules. Elle allait simplement devoir rester ainsi. Il ne se rendait pas à un concours de beauté — c’étaient ses qualifications médicales qui seraient minutieusement examinées. Au moins, ses cheveux étaient courts, et non dans le style adopté par ce nouveau groupe musical, les Beatles.

    Un dernier regard sur la carte confirma qu’elle ne serait pas utile pour trouver sa destination. Il se dit alors qu’il y aurait peut-être un panneau de signalisation à la jonction. Il sortit de son véhicule, et les ressorts grincèrent. Brunhilde, comme il appelait sa voiture, protestait contre le poids de ses biens terrestres : deux valises, dont l’une contenait sa maigre garde-robe, tandis que l’autre était bourrée de manuels médicaux ; une trousse de médecin rangée sous le capot du moteur et une canne à pêche à la mouche, un panier de pêche et des cuissardes gisant sur le siège arrière. Il se dit qu’il n’y avait pas grand-chose à exhiber pour une personne possédant un diplôme médical, mais avec de la chance, ses finances prendraient bientôt un tour plus favorable — s’il pouvait seulement trouver Ballybucklebo.

    Il s’appuya contre la portière, conscient que son corps élancé d’un mètre soixante-douze lui fournissait à peine assez de hauteur pour regarder par-dessus le toit en dôme de Brunhilde. Même sur la pointe des pieds, il ne voyait aucun signe d’un panneau de signalisation. Il était peut-être caché derrière les haies.

    Il marcha jusqu’à la jonction et regarda autour de lui pour découvrir un manque grave de panneaux de signalisation. « Peut-être que Ballybucklebo, comme Brigadoon, n’apparaît que tous les cent ans. Je ferais mieux de commencer à fredonner How Are Things in Glocca Morra ?¹ et prier Dieu pour que des petites personnes surgissent pour me donner des indications », pensa-t-il. Il retourna à la voiture dans la chaleur de cet après-midi dans l’Ulster, respirant le parfum des ajoncs dans les petits champs de chaque côté de la route. Il entendit les notes liquides d’un merle se cachant dans les fuchsias qui poussaient naturellement dans la haie, les fleurs mauves et cramoisies s’affaissant dans l’air d’été. Quelque part, une vache meugla d’une voix de basse en contre-chant aux sons aigus du merle.

    Barry savoura l’instant. Il pouvait bien être indécis sur ce que lui réservait son avenir, mais une chose était sûre : rien ne pourrait le persuader qu’il y avait un endroit, un seul endroit dans le monde, où il choisirait de vivre à part celui-ci, dans le nord de l’Irlande.

    « Aucune carte géographique, aucun panneau de signalisation et aucune petite personne, pensa-t-il alors qu’il s’approchait de la voiture. Je vais simplement devoir choisir une route et… » Il fut agréablement surpris de voir une silhouette montée sur une bicyclette passer le sommet d’une petite colline et pédaler tranquillement sur la route.

    — Excusez-moi.

    Barry s’avança sur le chemin du cycliste qui approchait et répéta :

    — Excusez-moi.

    Le cycliste chancela, freina et se mit debout, un pied sur le sol et l’autre sur une pédale. Pendant un moment, Barry se demanda si ses espoirs de rencontrer un farfadet s’étaient réalisés.

    — Bon après-midi, dit-il.

    Il s’adressait à un jeune garçon dégingandé, son visage innocent à moitié dissimulé sous un béret mou en tweed, mais pas suffisamment bien caché pour masquer une paire de dents de lapin qui, décida Barry, ferait l’envie de tous les lapins des six comtés de l’Irlande du Nord. Il transportait une fourche sur une épaule et portait un gilet noir en tissu de laine peigné par-dessus un chandail sans col. Les jambes de son pantalon de tweed étaient attachées aux genoux avec des lanières de cuir que les gens du coin appelaient « nicky tams ».

    — Superbe journée, remarqua le garçon.

    — En effet.

    — Oh, oui. Superbe. Le foin pousse bien, alors oui.

    Le jeune se cura le nez, et Barry lança :

    — Je me demande si vous pouvez m’aider.

    — Oui ? demanda le cycliste en soulevant son chapeau et en grattant sa chevelure rousse. Peut-être.

    — Je cherche Ballybucklebo.

    — Ballybucklebo ?

    Ses sourcils se froncèrent, et les grattements sur sa tête augmentèrent en intensité.

    — Pouvez-vous m’indiquer comment m’y rendre ?

    — Ballybucklebo ? demanda-t-il en avançant les lèvres. C’t’une splendide p’tite place que celle-là.

    Barry tenta de ne pas laisser voir son exaspération grandissante.

    — J’en suis convaincu, mais je dois y être pour 17 h 00.

    — 17 h 00 ? Genre, aujourd’hui ?

    — Hum.

    Barry ravala les mots « Non, en l’an 2000 » et patienta.

    Le jeune farfouilla dans le gousset de son gilet, en sortit une montre de poche et la consulta, plissant le front et marmonnant pour lui-même. Il regarda Barry.

    — 17 h 00 ? Il vous reste pas beaucoup d’temps.

    — Je sais cela. Si vous pouviez seulement…

    — Ballybucklebo ?

    — S’il vous plaît ?

    — Oh, oui, dit-il en pointant la route directement devant. Prenez cette route.

    — Celle-là ?

    — Oui. Suivez votre nez jusqu’à ce que vous arriviez à la grange rouge de Willy John McCoubrey.

    — La grange rouge. D’accord.

    — Là, tournez pas à droite.

    — Oh.

    — Pas du tout. Continuez tout droit. Vous allez voir une vache blanche et noire dans un champ — à moins que Willy John l’ait gardée dans la grange rouge pour la traire. Là, passez devant elle et tournez sur la route à votre droite.

    Barry se sentait légèrement perdu.

    — La première à droite après la vache blanche et noire ?

    — C’est bien elle, dit-il en continuant à pointer à gauche. De là, c’est simple comme bonjour. Cela dit, monsieur…

    Il s’apprêta à remonter sur son engin rouillé, puis il accoucha du reste de sa phrase avec la solennité d’un prêtre donnant la bénédiction :

    — Si j’étais vous, dès le départ, je n’aurais pas essayé d’aller à Ballybucklebo en passant par ici.

    Barry regarda vivement son compagnon. Le visage du jeune ne montrait pas le moindre signe du fait qu’il puisse être autre chose que sérieux.

    — Merci, dit Barry, réprimant son envie de rire. Merci beaucoup. Oh, en passant, vous ne connaîtriez pas, par hasard, le docteur là-bas ?

    Les sourcils du jeune s’arquèrent brusquement vers le ciel. Ses yeux s’arrondirent, et il poussa un sifflement bas avant de dire :

    — Lui ? Le docteur O’Reilly. Mon Dieu, oui, m’sieur. En vérité, oui, dit-il avec énergie.

    Sur ces mots, il enfourcha sa bicyclette et s’éloigna en pédalant furieusement.

    Barry grimpa dans Brunhilde et se demanda pourquoi son conseiller s’était soudainement enfui à la simple mention du docteur O’Reilly. Il se dit alors que si la vache de Willy John était dans le bon champ, il le découvrirait sous peu. Son rendez-vous de 17 h 00 n’était avec nul autre que le docteur Fingal Flahertie O’Reilly.

    1. Chanson tirée du film La Vallée du bonheur et interprétée par Petula Clark.

    2

    * * *

    Il vole dans les airs avec la plus grande aisance

    Dr F. F. O’Reilly, M.D., C.M. et D.E.S.

    Médecin et chirurgien

    Heures : lundi au vendredi, 9 h à midi

    B arry lut les lignes sur la plaque de cuivre vissée dans le mur à côté de la porte d’entrée verte d’une maison à trois étages. Un regard à sa montre lui indiqua que grâce à la vache noire et blanche de Willy John McCoubrey, il était arrivé avec cinq minutes d’avance. Il resserra sa prise sur sa trousse neuve en cuir noir, recula d’un pas et regarda autour de lui.

    De chaque côté de l’entrée, des fenêtres en saillie décrivaient un arc sur des murs gris d’agrégats. À sa droite, à travers le verre, l’ameublement de la salle à manger était clairement visible. Barry se dit alors que comme tant de praticiens généraux de campagne, le docteur O’Reilly devait mener sa pratique depuis chez lui. Et si la voix de l’homme, élevée et intimidante, que Barry pouvait entendre sortant de derrière les rideaux tirés sur la fenêtre à sa gauche était une indication, le docteur était présent et au travail.

    — Tu es un idiot, Seamus Galvin. Un petit Jésus de raconteur de bêtises d’imbécile sans éducation. Qu’est-ce que tu es ?

    Barry ne put entendre la réponse. Quelque part à l’intérieur, une porte frappa contre un mur. Il recula d’un pas, et par-dessus son épaule, il jeta un regard sur le chemin de gravier flanqué de rosiers menant à la grille d’entrée. Il sentit un mouvement et pivota brusquement pour regarder un gros homme — immense, en fait —, qui était debout, les jambes arquées dans l’embrasure de la porte ouverte. Le nez tordu de l’ogre était d’albâtre et le reste de son visage, de couleur puce. Barry se dit que c’était probablement parce que ce devait être épuisant de porter un homme plus petit par le collet de son manteau et le fond de sa culotte en velours de coton. Tandis que le petit homme gigotait et poussait des cris aigus, il agitait son pied gauche, qui, comme le remarqua Barry, était complètement dénudé

    Le gros homme balança le plus petit d’avant en arrière dans des avancées de plus en plus grandes, puis il lâcha prise. Barry regarda la scène bouche bée alors que l’envol de la petite victime vers le ciel était interrompu par une rapide descente dans le rosier le plus proche.

    — Imbécile ! rugit le géant avant de jeter violemment un soulier et une chaussette derrière l’homme éjecté.

    Barry tressaillit. Il tint sa trousse noire devant lui.

    — La prochaine fois, Seamus Galvin, mon espèce de bougre de pouilleux… La prochaine fois que tu viendras ici après les heures de ma demi-journée et que tu voudras que j’examine ta cheville endolorie, lave tes foutus pieds ! M’entends-tu, Seamus Galvin ?

    Barry se détourna, prêt à battre en retraite, mais le chemin était bloqué par un Galvin en partance, serrant sa chaussure, clopinant vers la grille et marmonnant :

    — Oui, docteur O’Reilly, monsieur. Je l’ferai, docteur O’Reilly, monsieur.

    Barry pensa au cycliste qui avait donné les directions pour Ballybucklebo et s’était enfui à la simple mention du docteur O’Reilly. Bon Dieu, si ce dont Barry avait été témoin était un exemple des manières de l’homme au chevet de ses patients…

    — Et que diable voulez-vous, debout, là, les deux jambes bien droites et l’air misérable ?

    Barry pivota brusquement pour affronter son interrogateur.

    — Docteur O’Reilly ?

    — Non. Le foutu archange Gabriel. N’êtes-vous pas capable de lire la plaque ? demanda l’homme en pointant le mur.

    — Je suis Laverty.

    — Laverty ? Eh bien, foutez-moi la paix. Je n’achète rien.

    Barry fut tenté de suivre le conseil, mais il tint bon.

    — Je suis le docteur Laverty. J’ai répondu à votre annonce dans le British Medical Journal. J’ai un entretien d’embauche pour le poste d’assistant.

    « Je ne vais pas lui permettre de m’intimider », songea-t-il.

    Ce Laverty. Nom de Dieu, mon vieux, pourquoi diable ne l’avez-vous pas dit ?

    O’Reilly tendit une main de la taille d’une assiette creuse. Sa poignée de main aurait rendu justice à l’un de ces engins qui réduisent les automobiles à la taille des valises.

    Barry sentit ses jointures se broyer ensemble, mais il refusa de broncher tandis qu’il rencontrait le regard du docteur O’Reilly. Il fixait une paire d’yeux bruns enfoncés et cachés sous des sourcils broussailleux. Il observa les profondes rides d’expression autour des yeux et vit que la pâleur avait quitté le nez d’O’Reilly, une grosse trompe tordue avec un penchant assuré à bâbord. Il affichait à présent la couleur prune des joues qui l’entouraient.

    La pression sur la main de Barry se calma.

    — Entrez, Laverty.

    O’Reilly s’écarta et attendit que Barry le précède dans le couloir recouvert d’un mince tapis, puis il ajouta :

    — La porte à votre gauche.

    Barry, s’interrogeant encore sur l’éjection de Galvin, entra dans la pièce aux rideaux tirés. Un secrétaire à cylindre ouvert s’élevait contre un mur vert. Des piles de blocs-notes, de papiers et de ce qui ressemblait à des dossiers de patients gisaient dans un formidable désordre sur la surface de travail du secrétaire.

    Au-dessus, le diplôme encadré d’O’Reilly pendait à un clou rouillé. Barry y jeta un rapide regard discret. « Trinity College, Dublin, 1936. » Devant le secrétaire, il y avait un fauteuil pivotant et une chaise ordinaire en bois.

    — Prenez-vous une chaise.

    O’Reilly abaissa sa masse dans le fauteuil pivotant. Barry s’assit, posa sa trousse sur ses cuisses et regarda autour de lui. Un divan d’examen, une paire de paravents pliants et une armoire à instruments se bousculaient contre un autre mur. Un sphygmomanomètre poussiéreux était fixé sur un mur. Au-dessus de ce tensiomètre, un tableau pour tester la vue pendait de travers.

    Le docteur O’Reilly remonta une paire de lunettes à monture en demi-lune sur son nez tordu, et il examina Barry.

    — Donc, vous voulez être mon assistant ?

    Barry l’avait cru, mais après l’expulsion de Seamus Galvin, il n’en était plus si sûr.

    — Eh bien, je…

    — Évidemment que vous le voulez, dit O’Reilly, sortant une pipe en bois d’églantier de la poche de sa veste et tenant une allumette enflammée au-dessus du fourneau. C’est une occasion en or pour un jeune homme.

    Barry remarqua qu’il n’arrêtait pas de glisser en avant sur sa chaise. Malgré tous ses efforts, il dut se cramponner en enfonçant fermement ses pieds dans le tapis et continuer à repousser ses fesses vers le haut. O’Reilly agita son index.

    — Pratiquer ici à Ballybucklebo : la chose la plus satisfaisante du monde. Vous allez adorer cela. Il pourrait même y avoir un partenariat en jeu pour vous. Évidemment, vous allez devoir faire comme je vous le dis pendant un certain temps jusqu’à ce que vous connaissiez les ficelles.

    Barry se releva sur son siège et prit une décision rapide. Il pourrait travailler ici si on lui offrait l’emploi, mais il sentait — non, il savait — que s’il n’établissait pas immédiatement son indépendance, le docteur O’Reilly lui marcherait sur la tête.

    — Cela signifie-t-il que je vais devoir lancer des patients dans les rosiers ?

    — Quoi ?

    Une touche de pâleur revint dans le nez du gros homme. Barry se demanda s’il s’agissait d’un signe de colère.

    — J’ai demandé si cela signifie que…

    — Je vous ai entendu la première fois, mon garçon. Écoutez-moi donc : avez-vous de l’expérience avec les patients de la campagne ?

    — Pas tout à…

    — Je pensais bien que non, dit O’Reilly, expulsant une bouffée de fumée de tabac semblable aux bourrasques des cheminées du RMS Queen Mary quand elle chauffait ses chaudières. Vous allez avoir beaucoup à apprendre.

    Barry sentit une crampe dans son mollet gauche. Il se remonta brusquement sur sa chaise.

    — Je sais, mais je ne pense pas qu’un médecin devrait balancer des patients…

    — Foutaises, dit O’Reilly en se levant. Vous m’avez vu lancer Galvin dans les roses. Leçon numéro un. Ne laissez jamais, jamais, jamais les patients avoir le dessus sur vous. Sinon, ils vous épuiseront.

    Chaque fois qu’il avait dit le mot « jamais », il avait piqué Barry avec le bout de sa pipe.

    — Ne pensez-vous pas que jeter un homme à bras-le-corps dans votre jardin est un peu… ?

    — Auparavant, oui… jusqu’à ce que je rencontre Seamus Galvin. Si vous acceptez l’emploi et avez l’occasion de connaître ce bon à rien aussi bien que moi… commença O’Reilly en secouant la tête.

    Barry se leva et se massa l’arrière de la jambe. Il allait poursuivre le débat sur Galvin, mais O’Reilly commença à rire avec de sonores grondements de gorge.

    — Jambe raide ?

    — Oui. Il y a quelque chose qui cloche avec la chaise.

    Les rires d’O’Reilly devinrent plus profonds.

    — Je l’ai truquée.

    — Truquée ?

    — Oh, oui. Certains des malades fatigués à Ballybucklebo semblent croire que lorsqu’ils entrent ici, c’est mon travail d’écouter leurs lamentations jusqu’à la Saint-Glinglin. Un médecin généraliste de campagne, un docteur en milieu rural seul à opérer, n’a pas ce temps-là.

    Il remonta ses lunettes sur son nez et ajouta :

    — C’est pourquoi j’ai publié une annonce pour avoir un assistant. Il y a foutrement trop de boulot ici.

    O’Reilly avait cessé de rire. Son regard brun était fixé sur les yeux de Barry quand il dit doucement :

    — Acceptez l’emploi, mon garçon. J’ai besoin d’aide.

    Barry hésita. Voulait-il réellement travailler pour ce gros homme fruste qui était assis là avec une pipe d’églantier coincée dans sa large bouche ? Barry vit les joues rougeaudes d’O’Reilly, ses oreilles en choux-fleurs qui devaient lui venir d’un passage dans un ring de boxe et sa crinière de cheveux noirs dressée comme une meule de foin mal ficelée, et il décida de gagner du temps.

    — Qu’avez-vous fait à cette chaise ?

    Le visage d’O’Reilly se fendit d’un sourire, et Barry se dit qu’il ne pouvait être décrit que comme démoniaque.

    — Je l’ai truquée. J’ai scié trois centimètres des pieds avant.

    — Vous avez fait quoi ?

    — J’ai scié trois centimètres des pieds avant. Pas très confortable, n’est-ce pas ?

    — Non, dit Barry en se relevant sur son siège.

    — Vous ne voulez pas rester longtemps, pas vrai ?

    Barry se dit : « Je ne suis pas certain de vouloir rester, point. »

    — Les patients non plus. Ils vont et viennent comme un coude de violoneux.

    Barry se demanda comment un médecin responsable pouvait correctement établir un dossier des antécédents si sa pratique fonctionnait comme un convoyeur à courroie humaine. Il se leva.

    — Je ne suis pas convaincu de vouloir travailler ici…

    Le rire d’O’Reilly résonna dans la pièce.

    — Ne vous prenez pas tant au sérieux, fiston.

    Barry sentit une rougeur naître sous son col.

    — Docteur O’Reilly, je…

    — Laverty, il y a quelques personnes vraiment malades ici qui ont besoin de nous, vous savez.

    O’Reilly ne riait plus.

    Barry entendit le mot « nous », et il fut étonné de constater que cela lui faisait plaisir.

    — J’ai besoin d’aide.

    — Eh bien, je…

    — Merveilleux, dit O’Reilly, plaçant une autre allumette au-dessus de sa pipe, se levant et marchant au pas jusqu’à la porte. Venez, vous avez vu le cabinet… La raison pour laquelle nos cousins américains insistent pour appeler cela un bureau me dépasse… Je vais vous montrer le reste de la boutique.

    — Mais je…

    — Laissez votre trousse ici. Vous en aurez besoin demain.

    Sur ce, O’Reilly disparut dans le couloir, ne laissant pas vraiment d’autre choix à Barry que de poser sa trousse et le suivre. Immédiatement en face, il put voir dans la salle à manger, mais O’Reilly fonça dans le couloir, dépassa un escalier avec une balustrade en acajou sculpté. Ensuite, il s’arrêta et ouvrit une porte toute grande. Barry se dépêcha de le rattraper.

    — La salle d’attente.

    Barry vit une vaste pièce tapissée d’horribles roses. D’autres chaises en bois étaient disposées autour des murs. Une unique table au centre de la pièce était recouverte de vieux magazines.

    O’Reilly pointa une porte sur le mur du fond.

    — Les patients entrent par là. Nous arrivons par le cabinet et ramenons le prochain patient avec nous, puis nous le traitons et le raccompagnons à la porte.

    — Sur ses pieds, j’espère.

    Barry observa le nez d’O’Reilly. Pas de pâleur.

    Le gros homme émit un petit rire.

    — Vous n’êtes pas un endormi, vous, Laverty.

    Barry garda le silence tandis qu’O’Reilly poursuivait.

    — C’est un bon système… qui empêche les casse-pieds de s’échanger leurs symptômes ou d’exiger le même médicament que le dernier patient. Bon… dit-il ensuite en pivotant et en se dirigeant vers l’escalier. Venez.

    Barry le suivit et monta une volée de marches jusqu’à un large palier. Des photographies encadrées d’un cuirassé pendaient aux murs.

    — Le salon est ici, dit O’Reilly en pointant un duo de portes lambrissées.

    Barry hocha la tête, mais il regarda plus attentivement le cuirassé.

    — Pardonnez-moi, docteur O’Reilly, est-ce le HMS Warspite ?

    Le pied d’O’Reilly s’immobilisa sur la première marche de la volée suivante.

    — Comment savez-vous cela ?

    — Mon père y a servi.

    — Sainte-Marie mère de Dieu. Laverty ? Êtes-vous… êtes-vous le fils de Tom Laverty ?

    — Oui.

    — Que le diable m’emporte !

    « Moi aussi », pensa Barry. Son père, qui parlait rarement de ses expériences en temps de guerre, avait de temps à autre fait allusion à un certain chirurgien commandant O’Reilly, qui avait été un champion de boxe mi-moyen de la flotte méditerranéenne — ce qui expliquerait les oreilles en choux-fleurs d’O’Reilly et son nez tordu. De l’avis de son père, O’Reilly avait été le meilleur des médecins officiers de la flotte. Cet homme ?

    — Incroyable. Le fils de Laverty.

    O’Reilly lui tendit la main. Sa poigne était ferme, mais pas écrasante.

    Vous êtes l’homme de l’emploi, ajouta-t-il. 35 livres par semaine, un samedi de congé sur deux, logé et nourri.

    — 35 livres ?

    — Je vais vous montrer votre chambre.

    * * *

    — Que prendrez-vous ?

    O’Reilly était devant un buffet où se trouvaient des carafes en cristal taillé et une rangée de verres.

    — Un petit sherry, je vous prie, dit Barry en s’installant dans un gros fauteuil.

    Le salon à l’étage d’O’Reilly était confortablement meublé. Trois aquarelles de gibiers à plumes de Milliken ornaient le mur au-dessus d’un grand foyer. Deux murs étaient cachés par des bibliothèques s’élevant du sol au plafond. En faisant un rapide examen des titres — La République de Platon, De bello Gallico de César, Winnie l’ourson et sa traduction latine, Winnie Ille Pu, les œuvres complètes de W. Somerset Maugham, Graham Green, John Steinbeck, Ernest Hemingway et les livres de la série Le Saint de Leslie Charteris —, Barry constata que les goûts littéraires d’O’Reilly étaient larges.

    Sa collection de disques empilés n’importe comment à côté d’un gramophone Philips de la série Black Box était tout aussi éclectique. Des vinyles 33 tours renfermant les symphonies de Beethoven étaient mêlés avec de vieux micro­sillons 78 tours de Bix Beiderbecke et Jelly Roll Morton. Il y avait aussi les plus récents vinyles des Beatles.

    — Voilà.

    O’Reilly tendit un verre à Barry, s’assit lourdement dans un autre fauteuil et releva ses pieds corpulents bottés sur une table basse. Ensuite, il leva son propre verre. Barry songea qu’il aurait pu servir de seau pour éteindre un feu s’il n’avait pas été rempli à ras bord de whiskey irlandais.

    — Je ne suis pas très amateur de sherry ; mais chacun ses goûts, déclara O’Reilly.

    — J’aurais cru qu’il était un peu tôt pour le whiskey.

    — Tôt ? dit O’Reilly en buvant une grosse gorgée. Il n’est jamais trop tôt pour une goutte de bon alcool.

    « Mon Dieu, ne me dites pas que c’est un alcoolique fini », pensa Barry en regardant plus attentivement les joues rouges d’O’Reilly.

    O’Reilly, clairement inconscient de l’examen attentif de Barry, fit un signe de tête vers la baie vitrée.

    — Voyez-vous cela ?

    Barry regarda au-delà du clocher penché et recouvert de mousse de l’église, de l’autre côté de la route partant de la maison d’O’Reilly, du côté des toits des maisons de ville de la rue principale de Ballybucklebo. Plus loin s’étendaient les dunes du rivage, là où le lac Belfast, cobalt et coiffé de blanc, séparait County Down des lointaines collines d’Antrim, troubles contre un ciel aussi bleu que les centaurées.

    — Bon Dieu, dit O’Reilly, on ne pourrait pas battre cela, même si on le voulait.

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