On flushe... pis on recommence ! (en pratique)
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À propos de ce livre électronique
Ça serait parfait si… je n'avais pas perdu mon stage il y a quelques jours, si mes prospects n'étaient pas respectivement marié ou à l'autre bout du monde, pis si ma meilleure amie n'était pas enceinte de mon ex! Tsé, quand l'Univers décide de te faire chier!
Je dois donc me dénicher un stage de rechange au plus vite. J'espère que je ne me ramasserai pas à étudier le manque d'activité physique chez les comptables ! Dire que ce n'est que le premier de trois… Trois occasions de découvrir si j'aime la kinésiologie et si je suis faite pour ça. Un peu stressant! En plus, je pourrais me retrouver n'importe où… et pourquoi pas même dans le Grand Nord !
Et si je commettais gaffe après gaffe? Si mes patrons étaient de vrais imbéciles? Si j'avais tout flushé pour rien?
Et si, au contraire, je m'épanouissais comme jamais? Si j'avais de nouveaux collègues sexy? Hum, ça serait génial!
Je dois m'inspirer du côté zen de François et de celui plus fonceur de Cassandre. Allez, on plonge! Question de savoir si j'ai fait le bon choix…
Marie-Millie Dessureault, c'est la fille qui, après s'être ramassée avec des bas jaunes aux pieds, a trouvé un excellent exutoire en l'écriture. Vendu à plus de 5000 exemplaires, son premier roman, Maudits bas jaunes, témoigne de son talent. Bien qu'elle aime son emploi d'enseignante au secondaire, cette Abitibienne s'est souvent demandé ce que ça donnerait si... elle flushait pis recommençait !
Marie-Millie Dessureault
Marie-Millie Dessureault s’est découvert une passion pour l’écriture après s’être retrouvée avec une paire de bas de laine aux pieds au mariage de sa jeune sœur. Après le succès de «Maudits bas jaunes !», elle a récidivé avec «On flushe… pis on recommence !» («en théorie» et «en pratique»), puis en écrivant «Laurence» de la série «Veuve de chasse». C’est en résidant enfin dans sa première maison que l’inspiration pour écrire la suite des aventures de Rosalie lui est venue... naturellement !
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Aperçu du livre
On flushe... pis on recommence ! (en pratique) - Marie-Millie Dessureault
CHAPITRE 1
image-chapitreSe r’virer sur un dix cennes
Lundi, 3 janvier. Je viens de passer ma pire fin de semaine depuis un fichu bout ! D’abord, quand j’ai réussi à parler à Cassandre, au fin fond de son chalet perdu, elle n’a pas eu de solution miracle à me proposer. Elle était bien peinée de ne pas pouvoir m’aider avant son retour des États-Unis. Je sais qu’elle n’aurait pas pu faire grand-chose, mais j’avais comme un mince espoir qu’elle saurait tout arranger, comme l’an dernier, quand je suis allée la rejoindre au Mexique. Mais bon, l’université est fermée et ça, personne ne peut rien y changer.
François, lié par la promesse que nous avons faite à monsieur Lupien n’a, pour l’instant, trouvé aucune issue à mon problème d’étudiante sans-abri. Il s’est par contre montré compatissant et d’une très grande écoute quand je lui ai raconté pour Corine et sa petite crevette, prévue pour la fin du mois de juillet. Fin psychologue (à une remise de thèse près), il a su me faire redescendre sur terre et réaliser que j’ai encore sept ou huit bonnes années pour procréer à mon tour. Bon, à cela, il faut enlever l’année et demie qu’il me reste d’université (si je parviens à dénicher un stage quelque part), en plus d’un temps raisonnable pour trouver un géniteur (qui ne soit ni marié ni à l’extérieur du pays), vivre assez longtemps avec lui, puis tomber enceinte malgré la vieillesse de mes ovules². Bref, à bientôt trente-deux ans, je suis aussi près d’être mère que Cassandre de se marier !
Quant à P-A et à Maxime, je n’ai réécrit ni à l’un ni à l’autre. Pour le premier, voilà deux jours que je me torture à me demander si j’ai assez de sentiments à son égard pour m’embarquer dans une telle patente. Il me faudrait alors avoir une confiance absolue en lui. Tout dépend de ce que j’attends de notre relation.
Si ça reste un « flirt d’étudiante », je devrais parvenir à passer par-dessus ça. De toute façon, je ne vois pas trop de quoi il pourrait s’agir d’autre. Quand je serai prête à avoir des enfants, P-A aura encore une dizaine d’années avant de commencer à y songer. Mais, si on « revient ensemble », je risque de finir par tomber profondément en amour avec lui et d’avoir trop de mal à m’en remettre quand la réalité nous rattrapera.
En ce qui concerne Maxime, j’ai pris conscience de mon erreur de lui avoir écrit la veille du jour de l’An. Une histoire avec lui est impossible pour le moment et je n’ai fait que remuer le couteau dans la plaie. Mieux vaut en rester là et laisser l’Univers nous réunir si c’est vraiment notre destin (j’ai mis beaucoup trop de choses dans les mains de l’Univers dernièrement, va falloir que je me calme un peu).
Pour terminer, depuis deux jours, j’essaie de donner le change à ma famille, qui s’enthousiasme à l’idée de me voir travailler avec les Foreurs. Je n’ai toujours rien dit. J’attends d’avoir un plan de rechange avant d’annoncer que ça n’arrivera pas. Plus que quelques minutes et je pourrai enfin parler à quelqu’un de l’université. Que ce soit sur Facebook ou par téléphone, je n’ai obtenu aucune réponse des Marc Gagné³ que j’avais contactés. Pour chasser l’angoisse, de jour comme de nuit, j’ai effectué quelques entraînements sur le vélo d’exercice de mon père (dont un de deux heures et demie, après avoir succombé à une orgie de bacon).
À neuf heures pile, je téléphone à Sherbrooke.
— Secrétariat de la faculté des sciences de l’activité physique ?
— Bonjour, j’aimerais parler à Marc Gagné, s’il vous plaît. Ça fait plusieurs messages que je lui laisse et j’ai eu aucune réponse. Peut-être qu’il les a pas eus. C’est qu’il faut absolument que je lui parle. Je viens d’apprendre que j’ai perdu mon stage et je dois régler tout ça au plus vite ! que j’explique d’une traite.
— Monsieur Gagné ne travaille plus ici, répond-elle avec une pointe d’amertume dans la voix. Il a accepté, à la dernière minute, un poste dans une université américaine. Je suppose que sa boîte de messagerie n’a pas encore été fermée. Nous n’avons pas eu le temps de mettre notre site Web à jour non plus.
Super. J’ai failli contacter Claire Lamarche pour retrouver le mauvais gars !
— Dans ce cas, pouvez-vous me passer le nouveau responsable des stages ?
— Oui, bien sûr, attendez que je voie s’il est arrivé…
Laisse faire ça pis transfère-moi ! Au pire, je laisserai un message hystérique sur sa boîte vocale et il n’aura pas le choix de me rappeler s’il ne veut pas être accusé de non-assistance à personne en danger ! Reste calme, Samuelle, reste calme.
— Colette, sais-tu si Gérald est à son bureau ? demande la femme à une collègue sans voir la nécessité de me mettre en attente. … Ah, super ! J’ai une étudiante qui veut lui parler.
Génial ! Enfin un peu de chance !
— Pis toi, tes vacances en Gaspésie ? poursuit-elle. (Réponse inaudible de son interlocutrice.) Eille, figure-toi donc que mon mari m’a acheté une nouvelle machine à café ! Elle peut tout faire : des cappuccinos, des lattés… Je CA-PO-TE !
J’ai droit au récit intégral des vacances d’Huguette et à quelques bribes de celles de Colette. François se serait délecté de ces confidences et aurait trouvé au moins trois articles à écrire sur le sujet, mais pour ma part, j’aurais préféré ne pas entendre certains détails quant à la virée dans un sex shop que la secrétaire a faite avec son mari.
— Sainte-sacoche ! C’est parce que j’attends encore, moi là ! que je marmonne en serrant les dents après avoir éloigné le combiné.
— Oh eille, c’est vrai, j’ai encore la p’tite madame au bout du fil ! finit-elle par dire. Je te laisse… Vous êtes toujours là ?
« La p’tite madame » !? J’ai beau être l’aînée de la faculté, ce n’est pas vrai qu’on va m’appeler ainsi ! Uniquement dans le but d’être transférée le plus rapidement possible, je me retiens d’exploser et réponds poliment :
— Bien sûr.
— On m’a appris que monsieur Bélanger était à son bureau, je vous le passe immédiatement.
Ouais, c’est ça, « immédiatement »… mais mille ans plus tard ! Je patiente un instant avant de pouvoir enfin parler à celui qui devra me sauver. Après les salutations d’usage, je me lance dans le récit des dernières semaines, commençant par le processus d’entrevues et concluant par ma rencontre avec monsieur Marquis à l’épicerie. Après avoir terminé mon monologue, je songe qu’il faudrait peut-être que je travaille mon aptitude à aller droit au but.
— Oui, j’ai reçu le courriel de monsieur Marquis. Assez dommage ; ça promettait d’être un stage très intéressant.
Je suis au courant, merci. Pourrait-on ne pas en rajouter, s’il vous plaît ?
— Qu’est-ce que je fais, maintenant ?
— Je vais sortir la liste des compagnies qui n’ont pas trouvé de stagiaire après les trois tours et vous pourrez en choisir une, me répond-il sur le ton le moins stressé du monde. J’envoie ça à votre adresse de l’université dès que nous aurons raccroché.
— Je vous suis telllllllllllllllllllllement reconnaissante ! Pour tout vous dire, je commençais à penser que ma session était fichue.
— Ça arrive, des fois, ces choses-là. Assez rare, par contre, que ça survienne aussi tard. Mais bon, je vais tout mettre en œuvre pour vous aider. Après tout, on ne m’a pas sorti de la retraite pour rien ! Rappelez-moi quand vous aurez fixé votre choix, si possible avant midi.
Je raccroche le cœur léger. En attendant de recevoir les possibilités restantes, j’envoie un texto à Cassandre pour lui annoncer la bonne nouvelle. N’obtenant aucune réponse, je me souviens qu’elle participe à un déjeuner du retour des fêtes, organisé par l’entreprise qui l’a sélectionnée pour son propre stage. Je rafraîchis la page de ma boîte de messagerie de l’université toutes les trente secondes, impatiente de connaître de quoi seront faits les prochains mois.
La liste apparaît enfin. Évidemment, il ne reste plus rien dans les environs de Sherbrooke (j’étais pourtant prête à squatter le sofa de Cassandre) ni dans ma région. En réalité, il n’y a que trois choix… et je comprends pourquoi personne n’en a voulu.
1. Québec
aide à la recherche en biomécanique
Description des tâches : l’étudiant sera appelé à trouver des candidats pour une étude sur le développement des tendinites chez les personnes travaillant à l’aide d’un ordinateur. Il observera les candidats environ une heure par jour et notera les éléments nécessaires. Il participera à la synthèse et à l’analyse des données recueillies. L’étudiant bla bla bla…
Si je m’endors en lisant mes futures occupations, ça ne part pas bien !
2. Trois-Rivières
centre d’entraînement Sportomax
Description des tâches : recruter de nouveaux clients, superviser l’entraînement aux différents appareils, remplacer les entraîneurs dans les cours de groupe au besoin, effectuer des appels aux clients qui ont besoin de motivation, nettoyer les appareils, assurer la vente et la promotion des produits et des suppléments alimentaires, etc.
Wow ! Belle job de téléphoniste, vendeuse et concierge déguisée en stage !
3. Magog
création d’un programme de mise en forme pour les aînés
(hum, finalement, si on compare aux autres, ça pourrait être intéressant !)
Description des tâches : puisqu’il s’agit d’un projet-pilote, la personne devra cerner les besoins de l’entreprise, soumettre des recommandations au comité de direction, qui lui donnera ensuite l’autorisation d’élaborer un programme d’activités physiques, que l’animatrice actuellement en poste pourra mettre en œuvre.
Bref, je me taperais tout le sale boulot, sans directives véritables, et je n’aurais même pas le plaisir de bénéficier des fruits de mon travail. Du remplissage de papiers et du pelletage de nuages, voilà ce que c’est.
Aucune des propositions ne suscite mon intérêt, loin de là. Mais bon, comme disait ma grand-mère : à cheval donné, on ne regarde pas la bride ! À contrecœur, je me convaincs que je pourrai me rabattre sur les deux autres stages pour avoir du plaisir… Comme une de mes cousines (éloignée, mais cousine quand même) habite à Québec et possède un grand condo pour elle seule, je me décide pour celui qui s’y trouve. Qui sait, ça me servira peut-être un jour d’être experte en tendinite ? Quelques minutes avant midi, la mine basse, je rappelle monsieur Bélanger.
— Je crois que j’ai pris une décision, que je commence.
— D’accord, mais, avant, sachez que j’ai une quatrième option à vous offrir.
— Je suis tout ouïe !
— Je viens de parler à une étudiante qui a décidé d’abandonner l’université pour aller faire un DEP en pâtisserie (ça, c’est de la réorientation !). Elle libère donc un stage.
— De quoi s’agit-il ?
— C’est ça le plus intéressant. Le mandat ressemble énormément à celui que vous deviez accomplir, mais à Montréal.
— Je vais travailler avec les Canadiens ?! que je m’écrie, me voyant déjà poser les pieds là où MON P.K. Subban a déjà mis les siens⁴.
— Euh, non. (Oups !) En fait, on pourrait presque croire que monsieur Marquis a copié son offre sur celle de Montréal. Vous passeriez les lundis, les mercredis et les vendredis dans un centre communautaire de l’arrondissement, où vous vous occuperiez de développer des activités favorisant de saines habitudes de vie. Les mardis et les jeudis, vous organiseriez des entraînements hors glace pour une équipe de hockey junior. Si vous avez suivi un cours de secourisme, vous seriez également invitée derrière le banc pendant les matchs à domicile, comme soigneuse.
Je suis sauvée ! Bon, c’est sûr que j’aurais préféré que ce soit cette organisation-là qui perde sa subvention et non celle de Val-d’Or, mais au moins je vais pouvoir me servir de toutes les idées que j’ai eues et qu’on m’a données.
— C’est ce stage-là que je veux ! Ça commence quand ?
— C’est ça, le hic ; vous devez rencontrer les dirigeants de l’équipe de hockey demain matin à neuf heures. Mercredi, c’est le responsable du centre communautaire qui vous attend. J’imagine que vous vous trouvez toujours en Abitibi ?
— Oui, mais je peux me rendre à Montréal à temps sans problème.
— Aurez-vous un endroit où loger ?
Malheureusement, oui. Chez Stéphane : mon oncle désagréable et fumeur compulsif. Même si je sais qu’il acceptera (car il ne cracherait jamais sur une occasion d’avoir quelqu’un à qui se plaindre de ses journées), le fait de penser à l’appeler pour lui demander le gîte ne me tente pas du tout.
— Ouin, que je réponds au coordonnateur.
— Tout est bien qui finit bien alors ! Je vais envoyer les informations aux responsables et vous transmettre leurs coordonnées.
Je remercie encore une fois cet ex-retraité, qui devait tellement être apprécié des anciens étudiants, et descends annoncer la nouvelle à mon père.
— Mon bébé chat ! J’ai préparé des omelettes pour le dîner, ça te convient ?
— Oui. Écoute, faut que je te parle de quelque chose…
— D’accord, mais, avant, regarde ça ! m’interrompt-il en me montrant des photos sur son ordinateur. J’ai trouvé ça sur Ping-go-best.
— Pinterest, que je le reprends gentiment.
— Même affaire (sa réponse préférée). Bref, vu que tu passes toute la session ici, je me suis dit qu’on pourrait rajeunir la décoration de ta chambre. Après ton départ, ça deviendrait une belle chambre d’invités. Qu’en penses-tu ? On pourrait faire ça demain, c’est ma dernière journée de congé.
Ça y est, je me sens mal. Même si ce n’est pas ma faute, son enthousiasme me va droit au cœur. Je prends une bonne respiration avant de lui expliquer que mes plans ont changé. Évidemment déçu, il est néanmoins content que j’aie pu me trouver autre chose aussi rapidement. Je lui suggère que nous remettions ses ambitions de décoration à mon prochain stage, advenant le cas où, cet automne, je réussirais à rester en Abitibi. Il accepte aussitôt, avale son omelette en quatre bouchées, puis part faire les commissions pour acheter ce qu’il me manque, étant donné que je suis pressée. Entre-temps, je parviens à joindre mon oncle Stéphane qui, heureusement et malheureusement, accepte de m’héberger pour les quatre prochains mois. J’informe également ma mère et Cassandre des derniers développements. Trente minutes plus tard, je monte dans ma voiture et file vers Montréal.
Bon, « filer » est un grand mot, puisqu’un accident vers la sortie du parc de la Vérendrye entraîne la fermeture de la route pendant quatre bonnes heures. Je suis donc prise au Domaine, soit à une centaine de kilomètres de Mont-Laurier, à attendre qu’on en annonce la réouverture. Nous serons alors une centaine de voitures qui se suivront à la queue leu leu jusqu’au début de l’autoroute. Super.
sacocheJe finis par arriver chez mon oncle passé minuit. Rapidement, je goûte aux joies du stationnement à Montréal en hiver. Lorsque je repère une place libre, elle est ensevelie sous trois pieds de neige dure et compacte qui me promet des moments de pur plaisir. À croire que personne ne s’est stationné là depuis des semaines !
Une délicate odeur de cigarette m’accueille quand je pénètre enfin dans l’appartement. Déjà couché, mon oncle Stéphane m’a laissé une brève note me demandant d’attendre à demain matin avant de prendre ma douche afin de ne pas le réveiller. Tabouère, c’est parce que ça fait quarante-cinq minutes que je sue à grosses gouttes, à pelleter, emmitouflée dans mon manteau ! Sainte-sacoche que ça part bien !
CHAPITRE 2
image-chapitreCette idée de m’appeler Samuelle…
Lorsque mon réveil sonne à six heures, je me demande si j’ai réellement dormi tellement je suis exténuée. Heureuse de constater que mon oncle est déjà parti travailler (vive la job de camionneur !), je saute dans la douche et reste sous le jet jusqu’à ce que la salle de bain ressemble à un sauna. Je ne sais pas trop si je dois rire ou soupirer lorsque je découvre que ma seule option de déjeuner consiste en un bol de Lucky Charms… sans lait, puisque le litre restant affiche novembre comme date de péremption. Je me promets de faire quelques courses à la fin de la journée. Bien que me laisser mourir de faim m’aiderait à atteindre plus rapidement mon poids santé, je me dois d’avoir l’air en pleine forme.
Idiote ou inconsciente, je décide de prendre ma voiture pour aller rencontrer les dirigeants de l’équipe de hockey à l’aréna. En tant que Valdorienne, je n’ai pas trop l’habitude d’utiliser les transports en commun. À Sherbrooke, je me déplaçais à pied pour ce qui se situait tout près, sinon j’optais pour la voiture. Je crois que les seules fois où je suis montée dans un bus, c’était pendant les initiations⁵.
Bref, il ne m’aura jamais fallu autant de temps pour parcourir sept kilomètres.
Trois hommes m’attendent dans l’entrée du centre sportif. Ils sont habillés de manière décontractée ; je pousse un soupir de soulagement. Je me demandais tellement quoi mettre ce matin ! Je ne voulais avoir l’air ni d’une princesse un peu coincée, ni de quelqu’un qui s’en fiche et qui prend ça trop relax. Mes patins sont dans mon auto, au cas où. Sans vouloir me vanter, je patine plutôt bien. Mon père a insisté pour m’apprendre, enfant, et j’y ai pris goût. Je me suis même inscrite à quelques camps de power skating pour le plaisir (bon, les plus beaux gars de l’école y participaient aussi, c’était peut-être une source de motivation supplémentaire…). Je n’aurais jamais cru que ça me servirait plus tard.
— Bonjour ! que je lance, tout sourire.
— Bonjour… Est-ce qu’on peut faire quelque chose pour vous ? demande le plus grand.
OK, visiblement, ils ne m’attendaient pas, moi. Ce ne sont peut-être pas eux, les gens censés m’encadrer…
— Euh, je viens pour le stage en kinésiologie, que je commence en espérant voir leurs visages perdre leur air interrogateur. Je dois rencontrer les entraîneurs.
— Ah ben, vous êtes à la bonne place, dans ce cas ! m’accueille l’entraîneur-chef (si je me fie à son manteau).
— Désolé, c’est le responsable de l’aréna qui a parlé à monsieur Bélanger et il nous a simplement dit que notre stagiaire s’appelait « Samuel », explique un de ses adjoints.
— Effectivement, c’est moi ! que je réponds, enthousiaste. J’espère que vous n’êtes pas déçus.
— Disons que, vu le monde dans lequel on évolue, on a jamais pensé que ce prénom pouvait désigner une fille… Mais je suis certain que vous ferez un aussi bon travail, tente-t-il de se rattraper (en s’embourbant davantage, selon moi).
Oh boy ! Ça part mal si mon supérieur immédiat a des préjugés. Je vais rapidement devoir montrer mes talents pour qu’il m’accorde sa confiance.
— Alors, bienvenue dans l’équipe, madame Villeneuve-
St-Jean, termine-t-il.
— Vous pouvez m’appeler Samuelle, ça va être plus simple.
L’entraîneur-chef, Alexandre, son assistant responsable de la défensive, Bruno, et celui s’occupant principalement des gardiens de buts, Étienne, se présentent donc officiellement tour à tour. Après avoir fait un peu connaissance, nous passons aux choses sérieuses.
— On aimerait que tu⁶ t’occupes de l’échauffement des joueurs avant les entraînements et les matchs à domicile, et du cool down après, commence Alexandre. Ce serait bien aussi si tu pouvais prendre en charge le retour au jeu de nos joueurs blessés en supervisant les exercices suggérés par le physiothérapeute. On nous a aussi appris que tu avais suivi ton cours de premiers soins.
— En effet, que j’acquiesce.
— On te prendrait donc avec nous comme soigneuse pour les matchs à domicile et ceux qui ne seront pas trop loin à l’extérieur.
— Ça me convient parfaitement. À moins que ça tombe en même temps qu’une autre activité que j’organise pour le centre communautaire, je vais vous accompagner avec plaisir.
— Il faudra seulement qu’on t’inscrive à un petit cours spécialisé pour être derrière le banc.
— Je l’ai déjà fait.
— Ah oui ? Tu me surprends ! Pas parce que t’es une fille, là, c’est pas ce que je veux dire…
Je crois qu’il est en train de prendre conscience de sa maladresse de tout à l’heure.
— Aucun problème. En gros, mon ancien patron m’avait déléguée derrière le banc pendant les tournois d’entreprises. Je pense qu’il avait peur que des employés se blessent et manquent des journées de travail…, que j’explique, étonnée que l’avarice de mon ancien boss contribue aujourd’hui à ma polyvalence.
— Dans ce cas, c’est réglé ! Tu as des questions ?
— Je suis prête à me mettre au travail ! que je termine en souriant.
— Parfait ! Je vais te montrer ton bureau.
Wow ! Mon propre bureau ! Quand je pense que j’étais encore pognée dans mon petit bureau à cloisons après neuf ans au cabinet comptable… Je suis Alexandre jusqu’au fond d’un couloir, où je découvre mon lieu de travail pour les prochains mois. Il fait face à l’entrepôt réservé à l’équipement. Un bureau, deux chaises, un babillard et une grande armoire sont à ma disposition. Trop emballée d’avoir un espace rien qu’à moi, je ne me formalise pas de la couleur jaunâtre des murs ni de l’odeur de vieilles chaussettes qui imprègne la pièce. Je préfère ne pas savoir ce qu’il y avait ici avant.
— Je te laisse te familiariser avec l’aréna. Il comporte, entre autres, un petit gymnase, un restaurant, une salle d’exercices et une infirmerie. Hésite pas à te promener un peu partout ou à nous déranger si tu as des questions. Les joueurs seront là à quatorze heures cet après-midi. Nous allons te les présenter et tu pourras faire leur connaissance. Je dois t’avouer que c’est la première fois qu’on a une stagiaire en kinésiologie, alors, si tu as des idées de choses que tu aimerais mettre en place ou des ateliers que tu voudrais développer, te gêne pas pour nous en parler. On est super ouverts à la nouveauté.
— Je prends ça en note. J’en ai effectivement quelques-unes, que j’avance, surprise par la confiance en moi (non feinte) dont je fais preuve.
Je commence par retourner à ma voiture chercher mon sac, dans lequel j’ai mis ce que j’ai cru qui pourrait m’être utile. J’apporte aussi mes patins. Je ne sais pas si j’aurai à m’en servir, mais, dans le pire des cas, ça fera une décoration originale pour mon bureau !
Un peu avant quatorze heures, je rejoins les entraîneurs pour la rencontre avec les joueurs. J’ai dû aller aux toilettes au moins six fois dans les dernières soixante minutes tellement je me sens nerveuse. Juste avant qu’on entre dans la salle, Alexandre me prend au dépourvu.
— Je viens de penser à ça : comme c’est le retour des fêtes, crois-tu que tu pourrais leur faire faire quelques exercices de remise en forme ? Ça pourrait t’aider à mieux les connaître. Ils ont déjà enfilé leur tenue de gymnase, alors…
Sainte-sacoche ! Beau défi pour une première journée ! Je ne sais pas s’il a coutume d’élaborer ses entraînements à la dernière minute, mais, en ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment l’habitude d’improviser. Une chance que mon ensemble de sport et mes baskets m’attendent dans mon bureau ! En plus, pour la première fois, je vais m’adresser à un groupe composé uniquement de gars. Déjà que j’étais gênée avec mes p’tits vieux et mes groupes de madames au spinning, va falloir que je fournisse de grands efforts pour demeurer calme et parler clairement.
— D’accord ! que j’accepte en y mettant tout l’enthousiasme possible afin de faire bonne impression.
Sans plus attendre, j’entre dans la salle et vingt paires d’yeux se tournent automatiquement dans ma direction. J’espère que c’est seulement parce que je suis la seule ici à posséder un vagin et non parce que j’ai quelque chose sur le visage⁷ ! Je prends une bonne inspiration avant de me présenter en détail. Un prof au cégep m’a déjà fait remarquer que, dans une situation semblable, si quelqu’un ne prend pas le temps de parler de lui, son public passera les premières minutes à se poser des questions à son sujet et n’écoutera rien de son message. C’est donc par souci professionnel plutôt que par plaisir que je dévoile mon parcours de vie. Je décris ensuite le rôle que je jouerai au sein de l’équipe jusqu’à la fin des séries (il semblerait qu’elle a de bonnes chances de se rendre loin). Probablement par politesse (parce que, sérieux, je suis plate à mort), personne ne parle pendant mon discours.
Lorsque je demande aux joueurs de me rejoindre au gymnase dans cinq
