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Famille de coeur
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Livre électronique260 pages3 heures

Famille de coeur

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À propos de ce livre électronique

La rencontre émouvante de trois générations de femmes battantes, courageuses et entrepreneuses. Chacune va bousculer sa zone de confort pour avancer autrement.
Tout d'abord, Juliette, jeune et belle femme, au coeur d'or, à la sensibilité exacerbée. Elle refuse de participer à ce monde hyper connecté et veut construire sa vie en respectant ses valeurs. Au risque, parfois, de saboter ses relations et se heurter à une incompréhension.
Sur la route, elle croise Sophie, quadragénaire enthousiaste, créative et bienveillante. Elle aime se challenger. Sa reconversion professionnelle constitue son nouveau défi. Après un divorce houleux, elle accorde une grande place à son rôle de maman, tout en savourant maintenant ses belles années de célibataires.
L'Amour sera-t-il à nouveau au rendez-vous?
Angèle les rejoint sur la piste du bal des amitiés. La soixantaine épanouie, elle fait partie de ces femmes inspirantes. Sereine, combative, rassurante avec ce grain de folie qui lui fait croquer l'existence malgré les épreuves.
Un lien se crée, se renforce au fil de leurs échanges.
Un souffle joyeux sur la famille que l'on choisit : la famille de coeur

"L'auteure aurait pu aller dans la provocation, voire le militantisme (son prologue nous y amène.. mais non!!) justement elle raconte le quotidien de nos vies et mine de rien, elle nous fait réfléchir sur la société, le mouvement du monde, nos a-priori. Ce que j'ai aimé justement c'est la légèreté , elle a envie de parler d'amour, au sens large, tout en parlant de nos existences de femmes battantes.."
"j'aime bien la puissance du féminin dans ce roman. On sent les femmes combatives, entrepreneuses et superbement courageuses. En fait on ne peut pas dire qu'il y a conflit de générations quand on lit leurs histoires, elles ont autant de fantaisie l'une que l'autre. Je me suis dit que j'aimerais bien moi vieillir avec autant de sérénité et de joie de vivre."

" Ce qui m'a plu dans ce livre, c'est la façon fluide de raconter des histoires qui pourraient nous arriver à toutes. Une rencontre amoureuse qui dévie, une famille dysfonctionnelle, une mère paumée, un père idéalisé, un boulot qui ne convient plus.. . bref, j'ai adoré le chemin de Juliette car du haut de sa jeunesse, on sent la maturité et paradoxalement ANGELE qui semble ne plus avoir 25 ans batifole et s'amuse malgré les épreuves qu'elle a traversé. Ca donne envie d'appeler sa meilleure copine et papoter..
LangueFrançais
ÉditeurBooks on Demand
Date de sortie10 mars 2023
ISBN9782322508464
Famille de coeur
Auteur

Lysiane Gast

Lysiane GAST est Lorraine. Elle rejoint la région de MET (57 )en 1992 avec sa famille. Elle se plait à dire qu'elle a conjugué plusieurs vies, tant sur le plan personnel que professionnel. Sa carrière est riche d'expériences et de choix : responsable commerciale en informatique médicale, consultante en immobilier d'entreprise, gestionnaire de patrimoine, coach de vie.. Tous ces métiers la singularisent et expliquent son chemin de résilience et sa volonté d'apprendre. L'écriture est une de ses passions. Elle est l'auteure de LE PAPILLON S'ENVOLE (2021), FAMILLE DE COEUR (2023) et TURBULENCES (2024) Elle anime des ateliers de coaching en écriture ainsi qu'une émission radio, tout en se consacrant à ses voyages qui lui permettent de pratiquer son autre passion : la photographie.

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    Aperçu du livre

    Famille de coeur - Lysiane Gast

    DU MÊME AUTEUR :

    - Cupidon s’en(m)mêle, retrouver votre complicité amoureuse

    - Le papillon s’envole, itinéraire de résilience

    Retrouvez toute l’actualité de l’auteure sur :

    Facebook : J’écris la vie.Lilly

    Mail : lysiane.coach@gmail.com

    Les rencontres sont comme les vagues de l’océan :

    certaines vous effleurent la peau,

    d’autres vous renversent.

    TABLE DES MATIÈRES

    Prologue

    Angèle

    Sophie

    Juliette

    Sophie

    Juliette & Sophie

    Angèle

    Sophie & Adrien

    Juliette

    Sophie & Angèle

    Juliette

    Sophie

    Angèle & Sophie

    Juliette

    Sophie

    Juliette

    Juliette et Sophie

    Angèle

    Juliette

    Sophie

    Angèle & Arthur

    Juliette

    Angèle

    Sophie, Angèle & Arthur

    Sophie & Arthur

    Juliette

    Angèle, Juliette, Sophie, Arthur, Mathis & les autres…

    Remerciements

    PROLOGUE

    Quand j’ai décidé de reprendre l’écriture, j’avais quelques idées en tête. Celle qui dominait était le décalage entre mes pensées, mes valeurs, mon mode de vie et le monde auquel j’étais confrontée. De plus en plus souvent, je me disais : « la terre tourne en carré ou c’est moi qui déconne ? » J’observais cette frénésie perpétuelle au quotidien. Je n’arrivais plus à suivre ou, plus exactement, je ne voulais plus suivre. Mon QR Code était usé ! Tout à coup, je me suis dit que c’était sûrement une histoire d’âge et de temporalité. Je décidai alors de créer trois personnages de trois générations différentes. Ils m’aideraient pour traverser le temps et peut-être allais-je y trouver aussi une autre ligne de vie ? Une famille ?

    Au fur et à mesure que je remplissais mes chapitres, je m’aperçus que mes trois compères étaient des femmes. Où sont les hommes ? Qu’est ce que j’avais contre le genre masculin ? En réalité, pas grand-chose !

    Parfois, je n’arrivais pas à comprendre leurs attitudes et leurs façons de voir les choses, mais somme toute, elles construisaient notre capital différence. Je m’interrogeais et ne pouvais nier que c’était souvent eux qui provoquaient les guerres et partaient la faire comme un devoir de virilité absolue : « bats-toi, mon fils, tu seras un homme ! »

    Ils trimballaient des siècles de valeurs patriarcales, cela ne devait pas être facile tous les jours. Nous les femmes restions à l’arrière-front, mais quel courage devions-nous avoir pour tout affronter seules ?

    En fidèle observatrice de mes contemporains, je poursuivis mes investigations : les cours d’école ou les parcs publics étaient remplis de petits garçons qui se bataillaient, très tôt. À coups de pieds ou de poings, ils montraient qui était le plus fort. Devenus adolescents, je les retrouvais à se cracher dessus, à se calfeutrer sous des sweats informes, à être prêts à dégainer une arme, à faire des rodéos avec leurs motos pétaradantes. Un peu plus tard, ils étaient fiers d’avoir bu le plus grand nombre de verres d’alcool et de s’être défoncés.

    Les filles copiaient sur eux, car elles se disaient « si je veux leur plaire et faire mon intéressante, j’ai intérêt à savoir tenir le verre et leur montrer que moi aussi je suis un vrai mec ». Cependant, elles continuaient à utiliser toute leur panoplie pour séduire puisque la plupart de leurs ascendances leur avaient enseigné « sois belle et tais-toi ». La notion d’image, en particulier avec l’arrivée du virtuel, n’avait fait que les conforter dans l’exhibition de leurs corps, de leur intimité, juste pour montrer qu’elles existaient, alors même qu’elles réfutaient l’idée de se savoir désirables. Je veux, mais je ne veux pas !

    À partir de cela, je me suis encore un peu plus interrogée sur cette différence qui, mine de rien, nous avait tous éloignés les uns des autres. L’amour, il était où ? Où se planquait-il ? Pourquoi partait-il en voyage et ne revenait-il pas ? J’étais face à un constat : de plus en plus de célibataires. Que dire de l’individualisme que l’on voyait s’installer partout ? Chacun pour soi ou moi d’abord !

    En poursuivant mes observations, je ne comprenais toujours pas pourquoi ces messieurs tapaient dans un ballon en criant, voir se cassaient les cordes vocales quand ledit ballon entrait dans une cage en maille torsadée !

    Je les regardais aussi dans la course au pouvoir : c’était une année électorale, on devait élire le big boss qui allait nous diriger pour cinq ans. Là j’ai tout vu : le petit roquet qui refaisait l’histoire, et envisageait l’avenir avec une démographie basée sur le volontariat des gens de la campagne :

    - Si tu fécondes une femelle, tu auras une prime agricole !

    Il rugissait, il montrait son doigt d’honneur, il était ravi de remettre la femme à la cuisine et les étrangers à leur place d’Étranger. Jusque là, je me suis dit « chante beau merle, personne ne te suivra » sauf que force est de constater qu’il y avait quelques millions de personnes qui approuvaient.

    Je me suis donc penchée sur le ronchon, fort sympathique d’ailleurs. Un jour, comme beaucoup, j’avais constaté sa vraie personnalité. Il se croyait au-dessus des lois et il voulait refaire toutes les règles et le peuple travailleur buvait ses paroles. L’exemplarité était où ? Peut-être partie en voyage elle aussi !?

    Il y en avait un autre que j’aimais bien parce que sa jeunesse était à mes yeux une force pour l’avenir de nos petits-enfants. Suffisamment avancée dans l’âge, j’aime l’idée de laisser la place aux jeunes. Il avait voulu sauver notre brave pays travailleur de tous les méandres d’une économie bousculée par une saloperie de virus invalidant. Il avait alors choisi d’ouvrir le porte-monnaie de Mme France et avait donné beaucoup d’argent pour la sauver du déclin tant décrié par ses collègues attisés par le pouvoir. On le lui reprochait. De toute façon, on lui reprochait à peu près tout, même d’aimer une femme plus âgée que lui. Même l’amour c’était du faux ! En gros, quoi qu’on fasse, me dis-je, il y a toujours une grande foule de pleurnicheurs. Quand est-ce qu’ils seront heureux ?

    Dans ma liste, il me restait à découvrir deux hommes de belle prestance. On ne me refera pas, j’aime l’élégance. Ces deux Messieurs l’étaient. Plutôt « beaux hommes » en plus. Ça vous gêne que je le dise ? On ne se gêne pas du tout à le répéter aux femmes, si tu es belle, ce sera plus facile pour toi… Le premier me touchait puisqu’il était censé se batailler pour un monde plus écologique, plus en respect avec Dame Planète. J’adhérais vraiment aux idées, mais pas convaincue de l’efficacité de sa campagne. Il a fait un flop retentissant hélas !

    Le second avait un regard à faire échouer les mouettes à ses pieds. Pour une nana, on aurait pu dire que sa poitrine nous obligeait à lâcher le volant ! J’aimais bien ce qu’il disait, il parlait « vrai » comme on dit ! Sauf que Monsieur et Madame Sondage n’étaient pas très généreux à son encontre. C’est pas grave, me dis-je, au moins il a suscité quelques réflexions de bon sens ! Parce que le bon sens, voilà bien mon sujet, lui aussi, il était parti en voyage et loin, loin, très loin ! Je n’ai pas oublié les femmes courageuses qui osaient affronter le vote d’une nation, mais ce n’est pas mon avant-propos ! J’aurais donc pu continuer une liste longue comme le bras, mais mon coude se serait fatigué.

    Comme je ne savais pas grand-chose de la vie des puissants, des décideurs de haut vol, je suis revenue dans ma terre nourricière. Je n’arriverais pas à écrire un livre sur ce monde qui tourne en carré, car j’allais m’épuiser. Et cela risquait d’être barbant ! D’autres s’en chargeraient.

    C’est sûrement à ce moment-là que sont apparus mes trois compères féminins. Messieurs, je ne vous oublierai pas, vous serez les adorables partenaires de mes trois sublimes héroïnes. Comme dans la Vraie vie! Elles vont nous raconter leur quotidien, leurs doutes, leurs joies, leurs émotions en toute sincérité.

    Si j’avais été une femme politique engagée, j’aurais remis l’Amour au premier plan. Quand je vous dis que je ne suis pas faite pour ce poste, vous me suivez mieux maintenant ?! L’Amour ne sera jamais au programme ! Alors, inventons-le ensemble ! Avec Juliette, Sophie, Angèle...

    M’étant un peu égarée, je vous replante le décor ! Tout d’abord, place au respect de l’âge. Angèle arrive la première dans mon scénario :

    Angèle est une femme époustouflante. Fascinante, presque magique, en tout cas, tellement apaisante et sereine. Elle a dépassé la soixantaine, mais sa personnalité virevoltante et enthousiaste n’a rien à envier à une jeunesse désabusée. Elle a roulé sa bosse, appris de ses expériences et grandit avec les épreuves. Elle a plaqué sa vie d’avant, pour revenir à ce qui lui est essentiel : la nature, les animaux, la terre, respirer, vibrer. Dans cette nouvelle vie, elle a pu conjuguer une très belle, mais trop courte histoire d’amour. Après s’être effondrée, elle a entrepris de poursuivre un chemin qui la passionne : construire un univers d’art et de cuisine. Ainsi était née Can’Arts, là-bas, dans les Landes, la région de la bonne chère.

    Pour l’aider à avancer, j’ai imaginé Sophie, une quarantenaire pétillante, entreprenante et surtout très affectueuse. Une nature humaine riche en valeurs et en ouverture d’esprit. Peut-être une fille de substitution pour Angèle ? Sophie arriva sur ma page blanche telle une comtesse de Ségur passionnée par l’écriture. Le Sud-Ouest l’avait accueillie pour ses nouveaux projets. Sophie est joyeuse, radieuse, courageuse, pleureuse aussi. On est loin des Malheurs de Sophie,¹ mais il y a un peu de mélancolie, de nostalgie chez cette femme par ailleurs si radieuse. Elle n’a pas de filtres, ce qui la rend « attachiante ». Elle a été enseignante et arrivée à la quarantaine, dégagée de ses obligations familiales et professionnelles, elle a ouvert une immense porte, celle de se réaliser dans ce qu’on aime. Sophie a travaillé comme une acharnée et, en chemin a fait de magnifiques rencontres.

    Juliette, belle jeune fille, environ vingt-cinq ans. Elle a été confrontée à une épreuve terrible. Elle est arrivée sur ma page un jour d’hiver, avec son joli prénom de chanteuse des années soixante. Ma Juliette allait avoir du Roméo à nous raconter. Elle possédait l’insouciance de la jeunesse, mais aussi la maturité de ses blessures intérieures. Dans sa vie sentimentale, elle a fait quelques erreurs de casting, elle a affronté ses tristesses, béni ses joies et elle dévore la vie avec gourmandise, comme quelqu’un qui sait que tout peut s’arrêter. Elle a l’ambition d’une vie basée sur le partage, la solidarité. Un monde plus juste, plus équitable. Il lui manque des appuis, du soutien et de la reconnaissance.

    Sophie et Angèle vont-elles ramener le soleil sur ce bel arc-en-ciel ?


    ¹ Les Malheurs de Sophie, Comtesse de Ségur

    ANGÈLE

    Le temps n’a pas d’emprise sur notre imaginaire...

    Laissons-le aller aux rythmes de nos folies !

    Profitons du merveilleux qui s’offre à nous, sachons l’apprécier.

    Pierre ADONIS

    Ça y était, Angèle mettait le chiffre six devant son âge ! Le temps s’était écoulé à la vitesse de l’éclair. Avec des orages, des arcs-en-ciel et aussi, souvent une canicule à faire palir le désert ! Maintenant, Angèle s’était posée dans un lieu de vie qui la rendait heureuse, épanouie, en total accord avec ses désirs. Elle avait besoin de peu, car elle pensait souvent qu’avec peu, on peut faire beaucoup !

    Lorsqu’elle avait décidé de s’installer ailleurs, il y avait eu un grand entrain. Certainement l’avantage de la liberté d’action. Elle avait arpenté plusieurs villes, plusieurs régions. Elle avait adoré l’Alsace pour ses jolis villages fleuris, sa cuisine, sa bonhommie. Puis vite, elle s’était rendue compte que ne pas parler l’alsacien ne faciliterait pas les échanges. Elle avait alors entrepris de partir en Normandie. La ville d’Honfleur l’attirait beaucoup. Elle avait cru y trouver un lieu où associer gourmandise du ventre et créativité. Malheureusement, elle se heurta à des coûts prohibitifs qui l’empêchèrent de réaliser son projet. Le tourisme avait créé un marché secondaire et les loyers devenaient exorbitants pour les locaux.

    C’était ailleurs qu’elle devrait trouver son nid. Elle faisait confiance à son intuition.

    La mouette en elle s’envolerait vers d’autres cieux. Elle choisit de parcourir un peu la France. Pourquoi ne pas s’arrêter à Nantes ? Une grande ville, une campagne proche, l’océan pas très loin, un lieu touristique. Son arrivée à Nantes se fit par le TGV, pratique et rapide. Elle séjourna une semaine sans parvenir à trouver ses repères.

    Quand cela ne doit pas se faire, inutile de perdre son énergie. Savoir écouter un « non » et en tirer les conclusions qui s’imposent. C’est là que lui vint une idée : dans ce cher Sud-Ouest qu’elle adorait pour l’avoir arpenté pendant de nombreuses vacances, il y avait encore plein de petits villages qui ne demanderaient pas mieux que d’accueillir de nouveaux habitants. Surtout s’ils étaient plein de vie et de projets…

    Elle arriva à Bordeaux en décembre. Le soleil était bas et la pluie était courante. Des torrents d’eau, presque un déluge. Ça n’allait pas faire du bien à ses articulations, mais qu’importe !

    Elle se dirigea vers Biarritz parce que cette ville l’avait toujours attirée. Elle se logea chez un couple de personnes âgées qui avaient aménagé une maisonnette au fond de leur jardin. Elle trouva le lieu charmant. Tellement calme dans la frénésie locale.

    Elle loua mois par mois pour se garder une marge de manœuvre. Très vite, elle trouva un emploi d’assistante chez un artisan.

    Doucement, une relation de voisinage fort harmonieuse se créa avec ce couple âgé et presque dépendant. Pendant plus d’un an, elle les aida beaucoup. Au quotidien pour les courses, les rendez-vous médicaux, le jardinage, les soirées de nostalgie.

    - On s’est pris d’amour, se disaient-ils le soir dans la cuisine, en train de siroter la tisane ou, les grands soirs, trinquant avec un petit verre de Patxaran maison.

    Ce couple n’avait pas d’enfant, aucune famille encore en vie. Angèle aurait pu être leur fille. Elle était chaleureuse, gentille, fondamentalement généreuse, une femme de tête et de cœur comme on en rencontre peu. Elle savait rendre service sans le faire sentir, qualité rare. On sentait que tout était bonté chez Angèle. Et ces deux personnes âgées lui étaient fort reconnaissantes de tout son dévouement auprès d’elles.

    Un jour, Marcel ne se réveilla pas. Il était parti pendant son sommeil. Angèle aida beaucoup sa veuve dans cette épreuve. Très présente, très affectueuse, pas envahissante, mais une vraie épaule bienveillante et compatissante. Pendant presque deux mois, elle passa toutes ses soirées avec sa voisine tant affaiblie. Berthe, la vieille dame, avait bien du mal, après cinquante-quatre ans de mariage, à se retrouver seule du jour au lendemain. Elle était encore alerte, mais usée. Souvent, elle racontait à Angèle combien son désir de maternité non assouvi avait abimé sa vie. Combien elle était peinée de n’avoir pas pu transmettre, et c’était le grand drame de sa vie.

    Un soir, lors d’une longue conversation sur le devenir de la maison, Berthe proposa à Angèle de racheter à un prix amical la maisonnette au fond du jardin.

    - Je vois que vous en prenez soin, je n’en ferai rien et n’ayant pas d’héritier direct, je préférerais que ce soit vous qui puissiez en jouir pleinement.

    - Je suis extrêmement touchée par votre proposition et maintenant que je vous connais bien, je sais que refuser serait vous blesser.

    - Vous me connaissez bien en effet ! Mon mari l’aurait voulu ainsi également. N’ayez pas de scrupules mal placés. Vous ne pouvez pas savoir combien je vous suis reconnaissante de tout ce que vous faites pour moi. Nous allons tous partir un jour, mais votre présence m’aide à supporter la douleur de ma solitude actuelle.

    - Je saurai honorer votre bonté et votre générosité, je vous le promets solennellement.

    L’acte de propriété avait été signé chez le notaire, avec quelques larmes d’émotions de part et d’autre. Ces deux femmes s’aimaient profondément, elles ne savaient pas vraiment pourquoi, mais parfois il est inutile de trouver une explication à l’amour. Leur générosité de cœur réciproque avait dû largement y contribuer.

    Angèle avait maintenant plus qu’un pied dans le Sud-Ouest ! Son projet de s’y installer était devenu plus que réalité, elle était propriétaire. Une nouvelle page blanche s’ouvrait. Angèle avait rarement ressenti un tel équilibre. Les choses s’enchaînaient comme jamais. Entre-temps, elle avait trouvé un nouvel emploi avec un employeur compréhensif, des horaires souples et aménageables, une merveilleuse voisine... quoi de mieux pour écrire la suite de l’histoire ?

    Au bout de quelques mois à Biarritz, Angèle s’était fait de nouveaux amis. Elle allait toutes les semaines au marché sur la grand-place. À force de fréquenter les commerçants locaux, ils lui avaient proposé des soirées, des moments de partage. Les contrebandiers ou le Café du commerce étaient devenus leur QG d’après marché. Un homme en particulier lui avait fait tourner un peu la tête et beaucoup le cœur. Il avait une petite ferme dans l’arrière-pays et élevait du canard, de l’oie. Il les transformait en produits merveilleux. Chaque semaine, il venait les vendre au marché. Angèle se régalait avec son cou farci, ses confits, ses magrets, ses terrines. Ils discutaient beaucoup ensemble, puis un jour, Raphaël proposa un dîner dans un restaurant qui venait d’ouvrir :

    - J’ai envie de le découvrir, veux-tu m’accompagner ?

    - Avec plaisir, moi quand tu me parles « manger bon » je suis toujours là !

    Après

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