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LA MISE EN ÉCHEC DE NICO
LA MISE EN ÉCHEC DE NICO
LA MISE EN ÉCHEC DE NICO
Livre électronique259 pages4 heures

LA MISE EN ÉCHEC DE NICO

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À propos de ce livre électronique

«Des fois, trop, c’est comme pas assez!»
Nico en a assez de sa réputation de gars parfait. Il étouffe. Fou d’amour pour Elysabeth, sa blonde depuis un an, il a l’impression de passer à côté des affaires tripantes de la vie.
Nico voudrait juste arrêter d’être le bon gars gentil, celui qui fait tout parfaitement : les études, le sport, la vie sociale. Quand Gabrielle arrive dans le décor, avec ses yeux de poupée et son corps de danseuse de ballet, Nico ne peut, malgré ses efforts, résister à la tentation de vivre avec elle une relation excitante, intense, amusante et, surtout, sans complications! Du moins, jusqu’à ce que certains événements lui rentrent dedans. Solide.
Nico, ça pourrait être toi ou ton meilleur ami. Tu ferais quoi, toi, à sa place?
Un roman sans tabous qui parle des vraies choses. Même de ça.

Bien connue pour ses ouvrages destinés aux adultes (Histoires à faire rougir, Baiser, Il était une voix) qui ont connu un succès mondial, Marie Gray s’adresse aux ados (qu’elle adore!) de façon réaliste, explicite et respectueuse par des romans renversants.
Je jonglais avec tout ça, en plus de ma blonde, de la prochaine partie, de l’école et de mes autres affaires et je trouvais ça un peu intense et compliqué. Ha, ha, la joke! Si j’avais su ce qui m’attendait…
LangueFrançais
Date de sortie5 sept. 2018
ISBN9782897585860
LA MISE EN ÉCHEC DE NICO
Auteur

Marie Gray

Marie Gray writes erotic fiction and song lyrics, has been lead singer for several rock bands and works for a family publishing company. She has appeared on major television and radio shows, and hosts a monthly erotic fiction segment on Canadian television. She lives in Montreal, Quebec.

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    Aperçu du livre

    LA MISE EN ÉCHEC DE NICO - Marie Gray

    ÉPILOGUE

    PROLOGUE

    Parfait, moi?

    Matt en était à sa quatrième bière et il avait l’air exaspéré. C’est vrai que mon attitude n’était pas des plus joyeuses. Pourtant, on était en camping, on avait du fun. J’avais tout pour être bien: mes amis, ma blonde, avec qui je pourrais enfin me coller toute la nuit, la paix. Mais je ne sais pas trop pourquoi, après quelques shooters, le cafard m’est tombé dessus comme une tonne de briques. On parlait, Matt et moi, un peu à l’écart de la gang, qui chantait et qui riait près du feu, quand il m’a dit, comme si ce n’était pas important:

    — On sait ben, pour toi, Nico, tout est super facile. T’es bon dans tout. À l’école, au hockey, tu pognes avec les filles, y’a jamais rien qui va mal.

    Ben non, y’a jamais rien qui va mal.

    — Ah ouain? Qu’est-ce que t’en sais, au juste? Y’a peut-être des affaires qui me gossent que tu sais pas, Matt…

    — Niaise-moi pas, Nico. Tout t’arrive sur un plateau d’argent, t’as même pas d’efforts à faire. C’est chiant, des bouttes, mais c’est correct parce que t’es un bon gars. Sauf que, t’sais, y’en a d’autres pour qui c’est moins évident!

    Euh… OK. Je savais qu’il ne l’avait pas toujours eu aussi facile que moi, mais il ne fallait pas charrier.

    — Peut-être, mais c’est pas nécessairement mieux. Des fois, je suis tanné d’être qui je suis. D’être Nico, le joueur au hockey qui score, d’être Nico, le «bon gars», le fils presque parfait pour mes parents. Des fois, je voudrais arrêter de me sentir coupable envers Ély et juste triper avec Gabrielle sans me poser de questions.

    J’aurais eu envie de lui dire que des fois, j’aurais aimé ça ne jamais avoir rencontré Gabrielle, même si je ne le pensais pas vraiment, et ne jamais avoir fait aussi mal à Ély. Gabie était arrivée dans ma vie sans que je m’y attende. Je ne cherchais pas à triper sur une autre fille qu’Ély, mais je ne pense pas que j’aurais pu passer à côté, même si j’avais voulu, aussi poche que ça puisse paraître. Des fois, je voudrais juste tout lâcher: l’école, le hockey, les filles, penser à rien, passer des fins de semaine à niaiser comme d’autres de mes chums, sans avoir à dealer avec les entraînements, la maudite pression, sans me sentir obligé d’être tout le temps au top. Sans avoir toujours l’impression de décevoir quelqu’un, mes parents, ma blonde ou… moi-même. Non, je ne le suis pas, parfait, loin de là. Si on demandait à Ély, celle avec qui j’étais sûr que j’allais passer pas mal d’années de ma vie, celle que j’ai tellement blessée, elle le dirait, elle, que je ne suis pas parfait. En fait, elle dirait sûrement qu’elle va m’en vouloir pour toujours. Elle a sûrement raison…

    — Wôôô, mon chum, c’est du gros n’importe quoi! Fais-moi pas brailler! Regarde-la, ta blonde. Elle est hot, pis en plus elle est fine et ça a l’air ben l’fun, votre affaire. Tu vas me dire que tu regrettes?

    — Je sais pas. Des fois, oui. Des fois, non. Ah, pis j’ai pas le goût de penser à ça, là. Donne-moi donc une autre bière!

    Matt a souri, a sorti une Bud de la glacière et a cogné sa canette contre la mienne. Il avait raison. J’ai regardé Gabrielle, qui jasait avec Vicky et Zoé, et je l’ai trouvée belle. Si belle… Même si l’image d’Élysabeth me revenait probablement trop souvent en tête, je ne pouvais pas faire autrement que de me considérer comme chanceux d’être avec cette jolie blonde et de vivre avec elle une histoire simple, pas compliquée. Pourquoi ressasser le passé? Je ne pourrais pas arrêter de penser aux affaires plates, au moins ce soir? Oui, je pouvais très bien et, après une longue gorgée de bière et un vrai rot de gars, je me suis senti mieux.

    Cette nuit-là, dans la tente, avec Gabrielle, on a fait l’amour, on a ri, on s’est chatouillés et on a dormi. Ensemble, toute la nuit, pour la première fois. Wow!

    C’est le lendemain que tout a commencé à foirer. Sérieux, là.

    CHAPITRE 1

    Mise au jeu

    C’est quand même vrai que ma vie a pas mal toujours été facile. Je n’aimais pas donner raison à Matt, mais quand je regardais mes dix-sept dernières années, je n’avais pas d’autre choix que de l’admettre. Je n’ai jamais manqué de rien, au contraire; mes parents ont toujours été là – ensemble, tous les deux, en plus, ce qui était déjà assez rare –, j’ai été gâté pourri, autant pour des choses matérielles que pour le reste. Je serais un cas super plate pour un psy, me semble! Belle maison, parents présents et aimants (un peu trop, mais j’imagine que c’est comme ça pour la plupart des enfants uniques…), rien de tordu, de fucké, petite vie de banlieue ordinaire avec des voyages à la mer chaque année, du hockey depuis que je sais marcher, des bons amis, comme Matt, que je connais depuis le primaire, et… une voisine spéciale: Ély.

    Ma mère a des milliers de photos de moi, à tous les âges. Je ne peux pas les ignorer, elles sont partout dans la maison, dans de beaux cadres, comme si j’étais le trophée de mes parents. C’est un peu ça, en fait… Je n’ai pas de frère ni de sœur, alors je prends toute la place dans leur vie. Beaucoup trop, selon moi. Bref, les photos: gros bébé laid (même si ma mère trouvait que j’étais le plus beau du monde), plein de bave et en pyjama de Spiderman; vers deux ou trois ans, ridicule avec des jambières de hockey beaucoup trop grosses (je voulais être gardien de but) ou plein de glaçage de gâteau de fête dans le visage. D’autres encore avec Ély, dans le carré de sable, moi avec mes tracteurs, elle avec ses autos de Barbie, des sourires niaiseux et plein de dents manquantes; l’entrée à la maternelle, avec la petite chemise à dragon la plus quétaine qui soit et mes culottes courtes de Bob l’éponge.

    On était à peu près inséparables, Ély et moi, à cette époque; on se voyait chaque fois qu’on le pouvait. Nos parents passaient déjà des commentaires, disant qu’on faisait un beau p’tit couple et qu’on se marierait un jour. Nous autres, on riait et on se faisait des câlins innocents comme tous les kids s’en font à cet âge. Elle était ma meilleure amie, même si je m’en étais fait d’autres à l’école, alors qu’Ély, plus jeune que moi d’un an, n’avait pas encore fait son entrée à la maternelle. Faut dire qu’elle n’était pas une «vraie» fille. Elle détestait ses cheveux roux frisés et ses taches de rousseur; moi, je la trouvais cute, comme on trouve irrésistible un bébé chien, pas comme un gars qui tripe sur une fille. Elle était juste… Ély. Elle aimait autant que moi jouer à chercher des trésors cachés ou chasser le dragon dans le petit boisé derrière chez nous. C’était pratique de l’avoir comme voisine, on était à peu près toujours disponibles l’un pour l’autre. Elle aimait jouer au hockey dans notre entrée de garage, m’aidant à bloquer des buts super faciles. L’été, on faisait du vélo, on se baignait chez elle ou chez moi, on se faisait des tentes ou des cabanes avec des vieilles couvertures. L’hiver, on patinait sur la patinoire que mon père construisait et entretenait religieusement dans notre cour, on allait glisser au parc ou on se faisait des forts qui devenaient des bases secrètes pour nos histoires d’espions.

    J’ai commencé à jouer au hockey à quatre ans, mais je n’ai pas fait long feu comme gardien de but. Dès cette première saison là, j’avais toujours le réflexe de prendre la rondelle et d’essayer d’aller compter un but. Pas évident avec un équipement de goalie! Mon entraîneur a décidé de me sortir de là et, même si on n’était pas vraiment encore assignés à une position particulière, dans le Prénovice, c’était déjà clair que je serais attaquant. Mon père était ben fier, et moi, de le voir aussi content, je l’étais aussi. Il me voyait déjà remplacer Wayne Gretzky, les premières années, puis Sidney Crosby, dès qu’il a fait son apparition sur la planète hockey. Rien que ça. Mon père avait dû interrompre sa carrière de joueur de hockey à cause d’une mauvaise blessure? Pas grave: il avait eu un fils pour reprendre le flambeau. Ouais. Si au moins ça n’avait été que ça…

    Ély, elle, a commencé à faire du ski vers l’âge de quatre ou cinq ans. Quelques années plus tard, ses parents ont acheté un chalet près d’une station de ski. Ils partaient généralement le vendredi soir pour revenir le dimanche en fin d’après-midi, souvent avec une pizza qu’ils m’invitaient à partager avec eux. On avait tous les deux hâte au dimanche soir, qu’on passait généralement à jouer ensemble et à regarder la télé. C’était tellement simple!

    Pendant tout notre primaire, on est restés super proches. Je ne me rendais pas tellement compte à quel point elle changeait; moi aussi, j’imagine, mais on ne s’attardait pas à ça, ni elle ni moi. De toute manière, à cet âge-là, j’étais vraiment innocent. J’étais dans ma bulle de ti-cul qui tripe autant sur les Transformers et autres Aliens que sur le hockey, loin, très, très loin de penser aux filles. On était comme frère et sœur, ce qui était parfait pour deux enfants uniques. Elle me battait, des fois, à Mario Kart, et ça ne me dérangeait pas. On se racontait tout. Ély plus que moi, évidemment, je n’avais pas tellement de pensées profondes, dans le temps. Je la trouvais intelligente, j’aimais ça discuter avec elle de sujets comme les extra-terrestres («Ben oui, Nico, c’est sûr qu’il y en a quelque part, on peut pas être tout seuls!»), la crédibilité du Ouija et des films de science-fiction qu’on regardait ou les parents d’Ély qu’elle trouvait fatigants. Même préadolescents, on voyait bien que nos parents étaient intenses; aujourd’hui, je comprends bien que pour eux, il n’y a rien de plus important que les apparences. Si tout a l’air parfait – du moins aux yeux de leurs amis et des voisins –, c’est que ça l’est, et c’est tout ce qui compte. Mon père travaille comme consultant pour une grosse compagnie d’informatique et ma mère est professeure de sixième année. Ils sont parfaits. Ils jouent au golf, ont une cave à vin, chacun une belle auto neuve, notre terrain est entretenu par des professionnels, et l’intérieur par une femme de ménage qui vient deux fois par semaine. Too much? Oui. Mais pour eux, c’est idéal. Impeccable. Les parents d’Ély sont du même genre, d’ailleurs. S’il avait fallu qu’un de nous deux ait un trouble d’apprentissage quelconque, comme Matt, un handicap ou juste un caractère de chien, ça aurait été l’enfer. Mais ce n’était pas le cas. Ély était brillante et avait des notes parfaites, moi aussi. On était sages, polis quand il y avait de la visite, bien élevés quand on allait ailleurs. On ne s’obstinait pas avec nos parents, on ne leur faisait jamais honte, surtout. Dans mon cas, c’est venu plus tard, ça.

    Tranquillement, on s’est un peu éloignés, ma voisine et moi. Ça s’est fait tellement graduellement qu’on ne s’en est pas rendu compte, ni elle ni moi. Nouveaux amis, horaires moins compatibles, j’avais plus de pratiques de hockey, et je me suis fait une nouvelle gang, tout comme elle. Au secondaire, ses parents l’ont inscrite dans une école privée et on s’est perdus de vue. Il y avait un programme sport-études à ma polyvalente, c’est pour ça que mes parents m’ont laissé là… à leur corps défendant. Il était en effet impensable que j’aille «végéter avec tous les autres ados paresseux» dans le programme régulier! Ils ont bien essayé de m’envoyer au privé, eux aussi, bien sûr. C’est tellement plus convenable. Mais j’ai refusé. Pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment insisté. Je ne voulais pas laisser ma gang; beaucoup de gars avec qui je jouais au hockey se retrouveraient à la poly et je voulais les suivre. Finalement, en expliquant tout ça à ma mère qui, elle-même, travaillait dans une école publique, j’ai réussi à me faire comprendre. Elle est ensuite parvenue à convaincre mon père que je n’allais pas devenir un dégénéré en fréquentant le réseau public. C’est là qu’elle est devenue mon alliée. Je ne me rendais pas encore compte à quel point ce serait précieux.

    Les ambitions sportives de mon père avaient l’avantage d’être claires. Déjà, quand je suis arrivé dans la catégorie atome, à neuf ans, il n’était pas question de me classer ailleurs que BB. Et il fallait que je sois capitaine. Après deux ans, ça a été le peewee, et une lettre s’est ajoutée: AAA. S’il avait fallu que je me retrouve dans le BB ou, horreur totale, juste un simple A, ça aurait été la honte. Pour mon père, pas pour moi. Plus j’avançais, et plus je trouvais ça pénible. Voir mon père au bord de la crise cardiaque à jouer au coach derrière le banc des joueurs, me bouder quand je faisais une mauvaise passe ou que je visais le poteau, me gueuler dessus quand je ne patinais pas assez vite ou que je laissais un défenseur me bloquer, ça me tapait sur les nerfs. Ma mère avait de la misère avec les autres parents de joueurs et trouvait leur attitude pénible. Celle de mon père aussi. Elle ne l’exprimait pas ouvertement, mais ses regards vers lui en disaient long. Mes parents parlaient souvent ensemble de la façon dont les autres parents chialaient sur tout: le temps de glace des joueurs, les stratégies, les arbitres, évidemment, les entraîneurs, aussi. Mon père essayait de se justifier, ma mère semblait se retenir d’aller au fond de sa pensée, probablement pour conserver leur apparence de couple parfait et éviter la dispute. Mon père n’aurait pas apprécié que la femme de l’entraîneur le contredise, surtout devant les autres!

    Dans l’équipe aussi, il y avait de la tension. Untel sentait qu’il n’avait pas assez joué, un autre, qu’il n’était pas dans le bon trio ou que les avants ne faisaient pas assez de passes. J’entendais ça depuis des années et un jour, j’en ai eu assez. Genre, ça ne me ressemblait pas, tout ce chialage, et je n’avais pas envie de retrouver la même atmosphère pour mes années de bantam.

    Mon chum Matt me parlait souvent de son équipe:

    — Nous autres, on a du fun. De la pression, y’en a, mais c’est pas pareil et quand on perd, c’est pas la fin du monde. Les coachs sont sévères, mais y’a personne qui fait une face de bœuf quand y’en a un qui gaffe! Penses-y, Nico, c’est peut-être là, ta place!

    Ça me démangeait. Je me doutais que Matt essayait de m’influencer parce que j’étais un bon joueur et qu’il aurait sûrement aimé m’avoir dans son équipe, mais l’idée de jouer avec lui, comme quand on était petits, n’était pas déplaisante du tout. Ça m’a pris du temps, mais j’en ai finalement parlé avec ma mère. J’avais presque douze ans et je voulais tâter le terrain, me préparer à affronter mon père. Je savais que ça ne serait pas facile de le convaincre de changer de ligue, mais je devais essayer tant je sentais que je n’étais pas à ma place. Surtout, j’espérais retrouver mon père d’avant, celui avec qui j’avais déjà eu du plaisir, tant sur la glace qu’ailleurs. Ma mère était soulagée que je lui parle.

    — T’sais, quand ton père fait la baboune, c’est pas à cause de toi. En tout cas, pas directement. Il se fait critiquer de tous bords tous côtés et il apprécie pas toujours…

    — Ben, c’est pas moi qui lui ai demandé d’être mon coach!

    — Je sais, mais il se dit que c’est la meilleure façon pour que tu continues à t’améliorer et à performer.

    — Pis si moi, j’ai plus tant besoin que ça de m’améliorer et, justement, de performer? Si moi, j’ai juste envie d’avoir du fun?

    — Bon, je pense que t’es dû pour lui parler…

    Plus facile à dire qu’à faire!

    J’ai attendu la fin de la saison en cours. J’ai laissé mon père m’inscrire à des cours avec un entraîneur de la LNH qu’il admirait trop pour que j’ose même imaginer ne pas avoir envie d’y assister. En fait, je n’avais rien contre. Sauf que… quand est venu le temps des qualifications pour le bantam et de lui dire que je n’avais pas envie de jouer dans la ligue «espoir» mais plutôt avec mes autres chums dans la ligue régulière de la ville, j’ai presque choké. En revenant d’un de mes cours, alors qu’on rangeait mon équipement, mon père a malgré lui ouvert la porte à la discussion que je reportais depuis longtemps:

    — C’est fou, t’as fait un pas de géant cet été, avec lui, Nico! Tu vas voir que même pour ta première année de bantam, tu vas être choisi vite en maudit!

    Mouais. J’ai fini par me lancer:

    — T’sais, p’pa, en parlant de ça… J’pense que j’aurais plutôt le goût de rejouer avec Matt et mes autres chums dans le simple lettre.

    Mon père s’est mis à rire, le temps de finir de suspendre mes vêtements. Après, il a vu que j’étais sérieux et il a arrêté de rire.

    — Tu me niaises, Nico? As-tu idée de combien de jeunes aimeraient ça être à ta place?

    Bon, ça y était. J’allais encore entendre son discours sur le temps qu’il passait avec moi, l’encouragement qu’il me donnait, et tout le reste. Il m’a plutôt dit:

    — Sais-tu combien ça vient de me coûter, les six dernières semaines?

    Ah, l’argent. Oui, il y avait ça, aussi. Combien il dépensait pour mon équipement, les tournois et les cours, évidemment.

    — Ben, c’est pas moi qui t’ai demandé de m’inscrire, p’pa.

    Il est devenu aussi rigide que le bâton en composite qu’il avait dit qu’il m’achèterait dès le début de la saison. Et son visage, lui, un peu trop rouge.

    — Qu’est-ce que t’es en train de me dire, Nico? Que j’ai tout fait ça pour rien? Que tu veux plus jouer?

    — Ben non, j’ai jamais dit ça. J’ai juste dit que j’aimerais ça jouer dans une équipe où y’a pas autant de pression, où c’est l’fun de jouer sans que ça devienne une question de vie ou de mort, t’sais?

    J’avais essayé de détendre l’atmosphère, mais j’avais échoué. Mon père m’a regardé pendant tellement longtemps que j’ai eu l’impression que ces quelques secondes étaient devenues des heures. Finalement, il a répliqué:

    — Si c’est ça que tu veux, Nico, OK. Tu veux avoir du fun, jouer avec tes chums, c’est correct. Tu veux t’enlever les bonnes chances que t’as de te faire repêcher, d’avoir des bourses pour l’université, de vivre des expériences incroyables, c’est ton choix. Mais compte pas sur moi pour t’acheter des bâtons à trois cents piasses et changer de patins presque tous les ans! Pour le reste, on verra à mesure.

    — Quoi, le reste?

    — Ben, le reste! Les cours d’été ou les tournois, par exemple. Pas sûr que ta mère et moi, on va aller passer des fins de semaine à l’autre bout du monde pour te voir jouer avec une équipe poche quand tu pourrais faire tellement mieux!

    Et il est sorti du garage, me laissant planté là avec ma poche de hockey vide. Je ne comprenais tellement pas son problème! C’était moi qui étais là, sur la glace, non? Et puis, je lui faisais économiser de l’argent, finalement. L’université? C’était tellement loin, ça! Quand je suis entré dans la maison, mon père m’a regardé. Il n’était pas fâché, non. Pas frustré, non plus. Mais tellement déçu… C’était la première fois que je voyais autant de déception sur son visage, et c’était à cause de moi. Moi, j’étais une déception. Ouch.

    J’aurais aimé en parler à quelqu’un, mais je ne savais pas à qui. Ély n’était plus dans le décor. Mon meilleur ami, Matt, n’était pas le genre de gars à qui je pouvais me confier. Si moi, je ne suis pas particulièrement «jaseux», lui, c’est pire! Et honnêtement, je me sentais un peu mal à l’aise de lui parler de ça. Il n’avait pas vraiment de père, lui… Sa mère s’était retrouvée seule quand Matt avait environ quatre ans et sa sœur Vicky, trois. Évaporé, son père, disparu dans la nature. Matt n’en parlait pas tellement, mais c’était quand même un sujet délicat. Sa mère avait eu quelques copains, mais rien qui avait duré assez longtemps pour que Matt et Vicky développent quelque chose qui ressemble à une relation

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