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La divine providence tome 2: Les silences du ciel
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Livre électronique503 pages6 heuresdivine providence

La divine providence tome 2: Les silences du ciel

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À propos de ce livre électronique

Judith, jeune femme dans la trentaine, a toujours réglé ses problèmes en leur tournant le dos. Lorsqu’elle se retrouve avec une auberge à rénover, elle doit faire face aux imprévus, aux manigances de toutes sortes et à un associé non dénué de charme.

Une équipe se formera autour de Judith, une association de talents et de bonne volonté qui participera à la réalisation d’un projet conçu et planifié par Alice, sa grand-mère. Cette auberge soulèvera de nombreuses interrogations et se révélera tout un défi.

Le courage et la persévérance seront-ils suffisants pour venir à bout de toutes leurs mésaventures? La nature humaine n’a pas dit son dernier mot; la Providence non plus…
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions de l’Apothéose
Date de sortie4 avr. 2025
ISBN9782898780691
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    Aperçu du livre

    La divine providence tome 2 - Jocelyne Gagné

    LA DIVINE PROVIDENCE

    Tome II

    Les silences du ciel

    Jocelyne Gagné

    Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose

    Images originales de la couverture : iStockphoto 79310655

    et Shutterstock 79224211

    Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.

    Distributeur : Distribulivre  

    www.distribulivre.com  

    Tél. : 1-450-887-2182

    Télécopieur : 1-450-887-0130

    © Les Éditions de l’Apothéose

    Lanoraie (Québec) Canada,  J0K 1E0

    apotheose@bell.net

    www.leseditionsdelapotheose.com

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2016

    ISBN : 978-2-89775-038-1

    ISBN EPUB : 978-2-89878-069-1

    Imprimé au Canada

    À cette présence

    qui est ma pierre angulaire.

    La providence espère de nous un effort,

    une certaine audace, sinon à quoi bon nous aider!

    — Jocelyne Gagné

    - I -

    Le père Villeneuve feuilletait les pages du Journal de Québec. Même s’il était enraciné dans le sol montréalais, il aimait recevoir les nouvelles de la capitale. Il remarqua un court article faisant mention d’un incident retardant l’ouverture prochaine d’une auberge dans la région de Portneuf. Cette nouvelle éveilla en lui

    un certain intérêt, lui faisant relever le sourcil : « La Divine Providence… Sa noblesse d’autrefois, son charme et sa gastronomie devront attendre encore un peu avant d’être appréciés… » Tiens,

    du nouveau à Cap-Santé! songea-t-il. Ses yeux abandonnèrent

    le quotidien pour se perdre dans l’infini du ciel. Du haut de la montagne, il avait une vue imprenable de la métropole à genoux devant l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. Les mains croisées sur son abdomen, le regard du vieil homme glissa au-delà de la ville, l’esprit perdu dans ses souvenirs.

    L’arrivée discrète du sacristain mit fin à ses réflexions. 

    — Père Villeneuve? L’office va bientôt commencer.

    À regret, le religieux délaissa sa rêverie, se leva puis ferma la porte derrière lui. Il emprunta l’escalier, lequel débouchait sur

    un long corridor menant à la sacristie. Autour de lui, l’air était surchauffé par l’ardente ferveur de la dévotion qui se consumait lentement derrière le verre épais des lampions. Il poussa la porte, puis à pas comptés, se dirigea vers le lavabo pour y frotter vigoureusement ses doigts tachés d’encre d’imprimerie. D’un geste acquis par l’habitude, il endossa sa soutane. Au passage, il ramassa son homélie qu’il avait rédigée la veille et se dirigea vers la crypte; vers sa routine quotidienne.

    L’assemblée se leva, troublant ainsi le silence.

    La voix du père Villeneuve s’éleva parmi les volutes de fumée des cierges bénis. C’était une voix aux accents chauds et graves; une voix qui n’avait pas quatre-vingt-huit ans…

    - II -

    Pour le notaire Germain, l’absence de Lisette était une anomalie troublante. Depuis son embauche – il y a de cela près de dix

    ans –, jamais elle n’avait manqué un seul jour de travail. De plus, les explications laissées dans son message téléphonique étaient un peu trop succinctes à son goût : elle s’absentait une semaine

    pour prendre du repos. Et depuis, la semaine s’était écoulée sans nouvelles d’elle. Certes, il avait bien remarqué un changement dans sa conduite depuis les cinq derniers mois : elle ne souriait plus, s’acquittait de ses tâches avec plus de rigueur qu’auparavant et évitait toute conversation. Vendredi dernier, il avait essayé d’y voir clair en l’invitant au restaurant D’Orsay situé à quelques minutes du bureau. Quand il lui proposa de l’accompagner pour diner, elle fit les yeux ronds refusant tout net l’invitation. De sa vie, jamais au grand jamais, on ne lui avait fait une telle rebuffade. Il lui aurait demandé de manger une larve se tortillant au bout d’une pique que son offre aurait eu le même effet, c’est-à-dire recul et haut-le-cœur. À coup sûr, pour reprendre les propos de sa défunte mère, ça sentait le linge sale! Il reporta au lundi suivant son intention d’avoir une discussion ouverte avec elle. Il n’eut pas cette chance : le lundi arriva avec un court message dans sa boite vocale l’informant de sa longue absence du travail.

    Il était dérouté.

    Et puis…

    Il avait besoin d’une adjointe!

    Ainsi avisé à la toute dernière minute, il n’avait d’autres choix que de se tourner vers une agence de recrutement de personnel. Tout cela ne lui plaisait guère. En fait, pas du tout.

    Il tenta de la rejoindre pour la énième fois.

    Et chaque tentative se heurtait au mutisme obstiné de l’adjointe.

    Peut-être ai-je quelque chose à me reprocher? se demanda-t-il. Aurais-je dit ou fait une chose qui l’aurait choquée? Est-ce sa façon de me signifier qu’elle souhaite une augmentation de salaire? Et puis, si elle voulait à tout prix prendre des vacances, pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt? Non, ça ne peut pas être ça; ce n’est pas son genre de faire pression ou d’agir inconsciemment. Elle est malade… Oui. Non. Peut-être? Les dernières fois où elle avait été malade, elle s’était quand même pointée au bureau avec une fièvre de cheval. Elle doit être vraiment malade. À moins que ce ne soit autre chose…

    Il chercha dans l’un des tiroirs du classeur le dossier dont il avait besoin pour son prochain rendez-vous. Rien.

    — Où diable a-t-elle rangé ce foutu dossier? grogna-t-il tout en ouvrant et refermant chaque tiroir avec une impatience qui se faisait entendre.

    La sonnerie du téléphone retentit, agaçant l’homme à l’extrême.

    — Qu’est-ce qui m’a pris d’enlever le renvoi d’appel? Impos-sible de réfléchir avec un tel vacarme!

    Comme si à l’autre bout du fil on avait entendu sa tirade, la sonnerie se tut.

    Puis au bout d’une minute, l’agression reprit, infatigable. Visiblement à bout, Charles-Henri s’empara du combiné…

    Trop tard. On avait raccroché.

    Avec humeur, il laissa tomber l’appareil. Le notaire était frustré d’être ainsi traité.

    — Mais qu’est-ce qui cloche chez Lisette? rugit l’homme qui espérait un peu d’aide du ciel ou d’ailleurs.

    Et l’écho de sa voix lui répondit par la même question :

    — Qu’est-ce qui cloche?

    * * *

    Dans son minuscule appartement meublé avec soin, Lisette s’entêtait à lire un roman. À tout instant, elle reprenait la lecture des mêmes lignes, n’arrivant pas à conserver un minimum d’attention. Enveloppée dans une chaude couverture, elle frissonnait. Pourtant, dehors, l’ardeur du soleil contraignait les passants à rechercher l’ombre et la fraîcheur. Et elle, elle avait froid. Elle possédait

    tous les signes avant-coureurs d’une bonne grippe sans le microbe. Médicalement, elle n’avait rien. Or, à l’évidence, on voyait bien qu’elle souffrait d’un mal.

    Resserrant davantage les pans de sa couverture autour de son cou, elle s’enfonça plus profondément dans les coussins du divan. La sonnerie du téléphone retentit plusieurs fois. L’adjointe connais-sait bien l’auteur de ces appels incessants et n’avait nullement envie d’y répondre.

    Depuis plusieurs mois, elle vivait dans une peur presque maladive que le notaire découvre la vérité. Cinq longs mois à

    cacher son secret, à faire semblant que tout était normal. Ce

    petit jeu avait eu raison d’elle. Lisette était épuisée. Et aujourd’hui, s’il lui annonçait qu’elle était congédiée, elle en serait soulagée.

    Son invitation au restaurant l’avait tellement prise de court qu’elle en serait tombée sur le dos si elle n’avait pas été assise derrière

    son bureau. Six mois plus tôt, elle se serait réjouie d’une telle proposition; ce n’était plus le cas. En divulguant l’une des clauses du testament qui devait demeurée confidentielle, elle avait fait une pierre deux coups : elle avait ruiné son avenir et ses chances d’avoir une liaison avec son beau notaire. Pas étonnant qu’elle redoutait tout tête-à-tête avec lui.

    Mais voilà, l’heure des comptes avait sonné. Valait mieux pour elle s’éclipser quelque temps et réfléchir à son avenir. Pourtant, elle y avait réfléchi durant des mois et sentait qu’elle y réfléchirait encore pendant une éternité. Elle enfouit sa tête sous la couverture à la recherche d’un supplément de chaleur. Ses pensées la torturaient tout comme les remords qui l’habitaient.

    Elle ne voyait pas quand tout cela cesserait.

    En guerre contre sa conscience qui lui livrait bataille après bataille, épuisée par une fièvre dévorante et par les assauts cruels de sa moralité, l’employée finit par sombrer dans un sommeil agité.

    Et même dans ses rêves, sa conscience lui fit la morale…

    Tu n’aurais pas dû… TU N’AURAIS PAS DÛ!

    - III -

    Les ouvriers enlevaient les débris avec ménagement. L’équipe de l’auberge était bouleversée et souhaitait travailler dans le calme. Lors de l’effondrement, Émile n’avait pas su réfréner sa fureur : le maître de chantier s’était retrouvé acculé au pied du mur avec sa chemise de travail remontée jusqu’au menton. L’oncle de Judith s’était bien fait comprendre et son geste était assez éloquent : il ne tolèrerait aucun écart de sa part. Il avait dans sa manche la possibilité d’entamer une poursuite pour dommages-intérêts; un atout qu’il pouvait jouer à n’importe quel moment. L’homme n’avait qu’à bien se tenir!

    Entretemps, les gens du village s’étaient proposés pour don-

    ner un coup de main; une offre qui tombait à point nommé. L’auber-ge bourdonnait d’activités de toutes sortes. Tous travaillaient d’arrache-pied pour remettre non seulement la chambre de Judith en état, mais aussi la petite pièce située au-dessus de celle-ci. La force des bras n’était pas suffisante pour réanimer l’enthousiasme qui s’était effondré en même temps que le plafond.

    On trimait fort pour en finir au plus vite, cherchant d’une certaine façon à chasser le malheur hors des murs. Les bras s’abattaient sur l’ouvrage comme le marteau sur l’enclume. Le cœur s’était endurci. L’humeur aussi.

    Et sans la présence de Judith et de Gabriel, l’âme de l’auberge se languissait.

    Trois jours plus tôt, Marie-Ange et son époux avaient rendu visite à leur nièce à l’hôpital, espérant ainsi se requinquer le moral. Le retour fut plus pénible que l’aller. Ils étaient plus déprimés que jamais. Tant bien que mal, ils essayaient de se consoler. De toute évidence, le baume n’était pas assez puissant pour soulager la douleur. Seul l’ouvrage leur permettait d’anesthésier la conscience et le cœur, apportant ainsi une sorte d’apaisement.

    — Marie-Ange! Il va falloir qu’on nettoie les couvertures et les vêtements de la p’tite; la poussière s’est infiltrée partout. Et les rideaux sont bons pour les poubelles, lança Émile qui faisait l’inventaire de tout ce qui était entassé dans le salon. C’est fou ce qui peut tenir dans une petite pièce! s’étonna l’homme.

    Le lendemain du drame, les ouvriers avaient vidé la chambre afin de pouvoir travailler librement et tous les effets personnels de Judith s’étaient retrouvés à la vue de tous ceux qui entraient et sortaient de l’auberge.

    Poussant du pied les objets qui avaient dégringolé, ramassant au passage les chandails et chemisiers qui avaient glissé hors des piles comme une galette de viande glisse entre les pains d’un hamburger trop garni, Émile extériorisa son mécontentement :

    — Ils ont vidé la chambre, mais ils auraient pu empiler ça autrement. C’est pas croyable; le monde travaille en vrai cabochon! Au moins, il n’y a pas trop de dommages. Par chance! Gabriel va pouvoir faire quelques retouches sur les meubles. En attendant, il faut s’occuper du reste parce que la p’tite va revenir, et ce serait une bonne chose qu’elle puisse retrouver sa vie d’avant. Qu’est-ce que t’en penses?

    N’obtenant aucune réponse, Émile laissa tomber les vêtements de Judith et se retourna vers sa femme.

    — Marie-Ange, tu m’écoutes?

    — Mmm, lâcha-t-elle distraitement.

    — Ça m’a tout l’air que je parle tout seul, bougonna le mari.

    Toujours pas de réponse. L’homme secoua la tête et continua son ménage, laissant sa douce à sa torture, car il le savait, dans sa tête, le petit hamster faisait tourner sa roue. Toujours plus vite. Il voyait bien qu’elle se fatiguait à trop penser. Le petit hamster travaillait fort; il souhaitait avancer, sortir de cette impasse, mais pour se faire, il aurait fallu que la petite roue se décroche et que la porte de la cage soit ouverte!

    Chère Marie-Ange, elle n’avait plus les pieds dans la réalité. Elle songeait aux derniers évènements : l’invitation des journalistes et des gastronomes à venir goûter à la cuisine de Judith, le succès remporté, l’annonce de l’ouverture de la salle à manger, les réparations de la petite pièce et l’effondrement du plafond sur Judith. C’était juste de dire qu’elle se torturait l’esprit. Et elle le faisait avec sévérité. Comment ç’a pu se produire? se lamentait la pauvre femme. Comment ça se fait qu’on n’a rien vu venir? Pourquoi la vie s’acharne autant sur la p’tite? C’est vraiment trop injuste! Elle ne pourra pas s’en remettre, c’est sûr. C’est trop dur! Et si elle ne se relève pas, tous ces gens venus l’aider dans ce beau projet, qu’est-ce qu’ils vont faire?

    Émile continuait de brasser la poussière pendant que Marie-Ange remuait ses pensées; l’une irritait les yeux et les bronches tandis que les autres bouleversaient le cœur.

    Au même moment, Suzie descendit l’escalier d’un pas traînant et se retrouva prise d’une quinte de toux. Quand enfin elle put respirer librement, elle apostropha Émile :

    — Vous ne pourriez pas y aller mollo avec le ménage? On ne voit plus rien! On pourrait se casser la gueule dans l’escalier que vous ne le verriez même pas! Et puis, si vous alliez faire ça dehors, ça servirait au moins à quelque chose! Là, il y a de la poussière partout. Et qui est-ce qui va nettoyer tout ça, hein? Ne comptez pas sur moi; j’en ai assez de passer le balai!

    La jeune femme le planta là et s’esquiva dans la cuisine à la recherche d’une double dose de poison : café et cigarettes feraient très bien l’affaire. Dehors, un des ouvriers se reposait sur la première marche du balcon. De l’autre côté de la vitre, Suzie le salua. Comme s’il attendait un signe de sa part, il s’empressa de lui offrir son plus magnifique sourire. Sans attendre, elle sortit le rejoindre. La jeune femme méritait une pause. Une très longue pause, et ce, en bonne compagnie.

    Le vieil homme n’avait pas réagi à cet accès d’humeur. Pourquoi jeter de l’huile sur le feu, songea-t-il. Si on ne s’en occupe pas, il va s’éteindre tout seul. Qu’elle couine tant qu’elle voudra, c’est pas moi qui vais lui fermer le clapet. De toute façon, c’est son droit. C’est vrai dans un sens : elle n’est pas venue à l’auberge pour nettoyer, mais pour servir les clients. D’un autre côté, servir les autres c’est aussi être au service des autres, non? Ah, les temps ont bien changé…

    Émile regarda toute la poussière qu’il avait répandue. Mmm, Suzie n’a pas tort : j’ferais mieux de faire ça dehors! Il empila les vêtements et les couvertures dans un panier et sortit par les grandes portes vitrées de la salle à manger. Il n’avait pas remarqué le sens du vent – trop absorbé par sa tâche – et agita l’épaisse couverture. Un lourd nuage de poussière enveloppa instantanément la jeune femme et l’homme assis à ses côtés. Suzie s’étouffa et quand enfin elle retrouva son souffle, ses bonnes manières s’étaient envolées.

    — Ça ne va pas la tête? Vous voulez empoisonner l’existence de tout un chacun, c’est ça? Eh bien, c’est réussi!

    Son regard noir cloua Émile sur le balcon. D’un geste vif,

    elle jeta son mégot dans la grosse boite de conserve servant de cendrier et s’enfuit du côté du fleuve. Sa mauvaise humeur se reflétait sur sa démarche, accentuant son déhanchement, faisant tanguer davantage le bas de sa robe. Émile regardait ce petit bout de femme s’éloigner sans trop comprendre. Pourtant, j’ai fait comme elle me l’a demandé! pensa-t-il étonné par ce soudain revirement. Le vieil homme secoua la tête, ne comprenant rien à rien à cette génération. En revanche, l’ouvrier était sensible à cette dangereuse oscillation qui dévoilait joliment l’arrondi des fesses de la belle rouquine.

    Marie-Ange se glissa derrière son vieux et l’aida à terminer sa besogne. Pendant que sa douce brassait la poussière, voilà que c’était au tour d’Émile de remuer ses pensées.

    * * *

    Depuis quelques jours, Renée dormait mal et s’affaiblissait. Pat s’inquiétait de sa femme et de sa grossesse qui tirait à sa fin. Son amie aussi occupait ses réflexions, et à tous ceux qui lui deman-daient ce qui n’allait pas chez lui, il répondait invariablement : « Je suis simplement stressé ».

    Il ne pouvait tromper personne : Pat avait peur. Peur que ce projet tombe à l’eau, peur de revenir à la case départ, peur de décevoir sa femme.

    Et sa peur se transformait en une sorte de mutisme.

    Renée ne l’aidait pas : elle n’arrêtait pas de lui répéter qu’il agissait comme un enfant à bouder ainsi. Et ce petit commentaire avait le don de le faire exploser par en dedans. Sa patience ainsi déchiquetée sortait parfois au grand jour, s’exprimant comme un enfant pris en défaut.

    — Je ne boude pas; je réfléchis! Ce n’est pas pareil!

    — Oui, tu boudes. Les choses ne vont pas comme tu le veux. Et quand ça ne va pas comme TU LE VEUX, eh bien, tu boudes!

    — Veux-tu bien arrêter! lança-t-il sur la défensive. Je suis silencieux, c’est tout! Et puis, comment veux-tu que je réfléchisse en parlant? Allez, dis-moi?

    — On appelle ça une discussion, mon cher mari. T’as déjà oublié comment on fait?

    — Avant de discuter, il faut que j’aie au moins une idée de ce que j’ai à dire, tu ne crois pas? Ce n’est pas mon fort de parler pour ne rien dire. Et puis ceux qui réfléchissent en parlant, c’est souvent ceux qui espèrent des solutions des autres quand ils auraient dû y réfléchir par eux-mêmes. Je n’ai jamais laissé les autres trouver

    des solutions et prendre des décisions à ma place. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer.

    — J’abandonne, lâcha Renée rendue au bout de son argumen-tation. Tu as la tête aussi dure que ton pain.

    — Ah? Et qu’est-ce qu’il a mon pain? Il n’est pas bon mon pain? s’offusqua le pâtissier piqué au vif.

    — Oui, c’est sûr. Si on veut refaire sa dentition, il est parfait! argumenta la future maman qui entreprit le pliage des jolis vête-ments pour bébé nouvellement achetés.

    — Là, tu pousses un peu trop! La croûte est juste un peu plus croustillante que d’habitude. C’est tout!

    Renée stoppa son geste, surprise par ses propos.

    — Croustillante, tu dis? C’est clair que ce n’est pas toi qui le manges!

    — Ben quoi, j’aime le gruau le matin. Où est le problème? se défendit l’homme dont la sensibilité de son orgueil se faisait écorchée sans la moindre délicatesse. Les bras croisés sur sa poitrine, il attendait la suite.

    Renée secoua la tête; elle n’aurait pas le dernier mot. Mais qu’est-ce qu’elle voulait au juste? Le dernier mot ou la paix? Le tango de la dispute continuerait tant qu’ils seraient deux à danser. La jeune femme décida de mettre fin à cette danse ridicule.

    — Bon, ça va… Tout est OK, monsieur le pâtissier. Tout ce que je voulais c’était de te faire comprendre que si on en parlait à deux de ce qui te tracasse, ce serait moins lourd sur tes épaules et ainsi, on pourrait mieux dormir le soir. Moi aussi, je suis inquiète. Moi aussi, j’aimerais mieux dormir. Et non, ce n’est pas juste à toi à trouver des solutions.

    Reprenant son souffle, elle ajouta :

    — Et puis, en étant plus reposé, eh bien, ton pain serait meilleur.

    Pat voulut riposter, mais déjà son épouse plaça un index sur sa bouche l’empêchant de lâcher la réplique mordante qu’elle venait de provoquer.

    — Pétrir c’est bien, mais à coups de poings, ça ne donne plus grand-chose. Tu perds le plaisir de faire les choses quand tu te tracasses… En parler, cela a du bon. À toi de voir!

    La jeune femme l’abandonna dans la cuisine et alla s’étendre un moment sur le divan, puis ferma les yeux. Son mari comprit le message : la discussion était close. Du moins pour aujourd’hui. Renée prit de profondes inspirations cherchant à apaiser le mal de dos qui s’était installé depuis les dernières semaines. Son envie de sourire de même que ses forces avaient disparu.

    Pat regarda tendrement sa femme et soupira : sa « petite souris » – comme il aimait l’appeler – avait encore raison. Si petite avec un ventre prêt à éclater et plus de jugeote qu’il ne pourrait en avoir dans toute une vie. C’était presque frustrant! D’un autre côté, il avait la perle des perles à ses côtés. Et pour avoir déniché une telle rareté, ça prenait un gars avec une bonne dose d’intelligence. À cette pensée, son orgueil se ravisa; après tout, il n’était pas plus bête que ses lacets de bottines!

    Certes, il allait devoir trouver des solutions; d’autres personnes dépendaient de lui. Il se devait d’être plus mature et ça lui coûtait; il aimait prendre la vie avec légèreté.

    C’était hier.

    Maintenant, il en était autrement. 

    Encore une fois, il écouterait sa « petite souris » et ferait de son mieux pour être plus communicatif et plus attentif à… son pain.

    * * *

    Au village, les gens s’étaient donné le mot : ils guettaient l’arrivée des journalistes et en feraient leur affaire. Ce n’est pas vrai qu’on va colporter des faussetés sur notre belle auberge! Et s’ils veulent inventer pour rendre la nouvelle plus intéressante, ils vont voir qu’à Cap-Santé, on a une fierté!

    L’adaptation se faisait pour le mieux. Les villageois avaient accepté le changement. L’auberge faisait désormais partie de leur conversation, de leur quotidien, de leur vie. Et puis tout le monde s’accordait à dire que Gabriel avait du cœur au ventre. Il l’avait prouvé en formant une équipe pour réparer le toit de la maison de la vieille Olivina, minimisant ainsi les dégâts. Avec discrétion, il l’avait démontré en soutenant les membres de son équipe et plus d’une fois, il avait prêté main-forte aux citoyens de la petite municipalité. Ce p’tit gars-là prend soin de nous autres. À notre tour de prendre soin de lui.

    Alors, tout le monde se mit à guetter l’arrivée de la presse.

    Enfin, presque tout le monde…

    * * *

    Dans la chambre de l’hôpital, Gabriel dormait. Sa tête était rabattue sur sa poitrine et ses pieds reposaient sur le bord du matelas. Son corps s’était habitué à l’inconfort du fauteuil et sa tête, à l’absence du silence. Celle qui occupait l’un des lits dormait elle aussi. Sa respiration était régulière. Depuis l’incident, elle n’avait pas repris connaissance. Elle était passée directement à la salle d’opération. On lui avait replacé le pied dans le bon angle, recousu une longue entaille sillonnant le mollet, resserré les côtes et soigné quelques blessures sur l’ensemble du corps. Trois jours s’étaient écoulés et les yeux de Judith demeuraient obstinément clos. Le médecin avait été encourageant en déclarant que son état ne pouvait que s’améliorer.

    Un préposé déposa un cabaret sur la table et s’éclipsa. L’occupant du lit d’à côté mangea avec appétit, jetant de rapides coups d’œil à la forme dissimulée sous le drap. Il voyait bien quelques mèches noires jaillir sous la couverture, un côté du visage coloré par des bleus et bouffi par l’inflammation. Il regarda ce grand gaillard nonchalamment étendu et se demanda quelle folie avait bien pu lui passer par la tête pour avoir roué de coups sa petite amie. Sans finesse, il enfourna les restes de son déjeuner sans prendre le temps de vider sa bouche ni de la refermer, mastiquant avec une vigueur exagérée les œufs brouillés et le pain grillé déjà mou. Guettant du coin de l’œil l’homme endormi, le patient continuait de lorgner les jolis reliefs qu’épousait la couverture.

    L’infirmière entra dans la chambre, salua l’homme alité et se dirigea vers le lit du fond. D’abord, elle vérifia le soluté puis la tension artérielle. Ensuite, elle ajusta l’oreiller sous le pied et l’autre sous la tête. Pendant qu’elle tendait le drap sous la patiente, elle remarqua un mouvement sous les paupières de la jeune femme. De sa main, elle secoua l’épaule du jeune homme pour le réveiller et de l’autre, lui fit signe de s’approcher. Une légère ouverture, à peine une étroite fente et voilà qu’apparaissaient deux charmantes billes couleur marron clair sous des paupières alourdies par le sommeil. Gabriel, toute trace de fatigue évanouie, se pencha au-dessus de Judith pour être témoin de son réveil.

    — Hé! Salut!

    Le jeune homme fut incapable d’en dire plus; le soulagement lui serrait la gorge.

    Pour sa part, Judith se sentait la bouche pâteuse et la gorge brûlante. Du bout de sa langue, elle tenta de mouiller ses lèvres desséchées. En outre, la lutte pour reprendre ses esprits l’épuisait. Elle avait l’impression d’être une souris qui tentait désespérément de se sortir d’un bol de fromage fondu. Le voile épais de la somnolence tardait à se lever et elle n’avait aucun moyen de le hisser hors de sa conscience.

    De son côté, Gabriel voyait l’agitation derrière les paupières closes de son amie. Il sentait que s’il n’intervenait pas, le sommeil viendrait la reprendre sous son nez. Il passa une débarbouillette sous l’eau et commença à humecter ses lèvres puis à rafraîchir son visage et sa gorge.

    Le drapeau de la victoire fut hissé! Judith se réveilla pour de bon.

    Tout d’abord, elle chercha à communiquer. Où donc étaient passés les mots? songea-t-elle. Puis, elle tenta un nouvel essai.

    — J’ai soif…

    Voyant que l’usage de la parole – et le sens des mots – lui était revenu, elle poursuivit.

    — Mmm, j’ai faim…

    Gabriel se mit à rire. C’est déjà un début!

    D’un geste tendre, il dégagea quelques mèches rebelles et déposa sur ce front meurtri un doux baiser en guise de bienvenue au royaume des vivants. Sous l’œil attentif de l’infirmière, il lui offrit de l’eau et s’informa si elle pouvait manger. Sans répondre, elle poussa le plateau vers la jeune femme en guise d’assentiment. Avant de quitter la chambre, elle tira sur le rideau offrant un peu d’intimité à la jeune patiente puis partit aviser le médecin de son réveil.

    Gabriel remonta les oreillers, releva la tête du lit et s’approcha. Judith le regardait avec des yeux étranges. Elle tendit la main et caressa ce visage froissé par la fatigue et cette barbe de plusieurs jours. Ce contact la fit sourire. Son regard se tourna vers le bout du lit et elle remarqua son pied, ensuite le bandage autour de son poignet. Elle sentait que quelque chose maintenait sa poitrine dans un étau. Son sourire s’évanouit. S’appuyant sur son coude, elle tenta de se redresser, mais ce mouvement la fit grimacer de douleur. Elle abandonna la partie et se laissa aller aux bons soins de Gabriel. Il l’installa confortablement devant une pile d’oreillers et l’aida à vider le contenu de son assiette. Elle se sentait gauche avec tous ces pansements et ces fils… et si faible. Ce coup de main était fort apprécié.

    — Comment va ma petite patiente?

    D’un geste sec, le jeune médecin repoussa le rideau au grand plaisir du grabataire d’à côté. La satisfaction fut de courte durée, car aussitôt l’infirmière le refermait derrière elle.

    L’homme était réellement mécontent. Il voulait voir la petite dame et surtout, voir dans quel état on l’avait mise. Ce colosse l’avait peut-être plus amochée qu’il ne le croyait.

    — Pas moyen de voir quoi que ce soit dans ces satanés hôpitaux, marmonna-t-il.

    De plus en plus frustré, il replongea le nez dans sa revue érotique et oublia pendant quelques minutes l’autre pensionnaire.

    Après une brève vérification de son état de santé, le médecin fit un résumé de ses blessures et des traitements qu’elle avait reçus. Au moment où ce dernier lui mentionna que deux vis maintenaient sa cheville en place, Judith lâcha un « oh! » de désenchantement. Certes, elle se sentait comme une vieille barque qui prenait l’eau, toutefois elle n’avait pas songé un seul instant qu’elle avait été rapiécée et boulonnée. Il est vrai qu’elle n’avait eu guère le temps de prendre conscience de quoi que ce soit; elle était éveillée depuis moins d’une heure! Cette nouvelle la bouleversa. Du coup, elle se sentit plus vulnérable. Le médecin continua de la rassurer, or Judith n’entendait plus rien. Elle regarda l’extrémité de sa jambe ou du moins le plâtre qui la couvrait puis toucha du bout des doigts sa poitrine dont les larges bandages compressaient ses seins, gênant ainsi sa respiration. Sa main remonta vers le front, là où elle sentait une douleur vive et un tiraillement de la peau. Oubliant le médecin, elle demanda à Gabriel ce qu’elle avait au visage. Le chirurgien répondit à sa place lui précisant avec tact qu’elle avait quelques ecchymoses et une entaille sur le front. En somme, rien de bien alarmant. Elle demanda tout de même un miroir craignant qu’on ne lui cache quelque chose.

    — J’en ai un! lança l’homme de l’autre côté du rideau espérant ainsi voir le portrait de la jeune femme ou du moins ce qu’il en restait.

    Gabriel bougonna intérieurement et alla chercher ledit miroir. Juste avant de le déposer dans sa main valide, il lui fit cette mise en garde :

    — Ne te fie pas à ce que tu verras; ç’a l’air pire que ce ne l’est en réalité. 

    Loin de la rassurer, cette petite phrase l’inquiéta doublement.

    Le médecin, l’infirmière et Gabriel se regardèrent. Tous savaient qu’elle n’était pas au mieux de sa forme avec cette balafre au sommet du visage, l’enflure près de l’œil et l’hématome sous la mâchoire. Tous gardaient le silence. Tous sauf le voisin de lit.

    — Pis? Ç’a l’air de quoi?

    Pour toute réponse, l’infirmière tira le rideau, privant ainsi l’homme du spectacle.

    La jeune femme prit le miroir et le retourna. Elle cessa de respirer, cherchant à freiner l’émotion qui menaçait de l’engloutir. Le reflet de son visage en aurait dégoûté plus d’un. Elle jeta l’objet sur le lit et l’eau vint noyer le rouge de ses yeux. Sa tête roula sur le côté, déportant son regard autre part.

    Personne n’osa parler…

    Le praticien prit Gabriel à part et lui confia que l’aspect de

    son visage n’était que temporaire. Le plus important était la

    guérison de sa cheville. Il l’informa qu’elle en aurait pour trois

    mois à fonctionner avec des béquilles ou toute autre forme de soutien et qu’ensuite suivrait une réadaptation. Le jeune homme regarda s’éloigner le professionnel suivi de l’infirmière tout en se demandant comment réconforter son associée. Il visa le fauteuil et s’y laissa tomber. Son regard s’accrocha au carré de ciel bleu, espérant y trouver des mots; les mots apaisants dont une femme avait besoin.

    Seulement, il n’en trouva aucun.

    - IV-

    Quelques jours plus tard, Judith réintégra l’auberge et retrouva la chaleur réconfortante de son chez-soi. Sa chambre avait repris son aspect initial. À quelques détails près. Néanmoins, elle se refusait d’y remettre les pieds; elle appréhendait un nouvel incident. « La foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit » disait son père. Qu’en est-il des plafonds? Rien ne garantissait qu’ils fussent régis par ces mêmes lois naturelles.

    On l’avait donc déménagée temporairement dans le salon.

    Perturbée par le bruit et les éclats de voix, la convalescente n’arrivait pas à trouver le repos. D’heure en heure, des cernes s’élargissaient sous un regard dépourvu de vie. De jour en jour, ses forces déclinaient.

    La visite de son frère et de son neveu fut un véritable baume sur son moral. Depuis les funérailles, elle ne les avait revus : Vincent avait été entièrement absorbé par son travail et l’enfant captif des jeux vidéo. Son neveu faisait partie de la génération « piton », étant plus attirée par la robotique que par l’humain – cette espèce rendue inaccessible par la surcharge de travail. L’ordinateur arrivait à combler certaines carences affectives, et somme toute, se montrait plus divertissant qu’un père rentrant à la maison vanné et absent mentalement.

    En arrivant, Jérôme sauta au cou de sa tante, lui arrachant un cri de douleur; ce qui fit sursauter le gamin. L’agrippant par l’épaule, le père le maintint solidement près de lui pour l’empêcher de faire une autre bêtise.

    — Salut sœurette! lança-t-il tout en déposant un baiser sur sa joue. Excuse le petit; il avait tellement hâte de te voir qu’il a oublié que tu étais blessée.

    Et jetant un regard en biais à son fils, il ajouta :

    — Ces derniers temps, on dirait que plus il grandit et moins il se souvient.

    — Tu ne m’avais pas dit que je ne pouvais pas l’embrasser, se plaignit l’enfant dont la moue boudeuse s’était accentuée.

    — Je ne pensais pas que tu te ruerais sur elle comme un taureau! protesta le père. Il y a de ces jours où j’ai l’impression que je dois tout t’expliquer de A à Z.

    — Hé! implora Judith, il n’y a pas de mal! Vraiment.

    Faisant signe à l’enfant de s’approcher, elle se redressa pour encaisser la prochaine douleur sans que rien n’y paraisse.

    — Viens ici que je t’embrasse comme il faut, se rattrapa Judith qui ne voulait pas que son neveu se fasse gronder par sa faute.

    L’enfant hésitait. À tour de rôle, il regardait son père puis sa tante ne sachant trop comment se comporter.

    — Tu te décides? s’impatienta le père.

    Jérôme s’approcha d’elle, toute spontanéité disparue. Et lorsque les bras de Judith se refermèrent sur ses frêles épaules, il fixait toujours son père. Le câlin terminé, le gamin recula avec toutes les précautions du monde comme s’il marchait en terrain miné. Ce qui déclencha l’hilarité des adultes. Le fou rire aux dépens du garçon fut bref : la douleur fit grimacer la jeune femme qui, cette fois-ci, ne put dissimuler la souffrance sous un masque d’impassibilité.

    — Tu as l’air aussi en forme qu’un boxeur qui a été mis K.O., se moqua gentiment Vincent.

    Ce qui provoqua un autre fou rire de part et d’autre. Encore une fois, Judith dut se tenir les côtes pour ne pas trop souffrir, mais peine perdue; la douleur était bien là.

    — Sérieusement, tu as l’air bien, quoiqu’un peu amochée par endroits. Tu as toujours été plus douée avec les cuillères, il me semble. Je ne comprends

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