Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Perles de Champagne aigres-douces
Perles de Champagne aigres-douces
Perles de Champagne aigres-douces
Livre électronique282 pages3 heures

Perles de Champagne aigres-douces

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Lilly est divorcee. Elle a accepte une proposition d'ecrire un guide gastronomique francais et s'installe dans sa maisin de vacances pres du lac du Der-Chantcoq pendant l'annee de seperation prescrite par la loi. Elle se gionfre dans des restaurants chics, des boutiques raffinees sur des marches fermiers pittoresques et chez des producteurs gastronomiques etablis de langue date.
Lilly trouve dans son jardin un chat tigre rouge qui a perdu sa queue. Grace a lui, elle fait la connaissance d'un seduisant veterinaire. Il est marie, mais pendant la semaine il aime s'occoper aussi bie des animaux domestiques que de leurs maitresses. Il tente sa chance avec Lilly, ce qui donne lieu a plusieurs incidents amusants.
Dans sa rue, beaucoup de choses ont change. Sa voisine d'en face est une charmante Danoise qui s'appelle aussi Lilly, Pour eviter des quiproquos, elle herite sur le champ du surnom Lilly no 2. De nouveaux voisins etranges et deux deces mysteriieux boulversent le quotidien de Lilly et sa nouvelle vie en Champagne.
Une tempete s'abat sur le village.
LangueFrançais
Date de sortie30 janv. 2024
ISBN9783758352171
Perles de Champagne aigres-douces
Auteur

Linde Richter

Linde Richter bringt als Autorin und Interpretin aus dem politischen Kabarett langjährige Erfahrung im Schreiben ein. Das Spiel mit Worten ist gereift und baut auf die Basis von drei Jahren Sprachstudium und Jobs in Paris und London sowie an der Costa Brava auf. Stationen wie Vier-Sterne Hotels in London, Positionen in einer amerikanischen Fluggesellschaft sowie für ein internationales Unternehmen der Luft- und Raumfahrttechnik ergänzen dies. Die erfolgreiche Integrationsberatung für internationale Klienten ist dabei das Kommunikations-i-Tüpfelchen der Autorin. Heute lebt Linde Richter wenige Kilometer südlich von Frankfurt am Main und hat sich einen Jugendtraum erfüllt. Sie kaufte ein altes Fachwerkhaus in der Champagne, das sie jeden Sommer mit viel Begeisterung als Ferienhaus nutzt. Dort beginnt die Autorin meist ihre neuen Werke zu schreiben.

Auteurs associés

Lié à Perles de Champagne aigres-douces

Livres électroniques liés

Fiction littéraire pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur Perles de Champagne aigres-douces

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Perles de Champagne aigres-douces - Linde Richter

    Tout début est difficile...

    Je venais de finir d’écrire ce livre et d’en essayer toutes les recettes quand ma balance tomba en panne. Elle indiquait un poids qui ne pouvait être correct.

    Chaque fois qu’une spécialité culinaire mentionnée dans le roman est suivie d’un exposant, cela signifie qu’elle est incluse dans le recueil de recettes qui se trouve en annexe. Je n’assume aucune responsabilité quant à l’exactitude du poids indiqué sur votre balance.

    Il va de soi que l’intrigue et les personnages sont le fruit de mon imagination. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées est purement fortuite.

    Par contre, le territoire, les régions, les villes et les localités ne sont ni inventés ni fortuits. Ces endroits sont des lieux de vacances idéaux. Quand vous aurez fini de lire ce livre, vous saurez précisément où les trouver…

    L’auteure

    — Tu as déjà signé ? Ne me dis pas que tu as déjà signé, s’il te plait, me lance Katharina en me saisissant par les épaules et en me fixant d’un regard ferme.

    Pourquoi tant d’insistance ? Certes, quand il s’agit du boulot, je ne signe jamais rien sans sa bénédiction, mais justement, ce n’est pas le cas ici.

    Katharina est petite, grassouillette et a de l’énergie pour deux. Elle est le meilleur agent littéraire du monde, car elle veille à ce qu’en plus du beurre sur mes petits pains, j’aie aussi la garniture et tous les autres conforts qui égayent ma vie.

    Nous sommes le vendredi 13, et je suis sur le point de signer un nouveau contrat de location. Or, je déteste prendre des décisions. Je cherche donc toujours une victime sur laquelle pouvoir rejeter la responsabilité. La plupart du temps, ça marche. Dans ma vie professionnelle j’ai un agent, et dans ma vie privée un mari. Oups, j’avais un mari. Après sept ans de vie conjugale, le démon de l’infidélité a frappé. Notre divorce, c’est Andreas qui l’a voulu. Par conséquent, depuis quelques mois je n’ai plus de mari et dois prendre des décisions toute seule.

    Grand appartement mansardé avec petit balcon ou studio au rez-de-chaussée avec grande terrasse ? Je dois prendre une décision aujourd’hui même et signer le contrat. Mais quel appart choisir ? Le rôle que Katharina compte jouer dans cette décision-ci m’échappe complètement.

    Elle me tire de mes réflexions.

    — J’ai une nouvelle fantastique à te donner, tu n’as plus qu’à signer. Le contrat est quasi dans la poche.

    — Quoi ?

    Je lui lance un regard indigné. Je me vois déjà condamnée à emménager contre mon gré dans un appartement hyper moche.

    Katharina m’explique de quel contrat il s’agit.

    Sur un ton tout aussi indigné, je lui lance :

    — Pardon ? Sans demander mon avis, tu as négocié ma collaboration à un ouvrage sur des bizarreries gastronomiques assorti d’un lexique pour nuls en cuisine ?

    — Du calme.

    Katharina me donne des explications sur mon futur gagne-pain : l’éditeur qui me propose le contrat a eu l’idée de publier un guide sur la gastronomie française assorti d’un dictionnaire culinaire. D’une part, présentation de spécialités et curiosités du terroir ; de l’autre, ouvrage de référence.

    — L’éditeur insiste pour que tu sortes des sentiers battus. Ta tâche consiste à dénicher des spécialités quasi inconnues de la cuisine française, voire des secrets culinaires que tu présentes à l’aide d’anecdotes. Tu donnes aux lecteurs les explications techniques nécessaires et rédiges un lexique en annexe. L’ouvrage sera bien sûr accompagné de nombreuses illustrations. La plupart des clichés seront fournis par la maison d’édition, mais ceux que tu prendras seront les bienvenus pour être intégrés à l’ouvrage après que leurs spécialistes aient effectué les retouches d’usage. Tu commences par la Champagne. D’autres départements suivront.

    La moutarde me monte au nez. Je fulmine.

    — Non mais, tu me vois écrire un dictionnaire pour cette maison-là ? Comment veux-tu que je m’y prenne, moi qui ne suis ni interprète ni traductrice ? Quant aux lecteurs potentiels de ce genre de bouquins, je doute fort qu’ils soient légion.

    — Lilly, d’après ce que je sais, tu as un besoin urgent d’argent. Que t’importe que l’ouvrage soit susceptible d’attirer des lecteurs ou non ? Ce que la maison d’édition veut, ce n’est pas un dico rédigé par une académicienne, mais un texte duquel se dégage une atmosphère. À en croire les résultats d’études et d’analyses de marché, ce serait un créneau porteur. Cela confirme d’ailleurs ce que tu me répètes au retour de chacun de tes séjours en France. Le lexique gastronomique n’est qu’un point secondaire ; ce sont tes récits qui constitueront l’attrait principal de l’ouvrage. Et n’oublie pas une chose : tu pourras te goinfrer à volonté à leurs frais sur les marchés, dans les restaurants, les boutiques, les entreprises gastronomiques, etc. Tu pourras même leur facturer tes nuitées. Réfléchis donc : où que tu ailles, tu trouveras facilement une foule d’histoires et de recettes et donc, bien sûr, aussi quelque chose à manger. Songe au potentiel énorme : il y a 101 départements en France, plus cinq régions d’outre-mer. Si ça marche, tu es tranquille pour le restant de ta vie. Bon sang, c’est une occasion en or ! Pendant la durée du premier contrat tu pourras même loger dans ta maison de vacances en Champagne. Aucun loyer à payer et pas besoin de déménager. Enfin, pas vraiment. De toute façon, sache que j ’ai déjà donné notre accord.

    Je reconnais bien là Katharina : pratique, carrée, exacte. Rien à redire, elle a raison.

    Et voilà qu’elle ajoute une cerise sur le gâteau.

    — Pour Andreas, ne t’inquiète pas, je m’en charge. Tu n’emportes que le strict nécessaire auquel tu tiens absolument. Le reste, il peut le garder à condition qu’il te dédommage. Tu fais quelques valises, charges ton ordinateur portable et l’imprimante dans ta voiture, et te voilà partie pour une nouvelle vie !

    Tout cela semble si simple et raisonnable. Il faut savoir que mon ex n’attend qu’une chose : que je vide les lieux afin qu’il puisse retourner au domicile conjugal… avec sa nouvelle compagne. Il est vrai que notre appartement est idéalement situé pour lui, à deux pas de son lieu de travail.

    Je dois aussi admettre que je ne peux plus me permettre d’habiter dans cet appartement couteux et que la location d’un nouvel appartement, même beaucoup plus petit, absorberait une grande partie de mes revenus. La loi prévoit une année de séparation obligatoire entre ex-conjoints en instance de divorce, mais n’impose aucune contrainte quant au nouveau lieu de domicile. L’idée qu’Andreas soit bientôt confronté au problème que constituent nos vieux meubles et nos vieux souvenirs suscite subitement en moi une émotion nouvelle, totalement inconnue. À mon grand étonnement, je découvre un fourmillement et un ricanement au plus profond de moi-même. Aucun doute. Je suis en train d’éprouver une joie maligne. Qu’il s’étouffe donc sous nos meubles, bibelots et vieux souvenirs, le bougre !

    Après une profonde inspiration, j’ai l’impression d’être en apesanteur. Me voilà libre ! Et le meilleur dans tout ça ? C’est Katharina qui a pris la décision à ma place.

    Je me surprends à siffloter une chansonnette. Le moteur ronronne sur l’A63. Le ciel est gris. De temps en temps le soleil parvient à percer des nuages sombres. Il fait exceptionnellement doux pour la fin du mois de mars et, même si les couleurs manquent encore de netteté, le printemps est déjà dans l’air.

    Sur la banquette arrière de ma Peugeot, j’ai soigneusement rangé mes valises cabine de trois tailles différentes. Leur couleur rouge est d’autant plus vive qu’elles sont flambant neuves. Je les trouve très pratiques avec leurs roulettes intégrées. J ’ai acheté un sac à main motif Paisley également en rouge vif. Chacune des valises est remplie à ras bord. Mon ordinateur portable et mon imprimante se trouvent dans le coffre. Après avoir enveloppé le premier dans une veste mi-saison et la seconde dans un poncho, je les ai coincés entre une boite à provisions et la glacière.

    Si on tient compte du fait que je viens de faire mes adieux à l’Allemagne pour commencer une nouvelle vie en France, j’ai en réalité très peu de bagages.

    J ’ai cependant confié neuf cartons d’objets soidisant inséparables à un transporteur. À l’heure qu’il est, ils devraient eux aussi être en route pour mon petit village français.

    Maison Chouette. Ainsi se nomme ma maison de vacances en Champagne. Cela fait plus d’un an que je n’y suis plus retournée. La séparation d’Andreas a été éprouvante. D’abord, il y a eu la déception, puis la colère et des crises d’angoisse que j’ai eu beaucoup de mal à surmonter. La quarantaine, pigiste et divorcée, je me suis dit que mes perspectives ne sont guère encourageantes.

    Mon médecin de famille est d’un autre avis. Il m’a envoyée chez une thérapeute qui m’a expliqué que mon problème principal, c’étaient les « difficultés d’adaptation » et que cela passerait.

    Après en avoir amplement discuté, nous avons surtout parlé de la rénovation de la maison qu’elle a héritée de ses parents, un bâtiment à pans de bois et à hourdage d’argile tout comme ma Maison Chouette. Je m’y connais en argile et, rétrospectivement, je dois admettre que nos entretiens sur les hourdages, les bardeaux et les peintures à la caséine m’ont distraite et ont atténué la douleur de la séparation. Ma psy a quant à elle pu faire étalage de ses connaissances nouvellement acquises lors de discussions avec les artisans chargés de la rénovation. C’est donc pour ainsi dire « en passant » qu’elle m’a sauvée d’un effondrement psychique.

    J ’inspire profondément. Adieu les tartines faites maison, les tranches de pommes soigneusement épépinées, les petits cornichons, les petites tomates et les petits radis. Et, surtout, adieu aux deux thermos de café, l’un avec du lait, l’autre sans. Désormais, je suis libre de voyager comme bon me semble !

    J’entre dans mon nouveau pays de résidence par un petit poste-frontière situé sur une route secondaire. Direction sud-ouest. Dans les jardins des maisons de village, j’aperçois des primevères et narcisses. Ils sont en fleurs quatre semaines plus tôt que dans mon pays d’origine.

    Je découvre un bistrot sympa où, pour la première fois, j’ose me gaver de crevettes à la sauce à l’ail. Deux portions entières pour moi toute seule. Je n’ai plus à me soucier des tirades qu’un mari râleur aurait débitées pendant tout le reste du trajet à propos de mon manque d’égards et d’attention.

    Après avoir franchi deux chaines de montagnes et traversé les départements de la Lorraine, de la Meuse et de la Moselle sur des routes secondaires où la vitesse est désormais limitée à 80 km/h, j’entre en Haute-Marne. Non sans un brin de nostalgie, je traverse les douze localités dont le nom se termine par un « y » : Many, Herny, Béchy, Luppy, Buchy, Vigny, Louvigny, Limey, Flirey, Brousey-en-Wouvre, Commercy et Ligny-en-Barrois. Lorsque nous voyagions ensemble, Andreas et moi nous amusions à deviner le nom du prochain village avant l’apparition du panneau de signalisation.

    À y regarder d’un peu plus près, ces localités me semblent plus ordonnées, plus fleuries, plus colorées que lors de mon dernier passage. De nombreux nouveaux lotissements ont vu le jour. Il y a des chantiers partout. À Flirey, les larges bandes de gazon ont cédé la place à un trottoir bien entretenu ainsi qu’à des emplacements de stationnement. Un bel hôtel rose saumon, récemment ouvert, se dresse au bord de la route. Le lac de Madine n’est plus très loin.

    À Gironville-sous-les-Côtes, je m’arrête pour me promener dans un jardin à l’abandon où Andreas et moi avions l’habitude de faire une courte pause pour nous dégourdir les jambes. De cet endroit isolé à flanc de montagne, on a une belle vue sur des forêts, prairies et champs ainsi que sur quelques hameaux parsemés en contrebas. Des vaches blanches, noires, café au lait et chocolat paissent dans la verdure.

    Je me promène parmi des plates-bandes à l’abandon sur le point d’être ensevelies sous des arbustes envahissants. Me voici soudain devant un abri de jardin victime des intempéries. Seule la cheminée est intacte. Le toit s’est effondré, les murs sont presque en ruines, les châssis de fenêtres sont de travers, la porte d’entrée est grande ouverte. Le caractère éphémère de cette construction me remplit de nostalgie. J ’en conclus qu’à l’avenir il vaut mieux que j’évite ce genre d’escale lourde de souvenirs.

    Ressaisis-toi, Lilly !

    Devant la cabane de jardin en ruine, quelque chose scintille sous les rayons du soleil. Je me penche pour ramasser une petite motte de terre. J’en extrais un pendentif argenté sur lequel est gravée la lettre « L ». Il est attaché à une courte chaine munie d’un clip. Je regarde prudemment autour de moi. Personne en vue. Sans mauvaise conscience, je glisse le pendentif dans ma poche. Le jardin est à l’abandon depuis des années. Son propriétaire n’y a manifestement plus mis les pieds depuis longtemps. Et puis, je m’appelle « Lilly », diminutif de « Liliane ». Il me semble que ces arguments suffisent largement à justifier ma décision.

    Je n’hésite pas le moindre instant non plus à couper quelques boutures pour mon jardin. Elles sont entretemps devenues de magnifiques arbustes à fleurs que j’entretiens avec beaucoup d’amour.

    Je décide de faire un petit détour pour visiter la fabrique de madeleines de l’idyllique petite ville de Commercy. Après avoir failli louper le panneau indicateur, je remonte une pente et franchis avec fracas un seuil en béton non signalé qui encombre l’accès à un parking plutôt délabré. Au sommet de la colline, une étrange construction en bois aux allures futuristes semble avoir surgi subitement de nulle part. Quelques clients sont installés aux tables d’une terrasse aménagée devant ses baies vitrées inclinées. Ils profitent déjà de la chaleur des premiers rayons de soleil.

    Après m’être garée, je me dégourdis d’abord les jambes, puis j’entre dans le bâtiment.

    Une odeur alléchante et chaleureuse m’enveloppe. Je regarde autour de moi. Des boites de toutes les couleurs ainsi que d’autres peintes à la main, des sachets remplis de douceurs et des bonbonnières très tentantes s’empilent sur des étagères qui vont jusqu’au plafond. Deux boulangers en chemise jaune et tablier blanc s’affairent derrière des vitrines. Les cheveux adroitement dissimulés sous une élégante casquette, ils déversent de grands plateaux de madeleines dans des compartiments en bois. Ces pâtisseries en forme de coquillages dégagent une odeur très appétissante. Il existe divers types de madeleines, par exemple : nature1 ; miniatures ; au chocolat ; aux mirabelles à l’eau de vie. Je saisis l’occasion pour les gouter toutes. Elles fondent dans la bouche et évoquent en moi des souvenirs de bien-être et de joies enfantines. J ’achète un sachet de chaque sorte. Celles nature à base de noisette de beurre, de sucre en poudre et de farine sont chères ; celles au chocolat et aux mirabelles à l’eau de vie le sont encore plus.

    Dans le café attenant, je commande un chocolat chaud ainsi qu’un assortiment de tous les types de madeleines disponibles. Depuis la baie vitrée j ’admire le panorama sur une vaste vallée tout en laissant fondre en bouche tous ces délices.

    Oups ! Un bisou a dû s’échapper de mes lèvres, car mon voisin, un Lorrain bien rond, se met à me raconter l’histoire des madeleines dans un allemand hésitant que je trouve néanmoins charmant : en 1755, le roi polonais en exil, Stanislas Leczinski, a séjourné dans le château de Commercy, résidence d’été du duc de Lorraine. Il s’agissait d’une visite surprise. Les provisions étaient limitées, mais la servante de cuisine Madeleine Paulmier fut très inventive. Elle enchanta les nobles convives avec une pâtisserie vite préparée et, en remerciement, le roi donna à cette pâtisserie le prénom de sa créatrice.

    Je suis suspendue aux lèvres de mon voisin lorrain.

    Il me recommande de doubler la quantité achetée. Une fois les madeleines décongelées, il me conseille de les griller dans un grille-pain. Il ajoute que les madeleines que l’on trouve dans les supermarchés ne coutent certes que la moitié de celles de Commercy, mais qu’elles sont d’une qualité nettement inférieure. Le prix exorbitant de ce délice m’incite à ne pas suivre son conseil, mais c’est une décision que je vais profondément regretter par la suite.

    C’est dimanche. En France, les boulangeries sont ouvertes le dimanche, mais dans les villages, l’ouverture ne dure que pendant l’heure du déjeuner. Je suis trop en retard. Sur ma route, je remarque cependant plusieurs distributeurs de baguettes sur des parkings ou des places de village. Très agréable surprise. Je ne me souviens pas en avoir vus lors de mes précédents voyages.

    Lors de ma dernière visite dans ma maison de vacances, j’ai vidé le réfrigérateur, dégivré le congélateur et emporté toutes les provisions en Allemagne. Il n’y a donc plus rien à manger à Maison Chouette. Puisqu’il me faut quelque chose à me mettre sous la dent pour ce soir, je sors deux euros de mon portefeuille et choisis deux baguettes. Un long délai s’écoule avant qu’elles ne sortent de l’appareil, mais ma patience est récompensée : elles sont cuites à point.

    En quelques minutes à peine, une odeur alléchante commence à envahir toute la voiture. La tentation est trop forte : je coupe un morceau de baguette, puis un autre. Peu avant d’arriver dans la ville chef-lieu de canton, je me rends compte que j’ai déjà mangé une baguette entière.

    Est-ce une fausse impression ou la ville a-t-elle changé en mieux depuis mon dernier séjour ? Dans la rue principale, je note la présence de nouveaux magasins et de nouveaux bistrots. Les bâtiments du complexe résidentiel semi-circulaire du centre-ville ont manifestement été rénovés, et la place qui lui fait face est décorée d’arbres

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1