Jean-Antoine Watteau
Par Youri Zolotov
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Aperçu du livre
Jean-Antoine Watteau - Youri Zolotov
Pèlerinage à Cythère, 1717. Huile sur toile, 1,2 x 1,9 m. Musée du Louvre, Paris, France.
Le peintre, son époque et sa légende
Lorsque en 1717 Watteau fut élu académicien, sur présentation du Pèlerinage à l’île de Cythère, il reçut le titre officiel de « Peintre de fêtes galantes ». Plus tard, ses « scènes galantes » furent considérées comme des frivolités raffinées, et Diderot déclarait : « j’aime mieux la rusticité que la mignardise et je donnerais dix Watteau pour un Teniers[1] ».
Cependant, le XVIIIe siècle donna peu de peintres dont le talent vaille celui de Watteau, talent empreint d’une profonde sensibilité et d’un doux lyrisme. Les études modernes montrent que Rodin s’était trompé dans son interprétation du Pèlerinage du Louvre[2]. En fait, l’action se passe bien sur l’île de Cythère, île d’amour : à la lisière de la forêt se dresse la statue d’Aphrodite; audessus des cavaliers et de leurs dames volent des amours accompagnant leurs nouveaux amis ; ici il n’y a pas ce crescendo émotionnel qui, comme on le croyait, était sous-entendu dans le sujet choisi par le peintre[3]. Par contre, Rodin qualifie avec raison de « pantomime » le caractère du déroulement de l’action; le thème du tableau est construit sur de subtiles gradations de sentiments tantôt naissant, tantôt mourant dans un mouvement perpétuel.
Watteau a découvert la valeur poétique de nuances à peine perceptibles dans le monde des émotions, se montrant attentif à fixer des instants empreints d’une étonnante et incomparable expressivité.
Il a ouvert à l’art un monde nouveau d’états d’âme allant de la tendresse timide à la secrète déception engendrée par un sentiment lancinant d’incompatibilité entre la réalité et le rêve.
Un des grands mérites de Watteau, peintre avec lequel débute le XVIIIe siècle français, est qu’il sut opposer aux « vérités définitives » limitées et routinières des épigones de Le Brun la poésie de l’âme et des émotions fugitives. C’est ce à quoi pensait Charles de Montesquieu lorsque dans son Essai sur le goût il parlait du « charme invisible propre à chaque personne, de la grâce naturelle qu’on n’a pu définir et qu’on a été forcé d’appeler le je ne sais quoi[4] ».
Au début du XVIIIe siècle, alors que l’absolutisme entamait son déclin, les découvertes de Watteau furent particulièrement importantes : l’absolutisme de l’époque du Roi Soleil étouffait dans l’art toute idée personnelle et originale. Cela ne signifie pas du tout que Watteau était de nature à renverser les traditions ; ni les sujets de ses tableaux, ni les témoignages de ses contemporains ne le laissent supposer. Mais sa peinture ouvrait la voie à de nouvelles possibilités dans l’appréhension artistique du monde qui apparurent en cette période critique de l’Histoire.
Cette vision du monde de Watteau fut indubitablement favorisée par sa formation artistique libre de tout règlement dicté par l’école académique. Malgré le peu d’informations que l’on possède sur les premières années de sa vie et de sa création, on sait qu’il fréquentait les maîtres de tableaux de genre populaires, qu’il se passionnait pour les traditions réalistes de l’école flamande et était attiré par la richesse émotionnelle de l’art vénitien de la Renaissance.
Avant de passer aux « trouvailles » de Watteau, qui distinguent sa peinture des méthodes artistiques du XVIIe siècle, arrêtons-nous aux événements qui précédèrent la création de ce peintre. Le dogme académique de Le Brun plaçait les modèles classiques au-dessus de la nature, exigeait que celleci soit corrigée en vue d’atteindre à la perfection idéale et abstraite du « grand goût ». Le riche héritage graphique de Watteau, qui a perpétué pour les générations futures les traits typiques de la France de cette époque, montre, par son intérêt profond pour le côté vivant et changeant de la réalité, que le développement artistique de l’école française connut alors un tournant.
Portrait d’Antoine Watteau, 1721. Pastel sur papier, 43 x 55 cm. Musée de Trévise, Italie.
Cajoler, 1707-1708. Huile sur panneau, 80 x 39 cm. Collection privée.
Arlecchino Empereur dans la lune, 1708. Huile sur toile, 120 x 180 cm. Musée des Beaux-Arts de Nantes, Nantes, France.
Faune, 1707-1708. Huile sur panneau, 87 x 39 cm. Collection privée.
La doctrine académique du XVIIe siècle mettait au second plan la vision artistique du monde du peintre, n’ayant pour tâche que celle d’élaborer un tableau pompeux, une sorte d’apothéose. Watteau rendit à la conception artistique de la vie sa véritable valeur. Tout ce qui sortait de ses mains portait les signes éclatants de sa forte individualité d’artiste. Dans ses œuvres, ce moi se manifeste en tout : du caractère autobiographique de nombreux tableaux [cela concerne particulièrement Pierrot, (Gilles)] jusqu’au rythme de ses dessins, rythme tantôt ralenti comme dans un moment de réflexion et de recueillement, tantôt inquiet, nerveux. Toute la gamme des sensations que le peintre a fixée dans ses tableaux se transmet facilement au spectateur. Pour percevoir tout cela, le spectateur ne doit pas connaître grand chose dans le domaine des allégories et des symboles. Il doit savoir ressentir, qualité qui à cette époque était le critère de la grandeur de l’homme.
Le caractère original de la nature créatrice de Watteau étonnait ses amis. Jean de Jullienne parle de lui en ces termes : « Il avoit l’esprit vif et pénétrant, et les sentiments élevés : il parloit peu, mais bien, et écrivoit de même. Il méditoit presque toujours. Grand admirateur de la nature et de tous les maîtres qui l’ont copiée, le travail assidu l’avoit rendu un peu mélancolique. D’un abord froid et embarrassé, ce qui le rendoit quelques fois incommode à ses amis et souvent à lui-même, il n’avoit pas d’autres défauts que celui de l’indifférence et d’aimer le changement ». Quant à Gersaint il nous le présente ainsi : « il avoit un caractère inquiet et changeant, il étoit entier dans ses volontés, libertin d’esprit mais sage de mœurs, impatient, timide, d’un abord froid et embarrassé, discret et réservé avec les inconnus, bon mais difficile ami, misanthrope, même critique malin et mordant, toujours mécontent de lui-même et des autres, et pardonnant difficilement[5] ».
Des notes de contemporains touchent aussi d’autres aspects plus concrets du génie créateur du maître. Ce qui est particulièrement intéressant pour l’analyse de la méthode artistique de Watteau, c’est le conseil qu’il donne à son élève Nicolas Lancret. Voici ce que rapporte Balot de Sovot, le biographe de Lancret : « Watteau, qui affectionnoit M. Lancret dans les commencements, lui dit un jour qu’il ne pouvoit que perdre son temps à rester davantage chez un Maître ; qu’il falloit porter ses essais plus loin, d’après le Maître des Maîtres, la nature ; qu’il en avoit usé ainsi, et qu’il s’en étoit bien trouvé. Il lui conseilla d’aller dessiner aux environs de Paris des vues de paysages ; de dessiner ensuite quelques figures, d’en former un tableau de son imagination et de son choix[6]. »
Tout ce que raconte ce biographe nous paraît fort vraisemblable. Le conseil de Watteau montre le principe traditionnel de composition d’un tableau en cours à l’époque précédente. Il faut dire que cette tradition était contrecarrée par le dogmatisme, le système de l’enseignement académique qui paralysait l’imagination créatrice des élèves, les forçait à ignorer durant de longues années la nature et à copier servilement les oeuvres de leur professeur. Quant à la méthode créatrice de Watteau elle consistait à faire de nombreuses études d’après nature et à les utiliser ensuite pour ses tableaux. Il croquait des paysages, ébauchait des figures différemment tournées, des têtes et des mains et tout ceci trouvait sa place dans ses compositions. Dans l’héritage graphique de Watteau, on est surpris de trouver parmi les innombrables études si peu d’esquisses de composition. Cela prouve vraisemblablement son étonnante faculté à composer sur le vif et, de plus, indique l’usage particulier qu’il octroyait à ces études.
Un des biographes du peintre, le comte de Caylus, parlant de Watteau à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1748, disait : « ...La plupart du temps la figure qu’il dessinoit d’après le naturel n’avoit aucune destination déterminée... Car jamais il n’a fait ni esquisse ni pensée pour aucun de ses tableaux, quelque légères et quelque peu arrêtées que ç’a pu être. Sa coutume étoit de dessiner des études dans un livre relié, de façon qu’il en avoit toujours un grand nombre sous la main... Quand il lui prenoit en gré de faire un tableau il avoit recours à son recueil. Il y choisissoit les figures
